Une chouette fille

Un petit texte sans prétention, écrit il y'a peu.


Mon premier échec sexuel.


Ange, je la connaissais de l’école. Nous étions dans la même classe et nos parents étaient amis. Je l’aimais depuis le jour où, pour blaguer, tous les garçons de l’école avaient débarqué dans les chiottes des filles et que je l’avais surprise le cul sur le trône. Lorsqu’on a 13 ans, c’est une image qui affole, qui rend insomniaque. Mon côté obsédé sexuel devait venir de ce jour là, de cette rencontre et des séances quotidienne de masturbation que je m’offrais en pensant à son petit cul inutile posé sur ce grand trône blanc.
Heureusement nos relations s’étaient améliorées par la suite après que je me suis excusé platement des jours entiers, rejetant le poids de la culpabilité sur mes camarades qui m’avaient « entraîné » là dedans.
Depuis ce jour, j’étais fou amoureux d’elle. D’un amour de gosse, sans compromis. Et qui blesse.
J’étais tombé en admiration devant son prénom pour sa musicalité et son ambiguïté.
Il faut dire qu’on appréhende les prénoms en fonction des gens qui les portent. Dans d’autres circonstances, j’aurais probablement trouvé celui- là nul à chier.
Toujours est-il qu’un jour je me suis retrouvé  dans sa chambre après l’école. J’avais alors treize ans. Elle était habillée un peu à l’écolière. Des bouts de tissus mauve virevoltaient dans ses cheveux et ses jambes galbées étaient coincées dans du nylon. Un collant blanchâtre de catholique, mais un collant tout de même. Assez pour m’en faire voir de toutes les couleurs.
J’étais obnubilé par ses jambes charnues. Je faisais de mon mieux pour ne pas y penser, pour les occulter, mais je les regardais sans cesse à mesure que je m’efforçais de les ignorer. Heureusement elle semblait ne pas s’en préoccuper. Trop absorbée qu’elle était à me raconter tout un tas d’histoires plus ou moins insignifiantes.
De mon côté, je m’inventais des histoires, des déconvenues avec des professeurs, des cours séchés, des joints fumés. Ça lui plaisait.
Puis à un moment donné, je sais pas trop comment elle s’est mise à prendre de l’assurance. Nous étions allongés sur son lit, côte à côte, regardant la télé  et j’ai allumé une cigarette. Pendant qu’on parlait j’essayais de me rapprocher d’elle discrètement, par légères impulsions latérales. Nos deux flancs se sont rencontrés.
Puis elle m’a regardé dans les yeux. Je n’avais jamais supporté que l’on me regarde droit dans les yeux.
« - T’as déjà baisé, toi ? Me demanda-t-elle avec une assurance incroyable. »
Je suis devenu rouge et me suis mis à bander. J’étais gêné du ton qu’elle avait employé et surpris que la conversation ne change si radicalement de sujet d’une seconde à l’autre. Les choses prenaient doucement une tournure plus positive. Je ne savais pas s’il fallait que je mente.
« - Non, pas vraiment… pas jusque là. Mais j’ai fait tous les préliminaires par contre, et plusieurs fois. Et toi ?
Elle se mit à sourire gentiment.
- Baiser ? Ouais. »
Elle m’a pris par la taille pour me tirer vers elle. Je lui suis grimpé dessus tout doucement, comme au ralenti, essayant d’être le plus calme et le plus détendu possible. Elle a ouvert ses jambes et j’ai pu me glisser entre elles. On était habillé. Elle a commencé à onduler du bassin et à poser ses mains sur mes fesses pour accentuer la pression. Elle tenais absolument à me montrer comment faire.
J’ai rapidement senti que je ne tiendrai pas. J’ai voulu me libérer de son étreinte et trouver un prétexte mais elle me tenait fermement. Alors pour conjurer le sort, j’essayais de penser à autre chose, de ne pas me focaliser sur ce que nous faisions. Histoire de retarder l’échéance. Elle devait sentir que je bandais mais ça ne la freinait pas pour autant. Elle me susurrait des choses dans l’oreilles, des choses terribles. Il était question qu’on le fasse en vrai un jour alors j’ai plus pu me retenir. J’ai senti comme une explosion dans ma tête, mes oreilles se sont mises à siffler à l’unisson, j’ai eu comme un étourdissement, et j’ai éjaculé à gros jets chauds dans mon caleçon. J’ai joui longuement, en enfouissant ma tête dans l’oreiller pour qu’elle ne remarque rien.
On a continué ce petit jeu un moment, moi continuant de feindre que tout allait bien, elle prenant son rôle de préceptrice à cœur. Elle m’a alors envoyé valdingué et je me suis retrouvé sur le dos. Elle m’a ôté mon t-shirt puis a posé sa main sur mon torse. Elle a commencé à descendre tout doucement en mimant des pas de fourmis avec ses doigts. Je savais ce qui allait se passer et je voulais tout faire pour l’éviter mais j’étais comme figé, paralysé. Je ne disais rien, attendant que les choses ne se précisent d’elles mêmes. Comme spectateur du désastre inéluctable qui allait survenir. De son côté, elle avait totalement changé de comportement. Elle avait les yeux plantés dans les miens comme des flèches. Elle me mettait au défi et il fallait que je sois à la hauteur de ses attentes.
D’un coup, j’ai senti le bout de ses doigts s’introduire sous l’élastique de mon caleçon puis ses mains continuer à descendre vers le point culminant. Mais elle n’a pas eu le temps d’aller jusque là. Elle avait senti. Je regardais en l’air, faisant comme si tout ça n’était pas de mon ressort, comme si cela ne m’appartenait pas.
Elle a réprimé une moue dégoûtée avant de retirer sa main tout doucement de mon débarras puis elle s’est allongé sur le lit pour regarder la télé. J’ai fait de même.
Je l’ai vu s’essuyer très discrètement sur son dessus de lit.
« - C’est rien, m’a-t-elle dit. »
Elle avait évité de nous plonger dans l’embarras le plus profond en trouvant les mots justes et la bonne manière d’agir, tandis que moi je me répandais gauchement en excuses et en promesses de futures réussites.
Ange, c’était une chouette fille.

"Je suis devenu rouge et me suis mis à bander"

cette phrase m'a fait éclater de rire, bien joué j'aime ce texte, tu as largement réussis à conserver cette naïveté tout en narrant l'histoire. Cependant, à part une histoire personnelle, elle n'apporte pas grand chose (ce genre d'échecs c'est commun: c'est moi qui te le dis! ^^) !

Moi j'aime bien ton texte. C'est bien écrit et, oui,... Ange c'est une chouette fille.

Très agréable à lire.

ses jambes galbées étaient coincées dans du nylon

Joli ça, je trouve!

Sinon plutôt bien écrit, atmosphère posée, le fond, bon, pas particulièrement fan mais pourquoi pas après tout, c'est bien traité je pense.
Dans d’autres circonstances, j’aurais probablement trouvé celui- là nul à chier.[i]
assez drôle et plutôt juste! ça sonne bien.

C'est pas parce qu'on est un(e) Ange qu'on est innocent(e) pour autant ...
Partagée entre le rire et la compassion (un chouïa plus de ce côté quand même). Bien narré je trouve, sans forfanterie, sans apitoiement.
Chouette fille Ange, d'autant plus que sûrement frustrée ; cela l'a-t-il même effleuré ce jeune homme pressé ?

Ah oui, Ange c'était une chouette fille mais elle l'avait un peu cherché quand même !
Excellent, récit, adorable, qu'on devrait lire à l'école.

Chouette texte...
J'aime beaucoup ta prose, j'ai été juste un peu surpris par le "Dans d’autres circonstances, j’aurais probablement trouvé celui- là nul à chier".
Je trouve, contrairement à Lyra, que cette vulgarité subite et inutile casse un peu le sentiment de se retrouver dans l'adolescence et nous renvoie immédiatement à notre bête et lucide nature d'adulte qui-en-a-déja-vu-d'autres.
Ange c'est son ange, celui qui lui ouvrira ses portes de son paradis, point barre...
Bon elle aurait peut-être du procéder autrement mais voila...
tous deux débutent ;o)

C'est marrant, cette vulgarité subite dont tu parles qui amène ailleurs, elle m'a plus gênée dans "t'as déjà baisé, toi ?" alors que dans "j'aurais probablement trouvé celui-là nul à chier" je trouvais que ça passait comme une lettre à la poste, et donc, que c'était bien géré.

Tu sais Lyra, il est possible que je sois le seul à être un peu gêné par cette pensée un peu vulgaire...
surement parce qu'à l'âge du narrateur, il ne me me serait pas venu à l'esprit de penser ainsi au prénom d'une fille qui me rend dingue...
Par contre que la dite fille s'exprime ensuite le plus crument du monde, même à 13 ans, j'aurais pensé ("gasp" ou bien "où est la sortie la plus proche ?") mais là cela me semble plus crédible...

Bonsoir,

Alors je n'ai pas aimé ce texte -- pas du tout (c'est la première fois sur le site) ; l'épisode des toilettes, il est lamentable (j'ai connu une expérience qui y ressemblait en tous points, et je n'en ferais pas du tout un récit en cette même veine ; comment ? je ne le sais pas encore). Il est sans doute attendrissant, en apparence, parce qu'on fait comme si le narrateur était encore ado, surtout la dernière phrase ; une sorte de narrateur in media res, à la Petit Nicolas de Goscinny (pas celui du film, bien sûr...)

Non, je suis un infatigable romantique ou idéaliste ; je préfère le narrateur trompé par ses passions, sans aucun rapport à la réalité ; ou bien au contraire, éventuellement, un personnage uniquement préoccupé de renouveler sa chair adorée (et non de vouer un culte à sa chère adorée). Cet entre-deux me gêne ; non, vraiment, Ange n'est pas du tout une "chouette fille" de mon point de vue ; et le narrateur n'a aucun échec à se reprocher... si ce n'est le plus grave, de pas avoir eu le courage de lui avouer ses sentiments (à moins qu'il n'en ait jamais eu).

Enfin c'est un texte personnel, aussi je ne veux pas porter de jugement de valeur sur l'expérience, elle-même, mais seulement sur le texte -- sur le caractère littéraire de celui-ci !

ce texte me fait penser à un extrait de journal intime d'ado à l'âge de l'acné et autres poussées de fièvres diverses
et à mon avis, il aurait dû y rester dans le diary, ou alors le présenter un peu autrement
parce que là je ne vois pas trop l'intérêt

Pas vraiment réussi à entrer dans le texte.
Pourtant, il a des accents touchants, pas mal de tendresse et des airs de déjà vus qu'on a peut-être croisés un jour ou l'autre dans nos vies, mais voilà, tout ceci finit par ressembler à un texte trop personnel que pour inviter le lecteur à y entrer et je reste donc sur le côté, noyée sous les JE et les détails superflus. Désolée.

Je trouve pour le moins étrange qu'au lieu de se réjouir de faire couler la bouillie d'orge par de simples mouvements du bassin, alors que le nombre des années oblige ordinairement à des manœuvres infiniment plus sportives, l'ange apparemment normalement sexué ait le dégout de ces débordements. Et encore plus qu'une fine mouche n'ait pas senti contre son abdomen la turgescence et les spasmes dégorgeant à pleines génitoires.
Si le texte pastiche le ton niaisement boutonneux d'un apprenti queutard, fort bien, bravo, c'est tout à fait ça, chiant et lourdingue. Sinon...