Femmes confettis 3 : La vie augmente

Un texte qui me paraît très juste et profond, à l'enchaînement implacable et lumineux (lumière noire !).

Belle réussite, j'aurai juste un bémol sur la phrase :
"A-t-telle un éperdu besoin d'amour, sous une gangue insensibilisée par les meurtrissures?", peut-être à cause de cet "éperdu besoin d'amour", très cliché, suivi de la "gangue insensibilisée par les meurtrissures", que je trouve d'une expression trop sophistiquée, détonnant dans la simplicité de 'ensemble.

Si je reprends un peu le commentaire précédent "Un texte qui me paraît très juste et profond.." c'est que j'y souscris sans pourtant avoir été emballé par ce texte. Parce que le constat indiscutable et la réaction de l'héroïne m'ont laissé loin d'elle, comme un état des lieux et un état clinique, pas très incarné, je trouve, un peu comme un mini-traité antique sur la vieillesse.

Quelle étrange expérience, vieillir !
Le corps, d'abord, qui étonne, puis déçoit.
Qui inquiète. Dégoute.
Cet étranger. Cet ennemi.
Elle utilise ce qui lui reste de vitalité dans de l'opposition. Elle appelle et rembarre, agresse, ironise, creuse des fossés pour se protéger de ses assaillants internes.
La vie est une drôle d'histoire dont on ne veut pas connaître la fin.

..."un naufrage" peut-être?
Dans tes deux autres confettis il y avait plus de chaleur, plus de vécu. Dans celui-ci, malgré sa grande justesse (qui me fait frémir) je regrette que le personnage n'ait pas plus de chair, qu'on ne le voie pas mieux bouger, agir. Tu sembles mettre une distance entre lui et toi (et nous). C'est sans doute voulu mais un peu dommage à mon sens.

Je crois que j'ai eu tort de poster ce texte : en voulant éviter le pathos, j'ai mis trop de distances, et pas réussi à rester sur le fil.
Casse-gueule, quand ça colle trop.

Je vais bêler, reprendre ce que d'autres ont déjà dit.
Ta position est différente, c'est ce qui coince(un peu), sans doute. Tu en dis trop, de l'extérieur, plus de jugement, plus de "pitié"- donc ça marche moins.
Bon, j'en connais qui s'en contenteraient, quand même, tu sais.

Dans tes deux autres confettis il y avait plus de chaleur, plus de vécu.

....Ca prouve que je dois faire de la fiction.

Moi, je l'aime tel quel ce texte. La réflexion me paraît juste. Même si je ne suis loin d'être désabusée, il m'est déjà arrivé d'avoir des pensées très proches de celles-là. Et c'est finement exprimé.

Merci, Pili et Socque de l'aimer tel quel.
Et merci Apou, Arielle et Pierre -Henri de vos critiques (pardon :commentaires) honnêtes. C'est une des choses que j'apprécie ici ( l'autre étant le talent !!! parce que bon sang, vous en avez !)
Même si l'humeur ou dieu sait quoi peut influencer à un moment ou un autre une réponse, il y a je crois beaucoup d'honnêteté dans les échanges et je trouve ça très vivifiant !

Il me touche, ce texte, même si je n'ai que trente ans. J'ai donné un autre nom à " ta " vieillesse et, du coup, j'ai pu le vivre autrement.
Différent des autres " Confettis " mais pas moins de talent pour ce texte-ci. Toi qui parle du talent des autres, regarde le tien bien en face, car tu en as à revendre.

Je ne vais pas faire original en disant que si les observations sont très fines et justes, elles me laissent sur la touche en quelque sorte. J'ai eu l'impression de lire le texte, pas de le vivre. Et puis pour continuer à ne pas être originale, j'ajoute que si l'émotion du lecteur n'y est pas vraiment, le talent de l'auteure y est bien, lui !

Comme d'autres, je suis partagée avec ce texte. Si j'apprécie la justesse des réflexions et leur pertinence, je suis plus réservée sur le style de certaines phrases, longues et parfois trop proches du pathos à mon goût. Je peux tout à fait comprendre le désarroi de cette narratrice, son questionnement légitime mais sa distance au sujet me gêne un peu. Je précise que ce n'est pas ici la distance que tu prends toi par rapport au texte et/ou au sujet mais plutôt celui de ta narratrice (même si je sais que c'est ta création, donc quelque part il y a écho). Je suis perplexe face à la gravité de ses pensées et à cette manière quelque peu précieuse qu'elle a de les présenter sous une forme quasi lyrique. Je ne sais pas si il faut davantage jouer la carte de la sobriété mais le manque que je ressens s'apparente plutôt à cela et non pas vraiment à une absence de chaleur.

Eh bah moi j'avais déjà commenté ce texte mais l'affreuse modératrice aux dents pointues (suivez mon regard...non, par-là...oui, elle ! ^^) a voulu faire croire à un bug de l'hebergeur pour masquer sa folie-censure !

Alors, pour faire court, et puis parce que j'ai faim aussi, je te disais :
Je me suis trouvé un peu loin de ton personnage. Les phrases sont trop longues, trop jolies, pour exprimer le mal-être.
C'est maîtrisé, certes, mais pas vécu de l'intérieur (ou en tout cas, mal transmis)

Bisous !

(la tagada approche...;-)

Moi j'ai beaucoup aimé ce texte. C'est une froide analyse mais qui pour moi sonne juste. Heuu... ça fout les j'tons dis-donc !

Ce texte m'a touchée. Je l'ai trouvé très inquiétant aussi...
D'habitude, je n'aime pas les phrases trop sophistiquées, les textes plein d'images. Mais là, ça ne m'a pas gênée. Même si, pour les premières phrases, j'ai dû me forcer un peu, après, je suis bien rentrée dans ton écriture.

Les mots, ça sert aussi à mettre à distance ses émotions. Quand l'émotion est très forte, on a intérêt à dresser un barrage avec des mots raides, empesés, pas sympathiques, qui ne laisseront rien passer.
Je pense que c'est surtout le début du texte qui est maniéré, limite antipathique... une façon de juguler les énormes masses de sentiments qui me menaçaient.
Ce n'est pas un bon texte, je le sais, mais surtout, c'est un texte qui met mal à l'aise, je pense, parce que le raport à la vieillesse, à la mort ( la sienne ou celle de proches) est difficile, et que souvent on le travestit d'oripeaux moins sordides pour pouvoir supporter. J'ai voulu laisser tomber les oripeaux, je pensais à Prévert :"l'effort humain n'est pas ce beau jeune homme...".
La fin de vie n'est pas une carte postale édulcorée, emblème de sérénité, (je pense qu'on ne la présente comme ça que pour s'en convaincre soi-même) c'est un massacre lent.

Et merci d'avoir lu ça.

Han merci à toi pour ces dernières phrases.
C'est beau.
Le massacre lent.

Je viens de découvrir quelques uns de vos textes. Ils me ravissent. Mon préféré, pour l’instant, c’est le pull dans l’ascenseur. L’universel besoin de rassurance. Exprimée parfaitement nimbée, cette merveilleuse hypocrisie universelle qui jamais n’abouti. Le fantasme ! L’orgasme du cérébral ! Le lifting ovarien dans le regard inattendu ! Parfaitement bien vu, à la féminine ! Avantage à la femme, le décolleté, les jambes aussi qui souvent tiennent le temps, pour peu qu’un poil on les béquille …L’homme, par contre, moumoute calvitie, braguette ouverte, rassurance autrement incertaine! Beaucoup moins sexe ! Négligence Reiser, gros dégueulasse, je comprends bien ! Rien à voir, gorge profonde offerte !
Quant au texte dans le fil que j’écris, si c’est tout juste ressenti, il sent fortement le baissage de bras, tout ascenseur oublié avec au milieu le pire truc, l’énorme de la télé qui signe l’ennui profond.

Un jour, bien avant le Viagra, m’est tombé au cabinet un mec, 72 ans. Il venait de perdre sa femme aimante, six mois auparavant, en grande douleur de terrible amour et soignée jusqu’au bout, en pleurs sincères, sale galère :
-Docteur, j’ai entendu que ça existe, des piqures dans la verge, vous savez, pour… Parce que c’est magnifique ! Au club « troisième âge » ! Y a plus que des femmes !... Les hommes, tous morts ! Alors, vous voyez…les danses bleues ! J’ai tellement autour…Comme Johnny !
Je n’ai pas demandé la « qualité », la « consistance » du fan club, parce que c’est tout ça foutaise. Ce qui existe et importe, c’est comme le chante le sus nommé philosophe: L’’envie, l’envie d’avoir envie !
Ceci dit, gendarme à la retraite, cet homme avait peut-être certaines dispositions d’esprit moins intellectualisantes. Ca aide !

Pour ceux qui élucubrent, je suis du lot, constater nos déconfitures physiques est chose incontournable, affligeante. Affliction, hélas, de par la conjoncture, à fortement relativiser. Je dis bien, cent fois hélas !
Pour la première fois peut-être, dans l’histoire du bipède dit pensant, on peut, sans trop délirer émettre l’hypothèse qu’il reste au pire décati plus de temps à vivre qu’il n’en reste à la terre où qu’on rampe, à rester en paix. Tout tant s’obèse, enfle, craquelle de partout qu’on ne sait plus qui d’un vieux déplumé ou d’ un jeune beau, avenir devant, envier. ( un de ces jeunes dont parle si bien et avec tendresse, Silène). C’est, ceci dit, une bien amère consolation, pour peu que c’en soit !

Elle utilise ce qui lui reste de vitalité dans de l'opposition. Elle appelle et rembarre, agresse, ironise, creuse des fossés pour se protéger de ses assaillants internes.
Merci Coline pour l'avertissement !

Quand j'étais tombé sur tes confettis dans les Muses, je n'avais pas du tout aimé celui-là. Vieille dame indigne, disais-tu, ah ouiche, je crois bien, qu'est-ce qu'elle a à nous remettre la tournée fifille, elle croit qu'on a pas encore capté le long et lent délitement inéluctable? Elle sait pas que littératurer c'est raconter des jolis choses, et pas rendre compte comme ça; parce qu'en plus, ça rigole pas un instant. C'est un rapport d'huissier. Ou un inventaire de notaire, sans cravate: plus la force. Inventaire avant décès, en plus.
Alors c'est sûr, j'aime encore moins. Parce qu'aimer un truc qui fout mal à l'aise, et qui dit le vrai, faut arrêter, on est un peu limite, mais pas à ce point.
Donc bravo pour le talent, zéro pour le thème dedans. Manquerait plus que les livres y te foutent le bourdon. Con.

Un regret (et un seul) :
« Comment, ensuite, se fier aux autres, lorsque la trahison est survenue là où l'on "assisait" sa plus profonde certitude ? »
« Elle utilise ce qui lui reste de vitalité dans de l'opposition. »

Un plaisir (parmi beaucoup d’autres) :
« Quelle étrange expérience, vieillir !
Le corps, d'abord, qui étonne, puis déçoit.
Qui inquiète. Dégoute.
Cet étranger. Cet ennemi. »

J’apprécie votre style, mais suis surpris de le voir fluctuer : moments d’absence ou volonté de détoner ?

"Quelle étrange expérience, vieillir !
Le corps, d'abord, qui étonne, puis déçoit.
Qui inquiète. Dégoute.
Cet étranger. Cet ennemi.
Comment, ensuite, se fier aux autres, lorsque la trahison est survenue là où l'on "assisait" sa plus profonde certitude ? "

ça permet d'installer une ambiance de tristesse calme...une chair de poule ce texte...

Que de questions à poser aux proches qui espèrent que tu répondes aux leurs.
Des leurres en forme de jalons pour attirer les regards sur tes souvenirs, pour connaître la route à suivre.
Seul, tes petits enfants répondent, avec l'insoucience de ceux par qui tu existes encore.
Ce confettis est lourd de sens. Il déroge à la règle du léger, c'est ce qui en fait son exception.