La désillusion

Désillusion

Les rires se sont tus et les lèvres sont closes,
Le silence s'étend jusques à l'horizon.
Du jadis qui riait sans aucune raison,
Il ne reste plus rien ! Ainsi passent les choses !

Les paroles n’ont plus que des matins moroses.
Quelle bouche saurait chanter une chanson,
De celles qu’ont chantait, à la belle saison,
Echangeant des baisers et puis s’offrant des roses ?

Le monde est triste et morne et puis sent le tombeau !
Qui oserait prétendre qu’il est toujours beau
Lorsque seules les pleurs abreuvent nos rivières ?

La terre ne va plus, elle est sans avenir,
Tous ses jours sont comptés avant que de mourir.
Et les hommes n’ont plus qu’à faire leurs prières !

Mon cher Sentimentic,

Comme le disait un ami canadien, sans la liberté de bramer, il n'est point d'élan flatteur. Je vais donc bramer très fort : J'aime pas ce poème ! Ni le thème, ni le traitement.

Le théme me déplait parce que je supporte mal le " tout est foutu ma pauv'dame " Non, le monde n'est pas "triste et morne" et il ne "sent pas le tombeau" ! c'est nous qui sommes ainsi quand nous le disons, nom de dieu ! et le dernier tercet, j'te dis pas ...

Le traitement, eh bien, pas assez travaillé, voilà tout, cher ami ! Bon, je passe sur les "coquilles" style "De celles qu’ont chantait", ça peut arriver à tout le monde; mais qu'est-ce que c'est que ce " jusques à l'horizon" ? c'est pas une cheville, c'est un genou !

Quant au " jadis qui riait"...bof !

Toujours sur le mode entorse du genou, qu'est-ce donc que ces deux "et puis " de gros paresseux :

" Echangeant des baisers et puis s’offrant des roses .
" Le monde est triste et morne et puis sent le tombeau ! "

"Peut mieux faire"...(car il a déjà fait mieux, bien mieux )
"

Tout d'accord avec Hellian, j'avais moi aussi remarqué les chevilles.

Je ne dirais pas mieux qu'Hellian.
Lorsque seules les pleurs abreuvent nos rivières

Woe woe woe comme on dit là-bas.
Dis donc sentimentic, tu as le début d'année pessimiste... Ceci dit, en dépit de leurs imperfections j'ai plutôt bien aimé les deux quatrains qui ne disent pas encore clairement quelle tournure le sonnet va prendre. J'imaginais une autre suite. Après... après, dans les tercets on verse dans le misérabilisme, le fatalisme sans appel... bof.

"jusques" est correct devant une voyelle...

Jamais dit le contraire. La question n'est pas celle de l'orthodoxie, mais de l'adéquation, voire de l'artifice... et surtout de l'harmonie.

Désolée mais le propos, si souvent vu et entendu, m'a profondément ennuyée; je trouve qu'il ne mène pas bien loin. La désillusion, pourquoi pas, l'aquoibonisme idem, mais tant qu'à faire, ça serait bien qu'ils fassent preuve de plus de pertinence.

Ceci pour le fond. Pour ce qui est de la forme, je la trouve un brin maladroite, enfermée dans quelque chose qui a du mal à faire passer la grandiloquence ou le drame qui se joue; tout reste trop lisse malgré quelques efforts qui se sentent.
Pas pour moi cette fois.