Sans titre
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Philou 83
lol47
ideerange
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Sans titre
Avant de ma lancer un petit mot d'excuse...
Il y des personnes souffrant de myopie, d'autres du rhume des foins !
Moi je souffre de dysorthographie, c'est pas vraiment une maladie quoi que ! Cet handicape me mange l'existence depuis toujours, lourd tribut à payer pour quelqu'un qui aime tant les mots...
Donc je m'excuse pour les fautes....
Merci d'avance pour votre compréhension.
Donc voilà je me lance...
Expulsé de l'Olympe sans préavis, rapatrié sur terre sans bagage, nu de toutes certitudes, dépourvu d'envies. L'effroyable vacarme du radio-réveil a eu raison de mes désirs d'ailleurs. La chose est branchée sans hasard sur les ondes d'une station qui vomit à longueur de journée des nouvelles blasphématoires. Le monde va mal ! Tant mieux ! Nous avons lui et moi au moins un point en commun.
La remontée vers le substrat du réel est une infinie procession où la foi dorénavant fait place à la suspicion. Les reliques si précieuses de ma vie d'avant sont devenues poussières, particules élémentaires se nourrissant de mon vide. Je n'ai plus de croyances, l'ange m’a quitté ! Une simple feuille de papier déposée sur la table de la cuisine. Quelques mots griffonnés à la pointe d'un Bic et la messe est dite. "Oublie-moi, je pars. Adieu". Rien, pas de dissertation sur le thème : Nous, notre histoire, notre amour. Rien, pas d'explication du style : je t'aime mais… Rien, juste cinq mots tracés à la va-vite, témoins de son délit de fuite, complices de son dénis de nous.
Cinq mots, c'est un désert sémantique aride où s'assèche l'espoir. Maudits soient les Pythagoriciens qui ont élu le chiffre cinq symbole de la nuptialité. Le cinq, c'est l'homme bras en croix de Léonard De Vinci prisonnier d'une étoile. Le maître a sans doute esquissé son autoportrait le jour où la Joconde s'est enfuie; et c'est seulement bien après que certains se sont plut à y voir une quelconque allégorie à je ne sais quoi de mystique ou d'ésotérique. Rien de bien extraordinaire en fait, Léonard De Vinci s'était tout bonnement fait "poser" par sa belle, ou son beau, l'histoire n'a pas encore tranché. Le pauvre homme, brisé par le manque, s'est alors caricaturé en crucifié. Il pensait sans doute par ce supplice transfigurer, expier son péché : n'avoir pas su garder son autre.
A mon tour je deviens pénitent, planté sur une croix imaginaire par cinq clous, dont j'ai peur de conserver les stigmates bien après ma résurrection.
Il y a cinq jours que j'abîme mes yeux à essayer d'extraire de ces cinq mots un sens, une réponse, quelque chose, n'importe quoi, servant à nourrir cinq mille questions. A force de persévérance, d'acharnement, j'ai fini par trouver une piste, certes totalement incohérente mais qui a su rassurer mon ego meurtri.
Cinq mots, c'est un mot pour chaque année passée avec l'ange. Lus dans la foulée, ces mots ne signifient rien d'autre que ce qu'ils veulent bien dire, mais c'est au moment où l'on si attarde que ces cinq fichus mots prennent toutes leur profondeur.
Oublie : c'est le début de l'histoire, le moment béni où les deux protagonistes se perdent sur l'hôtel du désir. Tout est harmonie, beauté, on s'apprend l'un et l'autre, on se promet la lune et les autres planètes. Une année sur l'île du bonheur.
Moi : peut être aisément interprété par Elle. Deuxième phase de l'idylle. L'ange se montre à la lumière, un chien, des chats, une maison que l'on aurait pu construire si les banquiers se montraient moins austères. Son corps qui m'échappe chaque jour un peu plus.
Je : j'avoue avoir très nettement "narcissiser", la troisième année de notre relation. Travail, pêche à la mouche, chaussettes plus très fraîches abandonnées sur un coin du canapé, reste de pizza échoué sur la moquette blanche, et j'en oublie. Toutes ces petites choses qui font l'encre du quotidien et inscrivent au chapitre des souvenirs les chroniques de nos vies.
Pars : partir… loin… pour nos quatre ans, essayer l'âge de la Renaissance, une plage de sable fin, rien d'autre, juste nous et des projets plein la tête. Tant pis pour la maison, au diable les banquiers, il y a "nous", c'est tout et c'est déjà énorme !
Adieu : il faut lire : à Dieu. Une bague un soir pour se jurer l'infini devant le créateur. Un sourire au coin des lèvres, ni oui, ni non ! "Ne réponds pas tout de suite, qu'importe le temps puisque je t'aime…"
La réponse je l'ai devant les yeux : "Oublie-moi, je pars. Adieu".
L'ange a choisi la liberté, déployant ses ailes pour prendre son envol là-haut dans un ciel bleu, bien au-dessus de mes nuages. Maintenant, il vole vers des contrées sans nous, sans moi. L'ange respire un oxygène dont je ne partagerai plus la saveur, l'ange regarde des océans sublimes dont je ne peux pas même soupçonner la couleur. Aveugle, je suis resté immobile, prisonnier d'une roche stérile, privé de la terre où poussait les racines de ma félicité. Il ne pleut même plus sur mon monde. Plus de vent, plus de jour, que la nuit compagne de mes torts. L'ange m'a quitté et j'en suis mort !
Bientôt une semaine que je remorque mon propre spectre dans les couloirs vides de l'appartement. De pièce en pièce je suis hanté par "ses" souvenirs, traînant ma misère comme un manteau d'hiver sous la canicule. Pour peu, si je me munissais d'un bâton et d'une cloche, je passerais pour un lépreux essayant de signaler aux autres les risques de contagion. Sorte d'ermite en perdition, je deviens d'heure en heure un peu plus tiers-mondiste des sentiments. L'ange a consumé mes espérances !
Le radio-réveil continu à régurgiter la fange d'un monde malade. Une petite bombe humaine par-ci, un accident de train par-là. Tout va bien sur la planète terre. La journée sera chaude, les normales saisonnières ont été à nouveau pulvérisées. On annonce des pics de pollutions, les chérubins et les bientôt morts sont priés de rester chez eux ou de respirer une fois sur trois !
Le choix devient cornélien : essayer de prolonger le substrat du rêve et rester un moment encore entre deux mondes pour fuir ou remonter vers l'inconsistance de ma réalité et s'exposer à ma déshérence !
Envie de café noir. Mon cerveau, à l'image d'une plaine alsacienne au mois d'octobre, est noyé dans un épais brouillard. Seule sa partie reptilienne fonctionne, elle me réclame avec urgence et insistance des substances favorisant le processus de remontée. La caféine est une entrée en matière, elle ne suffira pas. La taurine fonctionne à merveille, mais j'ai siphonné hier, goulûment, le dernier pack de "Read Bull". Il me reste donc la nicotine. Je donne vie par le feu au thyrse cubain et aspire jusqu'à l'asphyxie ses toxines "mortelles". Ma gorge en première ligne s'enflamme et devient un volcan en éruption, puis mes poumons connaissent les chaleurs de l'enfer. Enfin mon cœur hurle sa douleur et accélère son rythme venant flirter avec la zone rouge comme s’il voulait faire rempart à l'agression. Je remonte pas à pas ! Entre deux bouffées de "Marlboro", je porte à ma bouche une tasse d'Arabica noir serré au possible, sans sucre, sans lait, sans artifice, juste pour ses vertus, sans vraiment chercher à en apprécier la saveur. A quoi bon, puisque je n'aime pas le café. Pour moi c'est juste une potion, un remède qui sert de tremplin entre les soies de Morphée et la palpabilité rugueuse du monde vrai. Je me force aux limites du raisonnable. Pourtant, l'amertume du poison est telle que je dois retenir un réflexe vomitif à chaque gorgée. Mais le mal est nécessaire. Le mélange s'opère dans mon sang, la nicotine rencontre la caféine, toutes deux convolent en justes noces dans un mariage lesbien, et le fruit de cette union maudite me permet d'achever l'ascension.
A peine au sommet de mon Everest matinal, je regrette l'état souverain du rêve qui, lui, me permet de vivre encore avec l'ange. Cette nuit comme toutes ces dernières nuits, l'ange m'est apparu dans une lumière solaire chaude et rassurante. Il m’a dit les mots que je voulais entendre, il m'a laissé m'apaiser de son corps. Dans mes rêves l'ange ne revient pas puisque qu'il n'est pas parti.
Au matin du premier jour, à l'instant précis de la découverte du missel de l'ange, j'ai pensé à une boutade. Peut-être une sorte de colère refoulée qu'il serait bon de mettre à plat. Une chose typiquement "céleste", qui m'avait, à moi, simple terrien, totalement échappé, mais qui devait très certainement contrarier profondément l'ange. A un point tel qu'il était essentiel pour lui de rétablir la justice en me punissant. Alors ces mots sur du papier jauni étaient un simple moyen de m'avertir qu'une limite avait été franchie ! Haussement d'épaule, sourire narquois, l'ange est fâché ? Qu'à cela ne tienne ! Si j'ai pêché par ignorance, je confesserai une ou deux fautes, entre la fin du journal de 20h et la météo. Après quoi, tout rentrera dans l'ordre. Bien entendu, durant la coupure pub, je serai l'obligé du prêche de l'ange. D'un air acquis à sa cause, mais d'un œil attentif au début du film, il faudra louvoyer un peu, acquiescer toutes les dix phrases, par un hochement de tête, ou alors par un susurrement habilement dosé. Mais le tout, sans ne rien manquer de l'intrigue palpitante de ce "triller" américain où l'hémoglobine tient le rôle principal.
Une heure, deux heures, puis trois. Toujours rien. Mon portable refuse obstinément de carillonner à la gloire de l'ange ! Le doute, par petites touches, commence à éroder ma raison et s'attaque à mon système nerveux. J'oxyde, je rouille, pareil à ces épaves échouées au hasard des tempêtes. La corrosion entame son long travail démolissant les pans de mon assurance. Et si l'ange m'avait vraiment quitté !
Agir, réagir, prendre les devants, composer le numéro du fil d'Ariane qui me relie aux cieux. Tout tremble en moi au moment d'exécuter la sentence, j'appuie avec peine sur les touches du clavier de mon Nokia. A l'autre bout du réseau, rien, je sonne creux, vide. La connexion avec l'au-delà semble vouloir mourir dans les ténèbres de mon opérateur téléphonique, quelque part entre ici et un vague tableau électronique où se perdent en fin de vie les appels sans résonnance. Encore un essai. Je fixe le canapé de cuir à la couleur improbable qui orne le salon, sorte de mausolée à la gloire d'une vieille laitière dont la peau rêche sert maintenant de repose fesses. La chose, sans doute fabriquée à grande échelle dans un ancien Kolkhoz Ukrainien, a atterri chez nous un matin pluvieux de janvier. Nous l'avions achetée par dépit ou par désespoir lors d'une criée de soldes chez Conforma. A son extrémité, un énorme coussin blanc brodé de roses tient lieu de décoration. A cet instant précis, le coussin vibre. J'ai peur de comprendre. Un dernier essai juste pour vérifier. Le coussin vibre toujours. Je me précipite, retourne l'objet. Là sous mes yeux, le Blackberry de Sarah. Ce concentré de technologie est le prolongement naturel de la femme que j'aime. Elle ne respire pas sans son Blackberry. Connectée en permanence avec les mondes virtuels, elle voue un culte fanatique à son cellulaire. Elle est devenue la grande prêtresse d'une secte d'un nouveau genre où les couteaux affûtés des Assassins d'Alamut ont cédé la place aux micro-ondes perfides des téléphones portables. Les adeptes de cette secte se suicident eux aussi dans un sacrifice rituel. On a simplement remplacé Dieu par un forfait mensuel qu'il faut "griller" à tout prix ! Les adeptes se consomment donc de l'intérieur, à petit feu, irradiant leur cerveau pour finir par s'en aller, cancéreux, sur les chemins de la vie éternelle.
Le Blackberry sursaute une dernière fois puis agonise sans héroïsme tandis que je suis renvoyé sur la boite vocale de l'ange.
"Je ne suis pas disponible, alors laissez moi un message."
J'ai abdiqué à cette seconde comme si le ton de sa voix et le minimalisme de son message d'accueil m'avaient conduit vers la révélation. L'ange était parti, l'ange ne reviendrait plus. Il me faudrait trouver moi-même les raisons de sa subite désertion, entamer un long chemin de croix vers une rédemption improbable.
Cinq jours entre purgatoire et enfer passant des heures, tantôt à me brûler les yeux sur un morceau de papier pour y percer l'énigme maudite, tantôt à écumer les répertoires téléphoniques pour essayer en vain de m'y faire servir une réponse. Cinq nuits à rêver du coté du miroir brisé sans jamais réussir à garder au réveil ses morceaux recollés, cinq matins à refuser la remontée vers mon inexistence. Et dans ma quête une seule certitude, incongrue, inimaginable, diabolique, bien au-delà du seul fait que l'ange m'ait quitté : Sarah Pavilly n'a, semble-t-il, jamais existé !
Il y des personnes souffrant de myopie, d'autres du rhume des foins !
Moi je souffre de dysorthographie, c'est pas vraiment une maladie quoi que ! Cet handicape me mange l'existence depuis toujours, lourd tribut à payer pour quelqu'un qui aime tant les mots...
Donc je m'excuse pour les fautes....
Merci d'avance pour votre compréhension.
Donc voilà je me lance...
Loïc
Expulsé de l'Olympe sans préavis, rapatrié sur terre sans bagage, nu de toutes certitudes, dépourvu d'envies. L'effroyable vacarme du radio-réveil a eu raison de mes désirs d'ailleurs. La chose est branchée sans hasard sur les ondes d'une station qui vomit à longueur de journée des nouvelles blasphématoires. Le monde va mal ! Tant mieux ! Nous avons lui et moi au moins un point en commun.
La remontée vers le substrat du réel est une infinie procession où la foi dorénavant fait place à la suspicion. Les reliques si précieuses de ma vie d'avant sont devenues poussières, particules élémentaires se nourrissant de mon vide. Je n'ai plus de croyances, l'ange m’a quitté ! Une simple feuille de papier déposée sur la table de la cuisine. Quelques mots griffonnés à la pointe d'un Bic et la messe est dite. "Oublie-moi, je pars. Adieu". Rien, pas de dissertation sur le thème : Nous, notre histoire, notre amour. Rien, pas d'explication du style : je t'aime mais… Rien, juste cinq mots tracés à la va-vite, témoins de son délit de fuite, complices de son dénis de nous.
Cinq mots, c'est un désert sémantique aride où s'assèche l'espoir. Maudits soient les Pythagoriciens qui ont élu le chiffre cinq symbole de la nuptialité. Le cinq, c'est l'homme bras en croix de Léonard De Vinci prisonnier d'une étoile. Le maître a sans doute esquissé son autoportrait le jour où la Joconde s'est enfuie; et c'est seulement bien après que certains se sont plut à y voir une quelconque allégorie à je ne sais quoi de mystique ou d'ésotérique. Rien de bien extraordinaire en fait, Léonard De Vinci s'était tout bonnement fait "poser" par sa belle, ou son beau, l'histoire n'a pas encore tranché. Le pauvre homme, brisé par le manque, s'est alors caricaturé en crucifié. Il pensait sans doute par ce supplice transfigurer, expier son péché : n'avoir pas su garder son autre.
A mon tour je deviens pénitent, planté sur une croix imaginaire par cinq clous, dont j'ai peur de conserver les stigmates bien après ma résurrection.
Il y a cinq jours que j'abîme mes yeux à essayer d'extraire de ces cinq mots un sens, une réponse, quelque chose, n'importe quoi, servant à nourrir cinq mille questions. A force de persévérance, d'acharnement, j'ai fini par trouver une piste, certes totalement incohérente mais qui a su rassurer mon ego meurtri.
Cinq mots, c'est un mot pour chaque année passée avec l'ange. Lus dans la foulée, ces mots ne signifient rien d'autre que ce qu'ils veulent bien dire, mais c'est au moment où l'on si attarde que ces cinq fichus mots prennent toutes leur profondeur.
Oublie : c'est le début de l'histoire, le moment béni où les deux protagonistes se perdent sur l'hôtel du désir. Tout est harmonie, beauté, on s'apprend l'un et l'autre, on se promet la lune et les autres planètes. Une année sur l'île du bonheur.
Moi : peut être aisément interprété par Elle. Deuxième phase de l'idylle. L'ange se montre à la lumière, un chien, des chats, une maison que l'on aurait pu construire si les banquiers se montraient moins austères. Son corps qui m'échappe chaque jour un peu plus.
Je : j'avoue avoir très nettement "narcissiser", la troisième année de notre relation. Travail, pêche à la mouche, chaussettes plus très fraîches abandonnées sur un coin du canapé, reste de pizza échoué sur la moquette blanche, et j'en oublie. Toutes ces petites choses qui font l'encre du quotidien et inscrivent au chapitre des souvenirs les chroniques de nos vies.
Pars : partir… loin… pour nos quatre ans, essayer l'âge de la Renaissance, une plage de sable fin, rien d'autre, juste nous et des projets plein la tête. Tant pis pour la maison, au diable les banquiers, il y a "nous", c'est tout et c'est déjà énorme !
Adieu : il faut lire : à Dieu. Une bague un soir pour se jurer l'infini devant le créateur. Un sourire au coin des lèvres, ni oui, ni non ! "Ne réponds pas tout de suite, qu'importe le temps puisque je t'aime…"
La réponse je l'ai devant les yeux : "Oublie-moi, je pars. Adieu".
L'ange a choisi la liberté, déployant ses ailes pour prendre son envol là-haut dans un ciel bleu, bien au-dessus de mes nuages. Maintenant, il vole vers des contrées sans nous, sans moi. L'ange respire un oxygène dont je ne partagerai plus la saveur, l'ange regarde des océans sublimes dont je ne peux pas même soupçonner la couleur. Aveugle, je suis resté immobile, prisonnier d'une roche stérile, privé de la terre où poussait les racines de ma félicité. Il ne pleut même plus sur mon monde. Plus de vent, plus de jour, que la nuit compagne de mes torts. L'ange m'a quitté et j'en suis mort !
Bientôt une semaine que je remorque mon propre spectre dans les couloirs vides de l'appartement. De pièce en pièce je suis hanté par "ses" souvenirs, traînant ma misère comme un manteau d'hiver sous la canicule. Pour peu, si je me munissais d'un bâton et d'une cloche, je passerais pour un lépreux essayant de signaler aux autres les risques de contagion. Sorte d'ermite en perdition, je deviens d'heure en heure un peu plus tiers-mondiste des sentiments. L'ange a consumé mes espérances !
Le radio-réveil continu à régurgiter la fange d'un monde malade. Une petite bombe humaine par-ci, un accident de train par-là. Tout va bien sur la planète terre. La journée sera chaude, les normales saisonnières ont été à nouveau pulvérisées. On annonce des pics de pollutions, les chérubins et les bientôt morts sont priés de rester chez eux ou de respirer une fois sur trois !
Le choix devient cornélien : essayer de prolonger le substrat du rêve et rester un moment encore entre deux mondes pour fuir ou remonter vers l'inconsistance de ma réalité et s'exposer à ma déshérence !
Envie de café noir. Mon cerveau, à l'image d'une plaine alsacienne au mois d'octobre, est noyé dans un épais brouillard. Seule sa partie reptilienne fonctionne, elle me réclame avec urgence et insistance des substances favorisant le processus de remontée. La caféine est une entrée en matière, elle ne suffira pas. La taurine fonctionne à merveille, mais j'ai siphonné hier, goulûment, le dernier pack de "Read Bull". Il me reste donc la nicotine. Je donne vie par le feu au thyrse cubain et aspire jusqu'à l'asphyxie ses toxines "mortelles". Ma gorge en première ligne s'enflamme et devient un volcan en éruption, puis mes poumons connaissent les chaleurs de l'enfer. Enfin mon cœur hurle sa douleur et accélère son rythme venant flirter avec la zone rouge comme s’il voulait faire rempart à l'agression. Je remonte pas à pas ! Entre deux bouffées de "Marlboro", je porte à ma bouche une tasse d'Arabica noir serré au possible, sans sucre, sans lait, sans artifice, juste pour ses vertus, sans vraiment chercher à en apprécier la saveur. A quoi bon, puisque je n'aime pas le café. Pour moi c'est juste une potion, un remède qui sert de tremplin entre les soies de Morphée et la palpabilité rugueuse du monde vrai. Je me force aux limites du raisonnable. Pourtant, l'amertume du poison est telle que je dois retenir un réflexe vomitif à chaque gorgée. Mais le mal est nécessaire. Le mélange s'opère dans mon sang, la nicotine rencontre la caféine, toutes deux convolent en justes noces dans un mariage lesbien, et le fruit de cette union maudite me permet d'achever l'ascension.
A peine au sommet de mon Everest matinal, je regrette l'état souverain du rêve qui, lui, me permet de vivre encore avec l'ange. Cette nuit comme toutes ces dernières nuits, l'ange m'est apparu dans une lumière solaire chaude et rassurante. Il m’a dit les mots que je voulais entendre, il m'a laissé m'apaiser de son corps. Dans mes rêves l'ange ne revient pas puisque qu'il n'est pas parti.
Au matin du premier jour, à l'instant précis de la découverte du missel de l'ange, j'ai pensé à une boutade. Peut-être une sorte de colère refoulée qu'il serait bon de mettre à plat. Une chose typiquement "céleste", qui m'avait, à moi, simple terrien, totalement échappé, mais qui devait très certainement contrarier profondément l'ange. A un point tel qu'il était essentiel pour lui de rétablir la justice en me punissant. Alors ces mots sur du papier jauni étaient un simple moyen de m'avertir qu'une limite avait été franchie ! Haussement d'épaule, sourire narquois, l'ange est fâché ? Qu'à cela ne tienne ! Si j'ai pêché par ignorance, je confesserai une ou deux fautes, entre la fin du journal de 20h et la météo. Après quoi, tout rentrera dans l'ordre. Bien entendu, durant la coupure pub, je serai l'obligé du prêche de l'ange. D'un air acquis à sa cause, mais d'un œil attentif au début du film, il faudra louvoyer un peu, acquiescer toutes les dix phrases, par un hochement de tête, ou alors par un susurrement habilement dosé. Mais le tout, sans ne rien manquer de l'intrigue palpitante de ce "triller" américain où l'hémoglobine tient le rôle principal.
Une heure, deux heures, puis trois. Toujours rien. Mon portable refuse obstinément de carillonner à la gloire de l'ange ! Le doute, par petites touches, commence à éroder ma raison et s'attaque à mon système nerveux. J'oxyde, je rouille, pareil à ces épaves échouées au hasard des tempêtes. La corrosion entame son long travail démolissant les pans de mon assurance. Et si l'ange m'avait vraiment quitté !
Agir, réagir, prendre les devants, composer le numéro du fil d'Ariane qui me relie aux cieux. Tout tremble en moi au moment d'exécuter la sentence, j'appuie avec peine sur les touches du clavier de mon Nokia. A l'autre bout du réseau, rien, je sonne creux, vide. La connexion avec l'au-delà semble vouloir mourir dans les ténèbres de mon opérateur téléphonique, quelque part entre ici et un vague tableau électronique où se perdent en fin de vie les appels sans résonnance. Encore un essai. Je fixe le canapé de cuir à la couleur improbable qui orne le salon, sorte de mausolée à la gloire d'une vieille laitière dont la peau rêche sert maintenant de repose fesses. La chose, sans doute fabriquée à grande échelle dans un ancien Kolkhoz Ukrainien, a atterri chez nous un matin pluvieux de janvier. Nous l'avions achetée par dépit ou par désespoir lors d'une criée de soldes chez Conforma. A son extrémité, un énorme coussin blanc brodé de roses tient lieu de décoration. A cet instant précis, le coussin vibre. J'ai peur de comprendre. Un dernier essai juste pour vérifier. Le coussin vibre toujours. Je me précipite, retourne l'objet. Là sous mes yeux, le Blackberry de Sarah. Ce concentré de technologie est le prolongement naturel de la femme que j'aime. Elle ne respire pas sans son Blackberry. Connectée en permanence avec les mondes virtuels, elle voue un culte fanatique à son cellulaire. Elle est devenue la grande prêtresse d'une secte d'un nouveau genre où les couteaux affûtés des Assassins d'Alamut ont cédé la place aux micro-ondes perfides des téléphones portables. Les adeptes de cette secte se suicident eux aussi dans un sacrifice rituel. On a simplement remplacé Dieu par un forfait mensuel qu'il faut "griller" à tout prix ! Les adeptes se consomment donc de l'intérieur, à petit feu, irradiant leur cerveau pour finir par s'en aller, cancéreux, sur les chemins de la vie éternelle.
Le Blackberry sursaute une dernière fois puis agonise sans héroïsme tandis que je suis renvoyé sur la boite vocale de l'ange.
"Je ne suis pas disponible, alors laissez moi un message."
J'ai abdiqué à cette seconde comme si le ton de sa voix et le minimalisme de son message d'accueil m'avaient conduit vers la révélation. L'ange était parti, l'ange ne reviendrait plus. Il me faudrait trouver moi-même les raisons de sa subite désertion, entamer un long chemin de croix vers une rédemption improbable.
Cinq jours entre purgatoire et enfer passant des heures, tantôt à me brûler les yeux sur un morceau de papier pour y percer l'énigme maudite, tantôt à écumer les répertoires téléphoniques pour essayer en vain de m'y faire servir une réponse. Cinq nuits à rêver du coté du miroir brisé sans jamais réussir à garder au réveil ses morceaux recollés, cinq matins à refuser la remontée vers mon inexistence. Et dans ma quête une seule certitude, incongrue, inimaginable, diabolique, bien au-delà du seul fait que l'ange m'ait quitté : Sarah Pavilly n'a, semble-t-il, jamais existé !
Re: Sans titre
Votre orthographe est fort correcte, et l'écriture du texte soignée, avec de la recherche dans les expressions, de l'élégance... Mais je ne suis pas arrivée au bout du texte, les affres du narrateur m'indifférant par trop. Encore une fois, la qualité de votre écriture n'est pas en cause ; peut-être est-elle trop sage, trop "appliquée" pour apporter du neuf à un sujet aussi rebattu.
Invité- Invité
Re: Sans titre
Votre "mot" m'intéresse beaucoup car pour être honnête, je suis arrivé à la même conclusion... Je trouve en faite tout cela trop "lourd". J'avais juste besoin de comparer avec d'autre mon propre point de vue !
Re: Sans titre
J'aime beaucoup.
Cette écriture a de l'ambition.
Surfait par endroits mais que c'est délicieux à lire !
Disons que ça change du patinage artistique : mauvais cadrage et puis on voit rien...
Je ne sais si elle aboutira dans les yeux des Véliens mais elle est là.
Cette écriture a de l'ambition.
Surfait par endroits mais que c'est délicieux à lire !
Disons que ça change du patinage artistique : mauvais cadrage et puis on voit rien...
Je ne sais si elle aboutira dans les yeux des Véliens mais elle est là.
Re: Sans titre
J'ai beaucoup aimé les idées développées dans ce texte mais il manque parfois de simplicité, le style est un peu trop soigné et perd en sincérité, j'ai un peu le même défaut et je tente de le corriger, je crois que l'écriture n'a pas forcément besoin de mots compliqués et de syntaxes trop travaillées pour être belle. La sobriété est souvent beaucoup plus émouvante et parlante. Ton texte est quand même très intéressant et m'a beaucoup interpellé.
Philou 83- Nombre de messages : 17
Age : 42
Localisation : Hyeres les palmiers
Date d'inscription : 06/03/2009
Re: Sans titre
En effet Philou j'ai tendance à vouloir faire trop. Et comme on le dit "le mieux est l'ennemie du bien"
Re: Sans titre
Voilà ce que j'appelle de la verve ! Une écriture qui coule toute seule, qui ne se force pas, une écriture élégante voire charmeuse. Là où je suis moins enthousiaste c'est sur le côté nombriliste et éclaté à la fois du texte, ça fait un peu gâchis je trouve.
J'ai hâte de lire un autre texte.
J'ai hâte de lire un autre texte.
Invité- Invité
Re: Sans titre
Est-ce une coïncidence ou bien êtes-vous en pleine lecture du "Mystère des dieux" (plus très sur du titre) de B. Werber ?
Bon passons aux choses sérieuses ; j'ai aimé. J'aime beaucoup le style. J'ai préféré la forme au fond mais je relirais le texte pour tenter de mieux le saisirent.
Une dernière chose, votre avatar peinture est magnifique
A part un style différent, c'est exactement le début de ce livre. Ceux qui l'on lu me comprendront. C'est assez troublantExpulsé de l'Olympe sans préavis, rapatrié sur terre sans bagage, nu de toutes certitudes, dépourvu d'envies. L'effroyable vacarme du radio-réveil a eu raison de mes désirs d'ailleurs. La chose est branchée sans hasard sur les ondes d'une station qui vomit à longueur de journée des nouvelles blasphématoires. Le monde va mal ! Tant mieux ! Nous avons lui et moi au moins un point en commun.
Bon passons aux choses sérieuses ; j'ai aimé. J'aime beaucoup le style. J'ai préféré la forme au fond mais je relirais le texte pour tenter de mieux le saisirent.
Une dernière chose, votre avatar peinture est magnifique
Nechez- Nombre de messages : 318
Age : 35
Date d'inscription : 19/12/2007
Re: Sans titre
Nechez en ce qui concerne B. Werber c'est très honnêtement une totale coïncidence. Pour être franc je n'ai jamais lu de livre B. Werber.
Mais c'est troublant et même déroutant...
Mais c'est troublant et même déroutant...
Re: Sans titre
Pour l'avatar c'est un tableau de Vassili Vassilievitch Kandinski peintre russe qui me touche beaucoup...
Re: Sans titre
C'est tout à fait normal Easter(Island) c'est l'effet recherché. Ce texte est en faite le 1er chapitre d'un livre que j'essaie d'écrire.Là où je suis moins enthousiaste c'est sur le côté nombriliste et éclaté à la fois du texte, ça fait un peu gâchis je trouve.
La trame est simple : 2 hommes qui se sont fait "planter" par leur chère et tendre, le même jour. Ils ont les deux une passion commune la pêche à la mouche. Pour oublier ils partent dans un petit hôtel perdu dans de Doubs pour une semaine de pêche loin de tout. Ils se rencontrent.
L'histoire à deux mode de narration. Le "je" pour le premier (Loîc), le il pour le second (Betrand).
Hormis la pêche tout semblent les opposer ! Tout peut-être pas.
Il faut chaud, trop chaud, chaque jour l'eau baisse, va-t-on interdire la pêche ? Et puis pourquoi ont-ils la même voiture, le même chien et cette même canne pièce d'art fabriqué par un artisan de Corrèze ?
Et pourquoi aucun des deux n'arrive à joindre sa belle ?
Re: Sans titre
ideerange, je te signale que tu pourrais répondre aux commentaires ici :
https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-prose-f1/reponses-aux-commentaires-t2779-160.htm
c'est fait pour ça
sinon, ton texte va continuellement remonter et donc rester en haut de page au détriment des petits copains et des nouveaux, vu que tu as tendance à répondre à chaque message
d'ac ? ;-)
s'il te plaît : ne me réponds pas ! :-)))
https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-prose-f1/reponses-aux-commentaires-t2779-160.htm
c'est fait pour ça
sinon, ton texte va continuellement remonter et donc rester en haut de page au détriment des petits copains et des nouveaux, vu que tu as tendance à répondre à chaque message
d'ac ? ;-)
s'il te plaît : ne me réponds pas ! :-)))
Re: Sans titre
Ah, j'avais oublier de te présenter mentor
Je suis aller voir un peu ton peintre russe, oui j'adhère vraiment. A vrai dire c'est la première choses qui me marqua dans le topic, lol.
Je suis aller voir un peu ton peintre russe, oui j'adhère vraiment. A vrai dire c'est la première choses qui me marqua dans le topic, lol.
Nechez- Nombre de messages : 318
Age : 35
Date d'inscription : 19/12/2007
Re: Sans titre
Ce narrateur dégage peu d'empathie, notamment parce qu'il passe beaucoup de temps à se contempler le nombril. A la longue, ça peut devenir lassant et empêcher la proximité.
Il y a également pléthore de détails, de telle sorte que ça casse quelque peu le côté oral du langage. C'est dommage, car cela retire une partie de la vie de ce texte, qui sonne par moments trop emprunté.
En même temps, il y a de l'humour, une certaine élégance dans l'écriture, qui est soignée. De bonnes idées aussi, qui vaudraient la peine d'être mieux exposées. Il serait sans doute bon d'alléger, d'aller à l'essentiel dans certaines parties et de ne pas trop se perdre en réflexions.
Il y a également pléthore de détails, de telle sorte que ça casse quelque peu le côté oral du langage. C'est dommage, car cela retire une partie de la vie de ce texte, qui sonne par moments trop emprunté.
En même temps, il y a de l'humour, une certaine élégance dans l'écriture, qui est soignée. De bonnes idées aussi, qui vaudraient la peine d'être mieux exposées. Il serait sans doute bon d'alléger, d'aller à l'essentiel dans certaines parties et de ne pas trop se perdre en réflexions.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Sans titre
J'ai apprécié l'ironie grinçante, l'autodérision du narrateur.
Normal qu'il se vautre un peu sur son nombril : son égo vient d'en prendre un sacré coup, faut bien qu'il compense !
L'histoire, en elle-même, ne me passionne pas mais l'écriture est vive et agréable.
Normal qu'il se vautre un peu sur son nombril : son égo vient d'en prendre un sacré coup, faut bien qu'il compense !
L'histoire, en elle-même, ne me passionne pas mais l'écriture est vive et agréable.
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