Projet d'édition 1 - Loiseau des îles
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Projet d'édition 1 - Loiseau des îles
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La plage de Batibou est peu fréquentée en ce mardi de décembre. La température est douce. Des rires d’enfants alternent avec les cris des aras qui jouent à s’emmêler les couleurs. De multiples zébrures en diagonale rayent la peau blanche de l’homme assis sur le sable noir. C’est l’ombre des palmes d’un cocotier qui frissonnent sous l’alizé. Adossé à son arbre, l’homme somnole, ou bien observe, on ne saurait dire, des lunettes noires cachent ses yeux. Un bruit mou, à dix centimètres de ses orteils, le fait sursauter. Une coco vient de tomber, décrochée par deux ouistitis qui dévalent le tronc et se jettent sur le fruit sans se préoccuper du bipède.
Les cris stridents de leur dispute incitent l’homme à lever le camp. Il s’étire, enfile une chemisette et se dirige vers le petit parking en passant devant un écriteau « Beware coconuts falls ! » qu’il ne lit pas.
Fred Loiseau rejoint sa Clio de location qui l’amène au dégrad Roseau, l’embarcadère des navettes de l’île de la Dominique.
Il règle les formalités avec Hertz, se présente au comptoir de la douane, passe sans anicroche, traverse le quai, monte sur la passerelle du ferry « L’Express des Îles ». Appareillage prévu pour la gare maritime de Bergevin en Guadeloupe à dix-sept heures, trajet d’une heure trois quarts.
Avec cette chaleur perpétuelle et le temps de traversée il se dit qu’il serait bon de dégoter un transat pas trop loin du bar. Il le trouve, s’installe. Les premières vibrations du bâtiment annoncent les manœuvres de départ.
Malgré tout, Fred Loiseau doit se rendre à l’évidence : il est d’humeur maussade.
Elle sentait pourtant bon le dépaysement la carte postale d’Amédée. Juste quelques mots derrière le cliché cocotiers sur sable blanc. Mais si bien tournés qu’à peine lus, il se voyait réserver un billet pour Pointe à Pitre. Son ami Amédée lui proposait deux semaines de farniente et de liberté dans son île d’adoption. Loiseau, heureux de revoir son pote, s’imaginait oublier ses problèmes du moment et s’était pris à rêver qu’une chute de noix de coco, à défaut d’une pomme variété Newton, serait l’élément déclencheur qui le transformerait d’un coup de détective falot en romancier hors pair.
Rassemblant avec difficulté ses dernières économies, il avait pu obtenir un aller simple à prix raisonnable par une « dernière minute ». Pour le retour, il verrait bien ! Sans regret il avait confié son chat Perfide le bien nommé à la garde de son amie Wanda, sa cartomancienne préférée. Puis, habitué des déplacements fréquents, il ne lui avait pas fallu longtemps pour préparer quelques affaires, sauter dans le bus pour Charles de Gaulle, s’enregistrer et embarquer pour huit heures de vol vers un autre monde.
Le paysage, le climat, la luminosité particulière, la chaleur des contacts, le ti-punch, tout concourait à lui faire oublier ses soucis récurrents. Au point qu’au troisième jour il se croyait arrivé depuis trois semaines.
Mais cette journée à la Dominique – balade vivement conseillée par son ami - ne lui avait apporté aucune idée de roman, une fois de plus.
Loiseau s’était plutôt ennuyé sans son copain et il n’avait fait que profiter de la beauté et la quiétude des lieux sans réussir à se mettre sous la dent le moindre incident. Rien. Rien qui puisse laisser entrevoir un mystère, une enquête, de l’action, un scénario palpitant. Depuis le temps qu’il espérait dénicher LA grande affaire ! Celle qui lui vaudrait la reconnaissance, la notoriété, pourquoi pas la fortune, mais surtout matière à écrire LE roman dont il rêvait.
À demi-allongé à l’ombre, verre de punch en main, le détective ressasse son amertume en se laissant bercer par un léger roulis.
Mais l’amertume ne fait pas bon ménage avec le sucre de canne et se dissout à 55 degrés. Les vapeurs de rhum égaient les idées sombres. Il se laisse aller. Du lointain martèlement des pistons émanent des mots, s’alignent des phrases, s’enchaînent des paragraphes, s’ajoutent des chapitres… Loiseau voit déjà son nom au frontispice d’un gros volume ceint d’une bande rouge. C’est le best-seller de l’année. Deux cents exemplaires de son bouquin à l’entrée de toutes les bonnes librairies. Lui, signant dédicace sur dédicace à la FNAC des Halles à des groupies énamourées. La gloire, la reconnaissance, l’éditeur à ses pieds, les journalistes à sa porte. L’avance sur le prochain roman qui lui paiera un mas de rêve dans le Lubéron, sans compter qu’il pourra changer de cravate tous les jours. Derrière les lunettes noires les yeux rient. La vie est belle. Le compte en banque est plein. Le verre est vide.
Un grincement de transat tiré sur le pont sort Loiseau de sa quiétude. Un gros Créole en sueur, genre chocolat fondant, essoufflé mais souriant, s’installe tout près de lui en le saluant avec entrain et lui débite d’une traite :
- Félicien JACQUES, directeur commercial BMW pour les Antilles.
Loiseau volait très haut, il atterrit sans plaisir.
- Fred LOISEAU, Parisien en-va-can-ces… répond-il en détachant bien les dernières syllabes.
L’autre s’en fout, il ne l’écoute même pas. Il se commande un ti-punch, s’éponge le front, le cou, et se lance aussitôt dans un grand discours sur la liberté de circulation, la liberté d’expression, la liberté d’entreprendre, les formalités administratives, la taxe d’octroi de mer. Il mélange tout, se plaint, rit, se console, parle seul, ne cherche pas d’avis, ne demande pas de soutien.
Curieux comme la présence d’un bar et l’absorption d’alcool peuvent rassembler les hommes et les pousser à s’épancher…
Anesthésié par le ton monocorde et soporifique, Loiseau finit par s’endormir pour de bon, à l’abri de ses verres fumés, sans plus se préoccuper de son volubile voisin.
La sirène de l’Express des Îles sort le futur romancier de sa léthargie. Il ouvre les yeux, consulte sa montre : ils sont arrivés. Il tourne la tête : le Créole parle toujours… Se peut-il qu’il ait soliloqué comme ça pendant près de deux heures ?
Le gros homme se lève, toujours souriant, dégoulinant de sueur et d’amabilité, serre la main de Loiseau avec un « très heureux d’avoir fait votre connaissance, passez quand vous voulez monsieur Loiseau, à bientôt », lui glisse une carte de visite et s’éloigne. Loiseau jette un œil sur le bristol qui lui confirme les fonctions de son nouvel « ami ». Il habite en banlieue de Pointe-à-Pitre.
Dans la foule qui se dirige vers la passerelle les deux hommes se perdent de vue.
Ayant pris pied sur le quai, Loiseau est attiré par un bruit d’altercation. Ça se passe en tête de la file de voitures au poste de douane. Sa curiosité naturelle l’incite à se diriger vers le lieu du chahut : peut-être une bonne occasion ? Enfin de l’action ? Son pouls s’accélère d’excitation.
Un douanier examine des papiers, un autre tente de parler plus fort que son vis-à-vis : un bibendum en sueur qui tente de reprendre quelque chose que le fonctionnaire semble lui avoir confisqué. C’est son bavard du transat, son volubile de comptoir, son intarissable au ti-punch ! Bref, son ami…
- Rendez-moi Modestine ! Rendez-la moi je vous dis !
- Du calme monsieur ! Vous habitez les Antilles depuis longtemps ? Alors vous savez forcément que toute importation ou exportation de mygales est strictement interdite. Donnez-moi les clés du véhicule et suivez-moi.
« Import-export de mygales ?! Et je me plains des petites araignées qui hantent ma piaule à Paris ! » se dit Loiseau en frissonnant malgré la chaleur.
- Oui, une mygale, et alors ? C'est mon animal domestique, vous comprenez ? A moi. Je vais à la Dominique, dans ma famille, deux fois par mois, alors à chaque fois je l'emmène. Parce qu'elle supporte pas que quelqu'un d'autre s'occupe d'elle, vous voyez ? Elle est attachée. Modestine chérie, n’aie pas peur…
- Encore une plaisanterie comme ça et vous passez la nuit au poste, okay ? Venez.
Le deuxième douanier :
- Moi mes copines, je les préfère à deux pattes et avec moins de poils dessus !…
Le gros homme s’apprête à répliquer lorsqu’il aperçoit Loiseau :
- Monsieur ! Monsieur Loiseau ! Vous êtes là ! Venez s’il vous plaît ! Venez m’aider !
Il se rapproche. Et c’est le premier douanier qui s’adresse à lui :
- Vous connaissez cet homme ? Vous êtes qui ?
- Euh… je m’appelle Fred Loiseau, je suis détective, mais ça n’a rien à voir ! En fait je suis écrivain, et je cherche...
- Détective ? Presque un collègue… Qu’est-ce que vous savez de ce monsieur ?
- Euh... Pas grand-chose... A vrai dire rien.
- Comment ça « rien » ? Je vous ai raconté ma vie, je vous prenais pour un ami, je vous ai même invité, et… et voilà ?!
Loiseau commence à regretter d’avoir ronflé pendant la traversée.
Il demande :
- Qu’est-ce qui se passe avec cet homme ?
- Monsieur se balade avec une mygale et il prétend que c’est sa mascotte ! Très drôle ! C’est un trafic juteux ça, surtout s’il le fait plusieurs fois par mois comme il le dit lui-même. Vous savez, il y a pas mal d’amateurs aux States et en Europe pour ce genre d’animaux de compagnie.
- Vous ne le croyez pas ?
- Non ! Pas du tout même !
Fred Loiseau réfléchit à toute vitesse. Pas question de laisser passer un truc pareil. Il faut trouver quelque chose, vite. Toutes ses lectures de littérature policière défilent dans son esprit. Ces ouvrages sur la police scientifique, ces analyses auxquelles il n’a jamais rien compris… Soudain une idée !
Il enchaîne :
- Vous me permettez de lui parler une minute ?
Le fonctionnaire semble réfléchir, jette un coup d’œil à son collègue, soulève sa casquette, se passe une main dans les cheveux :
- Bon, allez-y, mais c’est bien parce que vous êtes détective.
Loiseau entraîne le gros Créole à quelques mètres :
- Puisque vous dites qu’on est amis et comme finalement je vous aime bien, j’ai une idée à vous proposer…
- Dites vite !
- Félicien, vous avez une belle situation et vous semblez de bonne foi. Suggérez à la douane de faire une analyse ADN de votre bestiole. Que vous paierez, bien entendu. Et chaque fois que vous referez le trajet Dominique-Gwada, vous faites pareil. Jusqu’à ce que tout le monde prenne l’habitude et qu’on vous fiche la paix. Ils ne peuvent pas refuser.
Félicien Jacques n’est pas bête. Il sait où est son intérêt.
Une demi-heure plus tard le prélèvement est fait. Le directeur commercial a signé une déclaration sur l’honneur, il est libéré mais tenu de soumettre sa chère Modestine à un nouvel examen express à chaque entrée-sortie du département. L’animal lui est restitué dans sa petite boîte. Félicien ne peut se retenir de serrer son nouvel ami dans ses bras. Ils se quittent à grands renforts de claques dans le dos.
Félicien Jacques démarre en trombe dans sa BM 5.20.
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LOISEAU DES ÎLES
La plage de Batibou est peu fréquentée en ce mardi de décembre. La température est douce. Des rires d’enfants alternent avec les cris des aras qui jouent à s’emmêler les couleurs. De multiples zébrures en diagonale rayent la peau blanche de l’homme assis sur le sable noir. C’est l’ombre des palmes d’un cocotier qui frissonnent sous l’alizé. Adossé à son arbre, l’homme somnole, ou bien observe, on ne saurait dire, des lunettes noires cachent ses yeux. Un bruit mou, à dix centimètres de ses orteils, le fait sursauter. Une coco vient de tomber, décrochée par deux ouistitis qui dévalent le tronc et se jettent sur le fruit sans se préoccuper du bipède.
Les cris stridents de leur dispute incitent l’homme à lever le camp. Il s’étire, enfile une chemisette et se dirige vers le petit parking en passant devant un écriteau « Beware coconuts falls ! » qu’il ne lit pas.
Fred Loiseau rejoint sa Clio de location qui l’amène au dégrad Roseau, l’embarcadère des navettes de l’île de la Dominique.
Il règle les formalités avec Hertz, se présente au comptoir de la douane, passe sans anicroche, traverse le quai, monte sur la passerelle du ferry « L’Express des Îles ». Appareillage prévu pour la gare maritime de Bergevin en Guadeloupe à dix-sept heures, trajet d’une heure trois quarts.
Avec cette chaleur perpétuelle et le temps de traversée il se dit qu’il serait bon de dégoter un transat pas trop loin du bar. Il le trouve, s’installe. Les premières vibrations du bâtiment annoncent les manœuvres de départ.
Malgré tout, Fred Loiseau doit se rendre à l’évidence : il est d’humeur maussade.
Elle sentait pourtant bon le dépaysement la carte postale d’Amédée. Juste quelques mots derrière le cliché cocotiers sur sable blanc. Mais si bien tournés qu’à peine lus, il se voyait réserver un billet pour Pointe à Pitre. Son ami Amédée lui proposait deux semaines de farniente et de liberté dans son île d’adoption. Loiseau, heureux de revoir son pote, s’imaginait oublier ses problèmes du moment et s’était pris à rêver qu’une chute de noix de coco, à défaut d’une pomme variété Newton, serait l’élément déclencheur qui le transformerait d’un coup de détective falot en romancier hors pair.
Rassemblant avec difficulté ses dernières économies, il avait pu obtenir un aller simple à prix raisonnable par une « dernière minute ». Pour le retour, il verrait bien ! Sans regret il avait confié son chat Perfide le bien nommé à la garde de son amie Wanda, sa cartomancienne préférée. Puis, habitué des déplacements fréquents, il ne lui avait pas fallu longtemps pour préparer quelques affaires, sauter dans le bus pour Charles de Gaulle, s’enregistrer et embarquer pour huit heures de vol vers un autre monde.
Le paysage, le climat, la luminosité particulière, la chaleur des contacts, le ti-punch, tout concourait à lui faire oublier ses soucis récurrents. Au point qu’au troisième jour il se croyait arrivé depuis trois semaines.
Mais cette journée à la Dominique – balade vivement conseillée par son ami - ne lui avait apporté aucune idée de roman, une fois de plus.
Loiseau s’était plutôt ennuyé sans son copain et il n’avait fait que profiter de la beauté et la quiétude des lieux sans réussir à se mettre sous la dent le moindre incident. Rien. Rien qui puisse laisser entrevoir un mystère, une enquête, de l’action, un scénario palpitant. Depuis le temps qu’il espérait dénicher LA grande affaire ! Celle qui lui vaudrait la reconnaissance, la notoriété, pourquoi pas la fortune, mais surtout matière à écrire LE roman dont il rêvait.
À demi-allongé à l’ombre, verre de punch en main, le détective ressasse son amertume en se laissant bercer par un léger roulis.
Mais l’amertume ne fait pas bon ménage avec le sucre de canne et se dissout à 55 degrés. Les vapeurs de rhum égaient les idées sombres. Il se laisse aller. Du lointain martèlement des pistons émanent des mots, s’alignent des phrases, s’enchaînent des paragraphes, s’ajoutent des chapitres… Loiseau voit déjà son nom au frontispice d’un gros volume ceint d’une bande rouge. C’est le best-seller de l’année. Deux cents exemplaires de son bouquin à l’entrée de toutes les bonnes librairies. Lui, signant dédicace sur dédicace à la FNAC des Halles à des groupies énamourées. La gloire, la reconnaissance, l’éditeur à ses pieds, les journalistes à sa porte. L’avance sur le prochain roman qui lui paiera un mas de rêve dans le Lubéron, sans compter qu’il pourra changer de cravate tous les jours. Derrière les lunettes noires les yeux rient. La vie est belle. Le compte en banque est plein. Le verre est vide.
Un grincement de transat tiré sur le pont sort Loiseau de sa quiétude. Un gros Créole en sueur, genre chocolat fondant, essoufflé mais souriant, s’installe tout près de lui en le saluant avec entrain et lui débite d’une traite :
- Félicien JACQUES, directeur commercial BMW pour les Antilles.
Loiseau volait très haut, il atterrit sans plaisir.
- Fred LOISEAU, Parisien en-va-can-ces… répond-il en détachant bien les dernières syllabes.
L’autre s’en fout, il ne l’écoute même pas. Il se commande un ti-punch, s’éponge le front, le cou, et se lance aussitôt dans un grand discours sur la liberté de circulation, la liberté d’expression, la liberté d’entreprendre, les formalités administratives, la taxe d’octroi de mer. Il mélange tout, se plaint, rit, se console, parle seul, ne cherche pas d’avis, ne demande pas de soutien.
Curieux comme la présence d’un bar et l’absorption d’alcool peuvent rassembler les hommes et les pousser à s’épancher…
Anesthésié par le ton monocorde et soporifique, Loiseau finit par s’endormir pour de bon, à l’abri de ses verres fumés, sans plus se préoccuper de son volubile voisin.
La sirène de l’Express des Îles sort le futur romancier de sa léthargie. Il ouvre les yeux, consulte sa montre : ils sont arrivés. Il tourne la tête : le Créole parle toujours… Se peut-il qu’il ait soliloqué comme ça pendant près de deux heures ?
Le gros homme se lève, toujours souriant, dégoulinant de sueur et d’amabilité, serre la main de Loiseau avec un « très heureux d’avoir fait votre connaissance, passez quand vous voulez monsieur Loiseau, à bientôt », lui glisse une carte de visite et s’éloigne. Loiseau jette un œil sur le bristol qui lui confirme les fonctions de son nouvel « ami ». Il habite en banlieue de Pointe-à-Pitre.
Dans la foule qui se dirige vers la passerelle les deux hommes se perdent de vue.
Ayant pris pied sur le quai, Loiseau est attiré par un bruit d’altercation. Ça se passe en tête de la file de voitures au poste de douane. Sa curiosité naturelle l’incite à se diriger vers le lieu du chahut : peut-être une bonne occasion ? Enfin de l’action ? Son pouls s’accélère d’excitation.
Un douanier examine des papiers, un autre tente de parler plus fort que son vis-à-vis : un bibendum en sueur qui tente de reprendre quelque chose que le fonctionnaire semble lui avoir confisqué. C’est son bavard du transat, son volubile de comptoir, son intarissable au ti-punch ! Bref, son ami…
- Rendez-moi Modestine ! Rendez-la moi je vous dis !
- Du calme monsieur ! Vous habitez les Antilles depuis longtemps ? Alors vous savez forcément que toute importation ou exportation de mygales est strictement interdite. Donnez-moi les clés du véhicule et suivez-moi.
« Import-export de mygales ?! Et je me plains des petites araignées qui hantent ma piaule à Paris ! » se dit Loiseau en frissonnant malgré la chaleur.
- Oui, une mygale, et alors ? C'est mon animal domestique, vous comprenez ? A moi. Je vais à la Dominique, dans ma famille, deux fois par mois, alors à chaque fois je l'emmène. Parce qu'elle supporte pas que quelqu'un d'autre s'occupe d'elle, vous voyez ? Elle est attachée. Modestine chérie, n’aie pas peur…
- Encore une plaisanterie comme ça et vous passez la nuit au poste, okay ? Venez.
Le deuxième douanier :
- Moi mes copines, je les préfère à deux pattes et avec moins de poils dessus !…
Le gros homme s’apprête à répliquer lorsqu’il aperçoit Loiseau :
- Monsieur ! Monsieur Loiseau ! Vous êtes là ! Venez s’il vous plaît ! Venez m’aider !
Il se rapproche. Et c’est le premier douanier qui s’adresse à lui :
- Vous connaissez cet homme ? Vous êtes qui ?
- Euh… je m’appelle Fred Loiseau, je suis détective, mais ça n’a rien à voir ! En fait je suis écrivain, et je cherche...
- Détective ? Presque un collègue… Qu’est-ce que vous savez de ce monsieur ?
- Euh... Pas grand-chose... A vrai dire rien.
- Comment ça « rien » ? Je vous ai raconté ma vie, je vous prenais pour un ami, je vous ai même invité, et… et voilà ?!
Loiseau commence à regretter d’avoir ronflé pendant la traversée.
Il demande :
- Qu’est-ce qui se passe avec cet homme ?
- Monsieur se balade avec une mygale et il prétend que c’est sa mascotte ! Très drôle ! C’est un trafic juteux ça, surtout s’il le fait plusieurs fois par mois comme il le dit lui-même. Vous savez, il y a pas mal d’amateurs aux States et en Europe pour ce genre d’animaux de compagnie.
- Vous ne le croyez pas ?
- Non ! Pas du tout même !
Fred Loiseau réfléchit à toute vitesse. Pas question de laisser passer un truc pareil. Il faut trouver quelque chose, vite. Toutes ses lectures de littérature policière défilent dans son esprit. Ces ouvrages sur la police scientifique, ces analyses auxquelles il n’a jamais rien compris… Soudain une idée !
Il enchaîne :
- Vous me permettez de lui parler une minute ?
Le fonctionnaire semble réfléchir, jette un coup d’œil à son collègue, soulève sa casquette, se passe une main dans les cheveux :
- Bon, allez-y, mais c’est bien parce que vous êtes détective.
Loiseau entraîne le gros Créole à quelques mètres :
- Puisque vous dites qu’on est amis et comme finalement je vous aime bien, j’ai une idée à vous proposer…
- Dites vite !
- Félicien, vous avez une belle situation et vous semblez de bonne foi. Suggérez à la douane de faire une analyse ADN de votre bestiole. Que vous paierez, bien entendu. Et chaque fois que vous referez le trajet Dominique-Gwada, vous faites pareil. Jusqu’à ce que tout le monde prenne l’habitude et qu’on vous fiche la paix. Ils ne peuvent pas refuser.
Félicien Jacques n’est pas bête. Il sait où est son intérêt.
Une demi-heure plus tard le prélèvement est fait. Le directeur commercial a signé une déclaration sur l’honneur, il est libéré mais tenu de soumettre sa chère Modestine à un nouvel examen express à chaque entrée-sortie du département. L’animal lui est restitué dans sa petite boîte. Félicien ne peut se retenir de serrer son nouvel ami dans ses bras. Ils se quittent à grands renforts de claques dans le dos.
Félicien Jacques démarre en trombe dans sa BM 5.20.
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Re: Projet d'édition 1 - Loiseau des îles
Loiseau peut aller à la rencontre de son copain Amédée qu’il aperçoit sur le parking, venu le chercher comme prévu. Sa vieille Toyota est soudée par la rouille, le pare-choc avant tient par miracle, le moteur fait un bruit de salle des machines.
Son cher Amédée. Que de souvenirs depuis les bancs de la maternelle ! Malgré des parcours différents, les deux compères ne se sont jamais perdus de vue. Loiseau se souvient avec plaisir et un brin de compassion des incessantes maladresses qui ont fait la réputation d’Amédée. Par exemple la fois où l’école primaire avait commencé à brûler parce que le gamin avait envoyé son ballon dans un conduit de cheminée. Ils avaient échappé à une récitation non apprise… Et quand, beaucoup plus tard, il avait roulé deux kilomètres avant qu’un policier ne l’arrête pour lui demander pourquoi il traînait un tronçon de tuyau de pompe à essence, bec enfoncé dans le réservoir…
Amédée est un éternel optimiste, jamais bouleversé par ses déboires fréquents, toujours souriant et débonnaire. C’est ce qui le sauve et le rend si sympathique.
Loiseau lui adresse des grands signes pour se faire reconnaître. Amédée le voit enfin.
- Eh ben ! T’étais passé où Fred ? Ca fait trois quarts d’heure que je te cherche ! T’avais coupé ton portable ?
- Salut vieux. Je crois que je tiens un sujet là ! lance Loiseau sans répondre. Tu vois : une journée de farniente à attendre pour rien et à quoi j’assiste en débarquant tout à l’heure ? À une histoire incroyable, un truc que j’aurais jamais pu imaginer !
- Raconte !
- Trafic de mygales ! C’est un truc à gagner le Goncourt ça, si c’est bien tourné !
Amédée sourit, et, pendant que Loiseau narre son « aventure », il prend le volant, fait une marche arrière, emboutit un caddy vide qu’il plie contre un lampadaire, passe la première, abandonne son pare-chocs arrière avec le chariot et parvient à stopper à trois centimètres de la barrière levante. Un ticket de parking ça présente quatre possibilités d’introduction dans une fente, c’est donc la quatrième qui est la bonne. La barrière se lève. Amédée avance et cale. Le bras rouge et blanc redescend, frappe le pare-brise, le fend et se casse net. La voie est libre. Amédée redémarre et prend la route de Baie-Mahault.
Fred Loiseau est plié de rire à la vue du faciès un peu crispé de son ami.
- Tu changeras pas mon vieux ! Toujours aussi marrant !
- Marrant ? Mouais, c’est vrai, c’est que du matériel !
- Ah ah ah ! Bon, tu m’as écouté au fait ?
- Oui, oui. Tu sais, y a tellement de trafics dans les Caraïbes… Mais tu pourrais avoir raison.
- Tu crois ? Ce serait trop beau, cette fois j'aurais trouvé un vrai motif à enquête ? Mais je manque d’éléments. Il m’a bassiné pendant tout le trajet et j’ai rien écouté !
« Si j’avais su, se dit Loiseau, j’aurais pas pioncé comme un loir ! D’ailleurs ça, je vais pas l’écrire… »
- Il m’a invité, je pense que je vais accepter. J’ai encore quelques jours de liberté, j’irai le voir demain, je vais lui téléphoner.
Rendez-vous pris, Fred Loiseau se présente le lendemain en fin de matinée devant un portail impressionnant flanqué d’un vidéo-portier. Un grésillement indique qu’il peut entrer. Une allée arborée de bougainvilliers mauves l’amène devant un porche encadré de hautes colonnades à la grecque. Un vrai palais dans un écrin de végétation luxuriante insoupçonnable depuis la route.
« Pour un directeur commercial, c’est pas mal, sacrée réussite ! » se dit notre Loiseau.
La grande porte aux vitres fumées s’ouvre sur un cerbère en livrée accompagné d’un molosse à muselière qui se précipite pour humer les mollets appétissants d’un Loiseau peu rassuré. A tout prendre son chat Perfide lui semble soudain d’une délicatesse remarquable avec ses coups de griffes gratuits…
- Entrez monsieur. Monsieur vous attend.
« Je vais jamais pouvoir écrire tout ça, c’est trop là, on se croirait dans un film de série B ! Faudra que je simplifie… Je connais même pas le nom de toutes ces fleurs, vais me renseigner… »
Dans l’entrée monumentale les murs sont habillés de cadres genre galerie d’ancêtres. Les ressemblances sont si frappantes qu’on pourrait croire que le poussah antillais s’est fait tirer le portrait à différentes époques pour s’inventer une glorieuse lignée… Le sol est de marbre, comme les balustres de la rampe du double escalier menant à l’étage.
L’air conditionné fait frissonner Loiseau qui regrette de ne porter que son bermuda et sa chemisette à fleurs.
Il est rassuré sur sa tenue lorsque paraît le maître des lieux, lui-même vêtu d’un short et d’un tee-shirt blancs. Sa bedaine semble encore plus monstrueuse sous le tissu tendu.
- Mon cher ami, ravi de vous revoir, vraiment. Sympa d’avoir accepté mon invitation. Venez, je vous fais faire le tour de mon « petit chez moi ».
Toujours exubérant, Félicien Jacques entraîne Fred Loiseau qui ouvre des yeux ronds devant le luxe des lieux visités. Même le garage lui est dévoilé. Y sont rangés bien sagement : un gros 4-4 BMW X5 « juste pour tracter le bateau, là, celui avec les deux moteurs de deux cents chevaux… », une 7.28 dci « faut bien aller à la concession tous les jours et à la plage de Saint-François le week-end… », enfin une modeste 5.25 cabriolet « pour que madame puisse rapporter les courses quand elle fait son marché elle-même. »
En plus d’abriter des véhicules haut de gamme, le garage est aménagé en atelier de mécanique avec râtelier d’outillage, fosse, pont élévateur… Dans un coin, un stock de batteries, des produits d’entretien, des dizaines de plaques d’immatriculation, un empilement de pneus neufs.
Sur l’arrière, près de la piscine à débordement, trois créatures de rêve. Loiseau cherche des yeux un photographe. « Gala, Voici, je sais pas moi, c’est pour un reportage de mode, c’est pas possible ! ». Félicien présente :
- Maëlys ma femme, et deux amies. Fred, un ami de Paris, très influent.
Un œil sur Maëlys, l’autre sur les deux amies, Loiseau est aux anges. On pourrait croire qu’elles ont joué à laquelle serait le moins vêtue… Il leur accorde l’égalité parfaite : cinq centimètres carrés en triangle chacune…
Mais l’ami Félicien est intarissable et entraîne son invité vers la terrasse, sous le grand store qui protège du soleil.
Étourdi par sa visite Loiseau n’écoute même plus le bavardage incessant de son hôte.
Tout suinte le fric. Il pense de plus en plus avoir raison : il y a anguille sous roche.
Il a très envie d’en avoir le cœur net. Mais comment faire ? Il a bien intégré l’agencement du bâtiment et au moment où Félicien lui demande ce qu’il veut boire, une idée lui vient :
- J’arrive tout de suite ! Je vais faire un tour aux toilettes, je les ai vues tout à l’heure. Et… je prendrais bien un ti-punch, merci !
- Parfait ! Je vous attends.
D’un pas décidé le détective entre dans le séjour, remonte le couloir principal, tourne à gauche, puis à droite. Et, au lieu d’aller aux toilettes, il pénètre dans le bureau repéré auparavant. Là il balaie du regard les rayonnages chargés de livres et de classeurs. Espérant que pour une fois son flair le guidera, il se saisit d’un gros ouvrage au dos bariolé : un précis d’entomologie. « Ouais, pas probant ». Les classeurs ne lui révèlent rien d’excitant non plus. Près d’abandonner sa fouille, il ouvre un tiroir du bureau et y découvre un fax. Une phrase sibylline, une signature illisible :
« Livraison ok, merci. Solde 30 k$ sur c/c Barbade prévu demain. NB : pour commande du 12, options 3 et 8 svp. A très bientôt ».
« Mais c’est daté d’hier ce fax ! Plus de trente mille dollars une mygale ?! J’y crois pas… »
Loiseau remet le papier en place. Il a les yeux brillants :
« Un gros poisson, énorme poisson ! Sur quoi j’ai mis le doigt moi ? Faut que j’en parle à Amédée, d’urgence… »
Rejoignant rapidement la terrasse où l’attend Félicien, il apparaît, plié en deux, l’air le plus gêné possible :
- Félicien, excusez-moi mais ça ne va pas du tout ! Je crois que j’ai une tourista carabinée, ou une gastro. Je dois vous quitter, vraiment désolé. Vous me pardonnez j’espère ?
- Mon pauvre ! Voilà ce qui arrive quand on boit de l’eau ! Et ces dames qui se faisaient une joie de faire votre connaissance ! Bien sûr, allez-y, je vous fais raccompagner, ce n’est que partie remise. Appelez-moi dès que ça ira mieux.
- Promis. Au revoir. Merci encore. Mes hommages à votre épouse.
Il veut faire un petit signe de politesse aux deux amies de la maîtresse de maison. Ce sont deux sourires éclatants accompagnés de clins d’œil complices qui lui répondent…
« J’ai raté un truc là… Et puis : pas glorieux le coup de la gastro… bah, ça aussi je l’arrangerai dans mon roman… »
Loiseau, très excité, quitte les lieux, saute dans sa voiture et rejoint le pavillon d’Amédée. Il lui raconte sa visite en détails et surtout sa découverte. Son ami l’écoute avec attention. Amédée ne porte pas la gent policière dans son cœur. Un vieux, très vieux souvenir de jeunesse lui commande d’éviter tout ce qui porte uniforme et galons. Par conséquent, aider à confondre un trafiquant supposé ne l’enchante guère. Pourtant il souhaite vivement rendre service à Fred dont c’est le métier de débusquer les malversations. Mais contre espèces sonnantes. Comment s’y prendre pour harmoniser moralité et train de vie ? Le compte-rendu de Fred est si précis que la combine lui semble évidente :
- Tu dis que tu as vu des plaques d’immatriculation dans le garage ? Décris-les moi un peu.
- Des dizaines en vrac, oui, toutes neuves, fond blanc, écriture rouge, et toujours les lettres TTA ou TTB au milieu des chiffres.
- Ben, c’est ça Fred ! Tu vois pas que tu as visé juste ? Rien à voir avec les mygales, ce type trafique les BM !
- T’es sûr ? Le fax parle de voitures alors ?
- Voilà ! Trente mille dols de reste à verser, et la prochaine commande avec deux options. S’il fait deux allers-retours par mois, avec chaque fois un gros cube, ça doit lui faire un beau bénéf. Non déclaré. Mais bon, c’est toi l’enquêteur non ?
- Ouais, je sais. Mais j’ai aucun pouvoir moi, aucune preuve, pas mandaté, rien !
Loiseau réfléchit tout bas à ce qu’il vient de dire tout haut : pas de preuves, d’accord, mais aucun pouvoir ? Vraiment ? Si ! Un pouvoir auquel il n’avait pas pensé… Après tout il pouvait bien profiter de cette occasion inespérée pour faire plaisir à son meilleur ami !
- Dis, Amédée, on pourrait aller lui rendre une petite visite nous deux, non ?
- Heu… Pour lui dire quoi ?
- Amédée ! T’as vu ta Toyota ? Ca te dirait rien une belle BM toute neuve ? Pour pas cher du tout ?…
De retour à Paris, Loiseau encaisse le changement de climat comme un coup de bottin sur le crâne : le temps glacial et venteux – c’est l’hiver dans trois jours – mais aussi la circulation, la pollution, le stress ambiant. Tout lui fait déjà regretter d’avoir laissé derrière lui un petit paradis de verdure de quelques kilomètres carrés. On apprécie d’autant mieux les choses quand on les a quittées.
Il commence par se rendre chez son amie Wanda. Perfide le chat l’accueille par des crachats d’affection bien sentis, preuve que son attachement à son maître ne s’est pas amoindri durant son absence… Non, finalement on n’apprécie pas plus une telle engeance, même après l’avoir quitté trois semaines…
La cartomancienne ayant lourdement insisté pour qu’il lui raconte son séjour, il a tergiversé. Puis s’est moqué :
- Quoi ! T’es voyante ou pas ? T’avais qu’à tirer les cartes !
- C’est ce que j’ai fait mon Fred, mais j’ai vu que cette phrase : « N’oublie pas les concessions car B aime V… »
Fred pouffe. Wanda se renfrogne :
- C’est ce que j’ai lu Fred. J’y comprends rien mais c’est ce que j’ai vu…
- Laisse tomber Wanda ! Moi je pige et je te le dis : t’es bien la meilleure ! Mais… dis, t’aurais pas eu un coup de fil d’Amédée toi par hasard ? Allez, je repasse la semaine prochaine, merci d’avoir gardé le fauve.
C’est idiot, mais Loiseau se sent tout ragaillardi par cette drôle de conclusion.
Il se décide à embarquer Perfide dans sa cage, le prix à payer pour y parvenir étant quatre longues balafres sur l’avant-bras.
Il réintègre son petit appartement toujours aussi mal rangé.
Vidant sa valise, il en extrait la bouteille de rhum blanc offerte par Amédée, ouvre une boîte de jus de maracujas, sort des glaçons et se prépare un cocktail « comme là bas ». Hélas, le contexte a bien changé, Paris n’est pas Pointe-à-Pitre, et le planteur ne ressemble en rien à celui des Antilles.
« Faudra que je goûte celui du Trompe-L’Œil, mon bistrot d’en bas, je suis sûr qu’il est meilleur… ».
Mais Loiseau n’a guère envie de s’attarder sur l’étude comparée des réactions chimiques d’éléments identiques selon qu’ils sont mélangés au niveau du quarante-huitième parallèle ou de celui de l’équateur.
Il repense à son copain Amédée.
Et à cette affaire. Son affaire. LEUR affaire.
Lorsqu‘ils sont allés sonner chez Félicien Jacques, celui-ci était sorti. C’est Maëlys qui les a reçus. Reconnaissant Loiseau, elle a emmené les deux hommes sur la terrasse pour les faire attendre. Les deux naïades de la dernière fois étaient là, langoureusement étendues sous un parasol au bord de la piscine. La conversation s’est amorcée d’autant plus facilement que le ti-punch était parfait. Lorsque Félicien est rentré, Loiseau lui a présenté Amédée qui a voulu l’entreprendre aussitôt de manière assez gauche, l’esprit un peu embrumé :
- Monsieur Jacques, on est au courant de vos trafics…
Lui coupant la parole, Loiseau lui a saisi aussitôt le bras et entraîné également Félicien à l’intérieur de l’habitation. S’en est suivie une conversation à trois, brève mais efficace. La soirée s’est poursuivie sur la terrasse, chacun ayant trouvé sa chacune, puis à l’extérieur, jusque tard, très tard cette nuit là.
Deux jours après, Amédée pilotait fièrement une BMW série 6 rutilante, plaques neuves. Quant à Loiseau, il avait en poche son billet retour en classe Affaires et de quoi voir venir pendant six mois…
Fred Loiseau regarde son reflet dans la vitre de sa bibliothèque, l’œil droit encore moins droit que d’habitude :
« Oui : LA belle affaire, pas racontable, mais au moins Amédée roule en BM. Non, je peux pas la raconter, et envoyer mon pote en prison. Je la dirai peut-être à Wanda. Quelle poisse ! Jamais, jamais j’y arriverai. »
.
.
Son cher Amédée. Que de souvenirs depuis les bancs de la maternelle ! Malgré des parcours différents, les deux compères ne se sont jamais perdus de vue. Loiseau se souvient avec plaisir et un brin de compassion des incessantes maladresses qui ont fait la réputation d’Amédée. Par exemple la fois où l’école primaire avait commencé à brûler parce que le gamin avait envoyé son ballon dans un conduit de cheminée. Ils avaient échappé à une récitation non apprise… Et quand, beaucoup plus tard, il avait roulé deux kilomètres avant qu’un policier ne l’arrête pour lui demander pourquoi il traînait un tronçon de tuyau de pompe à essence, bec enfoncé dans le réservoir…
Amédée est un éternel optimiste, jamais bouleversé par ses déboires fréquents, toujours souriant et débonnaire. C’est ce qui le sauve et le rend si sympathique.
Loiseau lui adresse des grands signes pour se faire reconnaître. Amédée le voit enfin.
- Eh ben ! T’étais passé où Fred ? Ca fait trois quarts d’heure que je te cherche ! T’avais coupé ton portable ?
- Salut vieux. Je crois que je tiens un sujet là ! lance Loiseau sans répondre. Tu vois : une journée de farniente à attendre pour rien et à quoi j’assiste en débarquant tout à l’heure ? À une histoire incroyable, un truc que j’aurais jamais pu imaginer !
- Raconte !
- Trafic de mygales ! C’est un truc à gagner le Goncourt ça, si c’est bien tourné !
Amédée sourit, et, pendant que Loiseau narre son « aventure », il prend le volant, fait une marche arrière, emboutit un caddy vide qu’il plie contre un lampadaire, passe la première, abandonne son pare-chocs arrière avec le chariot et parvient à stopper à trois centimètres de la barrière levante. Un ticket de parking ça présente quatre possibilités d’introduction dans une fente, c’est donc la quatrième qui est la bonne. La barrière se lève. Amédée avance et cale. Le bras rouge et blanc redescend, frappe le pare-brise, le fend et se casse net. La voie est libre. Amédée redémarre et prend la route de Baie-Mahault.
Fred Loiseau est plié de rire à la vue du faciès un peu crispé de son ami.
- Tu changeras pas mon vieux ! Toujours aussi marrant !
- Marrant ? Mouais, c’est vrai, c’est que du matériel !
- Ah ah ah ! Bon, tu m’as écouté au fait ?
- Oui, oui. Tu sais, y a tellement de trafics dans les Caraïbes… Mais tu pourrais avoir raison.
- Tu crois ? Ce serait trop beau, cette fois j'aurais trouvé un vrai motif à enquête ? Mais je manque d’éléments. Il m’a bassiné pendant tout le trajet et j’ai rien écouté !
« Si j’avais su, se dit Loiseau, j’aurais pas pioncé comme un loir ! D’ailleurs ça, je vais pas l’écrire… »
- Il m’a invité, je pense que je vais accepter. J’ai encore quelques jours de liberté, j’irai le voir demain, je vais lui téléphoner.
Rendez-vous pris, Fred Loiseau se présente le lendemain en fin de matinée devant un portail impressionnant flanqué d’un vidéo-portier. Un grésillement indique qu’il peut entrer. Une allée arborée de bougainvilliers mauves l’amène devant un porche encadré de hautes colonnades à la grecque. Un vrai palais dans un écrin de végétation luxuriante insoupçonnable depuis la route.
« Pour un directeur commercial, c’est pas mal, sacrée réussite ! » se dit notre Loiseau.
La grande porte aux vitres fumées s’ouvre sur un cerbère en livrée accompagné d’un molosse à muselière qui se précipite pour humer les mollets appétissants d’un Loiseau peu rassuré. A tout prendre son chat Perfide lui semble soudain d’une délicatesse remarquable avec ses coups de griffes gratuits…
- Entrez monsieur. Monsieur vous attend.
« Je vais jamais pouvoir écrire tout ça, c’est trop là, on se croirait dans un film de série B ! Faudra que je simplifie… Je connais même pas le nom de toutes ces fleurs, vais me renseigner… »
Dans l’entrée monumentale les murs sont habillés de cadres genre galerie d’ancêtres. Les ressemblances sont si frappantes qu’on pourrait croire que le poussah antillais s’est fait tirer le portrait à différentes époques pour s’inventer une glorieuse lignée… Le sol est de marbre, comme les balustres de la rampe du double escalier menant à l’étage.
L’air conditionné fait frissonner Loiseau qui regrette de ne porter que son bermuda et sa chemisette à fleurs.
Il est rassuré sur sa tenue lorsque paraît le maître des lieux, lui-même vêtu d’un short et d’un tee-shirt blancs. Sa bedaine semble encore plus monstrueuse sous le tissu tendu.
- Mon cher ami, ravi de vous revoir, vraiment. Sympa d’avoir accepté mon invitation. Venez, je vous fais faire le tour de mon « petit chez moi ».
Toujours exubérant, Félicien Jacques entraîne Fred Loiseau qui ouvre des yeux ronds devant le luxe des lieux visités. Même le garage lui est dévoilé. Y sont rangés bien sagement : un gros 4-4 BMW X5 « juste pour tracter le bateau, là, celui avec les deux moteurs de deux cents chevaux… », une 7.28 dci « faut bien aller à la concession tous les jours et à la plage de Saint-François le week-end… », enfin une modeste 5.25 cabriolet « pour que madame puisse rapporter les courses quand elle fait son marché elle-même. »
En plus d’abriter des véhicules haut de gamme, le garage est aménagé en atelier de mécanique avec râtelier d’outillage, fosse, pont élévateur… Dans un coin, un stock de batteries, des produits d’entretien, des dizaines de plaques d’immatriculation, un empilement de pneus neufs.
Sur l’arrière, près de la piscine à débordement, trois créatures de rêve. Loiseau cherche des yeux un photographe. « Gala, Voici, je sais pas moi, c’est pour un reportage de mode, c’est pas possible ! ». Félicien présente :
- Maëlys ma femme, et deux amies. Fred, un ami de Paris, très influent.
Un œil sur Maëlys, l’autre sur les deux amies, Loiseau est aux anges. On pourrait croire qu’elles ont joué à laquelle serait le moins vêtue… Il leur accorde l’égalité parfaite : cinq centimètres carrés en triangle chacune…
Mais l’ami Félicien est intarissable et entraîne son invité vers la terrasse, sous le grand store qui protège du soleil.
Étourdi par sa visite Loiseau n’écoute même plus le bavardage incessant de son hôte.
Tout suinte le fric. Il pense de plus en plus avoir raison : il y a anguille sous roche.
Il a très envie d’en avoir le cœur net. Mais comment faire ? Il a bien intégré l’agencement du bâtiment et au moment où Félicien lui demande ce qu’il veut boire, une idée lui vient :
- J’arrive tout de suite ! Je vais faire un tour aux toilettes, je les ai vues tout à l’heure. Et… je prendrais bien un ti-punch, merci !
- Parfait ! Je vous attends.
D’un pas décidé le détective entre dans le séjour, remonte le couloir principal, tourne à gauche, puis à droite. Et, au lieu d’aller aux toilettes, il pénètre dans le bureau repéré auparavant. Là il balaie du regard les rayonnages chargés de livres et de classeurs. Espérant que pour une fois son flair le guidera, il se saisit d’un gros ouvrage au dos bariolé : un précis d’entomologie. « Ouais, pas probant ». Les classeurs ne lui révèlent rien d’excitant non plus. Près d’abandonner sa fouille, il ouvre un tiroir du bureau et y découvre un fax. Une phrase sibylline, une signature illisible :
« Livraison ok, merci. Solde 30 k$ sur c/c Barbade prévu demain. NB : pour commande du 12, options 3 et 8 svp. A très bientôt ».
« Mais c’est daté d’hier ce fax ! Plus de trente mille dollars une mygale ?! J’y crois pas… »
Loiseau remet le papier en place. Il a les yeux brillants :
« Un gros poisson, énorme poisson ! Sur quoi j’ai mis le doigt moi ? Faut que j’en parle à Amédée, d’urgence… »
Rejoignant rapidement la terrasse où l’attend Félicien, il apparaît, plié en deux, l’air le plus gêné possible :
- Félicien, excusez-moi mais ça ne va pas du tout ! Je crois que j’ai une tourista carabinée, ou une gastro. Je dois vous quitter, vraiment désolé. Vous me pardonnez j’espère ?
- Mon pauvre ! Voilà ce qui arrive quand on boit de l’eau ! Et ces dames qui se faisaient une joie de faire votre connaissance ! Bien sûr, allez-y, je vous fais raccompagner, ce n’est que partie remise. Appelez-moi dès que ça ira mieux.
- Promis. Au revoir. Merci encore. Mes hommages à votre épouse.
Il veut faire un petit signe de politesse aux deux amies de la maîtresse de maison. Ce sont deux sourires éclatants accompagnés de clins d’œil complices qui lui répondent…
« J’ai raté un truc là… Et puis : pas glorieux le coup de la gastro… bah, ça aussi je l’arrangerai dans mon roman… »
Loiseau, très excité, quitte les lieux, saute dans sa voiture et rejoint le pavillon d’Amédée. Il lui raconte sa visite en détails et surtout sa découverte. Son ami l’écoute avec attention. Amédée ne porte pas la gent policière dans son cœur. Un vieux, très vieux souvenir de jeunesse lui commande d’éviter tout ce qui porte uniforme et galons. Par conséquent, aider à confondre un trafiquant supposé ne l’enchante guère. Pourtant il souhaite vivement rendre service à Fred dont c’est le métier de débusquer les malversations. Mais contre espèces sonnantes. Comment s’y prendre pour harmoniser moralité et train de vie ? Le compte-rendu de Fred est si précis que la combine lui semble évidente :
- Tu dis que tu as vu des plaques d’immatriculation dans le garage ? Décris-les moi un peu.
- Des dizaines en vrac, oui, toutes neuves, fond blanc, écriture rouge, et toujours les lettres TTA ou TTB au milieu des chiffres.
- Ben, c’est ça Fred ! Tu vois pas que tu as visé juste ? Rien à voir avec les mygales, ce type trafique les BM !
- T’es sûr ? Le fax parle de voitures alors ?
- Voilà ! Trente mille dols de reste à verser, et la prochaine commande avec deux options. S’il fait deux allers-retours par mois, avec chaque fois un gros cube, ça doit lui faire un beau bénéf. Non déclaré. Mais bon, c’est toi l’enquêteur non ?
- Ouais, je sais. Mais j’ai aucun pouvoir moi, aucune preuve, pas mandaté, rien !
Loiseau réfléchit tout bas à ce qu’il vient de dire tout haut : pas de preuves, d’accord, mais aucun pouvoir ? Vraiment ? Si ! Un pouvoir auquel il n’avait pas pensé… Après tout il pouvait bien profiter de cette occasion inespérée pour faire plaisir à son meilleur ami !
- Dis, Amédée, on pourrait aller lui rendre une petite visite nous deux, non ?
- Heu… Pour lui dire quoi ?
- Amédée ! T’as vu ta Toyota ? Ca te dirait rien une belle BM toute neuve ? Pour pas cher du tout ?…
De retour à Paris, Loiseau encaisse le changement de climat comme un coup de bottin sur le crâne : le temps glacial et venteux – c’est l’hiver dans trois jours – mais aussi la circulation, la pollution, le stress ambiant. Tout lui fait déjà regretter d’avoir laissé derrière lui un petit paradis de verdure de quelques kilomètres carrés. On apprécie d’autant mieux les choses quand on les a quittées.
Il commence par se rendre chez son amie Wanda. Perfide le chat l’accueille par des crachats d’affection bien sentis, preuve que son attachement à son maître ne s’est pas amoindri durant son absence… Non, finalement on n’apprécie pas plus une telle engeance, même après l’avoir quitté trois semaines…
La cartomancienne ayant lourdement insisté pour qu’il lui raconte son séjour, il a tergiversé. Puis s’est moqué :
- Quoi ! T’es voyante ou pas ? T’avais qu’à tirer les cartes !
- C’est ce que j’ai fait mon Fred, mais j’ai vu que cette phrase : « N’oublie pas les concessions car B aime V… »
Fred pouffe. Wanda se renfrogne :
- C’est ce que j’ai lu Fred. J’y comprends rien mais c’est ce que j’ai vu…
- Laisse tomber Wanda ! Moi je pige et je te le dis : t’es bien la meilleure ! Mais… dis, t’aurais pas eu un coup de fil d’Amédée toi par hasard ? Allez, je repasse la semaine prochaine, merci d’avoir gardé le fauve.
C’est idiot, mais Loiseau se sent tout ragaillardi par cette drôle de conclusion.
Il se décide à embarquer Perfide dans sa cage, le prix à payer pour y parvenir étant quatre longues balafres sur l’avant-bras.
Il réintègre son petit appartement toujours aussi mal rangé.
Vidant sa valise, il en extrait la bouteille de rhum blanc offerte par Amédée, ouvre une boîte de jus de maracujas, sort des glaçons et se prépare un cocktail « comme là bas ». Hélas, le contexte a bien changé, Paris n’est pas Pointe-à-Pitre, et le planteur ne ressemble en rien à celui des Antilles.
« Faudra que je goûte celui du Trompe-L’Œil, mon bistrot d’en bas, je suis sûr qu’il est meilleur… ».
Mais Loiseau n’a guère envie de s’attarder sur l’étude comparée des réactions chimiques d’éléments identiques selon qu’ils sont mélangés au niveau du quarante-huitième parallèle ou de celui de l’équateur.
Il repense à son copain Amédée.
Et à cette affaire. Son affaire. LEUR affaire.
Lorsqu‘ils sont allés sonner chez Félicien Jacques, celui-ci était sorti. C’est Maëlys qui les a reçus. Reconnaissant Loiseau, elle a emmené les deux hommes sur la terrasse pour les faire attendre. Les deux naïades de la dernière fois étaient là, langoureusement étendues sous un parasol au bord de la piscine. La conversation s’est amorcée d’autant plus facilement que le ti-punch était parfait. Lorsque Félicien est rentré, Loiseau lui a présenté Amédée qui a voulu l’entreprendre aussitôt de manière assez gauche, l’esprit un peu embrumé :
- Monsieur Jacques, on est au courant de vos trafics…
Lui coupant la parole, Loiseau lui a saisi aussitôt le bras et entraîné également Félicien à l’intérieur de l’habitation. S’en est suivie une conversation à trois, brève mais efficace. La soirée s’est poursuivie sur la terrasse, chacun ayant trouvé sa chacune, puis à l’extérieur, jusque tard, très tard cette nuit là.
Deux jours après, Amédée pilotait fièrement une BMW série 6 rutilante, plaques neuves. Quant à Loiseau, il avait en poche son billet retour en classe Affaires et de quoi voir venir pendant six mois…
Fred Loiseau regarde son reflet dans la vitre de sa bibliothèque, l’œil droit encore moins droit que d’habitude :
« Oui : LA belle affaire, pas racontable, mais au moins Amédée roule en BM. Non, je peux pas la raconter, et envoyer mon pote en prison. Je la dirai peut-être à Wanda. Quelle poisse ! Jamais, jamais j’y arriverai. »
.
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Re: Projet d'édition 1 - Loiseau des îles
mentor, dans la mesure où vous aviez demandé le verrouillage de ce sujet, je ne sais pas si vous acceptez ou non que je repasse dessus sous l'angle typographique. Je ne voudrais pas risquer une nouvelle polémique entre nous, aussi dites-moi si vous souhaitez ou non mes remarques ; je ne serai vexée dans aucun cas, il s'agit de votre liberté d'auteur...
Invité- Invité
Re: Projet d'édition 1 - Loiseau des îles
L'essentiel de mes remarques concerne les caractères d'introduction de répliques dans les dialogues :
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Félicien JACQUES
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Fred LOISEAU
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Rendez-moi Modestine
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Du calme monsieur
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Oui, une mygale
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Encore une plaisanterie comme ça
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Moi mes copines
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Monsieur ! Monsieur Loiseau
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Vous connaissez cet homme
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Euh… je m’appelle Fred Loiseau
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Détective ? Presque un collègue
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Euh... Pas grand-chose
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Comment ça « rien » ?
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Qu’est-ce qui se passe avec cet homme
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Monsieur se balade avec une mygale
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Vous ne le croyez pas
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Non ! Pas du tout même
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Vous me permettez
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Bon, allez-y,
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Puisque vous dites qu’on est amis
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Dites vite !
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Félicien, vous avez une belle situation
Suggérez à la douane de faire une analyse ADN de votre bestiole. Que vous paierez, bien entendu. Et chaque fois que vous referez le trajet Dominique-Gwada, vous faites pareil : la répétition se voit, je trouve
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Eh ben ! T’étais passé où Fred ? Ça fait trois quarts d’heure
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Salut vieux.
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Raconte !
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Trafic de mygales
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Tu changeras pas mon vieux
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Marrant ? Mouais
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Ah ah ah
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Oui, oui.
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Tu crois ? Ce serait trop beau
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Il m’a invité,
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Entrez monsieur
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Mon cher ami,
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Maëlys ma femme
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) J’arrive tout de suite
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Parfait !
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Félicien, excusez-moi
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Mon pauvre !
ces dames qui se faisaient une joie de faire votre connaissance
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Promis. Au revoir
Il lui raconte sa visite en détail (et non « détails », je crois bien)
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Tu dis que tu as vu des plaques d’immatriculation
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Des dizaines en vrac
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Ben, c’est ça Fred !
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) T’es sûr ? Le fax parle de voitures
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Voilà ! Trente mille dols de reste à verser
S’il fait deux aller-retour (et non « allers-retours », à vérifier éventuellement, mais une recherche rapide semble le confirmer)
ça doit lui faire un beau bénef
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Ouais, je sais
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Dis, Amédée, on pourrait aller lui rendre
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Heu… Pour lui dire quoi ?
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Amédée ! T’as vu ta Toyota ? Ça te dirait rien
on n’apprécie pas plus une telle engeance, même après l’avoir quittée trois semaines
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Quoi ! T’es voyante ou pas ?
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) C’est ce que j’ai fait mon Fred
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) C’est ce que j’ai lu Fred
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Laisse tomber Wanda !
comme là-bas
Paris n’est pas Pointe-à-Pitre : en début de texte, le nom de la ville ne comporte pas de trait d’union ; je ne sais pas quelle est l’orthographe correcte
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Monsieur Jacques, on est au courant de vos trafics
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Félicien JACQUES
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Fred LOISEAU
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Rendez-moi Modestine
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Du calme monsieur
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Oui, une mygale
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Encore une plaisanterie comme ça
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Moi mes copines
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Monsieur ! Monsieur Loiseau
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Vous connaissez cet homme
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Euh… je m’appelle Fred Loiseau
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Détective ? Presque un collègue
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Euh... Pas grand-chose
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Comment ça « rien » ?
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Qu’est-ce qui se passe avec cet homme
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Monsieur se balade avec une mygale
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Vous ne le croyez pas
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Non ! Pas du tout même
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Vous me permettez
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Bon, allez-y,
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Puisque vous dites qu’on est amis
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Dites vite !
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Félicien, vous avez une belle situation
Suggérez à la douane de faire une analyse ADN de votre bestiole. Que vous paierez, bien entendu. Et chaque fois que vous referez le trajet Dominique-Gwada, vous faites pareil : la répétition se voit, je trouve
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Eh ben ! T’étais passé où Fred ? Ça fait trois quarts d’heure
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Salut vieux.
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Raconte !
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Trafic de mygales
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Tu changeras pas mon vieux
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Marrant ? Mouais
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Ah ah ah
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Oui, oui.
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Tu crois ? Ce serait trop beau
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Il m’a invité,
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Entrez monsieur
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Mon cher ami,
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Maëlys ma femme
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) J’arrive tout de suite
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Parfait !
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Félicien, excusez-moi
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Mon pauvre !
ces dames qui se faisaient une joie de faire votre connaissance
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Promis. Au revoir
Il lui raconte sa visite en détail (et non « détails », je crois bien)
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Tu dis que tu as vu des plaques d’immatriculation
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Des dizaines en vrac
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Ben, c’est ça Fred !
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) T’es sûr ? Le fax parle de voitures
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Voilà ! Trente mille dols de reste à verser
S’il fait deux aller-retour (et non « allers-retours », à vérifier éventuellement, mais une recherche rapide semble le confirmer)
ça doit lui faire un beau bénef
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Ouais, je sais
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Dis, Amédée, on pourrait aller lui rendre
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Heu… Pour lui dire quoi ?
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Amédée ! T’as vu ta Toyota ? Ça te dirait rien
on n’apprécie pas plus une telle engeance, même après l’avoir quittée trois semaines
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Quoi ! T’es voyante ou pas ?
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) C’est ce que j’ai fait mon Fred
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) C’est ce que j’ai lu Fred
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Laisse tomber Wanda !
comme là-bas
Paris n’est pas Pointe-à-Pitre : en début de texte, le nom de la ville ne comporte pas de trait d’union ; je ne sais pas quelle est l’orthographe correcte
— (cadratin d’introduction de réplique – typographie) Monsieur Jacques, on est au courant de vos trafics
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