Fin de la Métamort

Il y eut une voix. Tout de même et malgré. Ça vint. Du fond mais ça vint. À force de. Garder la main en avant, mais quand même, en apprenant à respirer, de loin, comme un mortier de nuit, de loin.
Il y eut mais.
Ça s’était inscrit, depuis longtemps. On poussait la ressemblance jusqu’à la peur. Il fit sombre, un matin, dans l’élan qui séparait. En affrontant, sans plus.
L’ombre d’une vie, à distance. Il y eut. Quand même. Une déclinaison de soi, en deux, dans le givre des journées qui voulaient passer lentes, sans plus. En attendant le ciel, dans la croyance même de ne pas croire. La mort hésitait un peu, au bord du vide, au bord de la présence, sa signifiance brute comme reléguée dans nos écoulements sanguins. La chair. Creuse.
Je anéanti.
Toi simple
Ça se tut. Il y eut une voix. On put crever en paix. Simple. La vie même, loin de l’angoisse. On existait toujours.
.

Bien sûr je ne possède pas les références adéquates, cela n'empêche que j'ai beaucoup de mal avec le rythme, trop apprêté à mon goût. Et pourtant, quelque chose dans ces lignes me trouble.

J'y reviens parce que ça me perturbe, et ça me plaît en fait beaucoup ce mystère, ce nébuleux, cette menace qui plane, l'attente, la méta-mor(t)phose. Le recours aux tournures impersonnelles (il, ça, on) est judicieux, tout comme le choix des temps. Elégant, Tristan, comme d'habitude.

"Une déclinaison de soi, en deux, dans le givre des journées qui voulaient passer lentes, sans plus."

Voilà, indéniablement.
Je ne prends pas tout, mais j'adore ce bout de phrase, j'adhère à cette vérité.

Oui, je suis heurtée comme qu'il faut, entraînée, charriée comme un galet dans une inondation ! Je suis pour. Juste une réserve sur "signifiance" : pour moi, ce mot de bobo n'a rien à foutre ici.

Enfin, " crever en paix " ! Mais quel est le point de vue de cette " ataraxie " qui devra nous absorber ?

Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris. J'ai été attirée par le titre Fin de la Métamort, méta comme dans métaphore, métaphysique, fin de l'au-delà.
Mais je conçois que cette métamort puisse être pire que pas d'au-delà du tout.
Amicalement
Claire d'Orée

Profondément remuée par ce texte, Tristan. Magnifique. On dirait la fin d'une psychanalyse : il y a du désenchantement et un espoir sous-jacent, quelque chose qui vit avec ténacité, dans le vrai.
Enfin, c'est l'interprétation que j'en fais !
Mais cela me bouscule très fort, ces phrases achevées avant d'être réellement dites et ces tournures impersonnelles tellement personnelles...

Bon, tu as posté le dernier du recueil, je ne sais pas s'il est représentatif de l'ensemble, mais c'est l'un de mes préférés.

Je trouve que Coline Dé a bien exprimé ce qui s'en dégage et, comme Easter, je trouve qu'il y a toujours quelque chose dans tes textes, même lorsque je n'aime pas du premier coup, qui fait que j'y reviens. Trois lectures minimum, je dirais.

Sinon, difficile de rendre compte de l'ambiance et des réflexions qui se dégagent de l'ensemble avec un seul poème. Mais bon.

Pour le reste, tu as déjà eu mon com' détaillé ;-).

Comme souvent, Tristan, je suis incapable de laisser un commentaire sur un de tes textes.
J'en suis sincèrement désolée mais j'ai beau relire ... le chaos me bouscule mais ne me parle pas.
Un jour, peut-être, serai-je plus accessible à cette destructuration du langage, j'y travaille ;-)

je retiens la promesse, la fin du cycle. Longtemps que je ne me prosterne plus devant la forme sous laquelle tu me parles. Ami au long cours, que change donc ? puis-je voir ?

Le temps des loups... Sais pas pourquoi mais ça m'est spontanément venu à l'esprit en raison de cette atmosphère sombre, presque glauque, et cette désillusion totale, froidement lucide et pourtant non-dénuée de vision d'avenir. C'est très fort, ça. Les phrases courtes et/ou inachevées renforcent cette impression d'emprise impuissante sur l'instantané, caractère éphémère de l'émotion violente à capter.
C'est judicieux, car tu dis beaucoup en peu de mots finalement, tu arrives à saisir l'essentiel à travers une structure plus aboutie qu'il n'y paraît.

Loreena Ruin a écrit:Pour le reste, tu as déjà eu mon com' détaillé ;-).

:-))

Bises à toi qui te fais si rare !

Pour moi, c'est la description d'un orgasme, d'une petite mort d'amour.