Ceci n'est pas mon sang

Ici, je croyais bien être revenu à l’endroit même de ma naissance.
Parfois, avec le vent rentré tout entier dans le tronc des arbres, il me semblait entendre la voix d’un être cher.
C’était comme si des générations entières d’hommes portant mon nom me rappelaient avec eux a la terre.
Assis sur une pierre je me partageais entre le ciel et les paysages tourmentés.
Je portais avec moi le froid et le peu d’oxygène qui nourrissent les forets d’ici.
J’étais un flocon de neige. Et ma vie aurait du s’arrêter là, sur un caillou, avec le premier degré Celsius.
Seulement voilà, les convictions fausses s’apparentent aux métaux lourds,
et comme le plomb ou le mercure elles rongent ce qu’il reste de pur dans la vérité.
Non, je n’étais pas d’ici. J’étais de nulle part, étranger à moi-même.

La première respiration fut une toux, un monde grouillant de choses métalliques
Plié tout entier dans le petit poumon d’un orphelin en train de naître.
Juste un bébé, les deux mains tendues vers le ciel.

La terre natale est un gros sein, et le lait pour les hommes a la texture du vent
le vent marin
Celui qui rempli l’horizon de voiles blanches
Et les pores des couleurs de l’Afrique.
Soudain je sentais battre contre mes cotes l’eau d’une mer.
Une mer
Parce qu’elle ignore les races, parce qu’elle mélange dans l’écume tous les hommes qui ont une chanson sur la langue.

Inlassablement mon visage dans les miroirs me parlait de l’Europe et du Caucase, de tous les peuples barbares piétinant mon ADN.
Et je regardais cette couleur rose, étendue sur toute ma peau, restreignant naïvement mes origines à un seul hémisphère.

De l’autre coté des vagues j’irais toucher la terre

Juste pour savoir qui je suis…

Pour moi c'est presque de la poèsie... magnifique, tout simplement.

Merci pour ce moment de sensations et de questionnement.

Ruin.

C'est très bon, ça sort du bide,

Juste un bébé, les deux mains tendues vers le ciel.

J'aime cette colère qui fait avancer.

Beaucoup d'allure, oui ! Un texte envoûtant.

Je retiens notamment :
"La terre natale est un gros sein, et le lait pour les hommes a la texture du vent"

Un beau texte poétique, expressif d'une douleur, une recherche d'identité. Richesse des images et de l'écriture. Ah oui, c'est beau.

Je vais répéter " un beau texte ", mais je n'ai que ça à dire.

Non, je n’étais pas d’ici. J’étais de nulle part, étranger à moi-même.

C'est très bon -
ça voyage au grand vent en toute liberté comme en interne dans les vaisseaux sanguins.

j'ai lu juste pour savoir qui naissait.
J'aime.

Je partage les fleurs ici distribuées et vais faire remonter un peu ce texte. Mais ce beau consensus pour ce texte me permet d'autant d'apporter quelques questions, tout étant perfectible.
Tout d'abord je n'adhère pas à cette phrase : "Le vent rentre tout entier dans les arbres". Je la comprends, bien sûr mais la trouve un peu lourde. Le verbe "rentrer" n'est peut-être pas le bon et surtout y ajouter le "tout entier" est -pour moi- un peu "trop". Pour le verbe je suggère "s'enfonce" ou "pénètre", "plonge" ou tout simplement "s'infiltre"...bon, je ne suis pas meilleur !
2ème remarque: je me suis d'abord situé à la montagne: "le peu d'oxygène", le "flocon de neige" et j'ai donc eu un (tout) petit peu de mal à revenir au bord de la mer.
Enfin je n'ai pas adhéré au "bébé les mains tendues vers le ciel" . Il est surdoué pour faire cela. Oui je sais que c'est un symbole. Mais pourquoi ne pas remplacer ce geste par un cri (qui lui est réel) pour lui donner la même signification.
Bon, tout ça est affaire de perception personnelle et la preuve en est que d'autres ont au contraire relevé cette phrase positivement !
Alors je reviens à l'essentiel. Un beau texte.

Lu il y a qq jours.
Relu. OUI, oui et oui.
Toujours.

Il y a quelques images très poétiques, mais je les trouve assemblées de manière peu harmonieuse, comme si ces idées venaient par à coups et qu'elles étaient disposées sans trop savoir où aller. Beaucoup de pistes différentes également, qui ajoutent à ce côté hétéroclite; non pas que ce soit confus, mais ça m'a paru par moments brouillon et c'est dommage, car il y a des éléments que j'aime dans ce texte comme les voiles blanches et les couleurs de l'Afrique.

Je n'ai pas trop aimé, peut-être un petit goût de trop entendu, attendu, au niveau du fond, et la forme ne m'a pas transportée. Mais quelques belles images !

"Seulement voilà, les convictions fausses s’apparentent aux métaux lourds,
et comme le plomb ou le mercure elles rongent ce qu’il reste de pur dans la vérité."

Très jolis vers, j'adore ton étude métaphorique des matériaux.

De vraies belles images, certaines phrases sont inoubliables, mais avec cette fois un sentiment d'étrangeté, du décousu...
Je ne te jette pas la pierre...
parce que pour rester tout au long du texte au niveau de ça :
"La terre natale est un gros sein, et le lait pour les hommes a la texture du vent"
ou ça
"Parce qu’elle ignore les races, parce qu’elle mélange dans l’écume tous les hommes qui ont une chanson sur la langue."

Il faut s'accrocher !