Exo live du 25 octobre 2006

kilis a écrit:une catastrophe

Un cyclone

Ecrire un texte autour de ce fait divers :

14 février 1929
Massacre de la Saint-Valentin

Les hommes d'Al Capone exécutent sept membres d'un gang rival à Chicago, le gang de Buggs Morane ou "gang des Irlandais". La tuerie a lieu dans un local clandestin de consommation de bière. Déguisés en policiers, les sbires de Capone ont berné leurs ennemis. Al Capone était en Floride au moment des faits. Depuis le milieu des années 20, il contrôle le commerce clandestin de l'alcool. Son organisation mafieuse compte une centaine de membres.

Au choix : raconter la scène, prendre un point de vue particulier, raconter l’avant, l’après, ce que vous voulez…
Recaser les mots :
Capaccio
Maureen
Vent
Taïaut !
La danse de Saint Guy
Saperlipopette
Cyclone
Ecureuil

Postage 22h35
C’est ok ?

Y avait une émission spéciale cyclone sur la télé, tiens.

Sauf que c'est carpaccio évidemment

Ca roule ! Mais petite question c'est un vrai fait divers ou non ?

Zou a écrit:Ca roule ! Mais petite question c'est un vrai fait divers ou non ?

Yep, 100% vrai d'après mon site de référence, j'ai pêché l'info ici : http://www.linternaute.com/histoire/categorie/130/a/1/1/histoire_des_faits_divers.shtml

Loupbleu a écrit:Y avait une émission spéciale cyclone sur la télé, tiens.

j'aime bien ton à-propos ;-)

.
Bien fait pour lui ! Buggs avait qu’à être d’accord avec moi. C’est vrai quoi ! Elle était bonne son idée d’ouvrir ce clandé d’alcool en sous-sol. Mais refuser d’y stocker de la Guinness, la meilleure bière du vieux continent, ça, je suis pas prête à l’oublier.
Peut-on être aussi bête !
Pourtant il m’avait à la bonne depuis que je l’avais tuyauté sur l’Ecureuil. Ce type était le trésorier occulte de Buggs Morane et j’avais remarqué des trucs bizarres depuis un moment. Alors je l’ai fait suivre. Et j’ai bien vu qu’il s’en mettait plein les poches avant que le fric des rackets sur les cigarettes soit enregistré dans le coffre. Saperlipopette, il portait bien son surnom ! Eh ben mon Buggs l’a dézingué lui-même, sans vérifier ce que je lui disais. Deux bastos dans les genoux, trois dans le buffet, il a amorcé quelques pas de la danse de Saint-Guy et il est tombé raide pour le compte. Depuis, c’est moi qui tiens la caisse… Bien joué non ?
Mais le coup de la Guinness, ça non, je pouvais pas laisser faire.
J’ai pris la Bentley du dimanche et j’ai fait un aller-retour à Chicago-city, pour rencontrer Al.
A ma grande surprise, j’ai été reçue par le grand Capone soi-même ! Sans chichis. Il m’a pas posé une seule question, j’avais bien préparé mon speech. Il a juste pris quelques notes, commandé deux Guinness mousseuses à souhait, et on a trinqué comme de vieux amis de 30 ans.
Ah c’est pas du vent ce qu’on raconte sur Al. C’est un type qui sait vivre !
Quatre jours après, douze faux-flics se pointaient au clandé et en moins de trois minutes, taïaut ! c’est comme si un cyclone avait balayé la cave, son bar et la salle de jeux.
Un carpaccio de truands en rouge et noir, hachés menus.
Maintenant je suis avec Al.
Je suis la financière de la mafia. Je brasse des millions en billets verts et en lingots purs.
Il m’appelle d’Or, Maureen d’Or.
.

Bon, j'ai foiré sur ce coup, mais ma concentration était impossible à tenir. Vous excuserez cette erreur de ma nature. ;-)


- Tu dors pas, mon Carpaccio d’amour ?
- Non, poupée, les affaires. Tu sais que je travaille dans l’import-export, si ça ne roule pas comme une bille, c’est foutu.
- Il est si tard, mon Alligator…
- Oui mais dans la tête, j’ai la danse de Saint Guy. C’est la nuit que me viennent les meilleures idées, tu le sais… Et demain est une longue journée.
- Mais nous sommes en vacances, mon Albatros, et demain, c’est aussi…
- La Saint-Valentin, je m’en souviens, mon Ecureuil… Saperlipopette, tu me croirais capable d’oublier ça ?
- Non, mon Alezan, mais tu as toujours le vent dans le dos et nous sommes si peu souvent ensemble…
- Le vent dans le dos ? Je vais te faire voir, ce que c’est que du vent ! Sous les draps, qu’Al Cyclone te donne une leçon !
- Oh ! Je t’aime quand tu es sauvage, mon Alexandrin !
- Taïaut !
- Je t’attends, mon Algorythme, mets le turbo !
- Aaah… Maureen, mon chou… Quel dommage que ton frère soit Irlandais.
- Pardon, mon Al maniaque ??

Mentor: sympa cette version, même si un peu lisse, de l'Irlandaise si attachée à sa Guinness qu'elle va jusqu'à changer de camp. Ca peut s'imaginer. ;-)) J'aime bien l'image du carpaccio de truands. ;-)

Le Docteur Clarke venait d’obtenir son premier poste. Légiste au City Hospital of Chicago.
Première nuit de garde et déjà une chiée de macchabées sur les bras.
Pour un baptême du feu, c’en était bien un et dans tous les sens du terme encore.
Ca avait vachement dû pétarader là-bas. Pas de doute, la météo avait du les surprendre. Vent de poudre et cyclone de cartouches en furie.
La morgue était transformée en carpaccio géant.
D’abord faire le tri. Les identifiables d’un côté, les explosés de l’autre.
Puis pour cette dernière catégorie, un second tamisage. Les hommes troncs à droite et les couilles sur pattes à gauche. Il terminerait sa soirée par un puzzle. Taïaut ! Il avait toujours adoré ça. Plus tard encore, tel un écureuil, il ferait la collecte des noisettes tombées au sol.
Mais pour l’heure, saperlipopette, il s’agissait de prévenir sa fiancée Maureen, qu’il risquait bien d’y passer la nuit. Cela devenait difficile de continuer à lui faire croire qu’il était toujours étudiant. Il avait beau être passé maître dans l’art de cultiver l’air d’un éternel adolescent, il n’allait pas pouvoir continuer à lui mentir longtemps. C’est juste qu’il redoutait de lui révéler la nature exacte de la science qu’il pratiquait. Maureen était étudiante en taxidermie. Cela immanquablement aurait du mettre à mal ses réticences mais c’était sans compter qu’elle était de ces étudiantes fanatiques. Elle avait déjà empaillé tout ce qui était mort ou plus grave quasi-mort autour d’eux. Il craignait de la voir débarquer sur son lieu de travail et de ne pouvoir contenir ses élans. Allez faire comprendre aux familles endeuillées pourquoi leur défunt repose sur inox yeux de verre de Nounours grands ouverts.. Comment expliquer que grand’mère se trouve suspendue sur bois et bois sur tête. Parce que Maureen en plus d’avoir de l’imagination ne reculait devant aucune fantaisie pour se distinguer.
- Maureen, ma chérie ?
- Oui, c’est toi John ?
- Oui mon amour. Juste te dire de ne pas m’attendre.
- Ce n’est pas grave mon chéri, on est samedi, j’irai bavarder un peu avec Kate. Elle part pour Miami sous peu, rejoindre son père. Si on tient la forme, peut-être ira-t-on danser après.
- D’accord, d’accord.
- Tu planches sur quoi pour le moment ? Syphilis ?
- Euh ! Non … Danse de Saint Guy.

Les hommes d'Al Capone exécutent sept membres d'un gang rival à Chicago, le gang de Buggs Morane ou "gang des Irlandais". La tuerie a lieu dans un local clandestin de consommation de bière. Déguisés en policiers, les sbires de Capone ont berné leurs ennemis. Al Capone était en Floride au moment des faits. Depuis le milieu des années 20, il contrôle le commerce clandestin de l'alcool. Son organisation mafieuse compte une centaine de membres.

Maureen O'Brien referma le manuel scolaire en souriant. Voilà cinq ans qu'elle enseignait l'histoire dans une petite école du comté de Clare et chaque année, ce fait divers était inscrit au programme. Pour le souvenir et l'honneur des Irlandais morts à cause d'un gangster américain qui avait semé la terreur, tel un cyclone, dans tout le pays pendant des années.
Saperlipopette! murmura-t-elle. Si seulement ils savaient tous...

Maureen, elle, savait. En emménageant dans la maison familiale, elle avait retrouvé des malles au grenier. Souvenirs s'étalant sur des décennies. Vêtements d'une autre époque, photographies jaunies et des lettres. Des centaines de lettres entourées de rubans de soie rose. Le courrier que son arrière-grand-mère envoyait aux siens depuis les Etats-Unis. Porté par le vent. Depuis Chicago. Dans les années 20. Une mine d'informations sur sa vie mais aussi sur celle de son entourage et sur la ville.

Le 14 février 1929, Mary Ann O'Connor servait de la gnôle frelatée à une bande de soiffards qui jouaient au poker. De la mauvaise bibine, bon marché, distillée avec du jus de betterave. Le patron avait interdit de servir autre chose à cette tablée. Ça riait sec, ça pariait ferme. Ambiance festive, coups de gueule habituels, taïaut!, poing sur la table et cigarette au bec. Pas seulement des Irlandais, il y avait aussi des Anglais, des fuyards de la Couronne venus se réfugier chez l'Oncle Sam. Avec leurs querelles politiques et ce besoin inné de mater les Irlandais. Sauf qu'à Chicago, on était au pays de la liberté, alors les Anglais ne la ramenaient pas trop. Le premier qui l'ouvrait se faisait raplatir comme un carpaccio ou entamait une danse de Saint-Guy à coup de balles de revolver. Chacun se tenait à carreau. De toutes façons, personne n'avait vraiment envie de se battre. L'alcool coulait à flot, il y avait de jolies filles et les paris allaient bon train. La politique n'avait pas sa place dans tout cela.

Seulement voilà, deux mois plus tôt, un groupe de déserteurs en provenance de la perfide Albion débarqua dans la ville et sema le désordre partout sur son passage. Effrayant les femmes et martyrisant les mômes. Une véritable plaie que la bande d'Al Capone se jura d'éradiquer dans un délai relativement court. Un coup fumant fut monté, avec de faux policiers, un tripot clandestin de fortune, des miséreux trop peureux pour refuser de jouer les figurants et la promesse de quinze litres d'alcool à chacun une fois l'affaire réglée.
Ce que tous ignoraient, c'était que le vrai patron du faux tripot avait décidé d'agrandir son commerce. Le jus de chaussette, c'était bon pour les lopettes du coin. Lui, il voulait voir grand. Assurer son avenir, remplir son matelas de billets et distiller une boisson que tout le monde allait s'arracher... la Guinness! Encore méconnue en Amérique mais très appréciée en Irlande. Et des Irlandais à Chicago, il y en avait un paquet. Comme partout sur la Côte Est. A coup sûr il allait faire fortune.

Le soir du 14 février 1929, Jack Huston, peu honorable bistrotier du 353 Vermont Street, servit donc de la Guinness à tous les Irlandais présents dans son établissement. Euphorie générale, cris de victoire, les Irlandais bondirent partout comme des écureuils et trucidèrent quelques Anglais au passage. Débarquant tels les carabiniers d'Offenbach, les hommes de Capone prirent peur. Non pas de se faire buter par des Irlandais bourrés mais en pensant à la colère du grand patron quand il apprendrait que des minables éleveurs de moutons avaient fait le boulot à leur place.
Contrairement à la rumeur trop souvent répandue à leur sujet, les hommes du grand Al n'étaient pas des manchots du ciboulot. Ils proposèrent un marché aux hommes présents dans la salle: silence sur la distillerie de Guinness en échange de la paternité de la tuerie. Tout le monde tomba d'accord. A une condition: que les cartes d'identité des macchabées soient envoyés au représentant de la couronne britannique afin qu'il comprenne que même en-dehors du sol national, jamais un Irlandais ne s'avouerait vaincu devant un Anglais. Aussitôt dit, aussitôt fait. On fêta joyeusement le massacre, les sbires de Capone firent venir des flics corrompus pour constater les dégâts et des journalistes pour rendre compte de la grandeur de l'empire caponesque à qui rien ni personne ne pouvait résister. La Guinness coula à flot. Sans doute un peu trop.

Et c'est ainsi que le lendemain dans les journaux, on retrouva partout le même communiqué de presse erroné faisant état de morts Irlandais et non Britanniques. La vérité ne fut jamais rétablie. Sans doute parce que tout le monde avait peur que la licence de Guinness ne soit retirée et que le breuvage disparaisse à jamais de Chicago. Sans doute aussi parce que Capone, en vacances à Miami avec sa maîtresse, ne sut jamais rien des faits. Et aussi sans doute parce que tout cela servit de prétexte à quelques règlements de compte sanglants dans les campagnes irlandaises au nom de l'honneur et de la dignité.

Comme d'hab, je vous lirai plus tard.
Belle nuit les gens!

sorry, j'ai fait super long :-((

Bonne nuit Blue

Sahkti a écrit:sorry, j'ai fait super long :-((

Et moi super court, on s'égalise! ;-)

Allez, j'y file! Ciao les fous!

Quand Capone réunit ses lieutenants, ça rigole pas. Ca fout les glandes, la réunion des amis d'Al. Il a son regard noir, se gratte la barbe avec le pouce, et ce soir, ça chauffe pour John.

- Mon petit John, c'est quoi cet histoire du dentiste qu'on a retrouvé plombé dans ton secteur ?
- C'est ... C'est une erreur, parrain...
- La dernière fois c'était un cardiologue qui s'est fait attaqué...
- Je ... Je sais, parrain.
- Et la fois d'avant un chirurgien qui s'était fait saigner...
- C'était... Un accident, parrain.
- Saperlipopette, mon petit John, il y a beaucoup d'accidents sur ton secteur on dirait. Tu es sûr que tu y vois bien ?

Là, tout le monde s'est forcé à rire. John n'est pas un mauvais garçon, il a les airs débonnaires des écureuils de central park. Il est juste un peu hypocondriaque. Un hypocondriaque avec un flingue. Puis le parrain nous a interrompu :

- Je vous ai pas fait venir pour ça !

Là, tout le monde s'est mis à écouter le parrain, très attentivement.

- Le gang des Irlandais commence à nous prendre un peu trop de parts de marchés. C'est ennuyeux. Nous n'allons pas nous laisser faire, n'est-ce pas ? On agit demain. Vous allez nous en faire du carpaccio !
- Taïaut ! a répondu un des gars.
- Les Irlandais, tous des enc... a poursuivit un autre.

Et là, il n'a pas fini, il y a eu un silence de mort dans la salle. Il avait oublié que Maureen, la femme du boss était irlandaise. Capone a sorti son flingue, a visé dans les pieds, l'autre a fait la danse de Saint-Guy avant de s'en prendre une en plein front.

Le lendemain, il y a eu un vent de panique dans les bistrots de contrebande de la concurrence ; avec les mitraillettes, c'était pas des rafales, c'était un cyclone. Parmi les morts, on a retrouvé un oculiste qui n'y était pour rien (*).



(*) Authentique !

C’est une histoire sans vent, si ce n’est un petit courant d’air très amour eux, y’a pas de taïut non plus, pas davantage de maladie, de saperlipopette, pas même un bout de cyclone et pas non plus d’écureuil qui traverse la route, mais, mais c’est une histoire qui me fascine depuis l’enfance, adonc voici :



Elle rêve de Clyde
Pense à lui
Chaque jour que dieu fait elle se gare ici, gare sa Ford pile devant la taule, amas de béton gris, attend en fumant une cibiche, carreaux baissés.
Il pense à elle.
Écoute sur un poste-radio de fortune, les infos : Al capone vient de dézinguer le gang des Irlandais, et à distance, et sous le soleil, et peinard en Floride, et tranquillement posé devant un carpaccio, sans risque s’il vous plait.
Respect
14 février 1929
Elle pense à lui
Elle pourrait s’appeler Maureen, Sarah pourquoi pas, on pourrait tout aussi bien avoir inventé le jour de la Saint valentin ce jour-là, juste pour dire, juste pour elle, pour lui, pour eux, mais c’est pas le cas, son prénom à elle c’est Bonnie.
Il pense à elle.
Bonnie », Bonnie ça sonne comme une envie d’être dans ses bras, une envie d’elle, une envie road movie…
« Bonnie »
Elle pense à lui, jette un dernier regard à la fenêtre, pauvre fenêtre paumée-perdue dans l’amas-façade-béton-gris, tourne la clé du peack-up Ford, démarre et s’en va.
Il la regarde partir
Elle sait
Ils savent chacun
S’aimer
Et
L’extraordinaire d’un lendemain :
Demain.

MENTOR

mentor a écrit:.
Maintenant je suis avec Al.
Je suis la financière de la mafia. Je brasse des millions en billets verts et en lingots purs.
Il m’appelle d’Or, Maureen d’Or.
.

Excellente la chute, m'y attendais pas du tout à celle-là. Bien vu Mentor. Pour le surplus, tous les élements des mafia's stories, s'y retrouvent, la guinness en plus ;-)

— Carcasse ?
— …
— Carcasse ???
— …
Carcasse ne répond pas. Et pour cause, Carcasse est mort. Il gît, là, en plein milieu du hangar. Baigne dans une marre de sang. Son sang. Et Irlandais, le sang en question. C’est sans doute pour ça que Buggs Morane l’avait recruté. Pour ça ou pour son surnom peut-être bien. Carcasse : ça impose le respect. Pour un peu, ça ferait peur, presque. La vérité c’est que Carcasse lui-même ne savait pas pourquoi Buggs Morane l’avait choisi. Il ne savait même pas pourquoi on l’appelait Carcasse depuis sa plus tendre enfance. Sans doute à cause de sa gueule amochée, de son profil calciné. Et il ne comprenait même pas ce qu’il était venu faire là.
Opération Carpaccio. C’était le nom qu’avait donné Buggs à la mission. Ça devait se passer comme sur des roulettes. Carcasse n’avait qu’à entrer, viser, tirer.
Entrer, viser, tirer.
« Saperlipopette ! », il s’était écrié quand on avait aligné tout le blé que ça allait lui rapporter.
« Saperlipopette ! » il avait répété.
Autant de fric, il avait jamais vu. Et avec ça, il pourrait se marier, en grandes pompes, cornemuse et tout le tralala. Il était tombé amoureux de Maureen dès le premier regard. C’est banal.
Mais les clichés Carcasse, il sen fichait pas mal. Il s’en fichait, parce que Maureen, c’était son petit écureuil, sa feuille de chou comme il disait. Enfin, ce qu’il se disait et à lui seulement, parce que Maureen, il osait pas lui parler. Mais il pensait qu’avec une bague, une qui brille, ce serait plus facile. Elle aurait pas pu dire non, Maureen. Elle se serait jetée dans ses bras, ils se seraient aimés, follement. Oui, Carcasse, il imaginait sa première fois comme ça : un tourbillon d’amour, un cyclone de tendresse sur lit de pétales de roses. Oui, les clichés Carcasse, il s’en fichait. Alors la Saint-Valentin, ça tombait plutôt bien.
Entrer, viser, tirer.
Pas compliqué.
Et puis c’était pour s’acheter un rêve, ça valait bien le coup. Oui c’est ça, c’était un rêve qu’on était venu lui offrir sur un plateau. Un type bien, ce Buggs. Sans aucun doute.
Carcasse avait la tête pleine de pétales de roses quand il est entré. Il n’a pas entendu le cri de guerre de ses compagnons d’infortune. Un « Taïaut » général aussitôt étouffé par le bruit des mitraillettes. Mais ça non plus il a pas entendu, Carcasse; il avait un petit air de cornemuse dans la tête. Le premier impact, il l’a à peine senti. Il a bien vu que ça se passait pas comme prévu. Tirer, il pouvait le faire. Mais pas sur des policiers. Ça non il pouvait pas. Et de toute façon, il avait déjà plus la tête à ça.
Et toujours cette musique dans sa tête. Celle des instruments à vent de son enfance. Danser. C’est à ça qu’il pensait. Danser avec Maureen, le jour de leur mariage, danser toute la nuit, danser, oublier tout le reste, ne garder qu’elle, elle et la musique.
Le deuxième impact, il ne sentit pas plus que le premier. Rien, non rien ne pouvait plus l’arrêter Carcasse. Il était là, désormais seul, au milieu du hangar, sur la ligne de mire, sur la ligne de tirs, et il dansait comme un fou, au son des binious, avec sa gueule cassée et le poitrail déchiqueté.
Il s’est écroulé. En douceur. Sur un lit de pétales de rose, avec dans la tête un petit air de cornemuse et en plein cœur de sa gueule calcinée un sourire grand comme un soleil.

BUE :

Bluewitch a écrit:
- Aaah… Maureen, mon chou… Quel dommage que ton frère soit Irlandais.

Toujours un petit faible pour les textes dialogués et cette phrase là haut compense largement les litanies zoophile ;-)

Je m'appelle Maureen

Je m’appelle Maureen. J’étais la poule des frères Gusenberg, Peter et Frank, deux des sept victimes d’Al Capone, enfin, sept victimes ce jour-là je veux dire. Le Massacre de la Saint-Valentin, vous vous souvenez ?
14 février 1929.
J’avais 18 ans.
J’en ai 95 aujourd’hui. Eh oui, du vent a passé sous les ponts, ou de l’eau ? du sang ? , je ne sais plus.
Je les attendais au Purple bar, sirotant une Guinness. On devait aller souper tous les trois, en amoureux. Ils m’ont fait prévenir par « Le Cyclone », un gars qui n’avait qu’un œil, cyclone ou cyclope ? Je ne sais plus. Mais clone ou clope on s’en fout. Bref ce gars-là, qui s’appelait Peter par ailleurs, me dit que les frères auraient du retard rapport à une livraison de whisky imprévue. Ils s’attendaient bien peu à la danse de saint-guy qui allaient les secouer. La mitraillette c’est un instrument qui vous remue le sang, pas vrai ?
Je portais une robe rouge. Un rouge flamboyant mais pas vulgaire, un de ces rouges, vous savez comme… comme on voit dans les tableaux de ce peintre italien, vous savez… son nom ressemble à un plat de viande crue… Vittore Carpaccio. Là, je sais que je viens de vous épatez. Hein ?
Ben oui.
Le massacre de la Saint-Valentin ça m’a bien secouée. Parce que je les ai vu, moi,après, allignés tous les sept dans une mare de sang même pas encore coagulé.
C’est là que je me suis dit Taïaut ! et que j’me suis taillée.
Saperlipépette ! popette ? pépette ? Je ne sais plus.
Tout ce que je sais c’est qu’à dater de ce jour-là, je suis retournée vivre chez mes parents et que je me suis refait une virginité en suivant des cours d’Histoire de l’art et de philosophie. Voilà le pourquoi du comment.
J’ai mis toutes mes noisettes dans le même panier, comme dit l’écureuil. Toutes mes noisettes ? ou tous mes œufs ? Je ne sais plus.
Je ne sais plus et je m’en fiche. J’ai 95 ans. J’ai connu pas mal de Saint-Valentin. Certaines très agréable.Alors celle de 1929, je peux bien l’oublier, non ?

Bonne nuit les petits !

Vous lirai plus tard.

Merci MC Chris !

SAHKTI: Superbe trame documentée. Bien vu pour la relecture de l'histoire. De très beaux passages. Juste parfois un peu trop dense pour une compréhension à la première lecture. Mais bon c'est peut-être moi qui fatigue ;-)

kilis a écrit:Bonne nuit les petits !

Vous lirai plus tard.

Merci MC Chris !

Bisous Kilis, belle nuit, le week-end approche ;-)

Bonne nuit à tous

Bonne nuit Chris et merci dame MC ;-)

Merci à MC Krys pour cet exo, et aux valeureux participants rescapé de la tuerie générale de ce soir :-)
Je suis fourbu, trop pour lire/commenter ce soir, je le fais plus tard !
Bonne nuit à tous !

Bonne nuit, à demain

Loupbleu a écrit:

L'opération des amis d'Al

- C'est ... C'est une erreur, parrain...
....

Parmi les morts, on a retrouvé un oculiste qui n'y était pour rien (*).

(*) Authentique !

J'adore le "...parrain..." Comme si je l'entendais d'ici. Et puis belle pirouette pour boucler la boucle Juste le milieu du récit un peu plus mou que le reste, comme si il avait vraiment fallu le placer.

Yali a écrit:Bonne nuit, à demain

Bises Yali. A demain.

Bluewitch : Ah non ! Arrête de te dénigrer, on dirait Lyra ! ;-) C’est mignon tout plein ce dialogue. Même si on ne voit pas trop bien le rapport avec le fait divers. ;-) Bonne nuit Blue ! :-)))

Zou : Belle imagination que ce couple médecin légiste-taxidermiste ! Fallait y penser ! :-))) Pas mal aussi ce point de vue après le massacre.

Sahkti : Superbe hommage à ta boisson fétiche, Sahkti ! Le tout sous couvert de mésentente chronique entre nationalités. Avec une très belle écriture, bien documentée, et qui nous propose une ré-écriture de l’Histoire ! Bien vu.

Loupbleu : J’adore. Tout simplement. C’est délectable cette réunion de malfrats, et le ton est parfait. Vraiment une réussite, bravo ! Quant au titre, digne des plus grands Poulpes ! ;-)

Yali : Eh ben ça te titillait, tu l’as fait, et tant pis pour les contraintes ! ;-) Le ton y est, l’époque, le vocabulaire, l’ambiance. Et toujours… l’amour (impossible) en filigrane. Très beau, merci !

Krystelle : Oh que c’est beau Krystelle ! Carrément beau. Il y a tout : la tendresse, l’horreur, le rêve, la réalité, l’argent, la musique, tout. Dans un beau style qui s’affirme je trouve. Oui, très beau, chapeau.

Kilis : Touchant ce monologue d’une très vieille dame qui oublie, retrouve, s’en fiche, en rit et m’a fait rire. Quelques détournements de contraintes bienvenus pour un beau texte tout en finesse.

Vraiment rien à jeter ce soir ! Bravo, et merci beaucoup à Krystelle !

Bonne nuit à toutes et tous ! ;-)

YALI : Comment placer les contraintes sans s'y contraindre. Tout un art dans lequel tu es passé maître ! Jolie balade statique et nostalgique. Presque musicale en blue-gris délavé. Un bel hommage.

KRYSTELLE : Toi c'est dans l'art de nous remuer les tripes que tu excelles. Emotion et humanité. Superbe.

KILIS : Tu peux pas t'empêcher de jouer avec les mots même sous dentier ;-) Mignon et rafraîchissant.

Vous commente tous demain, belle nuit et merci Krys!

Voilà ! Me suis bien amusée à écrire et à vous lire. Merci encore Chris.

Belle nuit à toi aussi Sahkti.

MENTOR: Hé hé la chute ;-)) (en espérant que tout le monde la connaisse!) Un peu laborieux au début je trouve, un petit truc "haché" qui rompt une certaine harmonie mais sinon, j'aime bien l'idée et le ton très vivant que tu emploies.

BLUE: Désolée, suis passée complètement à côté. Les petits mots doux planplan et moi, ça fait deux et là, même si j'imagine que le "trop" est voulu, c'est un peu trop lourd pour moi.

ZOU: Haha Zou! Je me demandais vers quoi tu nous emmenais, démarrage un peu lent mais ça valait le coup. bien vu le coup de la taxidermiste, c'est drôle sans en faire trop, c'est juste le ton qu'il faut.

LOUP: Bref et efficace! Pas de fioritures, droit au but, dans une mangue concise qui me plaît bien. J'aime le ton que tu emploies, ça a un côté froid qui colle bien au sujet.

YALI: Yali ou l'art de détourner les contraintes comme ça lui chante. Un texte chaud et doux, c'est plein d'amour, avec la touche habituelle de style qu'on reconnaît sans difficulté.

KRYSTELLE: Un beau texte, un de plus. Avec cette écriture que tu développes, si mûre et si humaine à la fois. J'aime vraiment ce que tu écris. C'est sensible et grave à la fois.

KILIS: J'aime un peu moins que tes derniers textes dans les exos, il manque un petit quelque chose ici, peut-être un brin de folie. Pourtant on le sent, il y a cette vieille dame en perte de mémoire, mais sais pas, y a un petit truc absent...

Mentor : un ton qui me plait et qui colle bien au fond, c’est vivant, mais ce qui me gène c’est que j’ai l’impression que tu as construit l’histoire en fonction de la chute, et la chute moi je la trouve plutôt pataude…

Blue : ça partait bien, je trouvais le dialogue bien vu, bien mené, et puis j’ai décroché peu à peu en cours de route …

Zou : Un point de vue original, le texte fait sourire, ça manque peut-être un peu de mordant. Les idées sont bonnes et auraient mérité, je crois, d’être traitées avec un peu plus de sagacité

Sahkti : M’aurait étonné que la Guinness n’apparaisse pas quelque part ! Elle est là, donc, au coeur de l’histoire, histoire que tu revisites avec beaucoup d'imagination. Tout se tient, tout est expliqué et du coup ce texte un peu dense me donne l’impression d’une démonstration où toutes les ficelles se recoupent avec intelligence et logique mais où l’émotion n’a pas vraiment la place de s’installer

Loup : Bon j’avoue, je me suis marrée dès le titre. N’empêche que c’est pas dans ce genre d’humour que je te préfère (les calembours j’entends) mais dans l’ironie plus subtile avec laquelle tu traites souvent tes textes, celui-ci y compris.

Yali : Une jolie manière d’aborder l’histoire de Bonnie and Clyde, de faire croiser les regards. C’est fait avec justesse.

Kilis : Des souvenirs posés avec finesse. Le jeu sur les contraintes fonctionne bien mais il n’en aurait pas fallu davantage...

Mentor : je connais pas Maureen, adonc suis passé à côté de la chute. J'ai été me renseigner sur la net, j'ai appris qu'elle était "jeune femme et maman", c'est si exceptionnel comme situation que sans doute est-ce pour ça qu'elle est célèbre ?

Blue : youhouuuuuu Blue, t’es rentrée, c’est fini Lille, calme toi :-) Blague à part, j’ai pas compris la relation avec le sujet, entre les sujets si, ça méritait de poursuivre ladite relation.

Zou : j’ai pensé tout du long à Gunther von Hagens mais en féminin, ce qui fait que du coup l’ambition de cette fille ne m’a pas apparu si étrange que ça, ni si déroutante.
http://angelingo.usc.edu/issue02/sciences/graphics/g_plastination1.jpg
Rondement mené sinon.

Sahkti : tout se tient et se tient bien, tout est d’une logique implacable,— à l’exception, bien sûr du goût de la Guinness (dire que y a des gens qui appellent ça de la bière :-) — se tient peut-être un peu trop ?

Loup : j’aime l’angle d’attaque du sujet, le traitement un peu moins. La référence au Parain me semble un brin anachronique mais est-ce si important ?

Christelle : comment ne pas aimer, c’est un univers qui d’emblée me séduit parce que tendre et composé sur plusieurs strates. Et belle cadence dans les mots, même si, à ce niveau, reste quelques maladresses qui faussent un peu le tempo.

Kilis : j’ai le nez dans ton roman et lisant ceci, je me rends compte que les auteurs sont des obsédés, naturellement retombent dans les mêmes travers — chemin de traverse ? C’est sans doute ce qui les rend uniques et moi, j’aime cet univers, même si je suis pas d’accord avec le dernier point de ponctuation : point d’interrogation en l’occurrence qui laisserait augurer d’une suite alors que non.