Journal de la fatigue
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Journal de la fatigue
Fraîchement, la route se fait fraîchement. Dans les caves de l'Empordà. Du muguet sur les lignes électriques.
Au fond des vallées, de l'une puis de l'autre, croassent en multiplex les fêtards de l'ancienne heure : week-ends, vacances.
« Gagnons de quoi dépenser
En souriant, nous sommes filmés »
Presque toutes les formes sont nées à l'étage, sur le trottoir, étage du sol à pattes de pigeons; sur le toit, étage suprême.
Le manque de repère s'instruit dans les grandes villes. A côté de la fontaine, on prend un rince-dalle pour une institution.
Me voilà perdu au centre de l'eau qui coule, des rives de platanes en carton, des cascades de courses, des écrans où se reflète le coût donné à la vie. Dans cette flaque poisseuse d'où suintent les échos du bruit, je cherche la modernité promise sur le fronton des maisons hautes.
Mais il n'y a rien. Tous les bateaux sont à quai, la houle n'a plus la forme d'un chat furieux.
Les cloches du grand monde ont coupé tous les ponts entre nos pieds et la poésie, entre nos rides et la terre. Elles ne sont plus façonnées par le vent, par le fouet d'un matin vert, mais par l'exigence de palmarès, l'auto-mutilation par le travail.
*
Je me couche sur ma propre fatigue et je pleure de sommeil. La moindre esquisse de geste emmène l'étourdissement, le sol de diamant mou sous mes pieds.
Je n'ai plus de quoi penser et les sentences du grand repos s'éloignent un peu plus chaque jour.
L'air, aussi marin qu'il soit, aussi chaud qu'il commence à être, se doit de fuir devant mon avancée.
Mes trajets ressemblent à des constellations. J'aimerais l'appeler « Le Sabot » et qu'elle étrangle les grands fronts barbus qui vivent dans les souricières.
C'est la première fatigue, en sous-couche, le pétrole de mes journées blondes.
Je vois des caresses qui seraient perméables au souffle de l'été. Des briques, des toits brûlants et mon corps entier, dans la source des incendies de Septembre.
*
Et maintenant le temps qui passe en mode éteint. Les organes ne suffisent plus, le milieu s'est lui aussi pris de lubie :
« Fainéantons, ne faisons plus d'efforts à mouler des oreilles dans un nuage. Uniforme ! Et gris !
Je m'accorde à tout ce qui molle. Je carême. »
Au fond des vallées, de l'une puis de l'autre, croassent en multiplex les fêtards de l'ancienne heure : week-ends, vacances.
« Gagnons de quoi dépenser
En souriant, nous sommes filmés »
Presque toutes les formes sont nées à l'étage, sur le trottoir, étage du sol à pattes de pigeons; sur le toit, étage suprême.
Le manque de repère s'instruit dans les grandes villes. A côté de la fontaine, on prend un rince-dalle pour une institution.
Me voilà perdu au centre de l'eau qui coule, des rives de platanes en carton, des cascades de courses, des écrans où se reflète le coût donné à la vie. Dans cette flaque poisseuse d'où suintent les échos du bruit, je cherche la modernité promise sur le fronton des maisons hautes.
Mais il n'y a rien. Tous les bateaux sont à quai, la houle n'a plus la forme d'un chat furieux.
Les cloches du grand monde ont coupé tous les ponts entre nos pieds et la poésie, entre nos rides et la terre. Elles ne sont plus façonnées par le vent, par le fouet d'un matin vert, mais par l'exigence de palmarès, l'auto-mutilation par le travail.
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Je me couche sur ma propre fatigue et je pleure de sommeil. La moindre esquisse de geste emmène l'étourdissement, le sol de diamant mou sous mes pieds.
Je n'ai plus de quoi penser et les sentences du grand repos s'éloignent un peu plus chaque jour.
L'air, aussi marin qu'il soit, aussi chaud qu'il commence à être, se doit de fuir devant mon avancée.
Mes trajets ressemblent à des constellations. J'aimerais l'appeler « Le Sabot » et qu'elle étrangle les grands fronts barbus qui vivent dans les souricières.
C'est la première fatigue, en sous-couche, le pétrole de mes journées blondes.
Je vois des caresses qui seraient perméables au souffle de l'été. Des briques, des toits brûlants et mon corps entier, dans la source des incendies de Septembre.
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Et maintenant le temps qui passe en mode éteint. Les organes ne suffisent plus, le milieu s'est lui aussi pris de lubie :
« Fainéantons, ne faisons plus d'efforts à mouler des oreilles dans un nuage. Uniforme ! Et gris !
Je m'accorde à tout ce qui molle. Je carême. »
Re: Journal de la fatigue
A part la répétition de fraîchement que je remarque un peu trop à mon goût, j'ai aimé cette amertume qui s'écoule, assez tristement tout de même, au fil des lignes. C'est désabusé et en même temps, on devine une colère, une révolte rentrée qui ne sortira peut-être jamais. Assez sombre, posé, bien mené...oui, j'ai aimé, je le redis.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Journal de la fatigue
Je suis passée à côté cette fois, à part pour ceci que j'adore, trouve très expressif :
"le sol de diamant mou sous mes pieds."
"le sol de diamant mou sous mes pieds."
Invité- Invité
Re: Journal de la fatigue
Exactement en adéquation avec des temps qui couvrent.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
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