A corps perdu
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A corps perdu
Un jour, je perdis la tête. Je n'étais pas une forte tête, c'est vrai, j'avais donc certainement une fragilité de ce côté-là, côté caboche, moi pas cabochard pour un sou. Pas têtu non, jamais je ne m'entêtais. Mais voilà, tout le temps on me disait : "tu te prends trop la tête, t'es pas assez cool". On ajoutait : "Et tu nous prends la nôtre aussi, avec tes questions sans réponses, et tes interrogations sans fond." A en croire donc mon entourage, non seulement j'avais en charge une tête, la mienne, mais aussi celle d'autrui ; j'étais un étrange polycéphale. Il ne faut pas en conclure que je me payais la tête des autres, ma cafetière n'était pas une tirelire. Il en fut ainsi, je n'avais plus la tête à moi. Par un acte manqué, las de trop me la prendre et de me charger de celles qui n'étaient pas miennes, je l'avais délaissée ; quelque part, je ne sais où, je l'avais égarée; perdue, j'avais perdu la tête. J'en étais hors de moi. Moi, devenu corps sans chef.
Que faire alors, quand on n'a plus la tête sur les épaules ?
Rechercher ce que l'on a inopinément perdu ? Je n'avais pas la tête à ça, et pour cause. D'abord un peu furieux contre moi-même, - et comment ne pas l'être quand on est hors de soi ? - d'abord un peu paumé, comme une tête peut l'être, je décidai de ne pas me mettre martel en tête, et pour cause, derechef. Je fis bien quelques tentatives pour la retrouver, et particulièrement au-dessus de mon crâne manquant- on prétendait souvent que j'étais tête en l'air, où alors mieux la chercher ? Mais ni dans les airs, ni même dans les étoiles ou dans la lune, je ne l'y trouvais ni m'y retrouvais. C'était entendu, je m'en passerais : je décidai de mener ma vie comme si de rien n'était, et surtout sans faire la tête.
Il fallait, me disais-je, qu'après avoir perdu la bobine, au moins je ne perdisse pas pied, ni le fil d'une existence tranquille. Être perdu, de pied en cap, me semblait une perte excessive. Je ne voulais pas vivre à corps perdu. Mais faire face dans une pareille situation, sans tête, n'était pas aisé. Je souhaitai donc continuer une vie dans un paisible pied-à-terre, sans chercher à prendre la tête de quiconque. Ne pas se prendre le ciboulot, mais prendre son pied, c'était désormais ma devise.
Je me sentais tout de même un peu diminué, et comment ! Les autres me dépassaient tous d'une tête ! Mais, pour mon bien, je ne devais pas me laisser aller à un sentiment d'infériorité dont j'eusse pu souffrir, et, puisque je ne pouvais plus garder la tête haute, au moins devais-je rester debout, bien droit, ne pas fléchir, ne pas courber l'échine, non, ne pas me ratatiner. Prendre son pied, oui, mais sans plier, et sans faiblir.
C'est par le ventre que je commençai à prendre mon pied. Allez savoir ce que j'avais au ventre. Du cœur, sans doute. Rage et faim aussi. Et c'est le ventre palpitant que désormais je dévorais le monde. A défaut d'une tête qui pense, je remplissais ma panse de ventrées gargantuesques. J'avalais tout, je gobais tout. Je bouffais tout ce qui se présentait à moi, goulûment. J'ingurgitais tout, d'un seul coup, d'un seul trait, sans rien mâcher, avec avidité. J'avalais tous les livres, toutes les histoires, tous les racontars et tous les bobards. J'engloutissais la mer et les poissons. Je descendais la vie comme une boisson forte, par grandes rasades, à grandes gorgées. Je prenais et reprenais de tout, je me servais généreusement, j'osais goûter à tout. J'étais gonflé ! Un vrai casse-cou. Je n'eus donc plus de cou, mais quelques ballonnements, en particulier après que j’eus avalé quelques reliefs montueux. J'avais décidément comme un poids à l'estomac. Pour finir, je me répandis en abondantes nausées. Le monde était indigeste, ou tout était de trop, je ne sus qu'en conclure. Quoi qu'il en fût, ma nouvelle tentative d'orientation dans la vie fit un bide, pour sûr.
Il fallait réagir. J'étais boulimique de toute existence et de l'univers entier. Mon ventre devenu énorme, je ne pouvais plus atteindre mon pied. Je ne pouvais plus le prendre, je décidai donc de prendre patience et aussi de lever le pied quant à ma voracité gloutonne. Je devais me mettre à la diète, et au light. Étêté ventru, je croyais être tout, je n'étais rien. Pourtant, je me restreignis si bien que très vite j'eus l'estomac dans les talons. Bientôt je perdis du ventre, je le perdis tout entier. Je n'étais plus bien en chair. J'en restai estomaqué, et pantois.
Je m'étais fourvoyé en cherchant à prendre mon pied. Je m'y étais mal pris. Mais où avais-je donc la tête ?!
Tête égarée, ventre en moins, je commençais à me sentir sérieusement diminué. Il fallait arrêter l'hémorragie. Limiter les pertes. Prendre les choses à bras-le-corps, oui, mais surtout ne pas mettre à bas le corps.
Prendre mon pied par un autre côté, par le bas ventre, descendre au-dessous de la ceinture : voilà ce que je devais tenter.
Quelques légers inconvénients feraient certainement difficulté, mais tout de même il convenait de tenter cette orientation nouvelle, cette nouvelle façon de prendre les choses. Pour la séduction, je me trouvais en mauvaise posture, c'est sûr. Un dîner en tête à tête et à la chandelle, il ne fallait pas y penser. Il fallait chercher des partenaires pour une sexualité débridée, oublier amour, charme et romantisme, ne se soumettre qu'à sa libido. Il fallait me plonger dans la débauche, non pas tête baissée, non certes, je ne le pouvais pas, mais toute sensualité en éveil, exacerbée, échauffée aux mille feux tentateurs de corps très féminins et très entiers. J'étais donc parti pour laisser libre cours à mes parties intimes, ces parties du corps qui me restaient encore. Je m'aperçus bien vite pourtant que je me conduisais comme un manche, ithyphalle idiot, priape ridicule, phallus nigaud. Il y eut un bâton dans les roues de ma vie, et le bâton fut rompu quand elle roula dans une débauche insensée, une vie dissolue, désagrégée, décomposée, désintégrée, disloquée, effondrée et dépravée. Pour finir sans queue ni tête, démembré et désarticulé : telles furent les conséquences de mon impéritie. Paniqué, mon sang fit plus d'un tour, je m’en tournais les sangs, j'en perdis mon sang froid, et aussi mon mauvais sang, mon sang glacé et pour finir mon sang d'encre.
J'allais ainsi d'échec en échec, tous mes efforts se faisaient en pure perte. Je devais me refaire, impérativement, il fallait reprendre les choses en main, mais je ne pus que me rendre à l'évidence : en toute chose, j'avais perdu la main. Manchot grotesque : voilà ce que j'étais.
Tout désormais me cassait les pieds, je les perdis, j'étais brisé, coeur et pied, tout entier. De plus, je maigrissais à vue d'oeil, mais pas le mien, celui des autres. Je n'avais plus que la peau et les os. Moi, tout riquiqui. Incroyable, je finis aussi par perdre les os ! Et je ne tenais plus à ma peau. Désintégré. Mon corps n'était plus. Je ne faisais plus corps avec moi-même. Dans le décor du monde, je n'apparaissais plus. J'étais en corps perdu. Tout défait, ce fut ma défaite.
Comment revenir à soi ? Comment se refaire ? Je ne me casse pas la tête, d'ailleurs elle n'est plus là où elle devrait être, je ne le pourrais pas. Je ne me tracasse pas, non. Mais comment revenir à soi ? Comment être tout à soi ?
Il ne me reste que les mots, je n'ai plus que les mots pour revenir à moi. Je cherche leur fil par lequel retisser la trame de ma vie et redonner une charpente à mon corps. Je fais des pieds et des mains, je m'entête, je m'acharne, je me réincarne, je cherche les mots qui ont du corps et ceux qui donnent du cœur. Je reviens à la lettre, que je prends au pied, pour ne pas rester dans le néant. Je me donne consistance, je cherche un visage. Je cherche un regard. Je m'engage dans l'infini du langage. Je cherche un corps qui me donnera une âme.
Que faire alors, quand on n'a plus la tête sur les épaules ?
Rechercher ce que l'on a inopinément perdu ? Je n'avais pas la tête à ça, et pour cause. D'abord un peu furieux contre moi-même, - et comment ne pas l'être quand on est hors de soi ? - d'abord un peu paumé, comme une tête peut l'être, je décidai de ne pas me mettre martel en tête, et pour cause, derechef. Je fis bien quelques tentatives pour la retrouver, et particulièrement au-dessus de mon crâne manquant- on prétendait souvent que j'étais tête en l'air, où alors mieux la chercher ? Mais ni dans les airs, ni même dans les étoiles ou dans la lune, je ne l'y trouvais ni m'y retrouvais. C'était entendu, je m'en passerais : je décidai de mener ma vie comme si de rien n'était, et surtout sans faire la tête.
Il fallait, me disais-je, qu'après avoir perdu la bobine, au moins je ne perdisse pas pied, ni le fil d'une existence tranquille. Être perdu, de pied en cap, me semblait une perte excessive. Je ne voulais pas vivre à corps perdu. Mais faire face dans une pareille situation, sans tête, n'était pas aisé. Je souhaitai donc continuer une vie dans un paisible pied-à-terre, sans chercher à prendre la tête de quiconque. Ne pas se prendre le ciboulot, mais prendre son pied, c'était désormais ma devise.
Je me sentais tout de même un peu diminué, et comment ! Les autres me dépassaient tous d'une tête ! Mais, pour mon bien, je ne devais pas me laisser aller à un sentiment d'infériorité dont j'eusse pu souffrir, et, puisque je ne pouvais plus garder la tête haute, au moins devais-je rester debout, bien droit, ne pas fléchir, ne pas courber l'échine, non, ne pas me ratatiner. Prendre son pied, oui, mais sans plier, et sans faiblir.
C'est par le ventre que je commençai à prendre mon pied. Allez savoir ce que j'avais au ventre. Du cœur, sans doute. Rage et faim aussi. Et c'est le ventre palpitant que désormais je dévorais le monde. A défaut d'une tête qui pense, je remplissais ma panse de ventrées gargantuesques. J'avalais tout, je gobais tout. Je bouffais tout ce qui se présentait à moi, goulûment. J'ingurgitais tout, d'un seul coup, d'un seul trait, sans rien mâcher, avec avidité. J'avalais tous les livres, toutes les histoires, tous les racontars et tous les bobards. J'engloutissais la mer et les poissons. Je descendais la vie comme une boisson forte, par grandes rasades, à grandes gorgées. Je prenais et reprenais de tout, je me servais généreusement, j'osais goûter à tout. J'étais gonflé ! Un vrai casse-cou. Je n'eus donc plus de cou, mais quelques ballonnements, en particulier après que j’eus avalé quelques reliefs montueux. J'avais décidément comme un poids à l'estomac. Pour finir, je me répandis en abondantes nausées. Le monde était indigeste, ou tout était de trop, je ne sus qu'en conclure. Quoi qu'il en fût, ma nouvelle tentative d'orientation dans la vie fit un bide, pour sûr.
Il fallait réagir. J'étais boulimique de toute existence et de l'univers entier. Mon ventre devenu énorme, je ne pouvais plus atteindre mon pied. Je ne pouvais plus le prendre, je décidai donc de prendre patience et aussi de lever le pied quant à ma voracité gloutonne. Je devais me mettre à la diète, et au light. Étêté ventru, je croyais être tout, je n'étais rien. Pourtant, je me restreignis si bien que très vite j'eus l'estomac dans les talons. Bientôt je perdis du ventre, je le perdis tout entier. Je n'étais plus bien en chair. J'en restai estomaqué, et pantois.
Je m'étais fourvoyé en cherchant à prendre mon pied. Je m'y étais mal pris. Mais où avais-je donc la tête ?!
Tête égarée, ventre en moins, je commençais à me sentir sérieusement diminué. Il fallait arrêter l'hémorragie. Limiter les pertes. Prendre les choses à bras-le-corps, oui, mais surtout ne pas mettre à bas le corps.
Prendre mon pied par un autre côté, par le bas ventre, descendre au-dessous de la ceinture : voilà ce que je devais tenter.
Quelques légers inconvénients feraient certainement difficulté, mais tout de même il convenait de tenter cette orientation nouvelle, cette nouvelle façon de prendre les choses. Pour la séduction, je me trouvais en mauvaise posture, c'est sûr. Un dîner en tête à tête et à la chandelle, il ne fallait pas y penser. Il fallait chercher des partenaires pour une sexualité débridée, oublier amour, charme et romantisme, ne se soumettre qu'à sa libido. Il fallait me plonger dans la débauche, non pas tête baissée, non certes, je ne le pouvais pas, mais toute sensualité en éveil, exacerbée, échauffée aux mille feux tentateurs de corps très féminins et très entiers. J'étais donc parti pour laisser libre cours à mes parties intimes, ces parties du corps qui me restaient encore. Je m'aperçus bien vite pourtant que je me conduisais comme un manche, ithyphalle idiot, priape ridicule, phallus nigaud. Il y eut un bâton dans les roues de ma vie, et le bâton fut rompu quand elle roula dans une débauche insensée, une vie dissolue, désagrégée, décomposée, désintégrée, disloquée, effondrée et dépravée. Pour finir sans queue ni tête, démembré et désarticulé : telles furent les conséquences de mon impéritie. Paniqué, mon sang fit plus d'un tour, je m’en tournais les sangs, j'en perdis mon sang froid, et aussi mon mauvais sang, mon sang glacé et pour finir mon sang d'encre.
J'allais ainsi d'échec en échec, tous mes efforts se faisaient en pure perte. Je devais me refaire, impérativement, il fallait reprendre les choses en main, mais je ne pus que me rendre à l'évidence : en toute chose, j'avais perdu la main. Manchot grotesque : voilà ce que j'étais.
Tout désormais me cassait les pieds, je les perdis, j'étais brisé, coeur et pied, tout entier. De plus, je maigrissais à vue d'oeil, mais pas le mien, celui des autres. Je n'avais plus que la peau et les os. Moi, tout riquiqui. Incroyable, je finis aussi par perdre les os ! Et je ne tenais plus à ma peau. Désintégré. Mon corps n'était plus. Je ne faisais plus corps avec moi-même. Dans le décor du monde, je n'apparaissais plus. J'étais en corps perdu. Tout défait, ce fut ma défaite.
Comment revenir à soi ? Comment se refaire ? Je ne me casse pas la tête, d'ailleurs elle n'est plus là où elle devrait être, je ne le pourrais pas. Je ne me tracasse pas, non. Mais comment revenir à soi ? Comment être tout à soi ?
Il ne me reste que les mots, je n'ai plus que les mots pour revenir à moi. Je cherche leur fil par lequel retisser la trame de ma vie et redonner une charpente à mon corps. Je fais des pieds et des mains, je m'entête, je m'acharne, je me réincarne, je cherche les mots qui ont du corps et ceux qui donnent du cœur. Je reviens à la lettre, que je prends au pied, pour ne pas rester dans le néant. Je me donne consistance, je cherche un visage. Je cherche un regard. Je m'engage dans l'infini du langage. Je cherche un corps qui me donnera une âme.
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 69
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: A corps perdu
Un texte intelligent s'il en est. J'ai envie de parler de performance, aussi. Une performance d'artiste, bien entendu !
Un écrit savoureux, que je relirai pour le plaisir, tout simplement. De belles trouvailles, des jeux de mots au poil, bref une plume qui titille les neurones de la meilleure des façons.
Un écrit savoureux, que je relirai pour le plaisir, tout simplement. De belles trouvailles, des jeux de mots au poil, bref une plume qui titille les neurones de la meilleure des façons.
Je ne joue plus au jeu des citations, car tout le texte va y passer. ^^Pour finir sans queue ni tête, démembré et désarticulé : telles furent les conséquences de mon impéritie.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: A corps perdu
Une belle exploration et exploitation des expressions de la langue française basées sur le corps (ça m'a rappelé un conte que j'avais écrit en partant de cette idée et où l'héroïne finissait en sale état !).
C'est aussi très bien écrit et agréable à lire. Jeu de mots, "accord perdu" : bel exercice !
C'est aussi très bien écrit et agréable à lire. Jeu de mots, "accord perdu" : bel exercice !
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: A corps perdu
Louis
ton doigté agile sur le clavier des expressions me touche tu le sais.
J'aime quand tu te lances , accord perdu, dans des records motivés, je t'accorde volontiers le prix de la virtuosité.
Tu retournes sans voix ta langue sept fois dans ta bouche,tu m'en bouches un coin, et me voilà toute alanguie
Tu baffes , tu biffes , tu tords le cou à l'alitée rature, et des cous et des couleuvres , ça me fait frissonner l'échine et ça me parle
Tu t'époumones et je suis toute oui
Tu te décarcasses mais voilà...
peu à peu la jalousie me grignote...et je m'aigris à vue d'oeil
Si je suis hanche hantée , j'avoue, je suis aussi écoeurée ...
Envie de te voler dans la plume la source de ton inspiration juqu'à l'expiration finale de l'arme fatale, cette muse qui s'amuse , et qui ne se fait jamais, quelle déveine, un sang d'encre, ancrée sur des rivages ludiques où l'égo est un je de bric et les mots un jeu de troc.
Envie un jour de pouvoir t'exécuter d'une critique définitive qui te laisse sur le flanc, les yeux comme deux ronds de flan, qui décrit tous tes tics et décrie tous tes tocs, un crime tactique, un cri ventriloque , une piqûre de langue qui te laisse exsangue, une piqûre de langue de vipère.
Une sorte de nice-crime, qui sera perpétré de sang froid par une amère loque qui perd ses vers en corps et encore sur ton cas d'havre exquis.
Une criminelle peu lacrymale qui cherchera pour le décor qui lui donnera une larme.
En attendant qu'elle t'éreinte, elle avoue, elle aime se promener dans tes lacis de mots et tes labyrinthes.
ton doigté agile sur le clavier des expressions me touche tu le sais.
J'aime quand tu te lances , accord perdu, dans des records motivés, je t'accorde volontiers le prix de la virtuosité.
Tu retournes sans voix ta langue sept fois dans ta bouche,tu m'en bouches un coin, et me voilà toute alanguie
Tu baffes , tu biffes , tu tords le cou à l'alitée rature, et des cous et des couleuvres , ça me fait frissonner l'échine et ça me parle
Tu t'époumones et je suis toute oui
Tu te décarcasses mais voilà...
peu à peu la jalousie me grignote...et je m'aigris à vue d'oeil
Si je suis hanche hantée , j'avoue, je suis aussi écoeurée ...
Envie de te voler dans la plume la source de ton inspiration juqu'à l'expiration finale de l'arme fatale, cette muse qui s'amuse , et qui ne se fait jamais, quelle déveine, un sang d'encre, ancrée sur des rivages ludiques où l'égo est un je de bric et les mots un jeu de troc.
Envie un jour de pouvoir t'exécuter d'une critique définitive qui te laisse sur le flanc, les yeux comme deux ronds de flan, qui décrit tous tes tics et décrie tous tes tocs, un crime tactique, un cri ventriloque , une piqûre de langue qui te laisse exsangue, une piqûre de langue de vipère.
Une sorte de nice-crime, qui sera perpétré de sang froid par une amère loque qui perd ses vers en corps et encore sur ton cas d'havre exquis.
Une criminelle peu lacrymale qui cherchera pour le décor qui lui donnera une larme.
En attendant qu'elle t'éreinte, elle avoue, elle aime se promener dans tes lacis de mots et tes labyrinthes.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: A corps perdu
Et alors, cachée par le rideau cramoisi du grand théâtre (car commenter ce joyau après Rebecca, ne peut se faire au grand jour) je m'époumone en vibrants BRAVO ! BRAVO ! BRAVO !
Crénom de Diou !
Quel travail éblouissant ! Décidément, tu es un virtuose ! Tu me files le tournis, tu me rends bourrique, tu m'ébouriffes, me retournes comme un gant, je te suis acquis, à qui la faute ? A monsieur Louis, qui fait mouche à tous les coups... Tu es mortel dans ton genre. Bravo. J'ai passé une journée de fous, tu m'achèves et j'y viens, consentant, con sentant à quel point je suis largué... Eh ben mon fieux, là tu m'as mis à genoux ! J'en perds mes joujoux, je tombe dans les choux, roule sur les cailloux, je ne sais pas ce qu'en pensent les hiboux mais moi j'ai pris une claque et je tends l'autre joue. Chapeau bas...
Ubik.
Oui, c'est sans doute parce que je digère mal le monde que je me suis mis à écrire moi aussi. Quelle histoire... Mais là je me sens tout petiot en face de textes pareils. Non de Diou, comment vais-je m'en remettre ?Louis a écrit:Le monde était indigeste, ou tout était de trop
Ubik.
Re: A corps perdu
Envie d'applaudir la performance, bien sûr ! C'est brillant !
Devos dit Easter, j'y ai pensé aussi évidemment mais il y a, dans le dernier paragraphe, quelque chose de plus. On cesse de sourire, on s'interroge sur cet aveu mi figue-mi raisin:
Devos dit Easter, j'y ai pensé aussi évidemment mais il y a, dans le dernier paragraphe, quelque chose de plus. On cesse de sourire, on s'interroge sur cet aveu mi figue-mi raisin:
Finies les jongleries, on touche au vif du sujet et le lecteur s'y retrouve avec ses angoisses et ses interrogations. Poignant !Il ne me reste que les mots, je n'ai plus que les mots pour revenir à moi. Je cherche leur fil par lequel retisser la trame de ma vie et redonner une charpente à mon corps.[...] Je me donne consistance, je cherche un visage. Je cherche un regard. Je m'engage dans l'infini du langage. Je cherche un corps qui me donnera une âme.
Re: A corps perdu
Easter m'a piqué ma comparaison herméneuticienne. Devos et plus !
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: A corps perdu
Mouais.
Je suis franchement pas fan. Première lecture j'ai lacher apres le premier paragraphe. J'ai lu les commentaires et j'y suis revenu, me disant que ça devait venir de moi. Je suis arrivé jusquau troisième paragraphe sans être plus convaincu.
Sans doute ai-je la dent dure mais je vois un exercice de style tout ce qu'il y a de plus ordinaire -donc chiant. La répétition du mot tête" assorti du surfait "caboche" m'a rebuté d'entrée de jeu. L'écriture ensuite, qui sorti du jeu sur la langue, n'offre aucune perspective. Pareil pour la trame vraiment trop visiblement moulée par le motif (une contrainte dans ce cas) et mal tricotée.
Désolé mais je trouve ça facile (pas subtil/intelligent) et pas très bien réalisé.
Je suis franchement pas fan. Première lecture j'ai lacher apres le premier paragraphe. J'ai lu les commentaires et j'y suis revenu, me disant que ça devait venir de moi. Je suis arrivé jusquau troisième paragraphe sans être plus convaincu.
Sans doute ai-je la dent dure mais je vois un exercice de style tout ce qu'il y a de plus ordinaire -donc chiant. La répétition du mot tête" assorti du surfait "caboche" m'a rebuté d'entrée de jeu. L'écriture ensuite, qui sorti du jeu sur la langue, n'offre aucune perspective. Pareil pour la trame vraiment trop visiblement moulée par le motif (une contrainte dans ce cas) et mal tricotée.
Désolé mais je trouve ça facile (pas subtil/intelligent) et pas très bien réalisé.
Re: A corps perdu
Tout à fait pas d'accord avec lemon a précédemment.
J'ai tout de suite accroché. Ces jeux de mots avec les expressions toutes faites de notre langue, tous exprimant la même chose mais jamais répétitif. Je suis vraiment très admirative. Bravo !!!
Ce qui me touche, surtout, c'est la fin. Le ton sérieux tranche radicalement avec le reste, même si je sentais la conclusion arriver.
Vous avez réussi à exprimer ce que de nombreuses personnes ressentent. Cette impression de n'être rattaché au monde extérieur que par les mots, et rien d'autre.
Votre texte est émouvant. Ma gorge s'est serrée. Merci.
Marine
J'ai tout de suite accroché. Ces jeux de mots avec les expressions toutes faites de notre langue, tous exprimant la même chose mais jamais répétitif. Je suis vraiment très admirative. Bravo !!!
Ce qui me touche, surtout, c'est la fin. Le ton sérieux tranche radicalement avec le reste, même si je sentais la conclusion arriver.
Vous avez réussi à exprimer ce que de nombreuses personnes ressentent. Cette impression de n'être rattaché au monde extérieur que par les mots, et rien d'autre.
Votre texte est émouvant. Ma gorge s'est serrée. Merci.
Marine
Mammouth-Féroce- Nombre de messages : 28
Age : 31
Localisation : Ici... Et là-bas.
Date d'inscription : 03/02/2010
Re: A corps perdu
Je suis partagée entre enthousiasme et indigestion, un peu comme l'affamé qui avalerait un repas de fêtes, ou l'indigent qui revêtirait un costume de cour grand-siècle...
De toute façon, bravo au cuisi-couturier des mots que vous êtes, c'est une vraie performance! Votre art n'est donc pas en cause, car c'est un problème de réception :pour mon goût, trop de "fioriture" tue le décor, trop de jeux de mots étouffe l'humour ...
Mais bon, ça a l'air chipoteux comme commentaire, alors que vous jouez dans la cour des grands...
Devos bien sûr, et plus tard j'ai pensé à Bernard Noël et ses "extraits du corps".
De toute façon, bravo au cuisi-couturier des mots que vous êtes, c'est une vraie performance! Votre art n'est donc pas en cause, car c'est un problème de réception :pour mon goût, trop de "fioriture" tue le décor, trop de jeux de mots étouffe l'humour ...
Mais bon, ça a l'air chipoteux comme commentaire, alors que vous jouez dans la cour des grands...
Devos bien sûr, et plus tard j'ai pensé à Bernard Noël et ses "extraits du corps".
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: A corps perdu
Ce n'était pas joué d'avance. Les ressucées Devos, c'est le Défi! Déja que dites par lui, c'était souvent fort inégal. T'as bien surfé les vagues sans jamais couler. Chapeau !
Cependant, pas d'accord là! car je trouve, tu zappes:
Chopper l'oiseau rare! LA femme qui toutes les autres contient. Celle des trois secrets de Merlin enseignée.
Chopper la bête et en son jardin l'enclôre pour y vivre couchés. Fermer les portes au monde et aimer à bride, coeur et couilles que veux-tu, jusque à raz moulu, et ne plus pouvoir "à mie donner" assez.
Ensuite, ensuite seulement, chaque chose en son temps, pourquoi pas, passer à la plume, juste pour raviver, vigorer le souvenir une fois encore, avant l'épitaphe.
Cependant, pas d'accord là! car je trouve, tu zappes:
Sexe fou et grande passion peuvent fort bien cohabiter! c'est là le pompon!oublier amour, charme et romantisme, ne se soumettre qu'à sa libido.
Chopper l'oiseau rare! LA femme qui toutes les autres contient. Celle des trois secrets de Merlin enseignée.
Chopper la bête et en son jardin l'enclôre pour y vivre couchés. Fermer les portes au monde et aimer à bride, coeur et couilles que veux-tu, jusque à raz moulu, et ne plus pouvoir "à mie donner" assez.
Ensuite, ensuite seulement, chaque chose en son temps, pourquoi pas, passer à la plume, juste pour raviver, vigorer le souvenir une fois encore, avant l'épitaphe.
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: A corps perdu
Le texte est dans beaucoup, beaucoup, de répétition, (trop) peu de glissement sémantiques qui rendent ce genre amusant. L'ensemble un peu lourd n'est pas non plus porté par une narration. Il y a quelques bons jeux de mots, mais souvent mal servis, d'une façon poussive.
Pour servir l'idée, je préfèrerais une prose plus élégante, rapide et efficace et je propose à l'auteur de travailler dans ce sens.
Pour servir l'idée, je préfèrerais une prose plus élégante, rapide et efficace et je propose à l'auteur de travailler dans ce sens.
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
à corps perdu
bonjour
Moi aussi je salue la performance mais c'est vrai que j'ai abandonné avant la fin. Je crois que ce genre de texte ne peut être que très court.
Moi aussi je salue la performance mais c'est vrai que j'ai abandonné avant la fin. Je crois que ce genre de texte ne peut être que très court.
monique- Nombre de messages : 58
Age : 75
Date d'inscription : 25/02/2010
Re: A corps perdu
Plus court ? Mouais... mais bon, il ne s'agit pas ici que de predre la tête, mais le cou, et les bras, et le ventre, et... alouette ! Alors faut quand même quelques mots pour chaque "membre" perdu, Lol !
Pour ma part, j'ai bien aimé avec aussi un sourire (plutôt tendresse) pour la chute.
Pour ma part, j'ai bien aimé avec aussi un sourire (plutôt tendresse) pour la chute.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
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