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La consistance des rêves ou le pastiche des esprits.

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Message  Jacinthe Ven 19 Déc 2008 - 21:28

« L’ensemble de ces textes, parfois acides, parfois doux, parfois mélancoliques, souvent ténébreux, jamais sans consistance, a été écrit le temps d’un rêve qui est aussi et surtout le temps d’une vie au sein du monde de la nuit. Il a cette unique prétention de dévoiler l’anti-Terre de la vie humaine, des planètes la plus flamboyante et insondable ; d’y dégager alors l’essence de l’homme lorsque, de par sa condition, il naît et meurt dans les plus étroits d’entre les cachots, prisonnier de ses rêves comme il l’est de sa liberté.
Aussi, cette prétention n’a ni valeur, ni réelle vertu ; bien plus, elle a toutes celles que vous voudrez lui apporter, car les vôtres, en ce lieu, sont seules dignes d’être insufflées. »




*******




Six nuits durant, tous les esprits se regroupèrent en un et, vent contre vent, créèrent les rêves. La septième nuit, satisfaits d’eux, ils s’endormirent enfin pour contempler l’ouvrage.


Ce soir, que je m’endors pour la première fois sans n’avoir jamais vu ni la lumière du jour, ni celles de la nuit, pourrais-je réaliser mon rêve ? Car, je ne sais pourquoi, j’ai toujours voulu rêver, et surtout rêver en compagnie des étoiles. Hélas, elles n’apparaissent que la nuit, quand tout sommeille – moi y compris –, et elles seules veillent. Cette nuit qui bientôt sera mon domaine, et ce jour qu’il me faudra attendre avant de rencontrer. Comment alors rêver de ces étoiles que je ne pourrai voir que lorsqu’il fera jour, et que, de nuit, la distance entre elles et moi semble infinie et insurmontable ?... Certes, je suis du jour prochain à son crépuscule et de ma nuit à son aurore ; ma vie débute par un rêve, je ne puis pas encore savoir ce que sont ces étoiles, ni qu’au matin elles s’endorment. Soit ! Pour l’heure, je sais qu’elles veillent ; et cela suffit pour bercer mon sommeil.


Vous êtes-vous déjà promenés à Liège – ou ailleurs dans une grande ville –, le soir, pendant la période de Noël ? Moi, j’aime ses décorations, ses sapins, sa musique, son ambiance ; j’aime le marché et son animation : tout Liège me semble en cette saison être en train de rêver. J’aime aussi ses guirlandes lumineuses accrochées en tous lieux, et, d’entre toutes, j’affectionne particulièrement celles pendues au-dessus des rues – parfois de couleur bleue, parfois de couleur rouge ou encore jaune –, serpentant à travers la ville et la recouvrant d’une nouvelle et magnifique voûte étoilée. Aussi, quelques fois, tandis que ma rêverie m’emmène ici ou là de par les rues et m’arrête au hasard d’un trottoir, j’entends comme un murmure venant du ciel, lève alors la tête et y vois cette voûte. Je reste ainsi figé quelques minutes qui me paraissent quelques heures, essayant de comprendre les bribes de ce qu’elle tente de me révéler, jusqu’à ce qu’enfin pleinement sa voix me parvienne et que j’entende dire : Mais, file donc, somnambule ! Ici n’est que le commencement ! Va, et continue ton chemin. C’est que, pendant ce laps de temps, j’ai eu l’impression d’avoir réalisé mon dessein d’aller rêver en compagnie des astres. Mais, au lieu que je sois monté vers eux, ce sont eux qui seraient descendus me rejoindre un court instant, comme pour m’offrir, en me remerciant de mes premiers efforts et me souhaitant les meilleurs vœux, les premières essences des rêves de l’éternité.


Quand un enfant dort, ne le réveillez pas. Aussi, lorsqu’un cauchemar le guette, tendrement approchez-vous, prenez-le dans vos bras et bercez-le doucement tout en lui chuchotant : Allons ! Allons ! Mon enfant, dors… Je suis là auprès de toi ; dors et cesse donc ce rêve ou tu te crois veiller.


- Que deviennent les hommes qui n’écrivent pas ?
- Eh bien ! Ils lisent. Et les mots qui s’élèvent jusqu’à leurs yeux nourrissent leurs rêves.


Je veux rêver de tout là-haut. Mais, il fait si sombre que je ne sais comment m’y prendre. Quelqu’un a-t-il une torche ? Qui êtes-vous, là-bas ? Aidez-moi. Esprits, à défaut, pourrais-je de vous me servir de torche ?
– Je ne sais comment m’y prendre, et aucun homme assez ne brûle pour me servir de torche.


Que j’adorerais pouvoir être pleinement ce que je rêve. Hélas, quand j’introspecte ceux-là trop longuement, toujours je me fais peur et me déçois. S’y trouvent, que je ne parviens pas à approprier, tant de rêves qui s’interfèrent dont je ne suis l’auteur. A qui appartiennent-ils ? Aux esprits. Mais, qui sont-ils ?...
– Afin de le savoir, peut-être devrais-je me réveiller ou poser cette question à ceux qui ne rêvent plus. – Mais sont-ce encore des hommes ? – Et d’ailleurs, qui donc qui a eu cette folie de faire cesser ses rêves serait encore capable dans cette petite mort de me révéler si apparaissent quelques noms d’auteur au générique des fins-de-rêves ?...


- Et les hommes qui n’écrivent, ni ne lisent ?
- Ils parlent. Mais leurs rêves sont pauvres et ne leur suffisent pas.



Tel penseur, tous, en connaissez un qui, comme homme, était abject, prétentieux, idéologue, raciste, aimait la guerre !... Eh bien, qu’êtes-vous donc si surpris ? C’était un homme, voilà tout. Soit, mais quel penseur il faisait ! Et que m’importe l’homme sous le rêve ; de lui, il ne reste rien, sauf de la chair que se disputent les charognes.
– Certes, souvenez-vous que le mal peut être beau ; mais l’esprit est toujours pur !


Les plus grands esprits, hommes, de toutes les heures de la journée, préféraient celle des aurores. – Combien, pour nous en persuader, avons-nous lu et lira-t-on encore de poèmes à ces déesses destinés ?... – Quand on y pense, rien d’étonnant à cela. C’est sans doute qu’au plus profond de leur sommeil, ils se rappelaient quelque colorante mélodie que ces dames entonnaient à leur éveil, et qui berçaient leurs rêves.


- Et les hommes qui n’écrivent, ni ne lisent, ni même ne parlent ?
- Quoi ! De tels hommes n’existent pas ; et je voudrais qu’il n’en existe jamais.



Quelques esprits charitables entre eux, face au rêveur affamé :
- Voyez comme il a faim ! Allons ! Nourrissons-le !
Et le rêveur affamé - qui a entendu ces paroles - de leur répondre :
- Oui ! Nourrissez-moi de rêves !


Ah ! Qu’ai-je envie de vous causer ici un peu des noirs, des rouges, des jaunes, des juifs, des chrétiens, des musulmans, des femmes et tout plein d’autres !... Non, it’s just a joke ! E 'solo uno scherzo ! Dies ist nur ein witz !...
– N’oubliez pas que je rêve ; et la blague y est dans toutes les langues.


Sinon que la grammaire française prend pour une dualité deux verbes qui ne forment qu’un, rien n’oppose rêver de désirer ; mais si, pour mieux en rendre compte, vous tenez à ce que je vous en trouve une, je constaterai donc celle-ci : le désir est un rêve en puissance ; le rêve, un désir en acte. Mais, soit ! Ne m’en demandez pas plus, à moi qui désire une nouvelle langue qui remplacerait être par rêver.


Les écoles d’aujourd’hui – mais à quand remontent celles d’hier ? – enseignent aux enfants à devenir des hommes. Elles leur apprennent une certaine science qu’elles veulent soleil, absolu d’entre tous nos relatifs ; mais, avec lui, l’ombre toujours croissante du champignon vénéneux de l’idéologie – parasite ! – a trouvé son hôte idéal. Et moi, qui bien moins qu’un roseau n’en suis que son ombre – étrange parallèle –, je rêve d’une joyeuse connaissance…
Qu’est donc devenue la pensée de ce bel esprit qui, plus de cent ans fêtant, voulût, en rebâtissant quelque école de vie, rééduquer les hommes ; qui s’est donné pour tâche de les instruire une fois pour toute et d’en faire des enfants ?...
– Je vous l’ai dit : elle se trouve dans mes rêves, dans mes rêves !


Dieu est mort, constata un jour un esprit. L’homme est mort, crut prouver par la suite un autre. Peut-être… Et puis, qu’en sais-je pour me poster ?...
Mon unique connaissance : je sais que vivent les rêves.
– Puisse vous éclairer !


J’imagine ce que donnerait une amitié entre quelques Hegel et quelques Nietzsche ; et j’appelle rêve cette vision.


Le petit fils demande a son grand-père :
- où donc est passée mamy ?
- Elle est en haut.
- Et maman, dis, où est-elle ?
- Elle est en bas, mon enfant…
- Dis, grand-père, et où donc se trouve papa ?
- Plus loin à droite, peut-être ; ou à gauche.
- Qu’est-ce que cela signifie ?
- Qu’ils ne sont plus ici, hélas…

Le petit-fils regarde un court instant son grand-père, et pose ensuite cette question :
- Mais, dis-moi papi, où sont-ils alors que pourtant je les vois et leur parle si souvent, et qu’ils m’écoutent et me soutiennent ?
Le grand-père sourit et lui répond :
- Dans tes rêves, sais-tu ; et sois bien sûr que tout y est.


A l’instant, j’ai une vision. Vous aussi. Et une autre maintenant, et encore, et maintenant !... Ces visions peuvent-elles être appelées rêves ?
– Certes, la vision est de l’essence du rêve, comme le rêve est de l’essence de l’homme.


Je pense, donc je suis, formula, s’étant réveillé en pleine nuit, un esprit abusé après avoir par trois fois rêvé d’une lumière trop éclatante. Faux !, objecta par la suite un autre esprit, en une fin de nuit, au crépuscule d’un voyage passé en compagnie de quelques pâles et ténébreuses aurores. C’est : je vis, donc je pense !, aimait-t-il à nous hurler.
Et maintenant, à mon tour de hurler : Mieux ! C’est : je rêve, donc je suis pour penser ! C’est : je rêve, donc je suis libre !...
– Et qu’ils m’enferment alors ! Je n'en serai que plus à l’aise pour rêver en paix.


Avant : l’en bas est sublunaire ; l’en haut supralunaire.


Et certes, aimables cartésiens, quel gâchis que cette erreur lorsque face à telle bible méditative vous vous prosternez et faites profession de foi...Y voit-on le rêve comme l’enfer d’entre nos incertitudes, et c’est la pire des absurdités ! Quand devant l’inquisition, le doute nous entraîne lorsque l’on pense trop, les rêves veillent, gardiens de l’espace où se meuvent les premières – sinon les seules – de toute vérité. Je parle des astres. Eh bien ! Allez ! Critiquez-moi et ricanez ! Traitez-moi d’hérétique !... Faites-moi cet honneur ; et, pour les mêmes raisons que jadis les romains appelèrent chrétiens les premiers apôtres, appelez-moi donc, je vous en prie, l’inconsistant penseur des rêves.


Entre-temps : ni est d’en bas, ni est d’en haut.


Quand à l’histoire qui n’est rien se mêle une méta-histoire – interprétation de la nature du monde –, c’est ainsi que naît l’homme. Non ! C’est ainsi que naît le rêve !
– L’homme vient bien plus tard, ou il ne vient pas.


Trop peu de gens aujourd’hui – lorsqu’ils n’ont pas peur de paraître déplacés – osent murmurer : je vis un rêve. Eh quoi ! C’est déjà bien. Mais lequel de ces esprits nous apprendra un jour à hurler : je rêve une vie ! ?...


Aujourd’hui : l’en bas est ; l’en haut rêve.


- Ce que j’accorde à Freud : il a compris que les rêves sont interprétant le monde et qu’ils pourraient, en tous les cas, être eux-mêmes par celui-là interprétés.
- Ce que je lui réfute : d’en avoir tenté une ! – Les rêves ne sont pas pour être interprétés, mais bien partagés ; c’est le monde qui est pour pouvoir l’être par les rêves. Et alors ? Bah… Qu’il les interprète donc, s’il le souhaite. Mais le mystère reste entier.


Le penseur septique demande au rêveur :
- Qu’as-tu donc lu, vu ou entendu ; que connais-tu du monde pour parler ainsi du rêve ?...
Le rêveur lui répond :
- Je n’ai rien lu, rien vu et rien entendu ; en ce présent, n’ai aucune connaissance de ce que toi tu nommes monde, sauf une – la plus importante : je souhaite que tu comprennes, cher mal veillant, qu’avant tout savoir, seul sont les esprits ; et qu’avant tout esprit, seul sont les rêves.
A ceux qui s’y reconnaîtront.



Voyez comme je suis handicapé : je ne connais rien du ciel, de ses constellations, de ses dieux. Je ne puis qu’entrevoir un mystère non résolu ; et cela hante mes yeux : je suis un mal voyant.
– Ce qu’avant les enfants savaient dès leur naissance, à moi il me faut maintenant quotidiennement l’apprendre.


Si on débarrassait des rêves toute la niaiserie ambiante incrustée dans leurs veines, se porteraient-ils mieux ? Je dis : ils n’en auraient cure !
– Les rêves sont de l’en haut.


- Où sont passés les anciens mythes ?
- Dans quelques musées : on les visite, on les admire – la plupart du temps, à en rester bouche bée –, on les prend en photo, il arrive qu’on en rêve... Tout cela, tandis que d’autres préfèrent les étudier, mais n’y comprennent rien.



Les catacombes de notre société s’expandent, bâtissant leurs nouvelles fondations à l’intérieur des immenses espaces vides, lieux propices aux cauchemars, qu’occupaient jadis les rêves avant qu’ils ne régressent, oubliés par l’homme au fil de son histoire. Cela revient à dire que dans ces nouveaux néants qui sont des cimetières, y meurt sans cesse et sans que l’homme ne pense à colmater les plaies ni condamner les tombes, toute sa spiritualité.
– On appelle ce processus : déshumanisation.


- Et les mythes de notre époque, alors ?
- Ils sont certes assez big, mais hélas ! toujours bang.


Je me souviens de ma jeunesse, des grands esprits qui m’apprenaient à rêver en ne craignant plus l’ennui et son obscurité. Que sont-ils devenus ? Cette nuit, je me sens seul ; à nouveau l’ennui me guette, s’approche, ricane silencieusement derrière mon dos. Je me demande : quand donc de tels esprits reviendront-ils ? Et, lorsqu’ils seront là, apprendront-ils enfin à l’ennui à avoir peur de moi ?...


- Et où donc est la tragédie ?
- Non, plus au théâtre. Un esprit l’a prédit, et on l’observe maintenant, elle est bien sous nos toits. Tirez vos rideaux, dites action, qu’importe ! Elle a commencé sans nous attendre, nous y sommes, nous sommes les héros de la pièce :
Acte 1, scène 1 : le nihilisme.
Acte 1, scène 2 : le cauchemar.
Acte 1, scène 3 : – la fin ou notre espoir ? – je rêve que cela cesse.

– Certes, nous n’en sommes qu’à la fin du premier acte, et le spectacle est encore long.


Quelque penseur heideggérien, tandis qu’il songe, s’exclame : l’oubli du rêve est l’oubli de la différence entre le rêve et le rêveur.
– Et si c’était ça, de notre histoire, la tragédie vraie ?...

Jacinthe

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Message  Jacinthe Ven 19 Déc 2008 - 21:29

[Entracte]


- Ce garçon est bien gâté ! Il a tout ce qu’il désire. Ce n’est pas si grave, tant qu’il nous le rend bien ! Mas, si ce n’est pas le cas…
- Tiens, mon fils n’a pas regardé la rue en traversant. Bah… Qu’aurais-je de lui faire la leçon ? Aujourd’hui, on n’a plus à apprendre comment bien traverser. On ne bouge pas tant que c’est au rouge, et on traverse au vert.
- Je ne me souviens plus vraiment de l’apparence de ma grand-mère. Par contre, je me souviens de sa soupe. Et de ses cheveux.
- Et dire que parce que ma fille doit aller chez le dentiste, je vais devoir prendre sur mes heures de travail. Encore… Le patron ne me le pardonnera jamais. Tant pis ! Cette fois-ci, elle n’aura qu’à y aller en bus.
- Tiens… Je regarde mon fils jouer, et je me demande : c’était quand déjà la dernière fois que j’ai vu un arc-en-ciel ?... J’aurais peut-être dû regarder quand il me le montrait…
- Voici que je suis en secondaire. En fin de primaire, j’ai même réussi à devenir premier de classe ! Bien sûr, je n’ai pas eu de récompense pour ça. Même que mes parents n’arrêtent pas de me répéter que si je fais trop de fautes à mes contrôles à venir, ils me puniront.
- Ouille ! J’ai oublié de regarder avant de traverser… Maman va me punir ? – Elle ne me dit rien.
- C’est bizarre… Je me dis que depuis que mamie, elle n’est plus ici, il n’y a plus jamais de cheveux dans la soupe. On m’oblige encore à en manger, mais celles qu’on me fait sont beaucoup moins bonnes… J’aimerais tant que mamie soit là.
- Cher journal : cette nuit, je viens de perdre ma dernière dent de lait. A mon réveil, il n’y avait pas d’argent sur la table de nuit.
- Oh ! L’arc-en-ciel a disparu…
- C’est bien ça, mon cœur ! Tu auras une belle surprise !
- Ma gauche, ma gauche… Maman, c’est bien par là déjà la gauche ?
- Mange, ce n’est rien. Et cesse de chercher des excuses !
- Dis ! Dis ! Tu crois que la petite souris viendra ?
- Oui trésor, je le vois…
- Maman ! papa ! J’ai eu un 9/10 à mon dernier contrôle !
- Mon chéri : toujours, avant de traverser la rue, regarde sur ta gauche, et seulement ensuite sur ta droite.
- Mamie, il y a un cheveu dans ma soupe…
- Félicitation, ma puce. Tu as perdu ta première dent.
- Papa, regarde ! Un arc-en-ciel !

[Reprise]


Un soir, à Liège, une amie et moi nous promenions. Nous vagabondions au gré de nos humeurs entre les rues, les trottoirs, les maisons, les places... Nous parlions de tout et tout autant de rien. Nous nous avouions quelques rêves, sans trop oser en dire – qu’ils gardent leur légèreté d’étoiles ! – Au fil de nos discussions, tandis que nous parlions de la beauté des mots et nommions nos lectures préférées, tandis que moi aussi parlais un peu des petites choses que j’écrivais, vint une confidence de sa part : Moi aussi, j’écris. J’écris, tu sais. J’écris sans cesse, dès que je peux, jamais en suffisance. Toujours en me disant que je n’écris pas assez. Les mots me viennent, et les idées, toutes sortes d’histoires ; je les écris, mais ne les montre pas. C’est que voilà : j’écris pour moi, rien que pour moi, juste car j’en ai besoin. Aussi, je la regardai et lui souris. Mais, alors que je voulais prendre la parole, quelque esprit, à l’angle de la rue, se manifesta. Il dit, et nous, nous l’écoutâmes :
Eh bien ! Mes jeunes enfants rêveurs. Quelle chance pour moi de vous trouver ! Moi qui m’étais égaré, séparé des miens, ayant chuté ; quand, aspiré tout au fond d’un cimetière malsain, emprisonné, anéanti, je ne savais que faire… heureusement, je vous sentis. – Miracle que vos rêves soient parvenus jusque tout au fond d’une grande fosse de chairs pourries, et que venus de si loin, ils aient senti si bons… Bien rare en ces temps nauséeux, et ce sont eux qui du cimetière m’ont délivré. – Voilà donc que je vous ai trouvés. Aussi, pour vous prouver ma gratitude, vous parlerais-je de votre rôle, penseurs naissants, en échange dedans vos rêves pour quelques temps m’offrir votre hospitalité.
Aussi, mes enfants, je vous le dis : en effet écrire est bien. Ecrire est bien, certes, mais est insuffisant ! Je vais vous dire pourquoi, et que vous en rêviez !
Que croyez-vous être, des mots, les propriétaires, lorsqu’en réalité ce sont eux qui viennent à vous en vos beaux songes et bousculent vos silences ? Lorsque le rêve est, ce sont les mots qui pensent, pas vous. Et ils veulent être partagés ! Car que reste-t-il des mots qui ne parlent pas, des yeux qui ne lisent pas ? Ils se terrent, ils s’étouffent, ils se noient. Et vous, écrivains, n’êtes que leurs hôtes. Croyez-vous que des penseurs qui ne donnent pas leurs rêves, on peut dire qu’ils ont un jour pensé ? Sachez : ou les mots sont, ou n’ont jamais été ; ou les mots vont, ou sont de pierre et tombent au fond des cris. Les hommes meurent, il est bien vrai. Et s’ils n’écrivent pas, et si ne reste d’eux que de la chair, c’est comme s’il ne restait rien ! Par contre, s’ils rêvent, s’ils prennent la plume, si elle s’envole, et si elle parvient jusqu’au nid des cœurs, et que tous font de même, ensemble, de plume, deviennent des oiseaux. Leur chant ils tonneront, leurs poèmes offriront aux hommes Partagez, tels sont les mots. Écrivez partout, ensuite faites-vous lire. Qu’on ne les apprécie ? Et que diable vous en préoccupez-vous ! Les mots qui savent pourquoi ils sont écrits, toujours auront preneurs. Aussi, écoutez bien : le jour où vous n’aurez plus rien à écrire, où vous aurez tout épuisé, écrit sur chacune de vos paroles, sur chaque feuille blanche, sur chaque pan de mur, chaque affiche, chaque néant qui traîne dans les villes, les maisons, aux cimetières et dans leurs tombes ; chaque pensée, chaque rêve ; que votre gorge sera sèche et vos mains grasses et rongées ; qu’il ne restera rien que vous n’aurez empli de vos mots ; eh bien, allez-vous en. Allez-vous en ! C’est que vous en aurez fini ! Donc, Partez ! Laissez vos mots se libérer de vous ! Qu’ils voyagent dans les villes, les champs, les forêts, les océans – Ils ont besoin d’espace pour s’envoler plus haut ! –, qu’ils y rejoignent là-bas les reflets des plus hauts cieux ! Puis, qu’ils attendent patiemment. Qu’ils se mettent eux aussi à rêver ! Et qu’ils se tiennent prêts, si tel est le cas, au soir de par les astres être accueillis. Alors, partez ! Mourrez, puisque c’est ainsi que vous le nommez ! Allez-vous en ! Filez ! Sinon, mes jeunes gens, je veux savoir, dites-moi donc : comment feriez-vous bien pour devenir esprits ?...

Sur ce, l’être se dissipa. Nous nous regardâmes, nous sourîmes et, l’émotion passée, nous tournèrent nos regards et continuâmes plus gaiement que jamais notre chemin au hasard des rues.
– car, si nous ne savions toujours pas où nous allions, en revanche, à partir de cet instant qui fut une bénédiction, nous comprîmes pourquoi nous nous y rendions.
A A.C. et I. L., les vagabondes, qui m’ont insufflé ce rêve.


L’espace, où règnent les étoiles, que j’entends respirer au-dessus de moi, dont je sens le souffle léger porter et promener ma Terre, et les lumières contempler mes yeux de mal voyants, je l’ai toujours imaginé telle une mère ou une prairie, un soir de pluie, illuminée par mille pleines lunes. Infinie, grandiose, intemporelle – mère chère et attendrie –, j’aimerais tant, sur elle, me reposer un peu, prendre distance d’avec le monde, d’avec le temps passant, soupirer furtivement… Et pourtant – atroce condition – lorsque sur son herbe je pose mon premier pas et contre son sein une joue froide et ridée, tout de suite je suffoque et il me faut m’y retirer. Claustrophobe dans mes rêves ainsi qu’un mal veillant, j’y manque de place comme on y manque d’air.


Ainsi, voilà mon cauchemar et voici mon calvaire : de même que je suis ombre, mes rêves le seraient... Et les ombres qui, cette nuit, sont les maîtres des quatre dimensions de l’en bas, elles en sont pourtant clouées comme à une croix ; alors, auront-ils toujours cette infériorité par rapport à la plus infime des poussières de ne pouvoir se promener trop haut sans craindre – autant qu’elles les cherchent – que resplendissent quelques rêves des lumières que se disputent les étoiles…


Et le cauchemar des poussières : prendre conscience de leur inconsistance. Car c’est alors qu’elles commencent à croire telle absurde pensée d’être dans ce monde de l’en bas elles aussi soumises aux lois de la gravité ; elles s’épaississent pour être plus, tombent vers le sol et s’entassent dans les coins sombres.
Triste pour ces chères, mais les ombres sont contentes ; de leur obscurité, elles contemplent ces mûses-flammes, ardentes, envoûtantes, mystérieuses, inspiratrices et destinataires de leurs rêves les plus précieux ; et qui, de tout en bas – mais toujours d’au-dessus du lieu des ombres – dans leurs ténèbres, leur tiennent compagnie.
A V. A., la poussière de ma nuit :
Envole-toi !

La fin est proche. Au langage des esprits, déjà je suis devenu sourd. Et maintenant qu’au crépuscule de ma nuit, le soleil va bientôt se lever – que je me sens naître au nouveau monde –, qu’attendent encore mes rêves pour s’envoler vraiment ?... – Dernier espoir. En vain. – Mes yeux seront noyés dès les premières aurores ; bien trop tôt, de mes rêves ainsi que des étoiles, je ne verrai plus rien ; d’ombre je vais devenir poussière ; d’ignorant, mal connaissant ; de rêveur, mal veillant. Certes, quelques rêves me restera-il encore, toujours, laissés par les esprits de mon enfance, afin qu’ils puissent me guider à travers eux, me faire prendre mon envol et atteindre les étoiles ; ensuite, me restera ces rêves d’écrire ; puis, de propager ; enfin, pour mon repos, de vivre, tout simplement.




C’est ensemble est dédié à mes proches, mes amis, mes lointains ; à tous ceux qui voudront bien rêver à mes côtés ; il est dédié à mes guides, les penseurs et les poètes devenus esprits, et d’entre tous à Nietzsche, le vent ardent ; dédié à chaque enfant ; dédié à Gabrielle, ma nièce,
la nouveau-née.
Pensé, écrit et mis au net en six nuits, du 14 au 19 décembre 2008 ; et la septième, je m’endormis.
I.P.R.

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Message  Invité Sam 20 Déc 2008 - 6:02

Des fragments vraiment envoûtants à l'écriture élaborée et mystérieuse ; ils m'ont entraînée dans un voyage nébuleux que j'ai beaucoup aimé. Le passage de l'ange (le plus long), trop sentencieux à mon goût, pour moi a justement brisé l'atmosphère de rêve.

J'ai trouvé cette phrase maladroite :
"à moi qui désire une nouvelle langue [/b]qui remplacerait être par rêver"

Un beau travail dans l'ensemble, un peu trop solennel pour moi, mais là c'est affaire de goût.

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Message  Invité Sam 20 Déc 2008 - 8:15

A la fois trop clair (dans le fond) et trop nébuleux ( dans la forme) avec quelques beaux passages. Le problème avec le rêve, c'est que tout peut s'y succéder, le meilleur et le pire , sur un même plan, dans une sorte de fondu-enchaîné qui, brouillant les lignes, interdit tout esprit critique, puisque "non adapté" par essence même !

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Message  Jacinthe Dim 21 Déc 2008 - 17:01

Tout d'abord, quelques corrections à faire par qui le voudrait bien. Désolé de ne pas avoir remarqué ces fautes en mettant cet ensemble au net (et désolé s'il en reste) :
Jacinthe a écrit:Sinon que la langue française prend pour une dualité deux verbes qui ne forment qu’un, rien n’oppose rêver de désirer ; mais si, pour mieux en rendre compte, vous tenez tant à ce que je vous en trouve une, je constaterai donc celle-ci : le désir est un rêve en puissance ; le rêve, un désir en acte. Mais, soit ! Ne m’en demandez pas plus, car moi je rêve d’une autre langue qui détrônerait être par rêver.

Jacinthe a écrit:Si on débarrassait des rêves toute la niaiserie ambiante incrustée dans leurs veines, se porteraient-ils mieux ? Je dis : ils n’en auraient cure !
– Les rêves sont de l’en haut.

Jacinthe a écrit:Le penseur septique demande au rêveur :
- Qu’as-tu donc lu, vu ou entendu ; que connais-tu du monde pour parler ainsi du rêve ?...
Le rêveur lui répond :
- Je n’ai rien lu, rien vu, ni entendu ; en ce présent, n’ai aucune connaissance de ce que toi tu nommes monde, sauf une – la plus importante : je souhaite que tu comprennes, cher mal veillant, qu’avant tout savoir, seul(s ?) sont les esprits ; et qu’avant tout esprit, seul(s ?) sont les rêves.
(J'aurais tendance à laisser "seul"; dans le sens de "uniquement sont..." mais pas sûr...)
Jacinthe a écrit:Que croyez-vous être, des mots, les propriétaires, lorsqu’en réalité ce sont eux qui viennent à vous en vos beaux songes et bousculent vos silences ! Lorsque le rêve est, ce sont les mots qui pensent, pas vous. Et ils veulent être partagés ! Car que reste-t-il des mots qui ne parlent pas, des yeux qui ne lisent pas ? Ils se terrent, ils s’étouffent, ils se noient. Et vous, écrivains, n’êtes que leurs hôtes. Croyez-vous que des penseurs qui ne donnent pas leurs rêves, on puisse dire qu’ils ont un jour pensé ? Sachez : ou les mots sont, ou n’ont jamais été ; ou les mots vont, ou sont de pierre et tombent au fond des cris. Les hommes meurent, il est bien vrai. Et s’ils n’écrivent pas, et si ne reste d’eux que de la chair, c’est comme s’il ne restait rien ! Par contre, s’ils rêvent, s’ils prennent la plume, si elle s’envole, et si elle parvient jusqu’au nid des cœurs, et que chaque penseur fait de même, ensemble, de plume, deviennent des oiseaux. Leur chant ils tonneront, leurs poèmes offriront aux hommes. Partagez, tels sont les mots. Ecrivez partout, ensuite faites-vous lire. Qu’on ne les apprécie ? Et que diable vous en préoccupez-vous ! Les mots qui savent pourquoi ils sont écrits, toujours trouveront preneurs. Aussi, écoutez bien : le jour où vous n’aurez plus rien à écrire, où vous aurez tout épuisé, écrit sur chacune de vos paroles, sur chaque feuille blanche, sur chaque pan de mur, chaque affiche, chaque néant qui traîne dans les villes, les maisons, aux cimetières et dans leurs tombes ; chaque pensée, chaque rêve ; que votre gorge sera sèche et vos mains grasses et rongées ; qu’il ne restera rien que vous n’aurez empli de vos mots ; eh bien, allez-vous en. Allez-vous en ! C’est que vous en aurez fini ! Donc, Partez ! Laissez vos mots se libérer de vous ! Qu’ils voyagent dans les villes, les champs, les forêts, les océans – Ils ont besoin d’espace pour s’envoler plus haut ! –, qu’ils y rejoignent là-bas les reflets des plus hauts cieux ! Puis, qu’ils attendent patiemment. Qu’ils se mettent eux-mêmes à rêver ! Et qu’ils se tiennent prêts, si tel est le cas, au soir de par les astres être accueillis. Alors, partez ! Mourez, puisque c’est ainsi que vous le nommez ! Allez-vous en ! Filez ! Sinon, mes jeunes gens, je veux savoir, dites-moi donc : comment feriez-vous bien pour devenir esprits ?...
Jacinthe a écrit:Ainsi, voilà mon cauchemar et voici mon calvaire : de même que je suis ombre, mes rêves le seraient... Et les ombres qui, cette nuit, sont les maîtres des quatre dimensions de l’en bas, elles en sont pourtant clouées comme à une croix ; alors, auront-elles toujours cette infériorité par rapport à la plus infime des poussières de ne pouvoir se promener trop haut sans craindre – autant qu’elles les cherchent – que resplendissent quelques rêves des lumières que se disputent les étoiles…

J'ai également effectué quelques inversions de fragments ici ou là pour donner plus de progression à l’ensemble. Mais bon, ce n'est rien.

Enfin, pour répondre à Coline Dé, et sans aucune intention de ma part d'élever le débat, je dirais que je suis bien d'accord avec elle du problème des rêves tel qu’ils viennent à nous dès qu'on se met en œuvre d'en parler ou d’écrire à leur sujet. Par exemple, on constate facilement en tant qu’écrivain l’énorme difficulté de décrire en fiction ce qui dans la vie serait un rêve. Je ne dis pas qu’on n’y parviendrait pas (me semble avoir lu sans avoir commenté quelques textes de ce site qui y arrivaient très bien, mais toujours, quoi qu’il en soit, avec un certain enchaînement, une certaine cohérence que les rêves n’ont qu’en très peu de cas). Ceci étant, je m’y suis également essayé, mais uniquement, et ce pour éviter une impasse, à l’aide de la forme, (le mythe de la 10e planète, « la nébuleuse », qui serait en fait aujourd’hui la 9e vu que, parait-il, Pluton n’en serait plus une, mais soit !), telle manière qui m’a semblé être la seule option raisonnable pour aborder ce problème comme je l’ai fait. (CF mon propos sur Freud qui semblerait être à première vue anti-scientifique : je ne suis pas expert en psycha., encore moins spécialiste de Freud, – loin de moi cette idée –, à vrai dire, je ne me suis même pas encore véritablement penché en profondeur sur ses livres, et dire sur un ton condescendant qu’il ne pouvait pas tenter et arriver à une interprétation plausible des rêves serait un genre de discours parfaitement idéologique et absurde de ma part ; non, j’ai juste voulu signifier qu’à quelque conclusion qu’il arrive, le problème même de l’existence (l’étant propre) des rêves serait insoluble, et donc déboucherait toujours, où qu’en arrive(nt) la (les) science(s), sur un mystère ; un peu comme, si vous me permettez l’analogie, le mystère de la conscience humaine qui ne peut jamais, en aucun cas, être réduite à un enchaînement neuronal). Aussi, j'ai voulu esquiver – à défaut de dépasser – le problème qui suppose un désaccord du rêve d'avec la réalité – et non de la réalité d'avec le rêve (mais comment en pourrait-il être autrement ? Peut-être pour arriver à telle genre de supposition faudrait-il une société à très forte tendance idéaliste, sinon tout à fait solipsiste) ; j’ai voulu cela en me mettant à la place du rêveur, du rêve et de leur étant propre ; ceci dit avec prudence, n'étant qu'un essai poétique avant d'être philosophique et nullement porteur de quelque vérité, à moins que... Mais, en tout cas, comme dit en préface, réalisé sans aucune prétention, juste comme il me venait de l'écrire ; c'est à vous tous de lui donner sa consistance ou son inconsistance, ses vérités ou ce qui lui fait défaut, pas à moi.

D'autant plus que cet ensemble a réellement été pensé (à défaut de véritablement "réfléchi"; car c'est après coup, tel que je le ressens une fois fini, que je peux vous en parler comme je le fais) et écrit en une semaine. De fait, je peux dire que je suis le premier spectateur des petites choses que j'ai écrites ci-dessus. Voir par exemple à quel point "le phare" est en accord avec certains thèmes ici défendus me surprend et me pousse à m'interroger sur la signification que je leur donne, peut-être inconsciemment (voyez donc comme je reste terre-à-terre par rapport aux idées défendues ici ; ou alors, est-ce peut-être justement d'une certaine manière l'idée défendue ici même de mots, de phrases, de pensées,... qui viennent à nous mais qui ne sont pas de nous ; de cette différence à distinguer peut-être entre l'histoire du rêveur et l'"histoire" du rêve, que les psychanalystes de nos jours tendent à insérer dans la complète subjectivité du premier (ceci étant, cela est bien sûr en effet plus compliqué qu'il n'y paraît. Et d’ailleurs, de qui seraient-ils alors ? Du moi inconscient ? D’esprits, de penseurs lus ? De nos histoires propres et des gens qui nous influent ?... Un peu de tout ça, peut-être... Un peu d’autre chose... Voici donc mes questionnements qui ont débouchés sur ce parti pris ; j’aurais pu en choisir un autre)).

Alors, sans doute y aura-t-il toujours d'autres textes qui viendront s'ajouter au fil du temps et que cet ensemble ne sera jamais complet, ou peut-être - j'en viens à penser - s'agirait-il au contraire d'un déchargement de ma part, c'est-à-dire de me décharger de toute la thématique du rêve afin, pour l'avenir, de me concentrer exclusivement sur le "problème" de la réalité, de porter ma réflexion dessus. Mais ça, j'attends et je verrai par moi-même ce qu'il en est plus tard. Quand on lit certains auteurs comme Verlaine (dont d'ailleurs je suis ici-même très proche au niveau vocabulaire), on peut penser qu'il n'en est jamais sorti, du rêve...

Bref, tout ça pour dire que ce n'est peut-être pas si clair, si naïf, si simple (trop clair comme dirait Coline Dé) qu'on le penserait à première vue en tant que lecteur, toujours étant que d'un côté elle me rassure du fait que je n'ai jamais eu l'envie de faire quelque chose d'obscur ou de compliqué à comprendre, ni encore moins eu la prétention d'écrire quelque vérité métaphysique au sujet du rêve. Je ne fais que défendre une certaine hypothèse, et ce poétiquement. Une sorte de beauté esthétique, si vous voulez, sur laquelle on peut se pencher plus en profondeur quant aux questions sous-jacentes qu'elle pose si l'envie et l'intérêt nous prend. Une (ma) nostalgie naïve de l'enfance d'un gamin qui se voit grandir, aussi, sûrement, comme vous pouvez le constater dans le fragment qui constitue l’entracte...

Pour conclure, voyant Yali ou d'autres crier au loup(-bleu) :-))), je tiens à répéter qu'il n'y a aucune prétention de ma part d'élever ici le débat ni de me mettre contre l'avis d'un ou d’une tel en lui disant qu'il n'y a rien compris pour oser dire que cet ensemble a un fond trop simple et lui montrer par x et y à quel point il se trompe dans son jugement ! (J'exagère la chose pour exprimer que je pense exactement le contraire et que tous ont ce droit, cela va de soi).

Il s'agit de vous expliquer ma façon de faire, mes questionnements sous-tendus, mes partis-pris et les raisons qui les ont amenés, et puis surtout de partager, simplement partager.

Quant à l'agencement que j'en ai fait (dédicaces, remerciement, signature, etc.) encore une fois, aucune prétention ! C'est parce m'est venue l'idée de l'offrir comme cadeau de noël à mes proches (certains (la plupart) qui n'y verront aucun intérêt, d'autres qui trouveront ça beau et qui apprécieront la lecture, d'autres peut-être plus, etc.) mais, dans le but, surtout, de les tenter à lire par eux-mêmes les penseurs dont j’aime à leur parler et que moi-même j'apprécie, dont un certain N., comme vous l'avez sans doute remarqué :-), voire même un certain D. (si si !) et puis tous les autres, tellement il y en a. (D'où la deuxième partie de mon titre : pastiche des esprits).

Peut-être aussi pourrais-je avoir votre avis sur cette question qui est de le leur offrir ou non comme cadeau ? Votre avis ne peut que m'être utile car je ne sais de quelle manière il pourrait être apprécié... Merci.

Oh ! Et, bien sûr, merci d'avoir pris la peine de lire le tout, et surtout merci pour vos commentaires :-)))

Et puis, désolé pour ce monstrueux pavé... Je me suis réellement laissé emporter sur ce coup-ci. Désolé Loupbleu, ta remarque ne m'a pas suffi pour calmer mes pulsions... :-(

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Message  lemon a Dim 21 Déc 2008 - 17:18

Personnellement je n'ai pas dépassé le prologue.

Avec ce style grandiloquant/pompeux, on sait qu'on va en chier à la lecture, pour suivre, pour piger. Les phrases sont longues et bon...ca ne rigole pas, lc'est froid, intello, compliqué.

Ya un coté trop directif dans l'expression, comme si tu te retrouvais enfermé dans une structure en acier et qu'on te forçais à écouter sonner les cloches.

Je dis pas que c'est mauvais, je dis que c'est redhibitoire.
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Message  Jacinthe Dim 21 Déc 2008 - 17:45

Je pense moi au contraire que c'est plus poétique qu'autre chose et qu'il faut se laisser aller, ne pas justement chercher à comprendre ou croire que j'ai voulu faire dire quelque chose qui ne peut que t'échapper, car c'est ainsi que le principal t'échappera. Ne pas me suivre pour mieux me suivre, disait Nietzsche. Et c'est profondément vrai. De plus, cette manière de taxer tout ce qui se veut dans un style élaboré et littéraire d'intello et de fait rédhibitoire pour le lecteur comme si l'auteur se prenait de haut et voulait être incompris, c'est ça, personnellement, que je ne supporte pas.

Comme l'ado qui se met contre toute autorité raisonnée et résonnante, croyant que la vérité se trouve du côté du vulgaire. Parce qu'il faut dire "merde", "bougnoule", et tout ce qui va avec, à la fin de chaque phrase au langage parlé pour se vouloir compris et populaire ? Je ne dis pas qu'on ne peut pas y arriver par ce moyen, même que je prends du plaisir à lire certains textes de cette espèce, je dis juste qu'il en existe d'autres et que je suis de ceux qui pensent qu'il vaut mieux faire monter le vulgaire vers la belle pensée que de vouloir vulgariser à tout pris chaque belle pensée qu'on peut avoir.

Mon essai en lui-même ne se veut pas littéraire (dans le sens d'une histoire que l'on conterait), mais ici poétique. Une certaine poésie qui n'est plus à l'œuvre aujourd'hui, certes, mais une poésie que j'apprécie et qui est loin d'être sans intérêt.

Car non, il n'y a rien d'intello ni de pompeux là-dedans si on n'y veut rien voir d'intello et de pompeux. On n'y voit ce qu'on veut y voire et ce sans jamais partir avec un à priori quelconque. S'il fallait faire un essai sur le bon lecteur (car certains en ont fait au sujet de la bonne littérature), c'est ce que je dirais. En gros, ça dépend juste de ta manière de lire ces textes ; c'est très simple et je suis formel sur ce point, car c'est ainsi que j'ai voulu cet ensemble, et je m'y tiens.

Peut-être que si tu voulais bien justement faire l'effort de dépasser le prologue... Quoique, si l'état d'esprit n'y est pas, je doute fort que...

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Message  Tristan Dim 21 Déc 2008 - 17:49

Jacinthe a écrit:Je pense moi au contraire que c'est plus poétique qu'autre chose et qu'il faut se laisser aller, ne pas justement chercher à comprendre ou croire que j'ai voulu faire dire quelque chose qui ne peut que t'échapper, car c'est ainsi que le principal t'échappera. Ne pas me suivre pour mieux me suivre, disait Nietzsche. Et c'est profondément vrai. De plus, cette manière de taxer tout ce qui se veut dans un style élaboré et littéraire d'intello et de fait rédhibitoire pour le lecteur comme si l'auteur se prenait de haut et voulait être incompris, c'est ça, personnellement, que je ne supporte pas.

Comme l'ado qui se met contre toute autorité raisonnée et résonnante, croyant que la vérité se trouve du côté du vulgaire. Parce qu'il faut dire "merde", "bougnoule", et tout ce qui va avec, à la fin de chaque phrase au langage parlé pour se vouloir compris et populaire ? Je ne dis pas qu'on ne peut pas y arriver par ce moyen, même que je prends du plaisir à lire certains textes de cette espèce, je dis juste qu'il en existe d'autres et que je suis de ceux qui pensent qu'il vaut mieux faire monter le vulgaire vers la belle pensée que de vouloir vulgariser à tout pris chaque belle pensée qu'on peut avoir.

Mon essai en lui-même ne se veut pas littéraire (dans le sens d'une histoire que l'on conterait), mais ici poétique. Une certaine poésie qui n'est plus à l'œuvre aujourd'hui, certes, mais une poésie que j'apprécie et qui est loin d'être sans intérêt.

Car non, il n'y a rien d'intello ni de pompeux là-dedans si on n'y veut rien voir d'intello et de pompeux. On n'y voit ce qu'on veut y voire et ce sans jamais partir avec un à priori quelconque. S'il fallait faire un essai sur le bon lecteur (car certains en ont fait au sujet de la bonne littérature), c'est ce que je dirais. En gros, ça dépend juste de ta manière de lire ces textes ; c'est très simple et je suis formel sur ce point, car c'est ainsi que j'ai voulu cet ensemble, et je m'y tiens.

Je suis d'accord avec toi, même si je pense qu'il ne faut pas partir dans une optique du genre "j'ai écrit un texte, au lecteur d'y trouver un sens"
J'ai lu la première partie. Je n'ai pas trouvé ça intello. Et puis, y'en a marre de la littérature "facile". Parfois, je lis des choses, je n'y comprends rien, mais il y a une magie qui me plaît.
Ton texte est intéressant, il y a de bonnes choses
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Message  Jacinthe Dim 21 Déc 2008 - 18:15

Tristan a écrit:Je suis d'accord avec toi, même si je pense qu'il ne faut pas partir dans une optique du genre "j'ai écrit un texte, au lecteur d'y trouver un sens"

Ça, c'est parce que moi-même n'y ait trouvé son propre sens qu'après l'avoir terminé... :-( Au moment où ces textes me venaient, je ne me posais pas la question du sens.

Je ne me la suis posée qu'après l'ensemble rédigé, et c'est dans cette optique que j'ai ensuite rédigé (ou plutôt corrigé en y insérant les dernières lignes) ma préface. On y peut voir une forme de détachement de ma part, mais en réalité, il s'agit bien plus d'une forme d'honnêteté.

Quoiqu'il y a aussi toujours un détachement à avoir, car une fois un texte écrit, et surtout une fois posté, il ne nous appartient plus tout à fait, ni ne nous appartiendra.

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Message  Sahkti Mer 14 Jan 2009 - 14:31

Tout cela me paraît par moments un brin confus, même si l'écriture est bien menée. De nombreuses idées se bousculent, de multiples pistes sont ouvertes sans pour autant aboutir à quelque chose et la démonstration à trait forcé me dérange un peu, c'est comme si tu voulais à tout prix convaincre ton lecteur sans lui laisser le droit à la parole.

Dommage, car il y a pourtant de bons passages et des thèmes intéressants, tu crées un univers qui intrigue et ne demande qu'à être exploré.
Est-ce que ce mélange hétéroclite non-abouti est dû au rêve en lui-même? On sait que l'onirisme permet toutes les folies, en particulier celle de la déconstruction mais tu vas peut-être un peu trop loin dans ce sens, ici.

Avis perso: le prologue ne sert pas le texte, il ne donne pas vraiment envie (à mes yeux) d'aller plus loin.

Autre avis perso, je trouve dommage que tu doives à tout prix justifier et expliquer ton texte. Le lecteur le ressent comme il le désire et si il faut donner autant d'explications pour lui faire comprendre A ou B, c'est que l'auteur passe peut-être à côté de quelque chose et pas forcément le lecteur. Les interprétations peuvent être diverses et très personnelles, c'est aussi ça la richesse de la littérature.
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