Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Curieux gourmands excessifs, oui. Mais pas biens, paumés, qui ne voient pas d'autres solutions, qui n'en ont plus rien à foutre de rien, et à mon avis c'est la plus grande partie, non ? et là, peut-être qu'il faudrait faire quelque chose, mais je sais, pas possible, on m'a expliqué ça en même temps que l'inexistance du père Noël :0)
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Et bien sûrZou a écrit:Et je ne pense pas que ce soit un incitant parce que la seringue crade n'est pas un obtsacle.
c'était con ce que je disais
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
d'accord !Sahkti a écrit:J'attends ton avisLyra will a écrit:Au fait, tu as aimé ? Ou tu attends que je te dise pour me dire ? :0)Sahkti a écrit:Tiens, tu me diras ce que tu as pensé de Machuca, l'ai vu en VO
En attendant le prochain film au ciné, je t'ai envoyé un scénario dans ta boîte mail, genre pathétique tu vois, le genre d'histoire qui ne marchera jamais :0))
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
T'es jeune Lyra et naïve, un peu. Comme nous tous quand on était jeunes et pleins d'espoirs et d'illusions. Bien sûr que ça serait bien un monde sans drogués mal en point. Sans gens qui ont faim. Sans personne qui dort dans la rue. Sans cancer, sans sida, sans tout ça. Ben oui... mais ça n'existe pas et ça n'existera jamais. Et tu auras beau mettre au point les meilleurs programmes de prévention contre la drogue ou le sida, ça empêchera jamais certains de la faire, de toucher, de goûter.
Donc puisque c'est ainsi et qu'il faut admettre une fois pour toute qu'un monde propre et parfait, ça n'existe pas, autant tenter de remédier comme on peut aux imperfections qui découlent du monde tel qu'il est. Ce n'est pas se contenter de mettre une pièce sur un trou pour cacher le trou, Lyra. C'est simplement que le trou il est tellement grand que plus aucun engin de chantier n'est capable de le reboucher. Alors autant éviter, tant que faire se peut, qu'un tas de personnes tombent un peu plus dans le trou.
Donc puisque c'est ainsi et qu'il faut admettre une fois pour toute qu'un monde propre et parfait, ça n'existe pas, autant tenter de remédier comme on peut aux imperfections qui découlent du monde tel qu'il est. Ce n'est pas se contenter de mettre une pièce sur un trou pour cacher le trou, Lyra. C'est simplement que le trou il est tellement grand que plus aucun engin de chantier n'est capable de le reboucher. Alors autant éviter, tant que faire se peut, qu'un tas de personnes tombent un peu plus dans le trou.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Encore rien reçu! Mais j'aime bien les scénarios :))Lyra will a écrit:je t'ai envoyé un scénario dans ta boîte mail, genre pathétique tu vois, le genre d'histoire qui ne marchera jamais :0))
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Oui, je le sais bien, y a juste des moments (quand je suis de bonne humeur !) ou j'essaye de penser l'inverse, pour voir, mais bon...
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Ah zut, j'aurais du rajouter des détails, de l'action, des effets spéciaux et tout et tout :0)Sahkti a écrit:Encore rien reçu! Mais j'aime bien les scénarios :))Lyra will a écrit:je t'ai envoyé un scénario dans ta boîte mail, genre pathétique tu vois, le genre d'histoire qui ne marchera jamais :0))
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Eireann, je viens de sortir "Vices cachés" de ma bibliothèque pour enfin le lire, j'ai vu que tu l'avais commenté, me réjouis de comparer nos impressions
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Salut Lyra, Sahkti, Noth et Blue que j'ai aperçue.
« Bizarre
Pendant que vous êtes assis à votre bureau, levez votre jambe droite et formez des cercles en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre.
Ensuite, pendant que vous faites cela, dessinez le chiffre "6" dans les airs, avec votre main droite.
Votre pied va changer de direction!
C'est con, mais c'est vrai! »
Ai testé : c’est concluant !
« Bizarre
Pendant que vous êtes assis à votre bureau, levez votre jambe droite et formez des cercles en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre.
Ensuite, pendant que vous faites cela, dessinez le chiffre "6" dans les airs, avec votre main droite.
Votre pied va changer de direction!
C'est con, mais c'est vrai! »
Ai testé : c’est concluant !
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Salut Kilis!
J'ai essayé, je suis bluffé! J'essaie de lutter mais ça dessine à l'envers. Incroyable.
J'ai essayé, je suis bluffé! J'essaie de lutter mais ça dessine à l'envers. Incroyable.
Nothingman- Nombre de messages : 747
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
AHAHAHAH me marre toute seule :0)
c'est excellent ce truc
c'est excellent ce truc
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
S'il y en a une, je l'ai pas, désolée.Lyra will a écrit:Oh la vache !!!!! oui !
Y a une explication ?
Ce doit être un truc du genre dissonance cognitive qui fait buggé le cerveau. ;-)
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
qui fait bugger mon orthographe aussi!
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Eh eh :0) Si quelqu'un en a d'autres je veux bien tester !
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
C'est le principe de l'imagerie mentale et c'est vrai que ça surprend toujours.
Tu peux aussi essayer avec la jambe gauche dans le sens contraire des aiguilles d'une montre et tu dessines un 9 avec la main gauche.
Tu peux aussi essayer avec la jambe gauche dans le sens contraire des aiguilles d'une montre et tu dessines un 9 avec la main gauche.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Bon, je retourne dans mes "Vices cachés"
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
cachés, cachés, tout le monde sait que t'aimes la guinness :0)
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
J'ai un scoop! Il y a Lyra qui a vu Jesus!
Nothingman- Nombre de messages : 747
Age : 44
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Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Mais c'est Julien qui me l'a montré !
je le voyais pas si grand !
je le voyais pas si grand !
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
« Bizarre
Pendant que vous êtes assis à votre bureau, levez votre jambe droite et formez des cercles en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre.
Ensuite, pendant que vous faites cela, dessinez le chiffre "6" dans les airs, avec votre main droite.
Votre pied va changer de direction!
C'est con, mais c'est vrai! »
Dans le même genre, j'ai un truc drôle à vous proposer:
Après deux heures de réunion sur "les modalités de révision d'attributions de compensations relatives au transfert de nouvelles charges", essayez de lire (et accésoirement comprendre) le débat Yali/Aegis sur la destructuration syntaxique en littérature.
Vous allez voir, ça fait la tête qui tourne et plein d'étoiles dans les yeux
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
http://ophtasurf.free.fr/illusions/art10.htm?
Nothingman- Nombre de messages : 747
Age : 44
Localisation : diabolo menthe
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Ahahah, on effet, mais attention ça peut être dangereux pour l'équilibre mental :0)Krystelle a écrit:Dans le même genre, j'ai un truc drôle à vous proposer:« Bizarre
Pendant que vous êtes assis à votre bureau, levez votre jambe droite et formez des cercles en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre.
Ensuite, pendant que vous faites cela, dessinez le chiffre "6" dans les airs, avec votre main droite.
Votre pied va changer de direction!
C'est con, mais c'est vrai! »
Après deux heures de réunion sur "les modalités de révision d'attributions de compensations relatives au transfert de nouvelles charges", essayez de lire (et accésoirement comprendre) le débat Yali/Aegis sur la destructuration syntaxique en littérature.
Vous allez voir, ça fait la tête qui tourne et plein d'étoiles dans les yeux
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Ah vous aviez pensé une minute que ?Nothingman1 a écrit:http://ophtasurf.free.fr/illusions/art10.htm?
Mais non non, pas notre genre ;0)
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
hum... j'aurais pas osé, mais j'ose donc dire : ok avec toi... quel courage ! :-(Krystelle a écrit:Dans le même genre, j'ai un truc drôle à vous proposer:« Bizarre
Pendant que vous êtes assis à votre bureau, levez votre jambe droite et formez des cercles en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre.
Ensuite, pendant que vous faites cela, dessinez le chiffre "6" dans les airs, avec votre main droite.
Votre pied va changer de direction!
C'est con, mais c'est vrai! »
Après deux heures de réunion sur "les modalités de révision d'attributions de compensations relatives au transfert de nouvelles charges", essayez de lire (et accésoirement comprendre) le débat Yali/Aegis sur la destructuration syntaxique en littérature.
Vous allez voir, ça fait la tête qui tourne et plein d'étoiles dans les yeux
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Moi j'ai un truc ! Mais j'y arrive, donc avec de l'entraînement, c'est faisable !
On tourne sa main sur son ventre dans le sens qu'on veut
et EN MEME TEMPS, avec l'autre main on se tapote le dessus du crâne.
Me dites pas que très vite vous allez pas vous taper sur le bide ou pas tourner la main dans vos cheveux !!
On tourne sa main sur son ventre dans le sens qu'on veut
et EN MEME TEMPS, avec l'autre main on se tapote le dessus du crâne.
Me dites pas que très vite vous allez pas vous taper sur le bide ou pas tourner la main dans vos cheveux !!
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
J'attends la comparaison, pour "A la cadence de l'herbe" de Mc Guane nous n'étions pas loin.Sahkti a écrit:Eireann, je viens de sortir "Vices cachés" de ma bibliothèque pour enfin le lire, j'ai vu que tu l'avais commenté, me réjouis de comparer nos impressions
et bon courage pour demain.
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
bonsoir,
j'ai souvent hésité à envoyer un texte, j'aime lire les vôtres, même si je ne me sens pas capable de dire ce que j'en pense.
Je commence donc par le début, j'envoie une petite histoire
j'ai souvent hésité à envoyer un texte, j'aime lire les vôtres, même si je ne me sens pas capable de dire ce que j'en pense.
Je commence donc par le début, j'envoie une petite histoire
Vaziosinn- Nombre de messages : 9
Date d'inscription : 16/02/2006
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Môme, son seul rêve était de marcher sur l'horizon. Il voulait cavaler sur la ligne qui sépare la mer du ciel et disparaître derrière, un jour, comme guignol à la fin du spectacle. Alors, dès qu'il en a eu l'occasion, il a pris la route, et, de nationales en autoroutes, de petits boulots en jobs saisonniers, il s'est retrouvé à conduire un camion. Aujourd'hui, la route c'est son bureau. Un long bureau sinueux avec des lignes blanches, de longs virages et des paysages comme des posters aux murs. Il voyage, l'imagination en moins, assis dans sa cabine, avec un panneau autocollant bleu translucide qui lui dilue une ligne d'horizon flanquée de rétroviseurs comme de grotesques oreilles tendues sur le chemin parcouru. Nolon n'a plus l'âge de ses rêves, mais il lui reste ceux des autres.
En dehors des périodes de grand départ, l'autoroute du Sud a des airs de serpentins sans fête. Jamais un soupçon d'horizon, à peine le bout du tunnel quand il traverse le Mont Blanc. Tout est monotone. Il en profite pour écouter ses livres. Là, il roule depuis longtemps, trop longtemps. Sur son lecteur CD dernier cri, il écoute les mots qui résonnent dans la cabine du bahut et laisse la route se dérouler, dépasse par réflexe, l'esprit tout entier focalisé sur la voix.
À la fin de chaque CD, nerveusement il prend le suivant, l'enfourne dans le lecteur, la fébrilité lui rend presque intolérables ces quelques secondes sans histoire. Ses yeux se ferment tout seul. Il n'y a plus d'asphalte, plus de lignes blanches. Il a évité trois accidents, de justesse. Neuf heures non-stop depuis Milan. À vrai dire, il le souhaite secrètement ; fermer les yeux, dormir, rêver, se laisser envelopper totalement par le récit. Il n'en peut plus. Il a dépassé tous les quotas. On le klaxonne. Le sixième CD touche à sa fin. À l'horizon, un restaurant routier.
Il essaye de se persuader qu'il a faim, qu'il a sommeil, qu'il faut qu'il s'arrête.
« Celui qui fut exécuté sur le mont Chauve s'effaçait peu à peu,
et le sixième procureur Ponce Pilate pâlissait, s'éloignant pour toujours. »
L'histoire se tait. Nolon hésite, commencer un autre livre, juste un peu ?
Un grand éclair Blanc. Un éclair blanc lui traverse le cerveau. Une seconde d'obscurité succède à la lumière. Il s'interroge, regarde dans le rétro, pas de flash, ou alors bien caché. La fatigue ? Diablerie ! En tout cas, c'est le signal, sans équivoque, qu'il est temps, plus que temps. Il stoppe son trente-huit tonnes sur le parking, regarde le titre du prochain livre, hésite encore… Il descend et, comme sous hypnose, pousse la porte du restaurant.
D'habitude, à n'importe quelle heure, on trouve du monde dans les routiers. Des collègues inconnus partagent leurs histoires de route, d'auto-stoppeuses et d'essence. D'habitude, se mêle à l'odeur du graillon celle de la sueur. Mais, lorsqu'il entre, seule une odeur doucereuse et lancinante, qu'il ne reconnaît pas, flotte étrangement.
La salle est presque vide. Les yeux bleus délavés d'une serveuse blonde et pâle, avachie, presque grotesque derrière sa caisse enregistreuse, ne le voient pas. Au bar, une fille boit un verre, elle porte une minijupe en simili cuir, ses yeux sont maquillés comme ceux d'un chat, d'un punk ou d'une pute. À une table vide - sinon pour un cendrier plein à ras bord - droit, la cinquantaine, les cheveux gominés, habillé d'un costard, un mec improbable l'observe.
C'est tout.
Nolon s'assoit dans le coin opposé, pose les clés du camion sur la nappe à carreaux blancs et rouges. La serveuse ne vient pas. L'homme est toujours immobile. La fille au bar est ailleurs. On entend un léger ronronnement, sans doute celui des frigos.
- Monsieur ?
Nolon lève la tête. Une femme, quelconque, d'un âge incertain, l'interroge du regard.
- Qu'est-ce que je vous sers ?
Il reste interdit un instant, surpris de ne l'avoir pas entendu se glisser près de la table. Il lui semble que la serveuse n'a pas bougé. Non, c'est une autre qui lui ressemble. Combien de serveuses pour un restaurant sans client ?
- Un café, s'il vous plaît, un grand. Et le menu aussi.
La femme dépose devant lui une ardoise, une craie et rejoint la cuisine, sans un mot.
Un vieil homme, qu'il n'avait pas vu en entrant, se glisse sur la banquette, juste derrière lui et le salue. Le café semble s'emplir sans que Nolon s'en aperçoive. La fatigue.
La serveuse réapparaît, avec au bout du bras, bien haut, comme si elle devait le hisser au-dessus d'épaules imaginaires, un café fumant. Elle paraît troublée, hésitante, cherche quelque chose, quelqu'un, passe devant Nolon, s'approche de la porte, jette un œil dehors, à droite, à gauche, au loin et se retourne vers le bar tout à fait immobile.
- Madame ?
- Monsieur ?
- Mon café ?
- Ah ! C'est vous ! Je me disais injustement que vous aviez dû partir. Désolée ! Vous savez ! On voit tellement de personnes ici.
- Merci ! Et, je pourrais avoir un menu aussi ? s'il vous plaît !
- Vous l'avez !
Elle ramasse l'ardoise, la lui tend, crie un « j'arrive ! » agacé à la salle silencieuse, puis s'enfuit en lâchant :
- Notez là ce dont vous avez besoin, je vous l'apporte.
Nolon, prend l'ardoise, sourit, lève la tête comme pour consulter une liste imaginaire et écrit : « steak frites ».
Derrière lui le vieillard souffle.
- P'tit joueur !
- Pardon ? C'est à moi que vous parlez ? lui demande Nolon en se retournant intrigué.
- Je ne parle pas aux petits joueurs.
- C'est à moi que vous parlez !
- T'aurais pu demander un homard grillé, mais t'as toujours vu petit.
La serveuse - il ne sait plus dire si c'est celle qui lui a laissé l'ardoise ou la première, avachie, qui a disparue - apporte à l'homme en costume, un plateau en argent. Lorsqu'elle soulève la cloche, elle découvre un homard grillé et fumant.
La fille du bar se lève. Elle porte des bottes lacées au-dessus du genou, plisse d'une main sa minijupe. Son haut serré et court laisse voir son nombril, avec, posé sur celui-ci - Nolon vient de l'apercevoir - un écusson en forme de chat. Elle se penche vers l'homme au homard, lui chuchote quelque chose à l'oreille et le fixe de ses yeux félins.
Le vieillard reprend :
- C'est toujours les mêmes qui ont tout, l'argent, le homard, les femmes… Pas vrai ? Elle te plait, elle te fait bander non ? Tu vas pas lui parler ? P'tit joueur !
- Il cause pas aux putains, Ronronne la fille à l'autre bout de la salle, jouant du bout d'un ongle avec une des pinces du homard.
- Mon cul ! Demande-lui dans qui il était hier à 23h13.
Nolon n'en croit pas ses oreilles. Il s'agite, tortille entre ses doigts fébriles son sachet de sucre, il va pour intervenir quand, avant qu'il ait ouvert la bouche, la fille crie :
- Ça veut pas dire qu'il leur cause.
- Oh si qu'il leur cause ! Et tu sais de quoi il leur cause ? De littérature. Parce que Monsieur est féru de littérature, la même que sur le papier, mais dans les airs. Monsieur écoute des livres. Il a passé la nuit dernière sur le « Le maître et Marguerite ». C'est pas rien ça ! Et les seules personnes à qui il peut en parler sont des putes, des filles qui préfèreraient qu'il les baise en silence, parce que c'est moins intime.
- Rrrrroooo, dit la fille, c'est un causeur, alors. Mais pas sûr que ça soit un penseur. T'as vu son air ?
Le rire du vieux résonne dans le cerveau, embrumé, exténué de Nolon. Il voudrait le faire taire. Il se demande depuis combien de temps, l'homme le suit. Au moins depuis hier 23h13. Pourquoi ? Et comment sait-il pour les livres ? Un souteneur, un mac qui voudrait le faire chanter ? Mais le faire chanter pourquoi ? Nolon n'a rien, ne doit rien à personne. Il pourrait croire à une farce de potes, mais il n'a pas d'amis. Il s'agite.
- Comment vous savez tout ça, Monsieur ?
- Parce que je suis toi, répond l'homme.
- Tu vois ? Il m'ignore ! dit la fille.
La serveuse dépose sur la table un plat d'un air un peu gêné.
- Nous n'avons plus de steaks frites, alors je vous ai apporté une roulade de ris de veau et son aumônière de pleurotes des bois. Il n'y a plus que ça. Je suis désolée. Je m'excuse.
Elle lui adresse un sourire gêné, mais les yeux baissés et sans lumière. Nolon regarde l'assiette. Il croit reconnaître l'odeur doucereuse qu'il a sentie plus tôt.
- Ça ira très bien. Merci !
- Je suis désolée.
- C'est parfait ! Merci.
Il se retourne de nouveau sur l'homme qui rie encore.
- Vous êtes qui ?
- Mange, le ris de veau c'est pas bon froid !
- Même froid, c'est bon ! dit la fille en passant une petite langue rouge sur ses lèvres gonflées.
- Mange! Et je t'explique. Succulent, non ?... Bon ! Bon ! Je t'explique ! Le vieil homme hésite, ses yeux cherchent les mots sur la table. Après un silence, il reprend. Voilà ! Il y a trente ans, j'étais à ta place. Première fois que je mangeais ce satané plat. Succulent non ? T'as goûté les pleurotes ? Goûte, goûte ! T'as senti comme le filet de veau accroche le palais pour laisser fondre ces irrésistibles ris ? Oui ! T'apprécies ! Non ? Il marque un temps. Je disais donc... Il y a trente ans j'étais là et un vieux est venu me parler ; moi ! Ou toi, si tu préfères ! Enfin nous, quoi ! Mais, je m'égare... Donc un vieux et venu me parler, et moi, tu vois, j'avais roulé tout le jour, j'étais crevé, et le vieux, un fou qui prétendait être moi m'emmerdait. J'ai d'ailleurs l'impression de t'ennuyer, déjà !
- Je ne voudrais pas vous insulter monsieur mais...
- Oui. Moi aussi à l'époque, ton message m'emmerdait à mort. Ou le mien. Enfin...
- C'est succulent, comme vous dîtes, râle Nolon, mais je peux vous assurer que je rêve de déguster ce truc tranquille, sans un vieillard dans mon dos qui me raconte ces ...
- Je sais, je sais... Je vais te laisser tranquille. Mais sache qu'aujourd'hui tout a changé, parce que je ne m'étais pas écouté à l'époque, j'avais rien compris, moi, tu vois, j'étais seul ; enfin, le vieux était seul, mais aujourd'hui, j'ai ramené des amis pour te convaincre.
À cet instant, Nolon sent un poids contre son bras, La fille est sur lui et ronronne en se frottant sur son épaule. Son parfum à la fois acidulé et âcre se mêle étrangement bien au plat qu'il déguste. L'homme au costume lui fait un signe de la main, sourit plaisamment, se lève, plaque ses cheveux d'une caresse et s'approche de la table en demandant:
- Je peux m'asseoir ?
- Vous êtes qui, vous ? Bordel!
Un grand agacement l'envahit, il aurait presque envie, si ce n'était pas si délicieux, de balancer son assiette de ris à la figure de tout ce beau monde. L'homme chuchote :
- Mon nom tient en un mot qui ne se prononce pas.
« Oublies-les ! se dit Nolon. Le mieux est de ne leur prêter aucune attention. Finir l'assiette, vite, régler l'addition, reprendre la route, reprendre le livre, retrouver la Voix. » Il regarde sa main vide.
- C'est ça que vous cherchez ?
L'homme sort de la poche de son costar la fourchette avec laquelle Nolon mangeait. Un illusionniste, un emmerdeur aussi, et qui se met à rire, un rire grossier, insupportable. Nolon en a assez, mais, avant qu'il n'esquisse un geste, prononce une parole ; l'homme cesse de rire et, d'une voix fielleuse, lance :
- Montre-lui, montre-lui mon chaton.
- Je ne suis pas une pute, dit la fille à l'oreille de Nolon.
En enlevant son haut moulant, elle ajoute :
- Je ne suis pas le diable.
Sur son sein, blanc, un peu flasque, en dessous du téton brun piercé ; un tatouage, une crucifixion.
- Sont pas sexy ses stigmates ? plaisante le vieux fou. T'aimerais goûter ça hein ?
Nolon, hypnotisé, regarde les trois personnages gesticuler. Il voit la salle de restaurant vide. Il lui semble, pourtant, qu'une foule le regarde, le hue, le siffle, le moque. Son assiette, on lui a pris son assiette. Diablerie ! Le mec à costar, le vieux, la fille aux seins nus, dansent la sarabande autour de lui. Ses oreilles bourdonnent. Il veut les frapper, de toute sa force, mais, alors qu'il prépare le coup, la fille tombe à genou :
- Si tu me frappes, je te tends l'autre joue ! Et si tu me baises...
Elle s'agenouille, sa main se diriger vers sa braguette. Il est terrorisé, par cette fille, ou peut-être encore plus, parce qu'il ne bande pas.
- Allez, raconte-moi tes histoires, Nolon, raconte-moi ! T'as pas d'histoires pour moi ?
La serveuse qui avait disparu intervient, dévotement, hystériquement aussi, elle se jette aux pieds de l'homme au costume, les mains jointes.
- Laissez-le ! Je vous en prie laissez-le !
Elle est belle, éthérée, poétique. Il a oublié la femme vautrée du début. Maintenant, comme ça, il la trouve simplement divine.
- C'est l'heure du choix crie le mec en costar. Allez ! Choisis qui d'entre nous tu vas gracier ! Tu peux en épargner un ! Je suis le diable.
- Je suis Dieu miaule la fille nue.
- Et moi je suis toi, réplique le vieillard !
- Alors, qui tu veux gracier ? Dis !
Nolon respire fort:
- Marguerite, c'est toi que je veux, Marguerite !
Et la serveuse, à genoux, en silence, se lève et lui pose la main sur l'épaule.
- Oui ! Partons ensemble ! minaude-t-elle, mais avant, il faudrait dégager ton bahut de la vitrine !
Nolon, hésite, regarde la serveuse qui lui sourit timidement, se tourne vers l'entrée. Au milieu d'éclats de gravats, de lumières rouges et bleues, il aperçoit la cabine écrasée de son camion surgissant d'une fumée colorée. Il essaye de regarder au-delà ; au ciel, vers l'horizon... Plus d'horizon. Et Nolon pâlit, s'éloignant pour toujours...
En dehors des périodes de grand départ, l'autoroute du Sud a des airs de serpentins sans fête. Jamais un soupçon d'horizon, à peine le bout du tunnel quand il traverse le Mont Blanc. Tout est monotone. Il en profite pour écouter ses livres. Là, il roule depuis longtemps, trop longtemps. Sur son lecteur CD dernier cri, il écoute les mots qui résonnent dans la cabine du bahut et laisse la route se dérouler, dépasse par réflexe, l'esprit tout entier focalisé sur la voix.
À la fin de chaque CD, nerveusement il prend le suivant, l'enfourne dans le lecteur, la fébrilité lui rend presque intolérables ces quelques secondes sans histoire. Ses yeux se ferment tout seul. Il n'y a plus d'asphalte, plus de lignes blanches. Il a évité trois accidents, de justesse. Neuf heures non-stop depuis Milan. À vrai dire, il le souhaite secrètement ; fermer les yeux, dormir, rêver, se laisser envelopper totalement par le récit. Il n'en peut plus. Il a dépassé tous les quotas. On le klaxonne. Le sixième CD touche à sa fin. À l'horizon, un restaurant routier.
Il essaye de se persuader qu'il a faim, qu'il a sommeil, qu'il faut qu'il s'arrête.
« Celui qui fut exécuté sur le mont Chauve s'effaçait peu à peu,
et le sixième procureur Ponce Pilate pâlissait, s'éloignant pour toujours. »
L'histoire se tait. Nolon hésite, commencer un autre livre, juste un peu ?
Un grand éclair Blanc. Un éclair blanc lui traverse le cerveau. Une seconde d'obscurité succède à la lumière. Il s'interroge, regarde dans le rétro, pas de flash, ou alors bien caché. La fatigue ? Diablerie ! En tout cas, c'est le signal, sans équivoque, qu'il est temps, plus que temps. Il stoppe son trente-huit tonnes sur le parking, regarde le titre du prochain livre, hésite encore… Il descend et, comme sous hypnose, pousse la porte du restaurant.
D'habitude, à n'importe quelle heure, on trouve du monde dans les routiers. Des collègues inconnus partagent leurs histoires de route, d'auto-stoppeuses et d'essence. D'habitude, se mêle à l'odeur du graillon celle de la sueur. Mais, lorsqu'il entre, seule une odeur doucereuse et lancinante, qu'il ne reconnaît pas, flotte étrangement.
La salle est presque vide. Les yeux bleus délavés d'une serveuse blonde et pâle, avachie, presque grotesque derrière sa caisse enregistreuse, ne le voient pas. Au bar, une fille boit un verre, elle porte une minijupe en simili cuir, ses yeux sont maquillés comme ceux d'un chat, d'un punk ou d'une pute. À une table vide - sinon pour un cendrier plein à ras bord - droit, la cinquantaine, les cheveux gominés, habillé d'un costard, un mec improbable l'observe.
C'est tout.
Nolon s'assoit dans le coin opposé, pose les clés du camion sur la nappe à carreaux blancs et rouges. La serveuse ne vient pas. L'homme est toujours immobile. La fille au bar est ailleurs. On entend un léger ronronnement, sans doute celui des frigos.
- Monsieur ?
Nolon lève la tête. Une femme, quelconque, d'un âge incertain, l'interroge du regard.
- Qu'est-ce que je vous sers ?
Il reste interdit un instant, surpris de ne l'avoir pas entendu se glisser près de la table. Il lui semble que la serveuse n'a pas bougé. Non, c'est une autre qui lui ressemble. Combien de serveuses pour un restaurant sans client ?
- Un café, s'il vous plaît, un grand. Et le menu aussi.
La femme dépose devant lui une ardoise, une craie et rejoint la cuisine, sans un mot.
Un vieil homme, qu'il n'avait pas vu en entrant, se glisse sur la banquette, juste derrière lui et le salue. Le café semble s'emplir sans que Nolon s'en aperçoive. La fatigue.
La serveuse réapparaît, avec au bout du bras, bien haut, comme si elle devait le hisser au-dessus d'épaules imaginaires, un café fumant. Elle paraît troublée, hésitante, cherche quelque chose, quelqu'un, passe devant Nolon, s'approche de la porte, jette un œil dehors, à droite, à gauche, au loin et se retourne vers le bar tout à fait immobile.
- Madame ?
- Monsieur ?
- Mon café ?
- Ah ! C'est vous ! Je me disais injustement que vous aviez dû partir. Désolée ! Vous savez ! On voit tellement de personnes ici.
- Merci ! Et, je pourrais avoir un menu aussi ? s'il vous plaît !
- Vous l'avez !
Elle ramasse l'ardoise, la lui tend, crie un « j'arrive ! » agacé à la salle silencieuse, puis s'enfuit en lâchant :
- Notez là ce dont vous avez besoin, je vous l'apporte.
Nolon, prend l'ardoise, sourit, lève la tête comme pour consulter une liste imaginaire et écrit : « steak frites ».
Derrière lui le vieillard souffle.
- P'tit joueur !
- Pardon ? C'est à moi que vous parlez ? lui demande Nolon en se retournant intrigué.
- Je ne parle pas aux petits joueurs.
- C'est à moi que vous parlez !
- T'aurais pu demander un homard grillé, mais t'as toujours vu petit.
La serveuse - il ne sait plus dire si c'est celle qui lui a laissé l'ardoise ou la première, avachie, qui a disparue - apporte à l'homme en costume, un plateau en argent. Lorsqu'elle soulève la cloche, elle découvre un homard grillé et fumant.
La fille du bar se lève. Elle porte des bottes lacées au-dessus du genou, plisse d'une main sa minijupe. Son haut serré et court laisse voir son nombril, avec, posé sur celui-ci - Nolon vient de l'apercevoir - un écusson en forme de chat. Elle se penche vers l'homme au homard, lui chuchote quelque chose à l'oreille et le fixe de ses yeux félins.
Le vieillard reprend :
- C'est toujours les mêmes qui ont tout, l'argent, le homard, les femmes… Pas vrai ? Elle te plait, elle te fait bander non ? Tu vas pas lui parler ? P'tit joueur !
- Il cause pas aux putains, Ronronne la fille à l'autre bout de la salle, jouant du bout d'un ongle avec une des pinces du homard.
- Mon cul ! Demande-lui dans qui il était hier à 23h13.
Nolon n'en croit pas ses oreilles. Il s'agite, tortille entre ses doigts fébriles son sachet de sucre, il va pour intervenir quand, avant qu'il ait ouvert la bouche, la fille crie :
- Ça veut pas dire qu'il leur cause.
- Oh si qu'il leur cause ! Et tu sais de quoi il leur cause ? De littérature. Parce que Monsieur est féru de littérature, la même que sur le papier, mais dans les airs. Monsieur écoute des livres. Il a passé la nuit dernière sur le « Le maître et Marguerite ». C'est pas rien ça ! Et les seules personnes à qui il peut en parler sont des putes, des filles qui préfèreraient qu'il les baise en silence, parce que c'est moins intime.
- Rrrrroooo, dit la fille, c'est un causeur, alors. Mais pas sûr que ça soit un penseur. T'as vu son air ?
Le rire du vieux résonne dans le cerveau, embrumé, exténué de Nolon. Il voudrait le faire taire. Il se demande depuis combien de temps, l'homme le suit. Au moins depuis hier 23h13. Pourquoi ? Et comment sait-il pour les livres ? Un souteneur, un mac qui voudrait le faire chanter ? Mais le faire chanter pourquoi ? Nolon n'a rien, ne doit rien à personne. Il pourrait croire à une farce de potes, mais il n'a pas d'amis. Il s'agite.
- Comment vous savez tout ça, Monsieur ?
- Parce que je suis toi, répond l'homme.
- Tu vois ? Il m'ignore ! dit la fille.
La serveuse dépose sur la table un plat d'un air un peu gêné.
- Nous n'avons plus de steaks frites, alors je vous ai apporté une roulade de ris de veau et son aumônière de pleurotes des bois. Il n'y a plus que ça. Je suis désolée. Je m'excuse.
Elle lui adresse un sourire gêné, mais les yeux baissés et sans lumière. Nolon regarde l'assiette. Il croit reconnaître l'odeur doucereuse qu'il a sentie plus tôt.
- Ça ira très bien. Merci !
- Je suis désolée.
- C'est parfait ! Merci.
Il se retourne de nouveau sur l'homme qui rie encore.
- Vous êtes qui ?
- Mange, le ris de veau c'est pas bon froid !
- Même froid, c'est bon ! dit la fille en passant une petite langue rouge sur ses lèvres gonflées.
- Mange! Et je t'explique. Succulent, non ?... Bon ! Bon ! Je t'explique ! Le vieil homme hésite, ses yeux cherchent les mots sur la table. Après un silence, il reprend. Voilà ! Il y a trente ans, j'étais à ta place. Première fois que je mangeais ce satané plat. Succulent non ? T'as goûté les pleurotes ? Goûte, goûte ! T'as senti comme le filet de veau accroche le palais pour laisser fondre ces irrésistibles ris ? Oui ! T'apprécies ! Non ? Il marque un temps. Je disais donc... Il y a trente ans j'étais là et un vieux est venu me parler ; moi ! Ou toi, si tu préfères ! Enfin nous, quoi ! Mais, je m'égare... Donc un vieux et venu me parler, et moi, tu vois, j'avais roulé tout le jour, j'étais crevé, et le vieux, un fou qui prétendait être moi m'emmerdait. J'ai d'ailleurs l'impression de t'ennuyer, déjà !
- Je ne voudrais pas vous insulter monsieur mais...
- Oui. Moi aussi à l'époque, ton message m'emmerdait à mort. Ou le mien. Enfin...
- C'est succulent, comme vous dîtes, râle Nolon, mais je peux vous assurer que je rêve de déguster ce truc tranquille, sans un vieillard dans mon dos qui me raconte ces ...
- Je sais, je sais... Je vais te laisser tranquille. Mais sache qu'aujourd'hui tout a changé, parce que je ne m'étais pas écouté à l'époque, j'avais rien compris, moi, tu vois, j'étais seul ; enfin, le vieux était seul, mais aujourd'hui, j'ai ramené des amis pour te convaincre.
À cet instant, Nolon sent un poids contre son bras, La fille est sur lui et ronronne en se frottant sur son épaule. Son parfum à la fois acidulé et âcre se mêle étrangement bien au plat qu'il déguste. L'homme au costume lui fait un signe de la main, sourit plaisamment, se lève, plaque ses cheveux d'une caresse et s'approche de la table en demandant:
- Je peux m'asseoir ?
- Vous êtes qui, vous ? Bordel!
Un grand agacement l'envahit, il aurait presque envie, si ce n'était pas si délicieux, de balancer son assiette de ris à la figure de tout ce beau monde. L'homme chuchote :
- Mon nom tient en un mot qui ne se prononce pas.
« Oublies-les ! se dit Nolon. Le mieux est de ne leur prêter aucune attention. Finir l'assiette, vite, régler l'addition, reprendre la route, reprendre le livre, retrouver la Voix. » Il regarde sa main vide.
- C'est ça que vous cherchez ?
L'homme sort de la poche de son costar la fourchette avec laquelle Nolon mangeait. Un illusionniste, un emmerdeur aussi, et qui se met à rire, un rire grossier, insupportable. Nolon en a assez, mais, avant qu'il n'esquisse un geste, prononce une parole ; l'homme cesse de rire et, d'une voix fielleuse, lance :
- Montre-lui, montre-lui mon chaton.
- Je ne suis pas une pute, dit la fille à l'oreille de Nolon.
En enlevant son haut moulant, elle ajoute :
- Je ne suis pas le diable.
Sur son sein, blanc, un peu flasque, en dessous du téton brun piercé ; un tatouage, une crucifixion.
- Sont pas sexy ses stigmates ? plaisante le vieux fou. T'aimerais goûter ça hein ?
Nolon, hypnotisé, regarde les trois personnages gesticuler. Il voit la salle de restaurant vide. Il lui semble, pourtant, qu'une foule le regarde, le hue, le siffle, le moque. Son assiette, on lui a pris son assiette. Diablerie ! Le mec à costar, le vieux, la fille aux seins nus, dansent la sarabande autour de lui. Ses oreilles bourdonnent. Il veut les frapper, de toute sa force, mais, alors qu'il prépare le coup, la fille tombe à genou :
- Si tu me frappes, je te tends l'autre joue ! Et si tu me baises...
Elle s'agenouille, sa main se diriger vers sa braguette. Il est terrorisé, par cette fille, ou peut-être encore plus, parce qu'il ne bande pas.
- Allez, raconte-moi tes histoires, Nolon, raconte-moi ! T'as pas d'histoires pour moi ?
La serveuse qui avait disparu intervient, dévotement, hystériquement aussi, elle se jette aux pieds de l'homme au costume, les mains jointes.
- Laissez-le ! Je vous en prie laissez-le !
Elle est belle, éthérée, poétique. Il a oublié la femme vautrée du début. Maintenant, comme ça, il la trouve simplement divine.
- C'est l'heure du choix crie le mec en costar. Allez ! Choisis qui d'entre nous tu vas gracier ! Tu peux en épargner un ! Je suis le diable.
- Je suis Dieu miaule la fille nue.
- Et moi je suis toi, réplique le vieillard !
- Alors, qui tu veux gracier ? Dis !
Nolon respire fort:
- Marguerite, c'est toi que je veux, Marguerite !
Et la serveuse, à genoux, en silence, se lève et lui pose la main sur l'épaule.
- Oui ! Partons ensemble ! minaude-t-elle, mais avant, il faudrait dégager ton bahut de la vitrine !
Nolon, hésite, regarde la serveuse qui lui sourit timidement, se tourne vers l'entrée. Au milieu d'éclats de gravats, de lumières rouges et bleues, il aperçoit la cabine écrasée de son camion surgissant d'une fumée colorée. Il essaye de regarder au-delà ; au ciel, vers l'horizon... Plus d'horizon. Et Nolon pâlit, s'éloignant pour toujours...
Vaziosinn- Nombre de messages : 9
Date d'inscription : 16/02/2006
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Ah, tu fais très bien, c'est une bonne idée :0)Vaziosinn a écrit:bonsoir,
j'ai souvent hésité à envoyer un texte, j'aime lire les vôtres, même si je ne me sens pas capable de dire ce que j'en pense.
Je commence donc par le début, j'envoie une petite histoire
Et bonsoir !
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Ah, erreur de fuseau, retourne plutôt sur "forum vos écrits" puis "nouveau" en bas de la page, et comme ça, on pourra mettre nos commentaires plus facilement :0)
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
ça commence bien :-)
merci lyra will
merci lyra will
Vaziosinn- Nombre de messages : 9
Date d'inscription : 16/02/2006
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
çui là m'en vais le bannir vite fait s'il recommence !! :-((
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
Au fait bienvenue Vaziosinne ! ;-)
(pourquoi je voulais écrire vaseline moi ??)
M'en vais lire ton texte. Tu me permets de virer celui-là au-dessus ??
Merci
(pourquoi je voulais écrire vaseline moi ??)
M'en vais lire ton texte. Tu me permets de virer celui-là au-dessus ??
Merci
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
bien dit Lyra, t'as raison, faut faire la police ici... :-))Lyra will a écrit:Ah, erreur de fuseau, retourne plutôt sur "forum vos écrits" puis "nouveau" en bas de la page, et comme ça, on pourra mettre nos commentaires plus facilement :0)
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
C'est pas grave ! et tu peux m'appeler Lyra, si tu veux, ça va plus vite :0)Vaziosinn a écrit:ça commence bien :-)
merci lyra will
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
C'est depuis que j'ai vu Jésus, je ne suis plus la même, je me sens comme investie d'une missionmentor a écrit:bien dit Lyra, t'as raison, faut faire la police ici... :-))Lyra will a écrit:Ah, erreur de fuseau, retourne plutôt sur "forum vos écrits" puis "nouveau" en bas de la page, et comme ça, on pourra mettre nos commentaires plus facilement :0)
Re: Débats, Billevesées et Causette (Des babils & Co)
suis morte de rire avec cette illusion, m'en remets pas, je la fais passer à tous ceux que je connais :0)
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