Fils de soie

Fils de soie fins entre les mains
Fanny travaille le tissu
Ses yeux sont comme des cocons
D’où le rayon du jour s’échappe.

Tel un massif tout en relief
L’étoffe étouffe sous les fleurs.
Fanny effeuille les semaines
Toujours penchée toujours sereine.

L’œuvre achevée Fanny l’enroule
Sur son corps mou comme l’argile
Les pensées mauves et les roses
Lui aplatissent ses seins nus ;

La marguerite aux longs pétales
Serre les hanches et le ventre.
Sous la pluie fine du jardin
Fanny pieds nus à petits pas,

Marche sur les mousses humides.
Elle se mire dans la mare
Où le crapaud assis l’attend
Faisant des bruits fort repoussants.

Le serpent glisse et sort de terre
Pour la piquer entre les cuisses
Fanny est nue le nœud coulisse
Face au crapaud elle se couche

Voyez au sol comme sa chair
Jaune et ses jambes repliées
Sur les épais bouquets brodés
Sont d’une beauté sublyrée.



Veronika le 15 04 2009

Une feuille ou un feuille à feuille déconcertant. Fanny " sub lyrée " j'ai cru voir sublimée.
En ce moment, les femmes ne sont pas au top.
En fin je trouve, moi personnellement, d'un point de vue fille filée à la casse.

déconcertant en effet, iln'y a pas de fin ; un déroulement infini de ver à soi(e)

Convaincant. Une douceur pongiènne qui nous amène dans un drame lucide.
De La Fontaine peut se retourner dans sa tombe tranquille. Il a des enfants lointains.

Et Fanny s'en va, reprenant ailleurs le fil d'une vie déroulée au rythme des saisons...

Doux et tendre, triste aussi, mais subtilement structuré autour d'une trame qui ressemble à ce fil de soie, solide et fragile à la fois. Comme la vie de Fanny.

Où le crapaud assis l’attend
Faisant des bruits fort repoussants.

Personnellement j'adore le chant des crapauds, je trouve ça au contraire très mélodieux.
Ceci dit Fanny m'intrigue, Pénélope arachnéenne, fille de soi, qui n'a, bien sûr, pas l'air à la fête !