Les idoles en noir

J'ai beaucoup aimé : "Voyageurs expulsés, en train de devenir, et les regrets, bêtes hagardes, qui commencent la vie là où l’horizon a pu se terminer," mais sinon le poème ne m'a guère convaincue, je l'ai trouvé gratuit, j'ai eu une impression d'affectation en le lisant.

Une remarque, si j'ai bien compris la phrase : "et je puis voir l’âme les ranger" (et ce "je puis", répété en plus juste après, me paraît maniéré).

Je ne suis pas tout à fait du même avis que socque. J'ai beaucoup aimé ce poème, en partie pour la part d'ombre que les mots laissent derrière eux, comme une invitation à l'imaginaire. Plusieurs parties du poème m'ont semblé dotées d'une grand puissance évocatrice. Le parallèle fait entre ombre et lumière, sensible tout au long du texte, invite à la réflexion et à une certaine intériorisation (peut-être aussi à cause de l'atmosphère humide, maritime : naissance, semence, création, disparition...). Beaucoup de thèmes sont abordés, peut-être un peu trop pour un seul poème au risque de lui donner un côté "je pars dans tous les sens".

J'ai beaucoup aimé (entre autre) :

L’averse frappe toujours ; les voiles ascendantes grimpent vers l’aurore ; les idoles en noir marchent et s’écroulent, puis marchent encore. Les paysages sont couleur de plomb.
Voyageurs expulsés, en train de devenir, et les regrets, bêtes hagardes, qui commencent la vie là où l’horizon a pu se terminer, à l'époque où nous n’étions que des grains de lumière, des météores fidèles au passage du temps.

Quelques images qui me parlent comme :

Le banc et le paysage pointu, dur et dressé, n’avaient jamais connu ces rideaux de pluie mate.

Mais je me perds dans le dédale de sensations que traversent ces idoles en noir. la scène me parait assez artificielle, presque surjouée.

Il(s) traversent maintenant les rues en filigranes, qui laissent sous les os quelque chose à laisser
Est-ce voulu cette répétition ?

Merci pour vos commentaires !
La répétition est voulue, effectivement !

Ca foisonne d'images, c'est à la fois l'une de tes richesses et l'un de tes travers. Ici, elles m'étouffent et me frustrent, j'en laisse en route, elle ne le méritent sans doute pas. Il me reste celles-ci :

Le banc et le paysage pointu, dur et dressé, n’avaient jamais connu ces rideaux de pluie mate.

Leur halètement rappelle la mer, le nombril collé à quelque bas nuage.

Au loin, la mer hulule, et il ne pleut plus. La remontée amère, et seuls mes pas.

Lu et utilisé déjà le procédé de la persistance. Chez Pierre de la Coste par exemple, dans Arkhalia. J'adore, c'est probablement une de mes forme littéraire favorite. Je suis preneur donc du tout, cette fois.

Quand je te lis Luk, je suis souvent partagée, non pas sur la qualité ou l'écriture mais sur la façon de dire ce que je pense du texte. Parce qu'en tentant d'être objective, je devrais arriver à te dire que je trouve par moments tes mots ampoulés, tes phrases précieuces, ton style chargé avec certaines lourdeurs, proche d'un lyrisme répétitif. Oui, je devrais si je voulais vraiment décortiquer une façon de faire.

Mais en même temps, je n'en ai aucunement l'envie parce que ces éléments mis bout à bout donnent quelque chose d'assez extraordinaire dans sa beauté et dans sa force. Tu arrives à faire danses les images et les idées.

pandaworks a écrit:Chez Pierre de la Coste par exemple, dans Arkhalia. J'adore, c'est probablement une de mes forme littéraire favorite.

Un livre bien envoyé, finalement :-))

Merci bibie.