Deux fois seulement

À partir de "Les fleurs au fond de ma trachée !", j'adore absolument. Avant, non, je trouve le début raide, avec quelque chose de convenu, sauf ce superbe "Mon cœur balbutie, deux fois.", qui m'a beaucoup touchée.

Les fleurs au fond de ma trachée ! Les fleurs sur ton corps et la main dans ma main, cela brûle ! Courons voir dehors le brouillard qui s'étend, courons bouffer à deux les fausses auréoles, courons voir dehors la souillure qui s'éteint.

L'écran à l'horizon a perdu de son teint. Je pense à tous les ciels jetés dans l'huile épaisse, à chaque cargaison coincée entre les houles, aux soleils autarciques perdus dans la cuvette.

Magnifique ! Des images puissantes qui bousculent ce voyage voué à l'échec, à la souillure. C'est pathétique et douloureusement beau.
Les alexandrins qui glissent leur rythme majestueux dans cette houle n'y sont sans doute pas étrangers, les jeux sur les sonorités non plus !


Courons voir dehors le brouillard qui s'étend,
courons voir dehors la souillure qui s'éteint.

J'aime bien ce jeu-là aussi quand il n'est pas gratuit et renforce l'image, comme ici.

Le reste me parle moins ... Peut-être un peu trop de Je

Tiens pour ma part je pense l'inverse de Socque, j'ai préféré la première partie. La deuxième est magnifique aussi, mais une légère préférence pour la première.

La colère, c'est un peu de raison sur un visage froid.

Beaucoup aimé la première partie, en particulier la justesse des descriptions, ici précisément, parce que je les vois en mouvement ces mains, elle me rappellent quelqu'un de cher :

ma main droite balancée par les fantômes de mes amours mortes, ma main gauche ratissant les souvenirs qui me reviennent comme des feuilles corrompues.

Mention spéciale au "taudis humain", à "Ma huée solitaire" et à"Mon cœur balbutie, deux fois." Oh, et à l'absence de colère.

Le reste est pour moi plus attendu, enfin je veux dire ça ressemble à du lu-k. C'est superbe, bien sûr mais "L'écran à l'horizon a perdu de son teint. Je pense à tous les ciels jetés dans l'huile épaisse, à chaque cargaison coincée entre les houles, aux soleils autarciques perdus dans la cuvette. Les pleurs, plus profonds que le temps, plongent dans les méandres insalubres de l'oubli jusqu'à la substantifique moelle de l'extase." porte indéniablement ta signature.

La phrase finale est renversante, et le choix du "des" ("des enfants") subtil et intelligent.

C'est superbe luk, vraiment, tant dans le choix des images que dans ta manière de les décliner, avec force et lenteur, de manière visuelle, presque palpable. J'apprécie le fait que tu n'aies pas surchargé l'ensemble par des descriptions ou adjectifs à foison; ici, ça parle tout seul et c'est très bien ainsi, avec une tension qui va crescendo.