Escale

Regard contre-plongée
De nos ports indolents
Sur un navire ventru
Qui emporte à son flanc
D’improbables voyages
Et de verts continents,
Cartographies marines.

Quel charme tout-puissant,
Quel sombre enchantement
Furent-ils prononcés
Devant l’acier pesant
Pour le glisser, léger,
Sur l’onde épanouie ?

Dans l’ombre saturée
Des vapeurs pétrolières,
S’ourdit le rêve blanc
D’un abîme frôlé,
Vent debout, cœur battant.
Il sait les alizés,
Les îles et l’océan,
L’insondable mystère
Des mondes silencieux.

Sous l’immonde clapot,
Hypocrite et visqueux,
Se noit sa gloire hautaine
Aux songes délicieux

oups : avant dernier vers "se noie"

J'ai du mal à réconcilier la lourdeur, le côté trapu du navire :

Sur un navire ventru
Qui emporte à son flanc
D’improbables voyages
Et de verts continents,
Cartographies marines.

avec la légèreté, la grâce que j'attribuerais plutôt à un voilier :

S’ourdit le rêve blanc
D’un abîme frôlé,
Vent debout, cœur battant.
Il sait les alizés,
Les îles et l’océan,
L’insondable mystère
Des mondes silencieux.

Mais comme je suis nulle en marine, je me laisserais facilement convaincre que l'alliance est possible.
De toute façon, je l'ai bien aimé ce texte, j'ai aimé les vers courts qui ne s'appesantissent pas, ne s'attardent pas, j'ai aimé le voyage qui nous est promis, une bouffée d'air salin bienvenue !

je ressens un peu un trouble. Les juxtapositions sont nombreuses , tels ses alizés bientôt silencieux. Un beau texte, avec, sans nul doute, le contraste réglé un cran de trop au dessus.

J'ai l'impression d'avoir croisé un gros navire ventru, à l'acier lours, rêvant d'être un voilier, blanc et léger...
"Sous l’immonde clapot,
Hypocrite et visqueux,
Se noit sa gloire hautaine
Aux songes délicieux"
Je trouve ce poème intéressant et beau. Très beau.

Pstt, Embellie, je sais que tu vas rarement sur le fil de discussions, alors je me permets de te dire ici comme j'aime la finesse de la sculpture sur ton avatar.

J'aime beaucoup mais... j'ai un goût d'inachevé dans la bouche, comme si il manquait deux ou trois vers pour boucler la boucle de ce voyage auquel tu nous convies. Peut-être est-ce dû au fait que j'ai aimé te lire, tout simplement et que l'invitation a bien fonctionné en ce qui me concerne.
Peut-être est-ce dû aussi à une certaine amertume que je sens poindre au gré des lignes et qui ne parvient pourtant pas totalement à s'exprimer.
Un peu des deux sans doute mais ça ne m'empêche pas d'apprécier, je le répète.

En fait, en relisant, je me dis qu'il manque une transition entre le fait qu'il sache l'océan et les mondes souterrains puis qu'il noie sa gloire hautaine. Le contraste entre la fierté et la vanité stérile est un peu trop abrupt, un glissement entre les deux serait peut-être le bienvenu.