Bangcake

Dans la cuisine américaine, trois types s’activent autour d’une poêle. Ce soir, c’est spécialité thaï ; le Bangcake. Une montagne d’herbe réduit doucement. Fondue dans du beurre, mélangée à la farine, aux œufs et au sucre ; un dessert détonnant. Pour patienter, un autre mec me tend un cône, j’hésite, il semble si lourd. Michelle, à mon bras, s’en empare. Depuis que nous sommes à San Miguel de Allende, elle passe ses soirées à s’étourdir. Je me demande quel genre de photos elle va pouvoir rapporter pour ses parents de notre expédition Mexicaine. J’aperçois une bouteille de mezcal abandonnée sur une table basse. Personne pour la surveiller.
La soirée bat son plein. Je n’ai pas le temps d’atteindre la bouteille orpheline que, déjà, je suis pris en main par la maîtresse de maison qui veut embrasser son frenchie adoré. Elle me colle son rouge à lèvre sur la joue, très près de la bouche, et commence à m’entretenir de sujets très importants. Son accent texan et sa voix rauque me bercent. J’entends le rire limpide de Michelle qui manipule le pétard comme une trompette, tandis qu’un connard lui joue sur le piano du salon la lettre à Elise.
. Elle a toujours craqué pour les musicos, mais je suis plus inquiet pour la bouteille qui risque de disparaître si l’autre ne me lâche pas la grappe. Je la tiens enfin, pas besoin de verre. Je m’éclipse dans une chambre, histoire de me préparer dans la solitude à affronter tout ça. La chambre est vide. Sur le lit sommeille une guitare. Je n’ai jamais su jouer que « jeux interdits », mais ça me bouffe de penser que l’autre est en train de minauder autour du pianiste. Je bois le mezcal au goulot, le ver se pose sur mes lèvres.
La porte s’ouvre sur notre hôtesse, j’aperçois les gens qui s’amusent, j’aperçois Michelle assise à côté du pianiste, ils ne jouent pas à quatre mains, seulement trois, une des mains du mec est posée sur la cuisse de ma femme. Je suis certain qu’il va lui chanter Michelle, ma belle.
. Le mezcal me brûle le ventre. La porte se referme.
« I love this song », dit la femme en déboutonnant son corsage blanc.

Un début sympa, je trouve ! Tel quel, c'est un peu bref pour se faire vraiment une idée...

Une remarque :
« notre expédition mexicaine »

Bonsoir l'Anonyme,

- Est-ce que ça vous bouffe vraiment de penser que votre femme minaude autour du pianiste alors que vous parlez d'elle en disant l'autre ?
- rouge à lèvres
- ver ou verre ?
- j'aperçois ... j'aperçois ...

Rapide ... un peu trop rapide ?

midnightrambler

Un bon début à l'écriture sèche et teintée de sarcasme. Parfaitement identifiable au demeurant, je ne sais pas si c'est un compliment, un encouragement ou pas.

J'écrivais comme ça à 17 ans.
Je vais bientôt en avoir 47....

Est-ce que jaon peut commenter jaon, sachant que jaon n'est pas forcément jaon ?

Je trouve que le texte aurait pu être plus poussé, plus franc. Une sorte de lâcher des mots, voilà.

Mais que c'est bien d'avoir déjà écrit cela, et que j'encourage l'autre jaon qui n'est pas le jaon que je suis, moi-même n'étant toujours pas lu-k.

Je trouve le contenu très médiocre.
L'écriture est d'un rythme agréable et le maintient.

"moi-même n'étant toujours pas lu-k."

Je ne comprends pas.

Sinon, j'ai trouvé ce début tout à fait intéressant pour son écriture à la fois blanche et énergique.

lu-k, vous avez raté un épisode de la vie du site : il existe désormais un pseudonyme commun anonyme ("jaon doe", mot de passe "anonyme") pour publier des textes, mais pas pour intervenir ni commenter ni répondre aux commentaires sur ses textes. L'idée est d'aborder un texte sans connaître tout de suite son auteur (qui pourra se dévoiler quand il voudra), afin d'ôter un a priori possible. En lisant ce texte-ci, vu la présence de l'adjectif "petit" et d'une thématique noire, je m'étais demandé si l'auteur était vous, et, plus grave, je l'avais demandé dans mon commentaire ; je dis plus grave parce que ce jeu de cache-cache sans intérêt n'est pas le but de l'exercice !

Voilà pourquoi l'auteur a cru bon de démentir l'hypothèse comme quoi il aurait été lu-k.

j'ai tout de suite pensé à du Yali (c'est un compliment ;-))
et puis non, manque le zinc
en peu de ligne, tout une ambiance, on y est, les odeurs, les couleurs, les liens entre les personnages, bravo pour ça
y a matière à roman rien qu'avec cet incipit
chapeau

Belle ambiance, d'où ressort un personnage désabusé un peu trop accroc à sa bouteille.
Côté écriture, la reprise du texte permettrait d'en améliorer la forme un peu trop relâchée à mon goût (pour ne pas dire brouillonne). Mais après tout, c'est peut-être ce qui en crée l'ambiance.