Un deuil en province
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silene82
bertrand-môgendre
Pita
CROISIC
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Un deuil en province
Elle est venue me chercher à Pen Bron, drapée dans ses voiles noirs.
Ma petite maman est une géante, maigre et triste.
- Maman ! Maman ! Dis-moi qu'il est à la maison. Dis-moi qu'il m'attend.
- Mais que tu es sotte ma pauvre enfant. Sœur Lucie ne t'a donc rien expliqué ?
- Ton père est mort....et enterré.
- Maman, pourquoi n'es -tu pas venue me chercher avant ?
- Avant quoi ? hurle-t-elle. Ce n'était pas un spectacle pour une enfant de ton âge, tu n'aurais pas supporté ces terribles heures.
- Tu sais maman.....j'ai vécu des choses terribles ici.
- Tais-toi donc ! Rien ne peut être pire que perdre son mari.
- Maman...
- Tais-toi te dis-je, nous allons manquer le train.
Nous avons manqué le train.
Nous avons dormi sur les banquettes en bois de la gare du Croisic.
Arrivée à Cognac, je découvre que la grande maison que j'ai quitté il y deux ans est devenue petite et froide.
Elle avait raison, papa n'est pas là. Mon chien est mort deux jours après lui, me dit-elle froidement.
Je n'ai plus de mère.
Je suis la fille de la veuve.
C'est ce qu'elle a dit au notaire hier : Je suis veuve et voici ma fille .
- Comment est notre situation financière ?
- Bien ! Je dois donc travailler ! Avec cette enfant sur les bras !
Ce nouveau statut l'a transformé en mère de glace.
Levée avec le jour, elle bêche, sarcle le jardin. Arrose les légumes. Nourrit les lapins. Nettoie la maison. Ensuite elle part au travail.
Je comprends comme il est difficile pour elle d'avoir une enfant en 'bas âge' (comme elle dit) quand on n'a plus de mari.
Lorsque je rentre de l'école, la maison est vide, froide, sans odeurs. Je l'attends.
A table, le soir, elle monologue sans fin, sur son grand malheur.
Plus de baisers du soir, plus de lectures joyeuses, plus de musique, plus de rires, plus de chansons. Un grand silence.
J'écoute la radio en cachette. Je tape sur les casseroles avec des cuillers , je pousse des hurlements épouvantables qui terrorisent la chatte noire et me laissent dans un état d'épuisement, proche de l'évanouissement et je bois de la liqueur de cassis jusqu'à ce que ma tête éclate.
Je découvre les plaisirs enivrants de la 'double vie'.
J'ai onze ans, mais je suis très vieille.
Les rêves ont déserté mes nuits ; ceux là même qui avaient remplacé la réalité de mes jours à Pen Bron.
La lumière ne me touche plus, je suis transparente.
Je ne rentre plus à la maison après l'école.
La carafe de liqueur de cassis est vide.
Je vais au magasin le 'Printemps '– rayon des liqueurs – et j'achète des mignonnettes de Marie-Brizard, de Bénédictine , de Triple-sec ou autres spiritueux avec l'argent que je vole à ma mère. Je bois au goulot, en pédalant comme une folle sur mon petit vélo.
Je ne bois pas tous les jours. Seulement ceux de grand cafard.
Les autres jours, je vais chez Jeanne – la libraire – elle me laisse lire les livres que je ne peux pas lui acheter, assise sur la première marche de l'escalier, derrière la boutique. Jeanne comprend tout. Jeanne m'aime beaucoup.
Jeanne m'a donné un chien – tout petit, roux et blanc – je l'ai appelé Puck !
Je suis heureuse.
- Qu'est ce c'est que cette bête ? s'exclame ma mère furieuse
- Tu crois que je m'esquinte au travail pour nourrir une horreur de chien ?
Elle finit par céder. Puck et moi menons une vie normale.
Un soir de décembre, Puck ne répond pas à mon appel.
Ma mère l'a échangé contre un grand 'diable 'noir.
- Tant qu'à nourrir un chien, autant qu'il serve à quelque chose ! Celui-ci montera la garde.
Ma haine commence à prendre corps.
De la fenêtre de la cuisine, je guette le retour de ma mère.
- Si dans 10 mm elle n'est pas là, je suis libre ! Elle revient toujours.
Ce soir elle pleure. Je lui ai craché ma haine au visage.
- Pourquoi c'est toi qui es en vie ?
- C'est lui que j'aimais...
- J'ai honte de toi ! T'as vu tes robes ? T'as vu tes chaussures ? T'as vu tes cheveux blancs ? T'as vu les mères des autres enfants devant l'école ?
- T'es vieille ! T'es moche !
Je la déteste tant ! Je suis sèche comme une brindille prête à m'enflammer à la moindre étincelle.
Chaque minute de retard me fait espérer sa mort, nourrit de vains espoirs.
Une fois par mois, le dimanche après-midi ma sœur aînée – mariée sans enfants – vient nous rendre visite.
Je la vois donner de l'argent à maman qui lui signe un reçu – cet acte me dégoûte – qu'est-ce qu'elle achète ?
Nous croquons des gâteaux secs, buvons un thé insipide, tout cela sans un mot. Nous ne nous connaissons pas, nous n'avons rien à nous dire.
Seules Jeanne la libraire et l'école apportent de la joie à mon quotidien.
Sous le préau, je fais la conversation aux institutrices, je les fais rire.
J'ai des notes extraordinaires en rédaction, en récitation, je suis la reine d'une toute petite cour.
Cela suffit à mon bonheur....pour le moment.
Ma petite maman est une géante, maigre et triste.
- Maman ! Maman ! Dis-moi qu'il est à la maison. Dis-moi qu'il m'attend.
- Mais que tu es sotte ma pauvre enfant. Sœur Lucie ne t'a donc rien expliqué ?
- Ton père est mort....et enterré.
- Maman, pourquoi n'es -tu pas venue me chercher avant ?
- Avant quoi ? hurle-t-elle. Ce n'était pas un spectacle pour une enfant de ton âge, tu n'aurais pas supporté ces terribles heures.
- Tu sais maman.....j'ai vécu des choses terribles ici.
- Tais-toi donc ! Rien ne peut être pire que perdre son mari.
- Maman...
- Tais-toi te dis-je, nous allons manquer le train.
Nous avons manqué le train.
Nous avons dormi sur les banquettes en bois de la gare du Croisic.
Arrivée à Cognac, je découvre que la grande maison que j'ai quitté il y deux ans est devenue petite et froide.
Elle avait raison, papa n'est pas là. Mon chien est mort deux jours après lui, me dit-elle froidement.
Je n'ai plus de mère.
Je suis la fille de la veuve.
C'est ce qu'elle a dit au notaire hier : Je suis veuve et voici ma fille .
- Comment est notre situation financière ?
- Bien ! Je dois donc travailler ! Avec cette enfant sur les bras !
Ce nouveau statut l'a transformé en mère de glace.
Levée avec le jour, elle bêche, sarcle le jardin. Arrose les légumes. Nourrit les lapins. Nettoie la maison. Ensuite elle part au travail.
Je comprends comme il est difficile pour elle d'avoir une enfant en 'bas âge' (comme elle dit) quand on n'a plus de mari.
Lorsque je rentre de l'école, la maison est vide, froide, sans odeurs. Je l'attends.
A table, le soir, elle monologue sans fin, sur son grand malheur.
Plus de baisers du soir, plus de lectures joyeuses, plus de musique, plus de rires, plus de chansons. Un grand silence.
J'écoute la radio en cachette. Je tape sur les casseroles avec des cuillers , je pousse des hurlements épouvantables qui terrorisent la chatte noire et me laissent dans un état d'épuisement, proche de l'évanouissement et je bois de la liqueur de cassis jusqu'à ce que ma tête éclate.
Je découvre les plaisirs enivrants de la 'double vie'.
J'ai onze ans, mais je suis très vieille.
Les rêves ont déserté mes nuits ; ceux là même qui avaient remplacé la réalité de mes jours à Pen Bron.
La lumière ne me touche plus, je suis transparente.
Je ne rentre plus à la maison après l'école.
La carafe de liqueur de cassis est vide.
Je vais au magasin le 'Printemps '– rayon des liqueurs – et j'achète des mignonnettes de Marie-Brizard, de Bénédictine , de Triple-sec ou autres spiritueux avec l'argent que je vole à ma mère. Je bois au goulot, en pédalant comme une folle sur mon petit vélo.
Je ne bois pas tous les jours. Seulement ceux de grand cafard.
Les autres jours, je vais chez Jeanne – la libraire – elle me laisse lire les livres que je ne peux pas lui acheter, assise sur la première marche de l'escalier, derrière la boutique. Jeanne comprend tout. Jeanne m'aime beaucoup.
Jeanne m'a donné un chien – tout petit, roux et blanc – je l'ai appelé Puck !
Je suis heureuse.
- Qu'est ce c'est que cette bête ? s'exclame ma mère furieuse
- Tu crois que je m'esquinte au travail pour nourrir une horreur de chien ?
Elle finit par céder. Puck et moi menons une vie normale.
Un soir de décembre, Puck ne répond pas à mon appel.
Ma mère l'a échangé contre un grand 'diable 'noir.
- Tant qu'à nourrir un chien, autant qu'il serve à quelque chose ! Celui-ci montera la garde.
Ma haine commence à prendre corps.
De la fenêtre de la cuisine, je guette le retour de ma mère.
- Si dans 10 mm elle n'est pas là, je suis libre ! Elle revient toujours.
Ce soir elle pleure. Je lui ai craché ma haine au visage.
- Pourquoi c'est toi qui es en vie ?
- C'est lui que j'aimais...
- J'ai honte de toi ! T'as vu tes robes ? T'as vu tes chaussures ? T'as vu tes cheveux blancs ? T'as vu les mères des autres enfants devant l'école ?
- T'es vieille ! T'es moche !
Je la déteste tant ! Je suis sèche comme une brindille prête à m'enflammer à la moindre étincelle.
Chaque minute de retard me fait espérer sa mort, nourrit de vains espoirs.
Une fois par mois, le dimanche après-midi ma sœur aînée – mariée sans enfants – vient nous rendre visite.
Je la vois donner de l'argent à maman qui lui signe un reçu – cet acte me dégoûte – qu'est-ce qu'elle achète ?
Nous croquons des gâteaux secs, buvons un thé insipide, tout cela sans un mot. Nous ne nous connaissons pas, nous n'avons rien à nous dire.
Seules Jeanne la libraire et l'école apportent de la joie à mon quotidien.
Sous le préau, je fais la conversation aux institutrices, je les fais rire.
J'ai des notes extraordinaires en rédaction, en récitation, je suis la reine d'une toute petite cour.
Cela suffit à mon bonheur....pour le moment.
Re: Un deuil en province
je suis pas très bien placer pour faire des critique mais bon
alors moi j'aime bien
juste je trouve sa bizarre de mélanger texte comme pour le théâtre et roman
mais voila ma critique ne vaut rien mais d'après les 3 commandements(lol) de se forum on se doit de participer alors voila je le fais avec plaisir
alors moi j'aime bien
juste je trouve sa bizarre de mélanger texte comme pour le théâtre et roman
mais voila ma critique ne vaut rien mais d'après les 3 commandements(lol) de se forum on se doit de participer alors voila je le fais avec plaisir
Pita- Nombre de messages : 28
Age : 70
Localisation : 54
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Un deuil en province
pas le mot que j'aurais choisi...Cela suffit à mon bonheur....pour le moment.
J'aime vraiment beaucoup cette écriture sèche, mais qui ne nous prive nénamoins pas de repères. J'aime comment les évènements s'enchaînent, si ça ne glisse pas, ça ne coince pas non plus.
Et le choix du présent convient parfaitement au ton du récit, lui confère une certaine "proximité temporelle" (?!!).
Invité- Invité
Re: Un deuil en province
Une écriture épurée, qui vise juste, peignant un portrait avec sensibilité et justesse.
Il y a plein de petites perles qui m'ont très ému... pour n'en citer qu'une :
"J'ai onze ans, mais je suis très vieille."
Ma seule petite réserve sera sur l'agencement pur de vos paragraphes ; de mon point de vue, vous revenez trop souvent à la ligne, cela donne une allure particulière qui, je pense, n'apporte rien au texte.
Il y a plein de petites perles qui m'ont très ému... pour n'en citer qu'une :
"J'ai onze ans, mais je suis très vieille."
Ma seule petite réserve sera sur l'agencement pur de vos paragraphes ; de mon point de vue, vous revenez trop souvent à la ligne, cela donne une allure particulière qui, je pense, n'apporte rien au texte.
Invité- Invité
Re: Un deuil en province
Arrivée à Cognac, je découvre que la grande maison que j'ai quitté il y deux ans est devenue petite et froide.
Proposition :
Arrivée à Cognac, je découvre que la grande maison quittée il y deux ans, est devenue petite et froide.
Proposition :
Arrivée à Cognac, je découvre que la grande maison quittée il y deux ans, est devenue petite et froide.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Un deuil en province
Levée avec le jour, elle bêche, sarcle le jardin. Arrose les légumes. Nourrit les lapins. Nettoie la maison. Ensuite elle part au travail.Proposition :
Levée avec le jour, elle bêche, sarcle, arrose le jardin, nourrit les lapins, nettoie la maison. Ensuite elle part au travail.
Levée avec le jour, elle bêche, sarcle, arrose le jardin, nourrit les lapins, nettoie la maison. Ensuite elle part au travail.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Un deuil en province
La virgule donne moins de solennité, Bertrand. J'aurais mis des points, comme Croisic.
J'ai aimé, sauf au début le dialogue, qui ne me parait pas sonner très juste... En revanche, j'ai énormément aimé le coup du reçu, qui donne la mesure de la mesquinerie justifiant : je la détestais, j'étais sèche comme une brindille prête à s'enflammer je trouve ça très bon.
J'ai aimé, sauf au début le dialogue, qui ne me parait pas sonner très juste... En revanche, j'ai énormément aimé le coup du reçu, qui donne la mesure de la mesquinerie justifiant : je la détestais, j'étais sèche comme une brindille prête à s'enflammer je trouve ça très bon.
Invité- Invité
Re: Un deuil en province
- Mais que tu es sotte ma pauvre enfant. Sœur Lucie ne t'a donc rien expliqué ?
- Ton père est mort....et enterré.
Il serait plus logique de lier "ton père est mort" à la phrase précédente"
J'aime beaucoup; je trouve que tu dis bien et beaucoup, avec une belle économie de mots, sans dramatisation. La petite interdite de parole, ne pouvant parler du blockhaus et du reste parce que, quand-même, ça ne soutient pas la comparaison avec un mort. Surtout dans des temps et des lieux où ces choses sont si fréquentes qu'elles en sont banales. La résilience qui se fait jour par la grâce de pas grand-chose, un chiot, des livres, une attention..
J'imagine et j'espère que tu vas relier tous les fragments.
Du fait que ce que tu relates me touche sur un plan émotif, je ne suis pas très bon juge de la forme, mais elle me paraît bien adaptée au propos, mûre et apaisée, tout en ne faisant pas de concessions. Pour mon goût en tous cas, c'est très bon et très fort.
- Ton père est mort....et enterré.
Il serait plus logique de lier "ton père est mort" à la phrase précédente"
J'aime beaucoup; je trouve que tu dis bien et beaucoup, avec une belle économie de mots, sans dramatisation. La petite interdite de parole, ne pouvant parler du blockhaus et du reste parce que, quand-même, ça ne soutient pas la comparaison avec un mort. Surtout dans des temps et des lieux où ces choses sont si fréquentes qu'elles en sont banales. La résilience qui se fait jour par la grâce de pas grand-chose, un chiot, des livres, une attention..
J'imagine et j'espère que tu vas relier tous les fragments.
Du fait que ce que tu relates me touche sur un plan émotif, je ne suis pas très bon juge de la forme, mais elle me paraît bien adaptée au propos, mûre et apaisée, tout en ne faisant pas de concessions. Pour mon goût en tous cas, c'est très bon et très fort.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Un deuil en province
Silène ! Comme j'aime ce mot de résilience dont j'ai découvert la vraie signification en lisant Boris Cyrulnik.
Vous avez tellement bien saisi le lien entre ces textes disparates que j'ai posté sur V.E, que la "petite fille" pleure devant son écran ! Je souhaite relier ces fragments et réfléchis sur le moyen de le faire.
Je remercie Lu-k et Coline-Dé pour leur bienveillance et leur lecture attentive.
Vous avez tellement bien saisi le lien entre ces textes disparates que j'ai posté sur V.E, que la "petite fille" pleure devant son écran ! Je souhaite relier ces fragments et réfléchis sur le moyen de le faire.
Je remercie Lu-k et Coline-Dé pour leur bienveillance et leur lecture attentive.
Re: Un deuil en province
Pardon à Easter(Island), je ne vous ai pas cité, alors que j'apprécie tant vos commentaires rapides et justes.
Re: Un deuil en province
C'est dramatique, fort et beau. Sans verser dans le pathos, tu surfes malgré tout sur la vague de l'émotion, voire celle de l'indignation. Ce personnage de veuve vieille avant l'âge me paraît bien campé, tu n'en fais pas trop. Je suis plus réservée sur le personnage de la gamine que tu survoles par moments, mais c'est sans doute/peut-être dû à son comportement instable, son envie de croquer dans le bonheur; cela expliquerait cette fébrilité qui esquisse au lieu d'approfondir.
En même temps, cette façon de faire colle bien au caractère épuré de ton écriture; cette histoire se passe d'effets, donc pas de bémol en fait, j'aime tel quel.
En même temps, cette façon de faire colle bien au caractère épuré de ton écriture; cette histoire se passe d'effets, donc pas de bémol en fait, j'aime tel quel.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Un deuil en province
Et j'oubliais: Un texte qui appelle une suite ?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Un deuil en province
Oui Sahkti, la suite arrive, mais l'accouchement est douloureux.
Merci pour votre regard et vos conseils - très importants pour m'aider à poursuivre.
J'essaie parfois d'être plus légère dans mon écriture mais je ne semble pas être douée pour la légèreté.
Merci pour votre regard et vos conseils - très importants pour m'aider à poursuivre.
J'essaie parfois d'être plus légère dans mon écriture mais je ne semble pas être douée pour la légèreté.
Re: Un deuil en province
Je ne l'avais pas lu, ce texte-ci; après La petite porte, il fallait que je revienne en arrière.
Intime sans être pathos, une autre noirceur que celle de Blockhaus. Me teurjhou ine chéti himeur! (Si j'ose m'exprimer ainsi.. en fait je ne suis pas certain que ma phrase tienne debout..)
Bref, texte touchant, toujours cette intimité propre à l'écoute murmurée d'un témoignage.
En plus de ça je connais à peu près le décor, je me demande même si, étant petit, je n'ai pas connu Jeanne.. Je crois que si..
Intime sans être pathos, une autre noirceur que celle de Blockhaus. Me teurjhou ine chéti himeur! (Si j'ose m'exprimer ainsi.. en fait je ne suis pas certain que ma phrase tienne debout..)
Bref, texte touchant, toujours cette intimité propre à l'écoute murmurée d'un témoignage.
En plus de ça je connais à peu près le décor, je me demande même si, étant petit, je n'ai pas connu Jeanne.. Je crois que si..
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Un deuil en province
Merci Chako Noir.
Jeanne a tenu sa librairie jusqu'au bout de sa vie. C'était la plus vieille et la plus authentique des librairies du centre ville. Les petites vitrines, les armoires et les étagères dataient du tout début du XXème siècle, elle n'avait jamais rien changé dans la boutique de son père ; même le chauffage n'y existait pas ! L'hiver elle lisait emmitouflée dans ses vieux manteaux, le bout de ses doigts étaient bleus malgré les mitaines.
L'été, elle s'asseyait sur le seuil de sa boutique pour profiter du soleil, car elle ne partait jamais en vacances. Jeanne ne vivait que pour ses livres, ses chers clients et ses souvenirs. Tout était poussiéreux dans sa boutique, les cartes postales en noir et blanc étaient toutes fanées et invendables, mais c'est le plus bel endroit que j'ai connu, car il y régnait l'intelligence, la tolérance et la vraie générosité.
Jeanne a tenu sa librairie jusqu'au bout de sa vie. C'était la plus vieille et la plus authentique des librairies du centre ville. Les petites vitrines, les armoires et les étagères dataient du tout début du XXème siècle, elle n'avait jamais rien changé dans la boutique de son père ; même le chauffage n'y existait pas ! L'hiver elle lisait emmitouflée dans ses vieux manteaux, le bout de ses doigts étaient bleus malgré les mitaines.
L'été, elle s'asseyait sur le seuil de sa boutique pour profiter du soleil, car elle ne partait jamais en vacances. Jeanne ne vivait que pour ses livres, ses chers clients et ses souvenirs. Tout était poussiéreux dans sa boutique, les cartes postales en noir et blanc étaient toutes fanées et invendables, mais c'est le plus bel endroit que j'ai connu, car il y régnait l'intelligence, la tolérance et la vraie générosité.
Re: Un deuil en province
Ce qui confirme: je l'ai bel et bien connue étant petit, mon père était ami avec elle. :-)
Et aujourd'hui, si je ne me trompe pas, c'est la boutique Luma qui y a pris place.
Et aujourd'hui, si je ne me trompe pas, c'est la boutique Luma qui y a pris place.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Un deuil en province
c'est tout à fait ça ! Comme j'ai bien fait de lui laisser son vrai prénom !
Je suis heureuse que Jeanne - grâce à ce texte - retrouve un peu de vie en éveillant les souvenirs de ceux qui l'ont connu et aimé.
Je suis heureuse que Jeanne - grâce à ce texte - retrouve un peu de vie en éveillant les souvenirs de ceux qui l'ont connu et aimé.
Re: Un deuil en province
Oui, c'est dingue..! Tu as bien fait, ça on peut le dire!
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Un deuil en province
ah je commence à fait le lien entre tout ça : Pen Bron and so on.
Il faut renforcer ce lien avec ton lecteur , compléter le puzzle. Tu as déjà bien tardé, insinuant un doute sur l'intention du récit. Tu serais gagnante d'introduire le cadre complet de ces nouvelles, qui, démantelées peuvent être lues comme des contes de la tristesse ordinaire, des compte-rendus de médiocrité, celle dont on connait bien l'existence, malheureusement et que l'on a pas forcément envie de se repaître dans l'activité ludique qu' est la lecture.
Il faut renforcer ce lien avec ton lecteur , compléter le puzzle. Tu as déjà bien tardé, insinuant un doute sur l'intention du récit. Tu serais gagnante d'introduire le cadre complet de ces nouvelles, qui, démantelées peuvent être lues comme des contes de la tristesse ordinaire, des compte-rendus de médiocrité, celle dont on connait bien l'existence, malheureusement et que l'on a pas forcément envie de se repaître dans l'activité ludique qu' est la lecture.
Invité- Invité
Re: Un deuil en province
Mais la chronologie est très claire quand on lit les textes de Croisic, et ce sont plus des instantanés sur une évolution que des nouvelles à proprement parler.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Un deuil en province
je crois que mon commentaire était simple gentil et concis, je n'ai pas besoin d'explication de texte phillipe, merci d'avance.
Invité- Invité
Re: Un deuil en province
J'ai effectivement trouvé ton commentaire clair, gentil et concis. Il va parfaitement dans le sens que je souhaite donner à mes écrits - en toute modestie. C'est à dire un remembrement (comme on dit à la campagne) de tous ces textes en leur trouvant un lien/fil conducteur.
Merci pour ces conseils.
Merci pour ces conseils.
Re: Un deuil en province
Toujours fort et sombre, concis et clair.
Je suis preneur d’un liant pour tous ces instantanés poignants, parce qu’à lire par bribes, je m’égare dans le propos (voir commentaires sur « la petite porte »). Comment publierez-vous le tout ? Un nouveau fil avec les textes ensemble ?Chaque minute de retard me fait espérer sa mort
Re: Un deuil en province
Oui, j'envisage de retravailler. Non pas ces textes, car à part quelques bribes, je souhaite les garder intacts, mais je cherche l'idée d'un fil conducteur qui serait le "pont" entre chacun. Après, si je suis assez satisfaite (de moi) j'irai toquer à quelques portes.
Merci pour votre "retour" de commentaire, j'apprécie.
Merci pour votre "retour" de commentaire, j'apprécie.
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