Le Père Noël et la poupée No

Le père Noël avait fait un rêve. Un rêve de réveillon qui l’avait réveillé. Un rêve pour après l’ Avent.
Au pied du sapin, il avait peint un présent. Par le passé, il ne s’était jamais octroyé de cadeau, il faisait peu de cas de lui mais jamais il ne s’était dit qu’ il en avait plein le dos.

Or, dans sa nuit polaire, dans un monde binaire, voilà qu’elle lui était apparue .. Elle. Ses appâts nus réels .No était son nom. Notée cinq étoiles par les internautes l’ayant testée. Offerte contre pièces sonnantes et forcément trébuchantes. Par la société No Life.
Une jolie poupée,en réalité, No. Elle correspondait en tout point à son rêve de jeune homme…


Quand il n’était encore que Léon, et qu’il se stupéfiait de voir apparaitre Lucy in the Sky with Diamonds. Sans jamais pouvoir l’atteindre. Une passion qui l’avait déçu en tout point et même déchu notre camé Léon ! Il s’était trainé dans la vie un bon moment malgré quelques envolées lyriques.
Mais cette passion et cette science des petites étoiles rouges qui font monter au ciel et pleuvoir les surprises avait décidé de son destin. Certes,il avait cheminé encore longtemps dans la poudreuse jusqu’à ce qu’il en fusse barbé ! Cependant, , suite à une avanie de la vie qui s’était un peu jouée de lui, une bougie s’était allumée dans son cerveau étoilé.

Expert en l’art de faire naitre des fantasmagories, maitre des illusions et des images féériques, la tête à l’envers, le cœur complètement à l’Ouest, la neige dans les narines, il avait décidé par une belle nuit d’hiver, de ne jamais redescendre de son nuage ! Mais n’avait pas perdu le Nord pour autant. De ce talent de recréer le monde, il ferait bénéficier la planète !!!

Ainsi Léon devint Noël, l’envers le Paradis, l’enfer fut pavé de bonnes intentions, la neige le recouvrit , il n’y aurait pas d’héroïne dans cette histoire…ohohoh….non

Ohohoh il serait un gentil papa, qui protégerait les générations à venir des chutes brutales sur cette planète pas nette. Des descentes fatales… Des déceptions totales…Un gentil papa comme celui qu’il n’avait pas eu .

Le sien lui avait botté le derrière après lui avoir brisé les reins et ses dernières illusions à coups de ceinturon, il l’avait jeté sur un trottoir gelé, un soir de décembre, en le sommant de descendre du ciel et de prendre les rennes de son destin en main.
La neige étendait son manteau blanc et sans souliers, recouvert de honte, il lui avait tardé que le jour se lève, il avait eu si froid.


Cependant à ce moment précis de notre conte, le Père Noël était hot , red and hot. Sur l’ écran stellaire où sa solitude parfois l’accompagnait, toute enrubannée et toute dorée, No, la poupée scintillait. Bien plus accessible que Lucy.

A sa vue, sa vie bondit, son cœur fut lié ligoté, il retrouva sa jeunesse livrée en cadeau bonus et ce bond d’âge détonna comme une bombe anatomique et l’étonna . sa vigueur nouvelle aussi le confondit. La froidure de son hiver éternel avait depuis longtemps congelé ses appétits charnels et l’avancée dans l’âge , la réception de ses messages, avaient fini d’absorber ses ardeurs depuis ….depuis…..si longtemps qu’il lui était impossible de se souvenir.
Il banda sa mémoire puis sa raison et raide d’amour prit une décision. A moins que ce ne fut elle, No, qui étendit son emprise. Passé maître en surprise, il venait de trouver sa maîtresse. Abasourdi, mais convaincu que ça ne rendait pas sourd,et pris de passion pour le nouveau jouet de ses illusions, il se livra à quelques rituels de minuit , cultuels et sacrément divins .

Emerveillé, hors de lui, hors d’ennui soudain. Il allait la commander tout de suite cette jolie poupée aux yeux pers aux souliers de vair.
La netiquette ne lui indiquait pas quel serait le prix à payer pour cet emballement subit .Pourtant, ayant jeté sa carte vermeil au feu , c’est , avec sa carte bleue nuit, les yeux plein d’étoiles qu’il paya content.
Elle fut livrée directement dans la hotte du père Noël et au Pôle Nord la température monta dangereusement quand il déballa sa poupée cadeau et en retira la jolie ficelle. Sa verdeur de jeune homme prenait le dessus sous son manteau rouge ! Le père vert était fou de joie, il mit son joujou à genoux lui demandant de faire une dernière prière : « tu es tellement jolie » lui dit- il « que j’en ai rêvé la nuit »

Quelle ne fut pas sa surprise !
Après le bonheur de la réception vint en effet, profonde, la déception.

Car c’était « une poupée qui fait no no no no no….elle est tellement jolie qu’il en rêvait la nuit mais personne ne lui a jamais appris qu’on pouvait dire oui …sans même l’écouter elle fait no no no no no sans le regarder elle fait no no no no no »

Pas de bol, sous le bolduc, ne se trouvait pas une folleduc…….Pas folle du Père Noël….
No , elle lui dit « no » à lui qui était tout ouïe !
Une poupée vivante et qui parlait certes c’était bien ce qu’il avait commandé mais il n’avait pas lu en détail la description dans le catalogue électronique, et voilà pourquoi elle s’appelait No !
« Toute la journée elle faisait no no no no no »

Mais le plus cruel fut que la belle No, elle sut dire oui …aux lutins ! Funeste destin ! Et céleste putain !
Elle partit donc lutiner avec qui de droit !

C’est le monde à l’envers, se dit le père rouge encore vert mais de colère dans le vent de l’hiver, dans l’après décevant de l’Avent ! On filait pourtant vers le Nouvel An droit devant !
No ne s’en tint pas là ! Après avoir pris Noël pour une cloche, au risque qu’il ne reprenne mordu par le désespoir, son ancienne vie de clochard , sa pauvre vie de camé Léon, elle fit tinter les cloches des six rennes qui conquis s’envolèrent avec elle sur le champ .

Adieux rennes, lutins et cadeaux, pas tant cruche No qu’à la fin elle ne se casse !

Elle avait volé le traineau, la trainée et s’était envolée dans une trainée d’étoiles !

C’était une étrange vision, il avait manqué de jugeotte et de prévision ! Pauvre père, pauvre cloche somnanbule qui désespère, titube , tintinabule et chancelle, pas de chance avec elle !
Il fallait se méfier du chant des sirènes , désormais, un fier attelage emporte une reine vers un autre château en Espagne, loin loin de la Laponie.

Alors l’ennui revint, mais en pire ! C’était la barbe d’aller bûcher sans traineau, sans rennes, sans lutins. Sans présents, les lendemains n’avaient plus guère d’importance…

Il chemina jusqu’à la cheminée écartant les quelques poupées Barbies et robots barbants en fin de non recevoir , prit une flute et troqua ses bottes noires en notes à boire. Champagne déclara-t-il Hoquetant sous les bulles, il s’entendit encore ânonner de plus en plus doucement « bulletin tintamarre marabout bout de ficelle »

Avant de perdre conscience, il vit la ficelle de sa poupée cadeau !

Un petit string à pompon doré qu’il tenait encore à la main quand il se réveilla de ce mauvais rêve !.

Un festival de jeu de mots mais l'histoire n'en souffre pas au contraire. Le récit me fait l'effet d'un fil, d'une guirlande que tu déviderais au fur et à mesure des associations de mots, à moins que ça ne soit le contraire... Chi sa ?
Très très chouette.

Sinon, j'ai l'impression que tu fais la grève de l'accent circonflexe sur le "i" surtout:

apparaître
traîné
traîneau
flûte
traînée

c'est adorablement mutin, ça délire bien, Léon-Noël est attachant comme tout, un conte pour les plus de 12 ans, mais un très beau conte

ce bond d’âge :-)))

Les poupées seraient-elles plus garces près de R.... ?
Très beau texte Rebecca, comme d'habitude tu m'embarques dés la première ligne.
J'étais près de toi hier, quelle belle journée, la maison de la Presse était bondée !

Je m'en fous Croisic, je te double et repasse en première dans la file prose, tandis que tu te retrouves en deuze, mais fallait que je vienne commenter ton commentaire: Ouais, t'as vu ce soleil ? C'était top, hier!

C'est marrant, nos comm sur nos textes de Noël respectifs se sont croisés Croisic!!!

Et beh ! Peut-être n'as-tu pas bu de Champagne, mais tu as dû carburer à quelque chose pour nous offrir ce texte.
Là, je regarde dehors et je vois la belle blanche partout sous mon nez. Sacré Léon !
Un texte rondement mené, bourré de jeux de mots, et qui te laisse pas souffler, lecteur !
Merci, Rebecca ! ^^

Sous le sapin, tu nous as offert, Rebecca, une montagne de jeux, et les jeux sont de mots. De quoi tomber à la renverse sous leur avalanche qui dévale la montagne, comme Léon renversé en Noël ! Les mots sont à la fête, et tu leur fais la fête, de Noël. Tous ces présents, on les prend à deux mains, pour donner un peu de présent au passé, un peu de présent à l’avenir, pour des lendemains plus chantants.
Merci Rebecca pour tant de présents.

Tu vires et voles légere. C'est superbe d'agasseries et de mots ! oh Léon quel tourbillon, le sexe! A en perdre toutes tes boules !

Vilaine femme que tu es. Se moquer ainsi du père-noel, de celui qui pendant tant d'années t'a apporté tous les cadeaux que tu attendais ! Mais qui un jour disparu de ton imagination, oh le salaud ! Belle vengeance Rebecca !

C'est un p... d'exercice ! J'aimerai savoir faire ça.

Chapeau !

Inventif, rigolo, j'ai adoré !

Tu m'as bien enguirlandé sur ce coup là !
Lucy a raison : tu as pris quoi au juste ?
Festival de jeux sur les maux du cœur blessé d'un Léon inversé, dur de le prendre au sérieux et pourtant quel exercice !
Je suis impressionné...carrément !
Et un poil ébloui aussi quand-même...parce que derrière les jeux du langage il y a un foutu imaginaire créatif en réserve qui sait où il va...
Bravo et merci...