Art poétique
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Art poétique
Art poétique
L’Etre des choses est langage
Et le Poète l’institue
Et le fonde mais non comme de l’oiseau le ramage
Son parler est chant composé à l’état pur
Les pommes de Cézanne, ses décors, ses visages
Parlent par ombres colorées et par d’intimes reflets
Mais les poèmes n’ont ni couleur ni saveur comme les fruits veloutés
Si ce n’est celles que leur donne la chair des mots
Avec leurs sonorités sombres ou claires, atones ou accentuées
Qui tissent entre elles un réseau d’échos
Mais lorsque je lis en silence, j’écoute sans voix
Seulement un rythme, des rimes, une mélodie en sourdine
Lorsque je ne lève pas les yeux, je ne distingue et ne conçois
Que des images ou des idées vues par la pensée
Et non perçues par les sens
Donc la présence
Concrète du monde, sa corporéité
Son épaisseur est abolie en poésie
Seule son essence est recueillie
Or celle-ci pour apparaître a besoin que le Poète l’évoque
Le poème est appel à la présence du monde et la convoque
Le rythme comme une chanson scandée
Les métaphores comme une vision illuminée
Ont un pouvoir hallucinogène comme la mer, comme la grève
Qui est le reflet de la nature picturale du rêve
Dans le feu du Soleil et de la Lune
Cette vertu auditive fait entendre la musique lointaine de l’Origine
Parcourant l’espace à la vitesse de la lumière diurne
Résonance de l’harmonie primitive et divine
Vibrant et résonnant comme la corde du coeur
Comme les accords funèbres d’un chant de Mahler
La mélancolie des lieder de Schubert
La poésie lunaire d’un nocturne de Fauré
La solennité des Passions de Bach
Les arpèges brillants d’une sonate de Mozart
La musicalité du poème est le chœur des Anges
Le poème est le chant des mésanges
Qui trace des sillons dans la terre
Comme les pas du Paysan
Qui glane les épis du Temps
Ce qui demeure dans la clairière
La poésie met l’âme à l’unisson des sphères
Naissant d’une méditative approche
La parole nous est plus proche
Que toutes les choses familières
Elle cueille la Rose de pourpre et d’or
Qui éclôt dans un clair obscur
Elle est l’ultime refuge de l’Aurore
Qui s’est éclipsée du ciel vide et noir
Dans la tombée du soir
Qui est l’aube de notre futur
L’Être est le pur Rien
Dont la lumière aveuglante et sombre
Brille au cœur des choses les plus humbles
Comme dans une peinture de Chardin
D’où émane cette clairière ?
De l’omniprésente Nature qui est première
Elle est ce mystère
Cette énigme que le Poète sauvegarde
Comme le soleil qui darde
Ses rayons de rousse bière
Mais qu’on ne peut regarder en face
Les mots du poème se transsubstantient en présence réelle
Dont le Temps efface la trace
Ils sont comme le pain et le vin idéels
Qui se chargent d’incantation dans l’eucharistie
Ils donnent corps à l’inapparent, à l’inouï
Cette présence de l’Invisible que l’ombre menace
S’inscrit dans le poème comme une altérité
Qui possède le degré de réalité le plus élevé
Inaugure un autre Temps, un autre Espace
Elle est l’irruption d’une dimension tout autre au sein du quotidien morose
Le poème est mémoire du Sacré
Recèle l’or des éclairs et du blé
Et la pourpre du sang et de la Rose
La parole jette encore quelques feux éteints
Dans le monde contemporain
Mais ces signes discrets
Ne font qu’effleurer le Secret
Claire d'Orée
L’Etre des choses est langage
Et le Poète l’institue
Et le fonde mais non comme de l’oiseau le ramage
Son parler est chant composé à l’état pur
Les pommes de Cézanne, ses décors, ses visages
Parlent par ombres colorées et par d’intimes reflets
Mais les poèmes n’ont ni couleur ni saveur comme les fruits veloutés
Si ce n’est celles que leur donne la chair des mots
Avec leurs sonorités sombres ou claires, atones ou accentuées
Qui tissent entre elles un réseau d’échos
Mais lorsque je lis en silence, j’écoute sans voix
Seulement un rythme, des rimes, une mélodie en sourdine
Lorsque je ne lève pas les yeux, je ne distingue et ne conçois
Que des images ou des idées vues par la pensée
Et non perçues par les sens
Donc la présence
Concrète du monde, sa corporéité
Son épaisseur est abolie en poésie
Seule son essence est recueillie
Or celle-ci pour apparaître a besoin que le Poète l’évoque
Le poème est appel à la présence du monde et la convoque
Le rythme comme une chanson scandée
Les métaphores comme une vision illuminée
Ont un pouvoir hallucinogène comme la mer, comme la grève
Qui est le reflet de la nature picturale du rêve
Dans le feu du Soleil et de la Lune
Cette vertu auditive fait entendre la musique lointaine de l’Origine
Parcourant l’espace à la vitesse de la lumière diurne
Résonance de l’harmonie primitive et divine
Vibrant et résonnant comme la corde du coeur
Comme les accords funèbres d’un chant de Mahler
La mélancolie des lieder de Schubert
La poésie lunaire d’un nocturne de Fauré
La solennité des Passions de Bach
Les arpèges brillants d’une sonate de Mozart
La musicalité du poème est le chœur des Anges
Le poème est le chant des mésanges
Qui trace des sillons dans la terre
Comme les pas du Paysan
Qui glane les épis du Temps
Ce qui demeure dans la clairière
La poésie met l’âme à l’unisson des sphères
Naissant d’une méditative approche
La parole nous est plus proche
Que toutes les choses familières
Elle cueille la Rose de pourpre et d’or
Qui éclôt dans un clair obscur
Elle est l’ultime refuge de l’Aurore
Qui s’est éclipsée du ciel vide et noir
Dans la tombée du soir
Qui est l’aube de notre futur
L’Être est le pur Rien
Dont la lumière aveuglante et sombre
Brille au cœur des choses les plus humbles
Comme dans une peinture de Chardin
D’où émane cette clairière ?
De l’omniprésente Nature qui est première
Elle est ce mystère
Cette énigme que le Poète sauvegarde
Comme le soleil qui darde
Ses rayons de rousse bière
Mais qu’on ne peut regarder en face
Les mots du poème se transsubstantient en présence réelle
Dont le Temps efface la trace
Ils sont comme le pain et le vin idéels
Qui se chargent d’incantation dans l’eucharistie
Ils donnent corps à l’inapparent, à l’inouï
Cette présence de l’Invisible que l’ombre menace
S’inscrit dans le poème comme une altérité
Qui possède le degré de réalité le plus élevé
Inaugure un autre Temps, un autre Espace
Elle est l’irruption d’une dimension tout autre au sein du quotidien morose
Le poème est mémoire du Sacré
Recèle l’or des éclairs et du blé
Et la pourpre du sang et de la Rose
La parole jette encore quelques feux éteints
Dans le monde contemporain
Mais ces signes discrets
Ne font qu’effleurer le Secret
Claire d'Orée
Claire d'Orée- Nombre de messages : 113
Age : 63
Localisation : PARIS
Date d'inscription : 17/12/2009
Re: Art poétique
Il me semble que la plume du poète s'est laissée griser par l'inspiration ; que sans toutefois perdre le fil directeur les mots, les images, les références s'alignent aux dépens de l'idée première ; que le fond fasse un peu les frais de la forme. C'est une lecture agréable, aisée, convaincante mais longue, au bord de la verbosité. Opinion toute personnelle, je précise amicalement.
Invité- Invité
Re: Art poétique
J'ai retenu deux strophes que je trouve embrouillées et contradictoires. Si le poète doit bien rendre quelque chose dans son poème, c'est bien l'épaisseur du monde par le style, qui est un immense pari. L'effort du poète est là. Vous nier d'abord cette épaisseur en la réduisant à une "essence" pour ensuite écrire que le poème est un appel à la présence du monde. Le monde n'a d'épaisseur que par l'esprit.Claire d'Orée a écrit:Donc la présence
Concrète du monde, sa corporéité
Son épaisseur est abolie en poésie
Seule son essence est recueillie
Or celle-ci pour apparaître a besoin que le Poète l’évoque
Le poème est appel à la présence du monde et la convoque
....
L’Être est le pur Rien
Dont la lumière aveuglante et sombre
Brille au cœur des choses les plus humbles
Comme dans une peinture de Chardin
Claire d'Orée
Ensuite, par une formule heureuse, vous dites que l'être est un pur rien : comment serait-ce possible puisque même une illusion est. Il n'y a pas un seul terme qui puisse être affirmé par la pensée s'il n'est inclus dans l'être. Tout terme, il me semble, constitue une détermination de cet être.
Invité- Invité
Art Poétique
Ce que je veux dire est que le mot, le langage est une négation du monde concret puisqu'il nous met en présence d'une essence, d'un concept et non d'une chose. La rose du poète est "l'absente de tous bouquets" a dit Mallarmé. C'est le propre de la langue poétique d'abolir l'épaisseur de notre quotidien pour n'en retenir que la substantifique moelle. Par la poésie, nous habitons un monde d'essences bien plus que de choses. Ce qui rend notre condition à nous poètes si étrange.
Amicalement
Claire d'Orée
Amicalement
Claire d'Orée
Claire d'Orée- Nombre de messages : 113
Age : 63
Localisation : PARIS
Date d'inscription : 17/12/2009
Re: Art poétique
Et bien c'est là que nous ne tomberons pas d'accord. L'appel à Mallarmé le confirme. Dire que le mot fait s'évanouir la chose au profit du concept est une belle prétention du poète face au monde. Mais c'est une position confortable. Et cette position vient d'un conception de la connaissance qu'il faudrait utilement discuter.
Par la poésie, comme le montrent Cadou, Guillevic et quelques autres, nous habitons le monde peuplé de "choses" (le mot est justement délicat). Mais il y a poésie quand le poète dépouille le spectacle du monde de son utilité et de sa quotidienneté sans pour autant en retenir la substantifique moelle : cela veut dire que lorsque le monde se donne, il ne donne pas un quelconque secret, une quelconque essence mais sa manifestation la plus simple et la plus authentique, dénuée de brouillage technique ou que sais-je encore. Je ne crois pas que le langage poétique a ce pouvoir merveilleux de pénétrer le monde en soi. Le monde est hermétique et nous ne prenons, poète ou pas, que ce qu'il nous donne (ou ce que nous croyons qu'il donne) en épousant le plus justement possible le contour de ses formes.
Par la poésie, comme le montrent Cadou, Guillevic et quelques autres, nous habitons le monde peuplé de "choses" (le mot est justement délicat). Mais il y a poésie quand le poète dépouille le spectacle du monde de son utilité et de sa quotidienneté sans pour autant en retenir la substantifique moelle : cela veut dire que lorsque le monde se donne, il ne donne pas un quelconque secret, une quelconque essence mais sa manifestation la plus simple et la plus authentique, dénuée de brouillage technique ou que sais-je encore. Je ne crois pas que le langage poétique a ce pouvoir merveilleux de pénétrer le monde en soi. Le monde est hermétique et nous ne prenons, poète ou pas, que ce qu'il nous donne (ou ce que nous croyons qu'il donne) en épousant le plus justement possible le contour de ses formes.
Invité- Invité
Art poétique
Je crois me souvenir que Rimbaud a dit : "La vraie vie est absente". Le monde ne nous est connu que par la médiation du langage. Heidegger dit que nous n'allons jamais vers la fontaine mais vers le mot "fontaine" qui nous dévoile l'être de la chose. A ce sujet, je pense que nous resterons tous deux sur notre position. Mais je ne refuse pas le dialogue.
Amicalement
Claire d'Orée
Amicalement
Claire d'Orée
Claire d'Orée- Nombre de messages : 113
Age : 63
Localisation : PARIS
Date d'inscription : 17/12/2009
Re: Art poétique
Heidegger, oui, et sa position selon laquelle le poète est celui qui parle langage de l'être. Beau, profond sans doute, et dans une certaine mesure seulement : la mesure selon laquelle il y a une donation de l'être davantage qu'une compréhension de l'être par le langage qui mène inévitablement à la parcellisation de l'être.
Invité- Invité
Art poétique
Une parcellisation de l'Être ? Je crois qu'une des idées fondamentales de Heidegger est la différence de l'Être et de l'étant et la menace de l'Être par l'étant à l'ère technologique qui nous voile le principe premier.
Amicalement
Claire d'Orée
Amicalement
Claire d'Orée
Claire d'Orée- Nombre de messages : 113
Age : 63
Localisation : PARIS
Date d'inscription : 17/12/2009
Re: Art poétique
C'est bien là l'ambiguïté de l'ontologie d'Heidegger : comment l'appréhension de l'être par le langage peut-elle ne pas conduire à sa parcellisation dans la mesure où Heidegger refuse une philosophie de la présence c'est-à-dire une métaphysique. Il ne fait que maintenir un concept d'"horizon" qui ne suffit pas pour rendre compte du lien intime qui existe entre ce que Blondel appelait l'Être et les êtres (sujet ou objet), et qui passe surtout par l'expérience de l'intuition au sens ou l'entendent un Bergson ou un Lavelle.
Invité- Invité
Re: Art poétique
et j'ajoute que même en étant sur le plan de l'être et non de l'étant, une approche de cet être par le langage menacerait son univocité : dans une perspective heideggerienne le langage ne peut que diviser car il y a chez Heidegger davantage un "voilage" de l'être qu'une surabondance de cet l'être comme chez nos métaphysiciens français.
Invité- Invité
Re: Art poétique
il y a un sujet "philo" ici :
https://vosecrits.1fr1.net/conversations-atelier-f4/debats-billevesees-et-causette-philosophiques-t4779-480.htm
histoire de ne pas garder ce texte constamment en haut de page
< Exact. Merci d'en tenir compte, cela permettra également d'éviter que ce texte ne remonte sans arrêt en haut de page au détriment de ceux des autres auteurs.
La Modération>
.
https://vosecrits.1fr1.net/conversations-atelier-f4/debats-billevesees-et-causette-philosophiques-t4779-480.htm
histoire de ne pas garder ce texte constamment en haut de page
< Exact. Merci d'en tenir compte, cela permettra également d'éviter que ce texte ne remonte sans arrêt en haut de page au détriment de ceux des autres auteurs.
La Modération>
.
Re: Art poétique
Un brin trop bavard à mon goût avec une démonstration qui se laisse déborder par les effets souhaités par l'auteur. Au final, la pertinence du propos se retrouve noyée sous une masse de mots dont l'utilité ne saute pas constamment aux yeux.
Sur le fond, je suis loin d'être d'accord avec tout, je lis ci et là quelques répétitions, voire des contradictions dans le propos, comme si celui-ci se cherchait. Le langage n'est en rien une négation de quelque chose, surtout pas du monde, au contraire.
Sur le fond, je suis loin d'être d'accord avec tout, je lis ci et là quelques répétitions, voire des contradictions dans le propos, comme si celui-ci se cherchait. Le langage n'est en rien une négation de quelque chose, surtout pas du monde, au contraire.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Art poétique
La modération se répond à elle-même ?! :-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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