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Exo roman : Novembre nuit

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Message  Kilis Jeu 26 Nov 2009 - 22:48

Contraintes utilisées : un jour de grand vent – une insomnie (la déposante souffre d’insomnie) – plantes vertes (buissons, fourrés) – un juron original (Merde du Nord !)- il vient de quitter une ou des personnes à l’issue d’un repas - il éprouve le besoin de se garer ( aire d’autoroute) pour faire une sieste - un des personnages (humain ou animal) a un nom de fleur - arrivée inopportune d'un personnage que le narrateur connaît (le cadavre).




Novembre nuit




« L’homme n’avait eu de cesse d’arpenter l’estacade. De long en large et de large en long, précise-t-elle. Il en avait martelé le plancher des heures durant, d’un pas d’automate, semblant psalmodier un texte inc(h)antatoire. Quelquefois, il s’était arrêté et s’appuyant au bastingage, la tête renversée vers la lune, il avait hurlé sa plainte. : « Pourquoi ? Mais pourquoi moi ? » . Cela, affirme-t-elle, elle l’avait nettement entendu.
— De votre balcon au cinquième étage ?
— Oui. Le vent porte, vous savez.
(La vieille dame demoiselle déclare souffrir d’insomnie et, il n’est pas rare, dit-elle, qu’elle hume ainsi la nuit plusieurs fois la semaine.)
De temps à autres, il sifflait un coup au goulot de sa bouteille avant de reprendre sa marche obstinée. Un moment, il lui sembla effectuer une danse indienne.
— Une danse indienne ?
— Oui. Vous voyez ?
— Pas vraiment. Précisez, s’il vous plaît.
— Eh bien, cette sorte de danse pratiquée par les Sioux.
— Par les Sioux, dites-vous ?
— Oui. Merde du Nord ! Vous savez, ce genre de truc, du style Sur le sentier de la guerre. Le corps plié en avant, tête touchant le genou, puis brusquement, en arrière s’arc-boutant, visage offert au ciel. Bref, ce genre de truc. Vous pigez ?
— Ben…
— Oh, Mon Dieu ! Vous allez pas me dire que vous n’avez jamais vu ce film !
— Quel film ?
— Mais, Sacré Bordel de Merde du Nord ! Le Peter Pan de Walt Disney !
— Ah oui, ce film… Okay.
Ensuite, lorsque la bouteille fut vide, pense la déposante, l’homme invectiva le ciel une dernière fois. Après quoi il s’assit sur le bord de l’estacade, jambes ballants le vide avant de… mollement se laisser glisser dans la mer (dixit la dénommée)
Transcription de la déposition spontanée de Mademoiselle WELCH, Héliotrope, née à Stenockenzeel, le vingt avril 1943.
Ostende-Oostende, ce vendredi 27 novembre 2009, à 11 h 32 AM.
Je soussigné, par devers la Loi : VERCAUTEREN, Rudy, préposé-stagiaire.


***


Mercredi 24 Novembre 2009.

La pluie avait cessé lorsqu’il se réveilla. Il lui fallu trente secondes pour recouvrer la mémoire du lieu et avant, de la trajectoire — le déjeuner, les trois whisky éclusés dans un bar, la route ensuite qui l’avait mené jusque là. L’horloge du tableau de bord indiquait 16 h 20. Il avait besoin d’un café. Il sortit de la voiture et enfila sa veste. Sur le point d’allumer une cigarette, il se ravisa. Trop de vent. Il était garé en bordure d’aire, dans une sorte d’enclave verte aménagée de buissons et d’arbustes. Trois tables de pique-nique en bois étaient à disposition des voyageurs. Cependant les poubelles débordaient et le sol étaient jonché de détritus que le vent déplaçait à son gré jusqu’à ce qu’ils fussent arrêtés par la barrière des fourrés. Sacs de plastique, préservatifs usagés, couches sales de bébé. C’était parfaitement écœurant. Crottes canines, étrons humains, feuillets de PQ maculés, boulettes de papier alu, couverts en plastique, boîtes de conserves, canettes de bières et de cola, tampons hygiéniques rougis. Lorsqu’il travaillait à l’Université, un tel sujet d’étude l’aurait emballé. Bouteilles en plastique, gobelets en plastique, cartons de frites, papiers gras, restes de jambon, de saucisse et même un pied de porc en gelée. Inventaire édifiant!
Le restoroute se trouvait à cent mètres, il aurait pu s’y rendre en voiture surtout par ce temps de chien, mais il décida que marcher lui serait bénéfiquel. Comme il le traversait, l’éclairage s’alluma sur le parking du restoroute. La nuit ne tarderait pas.
Il n’y avait pas grand monde à l’intérieur. Membres du personnel mis à part, en tout et pour tout, deux couples étaient attablés côté resto et quelques clients s’approvisionnaient au mini store adjacent. Mini store où il s’acheta un paquet de cigarettes et une bouteille thermos. Après quoi il but un café et fit remplir sa thermos au comptoir. L’interdiction de fumer lui coupait toute envie de s’attarder.

Il atteignait sa voiture quand son regard fut attiré par un reflet sur une surface noire. Non loin de ce qu’il avait identifié comme un pied de porc en gelée, se trouvait une chaussure de femme, plus exactement un escarpin de vernis noir à talon haut. Une pièce intéressante à ajouter à ce qu’il nommait sa collection d’objets solitaires. Alors qu’il se penchait pour la ramasser, ses yeux passèrent sur la tache claire du… non, ce n’était pas un pied de porc. Le pied se prolongeait bel et bien en jambe dessous le feuillage. Il contourna le bosquet. Une jeune femme était allongée là, jambe écartées, sa jupe de tailleur relevée jusqu’à la taille. Visiblement le haut des collants et le slip avaient été déchirés. La chevelure sombre recouvrait en partie son visage mais il n’avait pas besoin de l’en dégager pour savoir. Il l’avait reconnue au premier coup d’œil.
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Message  Kilis Jeu 26 Nov 2009 - 22:52

Eh, B de M ! Oublié d'intitulé
Exo roman: Novembre nuit

Modo please ! Sorry I'm so inattentive !
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Message  Kilis Jeu 26 Nov 2009 - 23:01

Et zut pour les fôôôtes !
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Message  Chako Noir Jeu 26 Nov 2009 - 23:18

Je ne serai pas un commentateur extrêmement efficace, me contentant de dire que ce début me plaît, et m'emballe pour la suite. J'attendrai de voir l'avancée pour commenter plus en détail, mais pour l'instant je ne dis que ça: j'attends volontiers la suite.
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Message  Kilis Jeu 26 Nov 2009 - 23:29

Merci Chako !
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Message  Lucy Ven 27 Nov 2009 - 1:54

Ouh ! Qui a-t-il reconnu ?
Malin, on veut connaître la suite, maintenant. C'est ce qui s'appelle accrocher son lecteur.
Un bon début. La suite ?
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Message  Invité Ven 27 Nov 2009 - 8:07

Moi aussi j'attends la suite de ce début intrigant ! J'en ai trouvé, cela dit, l'écriture un peu raide, moins limpide que ce dont j'ai l'habitude chez vous. La main courante du début ajoute au mystère.

Mes remarques :
« déclare souffrir d’insomnie et, (pourquoi une virgule ici ? Si vous tenez à en mettre une, je pense qu'elle serait mieux placée avant "et") il n’est pas rare, »
« De temps à autres » (« à autre », me semble-t-il… à vérifier, éventuellement)
« jambes ballants (« ballant », non ?) le vide »
« Il lui fallut trente secondes »
« le sol était (et non « étaient ») jonché de détritus »
« il décida que marcher lui serait bénéfiquel » (une faute de frappe ici)[/b]

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Message  Invité Ven 27 Nov 2009 - 8:48

Thumbs up pour la main courante. Je ne sais pas ce que ça va donner après mais ça démarre fort avec ça.
Sinon, je m'interroge sur la taille d'un pied de porc en gelée.

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Message  Sahkti Ven 27 Nov 2009 - 9:24

Cette déposition est absolument succulente !
Pleine de vie, de petits détails qui lui donnent beaucoup de charme, pas trop longue, suffisamment précise mais pas trop pour que ça donne envie d'en savoir plus... c'est bien joué.

La suite est du même accabit, sobre et prenante. Un début potentiellement riche qui laisse augurer des surprises et des personnages intéressants à développer.

Un tout petit bémol, très très léger, à propos de cette histoire de description d'objets. Elle a bien sa place dans le texte pour approfondir le personnage du narrateur, expliquer sa marotte des objets solitaires et insolites mais je crois que tu pourrais rendre cela plus consistant en ajoutant l'un ou l'autre détail sur les émotions que cela fait naître en lui. Tu l'esquisses, certes, mais c'est déséquilibré par rapport à la longue liste d'objets. Peut-être entrecouper celle-ci de réflexions du type, de réactions physiques (genre soucil levé ou que sais-je), histoire de créer une rupture dans cette litanie et de rendre ces déchets proches du lecteur en quelque sorte, parce que proches du narrateur. Sais pas si je suis très claire là et ce n'est de toutes façons qu'une simple suggestion.

Pour le détail:
Bouteilles en plastique, gobelets en plastique: la répétition de plastique est-elle indispensable ?

Pili, j'ai hâte de lire la suite, je me régale déjà !
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Message  Invité Ven 27 Nov 2009 - 10:30

Un début très accrocheur, Pili, la déposition est un morceau d'anthologie !
En revanche, j'ai trouvé la description du parking un peu moinjs bien venue : trop simple, le resto est à cent mètres, trop longue la liste de détritus, un peu trop beurk aussi, et le pied de porc en gelée hum !!! pourquoi en gelée d'abord !? Et pied humain vraiment très petit !!!
Sinon, c'est très intrigant, tout à fait drôle/horrible, ça me plait beaucoup !

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Message  grieg Sam 28 Nov 2009 - 14:04

je ne sais pas
je ne sais pas quoi dire, encore
je voudrais lire la suite avant de commenter

grieg

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Message  Saint Georges Dim 29 Nov 2009 - 21:28

Une idée très intéressante cette déposition.

Vous avez un style simple et efficace, peut être gagnerait-il à être un peu plus aéré.

Je suis intrigué, j'attends la suite.
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Message  bertrand-môgendre Lun 30 Nov 2009 - 14:17

Bel effet de froidure.
La liste du contenu des poubelles est trop longue.
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Message  Invité Lun 30 Nov 2009 - 17:03

Je te fais confiance comme écrivain. Chat mouillé ne craint plus la pluie.

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Message  Kilis Jeu 7 Jan 2010 - 14:52

Page 2 ( en toutes lettres = Deux )

« L’homme n’avait eu de cesse d’arpenter l’estacade. De long en large et de large en long, précise-t-elle. Il en avait martelé le plancher des heures durant, d’un pas d’automate, semblant psalmodier un texte inc(h ?)antatoire. Quelquefois, il s’était arrêté et s’appuyant au bastingage, la tête renversée vers la lune, il avait hurlé sa plainte. : « POURQUOI ? MAIS POURQUOI MOI ? ». Ce quoi, affirme-t-elle, elle l’avait nettement entendu.
— De votre balcon au cinquième étage ?
— Oui. Le vent porte, vous savez.
(La vieille dame demoiselle déclare souffrir d’insomnie et il n’est pas rare, dit-elle, qu’elle hume ainsi la nuit plusieurs fois la semaine.)
De temps à autre, il sifflait un coup au goulot de sa bouteille avant de reprendre sa marche obstinée. Un moment, il lui sembla effectuer une danse indienne.
— Une danse indienne ?
— Oui. Vous voyez ?
— Pas vraiment. Précisez, s’il vous plaît.
— Eh bien, cette sorte de danse pratiquée par les Sioux.
— Par les Sioux, dites-vous ?
— Oui. Merde du Nord ! Vous savez, ce genre de truc, du style Sur le sentier de la guerre. Le corps plié en avant, tête touchant le genou, puis brusquement, en arrière s’arc-boutant, visage offert au ciel. Bref, ce genre de truc. Vous pigez ?
— Ben…
— Oh, Mon Dieu ! Vous allez pas me dire que vous n’avez jamais vu ce film !
— Quel film ?
— Mais, Sacré Bordel de Merde du Nord ! Le Peter Pan de Walt Disney !
— Ah oui, ce film… Okay.
Ensuite, lorsque la bouteille fut vide, pense la déposante, l’homme invectiva le ciel une dernière fois. Après quoi il s’assit sur le bord de l’estacade, jambes ballant le vide avant de… mollement se laisser glisser dans la mer (dixit la dénommée)
Transcription de la déposition spontanée de Mademoiselle WELCH, Héliotrope, née à Stenokerzeel, le vingt avril 1943.
Ostende-Oostende, ce vendredi 27 novembre 2009, à 11 h 32 AM.
Je soussigné, par devers la Loi : VERHAEREN, Rudy, préposé-stagiaire.

***

Mercredi, 24 Novembre 2009

La pluie avait cessé lorsqu’il se réveilla. Il lui fallut trente secondes pour recouvrer la mémoire du lieu et, avant, de la trajectoire — le déjeuner, les trois whisky éclusés dans un bar, la route ensuite qui l’avait mené jusque là. Il était garé en bordure d’aire, dans une sorte d’enclave verte aménagée de buissons et d’arbustes. Trois tables de pique-nique en bois étaient à disposition des voyageurs. L’horloge du tableau de bord indiquait 16 :20. Il avait besoin d’un café. Il sortit de la voiture et enfila sa veste. Sur le point d’allumer une cigarette, il se ravisa. Trop de vent.
Les poubelles débordaient et le sol était jonché de détritus que le vent déplaçait à son gré jusqu’à ce qu’ils fussent arrêtés par la barrière des fourrés. Mentalement il se mit à énumérer les déchets. Sacs de plastique, préservatifs usagés, couches sales de bébé, crottes canines, étrons humains, feuillets de PQ maculés, boulettes de papier alu, boîtes de conserves, canettes de bières et de cola, tampons hygiéniques. Du temps où il travaillait à l’Université, un tel sujet d’étude l’aurait excité. Bouteilles, gobelets, couverts en plastique, cartons de frites, papiers gras, restes de jambon, de saucisse et même un pied de porc entier. Un break Toyota gris métallisé venait de se parquer à l’entrée de l’enclave. Une femme en sortit qui déposa à terre un chien frisé lequel se mit à aboyer sur Tim qui s’approchait.
— Pas avoir peur, tu sais. Chien qui aboie ne mord pas.
— Il est d’une couleur étrange votre caniche.
— Royal abricot, pedigree et tout, mais avec ça, bête comme c’est pas permis. Il appartient à ma sœur. Elle a pas de jardin, alors je le promène ici quand je vais faire les courses.
Le chien vadrouillait, reniflant de ci de là, toujours plus loin. Elle actionna un peu brusquement la laisse téléscopique de sorte que l’animal valdingua et fut ramené tout couinant à ses pieds.
— Bien fait pour toi, Suske ! Qu’est-ce que tu fourres encore ton nez dans les saloperies !

Comme il le traversait, l’éclairage public s’alluma sur le parking du restoroute. La nuit n’allait pas tarder. Il n’y avait pas grand monde à l’intérieur : à part les membres du personnel, deux couples étaient attablés côté resto et quelques clients s’approvisionnaient au mini store où il s’acheta un paquet de cigarettes et une bouteille thermos. Après quoi il but un café et fit remplir sa thermos au comptoir. L’interdiction de fumer lui coupa toute envie de s’attarder. Dehors ne subsistait du jour qu’une bande de lueur rosâtre qu’une masse sombre et mouvante semblait plaquer au sol. Le break Toyota n’était plus là. Tim atteignait sa voiture quand son regard fut attiré par un reflet sur un objet noir. Non loin de ce qu’il avait identifié comme un pied de porc, se trouvait une chaussure de femme, plus exactement un escarpin de vernis noir. Une pièce intéressante à ajouter à ce qu’il nommait son Petit Musée des Désappariés. Alors qu’il se penchait pour la ramasser, ses yeux passèrent sur la tache claire du. Nom de dieu, ce n’était pas un pied de porc. Le pied se prolongeait bel et bien en jambe dessous le feuillage. Il contourna le bosquet. Une jeune femme était allongée là, jambe écartées, sa jupe de tailleur relevée jusqu’à la taille, le haut des collants et le slip avaient été déchirés. La chevelure sombre recouvrait en partie son visage, il n’avait pas besoin de l’en dégager pour savoir. Il l’avait reconnue au premier coup d’œil.


Jeudi, 26 novembre 2009

La barmaid appuya ses bras roses sur le comptoir et offrit à l'homme un regard empli de sollicitude. Il balançait des phrases pour lui seul, entrecoupées de lourds silences. Et deux hommes marchaient sur la lune pendant que je naissais. Lourd silence. Un petit pas pour l'homme. Lourd silence. Puis, semblant s'extraire de brumes lointaines: Ma mère, dit-il. Je ne l'ai jamais appelée maman, vous comprenez ? Oui, les yeux de la serveuse comprenaient. Il eut une brève mimique mi-amère, mi-sournoise et repiqua le nez dans les vapeurs de son cognac. Un petit pas pour l'homme et pour lui, Tim, l'origine de quoi. Il voulait mourir dans les bras d'Ostende. Il sentait sa propre sueur, la cherchait. Il voulait mourir sans changer de chemise. Dans son jus. Acre. Il était seul au bar à présent. La fille avait disparu dans une pièce adjacente, des sons de vaisselle heurtées lui parvenaient, puis le cliquetis d’un trousseau de clés. Il avait peur qu’elle le mette à la porte.
Boire. Se noyer par l'intérieur. Dehors il n'avait pas pu. L'eau était froide, trop. Trop vivante. Trop réelle. Et puis, son mal était intérieur et donc c'était par là que la mort devait venir. Tout à l'heure, dans un grand élan baroque il s'était dépensé sans compter sur le chemin de bois et il avait rugit comme une bête, comme le lion de la Metro Goldwyn Mayer. Il empoisonnerait ses souvenirs par capillarité. Déjà le portrait de la mère s'imbibait doucement par le bas, atteignait la tétine qu'elle gardait toujours au cou et qui ballottait au bout de son ruban défraîchi. Ce geste écœurant qu’elle avait de la porter à ses lèvres. Combien de fois par jour ?
Les jambes de son pantalon lui collaient encore au corps. Il n'avait pas pu se laisser engloutir. L’eau. Trop réelle. Il s'était raccroché à la charpente en croisillons de l’estacade et au prix de maints efforts avait pu rejoindre la digue. Sa voiture. Mis le chauffage à fond.
Il tendit son verre vide. Le dernier alors, hein man , elle dit.
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Message  Kilis Jeu 7 Jan 2010 - 14:55

Je reposte le tout que j'ai retravaillé. J'ai eu du mal à m'y mettre, m'y re-mettre. J'espère que le blocage est passé. Je croise les doigts.
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Message  Invité Jeu 7 Jan 2010 - 15:20

Dommage que tu n'aies pas un peu coupé dans le tas de détritus... sinon ça fonctionne bien. On rattache avec la déposition de la vieille dame demoielle, ça continue à être intrigant... et on ne sait toujours pas qui c'est la femme à l'escarpin verni ...!
J'ai juste relevé ça : et il avait rugit
M'a bien l'air d'être débloquée, ton histoire !

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Message  Arielle Jeu 7 Jan 2010 - 15:59

Oui ça semble bien reparti, intriguant.
Se noyer par l'intérieur. Dehors il n'avait pas pu. L'eau était froide j'aime beaucoup cet humour. Je te suivrai sur cette histoire.

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Message  Invité Jeu 7 Jan 2010 - 16:17

Moi aussi, j'aime beaucoup et j'en espère encore ! Outre l'erreur relevée par coline Dé, j'aurai une remarque sur ce : "L’eau. Trop réelle." qui, à mon sens, brise le rythme.

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Message  CROISIC Jeu 7 Jan 2010 - 16:45

Excellente "accroche". J'ai adoré le pied de cochon en gelée....et ce prénom...Héliotrope....vite la suite !
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Message  Invité Jeu 7 Jan 2010 - 17:39

RAS qui n'ait déjà été fait. Ça roule, et même plutôt très bien.

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Message  Lucy Sam 9 Jan 2010 - 23:16

On croise les doigts avec toi et on en redemande.
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Message  Zou Dim 10 Jan 2010 - 0:14

Prenant. Très. A suivre !
Sinon, on écrit "SA thermos" ? J'aurais dit SON. Sais pas.
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Message  grieg Mar 19 Jan 2010 - 12:19

Je loue et admire ton écriture poétique, évocatrice, ta vision originale, ton appréhension du détail, mais… Mettons de côté le fait que je suis inconditionnel de ta prose…
Deux choses me gênent dans ton début de roman.
D’abord, la déposition. Elle ne me semble pas crédible. Trop écrite pour une déposition retranscrite. J’aurais préféré un prologue différent. Et là, je pense à « en rentrant de la plage » : sur le même format, tu aurais pu nous donner les mêmes informations, en jouant sur les personnages, les impressions, avec ta vision, ton style… Je ne sais pas si je suis clair, mais j’essaye de dire que tu écris trop bien pour une déposition.
Ensuite, et je vais faire plus court, le pied de porc ne fonctionne ni dans l’aspect (même de loin) ni dans la taille. Aux deux lectures, j’ai buté sur celui-ci.
Voilà ! J’attends la suite avec impatience
Je veux savoir
J’aime te lire

grieg

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