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Expérience littéraire

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Message  alexisdespa Jeu 21 Jan 2010 - 10:52

Bonjour à tous,

Je me présente je me nomme Alexis de Spa et suis écrivain amateur depuis toujours dans mon coeur, sur un petit buvard, un set de table, par le biais d'un ordinateur, tous les supports sont les miens.

Je me suis lancé dernièrement dans l'idée d'un blog pour mettre en ligne mes histoires à épisodes dont le public serait le juge.

J'aimerais partager avec ce public mes idées, mon style, bénéficier de son expériences, de ses envies et de ses connaissances. Le but de mon expérience est de livrer petit à petit une histoire continue et d'attendre le vote du public avant de publier en ligne l'épisode suivant (pour la première partie j'attends 31 votes et en ai déjà obtenu 11).

Mais je désire également publier mes épisodes ici, afin d'obtenir une vision plus critique de ce que j'écris. Les textes que je vous propose n'ont jamais été soumis à une maison d'édition et ne le seront pas. Je suis tout à fait ouverte à votre critique, à vos commentaires.

Merci en tout cas d'avoir fondé ce site dédié au littéraire.

Voici donc mon histoire.


Préface

Vous vous retrouverez peut-être dans ces quelques lignes parce qu’elles seront si douces qu’elles vous rappelleront ces rares moments où vous vous sentiez bien avec vous-même ; elles vous rappelleront peut-être votre enfance, peut-être un amour perdu, un espoir caché, un instant abandonné. Vous rencontrerez peut-être dans ces quelques paragraphes cette partie de vous-même que vous dissimulez parce que vous n’avez pas le courage de la vivre, parce qu’elle vous fait peur, que vous ne savez pas la contrôler. Vous n’avez pas le courage de lui dire oui et de vous enfermer dans votre chambre, le soir, de vous regarder dans le miroir comme on regarde à travers soi, heureux d’être vous et d’avoir vécu ce que vous vivez chaque jour. En assumant qui vous êtes jusqu’au plus profond des recoins cachés, des petites cellules quasiment invisibles qui vous rendent vous, sans complaisance.

On dit souvent « je suis ce que je lis » parce qu’indubitablement les lectures influent sur nous au jour le jour autant que notre éducation, que notre conjoint, que nos collègues, que nos amis. Ce que nous lisons façonne nos points de vue et jusqu’à notre manière d’être et de parler. Mais on dit tout aussi bien « je lis ce que je suis » pour signifier que le sens d’un mot correspond à l’interprétation que l’on donne à ce mot, interprétation personnelle de ce sens car chaque signifiant est lié à la structure profonde de notre être, de notre existence, de notre passé et de notre expérience. Chaque mot, chaque phrase de n’importe quel texte littéraire rebondit sur chacun de nos souvenirs, puisant en lui une puissance et une orientation singulière. Mais si moi je vous disais, dans la même lignée de ce qui vient d’être expliqué, que j’écris ce que je suis et que j’écris ce que je lis, me comprendriez-vous ? Non je ne suis pas un écrivain inné. Non les mots que j’utilise ne tombent pas du ciel et la syntaxe qui est la mienne n’est en réalité que le doux équilibre de toutes les syntaxes des textes que j’ai lus dernièrement et toutes mes idées ne sont pas des esquisses pures de mon imagination, sinon des réalisations spontanées de sentiments et d’opinions emmagasinés depuis quelques temps pour certaines, depuis des dizaines d’années pour d’autres. De telle sorte que, si moi j’écris ce que suis et ce que je lis, et que vous, de votre côté, vous lisez ce que vous êtes et vous êtes ce que vous lisez, finalement vous êtes un peu de ce que je suis, tout en l’adaptant à votre propre microcosme spirituel. Et vous le lecteur, et moi l’écrivain, nous nous trouvons dans une symbiose particulière que vous seul finalement pouvez saisir, car moi je n’ai pas de retour de vos réflexions et même s’il y a retour, à travers une lettre, un commentaire, un coup de fil, ce retour ne sera que le pâle reflet de cette symbiose.

Mais si jamais plus aucun livre ne correspond à notre personnalité, à notre émotion, notre intimité, si plus aucun roman ne répond aux attentes de notre structure, que faire ? Si toutes nos tentatives de lectures sont déçues et que tous ces textes couronnés des plus grands prix littéraires nous paraissent tous aussi ternes les uns que les autres. Si ces lectures nous font l’impression de divertissements télévisés et que chaque phrase nous paraît factice, que la tête même de l’auteur ne nous revient pas et qu’on a ce sentiment douloureux que le métier d’écrivain n’existe plus et que ceux qui se proclament de la sorte sont marqués par un tel désir de réussite, d’argent, de marginalité ou de notoriété que nous ne parvenons plus du tout à lire leurs textes. Si enfin, il nous semble que les derniers grands écrivains décèdent et que ceux qui restent s’adressent à des téléspectateurs plutôt que des lecteurs, que faire ? Faut-il se plaindre et se réfugier dans les auteurs anciens, les classiques, les antiques, source pourtant épuisable et répétitive de l’histoire littéraire ? Faut-il cesser de lire et se tourner vers autre chose ou vers rien ? Le grand néant de la lecture comme aboutissement d’une société pourrie de l’intérieur et qui atteint son dernier stade de dégénérescence. Ou peut-on alors, simplement et tendrement, décider de prendre la plume et de parer soi-même à ce grand néant ?

C’est pourquoi je vous demande de profiter de cette place géniale qui est la vôtre, de saisir ce moment délicieux où un texte littéraire vous prend aux tripes et que vous avez l’impression, sûrement infondée, de rentrer en adéquation parfaite avec votre écrivain préféré, ce moment où vous avez l’intime conviction que celui que vous lisez parvient parfaitement à rendre compte de vos sentiments, de vos idées, ou plus généralement de la condition humaine. Je vous demande de ne pas lire ce que je vous propose ici comme ce que vous avez lu jusqu’à présent ; je vous demande d’ouvrir vos multiples potentialités et de permettre à toutes ces cellules qui vous constituent de profiter du texte ; de permettre à tout votre esprit de considérer ce texte. Car si le texte est mauvais, autant que tout votre être en soit persuadé. Et s’il est bon, que vous puissiez jouir de son infinie profondeur.

Alexis de Spa
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Message  Invité Jeu 21 Jan 2010 - 11:05

En toute honnêteté, je pense que la préface ci-dessus, si je la lisais dans une librairie en feuilletant un bouquin proposé à la vente, m'en détournerait avec une remarquable efficacité. Je la trouve chiante, déjà, et d'autre part, en tant que lectrice, je n'apprécie pas du tout que :
- on m'assène diverses vérités bien senties sur tel ou tel aspect du monde au lieu de me laisser une chance de le déduire par moi-même de ce que je lis ;
- on me somme de lire ce qui va suivre avec sérieux et concentration, parce que, attention, voilà une expérience qui va changer ma vie ! J'ai l'impression d'une opération de hard-selling qui me hérisse le poil.

J'aime lire des histoires avant tout, qui éveillent un écho chez moi, me ramènent à mon expérience personnelle, me fassent réfléchir mais sans me dire forcément comment le faire et sans m'imposer leurs propres conclusions ! Je pense que la littérature doit avoir un côté sournois pour fonctionner, qu'il existe un "sub-texte" caché derrière le discours explicite... En bref, telle quelle, je trouve votre préface ratée, vantarde.

Bienvenue sur Vos Écrits cela dit, à vous lire bientôt.

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Message  Invité Jeu 21 Jan 2010 - 11:28

Il y a un ton pseudo-analytique, pseudo-altruiste, moralisateur et vaguement geignard qui me hérisse d'emblée le poil. Franchement, j'ai lu les premiers paragraphes sous le coup de ces émotions négatives, puis j'ai survolé le reste, j'en avais assez lu.
De plus, je trouve l'écriture trop travaillée, ou plutôt, je ressens en tant que lectrice à quel point elle a fait l'objet d'un travail et ça me gêne. L'art de l'écriture c'est justement d'épargner au lecteur cette impression laborieuse ; qu'il n'y voit que du feu, comme s'il goûtait un spectacle sans savoir ce qui s'est passé pendant les répétitions, sans avoir à réfléchir à ce que le résultat qu'on lui met sous les yeux a pu demander d'efforts et de recommencements.
Désolée si ce commentaire sonne ingrat à tes oreilles, mais tu as demandé des réactions, une vision critique, alors je ne triche pas.
Bienvenue ici quoi qu'il en soit !

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Message  Invité Jeu 21 Jan 2010 - 14:47

Ca ne m'a pas plu non plus. Cela ressemble en effet beaucoup trop à une opération marketing. Tu essaies de nous "forcer" à lire ton écrit, en nous persuadant d'avance qu'il faudra le lire jusqu'au bout pour juger de sa qualité. C'est assez rousseauiste comme démarche.

"Car si le texte est mauvais, autant que tout votre être en soit persuadé. Et s’il est bon, que vous puissiez jouir de son infinie profondeur. "

Outre cela, le ton est définitivement trop prétentieux. Et pourtant en la matière, je fais assez fort, cette critique n'est donc pas méchante.

Désolé, une autre fois à n'en pas douter!
Bienvenue ici!

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Message  Zenati Jeu 21 Jan 2010 - 18:59

Sans vous décourager, je n'ai pas aimé votre écrit, peut-être vous avez autre chose plus agréable à lire... J'attends votre prochain sujet
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Message  Philomène Jeu 21 Jan 2010 - 19:36

Moi ça ne m'a pas fait penser à Rousseau, plutôt à un début d'ouvrage de "mieux vivre" ou une méthode pour arrêter de fumer ou pour maigrir (du type de celles où l'auteur révèle enfin la vérité qui va nous faire perdre 10 kilos en trois heures ou jeter notre dernier paquet de clopes alors que la méchante société nous la cachait exprès, et ce faisant va nous permettre d'accéder à une véritable harmonie intérieure)
Notamment à cause de:

Vous vous retrouverez peut-être dans ces quelques lignes

cette partie de vous-même que vous dissimulez parce que vous n’avez pas le courage de la vivre, parce qu’elle vous fait peur, que vous ne savez pas la contrôler.

Vous n’avez pas le courage de lui dire oui et de vous enfermer dans votre chambre, le soir, de vous regarder dans le miroir comme on regarde à travers soi, heureux d’être vous et d’avoir vécu ce que vous vivez chaque jour.

je vous demande de profiter de cette place géniale qui est la vôtre, de saisir ce moment délicieux

Je vous demande de ne pas lire ce que je vous propose ici comme ce que vous avez lu jusqu’à présent
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Message  Rebecca Jeu 21 Jan 2010 - 22:07

Peut-être le narrateur va-t-il s'avérer être un grand gourou mégalomaniaque en mission sur terre pour expliquer à la pauvre masse abrutie des lecteurs potentiels qu'ils ne savent pas lire, qu'ils ne savent pas vivre comme il se doit ?
Et que moyennant un ou deux lavages de cerveaux et quelques milliers de dollars, ils feront partie des élus qui connaitront une révélation millénaire et un avenir radieux ?
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Message  Invité Ven 22 Jan 2010 - 14:49

Je ne lis jamais les préfaces. D'ailleurs il ne me semble pas que cette annexe de la littérature ai déjà été abordée sur notre forum. Bonne idée donc que d'amener ce sujet dans votre besace. Postez-nous donc votre premier chapitre à la suite de cette préface, que nous puissions entrer de plein-pied dans votre projet. Bienvenue aussi.

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Message  Invité Ven 22 Jan 2010 - 15:30

Pour vous répondre, alexisdespa.

Votre message de réponse aux deux premiers intervenants n'a pas été supprimé, mais déplacé par Modération (je suppose) page 26 du sujet "Réponses aux commentaires prose", parce que la coutume ici est que l'auteur réagisse aux commentaires dans ce sujet commun pour éviter une remontée systématique de son propre sujet, laquelle peut se faire au détriment de la visibilité des autres textes si une partie de "ping-pong" s'engage.

Par ailleurs, je ne me crois pas spécialement attachée à la liberté de style à tout crin, j'apprécie notamment qu'un texte soit écrit dans une langue au moins correcte, comme l'est le vôtre. Non, ce qui m'agace c'est le manque de subtilité en littérature, le fait qu'un auteur annonce brutalement la couleur, ses intentions, l'opinion de son narrateur, sans laisser au lecteur un peu d'espace où déployer sa propre pensée. En d'autre termes, selon la formule d'un fondateur du site, je crois (Loupbleu) : "Montrer et non démontrer". Libre à vous de trouver ces attentes instinctuelles ou primaires.

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Message  silene82 Lun 25 Jan 2010 - 15:46

de saisir ce moment délicieux où un texte littéraire vous prend aux tripes
J'avoue qu'après avoir psalmodié des incantations en bostwani, véhicule souverain pour l'intromission active d'un texte dans les tripes, circonvenu par des distributions excessives de matzot à peine secs que je gardais d'un seder pessah raté en vue d'une semblable occasion, un rabbin déyeshivé, m'être balancé rituellement avec mes phylactères en marmonnant ", tu vas y aller, impur", dans un hébreu sinon massorétique, du moins correct, rien n'y a fait, et le texte, paraît-il littéraire, ne m'est point allé aux tripes. Drapé dans sa morgue, le hautain.
N'ayant donc pas expérimenté ce que l'habile camelot promettait, je demande, conformément à la loi, le lessivage mémoriel de tout souvenir de ces borborygmes pédants et prétentieux, faute de quoi je me verrais obligé d'ester en justice ou de me faire greffer un Alzheimer, ce que j'ai la faiblesse de ne pas considérer comme la forme la plus adéquate de résolution du problème.
A propos, je me fais l'écho de ce que votre grand-mère me chuchote, c'est bien beau ces gribouillous, mais vous n'avez donc pas de vrai métier?
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Message  lamainmorte Lun 25 Jan 2010 - 20:52

J'ai trouvé ce texte snob à souhait.
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Message  High_Voltage Mar 26 Jan 2010 - 6:14

Comme à l’ordinaire, la critique s’attache à l’écrit, du premier mot au point final. Si je précise avec stupidité qu’elle ne considère évidemment qu’une production et non son producteur, c’est en raison de l’ambiguïté liminaire, cette éventuelle présentation qu’on ne sait trop comment intégrer.

Le fragment de curriculum vitae, justificatif oiseux, pose un personnage et présente une ambition devenus atypiques car obsolètes. On retrouve ici l’éternelle éloge à l’écrivain, seriné à longueur de textes insipides sur les forums vitrines des penchants égotistes d’une strate de scripteurs, tous convaincus depuis Baudelaire d’être des albatros en exil dans un univers contemporain fangeux ; l’originalité ne tient qu’au procédé. L’angle d’attaque ordinaire, en effet, privilégie la figure même de l’auteur, rêveur extralucide à l’entendement immensurable, campant sur les terres archaïques de son technicisme ésotérique, ressentant plus qu’un autre les affres de l’angoisse existentielle et, conséquemment, suprêmement nourri par les décadences qu’il repeuple de chimères en puisant toujours dans l’infinie fertilité de sa prodigieuse imagination. Cette première méthode, à présent généralisée, convient davantage à l’environnement actuel : ces biotopes sont peuplés d’une faune pléthorique qui pense qu’agencer étrangement quelques mots suffit pour atteindre au littéraire, laquelle faune se réjouira d’être encensée au même titre que l’auteur de l’élogieux portrait. Ici - et dès le fouillis liminaire - l’auteur ne se conçoit plus comme entité propre et indépendante, mais dans son rapport au public, et conséquemment le texte opère une ségrégation : on discrimine d’une part le scripteur, unique et divin, et d’autre part un vaste lectorat qui s’accroche à ses lèvres, désireux de goûter d’une tambouille essentielle, majestueuse et thérapeutique. Ce second modèle et l’infantilisation qui l’accompagne heurtent immanquablement tout orgueil pourvu de quelque velléité pour l’écriture ; le premier, bête et sournois, couramment utilisé ici et là sous l’enrobage de mysticisme brutal et de poésie manquée qui fait avaler l’absurde et flatteuse pilule au gosier du scribouilleur moyen, conviendrait davantage à cette pitoyable tentative de séduction. Quitte à coudre ce texte d’idées reçues mêlées au conformisme psychologique indigent des assistantes scolaires, autant changer effectivement de procédé ; au moins, parfois, dans le lyrisme idiot des frustrés du vingt-et-unième siècle qui cherchent « mots compliqués » sur internet pour trouver l’oxymore improbable à même d’immortaliser leur prose de gouttière, on déniche au carrefour des intentions vagues un embryon pâle, fils du hasard combinatoire, et qui peut inspirer l’intelligence. Nonobstant le regrettable autisme, sous quelque forme que ce soit, qui mène à commettre tous ces verbiages semblables, de l’exhibition techniciste au moralisme obsolète qu’elle a supplanté comme conformisme, le lecteur peut tâcher de s’intéresser au fond - qui est abyssal.

Trois temps dans ces logorrhées, toujours perturbées par une séance de spiritisme qui n’est pas sans évoquer les cérémonies ridicules et souterraines des sectes américaines : je vous demande d’ouvrir vos potentiels, déployez vos chakras, et quand les planètes seront alignées, vous serez dans une clairière, les oiseaux chanteront, détendez-vous. Le lecteur apprend d’abord la fonction bergsonienne de l’écrit : voici la madeleine proustienne, les flots de réminiscences étagées, jusqu’au point unique où le cône de Bergson est tangent par le sommet au plan de lecture, au plan du présent (La pensée et le mouvant). Pourvu qu’on trouve dans vos écrits un peu d’universalité, ici comme ailleurs, le cerveau procèdera à ce retour en surface. Grossière erreur d’interprétation, vous suggérez un refoulement conscient, comme un refus concerté de « s’affirmer sa personnalité » - expression moderne et vide de tout sens, destinée à absoudre le système éducatif déliquescent du processus de crétinisation massive enclenché par la néo-pédagogie qui baigne les mentalités de croyances imbéciles de l’ordre de chacun a des talents cachés, il faut partir de ce que l’élève sait, il ne faut contraindre personne, nous sommes tous des génies en puissance, et ainsi de suite.

Le second temps présente curieusement les ambiguïtés de cette position malsaine, au moyen de quelques postulats de bon ton, qui malheureusement ne sont pas analysés. On retrouve ici les ruines du moralisme à la Werber, qui balbutie sans style du Confucius maltraité à longueur de pages. Je suis ce que je lis et je lis ce que je suis ; il convient de s’extraire de cette juxtaposition aporétique, peut-être en lisant Edmond Marc lorsqu’il traite pertinemment le dynamisme paradoxal du processus de construction identitaire. Mes lectures me forment l’esprit, l’esprit formaté je lis encore, j’interprète et me détermine à nouveau : le champ s’étrécit d’une manière systématique. Il peut encore être sujet aux chocs, de la même manière qu’on ne change un caractère que par un traumatisme : si je lis la démonstration logique de la fausseté de mon formatage, je me redéfinis par une recentralisation, la progression vers le point reprend, jusqu’à l’obtention de toutes les vérités par le rejet de toutes les doxas. Ce cheminement platonicien garantit l’ipséité du sujet tout en s’extirpant des grotesques schémas relativistes, battus en brèche depuis Protagoras et remis au goût du jour par une poignée de vrais idiots et de faux artistes désireux de légitimer leur révolte et leur nullité consubstantielle. Il est ce qu’il lit, il écrit ce qu’il est, donc il écrit ce qu’il lit, ou plutôt il tâche d’écrire la quintessence de ce qu’il lit, d’une part ; je suis ce que je lis, je le lis, donc je lis la quintessence de ce qu’il lit, c’est-à-dire que je lis la quintessence d’une autre quintessence, forgée au fil des siècles d’écriture par tout un processus intertextuel qu’on pourrait soumettre à l’analyse, d’autre part. Il faudrait ici s’interroger sur le positivisme latent - il faut gager que chaque écrivain est chaque fois parvenu à rendre exactement la quintessence de ses lectures ; quiconque s’essaye à écrire correctement perçoit rapidement la crédulité de ce positivisme - ainsi que sur la singulière alchimie idiosyncrasique - je suis ce que je lis, mes proches sont ce qu’ils lisent, ou ce que leurs proches lisent s’ils ne lisent pas eux-mêmes, donc je suis un inconcevable mélange de lectures, alors même que l’écriture date du troisième millénaire avant notre ère, la lecture de « divertissement » n’étant partiellement démocratisée que bien plus récemment. S’atteler aux démonstrations à présent nécessaires, voilà qui aurait donné de la consistance à ce texte, qui sombre lamentablement dans la gratuité des platitudes.

Le troisième et dernier temps - le dernier paragraphe ne constituant qu’un soubresaut du spiritisme consumériste à l’américaine déjà rencontré, qu’on négligera sans trop d’impiété - reprend des messages d’actualité, sur le « grand désert culturel français », peut-être planétaire, qui masquent malheureusement un questionnement intéressant : dois-je lire ce qui me convient - ce que j’estime me convenir - et, si la rencontre n’a pas lieu, dois-je écrire moi-même ? Si je reste platonicien - je vais me gêner - alors, comme Socrate rencontrant Calliclès, je serai toujours heureux d’échanger avec mon exacte antithèse : la dialectique opérant, moi, n’accordant rien par lassitude ou par faiblesse, et lui-même, ne concédant que face à l’irréfutable démonstration logique, n’accepterons chaque point qu’avec une rigueur égale à la distance - maximale - qui nous sépare. Si je refuse cette confrontation et m’embourbe dans les seuls écrits qui « me conviennent », je ne remarquerai pas les fourvoiements de ma pensée. La question de l’écriture, indépendante, gagnerait peut-être à s’aborder comme suit : mon bagage littéraire est-il suffisant pour en extraire une quintessence intéressante, et disposé-je de la capacité littéraire à restituer convenablement ladite quintessence ?

Vous auriez probablement gagné à théoriser davantage, plutôt qu’à vous arrêter à mi-chemin dans un moralisme bourbeux ; le ton, évidemment insupportable, est plus directement pédant et niais que les fades tirades peuplées de gongorismes prétentieux qui font légion par ici, mais cette franchise importe peu si vous en faites un dirigisme inachevé : il est manifeste que, comme un autre, vous utilisez l’encrier comme un auto-encensoir. Si l’on parvient à oublier cette inévitable impression, il devient possible d’entamer quelques réflexions dignes d’un certain intérêt, que vous ébauchez là d’une manière insipide et bancale. Puisque ce genre de préface ne préfigure absolument rien, il devrait être commode d’effectuer sur elle les indispensables retouches qui pallieraient sa naïve indigence.
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Message  demi-lune Mar 26 Jan 2010 - 8:50

on hésite à écrire quelque chose quand HV est passé par là... Ouh là : y'a plein de mots que je savais même pas qu'ils existaient ;-)
Pour faire court, je partage entièrement le point de vue de Socque. Bien trop prétentieux à mon goût.
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