Un être à part
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Un être à part
Dès ma naissance, je fus un être à part : mes jambes étaient déjà assez longues pour toucher le sol et mes bras portaient aisément les mains jusqu’à ma bouche. Mes deux yeux voyaient des objets si lointains que je ne pouvais les atteindre. Et mon nez… ah, mon nez ! Proéminent comme il le faut, il possédait une forme si parfaite qu’il me permettait de respirer sans le moindre problème. Et son emplacement, juste au dessus de ma bouche, soulignait agréablement le contour de celle-ci. Elle était capable d’émettre une variété de sons assez incroyable : un pincement des lèvres et une subtile modulation du souffle suffisaient à produire un sifflement remarquable. Et c’est grâce à mes oreilles, ni trop grosses, ni trop petites, que je pouvais le percevoir. Car en plus de jouir de toutes ces qualités, je parvenais sans effort à être le spectateur de mes prouesses. Enfin, une abondante chevelure de jais retombant gracieusement sur mon crâne rond donnait à l’ensemble une fière allure. Quel être extraordinaire, vraiment…
Et ce n’est pas tout !
Mes jambes longues me mènent où je le veux et mes bras maigres peuvent porter toutes sortes de choses. Un geste sec du poignet et je bats des œufs, un pivot de la cheville et je frappe un ballon, une torsion du cou et je peux regarder à droite ou à gauche. Je peux accélérer ou ralentir mes mouvements, ramasser mon corps jusqu’au sol ou au contraire l’étirer dans une impulsion pour l’élever dans les airs. Si je retiens mon souffle, je vais sous l’eau, si je ferme les yeux, je peux faire face au soleil. Mon corps, déjà capable d’évoluer par grand froid ou sous la canicule, sait varier de température. Petit à la naissance, il a su se développer harmonieusement, grandir et grossir, ajuster ses proportions, jusqu’à projeter l’élégante silhouette qui façonne aujourd’hui mon ombre.
Quelle chance…
Il n’existe pas assez de verbes pour conjuguer mes mouvements, c’est dommage. Et pas assez de mots pour décrire cette audacieuse physionomie, quelle honte. Quand je pense que je sais parfaitement me reconnaitre dans un miroir ou sur une photo et que, parfois, on me confond… quel gâchis. En plus, je possède des choses que nul ne peut imaginer : l’épaisseur de mes os, la surface de ma peau ou le nombre de poils resteront à jamais un mystère pour les autres, tant pis.
Enfin… bref. Le pire, c’est que perdu dans la foule, je me transforme en inconnu. Côtoyant quelqu’un, je deviens comparable. Exposé aux autres, je suis critiquable.
Je me réfugie donc dans une certitude absolue : mon corps formidable finira en poussière, il achèvera sa noble évolution dans le flétrissement programmé de ses organes. Je ne pourrai alors plus ni sauter, ni manger, ni toucher, ni rien. Je me fondrai dans la nature, sans qu’il ne reste la moindre trace physique de mon passage. C’est alors que je serai semblable à tout, et je n’aurai finalement été extraordinaire que durant ce court intermède du vivant.
Alors, si comme moi vos pieds touchent le sol, savourez ce moment : vous êtes aussi des êtres à part.
Et ce n’est pas tout !
Mes jambes longues me mènent où je le veux et mes bras maigres peuvent porter toutes sortes de choses. Un geste sec du poignet et je bats des œufs, un pivot de la cheville et je frappe un ballon, une torsion du cou et je peux regarder à droite ou à gauche. Je peux accélérer ou ralentir mes mouvements, ramasser mon corps jusqu’au sol ou au contraire l’étirer dans une impulsion pour l’élever dans les airs. Si je retiens mon souffle, je vais sous l’eau, si je ferme les yeux, je peux faire face au soleil. Mon corps, déjà capable d’évoluer par grand froid ou sous la canicule, sait varier de température. Petit à la naissance, il a su se développer harmonieusement, grandir et grossir, ajuster ses proportions, jusqu’à projeter l’élégante silhouette qui façonne aujourd’hui mon ombre.
Quelle chance…
Il n’existe pas assez de verbes pour conjuguer mes mouvements, c’est dommage. Et pas assez de mots pour décrire cette audacieuse physionomie, quelle honte. Quand je pense que je sais parfaitement me reconnaitre dans un miroir ou sur une photo et que, parfois, on me confond… quel gâchis. En plus, je possède des choses que nul ne peut imaginer : l’épaisseur de mes os, la surface de ma peau ou le nombre de poils resteront à jamais un mystère pour les autres, tant pis.
Enfin… bref. Le pire, c’est que perdu dans la foule, je me transforme en inconnu. Côtoyant quelqu’un, je deviens comparable. Exposé aux autres, je suis critiquable.
Je me réfugie donc dans une certitude absolue : mon corps formidable finira en poussière, il achèvera sa noble évolution dans le flétrissement programmé de ses organes. Je ne pourrai alors plus ni sauter, ni manger, ni toucher, ni rien. Je me fondrai dans la nature, sans qu’il ne reste la moindre trace physique de mon passage. C’est alors que je serai semblable à tout, et je n’aurai finalement été extraordinaire que durant ce court intermède du vivant.
Alors, si comme moi vos pieds touchent le sol, savourez ce moment : vous êtes aussi des êtres à part.
Lonely- Nombre de messages : 140
Age : 48
Localisation : Perpilliéraine et montpignanaise.
Date d'inscription : 14/01/2009
Re: Un être à part
Oui, certes, c'est assez élégamment dit, mais enfin je trouve que vous avez l'art, avec ce texte, d'enfoncer les portes ouvertes !
Invité- Invité
Re: Un être à part
J'ai surtout essayé d'écrire de façon moins pesante, désolé si le propos n'est pas très intéressant en lui-même.
Lonely- Nombre de messages : 140
Age : 48
Localisation : Perpilliéraine et montpignanaise.
Date d'inscription : 14/01/2009
Re: Un être à part
Alors surtout, ne vous découragez pas ! Comme j'ai dit, l'expression est plutôt élégante, et ça c'est un atout certain...
Invité- Invité
Re: Un être à part
Ah oui ! On comprend bien l'idée derrière ce texte dont le sujet, s'il n'est pas passionnant est bien traité je trouve. L'écriture est plus simple que précédemment, ce qui ne signifie pas qu'elle soit dénuée de recherche, justement.
Invité- Invité
Re: Un être à part
Merci de vos remarques. Comme je l'ai mentionné, j'ai surtout essayé de raccourcir les phrases et de rendre l'ensemble plus lisible (je n'ai écris aucune phrase qui m'est venue d'emblée, et à chaque fois j'ai tenté de les dépouiller de leurs lourdeurs initiales)
Je regrette d'avoir bifurqué vers la fin, qui donne une chute pseudo-philosophique.
La prochaine fois j'essaierai de traiter un truc moins bateau :-)
Je regrette d'avoir bifurqué vers la fin, qui donne une chute pseudo-philosophique.
La prochaine fois j'essaierai de traiter un truc moins bateau :-)
Lonely- Nombre de messages : 140
Age : 48
Localisation : Perpilliéraine et montpignanaise.
Date d'inscription : 14/01/2009
Re: Un être à part
Je trouve que tu insistes trop sur l'idée, j'ai l'impression que la même chose est répétée encore et encore. Peut-être un utilisant un ton plus grinçant ou plus drôle, cela donnerait-il une autre vivacité au récit, mais là, je ne sais pas, j'ai le sentiment que ça fait un peu du surplace. Pourtant, ton écriture est travaillée, là n'est pas la question. C'est dans le rythme du déroulement que ça coince à mes yeux.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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