Exo roman : Maestro
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Sahkti
Lucy
Saint Georges
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Exo roman : Maestro
Prologue
Des volutes acides s’échappent de la terre cendreuse. Les exhalaisons putrides montent des entailles qui labourent ses boyaux comme autant de blessures volcaniques. La griffure du sable noir égratigne les troncs des arbres desséchés, dont le bois fluorescent gémit sous les cinglements du vent implacable.
Au dessus de la barrière olivâtre des cumulus, les foudres mauves zèbrent des cieux incandescents.
Entre les deux, une forme noire.
Enveloppé dans les brumes d’un vert opiacé, le smoking en cuir flotte, désarticulé.
Soudain, une manche se lève.
Puis l’autre la suit, son extrémité tenant une baguette blanche qui scintille. Des étincelles crépitent à son bout alors qu’une main pâle l’agite.
Piano.
Doucement, la baguette trace une calligraphie invisible. Les nuées déchaînées rugissent et le roulement des nuées fait trembler l’éther. L’apocalypse est assourdissante. Effilochée, la brume s’enroule autour de la main droite, qui monte et descend dans un rythme mystérieux. La manche gauche quitte alors sa position horizontale et se pose gracieusement le long du corps informe. Sans que la baguette ne cesse de tournoyer, la main gauche s’élève lentement, sa paume ouverte, dirigée vers le ciel. Une fois arrivée en face de la tête (qui est restée inclinée vers le bas), elle s’immobilise. Des vapeurs vertes glissent le long des doigts écartés.
Vivace.
Cette fois c’est le bras entier qui s’agite, la baguette giflant l’air de runes noires et argentées qui flottent un instant avant de s’évanouir. La manche droite suit le rythme effréné, fouettant la brume de sa main crispée. Le brouillard danse et tournoie autour de la forme noire. Le silence qui entourait le smoking s’étend et assourdit la tempête.
Finale.
Les mouvements des manches sont si vifs qu’il devient impossible de les suivre. Seul l’éclair nacré de la baguette fend occasionnellement le maelström vert et noir. Le monde semble s’être figé dans une attente aphone.
Soudain, le tourbillon s'arrête.
Les nuages progressivement s’écartent de la forme noire jusqu’à disparaître complètement. Sa tête renversée en arrière, la baguette tremblante hissée à la verticale au bout d’une manche déchirée, elle flotte au milieu du silence étoilé.
Les cristaux de la lune rousse amènent l’aube des astres rougeoyants sur le monde désolé. Au milieu de la poussière grise, une tache bleue miroite sous les rayons, qui caressent un fragile fétu d’herbe verte.
Sous les comètes, le ciel est vide.
Des volutes acides s’échappent de la terre cendreuse. Les exhalaisons putrides montent des entailles qui labourent ses boyaux comme autant de blessures volcaniques. La griffure du sable noir égratigne les troncs des arbres desséchés, dont le bois fluorescent gémit sous les cinglements du vent implacable.
Au dessus de la barrière olivâtre des cumulus, les foudres mauves zèbrent des cieux incandescents.
Entre les deux, une forme noire.
Enveloppé dans les brumes d’un vert opiacé, le smoking en cuir flotte, désarticulé.
Soudain, une manche se lève.
Puis l’autre la suit, son extrémité tenant une baguette blanche qui scintille. Des étincelles crépitent à son bout alors qu’une main pâle l’agite.
Piano.
Doucement, la baguette trace une calligraphie invisible. Les nuées déchaînées rugissent et le roulement des nuées fait trembler l’éther. L’apocalypse est assourdissante. Effilochée, la brume s’enroule autour de la main droite, qui monte et descend dans un rythme mystérieux. La manche gauche quitte alors sa position horizontale et se pose gracieusement le long du corps informe. Sans que la baguette ne cesse de tournoyer, la main gauche s’élève lentement, sa paume ouverte, dirigée vers le ciel. Une fois arrivée en face de la tête (qui est restée inclinée vers le bas), elle s’immobilise. Des vapeurs vertes glissent le long des doigts écartés.
Vivace.
Cette fois c’est le bras entier qui s’agite, la baguette giflant l’air de runes noires et argentées qui flottent un instant avant de s’évanouir. La manche droite suit le rythme effréné, fouettant la brume de sa main crispée. Le brouillard danse et tournoie autour de la forme noire. Le silence qui entourait le smoking s’étend et assourdit la tempête.
Finale.
Les mouvements des manches sont si vifs qu’il devient impossible de les suivre. Seul l’éclair nacré de la baguette fend occasionnellement le maelström vert et noir. Le monde semble s’être figé dans une attente aphone.
Soudain, le tourbillon s'arrête.
Les nuages progressivement s’écartent de la forme noire jusqu’à disparaître complètement. Sa tête renversée en arrière, la baguette tremblante hissée à la verticale au bout d’une manche déchirée, elle flotte au milieu du silence étoilé.
Les cristaux de la lune rousse amènent l’aube des astres rougeoyants sur le monde désolé. Au milieu de la poussière grise, une tache bleue miroite sous les rayons, qui caressent un fragile fétu d’herbe verte.
Sous les comètes, le ciel est vide.
Saint Georges- Nombre de messages : 174
Age : 36
Localisation : Suisse et France
Date d'inscription : 23/06/2009
Re: Exo roman : Maestro
Etonnant, intrigant, poétique ( presque trop pour un roman peut-être ?)
Un climat de fantastique. Je ne peux qu'aimer ce début musical.
Un climat de fantastique. Je ne peux qu'aimer ce début musical.
Invité- Invité
Re: Exo roman : Maestro
J'aime beaucoup aussi. Tu devrais te débarrasser de l'adjectif "mystérieux" qui est dans le texte, il y flotte déjà. Un prologue très réussi.
Invité- Invité
Re: Exo roman : Maestro
Beaucoup d'élégance pour ce prologue. Il sera question de musique, pas forcément du moins est-ce à souhaiter, car cela promet d'être une lecture plus qu'agréable à suivre.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Exo roman : Maestro
D'accord avec les commentateurs précédents, un très beau début ! Je me demande bien ce que la suite peut donner...
Invité- Invité
Re: Exo roman : Maestro
Une écriture puissante, spectaculaire, à tel point que je me demande si tu vas (et veux) tenir ce rythme sur tout un roman.
Invité- Invité
Re: Exo roman : Maestro
L'univers est suffisamment mystérieux que pour intriguer et séduire.
Toutefois, je me demande ce que ça peut donner sur un long format, mais je ne doute pas que les qualités de ton écriture te permettent d'y parvenir. Ceci n'est peut-être qu'une introduction, un apéritif qui ouvre l'appétit (et c'est réussi), avec des événements prenant place dans les chapitres suivants.
J'ai apprécié le côté visuel de l'ensemble, ces détails qui permettent de situer les éléments tout en laissant la part belle à l'imaginaire; c'est bien joué, subtil et maîtrisé.
Vivement la suite !
Toutefois, je me demande ce que ça peut donner sur un long format, mais je ne doute pas que les qualités de ton écriture te permettent d'y parvenir. Ceci n'est peut-être qu'une introduction, un apéritif qui ouvre l'appétit (et c'est réussi), avec des événements prenant place dans les chapitres suivants.
J'ai apprécié le côté visuel de l'ensemble, ces détails qui permettent de situer les éléments tout en laissant la part belle à l'imaginaire; c'est bien joué, subtil et maîtrisé.
Vivement la suite !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo roman : Maestro
Que va-t-il arriver ?
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo roman : Maestro
coline Dé a écrit:Etonnant, intrigant, poétique ( presque trop pour un roman peut-être ?)
Un climat de fantastique. Je ne peux qu'aimer ce début musical.
Je suis du même avis que coline.
Un bémol toutefois pour l'utilisation excessive d'adjectifs.
Je suis curieuse de lire la suite.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo roman : Maestro
Lu avec le poème symphonique de dukas en tête (faut que j’arrête d’aller chez mickey)
Intriguant, oui.
Ce prologue est rythmé, imagé…
J’ai eu un instant de doute, au tout début, avec la triple personnification de la terre, des arbres et du vent qui a mon goût est un peu hésitante, et m’a laissé l’impression de ne pas être assez aboutie.
Mais aussi avec la mise en page aérée qui, comme un dessin, nous imprime le rythme de lecture.
Pour le reste, tu as su m’accrocher, avec une littérature qui est à vingt mille lieues de ce que j’aime…
Voyons la suite
Intriguant, oui.
Ce prologue est rythmé, imagé…
J’ai eu un instant de doute, au tout début, avec la triple personnification de la terre, des arbres et du vent qui a mon goût est un peu hésitante, et m’a laissé l’impression de ne pas être assez aboutie.
Mais aussi avec la mise en page aérée qui, comme un dessin, nous imprime le rythme de lecture.
Pour le reste, tu as su m’accrocher, avec une littérature qui est à vingt mille lieues de ce que j’aime…
Voyons la suite
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo roman : Maestro
Pareil, ce n'est pas ce que j'ai l'habitude d'aimer...
Mais j'aime bien être dérangée dans mes habitudes...
Entrée en matière et en manière magistrale.
Mais j'aime bien être dérangée dans mes habitudes...
Entrée en matière et en manière magistrale.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
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