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Sens comme le rouge...

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Deoxys 2
slave1802
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Sens comme le rouge... Empty Sens comme le rouge...

Message  slave1802 Lun 2 Mar 2009 - 20:46

Je m'appelle Stéphane Ephane, j'ai quarante quatre ans, toutes mes dents, plus de famille, plus de boulot. Je viens de divorcer, de brader ma maison, d'enterrer mon chat. Tout est terne autour de moi, je dois partir, m'en aller, virer d'ici, me carapater.

Depuis dix minutes il relisait sa dernière lettre sans arriver à se décider. Pourtant tout était prêt. La chaise, la corde, le nœud. Mais voila le courage lui manquait...

Il finit pourtant par monter sur la chaise. Il plaça la corde autour de son cou malingre. Il resserra le nœud sur sa gorge sèche. Il ferma les yeux.

Il ne sauta pas.

Il ôta la corde et redescendit sur le sol. Il se dirigea vers la fenêtre, l'ouvrit et se pencha par l'ouverture. Mais ce tuer en sautant du rez-de-chaussée est beaucoup plus difficile que l'on ne crois.

Il se rendit dans la cuisine. Ouvrit la porte du four et s'agenouilla devant. Il introduit la tête à l'intérieur et à tâtons tourna les boutons. La résistance lui brûla la joue pour lui rappeler qu'elle fonctionnait à l'électricité.

Il passa dans la salle de bain et fouilla dans l'armoire de toilette à la recherche de barbituriques mais ne trouva qu'un tube de dentifrice entamé et un vieux peigne édenté.

Il retint sa respiration mais ne battit même pas le record de Jacques Mayol.

Impossible de se suicider dans des conditions pareilles. Il retourna se coucher. Pendant la nuit un projet monstrueux germa dans son esprit tortueux. S'il ne pouvait se tuer lui-même, il fallait trouver quelqu'un pour le faire à sa place. Il devait trouver le moyen de se faire condamner à mort.

Le lendemain il se promena dans le quartier, tenant ostensiblement à la main une faucille et un marteau. Il repéra assez vite la proie idéale. Une petite vieille trottinait devant lui. Il la suivit jusque chez elle, s'engouffrant à sa suite dans son immeuble, il monta jusqu'à son appartement. Quand elle eut ouvert la porte, il la poussa violement à l'intérieur. Laissant la porte ouverte, il la massacra consciencieusement en la laissant hurler à plein poumon avant de l'achever. Il essuya consciencieusement ses mains pleines de sang sur les murs, s'efforçant d'y déposer de belles empreintes. En s'enfuyant il croisa deux voisins qu'il bouscula violemment en laissant s'échapper son marteau à leurs pieds.

Il rentra chez lui, posa la faucille ensanglantée sur table basse du salon et attendit la police, les juges, les jurés et le bourreau. Ce ne serait plus très long maintenant. Avec tous les indices qu'il avait laissés derrière lui et les deux témoins en prime, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute. La chasie électrique direct !

Mais après sa fuite les deux voisins, après avoir ramassé son marteau, étaient entrés dans l'appartement sanglant. Horrifié par l'état du cadavre ils s'étaient bousculés pour sortir. Patinant sur le sang encore liquide, ils avaient perdu l'équilibre et s'étaient mutuellement assommés en tombant au sol. Dans leur chute ils avaient entraîné le poêle à mazout. Le gasoil enflammé se répandit dans tout le palier. L'immeuble vétuste ne mit pas longtemps à s'embraser. On retira des cendres du brasier une vingtaine de corps calcinés et personne ne remarqua que l'une des victimes avait été sauvagement assassinée.

Il apprit ce contretemps fâcheux aux information du soir. Cela le mit dans une rage folle. Mais bientôt une nouvelle idée macabre naissait dans son sinistre crâne.

Le lendemain il gara sa voiture devant une école des beaux quartiers. Le premier gosse qui s'éloignât tout seul fut le bon. Il le força à grand cris monter dans sa voiture mais personne ne s'en aperçut. Il le ramena chez lui et après lui avoir arraché le nom et le numéro de téléphone de ses parents il l'égorgea laborieusement au-dessus du lavabo. Il appela ensuite les géniteurs, leur réclama une rançon exorbitante et leur fit machinalement les recommandations d'usage dans ces cas la, pas un mot à la police, persuadé qu'ils n'en tiendraient évidement aucun compte. Il leur fixa un rendez-vous pour le lendemain dans un jardin public pour être sur de son interpellation.

L'après-midi finissait lentement et la pluie tombait drue, lorsque les parents éplorés se présentèrent enfin sur les lieux de la rencontre. A sa grande surprise ils lui remirent sans difficulté une mallette contenant la rançon en échange d'un plan, griffonné au dos d'une facture EDF à son nom, portant les indications pour retrouver leur enfant. Il remonta dans sa voiture le premier en démarrant lentement pour leur laisser le temps de relever son immatriculation. Les parents ,quant à eux, se précipitèrent ver le lieu ou était détenu leur enfant sans un regard pour ses savantes manœuvres. Ils trouvèrent le corps sans vie et mutilé de leur fils. Complètement traumatisé par leur macabre découverte ils chargèrent délicatement le petit cadavre dans leur véhicule et roulèrent au hasard. Un trente huit tonnes pressé les broya conte un mur deux kilomètres plus loin. Comme ils avaient respecté à la lettre les consignes du ravisseur et vu l'état des corps qui furent extraits avec beaucoup de difficulté de l'épave, la police n'eut aucun soupçon.

Stéphane Ephane, découragé par ce nouvel échec se résigna à abandonner les voies bouchées de la justice. Deux jours plus tard, le réservoir plein et des jerricans d'essence encombrant l'habitacle il engagea sa voiture sur la bretelle d'aces de l'autoroute. Il bifurqua à la première aire de repos et repris la voie rapide à contre sens. Il se mit sur la voie du milieu et accéléra à fond, attendant le choc final qui le délivrerait enfin de cette vie gâchée. Mais le voyant arrivé des dizaines de voitures et de camions s'écartèrent en catastrophe pour l'éviter. Certains choisirent les rails de sécurité, d'autre les piles des ponts ou de larges fossés. Certains réussirent même à sauter d'un viaduc. Tous s'encastraient gaiement les uns dans les autres dans une cacophonie de tôles froissées, de hurlement de pneus bloqués et de klaxons désespères. Pas un ne le percuta et dix kilomètres plus loin, il quitta l'autoroute sans être inquiété par la maréchaussée, submergée par le nombre et la gravité des accidents.


Il emprunta alors une départementale qui traînait par là et roula jusqu'à un passage à niveau. Il s'arrêta au milieu des rails, coupa le moteur et attendit le prochain TGV, destination nulle part, prêt à être définitivement composté. Pour patienter il alluma la radio. Entre deux flashs spéciaux sur las accidents de l'A2 il apprit le résultat du dernier comité intersyndical de la S.N.C.F.. Grève illimité à partir de maintenant et pour un bon moment. Pestant contre le sans gène des employés des services publics il regagna son domicile abattu.

Devant la mauvaise volonté évidente du ciel pour l'accueillir, il se résigna à mourir de vieillesse.

Mais ceci est une autre histoire ...

Je n'ai malheureusement pas le temps de vous la conter ici. J'ai un suicide au gaz sur le feu, je ne voudrais surtout pas qu'il attache...
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Message  Deoxys 2 Lun 2 Mar 2009 - 20:57

J'ai beaucoup aimé ce texte par son originalité. L'idée de cet homme voulant se suicider et que la mort ne veut pas, préférant prendre à sa place les victimes des tentatives du protagoniste, m'a fait froid dans le dos. Un bon moment de lecture malgré quelques fautes de langues.
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Message  Menestroll Lun 2 Mar 2009 - 20:58

Un vrai régal.

La première partie sur les tentatives de suicides fait un peu déjà vu, mais est traitée de manière à ce que cela fasse encore sourire, voire rire. On ne ressent pas l'effet réchauffé du suicide raté bien qu'il ait été déjà exploité auparavant par certains auteurs. C'est un bon point.

La deuxième partie est à la hauteur de la première au niveau du style et de la fluidité. Par contre on sent que c'est un peu tiré par les cheveux par moment. Les 10 kms à contre-sens sur la voie rapide sont peut-être de trop à mon avis. J'ai apprécié la grève des TGV bien qu'un petit peu prévisible cela ne m'a pas empêché de rire un bon coup.

La phrase finale clôture très bien le texte et résume le ton par sa finesse.

En bref bravo, j'ai passé un très bon moment à lire les mésaventures de Stephane Ephane !
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Message  Nechez Lun 2 Mar 2009 - 23:23

Des mots qui osent franchir l'imaginaire dans un réel bien présent qui pourtant ne verse pas librement. Une âme qui cherche à traverser une porte fermé trop difficilement. Ouverte, de l'autre coté, où la mort se moque de la vie qui rigole.
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Message  Invité Mar 3 Mar 2009 - 0:45

Marrant ! Mais il faut choisir entre peine de mort par chaise électrique (Etats-Unis) et TGV (France)... Une bonne idée, traitée de manière peut-être un peu trop rapide.

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Message  Invité Mar 3 Mar 2009 - 8:14

Le côté ketchup provocateur du début m'a bien plu mais à force j'ai trouvé que le texte s'essoufflait en deuxième partie. La dernière phrase ponctue bien le récit.

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Message  abstract Mer 4 Mar 2009 - 12:42

Il y a beaucoup d’humour dans ton histoire qui, sans être vraiment originale, est très agréable à lire. J’ai beaucoup aimé la phrase :
Je viens de divorcer, de brader ma maison, d'enterrer mon chat.
La chute est très bien aussi . Je pense que ton texte mériterait que tu le retravailles un tout petit peu pour éliminer les quelques maladresses qui y restent. Pas grand-chose, quelques tournures trop évidentes :
quarante quatre ans, toutes mes dents
, quelques mots qui reviennent trop souvent comme par exemple consciencieusement. Rien de très important donc, juste une bonne relecture pour mettre une petite couche de vernis à ton texte.
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Message  Sahkti Sam 7 Mar 2009 - 10:46

J'aime le côté froid, caricatural et distant de ce texte, raconté "cliniquement".

De ci de là quelques légèretés ou incohérences mais ça fait partie d'un ensemble. Si tu regardes Les Experts, tu sauras que même calciné, on arrive à dire si quelqu'un a été assassiné :-)))

Je me suis bien amusée, mais il n'en aurait pas fallu plus sinon ça serait tombé dans la gaudriole. Là, comme ça, c'est chouette !
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