À CŒUR OUVERT : Crépuscule

Ce cœur navré tout chaud cloué contre la porte de l'hiver
Ce cœur transi n'est pas le mien
Sa cadence m'est étrangère.

Est-ce la mort
Menant le bal
Qui cogne ainsi à cette porte
Et qui conduit son carnaval
D'un pas
Que je ne connais pas ?

Mon cœur, mon cœur, ne cède pas!
Le soir crépite de lucioles
Accroche aux carreaux ses miroirs
Traversés par des chants aux curieuses paroles.

Le vent têtu
Contre la porte
Finira bien par la pousser
Mais tu auras vibré de la faim qui te porte
Jusqu'à ensorceler
Le javelot lui-même et son lanceur masqué.

Là encore une ambiance inquiétante qui me plaît, mais que le dernier vers brise, je trouve (le "lanceur masqué" me fait fâcheusement penser au "concombre masqué", une référence loufoque par trop décalée !).

Mon coeur, mon coeur... et voilà le mien tout bringuebalant en pensant au grand Jacques et à sa Mathilde... sur ce passage uniquement, parce que le reste n'a rien à voir....

Un poème dont la menace latente interpelle, une pointe d'angoisse, un zeste de fantastique et un javelot bien employé je trouve.

J'aurais vu cela tout d'un trait:

D'un pas que je ne connais pas ?

J'ai bien aimé ce texte. Une résistance perdue. C'est du moins comme cela que je l'ai perçu. Merci pour ta participation, ma crémière ;-)

Très différent de ce que j'ai pu lire de toi jusque là!
Il y a cette supplique qui vous prend aux tripes et que je préférerais voir cuisiner d'une sauce moins morbide.
Mais nous sommes en Broceliande n'est-ce pas?

j'ai ressenti une lourde ambiance d'attente, un peu morbide, gênante
pas drôle, ça non
cette lecture me laisse tout chose
je relirai

Très beau. ton poème m'a vraiment touchée.

Le même esprit que le mien à peu près !
Pas le même style bien sûr.
Mes écrits sont beaucoup plus "simplets".

"Le javelot lui-même et son lanceur masqué." --> j'aime, non j'adore.

Merci.

Il y a dans ta plume une vraie élégance, Arielle. Cela se remarque à chaque fois. Ce poème ne déroge pas à la règle et est un véritable plaisir de lecture ( un cadeau de Saint Valentin ).

Ce ton de gravité que tu manies bien, en y déposant une touche de solennité qui sonne classique et élégant sans pour autant enfermer ton poème dans un moule exigü. Tu te débrouilles bien avec cette façon de faire et de disposer les mots.
Le rythme est très agréable, surtout déclamé à voix haute, et j'aime beaucoup l'atmosphère de ce texte.

Accroche aux carreaux ses miroirs

Voilà une image que j'aime beaucoup.
Et pareil pour l'atmosphère de ton texte.

Arielle, c'est toujours un beau moment que de te lire :-)

Deux vers magnifiques :

Ce cœur navré tout chaud cloué contre la porte de l'hiver

Accroche aux carreaux ses miroirs

Mon cœur, mon cœur, ne cède pas!

J'ai du relire deux fois la fin après ce vers, j'avais Brel dans la tête qui perturbait ma lecture ;-)

Il y a des choses très belles, notamment :
Le soir crépite de lucioles
Accroche aux carreaux ses miroirs
magnifique !

Parfois, des mots qui détonnent un peu, je trouve que le javelot sent trop la contrainte, et le "ne cède pas" m'a gêné, je ne sais pas trop pourquoi, trop classique peut-être être.

D'une manière générale, j'aime l'ambiance, et une belle écriture, des images frappantes.

Un balancement musical entre dureté et douceur. Un cœur qui bat avec une belle énergie. Ça me plaît.

Beaux vers libres, musicaux. J'aime la poésie qui danse sans avoir besoin de rimes et de pieds.
Un passage me gêne, par manque de ponctuation. J'aurais mis une virgule après luciole ou alors j'aurais dit crépitant de lucioles, sans virgule.
Petit détail.