Exercice éphémère : conte à rebours
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Kilis
Manu(manisa06)
Evanescent
Chako Noir
Lucy
Krystelle
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Exercice éphémère : conte à rebours
Parce que ça fait longtemps qu'on n'a pas fait un exercice éphémère, je suis allée faire un tour ici et j'ai piqué une idée :
Le principe c'est d'inverser la chronologie d'un texte. Voici comment c'est expliqué sur le site où j'ai pioché la contrainte :
"Ce n'est pas seulement une déchronologie (flash back): c'est une inversion de l'ordre pour une suite d'événements, comme si on voyait un film qui défile à l'envers."
Si ça vous tente d'essayer...
Et pour ceux qui ne connaissent pas le principe des exercices éphémères, voici la liste des plus récents :
Elle m'a dit vient voir sur la coline
Cédille
Une scène en E
Cinéphiles ?
Le principe c'est d'inverser la chronologie d'un texte. Voici comment c'est expliqué sur le site où j'ai pioché la contrainte :
"Ce n'est pas seulement une déchronologie (flash back): c'est une inversion de l'ordre pour une suite d'événements, comme si on voyait un film qui défile à l'envers."
Si ça vous tente d'essayer...
Et pour ceux qui ne connaissent pas le principe des exercices éphémères, voici la liste des plus récents :
Elle m'a dit vient voir sur la coline
Cédille
Une scène en E
Cinéphiles ?
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
M'intéresse, ça. Nombre de signes limités ou non ? On n'est pas obligé de poster aujourd'hui, dis ?
Doit-on écrire un conte ?
Je pose plein de questions !!!
Dis ? Dis ? ^^
Doit-on écrire un conte ?
Je pose plein de questions !!!
Dis ? Dis ? ^^
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Pas limité. Habituellement les exercices éphémères donnent lieu à des textes courts, pas forcément très aboutis, qu'on poste tous dans un même fil (celui-ci en l'occurrence). Mais rien n'interdit de faire quelque chose de long et rien n'interdit non plus d'ouvrir un fil pour son texte.Lucy a écrit:Nombre de signes limités ou non ?
Un exercice éphémère dure généralement une semaine, deux maxi, mais pareil, y a pas vraiment de règle.Lucy a écrit: On n'est pas obligé de poster aujourd'hui, dis ?
Non, c'était pour faire un bon mot. Mais ce n'est pas interdit non plus.Lucy a écrit:Doit-on écrire un conte ?
Lucy a écrit:Je pose plein de questions !!!
Dis ? Dis ? ^^
A vot' service m'dame :-)
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Merci beaucoup, Miss Krystelle !!! ^)^
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
19h15, il n’arrive pas. Elle relève sans cesse la manche de son manteau pour regarder l’heure qui lui semble avancer à reculons. Dieu que le temps est long ! L’horloge au bout de quai ne dit pas mieux.
Lui ne peut pas la voir, forcément il est en retard. D’ailleurs il ne peut voir rien d’autre que le siège de devant et le poignet de sa voisine. La grande aiguille dit qu’il est 17 heures. La petite est cachée sous un bout de pull en nylon, vert. C’est joli le vert. C’est ce qu’il se dit oubliant les aiguilles, le retard et l’incident de tout à l’heure.
C’est ainsi qu’ils appellent les pannes à la SNCF. Des incidents. Il est déjà 16h, il fait froid sur le quai. Il n’a pas deux sous de patience, il sait qu’il va attendre, qu’elle va l’attendre, elle aussi, là-bas. Il ne peut pas la prévenir. Alors il ne la prévient pas, change de train, de destination. Il y a cette fille avec un regard clair, aussi vert que son pull, ou presque. Il la suit, monte dans le wagon, s’assied à côté et décide de troquer son destin contre un bout du sien.
Lui ne peut pas la voir, forcément il est en retard. D’ailleurs il ne peut voir rien d’autre que le siège de devant et le poignet de sa voisine. La grande aiguille dit qu’il est 17 heures. La petite est cachée sous un bout de pull en nylon, vert. C’est joli le vert. C’est ce qu’il se dit oubliant les aiguilles, le retard et l’incident de tout à l’heure.
C’est ainsi qu’ils appellent les pannes à la SNCF. Des incidents. Il est déjà 16h, il fait froid sur le quai. Il n’a pas deux sous de patience, il sait qu’il va attendre, qu’elle va l’attendre, elle aussi, là-bas. Il ne peut pas la prévenir. Alors il ne la prévient pas, change de train, de destination. Il y a cette fille avec un regard clair, aussi vert que son pull, ou presque. Il la suit, monte dans le wagon, s’assied à côté et décide de troquer son destin contre un bout du sien.
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Super intéressant cet exo!
Bon Krys, un peu facile: suffit de remettre les pendules à l'heure!
Mais on pourrait tenter un truc dans le style Irréversible (pas l'histoire, hein, juste le mode de la chronologie inversée), ça peut tenir plus d'une semaine un exo éphémère dis-tu?
Et bien à dans plus d'une semaine! ^^
Bon Krys, un peu facile: suffit de remettre les pendules à l'heure!
Mais on pourrait tenter un truc dans le style Irréversible (pas l'histoire, hein, juste le mode de la chronologie inversée), ça peut tenir plus d'une semaine un exo éphémère dis-tu?
Et bien à dans plus d'une semaine! ^^
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
y'a un rapport avec Tarentino ?
Manu(manisa06)- Nombre de messages : 1928
Age : 54
Localisation : Côte d'usure
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Whaaaaaaaaaa, Manu, elle est belle ! C'était comment ? T'étais :
- saoul comme un môme ?
- Heureux comme un polonais ?
-Sérieux comme une jeune mariée ?
-ému comme un pape ?
Rayez la mention inutile.
Et bises à toi.
- saoul comme un môme ?
- Heureux comme un polonais ?
-Sérieux comme une jeune mariée ?
-ému comme un pape ?
Rayez la mention inutile.
Et bises à toi.
Invité- Invité
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Heu pardon Krys, je ne suis pas dans le bon fil pour papoter, mais l'alliance de Manu m'a éblouie !
Invité- Invité
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Etonné, il s'était pris un sacré coup de pied aux fesses. Juste après. Le vieux Louis, généralement amical et universellement débonnaire avait froncé un sourcil. Un seul. C'est difficile.
Pourtant, la dernière chose qu'il avait dite, c'était " mon père, il l'aime beaucoup. Et même, moi aussi, des fois."
Le vieux Louis, il y tenait, à sa petite-fille : Zil, on l'appelait. Zil pour Isabelle, mais Zil, ça attirait plus, comme elle, comme du miel quand on se sent tout petit, comme le soleil quand on sort d'un bois sombre et froid ; Zil, elle était belle et même plus que ça. Le père de Mattias, il le disait, qu'elle rendait les hommes fous. Et qu'elle avait pas l'âge. "Mais quand tu rencontres le soleil dans un bois sombre et froid, tu résistes pas ! Surtout quand ça fait des mois que tu essaies de résister. Elle aime qu'on l'aime, cette gamine... Alors moi, je l'aime. Beaucoup. Souvent. Trop."
Il avait eu un drôle de petit rire avant de dire ça, son père.
Le copain avait les yeux qui brillaient sale.
Ils buvaient un peu trop, quand il débarquait à la maison. Mattias l'aimait pas beaucoup, ce copain de son père. On peut pas être bien avec tout le monde.
Mattias avait envie d'aller se faire consoler par le vieux Louis, il savait bien consoler le vieux Louis. Il arriverait peut-être à lui expliquer pourquoi Zil venait juste de l'engueuler, avant qu'il ait eu le temps de dire un seul mot.
"Qu'est-ce que t'as à me regarder avec des yeux comme ça ? Fous le camp, petit con, je veux plus te voir, ni personne de ta famille !" Qu'elle lui avait lancé avant de partir en courant.
Elle pleurait, Zil ?
Pourtant, la dernière chose qu'il avait dite, c'était " mon père, il l'aime beaucoup. Et même, moi aussi, des fois."
Le vieux Louis, il y tenait, à sa petite-fille : Zil, on l'appelait. Zil pour Isabelle, mais Zil, ça attirait plus, comme elle, comme du miel quand on se sent tout petit, comme le soleil quand on sort d'un bois sombre et froid ; Zil, elle était belle et même plus que ça. Le père de Mattias, il le disait, qu'elle rendait les hommes fous. Et qu'elle avait pas l'âge. "Mais quand tu rencontres le soleil dans un bois sombre et froid, tu résistes pas ! Surtout quand ça fait des mois que tu essaies de résister. Elle aime qu'on l'aime, cette gamine... Alors moi, je l'aime. Beaucoup. Souvent. Trop."
Il avait eu un drôle de petit rire avant de dire ça, son père.
Le copain avait les yeux qui brillaient sale.
Ils buvaient un peu trop, quand il débarquait à la maison. Mattias l'aimait pas beaucoup, ce copain de son père. On peut pas être bien avec tout le monde.
Mattias avait envie d'aller se faire consoler par le vieux Louis, il savait bien consoler le vieux Louis. Il arriverait peut-être à lui expliquer pourquoi Zil venait juste de l'engueuler, avant qu'il ait eu le temps de dire un seul mot.
"Qu'est-ce que t'as à me regarder avec des yeux comme ça ? Fous le camp, petit con, je veux plus te voir, ni personne de ta famille !" Qu'elle lui avait lancé avant de partir en courant.
Elle pleurait, Zil ?
Invité- Invité
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
ch'i'ou'-plaît ?Evanescent a écrit:j'ai pas tout pigé à l'exo...
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Ben, Eva, t'écris une histoire qui pourrait se lire en commençant par la fin. Dont l'ordre chronologique est inversé. Oùsque ce que tu racontes en premier, c'est ce qui s'est passé en dernier. En quelque sorte, un conte cul par dessus tête. Dire si tu vois ce que je veux.^^
Invité- Invité
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Ca doit être vraisemblable aussi dans le sens dans lequel c'est écrit ?
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Ben, faut peut-être pas qu'on se demande mais qu'est-ce que c'est ce truc jusqu'au dernier mot... disons qu'il faut que ce soit intelligible, même si le sens global ne se dévoile qu'au dernier moment. Enfin, c'est ce que je crois.
Invité- Invité
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Lumière
Lumière.
Pensée dernière : le mot de la fin pour le mot FIN qui n’apparaît plus dans les films.
Enchaîneront-ils avec une prochaine séance ? J’en doute.
Cela me plairait de revoir certains passages.
J’ai beaucoup aimé.
J’ai regardé le générique jusqu’au bout. Par respect. Et parce que j’étais encore un peu dedans. Dans l’émotion, le voyage, tout ça. Toujours besoin d’une bulle de décantation, après.
Aussi, cela m’insupporte que les gens se lèvent avant le déroulement complet. Et il s’en trouve toujours ! À s’affairer dans le noir, à rassembler leurs bidules et machins. Faut croire que ça les rassure de retrouver leur traintrain, histoire de ne pas s’engluer dans le rêve.
J’ai beaucoup aimé.
Rêver.
J’ai beaucoup aimé.
Aimer.
Je suis surprise un peu, mais ma tête est légère.
Il y a du soleil dehors.
Je n’aurais pu espérer mieux comme dernière image.
Mon chat sur la terrasse par la porte entrouverte.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Ah, Pili, ça c'est magnifique ! Jusqu'au chat j'ai cru au film...
Chapeau très très très bas !
Chapeau très très très bas !
Invité- Invité
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Joli mon amie, et pas qu'un peu !
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Chako Noir a écrit:Super intéressant cet exo!
Bon Krys, un peu facile: suffit de remettre les pendules à l'heure!
T'as raison Chako, c'était juste histoire de...
Coline et Pili s'en sont bien mieux sorties !
C'est tout en nuances, un peu complexe dans la construction pour ce qui est du texte de Coline mais réussi quand même.
Quant à Pili, c'est du bel ouvrage, chapeau !
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Elle :
— Je t’aime plus !
Lui :
— Moi non plus !
Elle :
— Je t’aime !
Lui :
— Aussi !
Elle :
— Dis, tu m’aimes ?
Lui :
— Je crois bien que oui.
Elle :
— Elle serait pas mieux la bibliothèque ici ?
Lui :
— Si tu veux.
Elle :
— C'était bon.
Lui :
— C'était tellement ça !
Elle :
— Dans le genre plan drague, c'est foireux !
Lui :
— Je t'offre un verre, autre chose… ?
Elle :
Il ressemble à quoi ce type qui se ramène ?
Lui :
Elle serait presque jolie si elle avait pas cet air revêche.
Elle :
—Papa tu m'emmerdes, j'ai dix huit ans, je fais ce que je veux !
Son père à Elle :
Aussi conne que sa mère, voire davantage si la chose est possible.
Elle :
Dire que quand j'étais gosse, je l'adorais.
Lui, quelque part plus loin :
— Je lai quand même eu avec mention mon Bac
Son père à Lui :
— Petite la mention, c'est pas le genre de la famille.
Lui :
Sale con !
Sa mère à Lui :
Silencieuse parce que plus là depuis longtemps. Exactement depuis le jour où elle a dit à son père à lui :
— Je t’aime plus !
— Je t’aime plus !
Lui :
— Moi non plus !
Elle :
— Je t’aime !
Lui :
— Aussi !
Elle :
— Dis, tu m’aimes ?
Lui :
— Je crois bien que oui.
Elle :
— Elle serait pas mieux la bibliothèque ici ?
Lui :
— Si tu veux.
Elle :
— C'était bon.
Lui :
— C'était tellement ça !
Elle :
— Dans le genre plan drague, c'est foireux !
Lui :
— Je t'offre un verre, autre chose… ?
Elle :
Il ressemble à quoi ce type qui se ramène ?
Lui :
Elle serait presque jolie si elle avait pas cet air revêche.
Elle :
—Papa tu m'emmerdes, j'ai dix huit ans, je fais ce que je veux !
Son père à Elle :
Aussi conne que sa mère, voire davantage si la chose est possible.
Elle :
Dire que quand j'étais gosse, je l'adorais.
Lui, quelque part plus loin :
— Je lai quand même eu avec mention mon Bac
Son père à Lui :
— Petite la mention, c'est pas le genre de la famille.
Lui :
Sale con !
Sa mère à Lui :
Silencieuse parce que plus là depuis longtemps. Exactement depuis le jour où elle a dit à son père à lui :
— Je t’aime plus !
Yali- Nombre de messages : 8624
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
d'où je me tiens, ça m'a l'air vraiment très difficile comme exo. Et vous tirez tous brillamment votre épingle du jeu. Mention spéciale à Pili pour un texte fluide qui fonctionne parfaitement.
Invité- Invité
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Je sais pas pourquoi j’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose.
Bon. Il est là, deux trous rouges au côté droit, son compte est réglé.
Du bon boulot. C’est un métier. Et je suis pro. Va falloir filer, j’ai un rendez-vous... C’était quoi déjà ?
***
Quand je suis rentré dans son bureau, il m’a adressé son sourire d’enfant malade. Peut-être qu’il croyait qu’il allait pouvoir s’en sortir ? Il m’a proposé du cash, il a ouvert son tiroir en me disant qu’on allait pouvoir s’arranger. J’ai flingué avant qu’il ne prenne le revolver qu’il y cachait. C’est ça, être un pro. C’est juste après que je me suis dit que j’avais oublié un truc. Mais quoi ?
***
Arthur gardait l’entrepôt. Là, il a la bouche ouverte et la nuque qui baigne dans le cresson. On est là entre pros, pas du genre à se raconter des salades, j’ai été le plus rapide, c’est tout. Pas question de traîner. J’ai un rendez-vous sur mon carnet. Il y a marqué : “poésie”. Je crois que j’ai promis à ma petite nièce de lui faire apprendre sa poésie pour l’école. Ce qu’ils leur font pas faire, de nos jours, aux gosses...
***
- Y a pas de problème Boss. Je suis pro. J’ai noté sur mon carnet.
- On va aller le chercher dans son trou, l’argent c’est pas que j’m’en fasse une montagne, mais qu’il se fasse mousser, qu’est-ce que tu veux, s’il veux pas se mettre au vert, on va l’y mettre !
- Au vert ?
- Le mettre aux vers... Les vers, quoi !... T’as compris ? Bon, laisse tomber.
- OK Boss, je le bute. C’est noté.
- Ah, une dernière chose, n’oublie surtout pas de lui dire que c’est de la part de Tony Duval...
***
- Ca fait longtemps, ces pertes de mémoire ?
- Ben .. Je m’en souviens plus docteur.
- Ah ! Je vois... Et dans votre activité professionnelle ? Ca peut être gênant ?
- Non, je crois pas, enfin pas trop... Je suis un pro, vous savez.
- Tant mieux, tant mieux, un méprise est vite venue... Ecoutez, je vous donne ça.
- C’est quoi ?
- C’est une poésie, vous essayez de l’apprendre par coeur et on se voit demain après-midi. Notez bien le rendez-vous dans votre carnet...
Bon. Il est là, deux trous rouges au côté droit, son compte est réglé.
Du bon boulot. C’est un métier. Et je suis pro. Va falloir filer, j’ai un rendez-vous... C’était quoi déjà ?
***
Quand je suis rentré dans son bureau, il m’a adressé son sourire d’enfant malade. Peut-être qu’il croyait qu’il allait pouvoir s’en sortir ? Il m’a proposé du cash, il a ouvert son tiroir en me disant qu’on allait pouvoir s’arranger. J’ai flingué avant qu’il ne prenne le revolver qu’il y cachait. C’est ça, être un pro. C’est juste après que je me suis dit que j’avais oublié un truc. Mais quoi ?
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Arthur gardait l’entrepôt. Là, il a la bouche ouverte et la nuque qui baigne dans le cresson. On est là entre pros, pas du genre à se raconter des salades, j’ai été le plus rapide, c’est tout. Pas question de traîner. J’ai un rendez-vous sur mon carnet. Il y a marqué : “poésie”. Je crois que j’ai promis à ma petite nièce de lui faire apprendre sa poésie pour l’école. Ce qu’ils leur font pas faire, de nos jours, aux gosses...
***
- Y a pas de problème Boss. Je suis pro. J’ai noté sur mon carnet.
- On va aller le chercher dans son trou, l’argent c’est pas que j’m’en fasse une montagne, mais qu’il se fasse mousser, qu’est-ce que tu veux, s’il veux pas se mettre au vert, on va l’y mettre !
- Au vert ?
- Le mettre aux vers... Les vers, quoi !... T’as compris ? Bon, laisse tomber.
- OK Boss, je le bute. C’est noté.
- Ah, une dernière chose, n’oublie surtout pas de lui dire que c’est de la part de Tony Duval...
***
- Ca fait longtemps, ces pertes de mémoire ?
- Ben .. Je m’en souviens plus docteur.
- Ah ! Je vois... Et dans votre activité professionnelle ? Ca peut être gênant ?
- Non, je crois pas, enfin pas trop... Je suis un pro, vous savez.
- Tant mieux, tant mieux, un méprise est vite venue... Ecoutez, je vous donne ça.
- C’est quoi ?
- C’est une poésie, vous essayez de l’apprendre par coeur et on se voit demain après-midi. Notez bien le rendez-vous dans votre carnet...
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Je poste un peu plus tard dans la journée et je vous commente du même coup.
Lucy- Nombre de messages : 3411
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Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Petite musique d’ennui
Pavane.
Les Belles Mortes.
Manoir de Launier-sous-bois, le bal bat son plein. Elles dansent, deux par deux, la cinquième au bras du Maître de peinture.
Les Belles Mortes ont su retrouver leur éclat, la splendeur de leur jeunesse figée sur la toile. Elles avancent en cadence, suivant le rythme de la musique : un…, un…, un, deux, un. Elles avancent puis reculent doucement, glissent sur le parquet de verre, se reflètent dans les miroirs de la salle de bal.
Pavane.
Les musiciens, absents, jouent de leurs violons, de leurs violes d’amour, de leurs luths et de leurs tambours.
Le Maître de peinture rit.
Les Belles Mortes.
Manoir de Launier-sous-bois, le bal bat son plein. Elles dansent, deux par deux, la cinquième au bras du Maître de peinture.
Les Belles Mortes ont su retrouver leur éclat, la splendeur de leur jeunesse figée sur la toile. Elles avancent en cadence, suivant le rythme de la musique : un…, un…, un, deux, un. Elles avancent puis reculent doucement, glissent sur le parquet de verre, se reflètent dans les miroirs de la salle de bal.
Pavane.
Les musiciens, absents, jouent de leurs violons, de leurs violes d’amour, de leurs luths et de leurs tambours.
Le Maître de peinture rit.
*
* *
* *
— Elsebeth… Tu es magnifique, Elsebeth. Cet homme s’est montré parfait. Le résultat dépasse mes attentes. Quel dommage que tu ne puisses me parler. Mais viens, ma belle ! Viens avec moi !
Elsebeth quitte la toile, flotte, un instant, au-dessus du sol, puis pose sa main sur celle de son maître. Son visage lisse et luisant, parfait et immobile, se lève un instant avant de se pencher dans ce mouvement d’abandon qui lui est propre.
Les Dames penchent leur tête de côté, nuque offerte aux regards qui se posent sur leur chair pâle et brillante.
Elles dansent.
Elsebeth quitte la toile, flotte, un instant, au-dessus du sol, puis pose sa main sur celle de son maître. Son visage lisse et luisant, parfait et immobile, se lève un instant avant de se pencher dans ce mouvement d’abandon qui lui est propre.
Les Dames penchent leur tête de côté, nuque offerte aux regards qui se posent sur leur chair pâle et brillante.
Elles dansent.
*
* *
* *
Pavane.
Les Belles Mortes.
1882, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
— Vous voyez. Je ne mentais pas.
— En effet… La toile n’est pas signée.
— Peu importe. Regardez bien ! Ne me dites pas que vous n’avez rien remarqué.
— Il me faut les revoir. Toutes, avant d’affirmer quoi que ce soit.
— À votre guise, jeune homme. À votre guise.
Le rire du maître de maison. Second tableau.
1787, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
— Qu’en dites-vous ?
— Je dois les examiner dans le détail. Vous n’êtes pas sans l’ignorer.
— Je n’ignore pas que vous n’êtes qu’un Jean fesse, monsieur !
— Je ne vous permets pas de m’insulter.
Le rire du maître de maison. Troisième tableau.
1604, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
— Je dois bien avouer…
— N’est-ce pas ?
— On les dirait de la même main. Êtes-vous absolument certain qu’ils sont tous d’époque ?
— C’est à vous de me le dire.
— Tout ceci est proprement incroyable. Je n’ai jamais rien vu de tel.
— Vous n’en avez pas terminé. Il en reste deux.
— Deux ? Mais je pensais…
— Il n’est plus temps de penser. Suivez-moi !
Le pas du maître de maison. Le couloir, sombre. Quatrième tableau.
1584, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
Haussement de sourcil de l’expert : le droit.
Sourire en coin du maître de maison. Pas un mot. Cinquième tableau.
1836, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
— Mais… Celui-ci est largement postérieur et… Oh ! il est abîmé.
— Un tragique incendie. Beaucoup de victimes.
— Dans ce Manoir ?
Hochement de tête du maître de maison. Lent et appuyé. Regard pénétrant.
— Bien entendu, on pourrait restaurer la toile. Lui rendre un aspect proche de celui qu’elle avait à l’origine. Cela est possible.
— Et pour cette petite partie qui s’est consumée ?
— Malheureusement, nous ne sommes pas des magiciens. Nous ne pouvons remplacer ce qui a été détruit.
— Voyez-vous, j’ai ma petite théorie à ce sujet…
Nouveau sourire du maître de maison.
Les Belles Mortes.
1882, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
— Vous voyez. Je ne mentais pas.
— En effet… La toile n’est pas signée.
— Peu importe. Regardez bien ! Ne me dites pas que vous n’avez rien remarqué.
— Il me faut les revoir. Toutes, avant d’affirmer quoi que ce soit.
— À votre guise, jeune homme. À votre guise.
Le rire du maître de maison. Second tableau.
1787, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
— Qu’en dites-vous ?
— Je dois les examiner dans le détail. Vous n’êtes pas sans l’ignorer.
— Je n’ignore pas que vous n’êtes qu’un Jean fesse, monsieur !
— Je ne vous permets pas de m’insulter.
Le rire du maître de maison. Troisième tableau.
1604, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
— Je dois bien avouer…
— N’est-ce pas ?
— On les dirait de la même main. Êtes-vous absolument certain qu’ils sont tous d’époque ?
— C’est à vous de me le dire.
— Tout ceci est proprement incroyable. Je n’ai jamais rien vu de tel.
— Vous n’en avez pas terminé. Il en reste deux.
— Deux ? Mais je pensais…
— Il n’est plus temps de penser. Suivez-moi !
Le pas du maître de maison. Le couloir, sombre. Quatrième tableau.
1584, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
Haussement de sourcil de l’expert : le droit.
Sourire en coin du maître de maison. Pas un mot. Cinquième tableau.
1836, Manoir de Launier-sous-bois, Salle de bal.
— Mais… Celui-ci est largement postérieur et… Oh ! il est abîmé.
— Un tragique incendie. Beaucoup de victimes.
— Dans ce Manoir ?
Hochement de tête du maître de maison. Lent et appuyé. Regard pénétrant.
— Bien entendu, on pourrait restaurer la toile. Lui rendre un aspect proche de celui qu’elle avait à l’origine. Cela est possible.
— Et pour cette petite partie qui s’est consumée ?
— Malheureusement, nous ne sommes pas des magiciens. Nous ne pouvons remplacer ce qui a été détruit.
— Voyez-vous, j’ai ma petite théorie à ce sujet…
Nouveau sourire du maître de maison.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
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Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Loupbleu : ton écrit me renvoie à "Memento mori" de Jonathan Nolan. Excellent !
Pili : OUI !
Yali : plutôt pas mal bon.
Krystelle : pas facile, hein ! Mais tu t'en sors bien.
Coline : c'est triste tout ça.
Easter, on attend le tien !!! ^)^
Pili : OUI !
Yali : plutôt pas mal bon.
Krystelle : pas facile, hein ! Mais tu t'en sors bien.
Coline : c'est triste tout ça.
Easter, on attend le tien !!! ^)^
Lucy- Nombre de messages : 3411
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Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
dans la Chronologie d'un conte à rebours j'ai imaginé le début à la fin d'un recommencement probable :
.....Dans ce pays-là, un grand malheur s'était abattu sur la nature : toutes les fleurs disparurent après le départ du grand sorcier Kanga. Ne pouvant supporter la bêtise des hommes, leur méchanceté, il décida de quitter le pays et de se réfugier au sommet de la plus haute des hautes montagnes. Le grand sorcier Kanga entraina avec lui la douceur, la lumière, les couleurs et la poésie du pays tout entier.
Ainsi moururent les saltimbanques des prairies, les ombellifères du long des rivières, les cachotières des bois, les expressives des collines, les sucrées salées des bords de mer, et les multicolores de lacs. Suivirent tous les animaux, les oiseaux, les papillons, les insectes. La contrée jadis si belle et si fleurie devint rapidement un désert.
.....Seul le souvenir de ce temps regretté permettait aux enfants d'imaginer ce que leurs parents avaient connu autrefois. Les histoires devinrent des contes, les contes des légendes. Tous les jeunes d'aujourd'hui ne voulaient plus croire à ses balivernes, et préféraient rester tristes dans cet environnement triste. Tous les jeunes sauf un : Manu l'enfant illuminé. Dans ses yeux brillait une joie insatiable. Grâce aux histoires racontées par sa mère, son amour des fleurs avait grandi avec lui.
Se trouvant suffisamment mûr, Manu décida de partir à la recherche du grand sorcier Kanga pour lui demander de redonner de la couleur au pays.
.....— Mon amour d'enfant. Tu es si naïf. Tout ce que je t'ai raconté n'était que des histoires. Il ne faut jamais croire aux histoires. Je te contais ce que ma mère me contait parce qu'elle-même l’avait entendu conter par sa mère qui le tenait de sa propre mère.
.....— Je veux partir à la recherche du grand sorcier Kanga.
.....— Tu es inconscient ! Les fleurs n'ont probablement jamais existé. Tu aurais beau marcher mille ans, jamais tu ne trouverais le sorcier Kanga qui vit tout en haut de la plus haute montagne.
.....Malgré les recommandations de sa mère, les railleries des voisins, Manu fit son baluchon et prit le chemin de la plus haute montagne.
.....C'est ainsi qu'Agapatou arriva un jour dans le pays triste et y rencontra Manu.
.....— Ils me croient fou. À toi, je dois avouer que j'aurai été tenté de les écouter si je ne m'étais pas muré derrière une carapace d'indifférence et de beauté fière. À présent, seul sur la route je prends conscience de la difficulté de ma mission. Toi qui as l'habitude de voyager veux-tu m'accompagner ?
.....Ils se dirigèrent dans la direction de l'immense montagne dont le sommet blanc comme neige était souvent caché par les nuages. Des jours teintés de fatigue succédèrent aux terreurs nocturnes blanchis par la peur des bêtes sauvages. La soif se fit douleur en gorge, la faim noeud au ventre. Le sommet semblait s'éloigner aussi vite que le désespoir s'installer autour d'eux.
.....Arrivé tout en haut du plus haut de la plus haute montagne, ils aperçurent une source. Manu se pencha, se désaltéra. Au premier contact de l’eau sur ses lèvres, sa fatigue s’évapora. Tout à coup, derrière eux, ils entendirent une voix qui leur demanda ce qu'ils étaient venus chercher sur la plus haute des hautes montagnes.
.....— Je suis venu, dit-il, pour vous rencontrer grand sorcier Kanga.
.....— Voilà, tu m'as vu.
.....— Pouvez-vous nous rendre les fleurs dans notre pays triste ?
.....— En plus de te trouver courageux pour venir jusqu'ici, ton entêtement te rend sympathique. Les fleurs ne m'appartiennent pas. Regarde. Il se recula d'un pas, puis deux. Derrière lui, un vaste pré multicolore s'étendait à perte de vue. Choisis toutes celles que tu veux emporter. Elles sont à toi si tu le désires.
.....— Sans autres conditions ?
.....— Une seule condition peut produire un grand effet. Chaque homme devra semer une graine en terre pour voir fleurir très vite un nouveau pays.
.....— Je m'en souviendrai. Agapatou, aide-moi à choisir le maximum de variété.
.....Bien chargés par de volumineux ballots les deux compagnons remercièrent le grand sorcier Kanga avant d'entreprendre leur descente.
Les parfums des fleurs devancèrent leur arrivée au village de Manu.
.....De retour au pays, une horde de femmes les accueillirent. Les hommes stupéfaits :
.....— Ah ! nous savions bien que les fleurs existaient et que ce n'étaient pas des histoires inventées par nos ancêtres.
.....Sourire des enfants, bonne humeur des parents. Suivant les consignes du grand sorcier Kanga, les femmes mirent les bouquets à sécher têtes en bas. Après quelques semaines, les graines furent récoltées. Manu et Agapatou se chargèrent de distribuer toutes les semences aux hommes. Ceux-ci se répartirent la tâche pour couvrir l'ensemble du territoire. La saison des fleurs arriva comme on le racontait dans les histoires. Les abeilles butinèrent, les insectes peuplèrent la prairie verdoyante, avec eux les oiseaux puis les autres animaux. On nomma Manu roi du pays arc-en-ciel.
.....— Rappelons-nous, disait-il, que c'était la méchanceté des hommes qui avait entraîné la disparition des fleurs de notre pays.
.....Et, comme personne ne voulait recommencer à habiter un désert et à être privé de miel, chacun s'efforça désormais d'être aussi bon que possible pour ne pas fâcher le grand sorcier Kanga.
.....C'est beau ? Un conte pour enfants.
C'est niais ? Probablement.
C'est impossible ? Je ne sais pas.
J'avais envie d'écouter Agapatou qui nous rapportait cette histoire.
On dit qu'il ne faut pas croire aux contes.
Tant pis si ce n'est pas la vérité, mais j'avais envie de vous l'écrire aujourd'hui.
Petite précision : Agapatou et Yoshitérù voyagent au gré du vent, tantôt ensemble, tantôt en compagnie de personnages plus ou moins sympathiques
Replantez les fleurs
.....Dans ce pays-là, un grand malheur s'était abattu sur la nature : toutes les fleurs disparurent après le départ du grand sorcier Kanga. Ne pouvant supporter la bêtise des hommes, leur méchanceté, il décida de quitter le pays et de se réfugier au sommet de la plus haute des hautes montagnes. Le grand sorcier Kanga entraina avec lui la douceur, la lumière, les couleurs et la poésie du pays tout entier.
Ainsi moururent les saltimbanques des prairies, les ombellifères du long des rivières, les cachotières des bois, les expressives des collines, les sucrées salées des bords de mer, et les multicolores de lacs. Suivirent tous les animaux, les oiseaux, les papillons, les insectes. La contrée jadis si belle et si fleurie devint rapidement un désert.
.....Seul le souvenir de ce temps regretté permettait aux enfants d'imaginer ce que leurs parents avaient connu autrefois. Les histoires devinrent des contes, les contes des légendes. Tous les jeunes d'aujourd'hui ne voulaient plus croire à ses balivernes, et préféraient rester tristes dans cet environnement triste. Tous les jeunes sauf un : Manu l'enfant illuminé. Dans ses yeux brillait une joie insatiable. Grâce aux histoires racontées par sa mère, son amour des fleurs avait grandi avec lui.
Se trouvant suffisamment mûr, Manu décida de partir à la recherche du grand sorcier Kanga pour lui demander de redonner de la couleur au pays.
.....— Mon amour d'enfant. Tu es si naïf. Tout ce que je t'ai raconté n'était que des histoires. Il ne faut jamais croire aux histoires. Je te contais ce que ma mère me contait parce qu'elle-même l’avait entendu conter par sa mère qui le tenait de sa propre mère.
.....— Je veux partir à la recherche du grand sorcier Kanga.
.....— Tu es inconscient ! Les fleurs n'ont probablement jamais existé. Tu aurais beau marcher mille ans, jamais tu ne trouverais le sorcier Kanga qui vit tout en haut de la plus haute montagne.
.....Malgré les recommandations de sa mère, les railleries des voisins, Manu fit son baluchon et prit le chemin de la plus haute montagne.
.....C'est ainsi qu'Agapatou arriva un jour dans le pays triste et y rencontra Manu.
.....— Ils me croient fou. À toi, je dois avouer que j'aurai été tenté de les écouter si je ne m'étais pas muré derrière une carapace d'indifférence et de beauté fière. À présent, seul sur la route je prends conscience de la difficulté de ma mission. Toi qui as l'habitude de voyager veux-tu m'accompagner ?
.....Ils se dirigèrent dans la direction de l'immense montagne dont le sommet blanc comme neige était souvent caché par les nuages. Des jours teintés de fatigue succédèrent aux terreurs nocturnes blanchis par la peur des bêtes sauvages. La soif se fit douleur en gorge, la faim noeud au ventre. Le sommet semblait s'éloigner aussi vite que le désespoir s'installer autour d'eux.
.....Arrivé tout en haut du plus haut de la plus haute montagne, ils aperçurent une source. Manu se pencha, se désaltéra. Au premier contact de l’eau sur ses lèvres, sa fatigue s’évapora. Tout à coup, derrière eux, ils entendirent une voix qui leur demanda ce qu'ils étaient venus chercher sur la plus haute des hautes montagnes.
.....— Je suis venu, dit-il, pour vous rencontrer grand sorcier Kanga.
.....— Voilà, tu m'as vu.
.....— Pouvez-vous nous rendre les fleurs dans notre pays triste ?
.....— En plus de te trouver courageux pour venir jusqu'ici, ton entêtement te rend sympathique. Les fleurs ne m'appartiennent pas. Regarde. Il se recula d'un pas, puis deux. Derrière lui, un vaste pré multicolore s'étendait à perte de vue. Choisis toutes celles que tu veux emporter. Elles sont à toi si tu le désires.
.....— Sans autres conditions ?
.....— Une seule condition peut produire un grand effet. Chaque homme devra semer une graine en terre pour voir fleurir très vite un nouveau pays.
.....— Je m'en souviendrai. Agapatou, aide-moi à choisir le maximum de variété.
.....Bien chargés par de volumineux ballots les deux compagnons remercièrent le grand sorcier Kanga avant d'entreprendre leur descente.
Les parfums des fleurs devancèrent leur arrivée au village de Manu.
.....De retour au pays, une horde de femmes les accueillirent. Les hommes stupéfaits :
.....— Ah ! nous savions bien que les fleurs existaient et que ce n'étaient pas des histoires inventées par nos ancêtres.
.....Sourire des enfants, bonne humeur des parents. Suivant les consignes du grand sorcier Kanga, les femmes mirent les bouquets à sécher têtes en bas. Après quelques semaines, les graines furent récoltées. Manu et Agapatou se chargèrent de distribuer toutes les semences aux hommes. Ceux-ci se répartirent la tâche pour couvrir l'ensemble du territoire. La saison des fleurs arriva comme on le racontait dans les histoires. Les abeilles butinèrent, les insectes peuplèrent la prairie verdoyante, avec eux les oiseaux puis les autres animaux. On nomma Manu roi du pays arc-en-ciel.
.....— Rappelons-nous, disait-il, que c'était la méchanceté des hommes qui avait entraîné la disparition des fleurs de notre pays.
.....Et, comme personne ne voulait recommencer à habiter un désert et à être privé de miel, chacun s'efforça désormais d'être aussi bon que possible pour ne pas fâcher le grand sorcier Kanga.
.....C'est beau ? Un conte pour enfants.
C'est niais ? Probablement.
C'est impossible ? Je ne sais pas.
J'avais envie d'écouter Agapatou qui nous rapportait cette histoire.
On dit qu'il ne faut pas croire aux contes.
Tant pis si ce n'est pas la vérité, mais j'avais envie de vous l'écrire aujourd'hui.
Petite précision : Agapatou et Yoshitérù voyagent au gré du vent, tantôt ensemble, tantôt en compagnie de personnages plus ou moins sympathiques
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Nostalgie
- Ce garçon est trop gâté ! Il a tout ce qu’il désire. Ce n’est pas si grave, tant qu’il nous le rend bien ! Mais si ce n’est pas le cas…
- Tiens, mon fils n’a pas regardé la rue en traversant. Bah… De toute façon, aujourd’hui, on n’a plus à apprendre comment bien traverser. On ne bouge pas tant que c’est rouge, et on traverse au vert.
- Je ne me souviens plus vraiment de l’apparence de ma grand-mère. Par contre, je me souviens de sa soupe. Et de ses cheveux.
- Et dire que parce que ma fille a perdu une dent, je vais devoir prendre des heures de travail. Encore… Le patron ne me le pardonnera jamais. Tant pis ! Cette fois-ci, elle n’aura qu’à y aller en bus.
- Tiens… Je regarde mon fils jouer, et je me demande : c’était quand déjà la dernière fois que j’ai vu un arc-en-ciel ?... J’aurais peut-être du regarder quand il me le disait…
- Voici que je rentre en secondaire. En fin de primaire, j’ai même réussi à devenir premier de la classe ! Bien sûr, je n’ai pas eu de récompense pour ça. Même que mes parents n’arrêtent pas de me répéter que si je fais trop de fautes à mes futurs contrôles, ils me puniront.
- Ouille ! J’ai oublié de regarder avant de traverser… Maman va me punir ? Elle ne me dit rien.
- C’est bizarre… Je me dis que depuis que mamy elle n’est plus ci, il n’y a plus jamais de cheveux dans la soupe. On m’oblige encore à en manger, mais celle qu’on me fait est beaucoup moins bonne… J’aimerais tant que mamy soit là…
- Cher journal : cette nuit, je viens de perdre ma dernière dent de lait. A mon réveil, il n’y avait pas d’argent sur la table de nuit.
- Oh… L’arc-en-ciel a disparu…
- C’est bien ça, mon cœur ! Tu auras une belle surprise !
- Ma gauche, ma gauche… Maman, c’est quelle main encore la gauche ?
- Mange, ce n’est rien. Et cesse de chercher des excuses !
- Dis ! Dis ! Tu crois que la petite souris viendra ?
- Oui trésor, je vois…
- Maman ! papa ! J’ai eu un 9/10 à mon dernier contrôle !
- Mon chéri : toujours, avant de traverser la rue, regarde sur ta gauche, et seulement ensuite sur ta droite.
- Mamy, il y a un cheveu dans ma soupe…
- Félicitation, ma puce. Tu as perdu ta première dent.
- Papa, regarde ! Un arc-en-ciel !
Jacinthe- Nombre de messages : 36
Age : 35
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 01/06/2008
Re: Exercice éphémère : conte à rebours
Krystelle :
Très beau final ! (Ou commencement ?) Sans doute que le coup de l'horloge est très facile, mais le texte a quand même son charme.
Coline dé : style particulier, assez difficile et triste, aussi… Quoique j’ai quand même retrouvé dans certaines descriptions de l’humour de situation, et j’apprécie. Du coup, j’aime assez !
Pili : un exercice parfaitement réussi ! Tu m’as mené tout le long et la chute est impeccable.
Yali : j’apprécie beaucoup le ton vivant du dialogue, fait de phrases courtes, simples
Et évocatrices, et aussi relevées d’un humour frappant ! Mais si le thème de l’amour à rebours peut sembler facile, sur ce coup je dis : bien vu !
Loupbleu : jouissif et très malin ! De une, fallait y penser ; de deux, fallait l’écrire ! La question qui mêne le texte nous tient jusqu’à son commencement, et c’est superbement écrit pour que tout s’enchaîne tout seul, à rebours… Bravo !
Lucy ou comment faire baller les textes.
Le ton est d'époque, ça s'enchaine bien et la dernière n'aura pas fait sourire que le maître de maison. Quelques petites broutilles, notamment :
qui m'a perturbé, mais sinon, très réussi !
bertrand-môgendre : superbe ! Accroché de bout en bout le long de ce conte aux essences orientales !
Krystelle a écrit:Il la suit, monte dans le wagon, s’assied à côté et décide de troquer son destin contre un bout du sien.
Très beau final ! (Ou commencement ?) Sans doute que le coup de l'horloge est très facile, mais le texte a quand même son charme.
Coline dé : style particulier, assez difficile et triste, aussi… Quoique j’ai quand même retrouvé dans certaines descriptions de l’humour de situation, et j’apprécie. Du coup, j’aime assez !
Pili : un exercice parfaitement réussi ! Tu m’as mené tout le long et la chute est impeccable.
Yali : j’apprécie beaucoup le ton vivant du dialogue, fait de phrases courtes, simples
Et évocatrices, et aussi relevées d’un humour frappant ! Mais si le thème de l’amour à rebours peut sembler facile, sur ce coup je dis : bien vu !
Loupbleu : jouissif et très malin ! De une, fallait y penser ; de deux, fallait l’écrire ! La question qui mêne le texte nous tient jusqu’à son commencement, et c’est superbement écrit pour que tout s’enchaîne tout seul, à rebours… Bravo !
Lucy ou comment faire baller les textes.
Le ton est d'époque, ça s'enchaine bien et la dernière n'aura pas fait sourire que le maître de maison. Quelques petites broutilles, notamment :
Elsebeth quitte la toile, flotte, un instant, au-dessus du sol, puis pose sa main sur celle de son maître. Son visage lisse et luisant, parfait et immobile, se lève un instant avant de se pencher dans ce mouvement d’abandon qui lui est propre.
qui m'a perturbé, mais sinon, très réussi !
bertrand-môgendre : superbe ! Accroché de bout en bout le long de ce conte aux essences orientales !
Jacinthe- Nombre de messages : 36
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