Ne m'attends pas

Une grâce nocturne flotte sur les boulevards.
Accoudé sur ce pont je scrute l’onde noire comme un Soulage liquide, écoutant le doux clapotis de l’eau sur le flanc des péniches.
Le vent a fui aux confins de la ville, emportant les bruits d’une fête foraine.
Par intermittence, les faisceaux des phares balayent les façades endormies qui se dressent dans mon dos, fantômes de pierre chargés de nos secrets et de nos frôlements dérisoires.
Hier soir, ils ont annoncé la mort de Soljénitsyne, comme un fait divers banal, une russitude exotique. J’ai relu une dernière fois « une journée d’Ivan Denissovitch », en apnée mémorielle, comme un vestige de l’ancien monde.
Il y a déjà longtemps que leurs prêcheurs cathodiques nous servent de morale.
La globalisation a englouti l’étrange bigarrure de nos cultures primitives.
Sans doute à cet instant, tous ces corps suppliciés au nom de la raison d’état, ces serments échangés pour attendre le jour…….et ta main si belle qui m’écrit une lettre.
Je serai déjà loin quand elle arrivera, arpentant des chemins de rêves prémonitoires.
Je n’attends personne, je suis libre.
Dans ce fleuve indolent, mes papiers qui dérivent vers des mers improbables.

Une grâce nocturne flotte sur les boulevards.

Et l'ambiance est posée!
C'est un bon texte, quelque peu désabusé mais pas tant que ça.
j'aime bien

Et Soulages donne le ton.
Comme d'habitude Mitsouko, toute une histoire, une existence en quelques lignes...
Des comptes qui se règlent, des décisions qui se prennent, des illusions qui se perdent, des regrets, un constat ... et en sourdine une musique résignée. J'ai aimé, comme d'habitude aussi.

Atmosphère, le songe d'une " nuit d'été " comme à chaque fois que se retourne l'ombre sur elle-même.
Belle ouvrage.

Qu'est-ce que c'est "Soulage" ?

J'aime beaucoup, aux confins de la prose et de la poésie, un texte riche où j'ai eu beaucoup d'images en le lisant.

Pierre Soulages (avec un "s" à la fin, merci Easter d'avoir rectifié cette faute dans ton commentaire) est un peintre français qui toute savie a peintdes toiles noires envoûtantes, en fonction de l'éclairage, le noir se pare de couleurs différentes

merci pour vos com

Un beau texte, chargé d'amertume et de désillusion mais aussi d'espoir. Cette prose poétique te réussit bien Mitsouko, tu lui insuffles beaucoup de force et d'humanité, avec de belles références artistiques.

mitsouko a écrit:Pierre Soulages (avec un "s" à la fin, merci Easter d'avoir rectifié cette faute dans ton commentaire) est un peintre français qui toute savie a peintdes toiles noires envoûtantes, en fonction de l'éclairage, le noir se pare de couleurs différentes

merci pour vos com

pour avoir une petite idée :

http://images.google.fr/images?sourceid=navclient&hl=fr&rlz=1T4HPEB_frFR236FR236&q=pierre+soulages&um=1&ie=UTF-8&ei=gZL1SdXpHJi6jAf15cnDDA&sa=X&oi=image_result_group&resnum=1&ct=title

J'aime ce qui est dit et comment tu l'amènes, comme la dit Sahkti c'est amère.

Ce ton que tu emploies, envoutant et noir.

Je vais te lire plus!

La globalisation a englouti l’étrange bigarrure de nos cultures primitives.

apprécié le texte. Je m'oppose un peu au propos que j'ai cité. J'aurais été d'accord avec :
La globalisation a englouti l’étrange bigarrure de nos cultures originelles.
Les cultures primitives sont surtout bigarrées de connerie clanique.