Les oubliés
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Soliflore
Arielle
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Hellian
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Les oubliés
Les oubliés
Nous eûmes nos victoires, nos incandescences.
Notre corps fut de liane, animé des essences
Qui vous font désirer.
Notre torses admiré
Comme ceux des statues, fut souvent enlacé
Par des bras nus et chauds, nos lèvres embrassées
De féline manière
Par des louves altières.
Dans l’hiver de nos nuits abolies de l’aurore,
Gisent des souvenirs qui frissonnent encore
Sous nos paupières closes.
On y voit le cul rose
Et la fleur épanouie de la belle margot,
Son téton tout pointu qu’on couvrait de bécots,
Quand aux feux de saint Jean
Nous jouions dans les champs.
Dans la grande maison au cadran du couloir,
Le temps paraît gelé. Nous avons beau vouloir,
Pas une heure ne suinte à l’aiguille qui vibre.
Un sirop de néant englue toutes nos fibres
Et le regard béant vers la porte fermée,
Nous mourons étonnés d’avoir un jour aimé.
Nous eûmes nos victoires, nos incandescences.
Notre corps fut de liane, animé des essences
Qui vous font désirer.
Notre torses admiré
Comme ceux des statues, fut souvent enlacé
Par des bras nus et chauds, nos lèvres embrassées
De féline manière
Par des louves altières.
Dans l’hiver de nos nuits abolies de l’aurore,
Gisent des souvenirs qui frissonnent encore
Sous nos paupières closes.
On y voit le cul rose
Et la fleur épanouie de la belle margot,
Son téton tout pointu qu’on couvrait de bécots,
Quand aux feux de saint Jean
Nous jouions dans les champs.
Dans la grande maison au cadran du couloir,
Le temps paraît gelé. Nous avons beau vouloir,
Pas une heure ne suinte à l’aiguille qui vibre.
Un sirop de néant englue toutes nos fibres
Et le regard béant vers la porte fermée,
Nous mourons étonnés d’avoir un jour aimé.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les oubliés
Pour les lecteurs que cela intéresserait, voici une version sonore :
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les oubliés
Hellian a écrit:Les oubliés
Et le regard béant vers la porte fermée,
Nous mourons étonnés d’avoir un jour aimé.
Même encore vivante, je m'étonne parfois....il est donc si loin le temps où j'enlaçais ces statues parfaites ?
Mais non, c'était...hier. Encore une fois vous m'avez soufflé à l'oreille ces regrets que l'on se murmure.
Re: Les oubliés
Superbe ! Grand bravo, Hellian, beaucoup de dignité dans ce poème. (Je n'ai pas écouté la version sonore, je ne le fais jamais, j'attends l'impression de l'écrit seul.)
Une remarque :
"Notre torse (et non "torses") admiré"
Une remarque :
"Notre torse (et non "torses") admiré"
Invité- Invité
Re: Les oubliés
When we were young...
When you were young - The KillerS
[url]http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/when%20you%20were%20young%20killers[i]
When you were young - The KillerS
[url]http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/when%20you%20were%20young%20killers[i]
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 52
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
Re: Les oubliés
oops? joli texte, me fait penser à :
The Killers - When you were young (album Sam's Town, 2006)
Bernard Lavilliers : "nous étions jeunes et larges d'épaules" On the road again.
The Killers - When you were young (album Sam's Town, 2006)
Bernard Lavilliers : "nous étions jeunes et larges d'épaules" On the road again.
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 52
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
Re: Les oubliés
Puis je vous implorer, Monsieur Modérateur,
Le grand Dieu souverain de tous les pieux auteurs ?
Exaucez donc mon souhait (et j'en serai comblé )
En supprimant ce " s " dont "torse" est affublé !
Et puis, si par hasard, vous pouviez décorer
D'un "M " ma "margot", vous seriez adoré.
Le grand Dieu souverain de tous les pieux auteurs ?
Exaucez donc mon souhait (et j'en serai comblé )
En supprimant ce " s " dont "torse" est affublé !
Et puis, si par hasard, vous pouviez décorer
D'un "M " ma "margot", vous seriez adoré.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les oubliés
Une belle ampleur, poignante, Hellian, comme dans la plupart de tes textes. J'aime le clin d'oeil frais et gracieux à la belle Margot avant de retrouver la gravité des portes refermées ...
Un détail : Il me semble que dans la vidéo tu prononces chuinte alors que dans le texte je lis suinte Est-ce qe je deviens un peu dure d'oreille ou bien est-ce deux versions différentes ?
Un détail : Il me semble que dans la vidéo tu prononces chuinte alors que dans le texte je lis suinte Est-ce qe je deviens un peu dure d'oreille ou bien est-ce deux versions différentes ?
Re: Les oubliés
(c'est en haut )
Non, Arielle, tu ne deviens pas dure d'oreille !
C'est moi qui me «giscardise»
La bonne version est bien « suinte"...
Non, Arielle, tu ne deviens pas dure d'oreille !
C'est moi qui me «giscardise»
La bonne version est bien « suinte"...
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les oubliés
La poésie, la belle, c'est bien celle qui, comme dans ce poème nous hérisse les poils. Nul besoin de fioritures, de métaphores alambiquées, c'est le fond de la sincérité même qui émeut, c'est le souvenir vivant mêlé aux regrets des amours envolées et puis...j'ai ensuite écouté l'enregistrement et là, outre une très belle et très profonde diction, nous avons l'évidence que la poésie est faite pour être entendue, beaucoup mieux que lue!
Merci, Hellian pour ce vrai moment de poésie!
Bravo! Bravo!
Merci, Hellian pour ce vrai moment de poésie!
Bravo! Bravo!
Soliflore- Nombre de messages : 380
Age : 71
Date d'inscription : 17/02/2009
Re: Les oubliés
C'est poignant de tristesse, de regrets. Le temps enfui et qui ne reviendra plus, "cueillez, cueillez votre jeunesse". Tant d'intensité dans l'irréversible. Et tant de simplicité pour le dire.
Invité- Invité
Re: Les oubliés
C'est rès beau, Hellian ! Le texte et votre lecture... Vous avez une voix très profonde, prenante. Je suis très sensible aux voix, à leur musicalité, leur timbre. C'est splendide chez vous !
Merci !
Merci !
Invité- Invité
Re: Les oubliés
dusha a écrit:C'est rès beau
Hum... C'est très beau, évidemment. J'en perds mes mots et mon clavier !
Invité- Invité
Re: Les oubliés
Touchée au coeur à la lecture de ce poème poignant !
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Les oubliés
Petite remarque pour commencer : là où vous écrivez "Quand aux feux de saint Jean // Nous jouions dans les champs.", vous avez lu, il me semble "quand aux nuits".
Outre cela, une très belle poésie, comme à l'habitude, qui rend tout aussi bien à l'écrit qu'à l'oral.
Un texte résolument prégnant, qui reste en tête. Félicitations.
Outre cela, une très belle poésie, comme à l'habitude, qui rend tout aussi bien à l'écrit qu'à l'oral.
Un texte résolument prégnant, qui reste en tête. Félicitations.
Invité- Invité
Re: Les oubliés
Bonsoir Hellian,
ça n'a rien à voir avec l'histoire, mais je me dis qu'avec ta voix chaude et suave, tu dois être le champion du monde pour endormir les enfants quand tu leur racontes de belles histoires...
Pour tout t'avouer, j'ai moyennement aimé ce poème... J'ai trouvé qu'il y avait de belles sonorités, mais j'ai eu un peu de mal à me représenter les images que tu «me » proposais...
J'ai pourtant adoré le dernier vers, mais j'ai trouvé que le reste ne justifiait pas la venue de celui-ci et manquait de cohérence à mon goût personnel...
« Notre torses admiré
Comme ceux des statues, fut souvent enlacé »
J'ai un peu de mal à saisir ce passage (j'ai bien vu que tu demandais à ce qu'on supprime le S de torses), mais je suis vraiment loin d'être une référence en grammaire et autres domaines... Je t'explique mes doutes...
Je n'arrive pas à imaginer un seul torse qui fut souvent enlacé... « Nos torses enlacés » non ?
Mais au cas où, même si c'est bien « Notre torse admiré » j'aurais plus vu « Comme celui des statues »
« Son téton tout pointu qu’on couvrait de bécots, »
Là, j'ai trouvé que le « tout » faisait un peu figure de cheville, mais cela n'engage que moi...
« Dans l’hiver de nos nuits abolies de l’aurore, »
Et ici, je me suis demandé si tu n'avais pas voulu dire « abolies par l'aurore », mais t'apercevant que t'avais déjà écrit« Par des louves altières » tu préféras éviter la répétition de « par » (pure interprétation de ma part votre honneur !)
Si je me suis planté sur toute la ligne j'en suis désolé cher Hellian et je relirai ton poème jusqu'à comprendre ce que je n'ai pas compris...
ça n'a rien à voir avec l'histoire, mais je me dis qu'avec ta voix chaude et suave, tu dois être le champion du monde pour endormir les enfants quand tu leur racontes de belles histoires...
Pour tout t'avouer, j'ai moyennement aimé ce poème... J'ai trouvé qu'il y avait de belles sonorités, mais j'ai eu un peu de mal à me représenter les images que tu «me » proposais...
J'ai pourtant adoré le dernier vers, mais j'ai trouvé que le reste ne justifiait pas la venue de celui-ci et manquait de cohérence à mon goût personnel...
« Notre torses admiré
Comme ceux des statues, fut souvent enlacé »
J'ai un peu de mal à saisir ce passage (j'ai bien vu que tu demandais à ce qu'on supprime le S de torses), mais je suis vraiment loin d'être une référence en grammaire et autres domaines... Je t'explique mes doutes...
Je n'arrive pas à imaginer un seul torse qui fut souvent enlacé... « Nos torses enlacés » non ?
Mais au cas où, même si c'est bien « Notre torse admiré » j'aurais plus vu « Comme celui des statues »
« Son téton tout pointu qu’on couvrait de bécots, »
Là, j'ai trouvé que le « tout » faisait un peu figure de cheville, mais cela n'engage que moi...
« Dans l’hiver de nos nuits abolies de l’aurore, »
Et ici, je me suis demandé si tu n'avais pas voulu dire « abolies par l'aurore », mais t'apercevant que t'avais déjà écrit« Par des louves altières » tu préféras éviter la répétition de « par » (pure interprétation de ma part votre honneur !)
Si je me suis planté sur toute la ligne j'en suis désolé cher Hellian et je relirai ton poème jusqu'à comprendre ce que je n'ai pas compris...
Peter Pan- Nombre de messages : 3709
Age : 49
Localisation : Pays des rêves et de l'imaginaire
Date d'inscription : 16/04/2009
Re: Les oubliés
( c' est en haut)
Bonjour peter ...PAN!
Je te remercie de ton commentaire studieux, mais je crains que tu ne sois condamné à lire et relire ce poème pour l ' éternité si tu veux en comprendre la quintessence:
Commençons par l' histoire (des) du torse; c 'est bien le singulier qu' il faut ici employer dans la mesure où c 'est du torse générique dont il est question. Ce singulier peut se conjuguer avec le pluriel. Mais, ne t' inquiètes pas si tu ne comprends toujours pas encore, je vais traduire:
"Notre torse (à chacun d' entre nous) est admiré comme ceux de toutes les statues (grecques, assyriennes, romaines, égyptiennes, ioniennes, corinthiennes ,carolingiennes, romanes, gothiques et éventuellement celles de la renaissance...).
Passons maintenant à cette fameuse question quasi constitutionnelle de l' abolition de l' aurore. Vois- tu, il en va de l' abolition de l' aurore comme de celle des privilèges dans la nuit du 4 aout 1789. La royauté fut ainsi plongée dans des ténèbres sans fin dont elle ne devait pas se relever...
Et bien, dans mon poème c 'est kif-kif pareil:
Ici ce n' est pas l' aurore qui abolit la nuit, autrement dit la nuit n' est pas abolie par l' aurore, non non non! La nuit abolie de l' aurore, cela veut dire qu' il n' y a plus d 'aurore. Couic l' aurore! A pu l' aurore! ( comme la tête du roi). En d 'autres tHermes, (comme ils disent à Vichy) c 'est pour les personnages supposés, une nuit sans jour, comme éternelle puique... sans amour (snif, snif). Suis-je clair?
Enfin pour le manque de cohérence du dernier vers, là, sincèrement je ne peux pas grand chose pour toi. En effet, presque tout le poème est bâti autour de ce dernier verre. Mais cela suffit pour ce soir. Je te laisse le soin de relire. Demain nous évoquerons la question suivante: "Pourquoi devons-nous décéder, le regard hébété, étonnés que notre torse(s) ait été, un jour dans notre jeunesse enlacé par des bras...?"
Bien cordialement
Capitaine cro
Bonjour peter ...PAN!
Je te remercie de ton commentaire studieux, mais je crains que tu ne sois condamné à lire et relire ce poème pour l ' éternité si tu veux en comprendre la quintessence:
Commençons par l' histoire (des) du torse; c 'est bien le singulier qu' il faut ici employer dans la mesure où c 'est du torse générique dont il est question. Ce singulier peut se conjuguer avec le pluriel. Mais, ne t' inquiètes pas si tu ne comprends toujours pas encore, je vais traduire:
"Notre torse (à chacun d' entre nous) est admiré comme ceux de toutes les statues (grecques, assyriennes, romaines, égyptiennes, ioniennes, corinthiennes ,carolingiennes, romanes, gothiques et éventuellement celles de la renaissance...).
Passons maintenant à cette fameuse question quasi constitutionnelle de l' abolition de l' aurore. Vois- tu, il en va de l' abolition de l' aurore comme de celle des privilèges dans la nuit du 4 aout 1789. La royauté fut ainsi plongée dans des ténèbres sans fin dont elle ne devait pas se relever...
Et bien, dans mon poème c 'est kif-kif pareil:
Ici ce n' est pas l' aurore qui abolit la nuit, autrement dit la nuit n' est pas abolie par l' aurore, non non non! La nuit abolie de l' aurore, cela veut dire qu' il n' y a plus d 'aurore. Couic l' aurore! A pu l' aurore! ( comme la tête du roi). En d 'autres tHermes, (comme ils disent à Vichy) c 'est pour les personnages supposés, une nuit sans jour, comme éternelle puique... sans amour (snif, snif). Suis-je clair?
Enfin pour le manque de cohérence du dernier vers, là, sincèrement je ne peux pas grand chose pour toi. En effet, presque tout le poème est bâti autour de ce dernier verre. Mais cela suffit pour ce soir. Je te laisse le soin de relire. Demain nous évoquerons la question suivante: "Pourquoi devons-nous décéder, le regard hébété, étonnés que notre torse(s) ait été, un jour dans notre jeunesse enlacé par des bras...?"
Bien cordialement
Capitaine cro
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Les oubliés
Toujours en haut...
Simple question grammaticale de ma part sur ce torse qui turlupine Peter Pan et -image surréaliste- commence à me trotter dans la tête aussi : ne pourrait-on pas également justifier "notre torse est admiré comme l'est celui des statues" (le torse de chaque statue).
Je veux dire, si le singulier s'applique à "nous", il doit aussi pouvoir s'appliquer aux statues.
Soit, nous sommes en train de couper les cheveux en quatre, mais il faut bien admettre que c'est un exercice plus gratifiant que de s'envoyer des insultes à la figure... En tout état de cause, même si j'aurais aimé avoir l'explication éclairée d'un grammairien pur et dur, l'intuition linguistique me souffle que singulier et pluriel sont tous deux acceptables dans cette construction.
Bien à vous,
Clo.
Simple question grammaticale de ma part sur ce torse qui turlupine Peter Pan et -image surréaliste- commence à me trotter dans la tête aussi : ne pourrait-on pas également justifier "notre torse est admiré comme l'est celui des statues" (le torse de chaque statue).
Je veux dire, si le singulier s'applique à "nous", il doit aussi pouvoir s'appliquer aux statues.
Soit, nous sommes en train de couper les cheveux en quatre, mais il faut bien admettre que c'est un exercice plus gratifiant que de s'envoyer des insultes à la figure... En tout état de cause, même si j'aurais aimé avoir l'explication éclairée d'un grammairien pur et dur, l'intuition linguistique me souffle que singulier et pluriel sont tous deux acceptables dans cette construction.
Bien à vous,
Clo.
Invité- Invité
Re: Les oubliés
Que c'est beau Hellian. Emouvant sans trop en faire, mélancolique et sensible, empli d'un mélange de respect et de dignité que je trouve très réussi. J'aime beaucoup ta manière d'exprimer les regrets, qui me paraît si souvent empreinte de sincérité et d'humanité, ne s'entourant jamais d'effets inutiles.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Les oubliés
J'aime le rythme, très musical (la sonorité des vers à mon oreilles est pour moi primordiale) et l'ampleur colle très bien au sujet. Une belle réussite, évocation nostalgique et néanmoins paisible que l'on a plaisir à relire.
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
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