La Cornue
+5
Sahkti
Lonely
Hellian
Écriture
JeanJean
9 participants
Page 1 sur 1
La Cornue
.
Ce soir j'agrippe mon drap et je glisse dessous jusqu'à la bouche. Je cache ma gorge sous le tissus, les épaules crispées et les yeux grands ouverts, comme un enfant, que je ne devrais plus être. Ce soir je l'ai vue. J'ai vu la Cornue. Elle était derrière moi. Pour moi. Je fuyais sans oser courir, maudissant mes jambes qui ne pouvaient effectuer des pas plus rapides. Son murmure inaudible me léchait la nuque depuis que je l'avais aperçue, en sortant de mon magasin de journaux. J'aurais dû y rester. Plus de client à cette heure ci, mais des néons à la lumière vive et rationnelle qui mettent en sécurité, qui protègent des choses inconnues. Évidement je ne pouvais pas y passer la nuit. C'est une chose qu'on ne fait pas, de rester près des lumières parce qu'on à peur du noir, quand on est adulte. Je suis sorti pour rentrer chez moi. Et elle était dehors. J'ai vu son ombre et ses cornes. Ses cornes immenses, à la forme courbe et torturée. La Cornue. Son visage avide et sa bouche hurlante constamment cachés. Elle m'a suivi jusque chez moi, mais j'ai fermé la porte et allumé la lumière trop vite pour elle, et retrouvé la sécurité relative de mon appartement, le dos plaqué au mur. Enfin j'ai allumé les lumières dans toutes les pièces, et vaqué à mes occupation, patrouillant entre la brosse à dent et la télé. Mais il a bien fallu se coucher, on ne passe pas une nuit blanche un mardi soir... J'ai éteint les lumières ; à mon âge, on ne dors pas la lumière allumée, et puis la panique était passée, les ombres sont redevenues des ombres et la Cornue un monstre de livre pour enfant. J'ai attendu des heures un sommeil qui n'est pas venu, angoissant de nouveau dans l'obscurité, lentement mais surement repris par ma vieille frayeur, mon cœur se figeant à chaque mouvement d'œil. Il est maintenant 6h12 heures du matin, et j'ose à peine respirer. J'entends ses pas qui glissent, lents et presque silencieux. Non c'est stupide ce sont mes draps. De toute façon si quelqu'un était entré je l'aurais entendu... La poignée s'abaisse, la porte s'ouvre ; mon cœur s'arrête et je suffoque, la bouche béante. La Cornue me fixe. Immobile, elle me regarde et me supplicie, et je gémis, j'implore on ne sait qui, qu'elle s'en aille ! Elle fait un pas en avant, et je roule sous ma couverture en pleurant. J'attends de disparaitre ou de m'éveiller, qu'elle parte ou qu'elle me tue ! Mais les pas s'éloignent... je sors la tête en tremblant , et fixe l'encadrement vide de la porte ouverte avec hébétude et soulagement. A travers les volets les rayons du soleils commencent à éclairer la pièce ; j'ai quelques heures de répit...
.
Ce soir j'agrippe mon drap et je glisse dessous jusqu'à la bouche. Je cache ma gorge sous le tissus, les épaules crispées et les yeux grands ouverts, comme un enfant, que je ne devrais plus être. Ce soir je l'ai vue. J'ai vu la Cornue. Elle était derrière moi. Pour moi. Je fuyais sans oser courir, maudissant mes jambes qui ne pouvaient effectuer des pas plus rapides. Son murmure inaudible me léchait la nuque depuis que je l'avais aperçue, en sortant de mon magasin de journaux. J'aurais dû y rester. Plus de client à cette heure ci, mais des néons à la lumière vive et rationnelle qui mettent en sécurité, qui protègent des choses inconnues. Évidement je ne pouvais pas y passer la nuit. C'est une chose qu'on ne fait pas, de rester près des lumières parce qu'on à peur du noir, quand on est adulte. Je suis sorti pour rentrer chez moi. Et elle était dehors. J'ai vu son ombre et ses cornes. Ses cornes immenses, à la forme courbe et torturée. La Cornue. Son visage avide et sa bouche hurlante constamment cachés. Elle m'a suivi jusque chez moi, mais j'ai fermé la porte et allumé la lumière trop vite pour elle, et retrouvé la sécurité relative de mon appartement, le dos plaqué au mur. Enfin j'ai allumé les lumières dans toutes les pièces, et vaqué à mes occupation, patrouillant entre la brosse à dent et la télé. Mais il a bien fallu se coucher, on ne passe pas une nuit blanche un mardi soir... J'ai éteint les lumières ; à mon âge, on ne dors pas la lumière allumée, et puis la panique était passée, les ombres sont redevenues des ombres et la Cornue un monstre de livre pour enfant. J'ai attendu des heures un sommeil qui n'est pas venu, angoissant de nouveau dans l'obscurité, lentement mais surement repris par ma vieille frayeur, mon cœur se figeant à chaque mouvement d'œil. Il est maintenant 6h12 heures du matin, et j'ose à peine respirer. J'entends ses pas qui glissent, lents et presque silencieux. Non c'est stupide ce sont mes draps. De toute façon si quelqu'un était entré je l'aurais entendu... La poignée s'abaisse, la porte s'ouvre ; mon cœur s'arrête et je suffoque, la bouche béante. La Cornue me fixe. Immobile, elle me regarde et me supplicie, et je gémis, j'implore on ne sait qui, qu'elle s'en aille ! Elle fait un pas en avant, et je roule sous ma couverture en pleurant. J'attends de disparaitre ou de m'éveiller, qu'elle parte ou qu'elle me tue ! Mais les pas s'éloignent... je sors la tête en tremblant , et fixe l'encadrement vide de la porte ouverte avec hébétude et soulagement. A travers les volets les rayons du soleils commencent à éclairer la pièce ; j'ai quelques heures de répit...
.
JeanJean- Nombre de messages : 39
Age : 34
Date d'inscription : 01/02/2009
Re: La Cornue
Intéressant, vraiment, j'aime bien ton style qui n'est ni trop lourd, ni trop léger, dans lequel on se laisse emporter. Tu n'as pas non plus chercher à étirer la sauce, ce qui rend la lecture encore plus agréable. Bien que je ne connaisse pas La Cornue, j'ai bien aimé l'ambiance et certaines comparaisons, surtout par rapport aux enfants qui eux peuvent avoir peur du noir, alors que les adultes ne peuvent pas. Voilà, voilà, c'était donc agréable de lire ces quelques lignes et je suis heureux d'être le premier à commenter!
Écriture- Nombre de messages : 35
Age : 29
Localisation : Montréal, Quebec (pays en voie d'indépendance)
Date d'inscription : 29/10/2008
Re: La Cornue
J'ai trouvé à trois reprises la structure on ne [fait] pas :
-C'est une chose qu'on ne fait pas, de rester près des lumières parce qu'on à peur du noir, quand on est adulte.
-on ne passe pas une nuit blanche un mardi soir
-à mon âge, on ne dors pas la lumière allumée
c'est dommage de répéter la même structure à intervalles rapprochés, ; sans compter que le côté moralisateur et généralisateur de ces affirmations m'a agacée.
A part ça, le texte retient l'attnetion oui, on aimerait bien savoir ce qu'il en est de cette Cornue, peut-être envisages-tu une suite ?
-C'est une chose qu'on ne fait pas, de rester près des lumières parce qu'on à peur du noir, quand on est adulte.
-on ne passe pas une nuit blanche un mardi soir
-à mon âge, on ne dors pas la lumière allumée
c'est dommage de répéter la même structure à intervalles rapprochés, ; sans compter que le côté moralisateur et généralisateur de ces affirmations m'a agacée.
A part ça, le texte retient l'attnetion oui, on aimerait bien savoir ce qu'il en est de cette Cornue, peut-être envisages-tu une suite ?
Invité- Invité
Re: La Cornue
Merci de vos commentaire
Pour répondre à vos interrogations, j'ai créé la Cornue pour l'occasion, mais je ne pense pas faire de suite, ça risquerait de donner la même chose.
C'est vrai que la répétition du "on ne fait pas", est en effet assez maladroite maintenant que tu le dit Easter.
Pour répondre à vos interrogations, j'ai créé la Cornue pour l'occasion, mais je ne pense pas faire de suite, ça risquerait de donner la même chose.
C'est vrai que la répétition du "on ne fait pas", est en effet assez maladroite maintenant que tu le dit Easter.
JeanJean- Nombre de messages : 39
Age : 34
Date d'inscription : 01/02/2009
Re: La Cornue
t'as réussi à me foutre la trouille avec ta "cornue", réveillant mes vieilles angoisses d'enfant. C'est dire que ton histoire et son traitement sont efficaces. Peut être quelques petits trucs à régler effectivement, mais continue ( pas forcément ce texte) mais de cultiver cette écriture.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: La Cornue
Un bel exercice consisterait à se débarrasser du "je" .
En l'état, c'est bien, sauf que l'identification ne marche pas à fond, en ce qui me concerne.
En l'état, c'est bien, sauf que l'identification ne marche pas à fond, en ce qui me concerne.
Invité- Invité
Re: La Cornue
Ah oui ! J'aime bien la tonalité "horrifique" de ce court récit. Ça change agréablement et le tout est porté avec un style efficace et sans ambages.
Par certains côtés, ça m'a même rappelé le Horla de Maupassant... on ne sait pas si la bête est réelle (on tomberait alors dans le fantastique) ou si c'est une création de son esprit. J'opterais pour la seconde éventualité personnellement, mais seul l'auteur le sait, non ? ;-)
Par certains côtés, ça m'a même rappelé le Horla de Maupassant... on ne sait pas si la bête est réelle (on tomberait alors dans le fantastique) ou si c'est une création de son esprit. J'opterais pour la seconde éventualité personnellement, mais seul l'auteur le sait, non ? ;-)
Lonely- Nombre de messages : 140
Age : 47
Localisation : Perpilliéraine et montpignanaise.
Date d'inscription : 14/01/2009
Re: La Cornue
Je suis restée un peu en dehors de cette histoire. D'abord à cause du je-je-je qui m'empêche d'y entrer, ensuite parce que tu ne dilues pas assez certaines parties. Je suis consciente qu'il faut densifier et expliquer pour que ça fasse bien peur mais là, ça me semble trop gros, je n'ai pas ressenti grand-chose, désolée.
Peut-être développé autrement, avec une tension plus lente, plus pernicieuse... à voir.
Peut-être développé autrement, avec une tension plus lente, plus pernicieuse... à voir.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La Cornue
Je trouve cela plutôt bien rendu.
Cette terreur impérieuse et impétueuse qui prend ici les traits de la cornue.
Tu as du bol Sahkti de ne l'avoir jamais rencontrée
Cette terreur impérieuse et impétueuse qui prend ici les traits de la cornue.
Tu as du bol Sahkti de ne l'avoir jamais rencontrée
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
La Cornue
Ecriture efficace. On ne peut que penser aux dérèglements psychiques (phobies, obsessions) qui peuvent gâcher la vie de certaines personnes. Le "je" ne me choque pas. Il donne plus de crédibilité à la terreur qui là ressemble plus à du vécu qu'à de la fiction. Continues à écrire. Ce début est prometteur. Bravo et merci.
Invité- Invité
Re: La Cornue
J'ai trouvé que c'était bien écrit, mais ni le rythme rapide, ni la forme en gros paragraphe ne sont parvenus à m'inquiéter, ni même à vraiment m'impliquer dans le texte... peut-être pas assez de place laissée à l'imagination du lecteur (de pause, d'hésitations, de non-dits...). Du moins est-ce mon ressentit.
Je rejoins donc les remarques de Sahkti.
A te lire bientôt !
Je rejoins donc les remarques de Sahkti.
A te lire bientôt !
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 35
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: La Cornue
itou !!Loreena Ruin a écrit:Je rejoins donc les remarques de Sahkti.
Mais laisser un commentaire veut dire qu'on aime !!
Manu(manisa06)- Nombre de messages : 1928
Age : 54
Localisation : Côte d'usure
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: La Cornue
Mais laisser un commentaire veut dire qu'on aime !!
Nouveau concept ! Je savais pas... Au contraire il m'arrive de commenter pour dire que c'est nul ! niark niark niark ! Mais tu y as échappé... quelle chance !
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 35
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: La Cornue
Oui je me suis mal exprimé , désolé.Loreena Ruin a écrit:Nouveau concept ! Je savais pas... Au contraire il m'arrive de commenter pour dire que c'est nul ! niark niark niark ! Mais tu y as échappé... quelle chance !Mais laisser un commentaire veut dire qu'on aime !!
Laisser un commentaire veut dire que ça nous a interpellé .
- Spoiler:
- Et niark toi-même ! ; )
Manu(manisa06)- Nombre de messages : 1928
Age : 54
Localisation : Côte d'usure
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: La Cornue
pour moi, ne touche à rien. C'est bien fait, bref et assez explicite pour justement laisser place à l'imagination du lecteur. Poe écrivait beaucoup en "je" et il ferait beau qu'on vienne critiquer ses nouvelles ! Je comprends les lecteurs qui se complaisent dans quarante pages de description d'une cuillère à café reposant sur une soucoupe, il m'est arrivé de bosser avec certain d'entre-eux mais je ne fais pas partie de cette famille !
Ton style est concis et fait mouche. J'aime !
Ton style est concis et fait mouche. J'aime !
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|