Attendre Céleste

- Ma bonne amie allez vous enfin accélérer le mouvement ?
- J’arrive, j’arrive.
- Voilà plus d’une heure que vous me dites des toilettes « j’arrive, j’arrive » !
- C’est que je suis coincée mon tout doux.
- Coincée ?
- Entre la lunette et la chasse d’eau.
- Pardon ?
- Que voulez-vous que je vous dise, cela ne se produit jamais en temps normal, mais voilà, le temps « normal » est passé pour moi.
- Vous fichez-vous de moi ?
- Nullement, chère rustine de mon âme, nullement. Je suis bel et bien entre le marteau et l’enclume à ne pouvoir arracher le papier ni tendre le poignet vers la poignée de la porte qui, de bien entendu, est close à clef de l’intérieur.
- Nous n’en sortirons pas si vous vous obstinez dans la confusion épinardesque !
- Je fais ce que je peux, croyez-moi, je ne sais comment vous agiriez za ma place. Rien ne garantit que vous parviendriez à trouver une solution adéquate et subtile.
- Dans un premier temps je soulèverais la lunette ma toute bonne !
- Ah oui, vraiment ?
- Ensuite, fort de cette première victoire, je me hisserais sur les bords de la cuvette…
- Oh, le prétentieux !
- Et tirerais la chasse en appuyant sur la partie « économie d’eau ».
- Le toupet est immense qui vous caractérise !
- Le bon sens triomphe toujours ma chère. C’est bien là une spécificité de notre espèce si différente de la vôtre, convenez-en que diable. Quoi. Alors. Nous sommes beaucoup plus souples, agiles, malins, excentriques et futés que vous. Et surtout incapables de nous laisser piéger par des doubles vc vicieux.
- J’enrage.
- Songez d’abord à vous sortir de ce mauvais pas ma douce, et rappelez-vous que la bonne a négligé d’essuyer les bords.
- Ah, mon dieu !
- Ah son dieu !
Je vois bien une petite opérette légère genre « nous avons fait un beau voyage » pour accompagner ces exclamations.
- Je glisse mon aimé, je glisse vers les abysses égouttées.
- Glissez, glissez , ma chère il en restera bien quelque chose quelque part ; sur ce je sors car les Céleste nous attendent pour huit heures et il est bientôt 19h15.
- Ne m’abandonnez pas Victor…Victor ?...Victor !
Silence. Un pas léger s’éloigne sur le sifflement joyeux de celui qui va dans la nuit claire.
Non, personne n’entendra le bruit de la chute.
Comme personne ne demandera tout au long de la soirée, les raisons de l’absence de madame Victor dont tout le monde se fiche éperdument.

Là, j'ai décroché à "chère rustine de mon âme". Ceci pour vous dire que j'essaie à chaque fois de vous lire, Ba, j'espère qu'un jour je m'ouvrirai à votre manière de dire... Raté encore une fois.

Céleste abyssale, ça coule de source, Ba.
Me manque un tout petit je ne sais quoi pour bien appréhender l'absurde de la situation; j'ai l'impression que tu as fait des impasses sur quelques points, du coup le lecteur n'a pas tous les éléments en main pour visualiser parfaitement ce dialogue qui ne donne donc pas, de mon point de vue, toute sa mesure. Par exemple, toute les élucubrations autour des lunette, cuvette, et chasse m'ont échappé, j'ai pourtant relu. Et bien sûr, c'est crucial au large sourire que cela aurait dû provoquer.

Non plus, ce qui me surprend...

Bonjour,

Dialogue à la Molière ... assez drôle, ai-je trouvé pour ma part ...
La chute m'a un peu déçu ... fluctuat nec mergitur : la chasse d'eau n'a pas été tirée ...

Amicalement,
midnightrambler

C'est très amusant mais un détail me gêne, un d'étail pratique sur lequel je n'aurais pas dû m'arrêter parce que, finalement, on s'en fout mais quand même il m'a gâché ma lecture dès le début : comment fait-on pour se coincer dans une cuvette ?
J'ai connu quelqu'un qui s'était coincé dans un lavabo très profond, comme on en trouvait dans les appartements anciens, et dans lequel elle avait voulu faire pipi cette idiote et, ayant glissé au fond, elle s'est retrouvée avec le robinet en col de cygne qui s'enfonçait dans son dos quand elle a voulu en sortir, mais dans une cuvette ?
Un petit schéma aurait été le bienvenu.

deja, ca m'a fait sourire, et c'est pas souvent, ca, que mes levres s'etirent lors d'une lecture.

bon, j'ai quelques difficulté à imaginer la scène,
comment diable s'est-elle débrouillée pour se coincer ??
mais apres tout, c'est peut-etre ca qui est interessant : se mettre dans une situation si improbable qu'elle en est risible...

la forme du texte, seulement du dialogue, ca change, c'est plutot plaisant, ca se lit bien

l'absurde me plait également : langage et personnage de la haute societé, dans un lieu et un contexte assez peu honorifique...

La demande de justification circonstanciée aux tenants du coincement céleste est tout à fait irrecevable : Ba jardine dans un enclos qui distend les limites ordinaires , et il faut la lire avec le prisme d'Alice pour voir qu'il n'y a rien que de parfaitement naturel à cette scène. Le sourire du chat de Chester m'impressionne davantage.
Ba, j'ai ri avec délice, comme à l'accoutumée. Ta baguette transmute si aisément qu'il faut peut-être -et je me prosterne le front dans la poussière d'oser cette remarque- t'en méfier, car ça peut tourner système, et amener une regrettable satiété, voire lassitude.
Mais à l'évidence nous nous le pouvons tous appliquer, cet avis dont la sagesse éclate bruyamment : gare aux défauts de nos qualités.

Là, faut mettre le Requiem de Mozart...

Drôle, une parodie de style ancien bien ficelée : j'imaginais facilement les voix des protagonistes. Pas compris le titre : c'est pas Mme Victor qu'on attend ?

Je me suis bien amusée.
Je ne sais pas trop qui sont les personnages. S'agit-il de petits microbes ?
Qu'importe ! C'est surprenant et drôle.

Ha que j'aime ce ton précieux que tu emploies, ça donne pas mal de piquant et de charme à cette histoire amusante.
J'apprécie également la taille du texte, équilibrée et collant parfaitement au propos, il n'en fallait ni plus ni moins.