Exercice de désintégration
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Exercice de désintégration
Je suis un fantôme dans ma propre ville.
Je l'ai adoptée,
l'aurais tatouée sur ma peau si j'avais la surface d'un arc-en-ciel.
Un matin,
le coin des maisons est devenu une cage rouge
avec de la paille séchée.
Les habitants du bourg ne me voient plus,
mes allées et venues ne bouleversent plus
leur air,
je ne le bouge plus;
et même sans raser les murs,
il reste sur mes mains sales
les égratignures de les avoir trop rencontrés.
A mon arrivée ici,
il y a neuf mois,
un cortège vert et enflammé me suivait partout où j'allais
et envoyait une salve de regards neufs sur les architectures de l'homme
et de sa Mère.
A peine le feu était-il le seul salut
pour une vie nocturne
que je me blottissais, heureux,
dans mon froid,
la main sur la bougie en attendant qu'elle fonde.
Je marchais sur le toit des chapelles ;
je lisais, la tête à l'envers,
sur les hauteurs d'une source.
Je construisais des entreprises où j'étais le seul patron,
le seul employé.
Je suis le seul licencié.
La belle saison m'attirait alors...
En fait, ses longs jours ne m'apportent rien.
Je ne veux pas bronzer et porter leur marque sur le corps,
comme le tatouage d'une vache.
Il me semble justement en être une:
Prendre de la place,
inaperçue,
manger
et ne servir qu'à engraisser quelqu'un d'autre,
plus haut,
et qui me mange le ventre.
Je préférais la neige.
Je me souviens
d'une route d'Octobre d'où j'écoutais le brouhaha de la peine incarnée.
Toute la marche des hommes se tenait là,
comme des drosophiles sous mon macroscope,
avant le grand plongeon
dans les légendes barbares de la forêt.
Les jours sont passés
sans précipitation
à bien y regarder.
J'ai fumé mon tabac,
tapoté la cendre.
Je vide aujourd'hui le cendrier.
L'effet de la new-cotine est dissipé
et je viens de cracher le dernier poison
que je gardais.
Le panneau de la ville me tourne le dos.
Ma fatigue printanière vient de là.
De cette perte d'horizon,
de la naissance du suivant,
encerclé de bois chaud,
d'herbe jaunie par le jaune du soleil.
Comme depuis un lit d'hôpital
où l'on se prend à fermenter une nouvelle voie unique,
je plante ma civière sur un pont trisomique
qui ne rêve que de fortune. »
Je l'ai adoptée,
l'aurais tatouée sur ma peau si j'avais la surface d'un arc-en-ciel.
Un matin,
le coin des maisons est devenu une cage rouge
avec de la paille séchée.
Les habitants du bourg ne me voient plus,
mes allées et venues ne bouleversent plus
leur air,
je ne le bouge plus;
et même sans raser les murs,
il reste sur mes mains sales
les égratignures de les avoir trop rencontrés.
A mon arrivée ici,
il y a neuf mois,
un cortège vert et enflammé me suivait partout où j'allais
et envoyait une salve de regards neufs sur les architectures de l'homme
et de sa Mère.
A peine le feu était-il le seul salut
pour une vie nocturne
que je me blottissais, heureux,
dans mon froid,
la main sur la bougie en attendant qu'elle fonde.
Je marchais sur le toit des chapelles ;
je lisais, la tête à l'envers,
sur les hauteurs d'une source.
Je construisais des entreprises où j'étais le seul patron,
le seul employé.
Je suis le seul licencié.
La belle saison m'attirait alors...
En fait, ses longs jours ne m'apportent rien.
Je ne veux pas bronzer et porter leur marque sur le corps,
comme le tatouage d'une vache.
Il me semble justement en être une:
Prendre de la place,
inaperçue,
manger
et ne servir qu'à engraisser quelqu'un d'autre,
plus haut,
et qui me mange le ventre.
Je préférais la neige.
Je me souviens
d'une route d'Octobre d'où j'écoutais le brouhaha de la peine incarnée.
Toute la marche des hommes se tenait là,
comme des drosophiles sous mon macroscope,
avant le grand plongeon
dans les légendes barbares de la forêt.
Les jours sont passés
sans précipitation
à bien y regarder.
J'ai fumé mon tabac,
tapoté la cendre.
Je vide aujourd'hui le cendrier.
L'effet de la new-cotine est dissipé
et je viens de cracher le dernier poison
que je gardais.
Le panneau de la ville me tourne le dos.
Ma fatigue printanière vient de là.
De cette perte d'horizon,
de la naissance du suivant,
encerclé de bois chaud,
d'herbe jaunie par le jaune du soleil.
Comme depuis un lit d'hôpital
où l'on se prend à fermenter une nouvelle voie unique,
je plante ma civière sur un pont trisomique
qui ne rêve que de fortune. »
Re: Exercice de désintégration
Je ne suis pas allée bien loin dans le texte qui m'a vite ennuyée... Je ne saurais vraiment dire pourquoi.
Invité- Invité
Re: Exercice de désintégration
Je suis partagée, essentiellement sur la forme. Tu optes tantôt pour un parti-pris délibérément poétique avec vers courts et intentions sonores, tantôt pour une prose poétique avec des effets narratifs trop explicites à mon goût. Le mariage n'est pas tout le temps heureux (à mes yeux s'entend).
Je pense aussi que cette intention de vouloir raconter une histoire se prête mal à ce format, trop long tout en étant trop court (je sais, ça peut paraître paradoxal). Le rythme s'essouffle (le trop long) alors que la lectrice que je suis attend toujours quelque chose (d'où le trop court).
Certains passages me plaisent beaucoup:
et même sans raser les murs,
il reste sur mes mains sales
les égratignures de les avoir trop rencontrés.
Je marchais sur le toit des chapelles ;
je lisais, la tête à l'envers,
sur les hauteurs d'une source.
Je me souviens
d'une route d'Octobre d'où j'écoutais le brouhaha de la peine incarnée.
Toute la marche des hommes se tenait là
Je pense aussi que cette intention de vouloir raconter une histoire se prête mal à ce format, trop long tout en étant trop court (je sais, ça peut paraître paradoxal). Le rythme s'essouffle (le trop long) alors que la lectrice que je suis attend toujours quelque chose (d'où le trop court).
Certains passages me plaisent beaucoup:
et même sans raser les murs,
il reste sur mes mains sales
les égratignures de les avoir trop rencontrés.
Je marchais sur le toit des chapelles ;
je lisais, la tête à l'envers,
sur les hauteurs d'une source.
Je me souviens
d'une route d'Octobre d'où j'écoutais le brouhaha de la peine incarnée.
Toute la marche des hommes se tenait là
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exercice de désintégration
Bonsoir Ole Touroque,
je n'ai à aucun moment compris de quoi parlait votre poème, cela ne veut pas dire que celui-ci soit mauvais mais je me suis senti comme tombant au fond d'un gouffre sans rien n'avoir à quoi me raccrocher pour freiner un tant soit peu ma chute.
Ce n'est que mon avis, pour d'autres, le sens de votre poème sera évident et leur évoquera quelque chose mais moi je n'ai pas eu d'émotion en vous lisant ; je n'ai pas souri, été surpris, ému, en colère ou autre.
Désolé de ne pas avoir été emballé, je vous relirais peut-être demain et aurais une autre vision de ce texte, allez savoir...
je n'ai à aucun moment compris de quoi parlait votre poème, cela ne veut pas dire que celui-ci soit mauvais mais je me suis senti comme tombant au fond d'un gouffre sans rien n'avoir à quoi me raccrocher pour freiner un tant soit peu ma chute.
Ce n'est que mon avis, pour d'autres, le sens de votre poème sera évident et leur évoquera quelque chose mais moi je n'ai pas eu d'émotion en vous lisant ; je n'ai pas souri, été surpris, ému, en colère ou autre.
Désolé de ne pas avoir été emballé, je vous relirais peut-être demain et aurais une autre vision de ce texte, allez savoir...
Peter Pan- Nombre de messages : 3709
Age : 49
Localisation : Pays des rêves et de l'imaginaire
Date d'inscription : 16/04/2009
Re: Exercice de désintégration
Des réponse éparses sans questions ...
Une atmosphère étrange.
Du talent sans doute.
Une atmosphère étrange.
Du talent sans doute.
Manu(manisa06)- Nombre de messages : 1928
Age : 54
Localisation : Côte d'usure
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: Exercice de désintégration
Y'a qua prendre ce qui est écrit et pendre les questionnements.
Bien dit, j'ai aimé.
Bien dit, j'ai aimé.
Bunje- Nombre de messages : 215
Age : 109
Date d'inscription : 17/06/2008
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