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Plénitude de l'unité

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Message  Max Jeu 8 Oct 2009 - 19:52

Ce manuscrit là est achevé depuis plusieurs années déjà. Plusieurs fois retravaillé. Toujours refusé. La dernière fois, on m'a dit que l'écriture était trop exigeante. Une autre fois, on m'a dit que je ne maîtrisais pas la structure narrative...Enfin, pour faire court, je collectionne les commentaires, dont certains totalement contradictoires...

Alors, si vous voulez bien me dire ce que vous en pensez, ça m'éclairerait davantage. Merci infiniment.



1
25 juillet 1995.
RER Paris Nord Saint Rémy les Chevreuse .
Ils sont face à face. Il la regarde. Ses boucles blondes, ce petit sourire énigmatique, elle a mis sa robe à fleurs, elle lui a dit que ça apporterait une note naturelle et colorée au cœur de la ville. Toutes les banquettes du compartiment sont occupées. En pleine heure de pointe, le stress règle l’ambiance. A côté de Blandine s’est assis un vieux monsieur, très digne, costume gris et serviette en cuir élimé posée sur les genoux serrés. Son visage fripé sourit de toutes ses rides. Il lui parle. Jean les regarde sans rien dire. Depuis longtemps, il sait que la beauté étrange de sa compagne favorise les rencontres furtives, les rapprochements humains. Blandine diffuse un parfum d’amour qui envoûte ses proches, intimes ou inconnus. L’humanité dans ce qu’elle a de plus doux brille au fond de ses yeux. A ses côtés, on ne peut qu’aimer les êtres humains. Jean a toujours été fasciné par ce pouvoir étrange, à son sens, presque inquiétant. Cette innocence offerte, ce don de soi, cette proximité immédiate, sans retenue, cette connivence incompréhensible, ce bien-être inexplicable. Le vieux monsieur a certainement oublié la raison de sa présence dans cette rame bruyante. L’essentiel pour lui, à cet instant, reste ce plongeon délicieux dans les yeux verts de Blandine, ce bain apaisant dans les fragrances de ce corps juvénile, l’ineffable bonheur d’éveiller sur ce visage idyllique un sourire charmeur. Blandine s’offre ainsi à toutes occasions, librement, naturellement, instantanément. Jean le sait. Elle est ainsi. Et le vieux monsieur n’aurait jamais pu s’asseoir à ses côtés sans entrer aussitôt en communion avec la joie de vivre de Blandine.
Son incommensurable joie de vivre.
Station Saint-Michel.
L’effroyable explosion le projette en avant. Il heurte violemment le visage de Blandine et enregistre dans l’interminable seconde le cri aigu de sa terreur, le tonnerre assourdissant, les hurlements, son épaule déchirée par un impact brûlant, son mollet arraché par des lames de feu, le souffle interminable et la blancheur extrême, aveuglante, l’horrible certitude que la mort est là, avec toute sa rage, sa haine profonde de la vie, qu’il ne peut plus rien, que les forces lui manquent, que le monde s’écroule, que le mal dans son corps est atroce. Et que Blandine disparaît.
Le crissement strident des roues bloquées sur les rails impose à ce chaos titanesque leurs notes suraiguës.
Il est tombé sur le sol. Blandine est allongée devant lui, sur le côté. Son visage est maculé de sang. Elle a la bouche ouverte. Au coin des lèvres coulent des filaments rougeâtres. Sa chemisette bleu pâle est dévorée par une lèpre carmin qui s’étend à une vitesse épouvantable. Les yeux sont vides. Il ne lui connaît pas ce regard. Il ne parvient pas à bouger. Il est statufié par l’horreur. Son corps hurle des douleurs inconnues, des cris inhumains, des violences insurmontables. Il voudrait s’approcher, lui parler, caresser son visage immobile, la ranimer, mais il a l’impression que son esprit a tranché tous les liens qui l’unissaient à son corps. La mémoire est inerte et la volonté muette, étouffées toutes deux par une vague interminable de douleurs, sans aucun reflux, une montée sans fin de cris intérieurs. Ce flot dévastateur, avec la violence d’un meurtrier, s’est emparé de son esprit qui ne sait plus commander le moindre geste.
D’épaisses fumées âcres envahissent la rame. Les cris fusent de toutes parts. Il entrevoit des mouvements de corps, certains rampent, en suppliant qu’on les aide, d’autres se tordent en hurlant. Il entend le crépitement des flammes. Une sirène s’est enclenchée.
Autour de lui, c’est un univers qui s’effondre.
Blandine a un sursaut. Tout son corps se raidit. Elle est parcourue par une onde électrique. Les jambes et les bras tressautent affreusement. La bouche éjecte quelques crachats de sang avec un bruit rauque. Elle s’accroche, il le sent, le fil est tendu à se rompre, elle semble vouloir aspirer la vie comme on prend une bouffée d’air. Mais il devine la mort qui gagne la place. La dernière énergie s’est réfugiée dans le visage tétanisé. Les yeux exorbités, cette peur effroyable. C’est un combat sans pitié. Il voudrait lui parler, lui supplier de tenir, mais le feu dans son corps brûle toutes les paroles, consume les efforts et l’emporte dans un puits de lumières inconnues, un gouffre sans fin, tourbillonnant jusqu’à la nausée. Les douleurs intolérables enserrent son cerveau dans un étau de fer en fusion, des tisons ardents fourragent dans les chairs nues de sa jambe qu’il serre entre ses mains. Sa raison vacille, sa vue se brouille, il sent son cœur qui s’emballe, il va le vomir. C’est intenable, c’est au-delà de l’humain.
Soudainement, les parois du wagon disparaissent, les cris s’estompent, la fumée se disperse, des murs blancs s’approchent et réduisent peu à peu son champ de vision. C’est une bulle insensible qui se forme autour de lui et de Blandine, un placenta lumineux qui les unit.
Ils sont là, tous les deux, ailleurs, loin de la fureur. Une indescriptible sensation de légèreté s’insinue en lui et l’anesthésie. Il ne sent plus rien. Le monde s’est évanoui et avec lui la terreur. Ce qu’il ressent ne lui appartient pas. Il n’en a aucun souvenir, aucune connaissance. C’est au-delà du monde habituel, au-delà de la conscience quotidienne. Il n’a plus de corps et n’a pourtant jamais saisi autant de choses. Il ne sait pas y mettre de noms. Il voudrait comprendre et sitôt affirmée, cette volonté révèle toute son ignorance. Il ne peut rien comprendre. Ce n’est pas accessible. Il doit se laisser porter. L’évidence s’impose… Il n’y peut rien.
Un flot de sang jaillit de la bouche de Blandine, comme un ultime vomi, un dernier renvoi de vie, l’abandon de tout devant tant de haine puis son corps se détend doucement, s’affaisse comme une feuille qui tombe. Les prunelles s’éteignent. Les joues se relâchent et laissent s’évaporer le dernier souffle retenu, les dernières fibres de vie. Il voudrait crier mais sa voix l’a quitté. Submergé par l’horreur, il a l’impression que tout ce qui constitue l’humain en lui a disparu. Il ne lui reste qu’une conscience inconnue, jamais rencontrée… A l’intérieur de son corps cimenté par un amalgame de douleurs, les cris d’horreur à jamais s’incrustent dans les veines.
La bulle autour d’eux se referme encore et les étreint. C’est une blancheur amniotique, sans paroi ni rumeur, sans mouvement environnant, ni odeur.
Il n’a pas fermé les yeux. Il en est certain. Il ne voulait pas quitter Blandine. Ils se sont d’eux-mêmes retournés vers l’intérieur. Il n’a pas pu s’y opposer. La lumière qui l’entourait l’a envahi. Il n’a rien pu faire. Il ne contrôle rien. Il n’a plus de corps. Il ne ressent rien, n’a plus de douleurs. Tout a disparu. Il ne sait pas ce qu’il est, ce qui reste de lui. Ni où il est, ni où il va. La vitesse augmente. Rien de visible ne lui permet de l’affirmer mais il le sait. C’est un couloir qui le conduit vers une blancheur toujours plus éclatante. Plus aucune peur. Il essaie encore de comprendre… La lumière l’a entouré, puis elle l’a envahi. Il est devenu lui-même la lumière mais elle continuait de l’environner. Tout l’espace n’était que clarté et il était lui-même cette clarté. Il n’était ni dedans, ni dehors. La lumière n’était ni en lui, ni autour de lui. Ils étaient l’un et l’autre identiques, partout et nulle part, dans un moment sans fin, ni début. Juste une plongée vers la concentration de la lumière.
Il veut retourner les yeux vers l’extérieur et retrouver Blandine mais il sent que c’est impossible, comme un chemin perdu, pour toujours effacé. Une pointe de douleur le transperce. Il ne sait où, ni quoi. Mais il sent cette lance… Dans son âme. C’est la seule explication qui lui reste.
Faire demi-tour. Retrouver son amour. Il ne veut plus de cette lumière. Mais le courant l’emporte. Les parois défilent sans aucun mouvement.
Il plonge.
Et soudain, Blandine est là. Elle est apparue, mystérieusement, à ses côtés. Elle rayonne de toute sa joie, de toute sa douceur. Elle lui sourit. Il essaie de se concentrer sur cette image et s’aperçoit qu’il n’y en a pas. Il n’y a rien. Pas de corps, pas de visage. Mais il sait pourtant qu’elle est là et qu’elle lui sourit. Il ne comprend pas.
Elle l’a légèrement dépassé dans leurs descentes vers les abîmes de lumière. Elle tourne délicatement les yeux et semble l’inviter à le suivre. Un petit geste infime, plein de douceurs. Ce sourire enfantin qui l’envoûtait et le laissait sans force. Mais la pointe de douleur ne le quitte plus. Elle s’amplifie par instants puis semble s’éteindre. Il ne sait pas s’il s’agit d’une douleur dont il doit se débarrasser ou d’une alerte qu’il doit écouter.
Blandine l’a dépassé. Il a du mal à la suivre. Elle semble accélérer encore. Le puits s’est ouvert, les parois ont disparu. C’est un univers de lumière qui les accueille. Ca n’a pas de couleur. C’est toujours au-delà des choses connues. Ca n’a pas de fin, ni même de commencement. Ca n’a pas de temps, ni même d’éternité. Ce n’est rien d’humain. C’est au-delà des mots. Il sait qu’il ne pourrait jamais rien en dire.
Il veut rattraper Blandine mais la pointe de douleur l’en empêche. Il se sent tiré vers l’arrière, en tout cas dans le sens contraire du courant. Blandine s’éloigne. Elle le regarde encore une fois. Elle ne sourit plus.
Son âme est dévorée par une lèpre de feu.
La terreur en lui. Une horreur sans nom.
Elle se consume dans la lumière, ses traits fondent, s’estompent dans un écrin flamboyant. Aucune peur, pourtant, n’émane de cet esprit en sursis.
Il sent alors dans son âme les douleurs qui s’amplifient et dans son dos l’écheveau de sa vie étiré à se rompre. Retenir Blandine. Ils ne doivent plus avancer mais elle ne semble pas s’en apercevoir. Son âme suinte comme une cire mourante et elle se laisse aspirer par le flot de lumière.
Devant eux s’étend une immensité d’âmes liquéfiées. Il le sait, il le comprend sans jamais distinguer autre chose qu’un univers aveuglant. Mais elles sont là. Innombrables, toutes mêlées dans un cloaque éblouissant, fusionnées dans une lumière gélatineuse. Ces âmes tendues vers eux les appellent et Blandine, attirée par ce bain ardent d’où semble monter une plainte tenace, accélère encore. Elle ne le regarde plus. Hypnotisée et consentante, elle avance, l’âme apaisée et désirante, offerte et soumise à ce chant d’amour qui l’invite. Il entend des mélopées répétitives portées par la lumière, des murmures suppliants d’où suintent des misères enjolivées. Ces prières envoûtantes habitent chaque particule de cet univers. Les douleurs dans le dos de son âme s’amplifient.
Il sent le piège.
Il ne veut plus avancer et souffre effroyablement de la distance qui le sépare déjà de Blandine. Elle semble l’avoir oublié. Il refuse de le croire et se jette en avant dans un sursaut d’amour. Il devine que cette mer d’âmes mielleuses n’est qu’un leurre, que ces mélodies susurrées ne contiennent aucun bonheur, que la mort s’y cache, qu’elle use de ce subterfuge pour attirer dans ce néant éblouissant les âmes égarées et fragiles. C’est un ersatz de paradis qui se veut accueillant mais la mort, et elle seule, en est la maîtresse perverse et toute puissante, l’ignoble architecte… Des réponses surgissent et les douleurs l’étreignent.
Il plonge en hurlant dans le sillage de Blandine, en hurlant son amour vivant, son amour joyeux, et son amour de la Terre.
La Terre.
A ce nom tout s’éclaire. Rien, ici, n’est à la Terre. Ce n’est qu’un océan d’âmes mortes attachées à saisir toutes celles, qui perdues, se sont lancées sur la route. Une route de lumière aveuglante. Mais lui n’appartient pas aux hommes. Il n’a jamais eu besoin de leur amour. Il veut rattraper Blandine et le lui dire. Et la ramener.
Son âme étirée se déchire. Il ne doit plus s’éloigner ainsi de la Terre. Elle est là-bas, derrière lui. Ici, il n’y a que des êtres morts qui chantent l’amour. Il est écœuré par ce piège ignoble.

Blandine s’est dispersée. Liquéfiée.

Il a suffi qu’elle entre en contact avec cette marée humaine pour se fondre en elle. Il veut plonger dans cette boue de lumière et reconstituer l’âme de son amour disparu mais il est arrêté à l’orée de l’océan murmurant. Il ne peut plus avancer. Un mur invisible le repousse. Il entend des sons rauques qui vomissent des haines communes. La marée d’âmes le refuse. Elle lui interdit le passage. Il tente de rester sur place mais les forces de vie qui le tirent l’entraînent à contre-courant. Il tend son âme vers Blandine, là où la masse visqueuse l’a saisie mais plus rien d’elle n’apparaît. Elle n’est plus. Elle est une parcelle de cet océan immonde, elle le constitue et s’y perd.

Il sait que c’est fini.

Alors la douleur effroyable, avec une force inimaginable, le propulse à des vitesses jamais envisagées vers son corps meurtri dans la rame déchiquetée.
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Message  Invité Jeu 8 Oct 2009 - 20:55

C'est trop long. Beaucoup trop long, même, on a l'immpression que tu répètes plusiseurs fois les mêmes chose ( alors que ce n'est pas le cas) simplement parce que les mêmes douleurs et frayeurs reviennent en boucle. Du coup, le texte donne le sentiment qu'il n'avance pas, le lecteur est submergé par l'horreur et se défend en zappant ou en se fermant.
Sinon, c'est bien écrit, très imagé, le personnage de Blandine est séduisant, Jean lui est plus est énigmatique...
Essaie d'en supprimer un petit quart, surtout vers le milieu, je pense que cela améliorerait considérablement.

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Message  Invité Jeu 8 Oct 2009 - 21:08

Alors, je dirai que votre texte est soigné, travaillé, on le sent bien, mais je trouve une raideur dans l'écriture, un côté compassé, voire pompeux, qui me gêne. Les effets de style sont trop appuyés, trop visibles pour mon goût, et guère inventifs. J'ai une impression de redondance, dans l'ensemble, chaque élément me semble répété, voire martelé ; or, comme lectrice, j'aime qu'on me laisse davantage de jeu, qu'on ne m'assene pas ce que je suis censée éprouver.
Déjà, le personnage Blandine apparaît d'emblée comme une sainte de vitrail, un être au charme irrésistible et céleste, et, pour moi, cela sonne faux. J'ai pensé, à la lecture du passage où le petit vieux dans le métro est ébloui par la grâce de la jeune femme, à Blanche-Neige chantant dans la forêt, au grand ravissement des animaux ; vous comprenez que ce genre d'images ne "passe" plus vraiment, de nos jours.

Je vais tâcher de détailler mes impressions.

"Blandine s’offre ainsi à toutes occasions, librement, naturellement, instantanément (cette suite de trois adverbes me paraît lourde ; je comprends bien l'intention stylistique mais trouve l'effet trop appuyé). Jean le sait. Elle est ainsi. Et le vieux monsieur n’aurait jamais pu s’asseoir à ses côtés sans entrer aussitôt en communion avec la joie de vivre de Blandine.
Son incommensurable joie de vivre. (le passage à la ligne pour répéter ce qui vient d'être dit, pour moi, fait "procédé")
Station Saint-Michel.
L’effroyable explosion le projette en avant. (là, j'ai bien aimé le passage brutal à l'action) Il heurte violemment le visage de Blandine et enregistre dans l’interminable seconde le cri aigu de sa terreur, le tonnerre assourdissant, les hurlements, son épaule déchirée par un impact brûlant, son mollet arraché par des lames de feu, le souffle interminable et la blancheur extrême, aveuglante, l’horrible certitude que la mort est là, avec toute sa rage, sa haine profonde de la vie, qu’il ne peut plus rien, que les forces lui manquent, que le monde s’écroule, que le mal dans son corps est atroce (la suite des quatre "que" a accroché ma lecture). Et que Blandine disparaît.
Le crissement strident des roues bloquées sur les rails impose à ce chaos titanesque leurs notes suraiguës. (la phrase me paraît saturée en adjectifs)
Il est tombé sur le sol. Blandine est allongée devant lui, sur le côté. Son visage est (trois fois le verbe "être" en trois phrases successives, dans la même conjugaison, cela fait beaucoup je trouve) maculé de sang. Elle a la bouche ouverte. Au coin des lèvres coulent des filaments rougeâtres. Sa chemisette bleu pâle est dévorée par une lèpre carmin qui s’étend à une vitesse épouvantable. Les yeux sont vides. Il ne lui connaît pas ce regard. Il ne parvient pas à bouger. Il est statufié par l’horreur. (quelque chose me gêne dans cette suite de phrases courtes, surtout les trois dernières, à la structure répétitive ; et puis pourquoi écrire ce mot, "horreur", que toute la situation suggère ? Cela me paraît dommage, redondant) Son corps hurle des douleurs inconnues, des cris inhumains, des violences insurmontables (le corps qui hurle tout un tas de trucs, je trouve ça bizarre, comme une saturation). Il voudrait s’approcher, lui parler, caresser son visage immobile, la ranimer, mais il a l’impression que son esprit a tranché tous les liens qui l’unissaient à son corps. La mémoire est inerte et la volonté muette, étouffées toutes deux par une vague interminable de douleurs ("douleurs" a déjà été dit peu de temps avant, l'insistance me paraît trop forte, le contexte étant en soi assez clair), sans aucun reflux, une montée sans fin de cris intérieurs (idem pour les cris que le corps hurlait déjà ; là aussi, pour moi, redondance). Ce flot dévastateur, avec la violence d’un meurtrier, s’est emparé de son esprit qui ne sait plus commander le moindre geste.
D’épaisses fumées âcres envahissent la rame. Les cris fusent de toutes parts. Il entrevoit des mouvements de corps, certains rampent, en suppliant qu’on les aide, d’autres se tordent en hurlant. Il entend le crépitement des flammes. Une sirène s’est enclenchée.
Autour de lui, c’est un univers qui s’effondre.
Blandine a un sursaut. Tout son corps se raidit. Elle est parcourue par une onde électrique. Les jambes et les bras tressautent affreusement. La bouche éjecte quelques crachats de sang avec un bruit rauque. Elle s’accroche, il le sent, le fil est tendu à se rompre, elle semble vouloir aspirer la vie comme on prend une bouffée d’air. Mais il devine la mort qui gagne la place. La dernière énergie s’est réfugiée dans le visage tétanisé. Les yeux exorbités, cette peur effroyable. C’est un combat sans pitié. Il voudrait lui parler, lui supplier de tenir, mais le feu dans son corps brûle toutes les paroles, consume les efforts et l’emporte dans un puits de lumières inconnues, un gouffre sans fin, tourbillonnant jusqu’à la nausée. Les douleurs intolérables enserrent son cerveau dans un étau de fer en fusion (non, l'étau de fer en fusion c'est trop bizarre pour moi, comment un matériau en fusion peut-il faire étau ?), des tisons ardents (l'adjectif me paraît de trop) fourragent dans les chairs nues de sa jambe qu’il serre entre ses mains. Sa raison vacille, sa vue se brouille, il sent son cœur qui s’emballe, il va le vomir. C’est intenable, c’est (pourquoi la répétition ?) au-delà de l’humain.
Soudainement, les parois du wagon disparaissent, les cris s’estompent, la fumée se disperse, des murs blancs s’approchent et réduisent peu à peu son champ de vision. C’est (trop proche des deux précédents à mon goût) une bulle insensible qui se forme autour de lui et de Blandine, un placenta lumineux qui les unit (j'aime bien cette image).
Ils sont là, tous les deux, ailleurs, loin de la fureur. Une indescriptible sensation de légèreté s’insinue en lui et l’anesthésie. Il ne sent plus rien. Le monde s’est évanoui et avec lui la terreur. Ce qu’il ressent ne lui appartient pas. Il n’en a aucun souvenir, aucune connaissance. C’est au-delà du monde habituel, au-delà de la conscience quotidienne. Il n’a plus de corps et n’a pourtant jamais saisi autant de choses. Il ne sait pas y mettre de noms. Il voudrait comprendre et sitôt affirmée, cette volonté révèle toute son ignorance. Il ne peut rien comprendre. (quatre phrases successives commençant par "Il", c'est répétitif) Ce n’est pas accessible. Il doit se laisser porter. L’évidence s’impose… Il n’y peut rien. (les trois phrases disent la même chose, de manière assez plate. Pourquoi cette insistance ?)
Un flot de sang jaillit de la bouche de Blandine, comme un ultime vomi, un dernier renvoi de vie, l’abandon de tout devant tant de haine puis son corps se détend doucement, s’affaisse comme une feuille qui tombe. Les prunelles s’éteignent. Les joues se relâchent et laissent s’évaporer le dernier souffle retenu, les dernières fibres de vie. Il voudrait crier mais sa voix l’a quitté. Submergé par l’horreur (l'horreur est partie intégrante de la scène, le fait d'expliciter le terme affaiblit l'ensemble à mon avis), il a l’impression que tout ce qui constitue l’humain en lui a disparu. Il ne lui reste qu’une conscience inconnue, jamais rencontrée… A l’intérieur de son corps cimenté par un amalgame de douleurs, les cris d’horreur (les douleurs, les cris, l'horreur de nouveau ; redondance, le lecteur sait déjà tout cela) à jamais s’incrustent dans les veines.
La bulle autour d’eux se referme encore et les étreint. C’est une blancheur amniotique, sans paroi ni rumeur, sans mouvement environnant, ni odeur.
Il n’a pas fermé les yeux. Il en est certain. Il ne voulait pas quitter Blandine. Ils se sont d’eux-mêmes retournés vers l’intérieur. Il n’a pas pu s’y opposer. La lumière qui l’entourait l’a envahi. Il n’a rien pu faire. Il ne contrôle rien. Il n’a plus de corps. Il ne ressent rien, n’a plus de douleurs. (quatre phrases à la suite commençant par "Il" ; la monotonie de structure lasse, selon moi) Tout a disparu. Il ne sait pas ce qu’il est, ce qui reste de lui. Ni où il est, ni où il va. La vitesse augmente. Rien de visible ne lui permet de l’affirmer mais il le sait. C’est un couloir qui le conduit vers une blancheur toujours plus éclatante. Plus aucune peur. Il essaie encore de comprendre… La lumière l’a entouré, puis elle l’a envahi. Il est devenu lui-même la lumière mais elle continuait de l’environner. Tout l’espace n’était que clarté et il était lui-même cette clarté. Il n’était ni dedans, ni dehors. La lumière n’était ni en lui, ni autour de lui. Ils étaient l’un et l’autre identiques, partout et nulle part, dans un moment sans fin, ni début. (six phrases qui tournent autour de la même idée, l'exprimant de manière plate à mon avis) Juste une plongée vers la concentration de la lumière.
Il veut retourner les yeux vers l’extérieur et retrouver Blandine mais il sent que c’est impossible, comme un chemin perdu, pour toujours effacé. Une pointe de douleur le transperce. Il ne sait où, ni quoi. Mais il sent cette lance… Dans son âme. C’est la seule explication qui lui reste.
Faire demi-tour. Retrouver son amour. Il ne veut plus de cette lumière. Mais le courant l’emporte. Les parois défilent sans aucun mouvement.
Il plonge.
Et soudain, Blandine est là. Elle est apparue, mystérieusement, à ses côtés. Elle rayonne de toute sa joie, de toute sa douceur. Elle lui sourit. Il essaie de se concentrer sur cette image et s’aperçoit qu’il n’y en a pas. Il n’y a rien. Pas de corps, pas de visage. Mais il sait pourtant qu’elle est là et qu’elle lui sourit. Il ne comprend pas.
Elle l’a légèrement dépassé dans leurs descentes vers les abîmes de lumière. Elle tourne délicatement les yeux et semble l’inviter à le suivre. Un petit geste infime, plein de douceurs. Ce sourire enfantin qui l’envoûtait et le laissait sans force. Mais la pointe de douleur ne le quitte plus. Elle s’amplifie par instants puis semble s’éteindre. Il ne sait pas s’il s’agit d’une douleur dont il doit se débarrasser ou d’une alerte qu’il doit écouter.
Blandine l’a dépassé. Il a du mal à la suivre. Elle semble accélérer encore. Le puits s’est ouvert, les parois ont disparu. C’est un univers de lumière qui les accueille. Ça n’a pas de couleur. C’est toujours au-delà des choses connues. Ça n’a pas de fin, ni même de commencement. Ça n’a pas de temps, ni même d’éternité. Ce n’est rien d’humain. C’est au-delà des mots. (C'est, Ça, C'est, Ça, Ça, Ce n'est, C'est : sept phrases de description à la suite qui emploient des procédés plats, sans recherche) Il sait qu’il ne pourrait jamais rien en dire.
Il veut rattraper Blandine mais la pointe de douleur l’en empêche. Il se sent tiré vers l’arrière, en tout cas dans le sens contraire du courant. Blandine s’éloigne. Elle le regarde encore une fois. Elle ne sourit plus.
Son âme est dévorée par une lèpre de feu.
La terreur en lui. Une horreur (encore une mention explicite de l'horreur, qui est contenue dans la situation même) sans nom.
Elle se consume dans la lumière, ses traits fondent, s’estompent dans un écrin flamboyant. Aucune peur, pourtant, n’émane de cet esprit en sursis.
Il sent alors dans son âme les douleurs qui s’amplifient et dans son dos l’écheveau de sa vie étiré à se rompre (c'est bizarre, je trouve, un écheveau étiré). Retenir Blandine. Ils ne doivent plus avancer mais elle ne semble pas s’en apercevoir. Son âme suinte comme une cire mourante et elle se laisse aspirer par le flot de lumière.
Devant eux s’étend une immensité d’âmes liquéfiées. Il le sait, il le comprend sans jamais distinguer autre chose qu’un univers aveuglant. Mais elles sont là. Innombrables, toutes mêlées dans un cloaque éblouissant, fusionnées dans une lumière gélatineuse (j'aime bien cette image). Ces âmes tendues vers eux les appellent et Blandine, attirée par ce bain ardent d’où semble monter une plainte tenace, accélère encore. Elle ne le regarde plus. Hypnotisée et consentante, elle avance, l’âme apaisée et désirante, offerte et soumise à ce chant d’amour qui l’invite. Il entend des mélopées répétitives portées par la lumière, des murmures suppliants d’où suintent (je trouve que les deux utilisation du verbe "suinter" sont trop rapprochées, le verbe étant peu courant) des misères enjolivées. Ces prières envoûtantes habitent chaque particule de cet univers. Les douleurs dans le dos de son âme (le dos de l'âme, pour moi, constitue une image burlesque puisqu'elle donne soudain à l'âme un caractère corporel concret, plutôt trivial ; en caricaturant, on parlerait de "l'arrière-train de l'âme") s’amplifient.
Il sent le piège.
Il ne veut plus avancer et souffre effroyablement de la distance qui le sépare déjà de Blandine. Elle semble l’avoir oublié. Il refuse de le croire et se jette en avant dans un sursaut d’amour. Il devine que cette mer d’âmes mielleuses n’est qu’un leurre, que ces mélodies susurrées ne contiennent aucun bonheur, que la mort s’y cache, qu’elle use de ce subterfuge pour attirer dans ce néant éblouissant les âmes égarées et fragiles. C’est un ersatz de paradis qui se veut accueillant mais la mort, et elle seule, en est la maîtresse perverse et toute puissante, l’ignoble architecte… Des réponses surgissent et les douleurs l’étreignent.
Il plonge en hurlant dans le sillage de Blandine, en hurlant son amour vivant, son amour joyeux, et son amour de la Terre.
La Terre.
A ce nom tout s’éclaire. Rien, ici, n’est à la Terre. Ce n’est qu’un océan d’âmes mortes attachées à saisir toutes celles, qui (je pense que la virgule derrière "celles" serait mieux placée derrière "qui") perdues, se sont lancées sur la route. Une route de lumière aveuglante. Mais lui n’appartient pas aux hommes. Il n’a jamais eu besoin de leur amour. Il veut rattraper Blandine et le lui dire. Et la ramener.
Son âme étirée se déchire. Il ne doit plus s’éloigner ainsi de la Terre. Elle est là-bas, derrière lui. Ici, il n’y a que des êtres morts qui chantent l’amour. Il est écœuré par ce piège ignoble.

Blandine s’est dispersée. Liquéfiée.

Il a suffi qu’elle entre en contact avec cette marée humaine pour se fondre en elle. Il veut plonger dans cette boue de lumière et reconstituer l’âme de son amour disparu mais il est arrêté à l’orée de l’océan murmurant. Il ne peut plus avancer. Un mur invisible le repousse. Il entend des sons rauques qui vomissent des haines communes (j'aime bien l'expression). La marée d’âmes le refuse. Elle lui interdit le passage. Il tente de rester sur place mais les forces de vie qui le tirent l’entraînent à contre-courant. Il tend son âme (le mot "âme" est un peu trop présent à mon goût dans ce passage, mais je comprends que ce n'est pas facile de faire autrement, vu le sujet !) vers Blandine, là où la masse visqueuse l’a saisie mais plus rien d’elle n’apparaît. Elle n’est plus. Elle est une parcelle de cet océan immonde, elle le constitue et s’y perd."

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Message  Max Ven 9 Oct 2009 - 10:13

Ah, ben là c'est le must ! Je ne m'attendais pas à autant de précisions, c'est grandiose. Plus qu'à me remettre au travail et voir ce que je peux faire de tout ça. Je vais déjà m'atteler à ce qui est suligné et ensuite essayer de réduire en longueur.
Pour ce qui est de Blandine, cette impression de "Blanche neige" était volontaire. La suite du livre l'explique. Mais le trait est peut-être exagéré...

La longueur de ce passage était également volontaire étant donné que ce "voyage" va rester un fil conducteur une bonne partie du livre. Mais là encore, j'en ai peut-être trop fait...
Délicat de trouver l'équilibre entre le fait d'être suffisamment clair et le fait de briser la "liberté" d'imagination du lecteur.
Bon, y'a du boulot quoi.
Je vous tiendrai au courant bien entendu de mes remaniements.
Mille mercis.
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Message  Max Ven 9 Oct 2009 - 16:19

Tentative de nouvelle version...

25 juillet 1995.
RER Paris Nord Saint Rémy les Chevreuse .
Ils sont face à face. Il la regarde. Ses boucles blondes, ce petit sourire énigmatique, elle a mis sa robe à fleurs, elle lui a dit que ça apporterait une note naturelle et colorée au cœur de la ville. Toutes les banquettes du compartiment sont occupées. En pleine heure de pointe, le stress règle l’ambiance. A côté de Blandine s’est assis un vieux monsieur, très digne, costume gris et serviette en cuir élimé posée sur les genoux serrés. Son visage fripé sourit de toutes ses rides. Il lui parle. Jean les regarde sans rien dire. Depuis longtemps, il sait que la beauté étrange de sa compagne favorise les rencontres furtives, les rapprochements humains. Blandine diffuse un parfum d’amour qui envoûte ses proches, intimes ou inconnus. L’humanité dans ce qu’elle a de plus doux brille au fond de ses yeux. A ses côtés, on ne peut qu’aimer les êtres humains. Jean a toujours été fasciné par ce pouvoir étrange, à son sens, presque inquiétant. Cette innocence offerte, ce don de soi, cette proximité immédiate, sans retenue, cette connivence incompréhensible, ce bien-être inexplicable. Le vieux monsieur a certainement oublié la raison de sa présence dans cette rame bruyante. L’essentiel pour lui, à cet instant, reste ce plongeon délicieux dans les yeux verts de Blandine, ce bain apaisant dans les fragrances de ce corps juvénile, l’ineffable bonheur d’éveiller sur ce visage idyllique un sourire charmeur. Blandine s’offre ainsi à toutes occasions. Jean le sait. Elle est ainsi. Et le vieux monsieur n’aurait jamais pu s’asseoir à ses côtés sans entrer aussitôt en communion avec la joie de vivre de Blandine. Son incommensurable joie de vivre.
Station Saint-Michel.
L’effroyable explosion le projette en avant. Il heurte violemment le visage de Blandine et enregistre dans l’interminable seconde le cri aigu de sa terreur, le tonnerre assourdissant, les hurlements, son épaule déchirée par un impact brûlant, son mollet arraché par des lames de feu, le souffle interminable et la blancheur extrême, aveuglante, l’horrible certitude que la mort est là, avec toute sa rage, sa haine profonde de la vie, qu’il ne peut plus rien. Les forces lui manquent, le monde s’écroule, le mal dans son corps est atroce.

Le crissement des roues bloquées sur les rails impose à ce chaos leurs notes suraiguës.
Il est tombé sur le sol. Blandine est allongée devant lui, sur le côté, son visage maculé de sang. Elle a la bouche ouverte. Au coin des lèvres coulent des filaments rougeâtres. Sa chemisette bleu pâle est dévorée par une lèpre carmin qui s’étend à une vitesse épouvantable. Les yeux sont vides. Il ne lui connaît pas ce regard. Il voudrait s’approcher, lui parler, caresser son visage immobile, la ranimer, mais il a l’impression que son esprit a tranché tous les liens qui l’unissaient à son corps. La mémoire est inerte et la volonté muette, étouffées toutes deux par une vague interminable de douleurs, sans aucun reflux, une montée sans fin de cris intérieurs. Ce flot dévastateur, avec la violence d’un meurtrier, s’est emparé de son esprit qui ne sait plus commander le moindre geste.
D’épaisses fumées âcres envahissent la rame. Les cris fusent de toutes parts. Il entrevoit des mouvements de corps, certains rampent, en suppliant qu’on les aide, d’autres se tordent en hurlant. Il entend le crépitement des flammes. Une sirène s’est enclenchée.
Autour de lui, c’est un univers qui s’effondre.
Blandine a un sursaut. Tout son corps se raidit. Elle est parcourue par une onde électrique. Les jambes et les bras tressautent affreusement. La bouche éjecte quelques crachats de sang avec un bruit rauque. Elle s’accroche, il le sent, le fil est tendu à se rompre, elle semble vouloir aspirer la vie comme on prend une bouffée d’air. Mais il devine la mort qui gagne la place. La dernière énergie s’est réfugiée dans le visage tétanisé. Les yeux exorbités, cette peur effroyable. C’est un combat sans pitié. Il voudrait lui parler, lui supplier de tenir, mais le feu dans son corps brûle toutes les paroles, consume les efforts et l’emporte dans un puits de lumières inconnues, un gouffre sans fin, tourbillonnant jusqu’à la nausée. Les douleurs intolérables enserrent son cerveau, des tisons fourragent dans les chairs nues de sa jambe qu’il serre entre ses mains. Sa raison vacille, sa vue se brouille, il sent son cœur qui s’emballe, il va le vomir. C’est intenable, au-delà de l’humain.
Soudainement, les parois du wagon disparaissent, les cris s’estompent, la fumée se disperse, des murs blancs s’approchent et réduisent peu à peu son champ de vision. C’est une bulle insensible qui se forme autour de lui et de Blandine, un placenta lumineux qui les unit.
Ils sont là, tous les deux, ailleurs, loin de la fureur. Une indescriptible sensation de légèreté s’insinue en lui et l’anesthésie. Il ne sent plus rien. Le monde s’est évanoui et avec lui la terreur. Ce qu’il ressent ne lui appartient pas. Il n’en a aucun souvenir, aucune connaissance. C’est au-delà du monde habituel, au-delà de la conscience quotidienne. Il n’a plus de corps et n’a pourtant jamais saisi autant de choses. Il voudrait comprendre et sitôt affirmée, cette volonté révèle toute son ignorance. Ce n’est pas accessible. Il doit se laisser porter.
Un flot de sang jaillit de la bouche de Blandine, comme un ultime vomi, un dernier renvoi de vie, l’abandon de tout devant tant de haine puis son corps se détend doucement, s’affaisse comme une feuille qui tombe. Les prunelles s’éteignent. Les joues se relâchent et laissent s’évaporer le dernier souffle retenu, les dernières fibres de vie. Il voudrait crier mais sa voix l’a quitté. Submergé par l’horreur, il a l’impression que tout ce qui constitue l’humain en lui a disparu. Il ne lui reste qu’une conscience inconnue, jamais rencontrée… A l’intérieur de son corps cimenté par un amalgame de douleurs, les cris d’horreur à jamais s’incrustent dans les veines.
La bulle autour d’eux se referme encore et les étreint. C’est une blancheur amniotique, sans paroi ni rumeur, sans mouvement environnant, ni odeur.
Il n’a pas fermé les yeux. Il en est certain. Il ne voulait pas quitter Blandine. Ils se sont d’eux-mêmes retournés vers l’intérieur. Il n’a pas pu s’y opposer. La lumière qui l’entourait l’a envahi. Il n’a rien pu faire. Il ne contrôle rien. Il n’a plus de corps. Tout a disparu. Il ne sait pas ce qu’il est, ce qui reste de lui. Ni où il est, ni où il va. La vitesse augmente. Rien de visible ne lui permet de l’affirmer mais il le sait. C’est un couloir qui le conduit vers une blancheur toujours plus éclatante. Plus aucune peur. Il essaie encore de comprendre… La lumière l’a entouré, puis elle l’a envahi. Il est devenu lui-même la lumière mais elle continuait de l’environner. Tout l’espace n’était que clarté et il était lui-même cette clarté. Il n’était ni dedans, ni dehors. La lumière n’était ni en lui, ni autour de lui. Ils étaient l’un et l’autre identiques, partout et nulle part, dans un moment sans fin, ni début. Juste une plongée vers la concentration de la lumière.
Il veut retourner les yeux vers l’extérieur et retrouver Blandine mais il sent que c’est impossible, comme un chemin perdu, pour toujours effacé. Une pointe de douleur le transperce. Il ne sait où, ni quoi. Mais il sent cette lance… Dans son âme. C’est la seule explication qui lui reste.
Faire demi-tour. Retrouver son amour. Il ne veut plus de cette lumière. Mais le courant l’emporte. Les parois défilent sans aucun mouvement.
Il plonge.
Et soudain, Blandine est là. Elle est apparue, mystérieusement, à ses côtés. Elle rayonne de toute sa joie, de toute sa douceur. Elle lui sourit. Il essaie de se concentrer sur cette image et s’aperçoit qu’il n’y en a pas. Il n’y a rien. Pas de corps, pas de visage. Mais il sait pourtant qu’elle est là et qu’elle lui sourit. Il ne comprend pas.
Elle l’a légèrement dépassé dans leurs descentes vers les abîmes de lumière. Elle tourne délicatement les yeux et semble l’inviter à le suivre. Un petit geste infime, plein de douceurs. Ce sourire enfantin qui l’envoûtait et le laissait sans force. Mais la pointe de douleur ne le quitte plus. Elle s’amplifie par instants puis semble s’éteindre. Il ne sait pas s’il s’agit d’une douleur dont il doit se débarrasser ou d’une alerte qu’il doit écouter.
Blandine l’a dépassé. Il a du mal à la suivre. Elle semble accélérer encore. Le puits s’est ouvert, les parois ont disparu. Un univers de lumière qui les accueille. Aucune couleur, juste au-delà des choses connues. Ca n’a pas de fin, ni même de commencement, pas de temps, ni même d’éternité. Rien d’humain. C’est au-delà des mots. Il sait qu’il ne pourrait jamais rien en dire.
Il veut rattraper Blandine mais la pointe de douleur l’en empêche. Il se sent tiré vers l’arrière, en tout cas dans le sens contraire du courant. Blandine s’éloigne. Elle le regarde encore une fois. Elle ne sourit plus.
Son âme est dévorée par une lèpre de feu.
La terreur en lui.
Elle se consume dans la lumière, ses traits fondent, s’estompent dans un écrin flamboyant. Aucune peur, pourtant, n’émane de cet esprit en sursis.
Il sent alors dans son âme les douleurs qui s’amplifient et dans son dos le cordon de sa vie étiré à se rompre. Retenir Blandine. Ils ne doivent plus avancer mais elle ne semble pas s’en apercevoir. Son âme suinte comme une cire mourante et elle se laisse aspirer par le flot de lumière.
Devant eux s’étend une immensité d’âmes liquéfiées. Il le sait, il le comprend sans jamais distinguer autre chose qu’un univers aveuglant. Mais elles sont là. Innombrables, toutes mêlées dans un cloaque éblouissant, fusionnées dans une lumière gélatineuse. Ces âmes tendues vers eux les appellent et Blandine, attirée par ce bain ardent d’où semble monter une plainte tenace, accélère encore. Elle ne le regarde plus. Hypnotisée et consentante, elle avance, l’âme apaisée et désirante, offerte et soumise à ce chant d’amour qui l’invite. Il entend des mélopées répétitives portées par la lumière, des murmures suppliants d’où montent des misères enjolivées. Ces prières envoûtantes habitent chaque particule de cet univers. Les douleurs de son âme s’amplifient.
Il sent le piège.
Il ne veut plus avancer et souffre effroyablement de la distance qui le sépare déjà de Blandine. Elle semble l’avoir oublié. Il refuse de le croire et se jette en avant dans un sursaut d’amour. Il devine que cette mer d’âmes mielleuses n’est qu’un leurre, que ces mélodies susurrées ne contiennent aucun bonheur, que la mort s’y cache, qu’elle use de ce subterfuge pour attirer dans ce néant éblouissant les âmes égarées et fragiles. C’est un ersatz de paradis qui se veut accueillant mais la mort, et elle seule, en est la maîtresse perverse et toute puissante, l’ignoble architecte… Des réponses surgissent et les douleurs l’étreignent.
Il plonge en hurlant dans le sillage de Blandine, en hurlant son amour vivant, son amour joyeux, et son amour de la Terre.
La Terre.
A ce nom tout s’éclaire. Rien, ici, n’est à la Terre. Ce n’est qu’un océan de consciences mortes attachées à saisir toutes celles qui, perdues, se sont lancées sur la route. Une route de lumière aveuglante. Mais lui n’appartient pas aux hommes. Il n’a jamais eu besoin de leur amour. Il veut rattraper Blandine et le lui dire. Et la ramener.
Son âme étirée se déchire. Il ne doit plus s’éloigner ainsi de la Terre. Elle est là-bas, derrière lui. Ici, il n’y a que des êtres morts qui chantent l’amour. Il est écœuré par ce piège ignoble.

Blandine s’est dispersée. Liquéfiée.

Il a suffi qu’elle entre en contact avec cette marée humaine pour se fondre en elle. Il veut plonger dans cette boue de lumière et reconstituer son amour disparu mais il est arrêté à l’orée de l’océan murmurant. Il ne peut plus avancer. Un mur invisible le repousse. Il entend des sons rauques qui vomissent des haines communes. La marée d’âmes le refuse. Elle lui interdit le passage. Il tente de rester sur place mais les forces de vie qui le tirent l’entraînent à contre-courant. Il tend son énergie vers Blandine, là où la masse visqueuse l’a saisie mais plus rien d’elle n’apparaît. Elle n’est plus. Elle est une parcelle de cet océan immonde, elle le constitue et s’y perd.

Il sait que c’est fini.
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Message  Invité Ven 9 Oct 2009 - 16:24

Je vous préviens tout de suite, pour que vous ne risquiez pas d'attendre en vain : je ne relirai pas cette deuxième version. Vous comprendrez que je fonctionne au principe de plaisir ; autant lire un texte et y relever ce qui, à mon sens, ne fonctionne pas, constitue pour moi une excellente distraction, autant me fader la même histoire deux jours plus tard me paraîtrait indigeste... Je laisse donc la main à d'autres intervenants de Vos Ecrits pour vous dire ce qu'ils pensent du résultat.

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Message  Max Ven 9 Oct 2009 - 16:41

Je comprends très bien Socque, aucun problème. J'ai en tout cas repris tous vos commentaires et allégé en plus d'autres passages.
Merci encore de votre aide.
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Message  Max Dim 25 Oct 2009 - 18:41

Alors la douleur effroyable, avec une force inimaginable, le propulse à des vitesses jamais envisagées vers son corps meurtri dans la rame déchiquetée.



Un cri effroyable, interminable et désespéré.
Le pompier à ses côtés est saisi de terreur. Il n’a jamais rien entendu d’aussi inhumain. Il essaie de le calmer mais l’homme semble habité par un épouvantable cauchemar. Quelques secondes auparavant, il était totalement inerte, profondément évanoui. Ses blessures ne laissaient aucun doute sur la gravité de son état et voilà qu’il se redresse comme un forcené et hurle avec une invraisemblable violence.
Un deuxième pompier. Il s’affaire avec son collègue autour du jeune homme qui pleure, gémit et murmure un mot qu’ils ne parviennent pas à comprendre. Pour la jeune fille à côté, il n’y a plus rien à faire. Le capitaine du groupe le leur a dit. Deux éclats métalliques sont plantés dans la cage thoracique. C’est fini.
Les autres victimes sont évacuées. Les blessés sont innombrables. Certains sont soignés sur place. Dix minutes après l’explosion les secours étaient là. Ils ont déjà trouvé sept morts. La rame est éventrée. C’était une bombe. Ils le savent. Ca ne peut pas être chose. Ce n’est pas un simple accident. Les blessures sont épouvantables. Le jeune homme qui hurle a la jambe gauche déchiquetée. Sous le genou, rien n’est identifiable. C’est un mélange de chairs brûlées et d’os brisés, de muscles éventrés sur lesquels suintent des giclées de sang écarlate. Ils savent ce qu’ils doivent faire. Ils essaient de raisonner et d’appliquer les consignes. Mais c’est effroyable. Les cris et cette odeur écœurante de peaux fondues, les parois tachées du wagon, les morceaux de corps… Devant eux, contre la paroi éventrée, un bout de bras fume encore. Les doigts sont tordus, déformés par la douleur. La bombe devait être sous une banquette. Les deux pompiers se concentrent sur les gestes qui sauvent et s’interdisent toutes autres pensées. Un vieux monsieur, étendu sur le plancher, vient de rendre l’âme. Deux collègues le couvrent.
Le jeune homme continue de sangloter. Il ne crie plus mais répète inlassablement le même mot. Un des deux pompiers s’approche et tend l’oreille.
« Blandine, je crois qu’il dit Blandine », annonce-t-il à son collègue. Ils tournent les yeux vers la jeune fille déjà cachée par une couverture. Et se taisent.
Ils placent le jeune homme sur une civière et l’emportent. Sortir de ce tombeau d’acier. Sur le quai, des dizaines de pompiers s’affairent, des médecins interviennent directement sur les blessés les plus atteints, les forces de l’ordre ont quadrillé tout le secteur. Les ventilateurs fonctionnent à plein régime. Il fallait évacuer la fumée de l’explosion et avec elle la puanteur de la mort.
Remonter le jeune homme. Les escaliers. Retrouver la lumière. Des barrières canalisent les curieux. Des policiers crient des ordres. C’est un va et vient permanent de camions de secours, de voitures de police et d’ambulances. Les sirènes hurlent sans cesse et s’éloignent en trombe.
C’est comme une rue en guerre, juste après les combats.



Il a fermé les yeux. Il voudrait tant échapper à ce carcan de douleurs. Il a perdu Blandine. Tout le mal qu’il ressent tient dans ces quelques mots. Le reste n’est qu’un corps qui hurle pour des plaies béantes, des peaux grillées, des membres brisés. Mais ce n’est jamais aussi épouvantable qu’une âme qui souffre. Il le sait, il le redécouvre, là, à l’instant, à chaque seconde qui s’écoule.
Il a perdu Blandine. Elle s’est noyée dans une masse puante d’amour, une boue de prières analgésiques. Il n’a pas su la ramener. Elle est morte.
Et lui, il est là.



Longue absence…
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Message  wald Dim 25 Oct 2009 - 19:50

Alors la douleur effroyable, avec une force inimaginable, le propulse à des vitesses jamais envisagées vers son corps meurtri dans la rame déchiquetée.


Un cri effroyable, interminable et désespéré.
Je comprends bien la tentative de rendre compte d'une athmosphère apocalyptique, mais la succession d'adjectifs et de superlatifs ne fonctionne pas.

Je trouve la fin meilleure:

Ils tournent les yeux vers la jeune fille déjà cachée par une couverture. Et se taisent.
(...)
C’est comme une rue en guerre, juste après les combats.
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Message  Max Dim 25 Oct 2009 - 20:26

Oui, c'est vrai, j'ai toujours tendance à en faire trop...Et à ne pas laisser au lecteur assez de liberté.
Faut que je revois ça.
Merci
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Message  Invité Dim 25 Oct 2009 - 21:10

Je n'arrive pas à savoir ce qui me gêne dans ce passage, si c'est le côté trop descriptif du récit, des phrases courtes qui s'enchaînent ; ou l'écriture que je trouve assez scolaire, et peine à transmettre une émotion. L'un dans l'autre, je reste à la surface du récit, je n'arrive pas à ressentir l'urgence, la détresse, l'empathie que tu cherches à susciter avec les mots.

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Message  Max Dim 25 Oct 2009 - 21:21

Bon, ben alors c'est vraiment raté...:(
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Message  Titia_____ Dim 25 Oct 2009 - 21:55

N’importe quoi ! Pas raté En tout cas, moi j’ai aimé. Et puis je suis bonne cliente du thème traité.
Le portrait de Blanche me semble bien mené, d’ailleurs il me fait tout à fait penser à une personne de ma connaissance. Peut-être que s’il avait été attribué à Jean et non au narrateur, les réticents à ce genre de profil presque idyllique y sentiraient l’amour du regard subjectif porté par lui sur elle plus que du bien beau caricatural qui se veut objectif. J’ai trouvé aussi quelques longueurs, notamment vers le milieu, quant à la lumière, ainsi que quelques détails sur lesquels vous vous appesantissez, quelques répétitions . Mais là, je suis épuisée, il me faudrait sûrement relire une seconde fois.
Je pense, à mon très humble avis, qu’un peu remanié, allégé et raccourci, ce serait excellent !
Très bonne continuation, et bonne soirée Max

Titia_____

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Message  Titia_____ Dim 25 Oct 2009 - 21:58

Ah non c'est Blandine pardon, et pas Blanche ... Neige donc !

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Message  Invité Dim 25 Oct 2009 - 22:22

Je suis d'accord que quelque chose tient à distance dans l'écriture ; les phrases courtes ne doivent pas aider, ni cette surabondance du verbe "être" : j'ai eu l'impression de quelque chose de trop sage, qui peine à exprimer le chaos...

Quelques remarques, notamment deux passages saturés en conjugaisons du verbe "être" :
« Les autres victimes sont évacuées. Les blessés sont innombrables. Certains sont soignés sur place. Dix minutes après l’explosion les secours étaient là. Ils ont déjà trouvé sept morts. La rame est éventrée. C’était une bombe. Ils le savent. Ça ne peut pas être (autre ?) chose. Ce n’est pas un simple accident. Les blessures sont épouvantables. Le jeune homme qui hurle a la jambe gauche déchiquetée. Sous le genou, rien n’est identifiable. C’est un mélange»
« s’interdisent toutes autres pensées » : je suggérerais l’expression au singulier
« Le reste n’est qu’un corps qui hurle pour des plaies béantes, des peaux grillées, des membres brisés. Mais ce n’est jamais aussi épouvantable qu’une âme qui souffre. Il le sait, il le redécouvre, là, à l’instant, à chaque seconde qui s’écoule.
Il a perdu Blandine. Elle s’est noyée dans une masse puante d’amour, une boue de prières analgésiques. Il n’a pas su la ramener. Elle est morte.
Et lui, il est là. »

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Message  Max Lun 26 Oct 2009 - 3:18

Merci Titia et Socque.
Je vais essayer d'alléger tout ça et de supprimer tous ces verbes être, c'est effarant que je n'arrive même pas à les voir en me relisant...:(
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Message  Max Jeu 29 Oct 2009 - 20:16

Bon, j'ai essayé de corriger en suivant les indications de Socque.
Voilà la suite.


2

C’est une chambre blanche, silencieuse. Il a ouvert les yeux. Difficilement. Les paupières retombent sans cesse. Tout est flou. La lumière est faible. Impossible de bouger. Il tourne lentement la tête et regarde de chaque côté du lit. Il est seul. Il a la bouche sèche, la nausée envahit son crâne. Il remet la tête droite. Il ne sent pas réellement son corps. Une étrange torpeur, une anesthésie éveillée. Il a l’impression qu’en profondeur tout dort, que son esprit seul a repris le contact avec l’extérieur. Il se souvient très vaguement d’une question lourdement répétée par un visage auréolé d’un tissu blanc.
« Vous m’entendez monsieur ?…Vous m’entendez monsieur ?…Répondez-moi si vous m’entendez… »
Il en avait eu assez de cette voix nasillarde et de ces yeux énormes et sombres qui le regardaient fixement et de ces bruits divers qu’il ne parvenait pas à identifier. Il avait lâché un faible « oui, je vous entends » qu’il avait essayé d’accompagner par un « et c’est très désagréable » mais il n’en avait pas eu la force.
Ses yeux s’étaient refermés épuisés par l’effort.
Ici, les bruits n’existent plus, un bourdonnement étrange emplit le silence, une rumeur intérieure, comme l’écho infini d’une explosion lointaine… Il passe la langue sur les lèvres. Elles sont sèches et gercées. Il voudrait boire mais n’a pas la moindre force. Sur le mur face à lui, posée sur un support, une télévision le regarde. L’écran noir est inerte. Il essaie de bouger les jambes mais il ne les sent pas clairement. Surtout la gauche. Quand il ferme les yeux, un étrange couloir blanc s’impose, une lumière éblouissante d’où émane une impression de vitesse qui renforce sa nausée. Il a énormément de mal à garder les yeux ouverts. C’est pénible. Et angoissant. Il ne veut pas succomber à la pesanteur qui l’appelle. Il sait qu’il a quelque chose à faire, quelque chose d’important, une question à poser, mais ça ne lui revient pas… Un univers de plomb écrase ses pensées. L’esquisse d’une idée lui demande une énergie considérable. Mais il s’accroche…
Il manque quelque chose. Il en est certain. Ca va lui revenir, il le veut.
Ses lèvres maintenant sont plus humides, c’est agréable. Il y passe encore la langue et se félicite de ce pouvoir immense. Il aimerait bien remuer les doigts. Il ne les sent pas et ça l’inquiète. Il se concentre sur l’image de ses mains et tente de leur insuffler la mémoire des gestes. Il aimerait tellement bouger, ranimer ce corps disparu, réveiller ces membres éteints. Rétablir les liens.
Il a fermé les yeux.
La masse était trop pesante, trop tenace dans ses désirs de conquête. Il n’y pouvait plus rien. Il s’en veut quelques secondes puis s’abandonne. Les murs blancs apparaissent aussitôt. Une bulle qu’il connaît. Une angoisse sourde. Il se sent partir. Il voudrait s’accrocher mais tout est lisse dans ce couloir lumineux. Il glisse, il plonge, prend de la vitesse. L’angoisse remplace la peur, puis la terreur s’impose. Il veut s’agripper, remonter vers la surface. Il sait que là-bas le piège est ignoble. Il y a déjà perdu l’essentiel… L’essentiel… L’essentiel… Le plus merveilleux cadeau de son existence.

« Blandine !!!!!!!! »
Il hurle, les yeux exorbités, la bouche tordue de douleurs, le corps raidi de terreur. « Blandine !!!!!!! »
L’essentiel… L’essentiel… Et tout lui revient. La torpeur a volé en éclats. Il hurle.
La porte s’ouvre brutalement. Deux femmes en blouse blanche apparaissent et lui parlent.
Il pleure, tétanisé par le mal dans sa tête, en répétant inlassablement le nom tant aimé. Les deux femmes tentent de le calmer. Tout son corps est enfermé dans une crispation effroyable. Une des infirmières s’affaire sur un doseur et augmente l’écoulement d’un liquide transparent qui goutte lentement d’une bouteille renversée dans un support métallique.
Il sanglote et s’agite. La douleur a ranimé les connexions éteintes mais son corps est d’une lourdeur impitoyable. Toute sa volonté, comme une boule compacte, roule jusqu’à la main et l’anime laborieusement d’un sursaut moribond. Il ne peut en faire davantage. C’est effrayant. Il voudrait se lever et partir. Mais la masse pesante l’assaille de nouveau et enferme son cerveau épuisé dans un brouillard opaque.
Il part et tombe dans un gouffre sans murmure, ni mouvement, sans odeur, ni couleur. Un néant absolu qui l’engloutit… Un avant-goût de la mort.
La terreur et pourtant ne rien pouvoir faire. Ce relent immonde de l’impuissance.


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Message  Invité Jeu 29 Oct 2009 - 20:25

J'ai bien aimé, sauf le premier paragraphe, avec ses phrases courtes, saccadées, et pas mal de "est". Sinon, j'ai trouvé le texte nettement plus fluide que dans les premières parties, plus expressif et percutant, en un mot intéressant.

Une remarque :
« Ça »

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Message  Sahkti Jeu 12 Nov 2009 - 12:06

Dans ce genre de situation, l'horreur naît d'elle-même, il n'y a pas besoin que l'auteur en dise trop et joue sur les effets au risque de nuire à son texte. Un tel drame parle seul sans qu'on l'accompagne de mots inutiles, or c'est ce que tu as tendance à faire, à bavarder et ça noie l'émotion sous une avalanche de mots qui n'ont pas leur place ici (à mes yeux s'entend, bien sûr).
Cela est peut-être dû au grand soin que tu veux apporter à ton texte, on sent le travail et l'effort, c'est appliqué mais du coup, ça manque peut-être de recul et de réflexion, tu restes trop concentré sur l'enveloppe et veux t'assurer que le fond est compréhensible. Lâche un peu la bride, ai-je envie de dire, et laisse courir cette plume prometteuse.
Blanche est intéressante mais permets au lecteur de créer lui-même une partie du personnage. idem pour le décor, le drame, ses conséquences.
Allège, recentre, débarrasse-toi d'un tas d'adjectifs pas utiles et hop ! tu verras, ton texte n'en sera que meilleur.
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Message  Invité Ven 13 Nov 2009 - 9:12

Oui, je trouve que ça s'améliore. Continue, tu tiens le bon bout !

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Message  Max Lun 30 Mai 2011 - 20:11

coline Dé a écrit:Oui, je trouve que ça s'améliore. Continue, tu tiens le bon bout !

En tout cas, ça a fini par accrocher un éditeur, à force de re-re-re-re-travailler. ^^Merci pour les commentaires que vous m'avez accordés et qui ont contribué à cette fin heureuse.
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