Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Code promo Nike : -25% dès 50€ ...
Voir le deal

JO DOMENICA : L'amore à Trieste

+4
abstract
Roz-gingembre
Ba
bertrand-môgendre
8 participants

Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  bertrand-môgendre Ven 12 Juin 2009 - 21:11


L'amore à Trieste
une aventure de Jo Domenica


Pour assurer l'intemporalité des saisons, il suffit de jeter son oignon dans le canal tout en gardant la tête sur les épaules.
Cette histoire débuta lorsque de Lyon, je voyageais vers Trieste avec mon nouveau personnage : Jo Domenica. Il s'était imposé en s'installant tout près de mes écrits là où la marge s'encombre de notes, corrections et autres gribouillis. L'individu créé, je me devais de lui donner une apparence physique, histoire de donner corps au récit. Quant à son aventure, j'en connaissais par avance les tenants et les aboutissants. Mais voici tout d'abord comment cela se passa.


1


En plus d'être creux, Jo était lisse et rond, d'un beau rond rose à souhait, brillant de peau. Il était de la trempe de ces hommes avenants, prêts à dialoguer avec des inconnus. Sa bonhommie joviale rassurait le quidam. L'arrivée en ville de Trieste fut longue, triste. Sorti de la gare, Jo traversa la place occupée par l'activité hebdomadaire des maraichers. À petits pas, son déplacement lui paraissait moins pénible, en cette fin de matinée de juin. Cagettes, papiers, cartons et poubelles s'amassaient et se barricadaient contre les assauts du vent. Sur le port il était tombé une poudre jaune que le sirocco soufflant de la mer balayait par rafales, sans ménagement. Jo s'engagea dans la partie la plus resserrée et circonscrite de la ville. Il parcourut les rues abritées, les plus populeuses suivant les indications détaillées de son plan. Parvenu à la rue des artistes, petite, obscure, il vit l'établissement San Marco afficher : fermeture hebdomadaire.
Le lieu de rendez-vous s'avérerait-il un mauvais canular ?
Jo se remémora les derniers courriels envoyés par avec son alter ego signant sous le pseudo Svevo. Voilà deux ans qu'ils entretenaient une correspondance irrégulière en signant leurs textes sur un forum intitulé Vos Écrits. Une amitié virtuelle se construisit sur les bases d'une invisibilité induite. D'un commun accord, ils avaient décidé cette rencontre.

Jo tenta d'ouvrir la porte résolument verrouillée.

Mon voyage entre Lyon et Trieste fut laborieux. Je transportais cette soif de découverte que procure un lieu inconnu. Livres en poche, cahier sous la main, j'avais élaboré dans le compartiment quelques esquisses d'histoires à construire plus tard lorsque j'aurais trouvé sur place un peu de grain à moudre pour alimenter mon récit. Premier écueil concret : Jo Doménica butait sur un imprévu. À lui de faire face. Regardons-le se dépatouiller dans cette situation.

Jo tambourina sur les contrevents de la porte close.
Il fut heureux d'entendre enfin des pas pressés s'agiter derrière l'huis de l'auberge grise. Soudain, le patron de l'établissement pratiqua sur Jo la saisie brutale d'une boule de pâte à pizza destinée à être étalée. L'enfournement brutal visait à ne pas laisser s'échapper le secret du lieu sombre. La salle en L majuscule était irrégulière. Pour l'agrandir, les anciens propriétaires avaient dû abattre une ou deux cloisons. Restaient visibles au sol les différences de niveaux, les carrelages non assortis à la pièce principale elle, recouverte de parquet en lames de châtaigner assemblées à bâtons rompus. Des masques vieillissaient sur les murs, des échiquiers dans le renfoncement d'une boiserie patinée.
Deux seuls clients étaient assis autour d'une table ronde façon bistrot dont les quatre pieds sculptés en pattes de lion griffaient les carreaux à chaque mouvement d'humeur. Car ici, le ton de la conversation filait au vinaigre. Une liasse de billets disparut dans la poche arrière du client qui lui tournait le dos. Face à lui, un petit homme rondouillard s'était levé brutalement. Bien que son teint fût bistré, un voile rouge de colère encore contenue vint enflammer ses bajoues. À cet instant précis, de lui se dégageait cette irrésistible aversion qu'excitent les fripons et les fourbes. Il n'en était que plus dangereux. La menace de son doigt pesa devant le nez de son interlocuteur direct. Une seconde chaise tomba. La tension enfla. Les yeux bleus de l'homme en furie se plantèrent un instant dans ceux de Jo. Du regard, il étudia la forme de son visage, détailla ses vêtements tel un photographe saisirait un cliché dans l'action, puis se détourna, émit un sifflement aigu semblable à celui provoqué par une soupape de sécurité lâchant la pression. Porte ouverte, une bourrasque de vent vint capturer l'italien en colère, le saisit en plein envol, l'emporta loin dans la rue accompagné d'une ribambelle de noms d'oiseaux ponctués de menaces. Le patron cala son pied contre l'huisserie bien endommagée avant d'actionner la clenche.

En se retournant, le client marmonna un flot de paroles intraduisibles. Jo reconnut Svevo.
— Un souci Svevo ? Ce dernier tête basse redescendit sur terre.
— Ah ! Jo Domenica ! Mon ami. Bonjourno ! Quelle joie de te rencontrer ! La poignée de main bien que chaleureuse resta néanmoins moite.
— J'espère que je n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe.
— Mais non Jo. C'est juste un petit différend sans importance. Les affaires, tu sais ce que c'est... Mais toi alors raconte-moi. Ton voyage en train ? As-tu trouvé un hôtel ? Giuseppe donne-lui un café ! Hé ! Le meilleur nero con schiuma (noir avec de la mousse) ! C'est pour mon ami Jo Domenica francese. Tu m'en diras des nouvelles ! Donne-moi ton bagage. As-tu mangé ? Giuseppe prépare-lui quelque chose de bon. Tu aimes le pesce, le poisson ? Tu préfères la pasta, la pizza ?
Svevo parlait avec l'exubérance contenue dans ses écrits. Impossible de répondre aux questions lâchées à la vitesse des tentatives de fuite du mulot attrapé par un chat malicieux.
— Je suis très content de te rencontrer Svevo. Une accolade franche compléta la poignée de main interminable.
— Andréa ! Appelle-moi Andréa, c'est mon nom ici. J'avais choisi Svevo pour la gloire littéraire locale, une manière d'annoncer la couleur. Demain, nous irons sur les traces d'Italo. Et toi est-ce vraiment Jo Domenica ? Italien ? Tu as de la famille ici ? J'espère que tu vas t'y plaire. La chambre à l'hôtel que je t'ai réservée appartient à mon oncle Sylvio. Un monument ! Mon oncle, son bâtiment aussi. Rien à voir avec ses préfabriqués où tu entends à toute heure du jour et de la nuit grignoter ces sinistres cafards. Je te laisse l'adresse. Vas-y de ma part. Fais-moi confiance, tu seras bien reçu. Giuseppe et ce café ? Désolé, mais il est pas pressé le Giuseppe, un peu mou c'est tout ! Ah ! Ah ! Assieds-toi. Raconte-moi tout.
— En fait, je suis parti...
Un avertissement sonore ressemblant aux premières notes du Rigoletto de Verdi interrompit son monologue. Pronto ! Comme auprès de tout bon individu muni d'un cellulaire, les voisins alentour pouvaient entendre le même genre de conversation irrespectueuse.
Débile.
— Bon, je dois te laisser. Les affaires, tu sais ce que c'est... On se voit ce soir. Prends le temps de te reposer. Marco tu ajouteras ça sur mon compte. À ce soir mon ami Jo Dominica. À vingt heures ici au bar. Je vais t'emmener découvrir Trieste la nuit ! Tchao l'ami Jo Domenica. Et... Forza italia !

Le café servi chaud fumait sous la crème chantilly. Entre les mains épaisses de Jo, le minuscule de la cuiller et du contenu frisait le ridicule. Il articula un timide au revoir à son hôte qui avait déjà disparu. Giuseppe ne parlait pas français. Par contre, il le comprenait et c'est avec plaisir qu'il accepta la pièce pour le service rendu lorsque Jo quitta son établissement.
bertrand-môgendre
bertrand-môgendre

Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  bertrand-môgendre Ven 12 Juin 2009 - 21:12

2


En hiver, la bora aurait embarquée la température vers la baisse. A contrario, la douceur de l'air pulsé de l'Adriatique attirait le monde dans les rues. Jo se remémorera les indications à suivre pour rejoindre l'hôtel de Sylvio. Le Corso à retrouver... Corso ou Carso ?... Passer devant la bibliothèque... L'hôtel était situé via dei Forni, une rue de la nouvelle ville. Des maisons de quatre ou cinq étages construites après guerre s'élevaient au-dessus des rez-de-chaussée occupés par de grands magasins. Une bruine monotone enveloppait les maisons. Ciel uniformément gris jusqu'au fond de l'horizon bouché. Jo Domenica eut le sentiment que le mauvais temps ne cesserait jamais. L'architecture de la Via Italia était massive, lourde. Un moyen radical pour donner aux clients une confiance absolue dans les banques et compagnies d'assurances qui occupaient les immeubles. Pénétrer dans l'un d’eux c'était bousculer un monde mystérieux où travaillaient en silence les gardiens du temple de l'argent. Les larges escaliers remplis de stucs et de lampadaires inénarrables l’invitaient à marcher sur la pointe des pieds pour gagner à reculons la porte-tourniquet.

L'entrée de l'hôtel sans charme ouvrait sur un hall, profond bien éclairé, divisé en deux parties distinctes par un solide escalier de pierre donnant au visiteur la vague impression de pénétrer dans un amphithéâtre, en miniature. L'installation fut facilitée par la recommandation de Svevo... euh non Andréa, enfin par son neveu qui avait réservé. Le soleil pointa un rayon puis deux à travers la brume dissipée.

Le goût de la découverte donna envie à Jo de surplomber la ville. Les collines proches ne manquaient pas. Il gravit la Via San Michele en soufflant beaucoup, désireux de parvenir au plateau avec juste ce qu'il faut de fatigue pour apprécier la première étape. Ses poumons s'ouvrirent lorsque tourné vers la baie il dégusta enfin le paysage.
Un peu de la ville était visible. Les blanches façades des immeubles disposées en un large demi-cercle au bord du rivage embrassaient l'Adriatique d'un geste ample.
Un morceau de mer bleue agitait les embarcations légères telles des grains de beauté sur la peau d'une femme en attente d'activité. La colline d'en face barrait le ciel devenu enfin clair et sans nuages. À flanc de coteaux, les carrés blancs des habitations individuelles piquaient ça et là la toile qu'un peintre impressionniste aurait eu plaisir à disséminer sur son oeuvre du moment. L'atmosphère pesante prit la tournure des menaces orageuses.
Sur la place de la cathédrale, Jo observa que les colonnes de pierres et sculptures romaines avaient été réutilisées dans les constructions environnantes et surtout pour l'édification de l'Église.
Moche.

Il grimpa au sommet des remparts du château. La silhouette de celui de Miramarre plus moderne se découpait au nord sur fond de cumulus comme présage d'une future averse. Accoudé en haut de la muraille, il constata la multiplicité des flèches de grues, des flèches d'églises, des dômes concentrés vers le Canal Grande. Un peu au nord de Trieste, dans un bois de pin il photographia l'originalité d'un sanctuaire très moderne de forme pyramidale recouverte de verre.
L'horizon liquide était barré par quatre immenses tankers immobilisés. La Slovénie arrivera-t-elle un jour à disposer d'un corridor non surveillé par les Croates ?
Stupidités territoriales.

Jo regagna la terre ferme sans rouler bouler, mais presque.
Jo cheminait à travers la ville, porté par le flot paresseux des oisifs, bousculé par celui des actifs. Il n'était pas facile de marcher au milieu d'eux ; celui qui était devant pouvait s'arrêter d'un seul coup le regard fixé sur une vitrine ; tel autre sortait d'une boutique la main calée à l'oreille à phone oubliant de saluer le commerçant qui lui lançait un arrivedechi machinal ; si bien que, lassé de devoir toujours esquiver, il prit l'initiative de quitter ce trottoir surpeuplé en empruntant le caniveau au risque de se faire bousculer par un des nombreux scooters.
Jo ressentait cette crainte permanente d'être absorbé par cette masse d'inconnus et d'appartenir à cette famille sans y avoir été invité. Dans cette ancienne portion du royaume austro-hongrois, les Italiens côtoyaient les Slaves.
C'est surement cette mixité qui vitalisait ces promeneurs en mouvement.

Le porche de la bibliothèque fut suffisamment accueillant pour qu'il veuille le franchir. À l'intérieur, il fit une reconnaissance des lieux. Sur la droite du hall d'entrée, un escalier de pierre desservait les étages supérieurs invitant le visiteur à lever la tête jusqu'au plafond encombré par les planchers des échafaudages suspendus. La porte du fond du vestibule donnait sur une cour en désordre. Les ouvriers l'utilisaient pour entreposer leur outillage et les matériaux nécessaires aux travaux. L'ensemble du bâtiment était en rénovation.
Jo comprit que seule la salle des revues périodiques restait accessible au public. Il ne trouvera aucun ouvrage précieux. Qu'à cela ne tienne. La langue italienne était aussi difficile à lire qu'à parler. Il traversa la courte salle de lecture entièrement occupée par des tables disposées en ordre parallèle. Jo s'assit au hasard et pendant un certain temps il bloqua sa tête entre ses mains, les coudes encadrant l'ouvrage qu'il avait dérangé de son présentoir.

Absorbé dans sa lecture incompréhensible, il remarqua les gestes nerveux de sa voisine venue s'assoir à ses côtés. Coquette, revêtue d'un fin pull de coton rose pâle retombant sur un jean bermuda faussement rapiécé, la femme tournicotait ses doigts autour de son stylo toujours en mouvement.
Leçon de séduction. Visage enfantin pâle et gentil. Peau soignée que la lumière embellit. Ses yeux noirs étaient grands et lui souriaient, presque insolents.
bertrand-môgendre
bertrand-môgendre

Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  bertrand-môgendre Ven 12 Juin 2009 - 21:12


3


Mon ami Jo tombe littéralement sous le charme d'Ada une française vivant en Italie depuis l'âge de douze ans. C'est la rencontre flash qui permet au visiteur d'un pays étranger d'étancher sa soif de parler sans réfléchir et au résidant expatrié de retrouver les couleurs de sa langue maternelle.
Le plan suivant, dépassés les politesses de convenance, Jo et Ada bavardaient gaiement à haute voix à la terrasse d'un café bordant la Piazza del Unità.


Ada se disait si heureuse de l'avoir rencontré. Elle lui apprit qu'elle venait de rendre visite à une amie à Trieste, mais qu'elle était mariée à Rome où son mari l'attendait. Il y avait déjà vingt ans qu'elle était l'épouse d'un homme trop occupé par la politique, au point de la délaisser elle et ses désirs. Un geste las accompagna sa dernière phrase. Le verre de vin appelait un autre verre de vin.
Elle riait beaucoup. Une mimique, un mot de Jo déclenchaient en elle un mouvement sporadique, un hoquet transpirant la gaieté. Il lui dit la vraie raison de son déplacement à Trieste. Une rencontre avec un individu faux, fuyant, inconnu encore. Elle rit tout en menaçant Jo de son index sottement. N'est-ce pas plutôt une femme qu'il désirait voir ? Au départ non, mais à présent, il venait de rencontrer la seule vraie raison de son voyage en Italie. À ces mots, la gaieté naturelle de son amie enfla d'importance. Elle lui dit que c'était très beau ce qu'il venait de dire, mais ne croyait pas un traitre mot de cette histoire de rencontre avec un inconnu contacté par internet. Elle le traita de furbo (rusé).
Elle sortit son paquet de cigarettes lui en proposa une. Comme il ne fumait pas, elle s'en grilla une et lui envoya la fumée en pleine figure.
— Explique-moi pourquoi cette rencontre me réjouit autant ? lui demanda-t-elle un oeil plissé l'autre le fixant avec l'insistance d'une amante déshabillant son partenaire. Jo Domenica prit le recul nécessaire pour éviter l'attaque directe de cette femme séduisante. Il profita de l'occasion pour héler le garçon de café.
Le silence s'installa entre eux le temps d'une observation mutuelle. Elle se para d'un regard complice. Lui intimidé se réfugiait derrière sa gêne encombrante. Jo s'interrogea sur la présence de cette femme à la même table que lui. Sa chevelure luxuriante encadrait son visage aguerri par le temps. Ses lèvres soulignées par un rouge discret à demi-ouvertes attendaient une répartie, un signe, une réponse.
Elle lui saisit la main posée à plat sur la table. Un frisson le parcourut. Une femme offre beaucoup de soi quand elle tend la main. Avec un regard profond et un sourire plaisant, elle lui dit :
— Viens. Allons nous promener. Jo sentit la taille de son corps et en la comparant à la sienne, il lui sembla accomplir un geste qui ressemblait à une étreinte. Elle ne refusait pas le rapprochement des corps. Ada se laissait reposer inerte dans le bras de Jo. Pour lui, l'inertie d'une femme était forme d'acquiescement. Ce fut certainement un contact intime.

Le bus numéro six les transporta derrière le Porto Vecchio en direction de Miramarre.
Ada aérienne se mouvait avec aisance, souriait à l'envi. Jo véhiculait péniblement la gêne musculaire de ses jambes. Il se sentait défavorisé. Leur promenade s'étirait entre le parc arboré, tondu, fleuri et l'Adriatique. Ils formaient un couple parmi les couples. Les bronzes-culs lézardaient au soleil, à même le sol ou allongés sur des transats. Certains uniquement ficelés par un cache-sexe bien discret. Ada décida de se baigner. Il préféra décliner l'invitation prétextant une hyper sensibilité aux coups de soleil. Jo se confina à l'ombre d'un maigre palmier.
Elle, dans sa superbe, se dévêtit sans le quitter des yeux. Femme de Trieste, Ada s'arrogeait le droit d'abuser de la mer à tout moment. Nager la délassait. L'eau naviguait entre le turquoise de son bord et le limpide des bleus salins. Ni sirène, encore moins naïade elle était femme en son élément originel. Une douche aussi froide qu'était la mer stimula son envie de capter la chaleur du soleil. Jo apprécia la beauté naturelle de sa nouvelle amie.
Quelque chose clochait entre eux. Oui. Ils n'étaient pas semblables. Et pourtant. Le sourire d'Ada, illuminant son approche vers lui, effaça toutes incertitudes. Elle tira la serviette de son sac et l'étendit sur les dalles. Ici pas de sable. Était-ce la raison de la présence de tant de retraités ? Était-ce cette population qui attirait pigeons et chats partout dans la ville ? Jo sourit. Il visionna les corps morts brunir ou cramer très près d'eux.
— Pourquoi tant de vieux ici ?
— Tu ne parles pas de moi, j'espère ?
— Oh ! fit-il gêné.
— Les touristes sont pour la plupart de riches autrichiens, en attente.
— En attente de quoi ?
— As-tu déjà entendu parler de dons d'organes ?
— Un peu oui, surtout pour les dyalisés.
— Ici à Trieste s'effectuent les transplantations d'organes. Souvent, ce sont les reins, la rate et parfois plus, si...affinités...
— Tu plaisantes ?
— À peine. Les vivants vendent aux vivants. Un rein peut te rapporter sept mille euros ! Il est revendu dix fois plus cher au receveur.
— Quelle horreur !
— La transplantation est légale, donc normale. Ce qui l'est moins c'est le trafic. Ici, les cliniques privées sont pleines d'étrangers, regorgent de patients... patients. Les morts participent parfois sans leur consentement. Il y a toujours d'énormes masses d'argent en jeu.

Ada se retourna sur le ventre. Son dos se présentait lisse et bronzé. Tu ne veux toujours pas te mouiller ?
— Je ne sais pas nager en plus le soleil me brûle aussitôt. Je suis bien à l'ombre à te regarder. Tu es sublime.
— Idiot. Ne reste pas là sans rien faire. Dans mon sac, il y a la crème solaire. Veux-tu bien m'en tartiner un peu ? Elle défit l'attache de son soutien-rien et étendit la pièce de tissu sur une dalle chaude.
En tirant du sac le flacon d'huile protectrice, il fit tomber une boite de médicament. Du véronal. Jo repensa à la beauté tragique du geste de Zweig, puis celui moins glorieux de sa propre tentative avortée. Il eut soudain peur de fréquenter une personne suicidaire.
— Ça ne t'ennuie pas ? demanda-t-elle.
— Tu es sur que ça ne t'ennuie pas ? insista-t-elle.
— Oh non ! Pardon, j'étais dans la lune. Ses mains boudinées flattaient le corps d'Ada. Un nuage cacha un instant le soleil. Jo réalisa sa chance. En une journée, il avait connu la grisaille, le vent, la tourmente, l'orage et à présent le plaisir de caresser une femme inconnue trois heures auparavant.
— Je ne te fais pas mal au moins ?
— Continue, ne t'arrête pas. Ton massage est divin.
— Pourtant, je n'ai jamais appliqué de crème à quiconque jusqu'à présent.
— Tes débuts sont prometteurs. Es-tu marié ? Si je suis trop indiscrète, tu n'es pas obligé de me répondre.
— Marié, non enfin plus maintenant c'est fini. J'ai coupé les ponts avec la famille et je vis seul. C'est mieux. Et toi ?
— Mon mari vit à Rome. Voilà cinq ans que je travaille pour lui en dirigeant une de ses agences immobilières au centre-ville. Aujourd'hui fermeture, je me promène. Je suis contente de t'avoir rencontré.
— Comme c'est drôle. Jamais je n'aurai imaginé parler français si loin de mon pays.
— Je suis une expatriée et de discuter avec toi me donne l'envie d'y retourner.
— J'aime bien le hasard.
— Le hasard parsème notre route de chemins de traverse à emprunter... ou non...
— Je suis heureux.
Une vedette rapide traversa leur tranquillité complice.
— Allez hop debout. Je t'emmène visiter Miramarre. Ada ajusta sa tenue de ville. Ses sous-vêtements ayant servi de maillot de bain rejoignirent avec sa serviette son sac à main.

Ce fut le bus trente-six qui les conduisit jusqu'à l'entrée du parc du château. La bâtisse toute blanche surplombait l'Adriatique. Ils n'eurent pas le temps de profiter du parc. Peu de personnes circulaient sous les pergolas. Jo s'attribua le titre de prince accueillant sa muse jusqu'au bord de la jetée atteinte en descendant les larges escaliers. Une scène d'adieux passionnés se déroula sous les yeux du gardien qui les pressait de quitter les lieux.
Saisie d'un frisson, elle se blottit dans les bras de Jo. Il imprima à cette étreinte romantique un geste fort de bien-être. Ainsi rivé, le couple remonta les marches du palais.

Ils retournèrent au centre-ville. Devant le théâtre, elle lui promit de se libérer après vingt-deux heures. Lui écourterait son entrevue avec Svevo son correspondant très occupé. Rendez-vous était pris au pied de la fontaine de la Piazza Grande. Leurs visages se rapprochèrent, leurs lèvres s'effleurèrent. Une tension palpable troublait Jo décidément très affecté par cet au revoir.
Il regarda s'éloigner Ada. Ses cheveux ondulèrent dans un mouvement d'air transformant ses reflets de henné en une onde de soie.
bertrand-môgendre
bertrand-môgendre

Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  bertrand-môgendre Ven 12 Juin 2009 - 21:13

4


Et c'est au café San Marco à l'heure prévue que Jo attendit Andréa, l'invisible, Andréa dissimulé derrière son masque de Svevo. Deux pizzas plus tard, Jo laissa un message à son correspondant. Il ne voulait surtout pas rater Ada. La fontaine de la place était tarie. La statue représentant l'Afrique avait perdu la tête. Une foule conséquente écoutait les musiciens en représentation nocturne sur la scène dressée en plein air.
— Ah ! Jo ! Tu m'attendais ? Eh toi mon ami, me pardonneras-tu bien mon retard ? Les affaires, tu sais ce que c'est...
Andréa en homme svelte apparut dans un costume bien coupé, porté façon négligée, mais avec classe. Son pantalon de toile allégeait sa démarche. Quant à ses chaussures... souples, fines, elles représentaient à elles seules le concentré parfait de l'aisance financière de l'individu. Jo insista pour lui raconter sa journée assis sur la fontaine.

— Oh! Oh ! Jo Domenica a rendez-vous avec une Italienne ? Quel cachotier tu fais ! Je ne veux pas te décevoir, mais à Trieste... c'est l'endroit idéal pour poser un lapin. Le pigeonnier est en face de toi (désignant l'Hôtel de Ville).
Vastes, envoûtant les bras d'Andréa encadraient Jo. Lui la jouait sympathique, étonné, aimable, malgré son angoisse d'être devant la réalité tragique : son idylle du jour ne viendrait pas. Ronds, pigmentés s'écoulaient les propos de l'italien à la terrasse de leur deuxième café.
— Bois mon ami, bois, car ici la vigne emprisonne le soleil pour réchauffer le coeur de celui qui consomme son jus fermenté.
Bois mon ami, bois pour ressentir la force des travailleurs du terroir, la vitalité de notre montagne. Laisse la bière aux Autrichiens.

Grandiloquentes, soulantes, les paroles de Svevo, non d'Andréa, enfin bref de son compagnon l'étourdissaient mollement.
— Allons sur le molo, il y a un joli trois-mâts. Ne sois pas déçu, demain tu en trouveras une autre.
Seul l'air frais pouvait sortir Jo de sa léthargie passagère. L'orage menaçant, le grand air appelaient les hommes sur la jetée. La rumeur des flots qui se brisaient sur la digue montait de la mer agitée. Au-delà des navires rangés le long du quai de la pêcherie, à la dérive des ténèbres sans lune, la mer semblait combler un vide énorme, tout noir. Le rayon tournoyant du phare se reflétait sur l'eau et en révélait la surface frangée d'écume.
— Je te raccompagne Jo sinon tu vas te perdre.

Une mandoline perça le silence sur le chemin de l'hôtel. Ce n'était que la musique provenant d'un téléviseur régurgitant une énième fois un film de Visconti. Au loin tout contre les montagnes, les éclairs déchiraient le ciel. Une menace ? Un rappel à l'ordre ? Plus rien ne justifiait la lutte contre la fatigue écrasante. Jo aurait voulu s'étaler à même le sol.
— J'ai une idée Jo. Il y a des bancs là-bas.
Le parc public était fermé. Andréa ouvrit sans mal la grille cadenassée.
Aux yeux de Jo, cet italien était un vrai magicien.
— Je dois te montrer quelque chose d'important.
Jo trainait la patte. Il arriva devant le buste du célèbre Joyce.
— Regarde Domenica, tu as sous les yeux un peu de notre histoire. Viens voir l'autre. Que lis-tu ? Italo Svevo, Romanziere (1861-1928) Voilà l'origine de mon pseudo. Tu es arrivé au bout de ton voyage.
Regarde comment les vandales remercient nos gloires nationales : ils décapitent.
Andréa se positionna derrière la sculpture. Avec ses deux mains, il disloqua sans peine la tête de l'écrivain. Puis il fixa le chemin par lequel ils étaient arrivés.
— Oh Oh ! Qui voilà ? Une beauté à la recherche du mâle ? susurra-t-il avant de lâcher un rire sardonique.
Jo fit volte-face, tournant le dos à son correspondant.
— Ada !
Il ne l'attendait plus. Elle était présente. Elle s'avançait fraiche, déterminée. Son sourire ne s’adressait rien que pour lui, l'être rond qui se croyait lisse incapable d'aimer à nouveau après tous ses échecs.

Tant d'émotion en une seule journée c'était énorme pour son coeur.
Un doute surgit de la pénombre.
Était-ce l'effet de l'alcool, celui de l'émotion intense ?
Jo Domenica crut s'évanouir peu avant de recevoir un sérieux coup derrière le crâne.
La tête en bronze de la sculpture roula jusqu'aux pieds d'Ada déjà mêlés aux somptueux mocassins d'Andréa.
Jo Domenica revit une dernière image, celle du stylo-plume de l'écrivain exposé sous verre dans le musée portant son nom.

Décidément, le poids de la littérature était toujours d'actualité à Trieste.

5


Jo Domenica disparut sans laisser de trace. Trois mois après cette journée, les journaux italiens titrèrent la découverte d'une sizaine de corps lestés au fond du Canal Grande à Trieste. Les hommes retirés de l'eau ne possédaient ni yeux, ni foie, ni rate, ni reins. Les poissons du Frioul semblaient apprécier le cinquième quartier des cadavres.
Les plongeurs retrouvèrent également la tête manquante au buste d'Italo Svevo qui servait de lest à une victime particulièrement lourde.

Le départ de la ville de Trieste fut tristement long. J'étais assis en face d'un couple de trente, trente cinq ans, amoureux. Elle aurait pu s'appeler Ada, lui Andréa. Il aurait pu être le cousin d'un hôtelier, elle l'épouse d'un riche agent immobilier. Leur descente à Verona interrompit précipitamment leurs câlins. Je remarquais un livre oublié sur la banquette. “Una Vita” d'Italo Svevo, sous-titré par l'éditeur “Un Inetto” (un incapable). Le marque-page représentait la photo de Jo Domenica.



bertrand-môgendre Juin 2009



Références bibliographiques :

Slataper Scipio : Année de jeunesse que vous ouvrez tremblantes... Arnoldo Mondadori editor, Milan,1958 suivi de Les dauphins de Scipio Slataper par Biagio Marin Gioiella Marin in Englen 1996. Gallimard 1996 éditions collection l'arpenteur.

Magris Claudio : Microcosmes Garzanti Editor s.p.a. 1997. Traduit de l'italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau. Éditions Gallimard 1998 collection Folio.

Lemaire Gérard-Georges : Le goût de Trieste 2003 Mercure de France collection le petit mercure.

Stuparich Giani : Trieste dans mes souvenirs Editori Riuniti, Rome 1984. Traduit de l'italien par Jean-François Bory. 1999 Christian Bourgeois éditeur Collection "les derniers mots".

Svevo Italo : Une vie, Dall'Oglio éditore Milano 1954. Traduit de l'italien par Georges Piroué. Éditions Gallimard 1973 collection l'imaginaire.

Svevo Italo : La Conscience de Zeno Traduction, introduction et notes de Maryse Jeuland-Meynaud. 2007 Le livre de poche collection biblio.

Bazlen Roberto : Trieste edizioni s.p.a. Milan 1970. Traduit de l'italien par Monique Baccelli 2000 éditions Allia.

Venaille Franck : Trieste aux éditions du champ vallon

Apollinaire Guillaume : Saltimbanques dans Alcools 1975 Gallimard collection Poésie.[quote]
bertrand-môgendre
bertrand-môgendre

Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  Invité Sam 13 Juin 2009 - 6:26

Désolée, j'ai décroché juste après le premier chapitre. Je n'ai pas aimé du tout le procédé "miroir", avec les interventions en italique de l'auteur (j'ai souvent tendance à trouver ce genre d'artifice prétentieux), et l'histoire patinait trop au démarrage à mon goût, sans que le style, net mais un peu trop complaisant, toujours selon moi ("m'as-tu-vu écrire ?"), relevât suffisamment la sauce pour que j'eusse envie de connaître la suite.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  Ba Sam 13 Juin 2009 - 6:33

J'ai toujours pensé que l'amour était un " don de soi " sans concession posthume.
Cela dit bel exercice.
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  Roz-gingembre Sam 13 Juin 2009 - 16:43

Que de références bibliographiques!
mazette, je vois que l'on prend les choses au sérieux ici!

De bonnes choses dans cette nouvelle. J'aime assez le coté cinématographique et puis de bonnes idées aussi. Assez horrible ce trafic d'organes: quelque chose de vrai là dedans?

Sinon, j'ai tiqué sur certaines choses, je me suis interrogée sur d'autres comme par exemple ces" grains de beauté sur la peau d'une femme en attente d'activité". ..

Bertrand, va falloir que tu m'expliques cela!

Mais cette plaisanterie faite, je félicite le travail.
Roz-gingembre
Roz-gingembre

Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  abstract Dim 14 Juin 2009 - 16:37

J’ai lu ce texte avec plaisir même si comme socque je pense que les passages en italique n’apportent rien, mais au contraire alourdissent le récit. On se laisse volontiers balader dans Trieste en te lisant. Seuls petits bémols, on se doute un peu trop vite du piège de cette rencontre. J’ai aussi eu un peu de mal à visualiser la fin, ça m’a paru un peu embrouillé cette histoire de statue.
abstract
abstract

Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  mentor Lun 15 Juin 2009 - 16:32

j'ai apprécié ce texte, bien pensé, au scénario inattendu, à l'écriture quasi parfaite, sans fioritures
ce n'est pas ton registre habituel car si tu avais posté de façon anonyme je ne t'aurais pas deviné
une très belle balade à Trieste, ma foi, même avec une fin tragique
tu t'es fort bien documenté et le résultat est là
bravo B-Mô

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 46
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  Invité Mar 16 Juin 2009 - 10:52

Bertrand, je salue ton travail de recherche et d'écriture, même si j'ai relevé des imperfections (désolée, c'est ma "second nature" !) ; à te lire, je me suis demandé si tu avais réellement fait ce voyage à Trieste !
J'ai bien aimé l'idée de la tromperie et du trafic d'organes, je n'ai bêtement pas vu venir la fin, quel honneur d'être occis par Italo Svevo soi-même !
Revoir toutefois les caractéristiques de Ada dont les diverses facettes ne semblent pas toutes concorder telles que tu les exprimes : une fois en provenance de Rome, une autre fois "fille de Trieste", une fois mariée à un politique local, une autre fois autre épouse d'un agent immobilier romain (je sais bien que l'un n'exclut pas l'autre, mais il faudrait travailler la cohérence du personnage à mon avis).
Du très bon, impressionnant travail.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  abstract Mar 16 Juin 2009 - 19:48

Peux-tu me dire à quel moment de ta lecture tu as eu le déclic ?
J’ai eu un sérieux doute dès la rencontre à la Bibliothèque. Normalement si c’était une rencontre fortuite, Ada ne devait pas savoir que Jo était français comme elle. Pour quelle raison peut-elle alors l’aborder et le séduire ? Jo n’est pas vraiment décrit comme un tombeur, un type attachant certes, mais pas un homme que l’on va tenter de séduire pour son physique, sans le connaître. C’est pourtant ce qu’Ada fait.
Mes derniers doutes se sont envolés lorsqu’elle l’emmène à la plage. C’est rapide, trop rapide. Une femme qui après une rencontre de quelques heures propose d’aller à la plage, en maillot, devant un presque inconnu…Ca m’a semblé tellement éloigné de mon comportement que là je me suis dit : mon pauvre Jo t’es un gars bien naïf, cette Nana là elle veut obtenir quelque chose de toi et ce n’est certainement pas ce que tu désires lui offrir.
abstract
abstract

Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  Charles Mer 17 Juin 2009 - 13:17

J’aime bien la distance induite par les apartés de l’auteur qui parle de la construction du récit, introduisant l’idée que Jo Domenica, personnage créé, a sa propre vie, indépendante de la volonté de l’auteur.

Un petit bémol sur les descriptions. Elles sont souvent très réussi mais il me semble que le rapport « description » / « action » est un peu déséquilibré et n’aide pas forcément le lecteur à entrer dans le récit. Le tout est très visuel et précisément, peut être qu’en passant sur l’écran, cette nouvelle ferait un formidable court-métrage en conservant l’intrigue, les dialogues et l’ambiance et en allégeant la longueur descriptive …

Très belle qualité d’écriture comme à l’habitude
Charles
Charles

Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  Sahkti Jeu 18 Juin 2009 - 15:11

L'aspect "guide touritisco-culturel" prend malheureusement l'ascendant à trop de reprises sur le reste de l'histoire. Tout est (trop) décrit et les nombreux détails, sans parler de cette manière linéaire de narrer l'action, finissent par alourdir un récit qui contient toutefois un bon potentiel. Il serait bienvenu, je pense, d'élaguer un bon paquet, d'éliminer les monologues inutiles et les références qui apportent peu, voire rien.

Les petites réflexions en italique me plaisent et apportent une respiration mais ce n'est aps suffisant pour aérer le reste et lui donner vie, je crains d'être passée à côté d'une partie du texte.
Ceci dit, tu donnes une image de Trieste qui n'est pas déplaisante dans la mesure où elle reflète bien le statut ambigü de la ville et sa mélancolie éternelle.
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  Sahkti Jeu 18 Juin 2009 - 15:12

Charles a écrit:il me semble que le rapport « description » / « action » est un peu déséquilibré et n’aide pas forcément le lecteur à entrer dans le récit.
Ha oui, voilà tout à fait ce que je voulais dire !
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  Halicante Jeu 25 Juin 2009 - 11:15

Malgré certains passages un peu trop descriptifs à mon goût, je salue un bel exercice, bien documenté, et j’ai bien aimé les interventions de l’auteur, car elles donnent l’impression que l’on pourrait le croiser, ce Jo, dans un train ou sur un quai de gare… Ouvrez l’œil ! :-)
Halicante
Halicante

Nombre de messages : 1794
Age : 54
Localisation : Ici et maintenant.
Date d'inscription : 25/05/2008

http://www.loceanique.org

Revenir en haut Aller en bas

JO DOMENICA : L'amore à Trieste Empty Re: JO DOMENICA : L'amore à Trieste

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum