Le brevet

Le Brevet

Un bureau, deux chaises. Un personne bien habillée est plongé sur la paperasse.
Un type rentre.

LE TYPE — Bonjour, je viens pour un brevet.
LA PERSONNE — Bonjour monsieur, asseyez-vous je vous prie.
Le type s'assoit.
LE TYPE — Je viens pour faire breveter la guerre.
LA PERSONNE — Je vous demande pardon ?
LE TYPE — Je viens pour faire breveter la guerre.
LA PERSONNE — La...? J'ai peut de n'avoir pas bien entendu. Vous avez dit...
LE TYPE — La guerre, oui !
LA PERSONNE — La guerre ?
LE TYPE — Je me tue à vous le dire.
LA PERSONNE — Mais, monsieur, ce n'est pas possible !
LE TYPE — Ah ? Pourquoi donc ?
LA PERSONNE — Mais enfin, on ne peut pas faire breveter la guerre !
LE TYPE — Navré, je n'en vois pas la raison.
LA PERSONNE — Allons, c'est ridicule, la guerre existe depuis la nuit des temps ! C'est même, peut-être pas la première, mais au moins l'une des premières inventions humaines connues.
LE TYPE — Et alors ? Personne n'en revendique l'exclusivité, que je sache.
LA PERSONNE — Évidemment, la guerre appartient au genre humain tout entier ! La faire breveter, ce ne serait pas... logique !
LE TYPE — Non, mais ce serait très lucratif. Éclairez-moi sur ce point : pas besoin de logique pour entrer dans le monde de la finance ?
LA PERSONNE — Je ne vous comprend pas.
LE TYPE — Eh bien je trouve que c'est un très bon placement : imaginez que les chefs d'État aient à me verser de lourdes indemnités chaque fois qu'ils décident d'envahir leur voisin.
LA PERSONNE — Je vois… vous pensez que cela pourrait réduire le nombre de conflits ?
LE TYPE — Pas du tout, ça me ruinerait !
LA PERSONNE — Hein ?
LE TYPE — Ben oui, si les dirigeants ne font pas la guerre, je ne touche pas mes droits. Il faut donc bien, au contraire, que les conflits demeurent, et ma fortune est faite !
LA PERSONNE — Vous n'avez donc aucune morale ?
LE TYPE — Je vous l'ai dit, l'économie ne s'apparente à aucune forme de logique. Alors la morale, vous pensez...
LA PERSONNE — Soit... Cependant, une objection : je ne peux déposer le brevet si vous ne pouvez me garantir aucun lien entre vous et l'objet.
LE TYPE — En d'autres termes, est-ce que je sais faire la guerre ?
LA PERSONNE — En d'autres termes, oui.
LE TYPE — Facile. Regardez.
Le type ôte sa veste, dévoilant une ceinture d'explosifs. Le type saute, la scène avec.
LA PERSONNE — (à part) Le salaud ! Tout à pété ! (haut) Très bien monsieur, je pense que ça ira. Il me faut juste vos noms et date de naissance, deux ou trois formulaires à remplir avec signature, et tout est en ordre. Monsieur ? Monsieur ?

Excellent. Original, simple et prenant. Le genre de texte dont ne craint que la fin. J'ai aimé.

Un absurde pas déplaisant... C'est bien enlevé et logique comme j'aime. J'ai bien aimé, mais sans plus, cela m'a fait un peu penser à du Devos.

Tout à fait le genre de scène absurde que j'aime !
Mais pourquoi personne n'est mort si tout a pété ? Ou alors j'ai raté un truc ?

Et juste ça au début "Une personne bien habillée est plongée " ... manquait les oeufs !!

Et puis l'idée du brevet ...pourquoi pas ? Faut que je me renseigne !!

Eh bien moi ça m'a fait penser dès le départ (réparties rapides, malentendus, jeux de mots ) aux sketches des Monty Python !
Bien vu Chako.

Bien vu, oui.
Texte amusant, bien que l'humour soit grinçant.
Du plaisir à le lire.
Beaucoup d'idées derrière.

Un court texte très sympa, l'originalité engendrant l'humour et vice versa.

Mais le plus drôle (ou le pire au choix), c'est que ça semblerait presque plausible ! Après tout, on dépose des noms à tout va aujourd'hui, la simple idée d'avoir pensé à tel mot permet d'avoir un droit de regard sur son utilisation pour peu qu'on s'en attribue la propriété "intellectuelle" (Cf la longue liste des appellations, noms de domaines, ... , déposés, c'est ahurissant)

Bref, un texte qui appuie où il le faut, l'absurdité résidant sans doute plus dans le mécanisme réel de ces brevets que dans la chose brevetée. La très technocratique réponse finale de l'employé ne laissant que peu de doute la dessus...

Bravo :-)

Si je comprends bien la place est libre? Maintenant que la preuve est faite on peut envisager d'usurper l'identité du type histoire de pousser personne dans ses retranchements.
Vous suivez ou faut tout faire péter?

J'ai beaucoup aimé l'idée aussi, très sympa comme thème et pas mal exploité !

Le texte en lui même, je pense, pourrait encore être perfectionné sur certains détails de ponctuations ou vocabulaire, mais je chipote, parce que ça m'a beaucoup plus.

Joli !

:-)

Joli, chak' !
Il te reste plus qu'à la jouer ;-)

J'aime beaucoup l'accélération, par contre on grimace quand c'est fini.^^

Ah oui, voilà une idée !
On devrait faire la liste des trucs à breveter !!
Mais je crois que les Américains avaient ouvert une voie semblable : certaines actions boursières étaient des investissements dans des labo de fabrication d'héroïne, des maisons de jeu, des réseaux de call-girls etc... avec des dividendes coquets ...

J'en oublie de te féliciter, Chako ! Bref ( trop) et percutant.
Et tu nous raconteras le salon de la BD ?

Quelques fautes (d'inattention surtout).
Une idée de base qui me plaît. Dangereux de devenir moralisateur avec un thème pareil, mais sur ce point tu t'en sors quand même assez bien.
Seul défaut : trop court. Le dialogue est trop rapide, il manque quelques répliques de "transition" pour que ça coule mieux.

Et perso, je ne suis pas un fan du petit aparté vers la fin. Ampoulé, à mon avis.

Easter(Island) a écrit:sketches des Monty Python !

Touché ^^ J'adore cette bande de british déjantés!
Certes, c'est encore un peu maladroit... le retravaillerai pour une meilleure fluidité, peut-être un poil plus de longueurs, et de "transitions" comme dit jonjon.
Merci pour vos lectures!

Ça manque de morts à la fin ;-)))

Petit dialogue bien mené, vif et amusant. Je lui aurais bien vu une démonstration moins laborieuse par moments et quelques coupures bienvenues mais déjà comme ça, c'est plaisant. L'absurdité par A + B, à l'image de l'Homme.