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Le murmure des bergers (XII) - Chap. 35, 36, 37, 38, 39, 40

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Le murmure des bergers (XII) - Chap. 35, 36, 37, 38, 39, 40 Empty Le murmure des bergers (XII) - Chap. 35, 36, 37, 38, 39, 40

Message  Hellian Ven 19 Juin 2009 - 9:14

Aprés s'être retirés quelques temps en haute montagne sous l'effet de quelque vent mauvais, les bergers dont de retour





Chapitre 35 - questions de procédure.



Le procureur Sylvain détestait attendre. Cela lui donnait le sentiment d'une dépendance et constituait une atteinte à sa souveraineté. Dans le bureau présidentiel, les trois hommes étaient soucieux. Au terme d'une heure de conciliabule, ils avaient épuisé toutes les hypothèses. Maintenant pesait un silence que nul n'osait plus rompre. Le président avait choisi de s'abstraire dans la lecture d'une gazette de jurisprudence et soupirait régulièrement lorsqu'il tournait une page. Gulliver avait longuement hésité avant d'extraire de sa poche un journal hippique. Seul le procureur veillait en scrutant régulièrement sa montre, croisant et décroisant ses jambes en signe d'impatience. On frappa à la porte. Avant que le président n'ait eu le temps de se lever, monsieur Sylvain jaillit de son fauteuil. Il tomba nez à nez avec un policier qui lui annonça qu'un certain professeur Dulouard attendait dans le vestibule.
« Qu'il entre », intima-t-il
Apparut Dulouard, sourire aux lèvres et main tendue.
« Monsieur le professeur, nous vous attendions. »
Le ton était teinté de reproche.
« Je vous en prie, asseyez-vous, rectifia avec civilité le président.
― En quoi puis-je vous être utile, messieurs ?
― Eh bien voilà, commença le président, immédiatement interrompu par le procureur.
― Monsieur le professeur, je crois devoir préciser avant d'aller plus loin que notre entretien est sous l'empire du secret de plus absolu.
― Précision inutile, monsieur le procureur », rétorqua Dulouard.
L’autre marqua sa surprise. Il n'avait pas l'habitude qu'on lui réplique, encore moins qu'on lui signifie l'inutilité de ses propos.
Devinant l’embarras qu'il venait de provoquer, Dulouard ajouta :
« J'imagine que par les temps qui courent, cette réunion au sommet revêt une importance capitale. Et je suis très honoré d'y être associé. Mais si vous me disiez de quoi il retourne.
― Eh bien voilà, reprit le président ...
― Nous avons un sérieux problème, interrompit de nouveau monsieur Sylvain. Mademoiselle Gajour, notre greffière d'instruction, absente depuis deux jours vient d'être retrouvée inanimée à son domicile
― C'est fort regrettable, il s'agit probablement d'un malaise propre à la constitution féminine.
― Certes, certes, on peut envisager cela sous cet angle, mais là n'est pas le plus grave, déplora le président.
― Non, effectivement, enchaîna le procureur, le plus grave, voyez-vous, c'est que l'on a retrouvé dans sa table de chevet un revolver et que...
― Et que ce revolver, continua le président, est précisément celui qui a servi à l'assassinat de monsieur le maire.
― Vous êtes sûrs ?
― Absolument.
― Mais alors, vous voulez dire que cette femme est l'assassin du maire. C'est regrettable ; cependant je ne vois pas en quoi je puis vous être utile. Cette affaire relève de votre compétence, non de la mienne.
― Attendez ! Ce n'est pas tout. Mademoiselle Gajour a été transportée à l'hôpital dans un état comateux, les médecins l'ont mise sous perfusion. Elle est désormais sauvée. Seulement...
Le procureur hésita.
-- Seulement quoi ?
― Eh bien, elle est dans un état de prostration totale, les yeux grands ouverts. Et nous ne pouvons absolument pas communiquer avec elle. Elle ne réagit à aucun stimulus. Ses fonctions vitales sont parfaitement rétablies. Mais elle demeure imperméable à toute communication.
― Ah, je vois », fit Dulouard énigmatique.
Cette réflexion prometteuse suscita immédiatement un regain d’intérêt de la part de ses interlocuteurs. Un silence de quelques secondes s'ensuivit.
« Vous voyez quoi ? interrogea le procureur.
― Je vois, répéta-t-il, sentencieux.
― À dire vrai, nous avons fait le rapprochement avec le jeune Galichon. Et comme nous savons que vous vous êtes penché sur son cas, avec semble-t-il un certain succès...
― Oh , un succès mitigé, si je puis me permettre.
― Monsieur le commissaire Gulliver nous a relaté l'entretien que vous avez eu ensemble. Il paraît que vous seriez parvenu à le faire parler... sous hypnose.
― Je croyais avoir compris que cet épisode n'intéressait pas la justice, faute de constituer une preuve.
― Monsieur le professeur, insista le procureur, nous avons besoin de vous. L'affaire est sans précédent. Et nous avons de bonnes raisons de penser que vous êtes le seul à pouvoir la faire parler. Nous voulons savoir. Il en va de… de la réputation de ce tribunal... que dis-je, de celle de la justice française.
― Si je comprends bien, messieurs, la justice française a besoin de moi... Mais que ferez-vous s'il s'avère que c'est effectivement votre greffière qui a tué le maire ?
― Mademoiselle Gajour était une fonctionnaire exemplaire, monsieur le professeur. Rien, absolument rien dans son existence ne pouvait laisser penser qu'elle commettrait un crime de cette importance…Vous comprenez, un membre du tribunal assassinant un élu, ce n'est guère dans les usages...
― En vertu de quoi vous souhaitez que je l'examine.
― S'il vous plaît !
― Eh bien, Messieurs, allons-y, fit Dulouard en se levant. Ah, j'allais oublier, je pose une condition.
― Nous vous écoutons, consentit le président.
― Je veux que mon ami, le docteur Sheppard, soit des nôtres. »
Le procureur marqua une hésitation.
« Eh bien, c'est-à-dire...
― Le docteur Sheppard est un remarquable praticien et tout comme moi, il est tenu au secret professionnel. Vous n'avez rien à craindre. De plus, lui seul est en mesure de m'assister. Il connaît mes protocoles. »
Les hommes de justice n'avaient guère le choix.
« D'accord ! » acquiesça Monsieur Sylvain.

Avisé par Gulliver, Sheppard ne se fit pas prier, d'autant moins que le commissaire lui précisa que c'était à la requête insistante de Dulouard que sa présence avait été sollicitée. Il était fin prêt lorsque la voiture officielle s'arrêta devant chez lui. Et, c'est chargé de cinq hommes que le véhicule, sous la conduite de Gulliver, pénétra dans la cour de l'hôpital. Sous la conduite du directeur de l'établissement, le groupe se dirigea vers les étages. Dans le couloir, des policiers en uniforme montaient la garde. Dulouard avait naturellement pris la tête de l'escouade, retrouvant spontanément dans ce milieu l'aisance du professeur qu’il étzit. Il ouvrit la porte. Face à lui, le lit où reposait la jeune femme était encombré d'une multitude d’appareils cliquetant dont les tentacules fouillaient ses bras offerts Une machine reliée à sa poitrine émettait des signaux sonores réguliers, tandis qu’un écran traduisait d'une écriture irrégulière quelques aspects de son activité cérébrale. Mais avant tout, ce qui frappa Dulouard fut la fixité de son regard scrutant le plafond. Il s'approcha, porta la main à son visage, écarquilla les paupières. Aucune réaction.


Les hommes de loi étaient restés près de la porte. Sheppard s'approcha à son tour, regarda longuement le corps de Janine et posa la main sur son front :
« Les pupilles !
― Oui, c'est la même chose », confirma Dulouard.
Les yeux de Janine Gajour avaient perdu leur aspect habituel. Les pupilles étaient dilatées, occupant la totalité de l'iris comme deux lucarnes ouvertes sur son cerveau. Cela lui conférait l'expression sidérée des personnes exposées à des frayeurs extrêmes.
« Pourrait-on savoir de quoi il s'agit ? » interrogea le procureur.
Dulouard se retourna, l'air agacé.
« Messieurs, je ne peux rien affirmer, mais cette jeune femme paraît affectée du même syndrome que le jeune Galichon. Je crains que nous ne puissions rien faire, sauf si...
― Sauf si ? interrogea le procureur.
― Sauf si vous en prenez la responsabilité.
― C'est-à-dire ?
― L’expérience à laquelle nous nous sommes livrés sur Hubert Galichon nous a permis d'apprendre certaines choses dont vous n'avez d'ailleurs fait que peu de cas. Mais elle a eu également pour conséquence d'envoyer ce jeune homme dans un état de léthargie encore plus prononcé. Aussi, je tiens à vous préciser d'emblée que je ne la réitérerai que si j'y suis requis par mandat de justice. »
Le procureur regarda le président qui regarda le commissaire qui regarda le procureur.
« Eh bien, objecta ce dernier, je ne sais pas si c'est de ma compétence. Qu'en pensez-vous monsieur le président ? »
Celui-ci hésita. La question allait s'enliser dans une technicité juridique dont il avait horreur. Qui donc avait le pouvoir d'ordonner ce que Dulouard se refusait à faire spontanément ?
« Tout le problème est de savoir si nous sommes dans le cadre de l'enquête préliminaire ou de l'instruction. S'il s'agit de l'instruction, monsieur le président, c'est de votre ressort et non du mien.
― Ah oui, fit le président et s'il s'agit de l'instruction, je la trouve où, moi, ma greffière ? Vous savez bien qu'il faut une greffière pour qu'une ordonnance soit valide. Or dans la circonstance présente...
― Eh bien, fit monsieur Sylvain, j'en prends la responsabilité. »
Puis, se tournant vers Dulouard :
« Monsieur le professeur Dulouard, je vous requiers de procéder sur mademoiselle Gajour à toute mesure d'expertise de nature à concourir à la manifestation de la vérité.
― Comme vous voudrez, monsieur le procureur, acquiesça Dulouard. Mais je veux une réquisition écrite. De toute façon, je ne dispose pas des substances nécessaires à l'expérience. Aussi, si vous le voulez bien, nous reporterons la tentative à demain. »
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Le murmure des bergers (XII) - Chap. 35, 36, 37, 38, 39, 40 Empty Re: Le murmure des bergers (XII) - Chap. 35, 36, 37, 38, 39, 40

Message  Hellian Ven 19 Juin 2009 - 9:16

Chapitre 36 - confession


« Je vous écoute, mademoiselle. »
Ce disant, Gulliver laissa échapper un soupir qui en disait long sur son envie d'écouter la demoiselle. Depuis le début des événements, il avait encore perdu de son dynamisme. Lorsque venait le soir, il s'abandonnait à des pensées moroses que seule dissipait la moiteur de son lit. Aussi, la présence dans son bureau d'une jeune fille éplorée n'était-elle pas de nature à le soustraire à son marasme.
« Voilà, monsieur le commissaire, j'ai des choses importantes à vous dire. Mais je ne sais pas... »
Josiane hésita, sentant monter en elle un élan de panique qui allait inévitablement se muer en sanglots. Gulliver perçut son trouble. Il se persuada d'être plus affable.
« Allons, Josiane, on se connaît, tous les deux ! Vous n'allez pas avoir peur de moi, quand même.
― Non, non ! Mais je ne sais pas par où commencer et je suis tellement malheureuse... »
Sur ce mot, elle éclata en larmes. En dépit d'une trentaine d'années de carrière dans la police, Gulliver n'avait pu se départir d'une sensiblerie qui lui brouillait les yeux lorsqu'il voyait quelqu'un pleurer. C'était là, sans conteste, pour un policier, un handicap. Face à cette pauvre petite dont il avait arrêté le père et qui n'était plus que désespoir, il sentit qu'il n'allait pas résister. Il chercha un mouchoir qu'il ne trouva pas, sentit une larme couler le long de son nez et renifla.
« Il fait tellement chaud en ce moment ! On fait des courants d'air et on s'enrhume. »
Il s'essuya le nez du revers de sa manche et se racla la gorge.
« Alors Josiane ? »
Elle retira de son sac un mouchoir en papier qui fit envie à Gulliver, se tamponna les yeux qu'elle laissa tout auréolés de maquillage, se moucha bruyamment et commença :
« Eh bien, la nuit où Hubert a eu son accident, j'ai voulu aller le voir à l'hôpital. J'ai rien dit à mes parents. J'ai attendu qu'ils soient couchés et je suis partie à pied. Comme il faisait doux, pour me donner du courage, j'ai voulu faire un détour par la rue à madame Schaeffer... »
Le trouble qui avait saisi Gulliver se convertit immédiatement en curiosité.
« Et alors ?
― Alors, quand je suis arrivée par le jardin public, j'ai entendu un cri, mais un cri comme jamais j'aurais imaginé. Puis, plus rien. Le silence. Sauf qu'après, j'ai entendu des pas, comme quelqu'un qui courait.
― Quelle heure était-il ?
― Je ne sais pas. J'avais pas ma montre. Mais c'était après minuit. J'en suis sûre parce que mes parents s'étaient couchés après s'être disputés à cause de moi ; je me souviens avoir entendu ma mère qui disait à mon père qu'elle en avait marre, qu'il était minuit passé et qu'elle voulait dormir.
― Avez-vous vu la personne que vous avez entendue courir ?
― Oui. »
Josiane éclata de nouveau en sanglots. Cette fois, Gulliver avait perdu toute envie de pleurer
« Vous l'avez identifiée ? »
Entre deux hoquets, elle fit un mouvement de tête positif.
« Et vous la reconnaîtriez ? »
Josiane s'arrêta soudain de sangloter. Elle regarda fixement son interlocuteur, le visage livide, ouvrit la bouche sans pouvoir en dire plus. Gulliver savait l'instant crucial et choisit de ne pas faire pression. Un océan de secondes s'écoula. Josiane porta son regard sur une vieille affiche qui s'épuisait à célébrer les vertus des carrières policières. Ses paupières se fermèrent, comme pour effacer le bureau. Elle regrettait maintenant sa démarche. Jamais elle n'aurait dû téléphoner ; quelle folie !
« Non, je ne peux pas ! » laissa-t-elle échapper.
Elle se leva, vacilla. Gulliver se précipita juste à temps pour la retenir alors qu'elle s'effondrait.
« Josiane ! »
La jeune fille ne répondit pas. Sa respiration devenait haletante. Tant bien que mal, il l'installa dans son propre fauteuil, toute tassée sur elle-même
« Il ne manquait plus que ça ! » se plaignit-t-il à haute voix.
Il composa un numéro sur le clavier de son téléphone. Par chance, à l'autre bout l'interlocuteur décrocha sans délai.
« Docteur Sheppard ? Ici le commissaire Gulliver. »
La voix devait trahir son inquiétude car Sheppard interrogea aussitôt :
« Que se passe-t-il, commissaire ?
― Pouvez-vous venir immédiatement au commissariat ? C'est pour une urgence.
― Décidément, on ne se quitte plus, plaisanta Sheppard. J'arrive !
― Un instant, s'il vous plaît ! Si le professeur Dulouard est encore avec vous, il serait le bienvenu lui aussi.
― Nous arrivons », rectifia Sheppard.

Dans son fauteuil, Josiane gémissait doucement, en proie à une douleur intérieure intense. Un nouvel élan de compassion saisit le policier. Décidément, il était temps pour lui de prendre sa retraite. La compassion ne fait pas bon ménage avec la perspicacité.

La voix de Landrin troubla la sinistre quiétude du bureau.
« Commissaire, y a les toubibs qui sont là !
― Qu'ils entrent ! »
C'est le spectacle d'un homme tenant la main d'une jeune fille inanimée qui s'offrit aux deux médecins.
« Dites donc, c’est une épidémie, plaisanta Dulouard, alors que Sheppard sortait de sa serviette un stéthoscope qu'il appliqua sur la poitrine de Josiane.
― Que s'est-il passé ? »
Gulliver raconta la visite de la jeune fille jusqu'au malaise dont elle avait été saisie. Josiane rouvrit les yeux et contempla les trois hommes.
« Je veux retourner à la maison.
― Mademoiselle, objecta Sheppard, il n'est pas possible de vous laisser repartir dans cet état. Nous allons appeler une ambulance et vous mettre en observation pour un petit bilan.
― Je ne veux pas aller à l'hôpital.
― Et si vous nous disiez pourquoi vous êtes venue, interrogea Dulouard. Cela vous aiderait peut-être à retrouver votre calme ? Le commissaire Gulliver nous a confié les motifs de votre présence. Je crois qu'il est essentiel pour tout le monde et pour vous d’abord, de vous libérer de ce poids. »
Dulouard avait prononcé ces mots avec douceur. Il avait pris dans la sienne l'autre main de Josiane, participant paternellement avec Gulliver à sa réassurance.
« Le commissaire Gulliver nous a révélé que vous aviez vu l'agresseur de madame Schaefer. C'est un secret beaucoup trop lourd pour une jeune fille. »

Il continuait d'un timbre égal et chaleureux. Il y avait longtemps que Josiane n'avait pas fait l'objet d'une telle sollicitude. La voix de velours de Dulouard lui fit l'effet d'un baume.
« Je veux bien le dire, mais à vous, seulement à vous », répondit-elle d'une voix de petite fille.
Dulouard jeta un coup d’œil à Gulliver. Sans mot dire, celui-ci quitta son bureau aussitôt suivi de Sheppard. Dulouard conserva la main de Josiane et la regarda en souriant avec bienveillance.
« Maintenant que nous sommes tous les deux, il faut tout me dire, mon enfant. »

Lorsqu'il sortit du bureau, quelques instants plus tard, son expression était sombre et préoccupée.
« Alors ? interrogea Gulliver.
― Alors, il faut raccompagner cette petite chez elle et lui donner des anxiolytiques.
― Que vous a-t-elle dit ? insista Gulliver
― Je ne peux vous le révéler, monsieur le commissaire. J'en suis navré, mais je lui en ai fait la promesse. De toute façon, ce qu'elle m'a confié tombe sous le coup du secret médical. La seule chose que je peux vous dire, c'est que nous ne sommes pas sortis de l'auberge... »




Cvhapitre 37 - Transmissiuon


Dans la voiture, Sheppard était resté silencieux, à dessein. Il savait qu'en s'abstenant de questionner Dulouard, c'est lui qui finirait par parler.
« Alors, tu ne me demandes rien ?
― Qu'ai-je à te demander ?
― Eh bien, ce qui te brûle les lèvres.
― Rien ne me brûle les lèvres. Tu me diras toi-même ce que tu crois devoir me dire. »
jusqu’aau domicile de son ami,, Dulouard était resté silencieux. Il avait par provocation allumé un cigarillo qui avait empesté le véhicule. Héroïquement, Sheppard avait supporté l'agression. Cependant, il n'avait pas su résister à un petit mouvement de mauvaise humeur adressant, le seuil franchi, un bonsoir un peu sec à son ami avant de prendre le chemin de sa chambre.

« Si je ne te connaissais pas, je dirais que tu es fâché.
― Moi ? Quelle idée !
― Si, tu es fâché parce que je ne t'ai pas révélé ce que vient de me dire la petite Bellemare.
― J’imagine que tu as tes raisons... Le professeur Dulouard gravite à des niveaux de la stratosphère où le pauvre médecin de campagne que je suis ne peut avoir accès.
― Ah, tu vois bien que tu es fâché. C'est la première fois que tu me traites de professeur. Et si on se prenait un petit verre de tes précieuses liqueurs avant d'aller dormir... »
Sheppard hésita. Il n'était pas exempt d'un soupçon de susceptibilité qui parfois le confinait dans une solitude dont il avait peine à sortir. Toutefois, la curiosité l’emporta. Bien sûr qu'il brûlait d'en savoir plus. Mais il avait décidé cette fois d'en remontrer à Dulouard et de se faire prier.
« Non, non, je suis fatigué, vois-tu. Je vais me coucher. Que cela ne t'empêche pas de t'enivrer si tu le souhaites. Tu sais où se trouvent mes calvas. »
Dulouard ne put s'empêcher de sourire de la mauvaise humeur de son ami. Il décida de le prendre au jeu.
« Comme tu voudras, mon vieux. Bonne nuit ! »
Sheppard se sentit pris à son propre piège. Il fit un pas, puis se ravisa.
« Bon, j'ai du cinquante ans. Ça te va ? »
Dulouard éclata d'un grand rire sonore. Mi-souriant mi-maugréant, comme un enfant contrarié d'avoir perdu la partie, Sheppard se dirigea vers le placard aux alcools d'où il retira une bouteille dont le banal aspect ne laissait pas deviner la rareté de son contenu. Puis prenant un verre assez profond, il versa une large rasade qu'il tendit à Dulouard. Sa générosité n'était pas sans arrière-pensée. Il savait que la sobriété de son ami n'était pas sans faille et qu'aidé par une légère ivresse, il n'en serait que plus bavard. C'était sans compter sur la finesse de l'autre.
« Je vois que tu as très envie de me faire parler, observa-t-il sans refuser le verre à demi plein.
― Cela s'appelle un procès d'intention », répliqua Sheppard en s'asseyant confortablement dans l'un des fauteuils de vieux cuir craquelé dont il n'avait jamais pu se séparer depuis le départ de sa femme. Après tout, je ne t'ai rien demandé. C'est toi qui as insisté pour me raconter. »
Feignant de ne pas l'entendre, Dulouard s'extasia sur la qualité du calvados. Il regarda le plafond faiblement éclairé de telle sorte que l'on ne savait s'il savourait religieusement l'alcool ou s'il rassemblait ses pensées. Sheppard avait désormais pris le parti d'attendre en silence. On eût dit qu'en dépit des circonstances tragiques de l'affaire, Dulouard continuait à s’amuser. Était-ce le cynisme de celui qui n'est plus à même de s'étonner de rien ou, au contraire, cette aptitude à demeurer un éternel étudiant ? À moins que ce ne fût une certaine forme de perversité. En fait, Dulouard cultivait le symptôme du chat faisant de tout un chacun une souris entre ses griffes mentales pour le réduire à merci. Voilà quel était son travers, un goût immodéré pour la manipulation. Ses retards en étaient une illustration. Jamais il ne s'excusait, laissant à l'autre le soin de penser qu'il avait eu finalement bien de la chance de le voir arriver. Et cela marchait même si c'était agaçant. C'était ce que commençait à se dire Sheppard. La révélation qu'allait lui faire Dulouard prenait un avant-goût de privilège. Donc, il n'avait plus qu'à attendre, tout entier suspendu aux propos qui tardaient à venir.
« Eh bien, voilà... commença Dulouard tout en s'obstinant à contempler le plafond. Nos deux tourtereaux s'étaient pris d'amitié pour madame Schaefer et réciproquement. Entre deux roucoulades, ils passaient de longs moments à discuter avec elle. La brave femme qui avait bien vécu du temps de sa jeunesse, reprenait avec eux une petite gorgée de romantisme. Comme elle n'avait pas d'enfant et qu'elle croyait en la pérennité de leur amour, elle s'était mise en tête de faire d'eux un peu ses héritiers. Aussi, de temps en temps leur faisait-elle des petits cadeaux personnels. Or, comme tu le sais, Hubert qui avait commencé des études d'histoire était passionné du XVIIIe siècle. Et dans un élan de générosité, madame Schaefer lui fit don de deux reliques familiales. »
Dulouard s'interrompit, distillant son récit pour accentuer l'impatience de son auditeur qui n'avait pas bronché depuis plusieurs minutes. Il y réussit pleinement.
« C'est-à-dire ?
― Je te le donne en mille.
― Comment veux-tu que je le sache ?
― Une robe de bure qui avait appartenu à un frère de la congrégation de Saint-François et...
― Je t'écoute.
― Une épée en acier de Tolède qui lui venait d’un ancêtre, officier de la garde rapprochée de Louis XIV.
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Le murmure des bergers (XII) - Chap. 35, 36, 37, 38, 39, 40 Empty Re: Le murmure des bergers (XII) - Chap. 35, 36, 37, 38, 39, 40

Message  Hellian Ven 19 Juin 2009 - 9:19

Chapitre 38 – Les révélation d’une greffière d’instruction




C'est le procureur Sylvain qui arriva le premier à l'hôpital, précédant de quelques minutes le président, lui-même escorté d'une greffière. Dans les couloirs qui menaient à la chambre de mademoiselle Gajour les policiers s'écartèrent respectueusement.
« Le professeur Dulouard est-il arrivé ? »
À la réponse négative du policier, le procureur fit la moue. Décidément, ce Dulouard était insupportable. Il n'avait aucun sens des convenances. Ils pénétrèrent dans la chambre. Elle n'avait pas bougé depuis la veille. Son corps menu enserré dans les draps semblait momifié. Sans les couinements plaintifs des appareils de contrôle, on eût pu la croire morte tant son visage était pâle et faible sa respiration. Une infirmière entra pour changer la poche de perfusion, contrôler l'aiguille dans la veine de son avant-bras gauche, sans juger nécessaire de changer le sparadrap qui la maintenait en place. Aucun mouvement n'avait déplacé le bras durant la nuit.
« A-t-elle parlé ? demanda monsieur Sylvain.
― Comment va-t-elle ? ajouta le président.
― État stationnaire ! Quant à parler... Elle en est incapable, précisa l’infirmière avant de se retirer.
― Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? laissa échapper le président dans un soupir.
― Peut-être le saurons nous si l'éminent professeur accepte de nous faire l'honneur de sa venue. »

Il leur fallut patienter encore un quart d'heure avant de voir arriver Dulouard guilleret, sacoche en main, suivi de Sheppard soucieux.
« Messieurs, bonjour ! claironna le premier en pénétrant dans la chambre comme chez lui.
― Nous commencions à nous inquiéter, observa monsieur Sylvain en guise de reproche.
― Je vous comprends, répliqua Dulouard. Mais je ne commence jamais une journée sans avoir lu les nouvelles sportives. C'est un rite. »
Il consulta le diagramme qui se trouvait au pied du lit, s'approcha du chevet.
« Bien, très bien... fit-il d'un air énigmatique. Nous allons pouvoir commencer. »
Il retira de sa sacoche la même petite fiole qu'il avait utilisée pour Hubert Galichon, d'un geste précis remplit du liquide le corps de la seringue qu'il vida ensuite dans le bras droit de la greffière.
« Voilà, nous n'avons plus qu'à attendre. Messieurs, je vous donne rendez-vous dans deux heures, à moins que vous ne souhaitiez assister notre patiente jusqu'à son réveil.
― Car elle va se réveiller ? demanda le président.
― Si tout va bien.
― Et si rien ne va ? osa le procureur.
― Eh bien disons que tout ira bien, sinon...
― Sinon ?
― Sinon, il faudra vous résigner au mystère, monsieur le procureur. »
Ce n'est pas tant l’idée du mystère que celle de se résigner qui fit frissonner monsieur Sylvain. Il sentait qu'il approchait d'une partie de la solution, mais supportait mal devoir s'en remettre à une science qui le dépassait. Avec sa fiole et son air détaché, Dulouard continuait de l'énerver.
« Nous restons, n'est-ce pas monsieur le président ?
― Eh bien, baissez les stores, ordonna Dulouard. Il nous faut de la pénombre. »
Sans plus se préoccuper de la compagnie, il s'assit dans le fauteuil tressé de lanières en plastique qui garnissait la chambre, sortit un journal de sa serviette et s'absorba dans sa lecture. On fit amener des chaises et chacun s'installa autour du lit, les regards convergeant vers le visage immobile de mademoiselle Gajour. Cela aurait ressemblé à une veillée funèbre si ce n’était le froissement régulier des pages du journal. De temps à autre le président laissait échapper un soupir tandis que le procureur croisait et décroisait les jambes. Sheppard gardait une posture professionnelle, auscultant à chaque quart d'heure la patiente, puis il se rasseyait sans quitter l'air sombre qu'il arborait depuis son arrivée. Une heure s'écoula avant que Dulouard n'épuise la totalité des articles du journal qu'il proposa à la cantonade. Personne n'en voulut. Il le replia méticuleusement, se leva et se dirigea vers la tête du lit, ouvrit d'un geste vif les paupières de la jeune femme.
« Les pupilles se sont rétractées, nous amorçons la phase du réveil. »
Tous les visages se tournèrent vers lui.
« Patience, messieurs. Patience ! Rien n'est encore gagné. Je vous ai dit deux heures, c'est un minimum. »
Effectivement rien n'augurait d’un quelconque retour à la conscience. Elle demeurait figée dans la même immobilité statuaire, en apparence abandonnée à son néant intérieur. Une autre demi-heure s'écoula dans une sorte de résignation collective. C'est le président qui le premier s'aperçut de la modification de son rythme respiratoire. Imperceptiblement, sa poitrine commença à soulever les draps.
« Regardez, fit-il à voix basse, elle respire. Je veux dire, elle respire plus profondément. »
De concert, tous se levèrent pour observer le miracle, à l'exception de Dulouard que l'événement ne sembla pas surprendre.
« Si elle respire, laissez-la donc respirer ! »
En quelques minutes, les mouvements respiratoires s'amplifièrent jusqu'à se transformer en halètements sonores. Ils étaient par instants ponctués de petits gémissements accompagnés de légers mouvements de tête. Tous les regards se portèrent à nouveau vers Dulouard. La résurrection douloureuse de mademoiselle Gajour prenait des allures de séance spirite. Dulouard s'installa sur le bord du lit, et d'une voix qu'il voulut grave et apaisante, lui demanda d'ouvrir les yeux. À l'étonnement général, elle obéit.
« Mademoiselle Gajour, susurra-t-il d'un ton monocorde en rapprochant son visage du sien, rentrez dans votre mémoire. Votre esprit est un pays que vous allez visiter. »
Étrangement, elle ne détachait pas son regard de celui de Dulouard. Une onde de sérénité sembla tout à coup l’envahir. Ses traits qui à lors de son réveil s’étaient crispés, se détendirent.
« Que s'est-il passé, mademoiselle Gajour ? Il faut tout me dire pour libérer votre esprit, vous comprenez ? Tout me dire... »
Il continuait à la fixer, scellant avec elle une sorte d’alliance visuelle.
Ainsi soumise, elle se mit à parler.
« Je suis la servante de mon maître. Il faut que j'accomplisse ma mission.
― Quelle mission ?
― La mission est sacrée ! Je suis née pour l'accomplir.
― Qui vous a confié cette mission ?
― Le livre ! C'est le livre !
― Quel livre ?
― Le livre avec les lettres qui dansent. C'est le livre qui est le maître ! Et je suis sa servante.
― En quoi consiste votre mission ?
― Il faut détruire celui qui a pour nom Patoureau. C'est ma mission.
― Est-ce vous qui avez tué Monsieur Patoureau ?
― Je ne l'ai pas tué, je l'ai éliminé. C'était l'ennemi. »
Il n'y avait dans sa voix pas le moindre remords. Tout au contraire, elle semblait apaisée à l’énoncé de son crime. Tout était dit d'une voix douce, presque suave. Les autres retenaient leur souffle, stupéfaits de ce qu'ils entendaient. Dulouard continua de l'interroger.
« Avec quoi l'avez-vous détruit ?
― Avec une petite machine qui envoie des objets métalliques.
― Où avez-vous trouvé cette petite machine ?
― Avec les autres objets qui sentent la mort, dans le grenier. Maintenant, ma mission est accomplie. Il me faut dormir. »






Chapitre 39 - A la recherche d’Esope


« Il faut faire quelque chose ! » décréta le directeur du journal avec une molle résolution.
Dans les locaux de la rédaction, l'inquiétude comme une marée montait depuis le matin. Jamais Ésope n'avait failli à la cérémonie de la mise en page qui préludait à la sortie du journal. Il en était devenu le chef d'orchestre, composant chaque numéro à la manière d'une symphonie, avec passion. Le Réveil belmontais constituait chaque semaine une œuvre élaborée, son œuvre. Ésope, loin des écoles de journalisme, avait forgé son expérience sur le terrain. Entré il y a quinze ans comme stagiaire à l'imprimerie, il s'était rapidement découvert une passion pour l'information, ce qui l’avait conduit à passer de l’impression à la rédaction. Ainsi était-il devenu correspondant de presse. Son aptitude à la communication, sa facilité quasi instinctive à susciter la confidence, une disponibilité de chaque instant, une verve indéniable, lui avaient permis de gagner rapidement du galon. En quelques années, il s'était imposé comme l'artisan indispensable du journal, et la direction lui avait reconnu l'envergure d'un rédacteur en chef. Cette nomination s'était avérée judicieuse puisque sous son impulsion, Le Réveil belmontais n'avait cessé de gagner des lecteurs.

Aussi, en ce mercredi matin, alors qu'une actualité exceptionnelle avait érigé Belmont en point de mire de tous les médias nationaux, l'absence d'Ésope prenait-elle l’aspect d’une tragédie. Mais ce qui plus encore provoquait l'angoisse, c'était cette impossibilité à le joindre. Son téléphone était resté obstinément muet. Il n'avait donné aucun signe de vie. Il fallait se rendre à l'évidence, Ésope Galendon avait disparu ! C'est à ce constat que se résignèrent ses confrères lorsque le clocher de l'église Saint-Romain sonna par deux fois l'heure de midi.
« Il faut faire quelque chose ! » répéta le directeur à l'adresse de ses deux jeunes collègues qui lui faisaient face tout en lissant d’un air méditatif une barbe qu’il avait poivre et sel.
Ceux-ci hésitaient. Embauchés de fraîche date sur la recommandation d'Ésope, ils demeuraient encore très impressionnés par leur patron. Il les sollicita.
« Avez-vous enquêté en ville ?
― Nous avons fait le tour de Belmont, presque tous les troquets et...
― Et quoi ?
― La dernière personne qui l'a croisé nous a confié qu'il n'avait pas l'air dans son état normal...
― C'est-à-dire ? »
Ils parurent gênés.
« Ben voilà, il semblait... comment dire... en état d'ivresse, lâcha le plus jeune timidement, comme s’il blasphémait.
― Ésope ne boit pas ! s'insurgea le directeur. Il fume comme un sapeur, mais il ne boit pas ! Il faut faire quelque chose ! Tout ça n'est pas normal.
― Il est allé hier à la médiathèque, ajouta l’autre, j'ai rencontré la nouvelle bibliothécaire, mademoiselle Lepastre, qui m'a parlé de lui. Il paraît qu'il a pris des photos d'elle et qu'il a demandé à consulter un livre.
― Un livre, quel livre ?
― Un vieux livre. La bibliothécaire a précisé qu'il était resté tout l'après-midi. Elle a même ajouté que lorsqu'il a quitté les lieux, il lui avait paru très étrange.
― Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Il faut faire quelque chose ! s’entêta le directeur.
― Peut-être pourrions-nous prévenir la police », s’enhardit l’un des jeunes.
Le patron marqua un temps et fixa le jeune journaliste avec insistance. Il avait cette manière d’affirmer son autorité par des silences prolongés durant lesquels il plongeait son regard dans celui de son interlocuteur. On percevait qu'il ruminait de graves pensées. Le jeune journaliste fut persuadé qu'il avait proféré une incongruité.
« Prévenir la police, mais de quoi aurions-nous l'air ? Ce n'est pas parce que Ésope Galendon est absent depuis une demi-journée qu'il y a lieu de prévenir la police. Elle a d'autres chats à fouetter, la police, messieurs, surtout en ce moment. Non, nous allons le retrouver nous-mêmes. Nous sommes journalistes, que diable ! Vous allez me faire le plaisir de vous mettre en chasse. Retournez voir cette mademoiselle Lepastre et élucidez cette histoire de bouquin. Quelque chose me dit qu'Ésope est sur une piste ; je le connais, le lascar, s'il n'est pas là ce matin, c'est qu'il est sur un scoop. Allez, au boulot ! »

La perspective d’une enquête ne fut pas pour déplaire aux deux garçons. Ainsi ragaillardis, ils se présentèrent dès quatorze heures à la médiathèque. À la question sur le livre, la jeune bibliothécaire afficha un air exaspéré.
« Mais qu'est-ce que vous avez tous, avec ce livre ?
― Comment ça, « Qu'est-ce que nous avons tous » ?
― Vous êtes les seconds aujourd'hui à m'interroger sur ce bouquin.
― Quelqu'un vous a donc demandé la même chose aujourd'hui ?
― Tout à fait !
― Qui ça ?
― Ça, messieurs, je ne peux pas vous le dire. C'est secret ! La seule chose que je puis vous révéler, c'est que nous ne sommes plus en possession de l'ouvrage. »
Les deux visiteurs se regardèrent, interloqués. Le patron avait du flair. Assurément, Ésope était sur une piste. À voir l'air inquiet de la jeune femme, il n'y avait pas de doute, le livre n'était pas étranger à sa disparition. Il leur fallait en savoir plus.
« Pardonnez notre insistance, mademoiselle, mais auriez-vous l'obligeance de nous renseigner sur ce bouquin ?
― Vous savez, répondit la jeune femme, je ne suis en charge de ce poste que depuis quelques semaines. Ce que je sais, c'est que je m'apprêtais à le référencer.
― Mais de quoi s'agit-il ? Que raconte ce livre ? L'avez-vous lu ?
― Mon Dieu, s'il fallait que je lise tous les bouquins de cette médiathèque, ma vie n'y suffirait pas. Non, j'y ai juste jeté un coup d’œil.
― Alors ? firent-ils en chœur.
― Alors, j'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'un ouvrage d'histoire locale, une affaire qui s'est déroulée dans cette région il y a quatre ou cinq siècles. Je ne peux guère vous en dire plus. »
Dépités, ils prirent congé. Ils s'apprêtaient à franchir la porte, lorsque la jeune femme les rappela.
« Attendez ! Il y a quelqu'un qui pourrait vous aider. »
Elle avait repris l'air affable qui lui allait si bien. « C'est monsieur Lebon.
― C'est qui, monsieur Lebon ?
― L'un de mes prédécesseurs. Il a tenu la bibliothèque jusqu'en 1970. C'est un érudit. Il connaît tout de l'histoire locale.
― Et où peut-on trouver ce monsieur Lebon, s'il est encore vivant ?
― Bien sûr qu'il est vivant, mais peut-être pas encore pour très longtemps. La maison de retraite de l’hôpital, ça vous dit quelque chose ? Monsieur Lebon est le doyen de la maison de retraite.
― Merci infiniment, mademoiselle ! Un dernier mot, vous ne pouvez vraiment pas nous confier qui a pris le livre aujourd'hui ?
― Je suis désolée, mais je vous l'ai dit, c'est secret, totalement secret. »
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Message  Hellian Ven 19 Juin 2009 - 9:22

Chapitre 40 – Le principe de précaution

Dans la salle de réunion du tribunal, les visages étaient sombres. Les regards convergeaient vers un seul objet trônant au milieu de la table , un livre ancien relié de cuir dont la couverture rongée et noircie par le feu semblait comme une blessure. C'est Gulliver qui, sur ordre du procureur, se l’était fait remettre à la médiathèque et l'avait ramené soigneusement emballé dans un sac plastique transparent. Lorsqu'il avait pénétré dans la pièce, les hommes s'étaient instinctivement éloignés comme s'il transportait une matière radioactive. Dulouard s'en était saisi et l'avait avec précaution dégagé de son enveloppe pour le déposer au centre de la table. Tandis que Gulliver était parti se laver soigneusement les mains, tous s'étaient assis en silence telle une confrérie en méditation autour d'une relique. Ils étaient sept contemplant l'ouvrage mystérieux. Les trois policiers du service régional de la police judiciaire arrivés en urgence, s’efforçaient d’arborer l'assurance un peu blasée de ceux que plus rien n'étonne. Le procureur, étrangement muet, paraissait avoir perdu de sa superbe, alors que le président trahissait son angoisse en triturant un élastique.

À l'autre bout de la table, Dulouard regardait tous ces gens d'un air un peu goguenard, sous l’œil irrité de Sheppard. D'emblée, il avait pris la place qui faisait de lui le président de la séance. Sheppard avait horreur de cette façon de s'imposer et d'occuper l’avant-scène. On attendait qu'il parle. Il parlerait, mais il allait encore se faire prier, cabotiner comme d’habitude, manipuler chacun du haut de sa science.
Lorsque, les mains prudemment désinfectées, Gulliver les rejoignit, le procureur sortit de son mutisme.
« Eh bien, monsieur le professeur, ne croyez-vous pas qu'il est temps de nous en dire plus, puisqu'il semble selon vous que ce livre soit la clé de nos problèmes ? »
Ce disant, le magistrat s'enhardit à porter la main sur le livre qu'il attira jusqu'à lui.
« Monsieur le procureur, intervint Dulouard, je vous déconseille d'ouvrir ce bouquin. »
Le procureur lança un regard inquiet vers Dulouard et repoussa tout aussitôt le livre comme s’il portait encore la brûlure dont il avait été jadis atteint.
« Que voulez-vous dire ?
― Messieurs, je n'en sais guère plus que vous, mais ce que je peux vous dire c'est qu'il y a un point commun entre tous ceux qui ont ouvert ce livre : ils ont sombré dans un état de dérèglement mental qui les a plongés dans la prostration où se trouvent le jeune Hubert Galichon et mademoiselle Gajour.
― C'est invraisemblable, interrompit l'un des trois policiers, porteur d'une barbe et de fines lunettes à monture dorée d'intellectuel. Comment voulez-vous qu'un livre produise un tel effet ? »
Il porta la main sur l'ouvrage, le fit glisser jusqu'à lui et, comme par provocation, l'ouvrit en son milieu. Dulouard se leva d'un bond, lui arracha le livre qu'il replaça fermé au centre de la table.
«Ne touchez pas à cela », intima-t-il d'un air mauvais.
L’intellectuel marqua un moment de stupeur devant la brutalité de Dulouard, regarda le procureur. Il n'était pas habitué à se faire traiter en gamin.
« Le professeur Dulouard doit avoir de bonnes raisons, confirma le procureur. Ne touchons pas à ce livre... Tout du moins, pour l'instant.
― C'est de la superstition, c'est stupide ! lança le policier qui ne voulait pas être en reste.
― Prenez-le comme vous voulez, répliqua Dulouard, mais je ne fais qu'appliquer le principe de précaution. Il y a manifestement un rapport entre ce bouquin et les événements que Belmont vient de vivre et pour ma part, je souhaite que personne ici ne prenne de risque supplémentaire.
― Quel risque ? interrogea le même homme. Votre réserve à l'égard de ce livre n'a rien de scientifique. »
L'observation était faite sur le ton du défi. Elle piqua Dulouard au vif.
«Que voyez-vous de scientifique, monsieur le policier, dans les événements qui se sont produits jusqu'alors ? Si vous avez une explication à ces crimes sans mobile, à ces états cataleptiques, alors, il faut nous la donner ! La seule attitude scientifique possible aujourd'hui, c'est la prudence. Selon toute vraisemblance, ce livre comporte un danger dont j'ignore la nature, mais de la réalité duquel j'ai l'intime conviction.
― Ne pourrait-on pas imaginer un virus, une sorte de virus méningé qui imprégnerait les pages du livre, suggéra un autre policier, un virus qui contaminerait par le toucher ? »
Une gêne ponctuée de quelques exclamations saisit l'assistance. Des chaises grincèrent. Le procureur regarda soudain ses mains et sortit précipitamment de la pièce pour se diriger vers les lavabos, immédiatement suivi par le policier aux lunettes dorées. Feignant d'ignorer leur réaction, Dulouard se voulut rassurant :
« J'ai d'abord songé aussi à cette hypothèse. Mais les symptômes que j'ai pu observer n'ont apparemment rien à voir avec ça. Non, à mon avis, ce n'est pas la matière du livre en elle-même qui présente un danger mais son contenu !
― Que voulez-vous dire ? interrogea le président. Un livre maudit ! Il ne manquait plus que ça... Nous sommes en pleine science-fiction.
― Ce qui me frappe, poursuivit Dulouard, c'est la similitude des récits de mademoiselle Gajour et d'Hubert Galichon. Tous deux ont manifestement lu ce livre ou tout au moins une bonne partie. Or tous deux évoquent une invasion des mots dans leur esprit. L'un les voit faire une farandole, l'autre parle d'une armée de fourmis qui pénètrent son crâne... Tout deux semblent également avoir subi un choc majeur, comme une frayeur extrême qui les a dépossédés d'eux-mêmes. »

Le procureur et le policier revinrent dans la pièce en se frottant les mains qu'ils avaient dû brosser jusqu’à les rendre rouges.
« Enfin, comment cela se peut-il ? poursuivit le président. Je veux bien admettre qu'un livre puisse avoir une certaine influence sur son lecteur, mais de là à parler de frayeur extrême, il y a un pas que ma raison refuse de franchir.
― Les faits sont là, monsieur le président. Souvenez-vous des propos de mademoiselle Gajour... Cette histoire de mission accomplie... Il n'y a pas une semaine, vous et monsieur le procureur vous seriez portés garants de l'équilibre mental de cette jeune femme. Or, il faut bien se rendre à l'évidence, cette greffière modèle a lu le livre. Elle est allée dans le grenier aux scellés de votre tribunal pour se procurer une arme à feu et elle a commis l'irréparable. Est-ce que cela lui ressemble ?
― Il faut bien admettre que non, concéda le procureur.
― Il s'est donc produit quelque chose de gravement perturbant. Et cela vient du livre. C'est pourquoi, j’insiste, il ne faut à aucun prix l'ouvrir.
― Pardonnez-moi, monsieur le professeur, mais à supposer pertinente votre hypothèse, je vois mal comment faire progresser l'enquête si vous nous interdisez de vérifier le contenu de cet ouvrage... »
L'homme qui avait parlé était le troisième policier, un jeune homme d'aspect modeste qui, à la différence de ses collègues, avait troqué jean et blouson de cuir contre un costume de velours clair.
« C'est bien le problème, admit Dulouard. La solution se trouve sans doute devant nous, dans ces quelques pages que personne ne peut lire sans risquer de tomber dans le puits de la folie... Si quelqu'un a une idée...
― Moi, j'en ai peut-être une, intervint le jeune policier au costume de velours. Nous sommes bien d'accord, l'important c'est que le texte du livre soit lu, mais sans risque de perturbation pour le lecteur, n'est-ce pas ?
― C'est exactement cela, confirma Dulouard.
― Alors, c'est possible, tout à fait possible. Au labo, nous disposons de scanners avec des logiciels de reconnaissance de texte particulièrement performants. Il suffit tout bêtement de confier à un ordinateur le soin d'effectuer cette lecture. Ce serait bien le diable s'il tombait fou.
― Excellente idée, le complimenta Dulouard.
― Et ensuite ? Une fois que vous aurez fait ingurgiter le texte à un ordinateur, vous serez bien avancés, objecta le procureur. Si c'est le contenu de l'ouvrage qui est dangereux, qu'il soit dans le livre ou dans un ordinateur, cela ne change rien. Il faudra bien que quelqu'un en prenne connaissance.
― Erreur, mon cher, cela change tout ! Dulouard avait cet air enjoué qui traduisait la naissance d'une idée.
― Je crois avoir compris ce que vous avez en tête, reprit le jeune homme. Nous avons ce qu'il vous faut.
― Alors, il n'y a pas un instant à perdre, mon garçon. Il faut immédiatement emmener ce bouquin au labo. Nous allons enfin savoir !
― Peut-on avoir un peu plus d'informations, s'il vous plaît ? Je vous rappelle que cette enquête se déroule sous le contrôle des autorités judiciaires, c’est à dire monsieur le président et moi-nême! »
Cet échange entre Dulouard et le jeune policier avait singulièrement énervé le procureur qui n'en avait pas saisi la portée.
« Le décryptage, monsieur le procureur, le décryptage, répéta Dulouard de plus en plus amusé. Savez-vous que c'est très précisément pour cela que Turing a inventé l'ordinateur ? »
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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 12:50

Intéressant ! Je suis curieuse de voir comment les autorités parviendront à prendre connaissance du contenu du bouquin sans se mettre à yoyoter de la tête...
L'histoire est vraiment bonne, pas de doute ; en revanche, les personnages me paraissent moins vivants, maintenant qu'ils se mettent sérieusement au boulot ; même la désinvolture de Dulouard s'estompe...

Quelques broutilles que je ne relève pas, sauf :
"c'est chargé de cinq hommes que le véhicule, sous la conduite de Gulliver, pénétra dans la cour de l'hôpital. Sous la conduite du directeur de l'établissement"

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 14:45

35:
― C'est fort regrettable, il s'agit probablement d'un malaise propre à la constitution féminine.
erm, nous ne sommes pas au temps des vapeurs et des corsets. Parait excessif ou couillon, comme réplique.

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 14:49

35 :
Dulouard avait naturellement pris la tête de l'escouade, retrouvant spontanément dans ce milieu l'aisance du professeur qu’il était.
.
La phrase est a retravailler à votre discrétion.

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 14:52

l s'approcha, porta la main à son visage, écarquilla les paupières. Aucune réaction.
à subtilement modifier pour lever tout doute sur qui fait quoi à l'autre.

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 14:53

35 :
regarda longuement le corps de Janine et posa la main sur son front :
Non, la malade est sous des draps.

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 14:59

35 :
Aussi, si vous le voulez bien, nous reporterons la tentative à demain. »
Aussi, si vous le voulez bien, reportons cette tentative à demain..

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 15:03

36 :
à le soustraire à son marasme.
pas très fluide ces doublon de "à". Probablement à mijoter dans un coin.

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 15:05

doublette , galipette :
il sentit qu'il n'allait pas résister. Il chercha un mouchoir qu'il ne trouva pas, sentit une larme couler le long de son nez et renifla.

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 15:08

36 : le passage est un tantinet long, comme, trop descriptif :
Sur ce mot, elle éclata en larmes. En dépit d'une trentaine d'années de carrière dans la police, Gulliver n'avait pu se départir d'une sensiblerie qui lui brouillait les yeux lorsqu'il voyait quelqu'un pleurer. C'était là, sans conteste, pour un policier, un handicap. Face à cette pauvre petite dont il avait arrêté le père et qui n'était plus que désespoir, il sentit qu'il n'allait pas résister. Il chercha un mouchoir qu'il ne trouva pas, sentit une larme couler le long de son nez et renifla.
« Il fait tellement chaud en ce moment ! On fait des courants d'air et on s'enrhume. »
Il s'essuya le nez du revers de sa manche et se racla la gorge.
« Alors Josiane ? »
Elle retira de son sac un mouchoir en papier qui fit envie à Gulliver, se tamponna les yeux qu'elle laissa tout auréolés de maquillage, se moucha bruyamment et commença :

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 15:10

36 : Josiane utilise on non le Ne de négation, un peu aléatoirement. Quel style voulez-vous lui faire adopter ? Je sais pas ou je ne sais pas ?

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Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 15:13

35,36 : je suis toujours dans le coup. Je me réserve la suite pour demain, j'ai plus de télé :-)

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Message  Hellian Ven 19 Juin 2009 - 16:21

pandaworks a écrit:35:
― C'est fort regrettable, il s'agit probablement d'un malaise propre à la constitution féminine.
erm, nous ne sommes pas au temps des vapeurs et des corsets. Parait excessif ou couillon, comme réplique.
Ok sur le fond, mais pas dans le contexte. On est entre petits notables de province un peu "couillons" aux entournures quand même/... Procureur psycho-rigide etc.. professeur de médecine mandarin un peu macho...
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Message  Hellian Ven 19 Juin 2009 - 16:26

pandaworks a écrit:35,36 : je suis toujours dans le coup. Je me réserve la suite pour demain, j'ai plus de télé :-)
Encore une fois grand merci! je prends en ccompte ...
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Message  Roz-gingembre Sam 20 Juin 2009 - 8:14

Aucun fléchissement dans l'histoire qui me fait l'impression, là où nous en sommes d'être truffée de mystères et surtout de révélations à venir.
Je pense que comme Dulouard tu es maitre dans l'art de nous faire attendre.

s'attaquer à l'emprise du livre.... je me demande bien ce que tu vas nous trouver.
Si tu étais devant moi, je crois que je choisirais le moment pour te sortir le calva de ma grand-mère. (feu ma grand-mère, comme le calva)
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Message  Invité Sam 20 Juin 2009 - 11:08

Oui, ça se tient, ça s'enchaîne, machine bien huilée, mécanique saine, on approche de la révélation finale ?
Et le plaisir de voir évoquer le malheureux et génial Turing.

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Message  Invité Dim 21 Juin 2009 - 10:26

37: le titre :
Cvhapitre 37 - Transmissiuon
Un sacré gloubi-boulga signé microsoft word2012.

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Message  Invité Dim 21 Juin 2009 - 10:29

Cependant, il n'avait pas su résister à un petit mouvement de mauvaise humeur adressant, le seuil franchi, un bonsoir un peu sec à son ami avant de prendre le chemin de sa chambre.
Un truc n'est pas parfaitement d'aplomb : souhaiter bonsoir sur un ton sec n'est pas exactement un mouvement d'humeur, c'est une saute d'humeur.

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Message  Invité Dim 21 Juin 2009 - 10:30

― Si, tu es fâché parce que je ne t'ai pas révélé ce que vient de me dire la petite Bellemare.
La syntaxe parfaite est :
― Si. Tu es fâché parce que je ne t'ai pas révélé ce que vient de me dire la petite Bellemare.

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Message  Invité Dim 21 Juin 2009 - 10:35

37 :
il versa une large rasade
C'est joli, mais c'est faux : une rasade est remplir un verre jusqu'à ras-bord, si verre il y a . Hors il y a verre.

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Message  Invité Dim 21 Juin 2009 - 10:40

En fait, Dulouard cultivait le symptôme du chat faisant de tout un chacun une souris entre ses griffes mentales pour le réduire à merci. Voilà quel était son travers, un goût immodéré pour la manipulation.
J'avais pourtant compris qu'une complicité liait les deux hommes.
Tel quel, cela refroidit sévèrement la sympathie pour la scène.

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Message  Invité Lun 22 Juin 2009 - 10:48

Il consulta le diagramme qui se trouvait au pied du lit, s'approcha du chevet.
« Bien, très bien... fit-il d'un air énigmatique. Nous allons pouvoir commencer. »
Il retira de sa sacoche la même petite fiole qu'il avait utilisée pour Hubert Galichon, d'un geste précis remplit du liquide le corps de la seringue qu'il vida ensuite dans le bras droit de la greffière.
je ne comprend pas pourquoi le rythme s'accelere tellement. le professeur entre, salut c'est moi , paf ! il enquille la seringue. C'est plus de la medecine c'est du veterinaire. ;-)

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Message  Invité Lun 22 Juin 2009 - 10:52

38 : a part le sus-mensionne, je n'ai pas note de choses derangeantes.

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Message  Invité Lun 22 Juin 2009 - 11:03

pandaworks a écrit:37 :
il versa une large rasade
C'est joli, mais c'est faux : une rasade est remplir un verre jusqu'à ras-bord, si verre il y a . Hors il y a verre.
oui mais le verre peut être plus ou moins large ;-))

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Message  Invité Mar 23 Juin 2009 - 14:58

39 Héllian !

Jamais Ésope n'avait failli à la cérémonie de la mise en page qui préludait à la sortie du journal.
(../..)
je le connais, le lascar, s'il n'est pas là ce matin, c'est qu'il est sur un scoop. Allez, au boulot ! »
incompatible.

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Message  Invité Mar 23 Juin 2009 - 15:05

40 : rien noté de gênant.

En route pour la suite donc !

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Message  Sahkti Jeu 2 Juil 2009 - 20:14

Chapitre 35
J'ai aimé ce chassé-croisé de questions interrompues entre les protagonistes, c'est très vivant.

J'aime également beaucoup cette réplique:
― Ah, je vois », fit Dulouard énigmatique.
Cette réflexion prometteuse suscita immédiatement un regain d’intérêt de la part de ses interlocuteurs. Un silence de quelques secondes s'ensuivit.
« Vous voyez quoi ? interrogea le procureur.
― Je vois, répéta-t-il, sentencieux.


J'ai trouvé ce chapitre bien mené, il donne de l'ampleur au personnage et prend le temps de se poser, j'apprécie cela.
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Message  Sahkti Jeu 2 Juil 2009 - 20:18

Chapitre 36
Se confirme dans ce chapitre l'agréable impression que je ressens à la lecture de ce texte; cela me fait penser aux ambiance du Mystère de la chambre jaune ou du Parfum de la dame en noir, il y a dans tout cela des airs d'un autre temps qui sont attachants et que tu maîtrises de plus en plus au fil des chapitres.

Juste une légère interrogation sur La seule chose que je peux vous dire, c'est que nous ne sommes pas sortis de l'auberge qui me paraît un brin en décalage avec le style habituel du docteur.
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Message  Sahkti Jeu 2 Juil 2009 - 20:23

Chapitre 37
Ici encore, tu prends le temps de poser ambiance et décor. De plus, tu donnes davantage de consistance aux deux médecins, en explorant amicalement et familièrement leur amitié qui peut aussi se transformer en chamailleries. C'est humain et plaisant.

Et le mystère s'épaissit !
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Message  Sahkti Jeu 2 Juil 2009 - 20:23

Chapitre 38

La confession arrive peut-être un tout petit peu trop abruptement à mon goût mais en même temps, je sais que c'est le procédé employé par Dulouard qui veut ça, le malade se lâche et ne se contrôle plus. Changement d'atmosphère et de rythme donc, avec une partie du voile qui se lève.
Un chapitre qui comporterait bien quelques lignes et détails supplémentaires, me semble-t-il, pour lui donner plus de corps.
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Message  Sahkti Jeu 2 Juil 2009 - 20:29

Chapitre 39

Esope, le retour!
C'est bien vu, ça crée une rupture. Non pas que je m'ennuyais avec les toubibs et la flicaille, mais voilà qui crée un entracte bienvenu au milieu des interrogatoires.
De plus, cela entretient, voire relance l'intrigue tournant autour du fameux livre et le personnage d'Esope, un peu balourd au début, prend ici de l'importance aux yeux du lecteur. Bien joué.
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Message  Sahkti Jeu 2 Juil 2009 - 20:29

Chapitre 40

Ha ha, voilà enfin le fameux bouquin ! Finalement, ils vont tout de même y toucher, même si ils ne le lisent pas. Cela réserve sans doute de bonnes surprises. Le fait d'y mêler un ordinateur est prometteur :-)

L'histoire avance bien, sans s'essouffler, j'ai encore pris beaucoup de plaisir à te lire et m'en vais voir la suite de ce pas !
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Message  Soliflore Sam 11 Juil 2009 - 21:18

Je me doutais qu'il y avait une réponse ésotérique à toutes ces questions
mais comme Héllian a l'art de retourner les situations, il pourrait bien me détromper au dernier moment.

A demain,mon Cher!
j'ai peur de faire des cauchemards, d'autant que j'ai lu la page qu'il ne fallait pas lire.

Amitié!
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Message  Halicante Jeu 10 Sep 2009 - 9:21

Chapitre 35 :
« Dulouard avait naturellement pris la tête de l'escouade, retrouvant spontanément dans ce milieu l'aisance du professeur qu’il étzit. » : était (p. 195)

Chapitre 37 :
« Transmissiuon » : Transmission (p. 203)

« jusqu’aau domicile de son ami,, Dulouard était resté silencieux. » Jusqu’au domicile de son ami, (…) (p. 203)

Chapitre 38 :
« Ses traits qui à lors de son réveil s’étaient crispés, se détendirent. » : le « à » est de trop (p. 211)

Chapitre 39 :
« Ceux-ci hésitaient. Embauchés de fraîche date sur la recommandation d'Ésope, ils demeuraient encore très impressionnés par leur patron. Il les sollicita. » : peut-être que « celui-ci les sollicita. » permettrait de mieux identifier de qui il s’agit.

« Ce n'est pas parce que Ésope Galendon est absent depuis une demi-journée qu'il y a lieu de prévenir la police. » qu’Ésope (p. 215)

Chapitre 40 :
« Que voyez-vous de scientifique, monsieur le policier, dans les événements qui se sont produits jusqu'alors ? » : jusqu’à présent ? jusqu’à maintenant ? (p. 220)

« Selon toute vraisemblance, ce livre comporte un danger dont j'ignore la nature, mais de la réalité duquel j'ai l'intime conviction. » : quelque chose du genre « mais bien réel à mes yeux » serait peut-être un peu moins lourd ? (p. 220)
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