A la lanterne

Les arbres s'habillaient de bouquets blancs,
La terre endormie se poudrait de vert,
Pourtant la ville avait l'odeur du sang
Et ses passants, un visage d'hiver.

Pleurez, pleurez, petits enfants
Vous aurez des moulins à vent.

Le fin clocher arbore la cocarde
Saluant l'arbre de la liberté
Et la potence joue de la camarde
A essuyer la cravate à Capet

Pleurez, pleurez, la liberté
Les lauriers sont coupés

Rue des Foulons, exposés au carcan
Voyez ces bas de soie, ces taffetas!
Un carré d'as ne fait pas un brelan
De mégères braillant "c"est du rata".

Pleurez, pleurez les nouveaux-nés
La charrette a croulé.

L'oeillette fanée pleure la Saint Jean
On dénonce dans les bouches de fer
On emmenotte et complote à l'encan
Les calottes et jabots réfractaires.

Pleurez, pleurez, petites filles,
Vous danserez à Saint Faucille.

Où sont passées les aurores nacrées,
La blonde lumière du soleil?
Dans la campagne, le chauffeur à pied
Dépouille, égorge et vole le méteil.

Pleurez, pleurez, brav's paysans
La révolution ment.

Décadi n'est pas dimanche et pourtant,
A la lueur du crasset, on attend
Que thermidor, enfin, rende aux enfants
Leur bonne galette des rois d'antan.

Riez, riez, petits marmots,
Cachez les louis dans vos sabots!

Très réussi, je trouve, dans le genre "chouannerie" ! Bravo pour votre maniement du décasyllabe, c'est un vers difficile.

je ne vais pas être très constructif sur le coup Oo
j'aime vraiment, vocabulaire, rythme, ironie, tout

Beaucoup d'ampleur dans ce texte, due en particulier aux événements narrés et au mode opératoire choisi pour les conter, mélange de théâtre et de lyrisme, assez réussi me semble-t-il.

La tecnique est maîtrisée, les sonorités et le rythme sont agréables à l'oreille... ha oui, ça a beaucoup d'allure ! Bravo.

Ecriture soignée, images fortes, beau boulot.

Bien aimé surtout pleurez pleurez petits enfants
Vous aurez des moulins à vent qui est une petite merveille !

Je crois entendre un limonaire et la voix gouailleuse du chanteur des rues.
Une rengaine (ce n'est pas péjoratif à mon sens) comme on en faisait dans ces temps lointains pour raconter aux gens des évènements cruels ou marquants. "Oyez, oyez bonnes gens"...
Et là : "Pleurez pleurez petits enfants..."
Une atmosphère. J'aime beaucoup et je trouve ceci très réussi. Merci Soliflore.

Inattendu. J'ai si peu l'habitude de ce genre de texte que je ne sais pas commenter. Mais l'intuition me souffle que c'est réussi, avec cette ponctuation lancinante de "pleurez, pleurez"
(j'étais surtout venue te dire combien j'aime ton avatar).

oui une écriture au scalpel, rien à redire, tout est là, les références et la colère, content de te revoir ici ;-)

Ah oui ! On finit par scander les derniers couplets sur un air de piano des rues comme le suggère Embellie. Une belle réussite.

impeccable, j'en mangerais une brioche.

Easter(Island) a écrit:Inattendu. J'ai si peu l'habitude de ce genre de texte que je ne sais pas commenter. Mais l'intuition me souffle que c'est réussi, avec cette ponctuation lancinante de "pleurez, pleurez"
(j'étais surtout venue te dire combien j'aime ton avatar).

Merci, Easter, je suis flattée que tu aimes ma peinture qui n'a rien à voir avec le poème.

Merci aussi à tous les lecteurs

C'est pas ici qu'il faut dire ça? J'ai toujours peur de me faire enguirlander!

Soliflore a écrit:

Easter(Island) a écrit:
(j'étais surtout venue te dire combien j'aime ton avatar).

Merci, Easter, je suis flattée que tu aimes ma peinture qui n'a rien à voir avec le poème.

Soliflore, tu pourrais en dire plus sur ta peinture ?

pandaworks a écrit:impeccable, j'en mangerais une brioche.

Deux: l'encre est encore chaude des pleurs versés, et la pâte bonne comme un loukoum acidulé.
Chanter l'ensemble transcenderait tout, je ne sais pas quels sommets on peut atteindre.
Et puis, oui, j'aime aussi ton avatar.

Un texte au rythme particulier dû aux décasyllabes bien maitrisés.
La révolution n'a pas eu qu'un coté jouïssif. Je crois que c'est ce que tu fais ressortir.

Tiens, pour une autre fois ça ira !