Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
5 participants
Page 1 sur 1
Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
Chapitre 14 - Une affaire rondement menée
- Félicitations, Gulliver ! Je dois reconnaître que je n'y croyais pas.
Le procureur Sylvain avait marmonné. Gulliver eut d'ailleurs l'impression qu'il avait mélangée les syllabes «...cilitation.... Guviller... ». À vrai dire, lui non plus n'y avait pas cru.
- C ‘est mon subordonné, l’agent Landrin, qui a trouvé la solution.
Gulliver avait ce mérite de reconnaître celui des autres. En cette fin de carrière dans un commissariat de province, il n'attendait plus grand-chose, ayant renoncé aux sirènes de l'ambition.
- Qui est ce Landrin ?
Monsieur Sylvain s'aperçut soudain qu'il n'avait pas de fiche sur Landrin. Dès le départ de Gulliver, il réparerait cette omission.
- Un jeune policier qui promet beaucoup...
- Espérons qu'il tiendra ses promesses ! coupa le procureur.
- Pour l'instant, je me charge personnellement de sa formation, précisa Gulliver qui s'était soudain découvert un sentiment paternel pour le prometteur Landrin.
- Me voilà rassuré.
Gulliver hésita quant à l'interprétation qu'il devait donner à cette réplique. Il savait le procureur Sylvain avare de compliments, mais il préféra entendre l'observation de la bonne oreille.
- Dites moi, monsieur le commissaire...
La politesse que lui consentait le procureur le confirma dans son opinion.
- Dites-moi, pour quel motif ce Bellemare a-t-il exécuté madame Schaefer finalement ?
- Je me le suis demandé moi aussi et, voyez-vous, c'est encore Landrin qui a trouvé la réponse.
- Alors ?
- Eh bien, nous avons pu apprendre par l'un des informateurs de Landrin qu'en réalité madame Schaefer n'était pas totalement étrangère aux aventures d'Hubert Galichon et de la petite Bellemare. En fait, cette chère madame Schaefer avait ses petits secrets. Elle arrondissait ses fins de mois, non seulement en faisant des ménages, mais en mettant pour une somme modeste une chambre à la disposition des jeunes tourtereaux lorsqu'ils avaient besoin d'un peu d'intimité. Disons que c'était sa petite touche romantique.
- Bien sûr, tout cela non déclaré, remarqua le procureur qui dans une autre vie avait dû être inspecteur des finances.
- On l'imagine aisément. Alors, quand Bellemare a appris que sa fille était enceinte, probablement grâce ou à cause des facilités offertes par madame Schaefer et comme il avait raté Hubert Galichon, sa colère s'est finalement reportée sur... disons... l'entremetteuse.
- Et comment Bellemare a-t-il appris cela ?
- Oh, monsieur le procureur, ce n'est pas à vous que j'apprendrai qu'à Belmont tout finit par se savoir.
- Cependant, Gulliver, il y a quelque chose que je ne parviens pas à comprendre. Alors que Bellemare a reconnu sans trop de difficultés sa tentative contre le jeune Galichon, il persiste à nier le meurtre de madame Schaefer. Comment expliquez-vous cela ?
- La psychologie, monsieur le procureur, toujours la psychologie ! L'agression contre Hubert Galichon, ça le valorise en quelque sorte, c'est pour une noble cause, l'honneur de sa fille. Alors que l'assassinat de cette pauvre femme, ça fait plutôt racaille.
- Admettons ! il n'empêche, je préférerais des aveux, ça serait plus propre...
- Ah ça, monsieur le procureur, ce n'est plus mon affaire mais celle de monsieur le juge d'instruction. D'ailleurs, si je ne m'abuse, c'est bien aujourd'hui qu'il doit lui être présenté pour se voir notifier sa mise en examen pour le meurtre de madame Schaefer.
- Vous voulez dire l'assassinat, Gulliver, l'assassinat !
On notait dans la rectification apportée par monsieur Sylvain une délectation naissante. Déjà il pensait à son réquisitoire aux assises. Il soutiendrait sans peine la thèse de l'assassinat et cela lui donnerait l'opportunité de développer devant les jurés effrayés sa fameuse théorie du tueur né qui s'ignore. Nombre d'hommes sont des meurtriers potentiels jusqu'au jour où sous la convergence d'une pulsion et d'une circonstance le monstre endormi se réveille. Les citoyens les plus ordinaires peuvent porter sans le savoir ce germe qui les fera tôt ou tard sombrer dans le crime. A n'en pas douter, Bellemare était de ceux-là et non des moindres si l'on considérait l'implacable détermination avec laquelle il avait pourfendu sa victime. Cette froideur qui révélait en lui une sacrée dose d'inhumanité lui vaudrait à coup sûr le maximum. Et requérir le maximum était pour monsieur Sylvain qui avait une conception athlétique des assises une performance dont il se réjouissait à l'avance.
Lorsque Gulliver sortit du palais de justice, l'après-midi était déjà avancé. Sous le soleil généreux de l'été, la petite ville semblait avoir retrouvé sa sérénité. Cependant, face au tribunal, la terrasse du café de l'hôtel de ville débordait de tables et de chaises encombrées de Belmontais spécialement venus pour l'arrivée de Bellemare. L'information avait percé qu'il serait aujourd'hui présenté au juge d'instruction. Sur le trottoir longeant le palais, prêts à dégainer, une escouade de journalistes appareil en main se préparait à immortaliser l'événement, donnant ainsi aux spectateurs la certitude qu'ils allaient vivre l'un des moments les plus intenses de l’été. La preuve en était d'ailleurs donnée par la présence des caméras de la télévision régionale. Devant tous ces gens assemblés, verre en main, installés comme au théâtre, Gulliver se sentit las. Décidément, sa sieste lui manquait. Il n'avait jamais vraiment éprouvé de sympathie pour Bellemare. À vrai dire, depuis qu'il était à Belmont il s'était toujours abstenu d'avoir de la sympathie pour quiconque. Mais la funeste célébrité dont le mari de la concierge allait être affublé l'attristait. Après tout, dans le bureau, l'autre jour, avec la complicité de Landrin, ne s'était-il pas un peu pris au jeu. Huit heures de garde à vue, cela crée un lien. En outre, faire avouer un homme fait de vous une sorte de confesseur, surtout lorsque cet homme craque parce que vous lui inspirez confiance. Et Bellemare s'était abandonné à la confidence parce qu'il lui avait parlé non seulement d'homme à homme, mais de père à père. Oh, il lui avait un peu menti. Il n'avait pas de fille ! Mais il aurait bien voulu en avoir une et si tel avait été le cas, il aurait probablement eut envie de la protéger... comme Bellemare. Souvent le crime est dérivé des bonnes intentions. Encore que l'assassinat de madame Schaefer lui paraissait déraisonnable. Il relevait de l'excès. Au fond, il y avait un côté perfectionniste chez Bellemare. Tout à coup, un murmure parcourut les badauds attablés . Certains n'hésitèrent pas à se lever. Les journalistes se mirent à courir, l’œil au viseur. Le fourgon bleu profond de la gendarmerie venait d'accoster à proximité de l'entrée du palais. À l'intérieur, encadré de deux képis, la haute silhouette qui demain ferait la une. Prestement, les gendarmes ripèrent de leur véhicule, firent glisser la porte latérale pour réceptionner Bellemare, menottes dans le dos. Dans le coin d'ombre où se trouvait l'entrée du tribunal, pendant cinq secondes crépita le blanc soleil des flashes jusqu'à ce que le groupe de gendarmes qui encadrait Bellemare s'engouffre dans le couloir. A cet instant, il avait pu distinguer le regard affolé de l'homme qui semblait chercher quelqu'un. Déjà, le spectacle était terminé. Le cameraman remisait sa caméra, les photographes regagnaient leur véhicule et les buveurs réclamaient l'addition. Gulliver allait prendre le chemin du commissariat lorsque surgit Ésope Galendon.
- Bonjour, monsieur le commissaire, sacrée belle journée !
Gulliver n'appréciait pas trop les manières de Galendon. D'évidence, il ne l'abordait pas pour parler du temps, mais il joua le jeu.
- Oui, l'été commence sur les chapeaux de roues, on dirait.
- Dites donc, rudement bien menée cette enquête ! Beau boulot !
- Nous avons fait notre travail, c'est tout.
Ésope se rapprocha d'un pas, comme s'il recherchait la discrétion.
- Vous y croyez vraiment, vous, à la culpabilité de Bellemare ?
- Monsieur Galendon, une enquête de police ne procède pas par croyance. Ce temps-là est révolu. Lorsque nous arrêtons quelqu'un, c'est que nous avons des éléments sérieux.
- Non, je disais ça... comme ça... Parce que moi, j'ai du mal à me faire à l'idée que Bellemare ait liquidé madame Schaefer. Pour le jeune Galichon, je ne dis pas, mais pour madame Schaefer...
- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
- Simple impression et puis peut-être aussi parce que cette histoire d'épée et de cordon, ça ne correspond pas vraiment au personnage. Et puis...
- Et puis quoi ?
- Non rien.
- Dites quand même, on ne sait jamais.
- C'est-à-dire que... C'est un peu délicat.
- Monsieur Galendon, si vous savez quelque chose d'important pour la manifestation de la vérité, il est de votre devoir de parler, fit péremptoirement observer Gulliver que les tergiversations de Galendon commençaient à agacer.
- Eh bien voilà, je sais où était Bellemare la nuit du crime.
Gulliver fronça les sourcils. Assurément, ou bien Galendon se moquait de lui et ce n'était pas vraiment son genre, ou bien il détenait une information d'importance.
- Monsieur Galendon, en voilà assez ! Si vous avez connaissance d'un élément de nature à innocenter cet homme, je vous mets en demeure de le révéler au policier que je suis.
- Et moi, je suis journaliste, monsieur le commissaire, journaliste ! Et vous n'ignorez pas qu'un journaliste a le droit au secret de ses sources. Au revoir, monsieur le commissaire.
- Félicitations, Gulliver ! Je dois reconnaître que je n'y croyais pas.
Le procureur Sylvain avait marmonné. Gulliver eut d'ailleurs l'impression qu'il avait mélangée les syllabes «...cilitation.... Guviller... ». À vrai dire, lui non plus n'y avait pas cru.
- C ‘est mon subordonné, l’agent Landrin, qui a trouvé la solution.
Gulliver avait ce mérite de reconnaître celui des autres. En cette fin de carrière dans un commissariat de province, il n'attendait plus grand-chose, ayant renoncé aux sirènes de l'ambition.
- Qui est ce Landrin ?
Monsieur Sylvain s'aperçut soudain qu'il n'avait pas de fiche sur Landrin. Dès le départ de Gulliver, il réparerait cette omission.
- Un jeune policier qui promet beaucoup...
- Espérons qu'il tiendra ses promesses ! coupa le procureur.
- Pour l'instant, je me charge personnellement de sa formation, précisa Gulliver qui s'était soudain découvert un sentiment paternel pour le prometteur Landrin.
- Me voilà rassuré.
Gulliver hésita quant à l'interprétation qu'il devait donner à cette réplique. Il savait le procureur Sylvain avare de compliments, mais il préféra entendre l'observation de la bonne oreille.
- Dites moi, monsieur le commissaire...
La politesse que lui consentait le procureur le confirma dans son opinion.
- Dites-moi, pour quel motif ce Bellemare a-t-il exécuté madame Schaefer finalement ?
- Je me le suis demandé moi aussi et, voyez-vous, c'est encore Landrin qui a trouvé la réponse.
- Alors ?
- Eh bien, nous avons pu apprendre par l'un des informateurs de Landrin qu'en réalité madame Schaefer n'était pas totalement étrangère aux aventures d'Hubert Galichon et de la petite Bellemare. En fait, cette chère madame Schaefer avait ses petits secrets. Elle arrondissait ses fins de mois, non seulement en faisant des ménages, mais en mettant pour une somme modeste une chambre à la disposition des jeunes tourtereaux lorsqu'ils avaient besoin d'un peu d'intimité. Disons que c'était sa petite touche romantique.
- Bien sûr, tout cela non déclaré, remarqua le procureur qui dans une autre vie avait dû être inspecteur des finances.
- On l'imagine aisément. Alors, quand Bellemare a appris que sa fille était enceinte, probablement grâce ou à cause des facilités offertes par madame Schaefer et comme il avait raté Hubert Galichon, sa colère s'est finalement reportée sur... disons... l'entremetteuse.
- Et comment Bellemare a-t-il appris cela ?
- Oh, monsieur le procureur, ce n'est pas à vous que j'apprendrai qu'à Belmont tout finit par se savoir.
- Cependant, Gulliver, il y a quelque chose que je ne parviens pas à comprendre. Alors que Bellemare a reconnu sans trop de difficultés sa tentative contre le jeune Galichon, il persiste à nier le meurtre de madame Schaefer. Comment expliquez-vous cela ?
- La psychologie, monsieur le procureur, toujours la psychologie ! L'agression contre Hubert Galichon, ça le valorise en quelque sorte, c'est pour une noble cause, l'honneur de sa fille. Alors que l'assassinat de cette pauvre femme, ça fait plutôt racaille.
- Admettons ! il n'empêche, je préférerais des aveux, ça serait plus propre...
- Ah ça, monsieur le procureur, ce n'est plus mon affaire mais celle de monsieur le juge d'instruction. D'ailleurs, si je ne m'abuse, c'est bien aujourd'hui qu'il doit lui être présenté pour se voir notifier sa mise en examen pour le meurtre de madame Schaefer.
- Vous voulez dire l'assassinat, Gulliver, l'assassinat !
On notait dans la rectification apportée par monsieur Sylvain une délectation naissante. Déjà il pensait à son réquisitoire aux assises. Il soutiendrait sans peine la thèse de l'assassinat et cela lui donnerait l'opportunité de développer devant les jurés effrayés sa fameuse théorie du tueur né qui s'ignore. Nombre d'hommes sont des meurtriers potentiels jusqu'au jour où sous la convergence d'une pulsion et d'une circonstance le monstre endormi se réveille. Les citoyens les plus ordinaires peuvent porter sans le savoir ce germe qui les fera tôt ou tard sombrer dans le crime. A n'en pas douter, Bellemare était de ceux-là et non des moindres si l'on considérait l'implacable détermination avec laquelle il avait pourfendu sa victime. Cette froideur qui révélait en lui une sacrée dose d'inhumanité lui vaudrait à coup sûr le maximum. Et requérir le maximum était pour monsieur Sylvain qui avait une conception athlétique des assises une performance dont il se réjouissait à l'avance.
Lorsque Gulliver sortit du palais de justice, l'après-midi était déjà avancé. Sous le soleil généreux de l'été, la petite ville semblait avoir retrouvé sa sérénité. Cependant, face au tribunal, la terrasse du café de l'hôtel de ville débordait de tables et de chaises encombrées de Belmontais spécialement venus pour l'arrivée de Bellemare. L'information avait percé qu'il serait aujourd'hui présenté au juge d'instruction. Sur le trottoir longeant le palais, prêts à dégainer, une escouade de journalistes appareil en main se préparait à immortaliser l'événement, donnant ainsi aux spectateurs la certitude qu'ils allaient vivre l'un des moments les plus intenses de l’été. La preuve en était d'ailleurs donnée par la présence des caméras de la télévision régionale. Devant tous ces gens assemblés, verre en main, installés comme au théâtre, Gulliver se sentit las. Décidément, sa sieste lui manquait. Il n'avait jamais vraiment éprouvé de sympathie pour Bellemare. À vrai dire, depuis qu'il était à Belmont il s'était toujours abstenu d'avoir de la sympathie pour quiconque. Mais la funeste célébrité dont le mari de la concierge allait être affublé l'attristait. Après tout, dans le bureau, l'autre jour, avec la complicité de Landrin, ne s'était-il pas un peu pris au jeu. Huit heures de garde à vue, cela crée un lien. En outre, faire avouer un homme fait de vous une sorte de confesseur, surtout lorsque cet homme craque parce que vous lui inspirez confiance. Et Bellemare s'était abandonné à la confidence parce qu'il lui avait parlé non seulement d'homme à homme, mais de père à père. Oh, il lui avait un peu menti. Il n'avait pas de fille ! Mais il aurait bien voulu en avoir une et si tel avait été le cas, il aurait probablement eut envie de la protéger... comme Bellemare. Souvent le crime est dérivé des bonnes intentions. Encore que l'assassinat de madame Schaefer lui paraissait déraisonnable. Il relevait de l'excès. Au fond, il y avait un côté perfectionniste chez Bellemare. Tout à coup, un murmure parcourut les badauds attablés . Certains n'hésitèrent pas à se lever. Les journalistes se mirent à courir, l’œil au viseur. Le fourgon bleu profond de la gendarmerie venait d'accoster à proximité de l'entrée du palais. À l'intérieur, encadré de deux képis, la haute silhouette qui demain ferait la une. Prestement, les gendarmes ripèrent de leur véhicule, firent glisser la porte latérale pour réceptionner Bellemare, menottes dans le dos. Dans le coin d'ombre où se trouvait l'entrée du tribunal, pendant cinq secondes crépita le blanc soleil des flashes jusqu'à ce que le groupe de gendarmes qui encadrait Bellemare s'engouffre dans le couloir. A cet instant, il avait pu distinguer le regard affolé de l'homme qui semblait chercher quelqu'un. Déjà, le spectacle était terminé. Le cameraman remisait sa caméra, les photographes regagnaient leur véhicule et les buveurs réclamaient l'addition. Gulliver allait prendre le chemin du commissariat lorsque surgit Ésope Galendon.
- Bonjour, monsieur le commissaire, sacrée belle journée !
Gulliver n'appréciait pas trop les manières de Galendon. D'évidence, il ne l'abordait pas pour parler du temps, mais il joua le jeu.
- Oui, l'été commence sur les chapeaux de roues, on dirait.
- Dites donc, rudement bien menée cette enquête ! Beau boulot !
- Nous avons fait notre travail, c'est tout.
Ésope se rapprocha d'un pas, comme s'il recherchait la discrétion.
- Vous y croyez vraiment, vous, à la culpabilité de Bellemare ?
- Monsieur Galendon, une enquête de police ne procède pas par croyance. Ce temps-là est révolu. Lorsque nous arrêtons quelqu'un, c'est que nous avons des éléments sérieux.
- Non, je disais ça... comme ça... Parce que moi, j'ai du mal à me faire à l'idée que Bellemare ait liquidé madame Schaefer. Pour le jeune Galichon, je ne dis pas, mais pour madame Schaefer...
- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
- Simple impression et puis peut-être aussi parce que cette histoire d'épée et de cordon, ça ne correspond pas vraiment au personnage. Et puis...
- Et puis quoi ?
- Non rien.
- Dites quand même, on ne sait jamais.
- C'est-à-dire que... C'est un peu délicat.
- Monsieur Galendon, si vous savez quelque chose d'important pour la manifestation de la vérité, il est de votre devoir de parler, fit péremptoirement observer Gulliver que les tergiversations de Galendon commençaient à agacer.
- Eh bien voilà, je sais où était Bellemare la nuit du crime.
Gulliver fronça les sourcils. Assurément, ou bien Galendon se moquait de lui et ce n'était pas vraiment son genre, ou bien il détenait une information d'importance.
- Monsieur Galendon, en voilà assez ! Si vous avez connaissance d'un élément de nature à innocenter cet homme, je vous mets en demeure de le révéler au policier que je suis.
- Et moi, je suis journaliste, monsieur le commissaire, journaliste ! Et vous n'ignorez pas qu'un journaliste a le droit au secret de ses sources. Au revoir, monsieur le commissaire.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
Chapitre 15 – La science à l’épreuve des saints
Le plus dur fut de convaincre madame Galichon.
- Non, non et non ! On n'hynoptisera pas mon fils !
- Mais, madame...
Sheppard qui pourtant tenait l'hypnose en piètre estime, avait dû s'en faire l'avocat. Le voici qui se trouvait dans cette situation où ayant convoqué au chevet de son jeune patient son ami Dulouard et avec lui toute une science que le monde entier vénérait, il allait échouer du fait de l’ignorance obstinée d'une femme superstitieuse. Dulouard ne l'aidait pas beaucoup. Il était là, distant qui regardait par la fenêtre ; et lui s'escrimait à persuader la mère d'Hubert de la nécessité de pratiques où elle ne voyait que sorcellerie.
- Mais, madame, le professeur Dulouard est un scientifique du plus haut niveau et s'il considère que seule une transe hypnotique est susceptible d'aider votre fils, vous devez lui faire confiance.
Le mot transe n’était pas le bon. Madame Galichon esquissa un mouvement de recul. Elle lorgna vers le soi-disant professeur qui tout à coup revêtit des allures de marabout. Or, la religion de madame Galichon était exclusive de tout autre rituel que celui de la sainte église catholique. Et si elle priait saint Antoine lorsqu'elle avait perdu quelque chose, suppliait sainte Blandine dès que sa vue baissait, recommandait son mari à saint Christophe lorsqu’il partait en voyage et mettait un cierge à saint Benoît pour l'encourager à guérir Hubert, ses héros avaient l'avantage de figurer sur l’inventaire officiel du Saint Esprit. Sa confiance déjà limitée en la science venait d’être ruinée par l'extravagance d’un projet que monsieur l'abbé Tissier aurait qualifié de satanique. Sheppard était à court d'arguments; il allait renoncer lorsque, Dulouard prit la parole.
- Je comprends parfaitement madame Galichon. Serais-je à sa place que j'agirais de même. Madame Galichon est une mère responsable et aimante. Et c'est là toute sa noblesse. Protéger son fils, voilà ce que toute mère digne de ce nom doit faire.
Puis, se tournant vers elle, il ajouta :
- Je vous félicite, chère madame. J'aurais aimé que ma mère agisse de la sorte. Hubert aurait été fier d'avoir une mère comme vous.
A pas mesurés, il se dirigea vers la chaise où l'attendait sa serviette qu'il empoigna d'un geste théâtral.
- Mon ami, l'heure est donc venue de quitter cette honorable maison. Au revoir, chère madame.
- Attendez ! cria l'estimable mère au moment où Dulouard posait la main sur la poignée.
- Attendez ! Pourquoi avez-vous dit « Hubert aurait été fier d'avoir une mère comme moi »
- Moi, j'ai dit qu'Hubert aurait été fier d'avoir une mère comme vous ?
- J’ai parfaitement entendu, vous avez dit ça !
- C'est bien possible.
- Mais qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
La voix de madame Galichon trahissait une forte émotion.
- Simplement, chère madame, que je respecte votre décision : vouloir que votre fils termine son existence dans l'état où il se trouve, sans jamais pouvoir de nouveau serrer sa mère dans ses bras témoigne d’une grande abnégation.
Cette funeste évocation fit monter les larmes aux yeux de la femme.
- Vous voulez dire qu'il va toujours rester comme ça !
- Je le crains, malheureusement, sauf si vous nous autorisiez à le libérer de son contenu traumatique. Mais encore une fois, je respecte et comprends votre choix.
Elle fondit en larmes. Dulouard lui avait démontré les conséquences de son refus, allant jusqu’à la faire douter de l'efficacité de ses prières. Malgré une orgie de cierges à saint Benoît, l'état d'Hubert ne s'était pas amélioré. Il n’avait même fait qu’empirer.
- Très bien, se résigna-t-elle, faites donc ce qu'il faut, moi, je ne sais plus.
Dans la chambre qui résonnait du bourdonnement têtu d'une mouche, Hubert dans la position du gisant scrutait le plafond les yeux écarquillés.
Un nouveau jour était passé depuis la dernière visite des deux médecins. Dulouard avait décidé de rester au grand bonheur de son ami. La soirée s'était prolongée autour de vieux alcools qui avait eu l'avantage de révéler à l'insatiable voyageur l'un des privilèges secrets du médecin de campagne. Ces honoraires en nature que parfois lui remettaient ses patients, souvent de vénérables calvados jalousement conservés depuis des générations, donnaient à Sheppard l'illusion d'un enracinement. Il aimait cette forme de reconnaissance spontanée qui se mâtinait d'un soupçon de complicité lorsqu'un cultivateur lui confiait, enveloppée dans du papier journal, la bouteille ambrée du précieux breuvage. En général, cela s'accomplissait sans parole, d'un geste dérobé. Il en avait ainsi toute une collection qu'il ne sortait que dans les grandes occasions. Et ce soir-là en offrait une. Dulouard s'était abandonné à une dégustation éclectique. Son naturel enjoué l'avait entraîné à quelques paillardes confidences. Sheppard avait retrouvé pour quelques heures son copain de fac et ils avaient oublié l'hypnose, l'ibogaïne et tant d’autres choses. Lorsque, vers deux heures du matin, ils ragagnèrent leurs chambres, le duo formé par le professeur et le docteur aurait probablement inspiré à madame Galichon une cascade de signes de croix.
Le lendemain matin, dans la voiture qui les ramenait chez les Galichon, Dulouard avait enfin révélé à son ami les secrets de l'ibogaïne.
- C'est une molécule issue d'une plante tropicale, l'éboga, que l'on emploie pour rompre le processus addictif aux diverses drogues, mais qui a également la particularité de faciliter l'état de transe. Elle favorise également la réminiscence. On l'utilise dans certaines cures de psychothérapie afin de réduire les résistances. Le sujet parvient alors à revivre ses souvenirs traumatiques que dans un état normal de conscience il ne parviendrait pas à faire émerger.
- Une espèce de sérum de vérité en quelque sorte.
- On peut voir ça comme ça. Cela permet d'abolir la cloison entre conscience et inconscient. Nous allons donc inoculer à ton patient une petite dose d'ibogaïne et le plonger ainsi dans un état qui préparera la transe hypnotique.
- Et comment vas-tu te procurer ce truc ?
- Bonne question ! Te surprendrais-je en te disant que j'avais prévu le coup ? Lorsque tu m'as expliqué ton histoire au téléphone, j'ai tout de suite imaginé que l'ibogaïne pourrait nous être utile. Et comme je participe actuellement à une commission d'étude psychiatrique sur les effets de l'ibogaïne, j'ai pensé que le cas que tu me présentais offrait un champ d'expérience particulièrement intéressant.
- Et les effets secondaires, tu as pensé aux effets secondaires ?
- Si je puis me permettre, c'est plutôt l'état primaire dans lequel se trouve ton patient qui serait de nature à m'inquiéter. Quant aux effets secondaires si cela peut te rassurer, on n'en connaît aucun.... pour l'instant. Chez certaines peuplades africaines, lors des rites initiatiques la consommation d'éboga dépasse toutes les concentrations imaginables. Et à part des effets de transe prolongée, on n'a jamais rien noté de particulièrement néfaste.
Lorsque la porte fut refermée, la mouche évacuée, la chambre éclairée d'une seule étroite fenêtre que le soleil n'atteignait pas encore, prit un air de crypte. Figé dans son énigmatique silence Hubert fixait toujours un ciel inaccessible. Non moins immobiles, Sheppard et Dulouard observaient dans la demie pénombre ce corps que l'esprit semblait avoir déserté Un instant figés comme en prière, on eût dit qu'ils voulaient en extraire le secret par une muette supplication. Rompant cette statuaire harmonie, Dulouard ouvrit sa serviette dont il tira un petit flacon. Avec une seringue il en préleva le contenu. Sans mot dire, ayant accompli l'indispensable rite éjaculatoire de l'infirmière avant de piquer, il introduisit l'aiguille dans la veine au pli du coude droit du garçon. Celui-ci ne cilla point. Son bras ne lui appartenait pas. Lentement, Dulouard vida le contenu du cylindre, tout en contemplant fasciné les yeux exorbités où s'épandaient insondables deux larges pupilles. Qu'avaient donc vu ces yeux là ?
Le plus dur fut de convaincre madame Galichon.
- Non, non et non ! On n'hynoptisera pas mon fils !
- Mais, madame...
Sheppard qui pourtant tenait l'hypnose en piètre estime, avait dû s'en faire l'avocat. Le voici qui se trouvait dans cette situation où ayant convoqué au chevet de son jeune patient son ami Dulouard et avec lui toute une science que le monde entier vénérait, il allait échouer du fait de l’ignorance obstinée d'une femme superstitieuse. Dulouard ne l'aidait pas beaucoup. Il était là, distant qui regardait par la fenêtre ; et lui s'escrimait à persuader la mère d'Hubert de la nécessité de pratiques où elle ne voyait que sorcellerie.
- Mais, madame, le professeur Dulouard est un scientifique du plus haut niveau et s'il considère que seule une transe hypnotique est susceptible d'aider votre fils, vous devez lui faire confiance.
Le mot transe n’était pas le bon. Madame Galichon esquissa un mouvement de recul. Elle lorgna vers le soi-disant professeur qui tout à coup revêtit des allures de marabout. Or, la religion de madame Galichon était exclusive de tout autre rituel que celui de la sainte église catholique. Et si elle priait saint Antoine lorsqu'elle avait perdu quelque chose, suppliait sainte Blandine dès que sa vue baissait, recommandait son mari à saint Christophe lorsqu’il partait en voyage et mettait un cierge à saint Benoît pour l'encourager à guérir Hubert, ses héros avaient l'avantage de figurer sur l’inventaire officiel du Saint Esprit. Sa confiance déjà limitée en la science venait d’être ruinée par l'extravagance d’un projet que monsieur l'abbé Tissier aurait qualifié de satanique. Sheppard était à court d'arguments; il allait renoncer lorsque, Dulouard prit la parole.
- Je comprends parfaitement madame Galichon. Serais-je à sa place que j'agirais de même. Madame Galichon est une mère responsable et aimante. Et c'est là toute sa noblesse. Protéger son fils, voilà ce que toute mère digne de ce nom doit faire.
Puis, se tournant vers elle, il ajouta :
- Je vous félicite, chère madame. J'aurais aimé que ma mère agisse de la sorte. Hubert aurait été fier d'avoir une mère comme vous.
A pas mesurés, il se dirigea vers la chaise où l'attendait sa serviette qu'il empoigna d'un geste théâtral.
- Mon ami, l'heure est donc venue de quitter cette honorable maison. Au revoir, chère madame.
- Attendez ! cria l'estimable mère au moment où Dulouard posait la main sur la poignée.
- Attendez ! Pourquoi avez-vous dit « Hubert aurait été fier d'avoir une mère comme moi »
- Moi, j'ai dit qu'Hubert aurait été fier d'avoir une mère comme vous ?
- J’ai parfaitement entendu, vous avez dit ça !
- C'est bien possible.
- Mais qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
La voix de madame Galichon trahissait une forte émotion.
- Simplement, chère madame, que je respecte votre décision : vouloir que votre fils termine son existence dans l'état où il se trouve, sans jamais pouvoir de nouveau serrer sa mère dans ses bras témoigne d’une grande abnégation.
Cette funeste évocation fit monter les larmes aux yeux de la femme.
- Vous voulez dire qu'il va toujours rester comme ça !
- Je le crains, malheureusement, sauf si vous nous autorisiez à le libérer de son contenu traumatique. Mais encore une fois, je respecte et comprends votre choix.
Elle fondit en larmes. Dulouard lui avait démontré les conséquences de son refus, allant jusqu’à la faire douter de l'efficacité de ses prières. Malgré une orgie de cierges à saint Benoît, l'état d'Hubert ne s'était pas amélioré. Il n’avait même fait qu’empirer.
- Très bien, se résigna-t-elle, faites donc ce qu'il faut, moi, je ne sais plus.
Dans la chambre qui résonnait du bourdonnement têtu d'une mouche, Hubert dans la position du gisant scrutait le plafond les yeux écarquillés.
Un nouveau jour était passé depuis la dernière visite des deux médecins. Dulouard avait décidé de rester au grand bonheur de son ami. La soirée s'était prolongée autour de vieux alcools qui avait eu l'avantage de révéler à l'insatiable voyageur l'un des privilèges secrets du médecin de campagne. Ces honoraires en nature que parfois lui remettaient ses patients, souvent de vénérables calvados jalousement conservés depuis des générations, donnaient à Sheppard l'illusion d'un enracinement. Il aimait cette forme de reconnaissance spontanée qui se mâtinait d'un soupçon de complicité lorsqu'un cultivateur lui confiait, enveloppée dans du papier journal, la bouteille ambrée du précieux breuvage. En général, cela s'accomplissait sans parole, d'un geste dérobé. Il en avait ainsi toute une collection qu'il ne sortait que dans les grandes occasions. Et ce soir-là en offrait une. Dulouard s'était abandonné à une dégustation éclectique. Son naturel enjoué l'avait entraîné à quelques paillardes confidences. Sheppard avait retrouvé pour quelques heures son copain de fac et ils avaient oublié l'hypnose, l'ibogaïne et tant d’autres choses. Lorsque, vers deux heures du matin, ils ragagnèrent leurs chambres, le duo formé par le professeur et le docteur aurait probablement inspiré à madame Galichon une cascade de signes de croix.
Le lendemain matin, dans la voiture qui les ramenait chez les Galichon, Dulouard avait enfin révélé à son ami les secrets de l'ibogaïne.
- C'est une molécule issue d'une plante tropicale, l'éboga, que l'on emploie pour rompre le processus addictif aux diverses drogues, mais qui a également la particularité de faciliter l'état de transe. Elle favorise également la réminiscence. On l'utilise dans certaines cures de psychothérapie afin de réduire les résistances. Le sujet parvient alors à revivre ses souvenirs traumatiques que dans un état normal de conscience il ne parviendrait pas à faire émerger.
- Une espèce de sérum de vérité en quelque sorte.
- On peut voir ça comme ça. Cela permet d'abolir la cloison entre conscience et inconscient. Nous allons donc inoculer à ton patient une petite dose d'ibogaïne et le plonger ainsi dans un état qui préparera la transe hypnotique.
- Et comment vas-tu te procurer ce truc ?
- Bonne question ! Te surprendrais-je en te disant que j'avais prévu le coup ? Lorsque tu m'as expliqué ton histoire au téléphone, j'ai tout de suite imaginé que l'ibogaïne pourrait nous être utile. Et comme je participe actuellement à une commission d'étude psychiatrique sur les effets de l'ibogaïne, j'ai pensé que le cas que tu me présentais offrait un champ d'expérience particulièrement intéressant.
- Et les effets secondaires, tu as pensé aux effets secondaires ?
- Si je puis me permettre, c'est plutôt l'état primaire dans lequel se trouve ton patient qui serait de nature à m'inquiéter. Quant aux effets secondaires si cela peut te rassurer, on n'en connaît aucun.... pour l'instant. Chez certaines peuplades africaines, lors des rites initiatiques la consommation d'éboga dépasse toutes les concentrations imaginables. Et à part des effets de transe prolongée, on n'a jamais rien noté de particulièrement néfaste.
Lorsque la porte fut refermée, la mouche évacuée, la chambre éclairée d'une seule étroite fenêtre que le soleil n'atteignait pas encore, prit un air de crypte. Figé dans son énigmatique silence Hubert fixait toujours un ciel inaccessible. Non moins immobiles, Sheppard et Dulouard observaient dans la demie pénombre ce corps que l'esprit semblait avoir déserté Un instant figés comme en prière, on eût dit qu'ils voulaient en extraire le secret par une muette supplication. Rompant cette statuaire harmonie, Dulouard ouvrit sa serviette dont il tira un petit flacon. Avec une seringue il en préleva le contenu. Sans mot dire, ayant accompli l'indispensable rite éjaculatoire de l'infirmière avant de piquer, il introduisit l'aiguille dans la veine au pli du coude droit du garçon. Celui-ci ne cilla point. Son bras ne lui appartenait pas. Lentement, Dulouard vida le contenu du cylindre, tout en contemplant fasciné les yeux exorbités où s'épandaient insondables deux larges pupilles. Qu'avaient donc vu ces yeux là ?
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
Chapitre 16 – Une belle chute
Le procureur avait fait à Bellemare l'honneur d'une escorte renforcée : pas moins de quatre gendarmes. Ce déploiement de forces témoignait d'une indéniable considération. Pour le petit tribunal de Belmont, généralement encombré d'affaires de vols ou d’alcoolémie et pour le haut du panier d’agressions sexuelles, Bellemare était un client de choix, de la graine de serial killer ! Lancé par les journaux du matin, le mot avait fait florès. Ainsi, « le serial killer de Belmont », menottes dans le dos, effondré sur sa chaise, faisait face à la porte du cabinet d'instruction. Ses poignets lui faisaient mal et déjà ses épaules engourdies. Son nez le démangeait ainsi que la racine de ses cheveux perlant de sueur. Il eut voulu se frotter le visage à pleines mains, passer ses doigts dans sa chevelure. Mais les ordres avaient été formels : « Cet homme est dangereux, mesures de sécurité maximales ! « Aussi, même la liberté de se gratter lui était retirée, comme celles de se moucher ou de se sécher le front. À la façon d'un animal, au passage d'un mur, il avait tenté de calmer sa démangeaison par un frottement furtif contre la paroi, mais tiraillé par l'escorte, il n'avait réussi qu’à s'érafler et du coup, son nez le faisait souffrir.
Lorsqu'à la maison d'arrêt le surveillant lui avait annoncé qu’on allait le conduire au tribunal pour être entendu par le juge, son désespoir avait cédé à l'impatience . Il n'avait maintenant qu'une chose à dire, ce qu'il avait immédiatement proclamé lorsque maître Riboud Marchal lui avait appris qu’on le soupçonnait du meurtre de madame Schaefer : « Je suis innocent ! « La phrase avait jailli de ses entrailles et devant l'air perplexe de l'avocate, il s’était retenu de vomir en sentant le piège se refermer. Dans le fourgon qui le conduisait au palais, il avait bien tenté de lier conversation avec les gendarmes pour les convaincre de sa protestation. Il croyait que la justice formait un ensemble perméable, que ses dénégations porteraient dès les premiers contacts avec les représentants de l'ordre. Mais la réplique du chef d'escorte l'avait navré.
-- C'est ça, eh ben tu diras tout ça au juge.
Ce tutoiement l'avait renvoyé à sa désolation, lui révélant le peu de crédit qu'il inspirait aux hommes en uniforme. Au moins le commissaire, tout au long de la garde à vue, avait-il usé du vouvoiement témoignant de ce que votre interlocuteur ne vous exclut pas de son monde. Déjà en arrivant à la prison, s'était installé ce tutoiement qui lui avait fait perdre plus encore que la clôture des portes son statut d'homme libre.
-- Pose tes affaires ici ! lui avait enjoint le responsable du registre d'écrou. Il avait vidé ses poches, remit son portefeuille et sa montre sur le bureau. Puis, délesté de ces accessoires, il avait compris qu'avec ses papiers c'était de son identité dont on le dépouillait. Sans sa montre c'était son temps qui lui échappait. Privé des deux, il méritait bien ce tutoiement. Il se demanda si le juge allait faire de même. Son attente fut de courte durée. La porte s'ouvrit laissant apparaître un très jeune homme.
-- Monsieur Bellemare, si vous voulez bien entrer...
Bellemare se leva en même temps que ses gardes, perdit un instant l'équilibre n'ayant eu le temps de s’accoutumer aux entraves. Le bureau du juge était clair, presque agréable et, n'eut été la présence des militaires, on n'y voyait rien qui rappelât la justice. Le juge arborait un aspect adolescent qu'il essayait de corriger par son vêtement composé malgré la température estivale d'un costume sombre trois pièces rehaussé d'une cravate colorée et ornée d'une barrette dorée. Dans ses gestes et son langage il s'appliquait à faire oublier l'étudiant qu'il avait été quelques mois auparavant.
-- Détachez monsieur Bellemare, demanda-t-il aux gendarmes.
L'un d'eux s'exécuta, redonnant l'usage de ses bras à Bellemare qui se soulagea aussitôt le nez.
-- Je vous en prie, prenez place monsieur Bellemare, fit le jeune magistrat en lui désignant la chaise qui lui faisait face.
Une semaine d'incarcération avait fait perdre à Bellemare le sens des civilités. Se frottant les poignets, il obtempéra, serré de près par ses gardiens.
-- Maître Riboud Marchal, vient de me faire savoir qu'elle aurait quelques minutes de retard. Aussi, si vous le voulez bien, nous allons commencer par les formalités d'usage et recueillir votre identité avant de vous notifier les nouveaux chefs de mise en examen qui justifient votre présentation devant moi. Madame la greffière va...
N'y tenant plus, Bellemare le coupa :
-- J’ai qu'une chose à dire, monsieur le juge, je suis innocent ! J’ai rien fait !
-- Je vous entends bien, monsieur Bellemare, mais nous allons recueillir votre déposition dans un second temps. Procédons par ordre, si vous le voulez bien.
La réponse du juge était calme, trop calme. Car s'il y avait une priorité, c'était bien d'écouter ses déclarations d'innocence. Et le fait que ce ne fût pas celle du juge l'inquiéta.
-- Madame la greffière, si vous voulez bien procéder, continua le juge en redressant de la main droite une généreuse mèche de cheveux bruns qui mangeait une partie de son front
Face à son clavier, la greffière s'adonna à quelques manipulations, puis soumit Bellemare aux questions d’usage l'invitant à décliner son ascendance et quelques autres renseignements sommaires sur sa personne. Dix fois déjà depuis qu'il était tombé dans l’engrenage il s'était soumis à ce questionnaire. Ces formalités l'excédaient. Comme s'il fallait à chaque fois que l'on s'assurât de l'authenticité de sa personne. Qu'on en vienne donc à l'essentiel ! Qu'importait qu'il fût fils de..., né le..., demeurant à.... Ce qu'il était d'abord c'est « innocent «
-- Je suis innocent ! Innocent, vous m'entendez !
Cette fois, il avait hurlé. La greffière sursauta provocant par un faux mouvement une rupture d'anévrisme informatique qui se traduisit par un clignotement inhabituel de l'écran suivi d'un évanouissement . Le juge délaissa sa mèche rebelle et fixa Bellemare d'un air apeuré. Tout cela n'était pas dans les règles. Quelque chose se détraquait dans le protocole. Les gendarmes s'interrogèrent du regard, prêts à bondir. Mais Bellemare n'avait pas bougé. Il était resté bien à sa place et voilà qu'il pleurait, le corps tout entier secoué de spasmes. Il scandait le même mot dont on ne percevait que la dernière syllabe.
--Cent… cent...cent …
D'évidence, le serial killer de Belmont n'était pas à la hauteur.
-- Monsieur Bellemare, laissez-moi vous rappeler que la loi vous présume innocent.
-- Alors pourquoi qu'on m'a attaché comme une bête ?
-- Oserais-je vous faire remarquer que devant moi vous avez les mains libres, souligna le juge qui tentait de redonner de la sérénité à la situation. Et puis, si je ne m'abuse, nous avons quand même recueilli vos aveux.
-- J'ai menti... j'ai menti !
-- Qui ment une fois, peut mentir deux fois, observa le juge sentencieux.
-- Je vous en prie, monsieur le juge, il faut me croire !
Un bruit de sonnette se substitua à l'improbable réponse du juge. La greffière qui s'évertuait à redonner vie à son ordinateur, se leva pour ouvrir.
-- Ah, maître, vous arrivez bien. Votre client semble avoir besoin de vous, fit le juge qui semblait avoir récupéré sa civilité un instant vacillante.
-- Bonjour monsieur le juge. Que se passe-t-il ?
Bellemare qui avait jusqu'alors tenu son avocate pour un accessoire négligeable, lança vers elle un de ces regards suppliants qui confirmaient maître Riboud Marchal dans sa vocation. Arrogance en berne, il n'était plus qu'un enfant transi d'angoisse.
Maître Riboud Marchal, de sa robe noire vêtue qui rendait immaculé le petit rabat blanc que sa mère, après son succès à l'examen, lui avait pieusement brodé, s'installa près de son client.
-- Bien, maintenant que nous voilà tous réunis, observa benoîtement le juge, nous allons pouvoir procéder à la notification du nouveau chef de mise en examen.
Puis, s'adressant à Bellemare :
-- Monsieur Bellemare, je vous mets en examen pour meurtre avec préméditation de madame Jocelyne, Irène, Gertrude Schaefer, crime prévu et réprimé par l'article...
Il n'eut pas le temps d'énoncer le numéro de l'article. Avec une vivacité d'autant plus surprenante que son anéantissement avait paru total, Bellemare se dressa, bouscula d'un coup d'épaule le gendarme à sa gauche et, dans le même élan, comme un sanglier de son île natale, se rua vers la fenêtre qu'il brisa de son poids. L'action n'avait pas duré plus de deux secondes avant que le corps tout entier ne bascule dans le vide pour rejoindre la chaussée deux étages plus bas.
Dans le bureau du juge, sous la pression agile des doigts de la secrétaire, l'ordinateur venait juste de retrouver ses esprits. Et si Bellemare avait été un petit peu plus patient, madame la greffière aurait pu inscrire sur le formulaire sa date de naissance qu'elle s'apprêtait à lui demander. Mais, en bas, disloqué sur le pavé, Bellemare en avait fini des questions inutiles.
Le procureur avait fait à Bellemare l'honneur d'une escorte renforcée : pas moins de quatre gendarmes. Ce déploiement de forces témoignait d'une indéniable considération. Pour le petit tribunal de Belmont, généralement encombré d'affaires de vols ou d’alcoolémie et pour le haut du panier d’agressions sexuelles, Bellemare était un client de choix, de la graine de serial killer ! Lancé par les journaux du matin, le mot avait fait florès. Ainsi, « le serial killer de Belmont », menottes dans le dos, effondré sur sa chaise, faisait face à la porte du cabinet d'instruction. Ses poignets lui faisaient mal et déjà ses épaules engourdies. Son nez le démangeait ainsi que la racine de ses cheveux perlant de sueur. Il eut voulu se frotter le visage à pleines mains, passer ses doigts dans sa chevelure. Mais les ordres avaient été formels : « Cet homme est dangereux, mesures de sécurité maximales ! « Aussi, même la liberté de se gratter lui était retirée, comme celles de se moucher ou de se sécher le front. À la façon d'un animal, au passage d'un mur, il avait tenté de calmer sa démangeaison par un frottement furtif contre la paroi, mais tiraillé par l'escorte, il n'avait réussi qu’à s'érafler et du coup, son nez le faisait souffrir.
Lorsqu'à la maison d'arrêt le surveillant lui avait annoncé qu’on allait le conduire au tribunal pour être entendu par le juge, son désespoir avait cédé à l'impatience . Il n'avait maintenant qu'une chose à dire, ce qu'il avait immédiatement proclamé lorsque maître Riboud Marchal lui avait appris qu’on le soupçonnait du meurtre de madame Schaefer : « Je suis innocent ! « La phrase avait jailli de ses entrailles et devant l'air perplexe de l'avocate, il s’était retenu de vomir en sentant le piège se refermer. Dans le fourgon qui le conduisait au palais, il avait bien tenté de lier conversation avec les gendarmes pour les convaincre de sa protestation. Il croyait que la justice formait un ensemble perméable, que ses dénégations porteraient dès les premiers contacts avec les représentants de l'ordre. Mais la réplique du chef d'escorte l'avait navré.
-- C'est ça, eh ben tu diras tout ça au juge.
Ce tutoiement l'avait renvoyé à sa désolation, lui révélant le peu de crédit qu'il inspirait aux hommes en uniforme. Au moins le commissaire, tout au long de la garde à vue, avait-il usé du vouvoiement témoignant de ce que votre interlocuteur ne vous exclut pas de son monde. Déjà en arrivant à la prison, s'était installé ce tutoiement qui lui avait fait perdre plus encore que la clôture des portes son statut d'homme libre.
-- Pose tes affaires ici ! lui avait enjoint le responsable du registre d'écrou. Il avait vidé ses poches, remit son portefeuille et sa montre sur le bureau. Puis, délesté de ces accessoires, il avait compris qu'avec ses papiers c'était de son identité dont on le dépouillait. Sans sa montre c'était son temps qui lui échappait. Privé des deux, il méritait bien ce tutoiement. Il se demanda si le juge allait faire de même. Son attente fut de courte durée. La porte s'ouvrit laissant apparaître un très jeune homme.
-- Monsieur Bellemare, si vous voulez bien entrer...
Bellemare se leva en même temps que ses gardes, perdit un instant l'équilibre n'ayant eu le temps de s’accoutumer aux entraves. Le bureau du juge était clair, presque agréable et, n'eut été la présence des militaires, on n'y voyait rien qui rappelât la justice. Le juge arborait un aspect adolescent qu'il essayait de corriger par son vêtement composé malgré la température estivale d'un costume sombre trois pièces rehaussé d'une cravate colorée et ornée d'une barrette dorée. Dans ses gestes et son langage il s'appliquait à faire oublier l'étudiant qu'il avait été quelques mois auparavant.
-- Détachez monsieur Bellemare, demanda-t-il aux gendarmes.
L'un d'eux s'exécuta, redonnant l'usage de ses bras à Bellemare qui se soulagea aussitôt le nez.
-- Je vous en prie, prenez place monsieur Bellemare, fit le jeune magistrat en lui désignant la chaise qui lui faisait face.
Une semaine d'incarcération avait fait perdre à Bellemare le sens des civilités. Se frottant les poignets, il obtempéra, serré de près par ses gardiens.
-- Maître Riboud Marchal, vient de me faire savoir qu'elle aurait quelques minutes de retard. Aussi, si vous le voulez bien, nous allons commencer par les formalités d'usage et recueillir votre identité avant de vous notifier les nouveaux chefs de mise en examen qui justifient votre présentation devant moi. Madame la greffière va...
N'y tenant plus, Bellemare le coupa :
-- J’ai qu'une chose à dire, monsieur le juge, je suis innocent ! J’ai rien fait !
-- Je vous entends bien, monsieur Bellemare, mais nous allons recueillir votre déposition dans un second temps. Procédons par ordre, si vous le voulez bien.
La réponse du juge était calme, trop calme. Car s'il y avait une priorité, c'était bien d'écouter ses déclarations d'innocence. Et le fait que ce ne fût pas celle du juge l'inquiéta.
-- Madame la greffière, si vous voulez bien procéder, continua le juge en redressant de la main droite une généreuse mèche de cheveux bruns qui mangeait une partie de son front
Face à son clavier, la greffière s'adonna à quelques manipulations, puis soumit Bellemare aux questions d’usage l'invitant à décliner son ascendance et quelques autres renseignements sommaires sur sa personne. Dix fois déjà depuis qu'il était tombé dans l’engrenage il s'était soumis à ce questionnaire. Ces formalités l'excédaient. Comme s'il fallait à chaque fois que l'on s'assurât de l'authenticité de sa personne. Qu'on en vienne donc à l'essentiel ! Qu'importait qu'il fût fils de..., né le..., demeurant à.... Ce qu'il était d'abord c'est « innocent «
-- Je suis innocent ! Innocent, vous m'entendez !
Cette fois, il avait hurlé. La greffière sursauta provocant par un faux mouvement une rupture d'anévrisme informatique qui se traduisit par un clignotement inhabituel de l'écran suivi d'un évanouissement . Le juge délaissa sa mèche rebelle et fixa Bellemare d'un air apeuré. Tout cela n'était pas dans les règles. Quelque chose se détraquait dans le protocole. Les gendarmes s'interrogèrent du regard, prêts à bondir. Mais Bellemare n'avait pas bougé. Il était resté bien à sa place et voilà qu'il pleurait, le corps tout entier secoué de spasmes. Il scandait le même mot dont on ne percevait que la dernière syllabe.
--Cent… cent...cent …
D'évidence, le serial killer de Belmont n'était pas à la hauteur.
-- Monsieur Bellemare, laissez-moi vous rappeler que la loi vous présume innocent.
-- Alors pourquoi qu'on m'a attaché comme une bête ?
-- Oserais-je vous faire remarquer que devant moi vous avez les mains libres, souligna le juge qui tentait de redonner de la sérénité à la situation. Et puis, si je ne m'abuse, nous avons quand même recueilli vos aveux.
-- J'ai menti... j'ai menti !
-- Qui ment une fois, peut mentir deux fois, observa le juge sentencieux.
-- Je vous en prie, monsieur le juge, il faut me croire !
Un bruit de sonnette se substitua à l'improbable réponse du juge. La greffière qui s'évertuait à redonner vie à son ordinateur, se leva pour ouvrir.
-- Ah, maître, vous arrivez bien. Votre client semble avoir besoin de vous, fit le juge qui semblait avoir récupéré sa civilité un instant vacillante.
-- Bonjour monsieur le juge. Que se passe-t-il ?
Bellemare qui avait jusqu'alors tenu son avocate pour un accessoire négligeable, lança vers elle un de ces regards suppliants qui confirmaient maître Riboud Marchal dans sa vocation. Arrogance en berne, il n'était plus qu'un enfant transi d'angoisse.
Maître Riboud Marchal, de sa robe noire vêtue qui rendait immaculé le petit rabat blanc que sa mère, après son succès à l'examen, lui avait pieusement brodé, s'installa près de son client.
-- Bien, maintenant que nous voilà tous réunis, observa benoîtement le juge, nous allons pouvoir procéder à la notification du nouveau chef de mise en examen.
Puis, s'adressant à Bellemare :
-- Monsieur Bellemare, je vous mets en examen pour meurtre avec préméditation de madame Jocelyne, Irène, Gertrude Schaefer, crime prévu et réprimé par l'article...
Il n'eut pas le temps d'énoncer le numéro de l'article. Avec une vivacité d'autant plus surprenante que son anéantissement avait paru total, Bellemare se dressa, bouscula d'un coup d'épaule le gendarme à sa gauche et, dans le même élan, comme un sanglier de son île natale, se rua vers la fenêtre qu'il brisa de son poids. L'action n'avait pas duré plus de deux secondes avant que le corps tout entier ne bascule dans le vide pour rejoindre la chaussée deux étages plus bas.
Dans le bureau du juge, sous la pression agile des doigts de la secrétaire, l'ordinateur venait juste de retrouver ses esprits. Et si Bellemare avait été un petit peu plus patient, madame la greffière aurait pu inscrire sur le formulaire sa date de naissance qu'elle s'apprêtait à lui demander. Mais, en bas, disloqué sur le pavé, Bellemare en avait fini des questions inutiles.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
Toujours très bien ! Vous parsemez votre récit de perles savoureuses, telles ce : "Nombre d'hommes sont des meurtriers potentiels", qui, dans le contexte, évoque Knock.
Le dernier chapitre est à la fois drolatique et poignant !
Quelques erreurs à rectifier, par exemple :
"Ses poignets lui faisaient mal et déjà ses épaules engourdies." (la phrase en l'état ne veut rien dire)
"il avait compris qu'avec ses papiers c'était de son identité dont on le dépouillait." (vous avez le choix entre : "c'était de son identité su'on le dépouillait" ou "c'était son identité dont on le dépouillait")
Le dernier chapitre est à la fois drolatique et poignant !
Quelques erreurs à rectifier, par exemple :
"Ses poignets lui faisaient mal et déjà ses épaules engourdies." (la phrase en l'état ne veut rien dire)
"il avait compris qu'avec ses papiers c'était de son identité dont on le dépouillait." (vous avez le choix entre : "c'était de son identité su'on le dépouillait" ou "c'était son identité dont on le dépouillait")
Invité- Invité
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
socque a écrit:Toujours très bien ! Vous parsemez votre récit de perles savoureuses, telles ce : "Nombre d'hommes sont des meurtriers potentiels", qui, dans le contexte, évoque Knock.
Le dernier chapitre est à la fois drolatique et poignant !
Quelques erreurs à rectifier, par exemple :
"Ses poignets lui faisaient mal et déjà ses épaules engourdies." (la phrase en l'état ne veut rien dire)
"il avait compris qu'avec ses papiers c'était de son identité dont on le dépouillait." (vous avez le choix entre : "c'était de son identité su'on le dépouillait" ou "c'était son identité dont on le dépouillait")
Grand merci, Socque, pour votre fidélité à ce texte et la qualité de votre lecture.
Je tiens grand compte de vos remarques.
Ici, juste une petite observation :
- évidemment d'accord pour le passage sur les papiers.
- en revanche, pour «les épaules», j'avais osé, mais peut-être à tort, une figure de style: « ses poignets lui faisaient mal est déjà ses épaules engourdies... » sous-entendu :«... lui faisaient mal»
Cela étant, votre remarque m'incite à penser il me faut peut-être revoir cette phrase.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
On te sent comme un poisson dans l'eau. Et toujours cet art de manier le suspense, pour la plus grande frustration du lecteur ! (fin du chapitre 14, en particulier)
Des remarques :
Chp 14 :
Après tout, dans le bureau, l'autre jour, avec la complicité de Landrin, ne s'était-il pas un peu pris au jeu.
Ponctuation ?
Chp 15 :
ils ragagnèrent leurs chambres
demie pénombre ce corps que l'esprit semblait avoir déserté Un instant figés comme en prière
demi-pénombre et absence de ponctuation
Chp 16 :
Ses poignets lui faisaient mal et déjà ses épaules engourdies.
manque un verbe
n'eut été la présence des militaires
n'eût
Le juge arborait un aspect adolescent qu'il essayait de corriger par son vêtement composé malgré la température estivale d'un costume sombre trois pièces rehaussé d'une cravate colorée et ornée d'une barrette dorée.
des virgules please ! (après "composé" et "estivale" ?)
Des remarques :
Chp 14 :
Après tout, dans le bureau, l'autre jour, avec la complicité de Landrin, ne s'était-il pas un peu pris au jeu.
Ponctuation ?
Chp 15 :
ils ragagnèrent leurs chambres
demie pénombre ce corps que l'esprit semblait avoir déserté Un instant figés comme en prière
demi-pénombre et absence de ponctuation
Chp 16 :
Ses poignets lui faisaient mal et déjà ses épaules engourdies.
manque un verbe
n'eut été la présence des militaires
n'eût
Le juge arborait un aspect adolescent qu'il essayait de corriger par son vêtement composé malgré la température estivale d'un costume sombre trois pièces rehaussé d'une cravate colorée et ornée d'une barrette dorée.
des virgules please ! (après "composé" et "estivale" ?)
Invité- Invité
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
tout plein de mercis pour cette nouvelle correction.
pour les épaules, toi aussi, tu penses que la phrase est bancale ?
Il s'agissait d'une ellipse style :
« Mon poignet me fait mal et mon épaule. »ça doit porter un nom que Panda ne manquerait probablement pas de nous donner...
mais bon, puisque vous êtes deux à me le faire remarquer, c'est que probablement, ça coince.
pour les épaules, toi aussi, tu penses que la phrase est bancale ?
Il s'agissait d'une ellipse style :
« Mon poignet me fait mal et mon épaule. »ça doit porter un nom que Panda ne manquerait probablement pas de nous donner...
mais bon, puisque vous êtes deux à me le faire remarquer, c'est que probablement, ça coince.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
Une ellipse grammaticale oui, mais elle ne fonctionne pas ici.
Invité- Invité
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
Je continue de suivre avec intérêt les pérégrinations de tes personnages maintenant bien plantés (même si tu viens d'en sacrifier un sur le trottoir) et suis bien forcée de dire que je continue à trouver tout ça bien mené : ces trois nouveaux chapitres continuent à nous tenir en haleine.
On met beaucoup d'espoir dans ton élixir de vérité, mais je ne serais pas étonnée que ce ne soit qu'un moyen de nous emmener quelques chapitres plus loin en nous laissant sur notre faim et ce pauvre Hubert à son mutisme.
On met beaucoup d'espoir dans ton élixir de vérité, mais je ne serais pas étonnée que ce ne soit qu'un moyen de nous emmener quelques chapitres plus loin en nous laissant sur notre faim et ce pauvre Hubert à son mutisme.
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
Une affaire rondement menée
J'aime beaucoup ce long monologue de Sylvain dans lequel il se voit déjà brillant orateur dans le prétoire, c'est très bien fichu de grandiloquence et de vanité :-)
Les dialogues tiennent la route dans ce qu'il peuvent avoir de drôle et tu termines sur un rebondissement, ça pousse à continuer.
La science à l’épreuve des saints
Tu réussis à marier mystère et langage scientifique dans les chapitres consacrés aux deux médecins mais tu as tendance, cette fois, à en oublier un peu l'ironie qui peut les caractériser et fait aussi le charme des individus. Ce serait pas mal d e prendre cet aspect en considération pour que les deux personnages ne deviennent pas ternes.
Une belle chute
Ha, pauvre Bellemare... mais voilà qui va remettre du piquant dans cette histoire, puisque Galendon sait quelque chose et que ça va embêter Gulliver tout cette histoire.
Tu te balades dans ce texte Hellian, je t'y sens très à l'aise et c'est agréable pour le lecteur. Impec !
J'aime beaucoup ce long monologue de Sylvain dans lequel il se voit déjà brillant orateur dans le prétoire, c'est très bien fichu de grandiloquence et de vanité :-)
Les dialogues tiennent la route dans ce qu'il peuvent avoir de drôle et tu termines sur un rebondissement, ça pousse à continuer.
La science à l’épreuve des saints
Tu réussis à marier mystère et langage scientifique dans les chapitres consacrés aux deux médecins mais tu as tendance, cette fois, à en oublier un peu l'ironie qui peut les caractériser et fait aussi le charme des individus. Ce serait pas mal d e prendre cet aspect en considération pour que les deux personnages ne deviennent pas ternes.
Une belle chute
Ha, pauvre Bellemare... mais voilà qui va remettre du piquant dans cette histoire, puisque Galendon sait quelque chose et que ça va embêter Gulliver tout cette histoire.
Tu te balades dans ce texte Hellian, je t'y sens très à l'aise et c'est agréable pour le lecteur. Impec !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
Hum! ça sent l'erreur judiciaire!
Très instructif l'univers de la Justice!
J'attends laséance d'hypnose avec impatience.
Bon, je pense que les deux affaires ont un lien entre elles... Voyons la suite...
Très instructif l'univers de la Justice!
J'attends laséance d'hypnose avec impatience.
Bon, je pense que les deux affaires ont un lien entre elles... Voyons la suite...
Soliflore- Nombre de messages : 380
Age : 71
Date d'inscription : 17/02/2009
Re: Le murmure des bergers (VII) - Chap. 14, 15,16
Voici la suite de mes notes, déjà remarquées dans les commentaires pour certaines :
Chapitre 14 :
« Gulliver eut d'ailleurs l'impression qu'il avait mélangée les syllabes «...cilitation.... Guviller... ». » mélangé (p 77)
« Mais il aurait bien voulu en avoir une et si tel avait été le cas, il aurait probablement eut envie de la protéger... comme Bellemare. » eu envie (p 81)
Chapitre 15 :
« Il en avait ainsi toute une collection qu'il ne sortait que dans les grandes occasions. Et ce soir-là en offrait une. » : en était une ? (je me demande ce qui est le plus usité : "c'est une occasion" ou "cela offre une occasion" ? ) (p 87)
« Lorsque, vers deux heures du matin, ils ragagnèrent leurs chambres, le duo formé par le professeur et le docteur aurait probablement inspiré à madame Galichon une cascade de signes de croix. » : regagnèrent (p 87)
« Sheppard et Dulouard observaient dans la demie pénombre ce corps que l'esprit semblait avoir déserté Un instant figés comme en prière, on eût dit qu'ils voulaient en extraire le secret par une muette supplication. » Il manque un point entre les deux phrases. (p 88)
Chapitre 16 :
« Ses poignets lui faisaient mal et déjà ses épaules engourdies. » Il manque un verbe. (p 90)
« Déjà en arrivant à la prison, s'était installé ce tutoiement qui lui avait fait perdre plus encore que la clôture des portes son statut d'homme libre. » : la fermeture des portes ? (je me demande si on parle de « clôturer une porte ») (p 91)
« Il avait vidé ses poches, remit son portefeuille et sa montre sur le bureau. » : remis (p 91)
« Qu'importait qu'il fût fils de..., né le..., demeurant à.... Ce qu'il était d'abord c'est « innocent « : c’était ? (concordance des temps ? - à vérifier) (p 93)
Chapitre 14 :
« Gulliver eut d'ailleurs l'impression qu'il avait mélangée les syllabes «...cilitation.... Guviller... ». » mélangé (p 77)
« Mais il aurait bien voulu en avoir une et si tel avait été le cas, il aurait probablement eut envie de la protéger... comme Bellemare. » eu envie (p 81)
Chapitre 15 :
« Il en avait ainsi toute une collection qu'il ne sortait que dans les grandes occasions. Et ce soir-là en offrait une. » : en était une ? (je me demande ce qui est le plus usité : "c'est une occasion" ou "cela offre une occasion" ? ) (p 87)
« Lorsque, vers deux heures du matin, ils ragagnèrent leurs chambres, le duo formé par le professeur et le docteur aurait probablement inspiré à madame Galichon une cascade de signes de croix. » : regagnèrent (p 87)
« Sheppard et Dulouard observaient dans la demie pénombre ce corps que l'esprit semblait avoir déserté Un instant figés comme en prière, on eût dit qu'ils voulaient en extraire le secret par une muette supplication. » Il manque un point entre les deux phrases. (p 88)
Chapitre 16 :
« Ses poignets lui faisaient mal et déjà ses épaules engourdies. » Il manque un verbe. (p 90)
« Déjà en arrivant à la prison, s'était installé ce tutoiement qui lui avait fait perdre plus encore que la clôture des portes son statut d'homme libre. » : la fermeture des portes ? (je me demande si on parle de « clôturer une porte ») (p 91)
« Il avait vidé ses poches, remit son portefeuille et sa montre sur le bureau. » : remis (p 91)
« Qu'importait qu'il fût fils de..., né le..., demeurant à.... Ce qu'il était d'abord c'est « innocent « : c’était ? (concordance des temps ? - à vérifier) (p 93)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum