Gris obscur

Ciel gris. L’obscurité qui s’installe lentement sur la ville, étend sur moi son humeur maussade. Je m’accroche désespérément à des bribes de tendresse, mendie de l’affection, je m’abreuve des peines des autres. Une sangsue qui aspire les sentiments des autres et qui les laisse drainés, épuisés.

J’entends des voix qui murmurent à mon oreille des mots étrangers, des mots musicaux, des mots qui ne veulent rien dire mais qui m’endorment dans une torpeur presque apaisante, anesthésiante. J’essaie de les attraper mais je ne rencontre que de la fumée. Un écran de fumée. Une illusion, évanescente évanouie à peine touchée, à peine imaginée.
A mon réveil, je me retrouve assise sur un banc, un vieux banc délabré et j’arrête de jouer . Je redeviens froide, hautaine, méfiante. Comme on me l’a toujours reproché. Comme je n’aurais jamais dû cesser de l’être.
Ma bulle s’est transformée en petites gouttelettes qui ruissellent, m’envahissent d’un sentiment de soulagement intense. Si j’avais pu être celle que tu voulais, je me serais détruite. Sentiment après sentiment, une coquille vide, qui te réfléchit parfaitement. J'ai pensé à toi en regardant la nuit tomber, ce jour-là. La nuit qui tombait sur nous.

C'est beau. Assez sombre et triste aussi.
Je trouve ça un peu trop rapide par contre. Je sais que c'est ton style, ta "forme" à toi et je ne veux pas non plusque tu la changes parce que ce serait aller à contre-courant. Et ça tuerait ton écriture. Ce que je veux dire par "trop rapide", c'est que j'ai l'impression que tu dis beaucoup trop de choses en trop peu de mots. Si j'étais toi, je dénuderais, je rendrais ça très minimaliste. Accroche-toi aux petites choses : ta plume m'enchante vraiment et elle s'harmoniserait bien avec des sujets plus petits, plus humbles.

C'est moins noir que d'habitude, plus gris foncé ;-)
Mais toujours ces sentiments d'amertume, de regrets, de quelque chose qui a raté, qu'on refoule. On sent toujours que c'est prêt à exploser.
Tension palpable.
C'est pas ce que je préfère, comme lecture, mais je le dis, c'est encore fort. Un peu court peut-être si on voulait vraiment en savoir plus sur les pourquoi qu'il y a derrière tout ça...

C'est trop ou pas assez, Giny. Soit tu épures au minimum et du coup, tu donnes une force énorme à tes mots. Soit tu allonges un peu et tu rends ton écriture plus fluide, plus harmonieuse et aussi plus grave, comme dans d'autres textes de toi. Ici, ça me parle moins, même si je sais que c'est beaucoup de toi dans ce récit, je trouve ça un peu bâclé, ça ressemble trop à un message perso dont le fond aurait pris le dessus sur tout le reste.

Il ne me parle pas tellement ce texte. Il est bien écrit, il y a moins de maladresses que dans d'autres de tes textes mais tu emploies beaucoup d'images (la sangsue, la fumée, la bulle, la coquille vide etc...), tu effleures différentes émotions, et en même temps il y a toujours cette volonté de dire, d'expliquer le "je". Tout ça se mélange assez mal, manque de force je trouve, n'accroche pas assez.

Un superbe texte Giny, dans le fond et dans la forme. Une analyse de sentiment en profondeur, d'une maturité extraordinaire ! Avec les mots qu'il faut pour exprimer la démesure, c'est un vrai style d'écriture, et pourtant le style ne prend pas le pas sur le fond.
"Si j'avais été celle que tu voulais"... Que c'est bien dit !

Exactement, c'est "si j'avais pu être celle que tu voulais" (parce que le verbe pouvoir à son importance).
Je lis maintenant les réactions des autres et j'en suis très étonné. Et pourtant je n'ai mis aucune complaisance dans mon commentaire, comme quoi tous les goûts sont dans la nature, je persiste et je signe, pour moi, ce texte est génial !

Je trouve dans le textes tes grandes qualités habituelles, un vocabulaire riche, précis, une belle construction grammaticale et de l'harmonie dans les phrases. Je trouve aussi ce que j'aime moins : des sentiments exprimés par des mots trop abstraits et une surabondance de métaphore. J'ai remarqué que tu utilisais des constructions identiques dans plusieurs phrases. Dans un long texte en prose, c'est trop, mais ici, ça fleurte avec la poésie, et ça donne ici un effet intéressant.

Tu écris aussi à l'inverse de certains. Je m'explique : Certains auraient décrit l'histoire, des détails, un dialogue, pour en chute exprimer ton émotion, et toi tu décris l'émotion sans dire l'histoire. Le manque d'histoire me manque un peu.

Pardon de te donner un avis très technique sur un texte où l'on sent que tu as mis de l'émotion. Pour cette raison, j'ai apprécié celui-là.

J'aime bien le thème et le chemin que prends ton texte alors j'aurais aimé qu'il continue... pourquoi s'arrêter là? tu poses les bases et à mon sens tu peux encore développer tout ce que le gris peut évoquer.
Sinon j'aime bien la façon dont tu tournes tes phrases et ton style en général (je ne sais plus si je te l'ai déjà dit ou pas mais comme ça je suis sûre que c'est fait!).

C'est vrai j'aurais aimé que tu files d'avantage la métaphore.
Mais j'ai saisi, malgré tout, ça m'a touché, et l'image de la bulle et forte et juste à mon sens. Le retour à la méfiance, à la barricade, aussi. Quelque part, si tu avais continuais dans la métaphore, les chemins se seraient peut-être divisés puisque chaque histoire est tout de même perso, et il y aurait sans doute eu moins de chance qu'on s'y retrouve, donc c'est peut-être mieux ainsi. En tous cas j'aime bien.

J'aime le ton que tu te trouves, Giny, tu affines ton style, tu te construit un écrit bien à toi. Mais parfois, tu es tellement dans ton monde qu'on cherche un peu trop la porte pour y entrer, tout en voyant bien par la fenêtre que l'intérieur a de la gueule.
Ici, me manquait une belle porte, mais je sais que...
:o)