Chant de marins

sortirait

< Fait >

Quelque chose de fort ! D'un point de vue formel, je me demande si ce ne le serait pas davantage en osant carrément une forme prosaïque.
Sur le fond, je trouve l'ensemble un peu décousu. Mais ça a de la gueule, pour sûr.

J'adore :
"La houle est longue et tu sourds de moi comme la buée des lessives, du linge des femmes, des longs draps pâles, pendus dans les haubans."

Une ou deux expressions qui détonnent selon moi :
"dégrafer de mes yeux le regard bleu enfant" (un poil précieux)
"les mouvements internes de courants sous-marins" (trop technique)
"tu te fous de mes airs amidonnés" (trop insistant dans le thème général de la phrase)
Le pathos des points de suspension à la fin

Remarque :
"[b]Ç[b]a sort de moi "

Pardon, j'ai panouillé les balises.
"Ça sort de moi "

Emballée par le carambolage fiévreux des mots !

1er paragraphe je me suis dit mouaff, je vais m'ennuyer ferme

après c'était grandiose! et moi qui croit écrire de la poésie...quand je lis ça..

Coté force et hargne c'est très réussi et puis de belles images.
les métaphores filées cassent un peu l'allure (faussement) spontané de ton texte même si elles restent de très belles factures.
Enfin comprends que je chipote.
C'est du bon

Il y a quelque chose de paroxystique et de brut dans ce texte, comme une rage crue.

Très réussi, je trouve.

Superbes quatre derniers vers Coline ; ça fouaille.

Ah Coline, j'aimerais relever tout ce qui m'a plu dans ton texte-cri !
Je vais juste choisir le plus intense selon moi... Ton texte est superbe et dit avec tant de pudeur la douleur de l'absence. merci !

le cœur gratté à blanc

La houle est longue et tu sourds de moi comme la buée des lessives, du linge des femmes, des longs draps pâles, pendus dans les haubans.
Je voudrais arracher l'aube avec la chemise.

Mais t'es pas là
Et j'ai les mains si creuses…

très touché. du féminisme pur, mais dans l'autre sens du terme : le bon.
de l'extrait de femme qu'on aime avec la poésie en plus. j'abdique devant des mots comme ceux-ci.

Je ne trouve pas les mots pour exprimer mon émotion à la lecture de ce chant et mon admiration pour votre talent rare.

arc-en-ciel
Je ne sais pas si les tirets sont obligatoires mais je trouve l'esthétique de l'expression renforcée quand ils y sont.

Sinon, Coline, votre poème est plein de sensibilité, de puissance. J'ai adoré cette force, ces images nouvelles et la façon crépitante, hargneuse, de l'expression.
Je crois ne vous avoir jamais lu en poésie ! Votre prose me plaisait déjà beaucoup, je vous retrouve ici dans un autre registre, et cela vous va bien également.

Désabusé et cruel comme j'aime. Elégant aussi, avec ce drame qui se joue, se noue, ces coeurs qui se tordent. Un beau texte Coline, dont je n'ai pas envie de disséquer la technique car il me parle beaucoup tel quel, brut.

Un texte très fort, bravo.

Quand mes paumes brûlées s'appliquent aux lampadaires, parmi les vapeurs sales
quand la pisse des chiens fauves s'écoule vers la mer, j'ai des démangeaisons, des clous rouillés profond, le cœur gratté à blanc, toute blessure salée.

J'ai particulièrement aimé ce passage.

pas trop pané(comme dirait Socque), mais j'ai trouvé ça beau, peut-être précisément parce que c'est incontrôlable comme le vent qui cingle dans les haubans.

J'ai mis le lien de ce texte dans mes favoris, tant il me touche.
Je l'ai lu deux dizaines de fois, et je ne me lasse pas de le lire à nouveau.

Très fort, percutant, beau, on pourrait toujours chipoter, c'est sûr, mais pas envie, tellement ces images maîtrisées nous happent et nous valdinguent en tout sens. j'aime quand les mots sont tellement beaux que ça en fait mal.
Très très bon!

Tout le poids du texte semble d'abord reposer sur un mot de cinq lettres : "Ouest". Mot qui se dresse, seul, comme un champ de force irrésistible. Le gouvernail est le seul maître, le maître incontesté de la destinée. Le lieu, c'est l'ailleurs. À cela, il n'est rien à redire. La gradation ("J'ai pas cherché ça, tu sais", "J'ai pas voulu ça, tu sais") ne peut que manifester l'impuissance fondamentale du locuteur à s'opposer au point de fuite qui le taraude. Cependant, parallèlement, porté par l'effet de relance des subordonnées de temps ("Quand..." x 2), par les verbes ("sourds", "ça sort", "saccages", "surnage", "arracher", "coller", "dégrafer"), les gradations ("Je voudrais", "Je veux", "la buée des lessives, du linge des femmes, des longs draps pâles"), les gradations hyperboliques ("des démangeaisons, des clous rouillés profond, un cœur gratté à blanc, toute blessure salée"), l'anaphore ("rien d'autre" x 2), le conditionnel ("sortirait", "croirait") et le marqueur d'intensité ("j'ai les mains si creuses"), un second champ de force s'impose avec violence : celui du désir, impossible à repousser, impossible à assouvir, de l'absente. Le champ lexical de la ménagère revancharde ("repasses", "crames", "faux plis", "airs amidonnés") signale le traitement imposé par le souvenir de la femme aimée à l'homme soudain métamorphosé en linge malmené. Se lève, alors, métaphoriquement, fruit d'un mouvement inconciliable entre le bas et le haut, entre l'eau et le firmament, entre appel du large et point de fixation idéalisé, le déchirement qui traverse le locuteur (antithèse : "descendre dans la soute"/"regarder le ciel", paradoxes : "les étoiles en apnée", "un arc-en-ciel de pétrole").

Merci pour ce partage !

Oh, une enquête !

Le colonel Moutarde dans la Bibliothèque, ou Coline Dé en octobre 2009 pour "chant de marin" :

http://la-cle-a-mots-lettres.over-blog.com/article-chant-de-marin-37965479.html

:-)