Miserere

La terre noire et grasse
Comme un rêve poisseux
Et chaque pelletée arrachée à la vie
Pour enfouir à jamais
Ces ombres décharnées.
Vos silhouettes tremblantes
Harnachées de chagrin
Et le bruit de la terre
Sur le bois des cercueils.
Ces envolées de cloches martelant le silence
Vos prêtres agenouillés implorant la clémence.

Et Mozart arrachant aux ombres vaticanes
La beauté de ces voix, aux anges dérobée
Dans le cœur des secrets, tu m’apprends la sagesse
De ce do exatique, chant si pur des castrats.

En ce matin de décembre 1791, au cimetière Saint Marc
Les notes se sont tues au pied d’un requiem.
Je revois ces chevaux dans la neige salie
Et le halo bleuté de leurs naseaux fumants
La terre désolée n’abrite aucun arbre
Vallonnement des tombes pour simple mausolée.

Je creuse chaque nuit pour trouver la lumière
Seul le granit répond en écho à mes plaintes.
A Vienne Constanze auréolée de cendres
Abandonne son corps aux froidures de l’âme
Et quelques notes éparses sur un masque mortuaire.

Très bel hommage, solennel et délicat à la fois. J'aime que ton inspiration puise à ces sources. Et si ma réaction est partiale, je ne peux que m'en féliciter cette fois encore.

Easter(Island) a écrit:Très bel hommage, solennel et délicat à la fois. J'aime que ton inspiration puise à ces sources. Et si ma réaction est partiale, je ne peux que m'en féliciter cette fois encore.

merci de ta partialité, vu comme cela elle m'enchante
à bientôt

Superbe mitsouko! Un bel hommage rendu avec grâce, élégance et cette touche de solennité que j'aime beaucoup. Tu laisses voler les mots, comme si eux aussi, tels des notes de musique, disaient un dernier au revoir.

Ces vers me plaîsent particulièrement:
Et Mozart arrachant aux ombres vaticanes
La beauté de ces voix, aux anges dérobée

J'ai apprécié, il y a du rythme, de la force.
Je ne comprends pas tes choix de découpage des vers ; tes alexandrins (modernes par la caducité du "e" en 6) méritent un hommage plus franc, ils en respireraient davantage.

Bon sang, j'ai laissé passer ça !
Mitsouko, c'est splendide... Je n'ai pas beaucoup de religion, sauf Mozart
( et quelques autres musiciens..)alors je suis sensible à ceux qui prient dans la même chapelle !