Gynéïde
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bertrand-môgendre
Yali
Flaneuse
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Gynéïde
Illico texto, pareille à un hologramme impavide, elle s’adresse par le menu au quidam d’outre-écran, devise de justesse avec ses sosies devant des micros et, comme personne, se cantonne au vide des numéros de téléphone qu’elle compose à cran. Nonobstant les répondeurs, rien ne l’écoute rien ne l’entend ; inaudible presque, elle reste ainsi en veilleuse des heures durant, face à untel, face à elle-même.
Désincarnée, elle se prénomme Gynéïde.
Crescendo, plus émission qu’émotion en vérité, elle appuie inlassable sur des boutons pour abréger toujours ses maux ineffables, ses différends mêlés à des unités. Elle transmet machinale des lettres de fortune, à fins de formater nom et identité et met aussi un terme par touches digitales à son imaginerie, à un verbiage cursif alors elle se résume, pour en venir au faîte de sa messagerie.
Déshumanisée, elle se sous nomme Gynéïde.
SOS mémento, tous ses livres idylliques bradés contre des bribes de mémoire, elle s’en sort quand même défragmentée, repliée sur l’oubli, en vue de maintenir un support quantitatif de liaisons sans histoire, sauvegardées seulement à force de données synthétiques. Par pulsation, elle garde ainsi à cœur de tenir maints contacts sous tension, dans un automatisme, loin des bugs affectifs.
Désaffectée, elle se dénomme Gynéïde.
Fiasco, portraits d’album copiés collés dans des fichiers, clichés subtilisés à des séries télédiffusées, elle feint des sentiments qu’elle programme plus qu’elle n’aime et se fourvoie croyant être vraie, hors connexion du cercle des vivants. Malgré sa résolution, le déclic ne s’insère pas, entité dénuée de fantaisie, pauvre même de conviction, pièce détachée du circuit, entre elle et la vie nulle alternative, nulle illusion, le courant ne passe pas.
Désintégrée, elle se nomme Gynéïde.
L’espace de quelques lignes, j’ai perdu qui je suis, privée soudain d’essence, j’ai endossé une impersonnalité et, un instant Gynéïde, j’ai déposé ici un texte sans âme…
Désincarnée, elle se prénomme Gynéïde.
Crescendo, plus émission qu’émotion en vérité, elle appuie inlassable sur des boutons pour abréger toujours ses maux ineffables, ses différends mêlés à des unités. Elle transmet machinale des lettres de fortune, à fins de formater nom et identité et met aussi un terme par touches digitales à son imaginerie, à un verbiage cursif alors elle se résume, pour en venir au faîte de sa messagerie.
Déshumanisée, elle se sous nomme Gynéïde.
SOS mémento, tous ses livres idylliques bradés contre des bribes de mémoire, elle s’en sort quand même défragmentée, repliée sur l’oubli, en vue de maintenir un support quantitatif de liaisons sans histoire, sauvegardées seulement à force de données synthétiques. Par pulsation, elle garde ainsi à cœur de tenir maints contacts sous tension, dans un automatisme, loin des bugs affectifs.
Désaffectée, elle se dénomme Gynéïde.
Fiasco, portraits d’album copiés collés dans des fichiers, clichés subtilisés à des séries télédiffusées, elle feint des sentiments qu’elle programme plus qu’elle n’aime et se fourvoie croyant être vraie, hors connexion du cercle des vivants. Malgré sa résolution, le déclic ne s’insère pas, entité dénuée de fantaisie, pauvre même de conviction, pièce détachée du circuit, entre elle et la vie nulle alternative, nulle illusion, le courant ne passe pas.
Désintégrée, elle se nomme Gynéïde.
L’espace de quelques lignes, j’ai perdu qui je suis, privée soudain d’essence, j’ai endossé une impersonnalité et, un instant Gynéïde, j’ai déposé ici un texte sans âme…
Flaneuse- Nombre de messages : 49
Age : 57
Date d'inscription : 16/10/2008
Re: Gynéïde
Fiasco pour moi. Trop de clichés en effet côté forme. Et côté fond, le courant ne passe pas. Désolée.
Invité- Invité
Re: Gynéïde
Island a écrit:Fiasco pour moi. Trop de clichés en effet côté forme. Et côté fond, le courant ne passe pas. Désolée.
Ok, pour le côté fond, mais je peux juste vous demander ce que vous voulez dire par "clichés ... côté forme" ? Merci.
Flaneuse- Nombre de messages : 49
Age : 57
Date d'inscription : 16/10/2008
Re: Gynéïde
Je trouve le texte creux, sans âme en effet, comme un pur exercice de style... Trop léché, qui tient trop à distance peut-être.
Invité- Invité
Re: Gynéïde
socque a écrit:Je trouve le texte creux, sans âme en effet, comme un pur exercice de style... Trop léché, qui tient trop à distance peut-être.
"Pur exercice de style" Eh oui.
"Qui tient trop à distance" La forme rejoint le fond. Voilà précisément le thème du texte.
Par sa froideur, son manque de poésie, je ne m'attendais pas à ce que ce texte rencontre "l'empathie du lecteur".
Flaneuse- Nombre de messages : 49
Age : 57
Date d'inscription : 16/10/2008
Re: Gynéïde
Flaneuse a écrit:
Par sa froideur, son manque de poésie, je ne m'attendais pas à ce que ce texte rencontre "l'empathie du lecteur".
Alors, je dis:
Bravo !
c'est bien un texte sans âme
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Gynéïde
Sans âme le texte ? Ah bon ? Mais pas sans intérêt.
Je trouve l'analyse méthodique, profonde. Agencée comme regards croisés sur les curiosités contemporaines exerçant leur influence néfaste ou non, chez Gynéïde
Je trouve l'analyse méthodique, profonde. Agencée comme regards croisés sur les curiosités contemporaines exerçant leur influence néfaste ou non, chez Gynéïde
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Gynéïde
Ce texte m'a interpellée, je ne sais pas pourquoi.
Il m'a intéressée, je n'ai aucune explication.
L'âme absente, c'est peut être le but. Gynéïde n'est-elle pas "désincarnée"?
Moi je l'ai ressenti comme ça, ça donne plus de force que ça n'en enlève.
Mais c'est mon avis.
Il m'a intéressée, je n'ai aucune explication.
L'âme absente, c'est peut être le but. Gynéïde n'est-elle pas "désincarnée"?
Moi je l'ai ressenti comme ça, ça donne plus de force que ça n'en enlève.
Mais c'est mon avis.
Marie D- Nombre de messages : 36
Age : 38
Localisation : dans mon univers, ou en gironde
Date d'inscription : 27/10/2008
Re: Gynéïde
J'ai aimé cela.j’ai endossé une impersonnalité
L'impersonnalité fait partie intégrante du texte. C'est un bel exercice. Peut-être un peu trop " exercice ", en soi. Mais ce n'est pas mal.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Gynéïde
Le ton du texte me fait pensé à du slam. Toujours sur le même ton répétitif un peu ennuyant. Mais je pense que là encore c'était le but de ton texte.
Re: Gynéïde
C'est trépidant, l'écriture en saccade crée un dynamisme qui me plaît par ce côté haché, respiration haletante qui transpire à travers les mots.
A cela, il y a un hermétisme qui rend le tout extérieur au lecteur. Celui-ci assiste à une métamorphose sans pour autant y avoir accès. A mon avis, ça passe ou ça casse. Personnellement, j'aime ça. Avec toutefois une attention à porter sur le fait que, dans un format plus grand, ces effets de style, tout travaillés soient-ils, pourraient lasser.
A cela, il y a un hermétisme qui rend le tout extérieur au lecteur. Celui-ci assiste à une métamorphose sans pour autant y avoir accès. A mon avis, ça passe ou ça casse. Personnellement, j'aime ça. Avec toutefois une attention à porter sur le fait que, dans un format plus grand, ces effets de style, tout travaillés soient-ils, pourraient lasser.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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