Archipel de nerfs
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Lyra will
Mélusine
Lucy
Cythéria
valérie catty
Rêvelin
Chako Noir
Loreena Ruin
Kilis
Tristan
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Archipel de nerfs
Chaque matin ça vient
Du plus profond des
Chaque matin je
m'écrase un peu plus
Chaque matin
Le jour se lève sans quoi et
Chaque matin le même
Le lit le lavabo la
Cafetière la radio
Ça siffle dans la cervelle
Ça bouillonne dans la pièce
Chaque matin je meurs
parce que demain je n'en sais rien
Ça vrombit un peu lorsqu'
On ouvre la porte ça
Aveugle aussi mais rien qu'
Un peu on
Fait avec parce qu'il
Faut bien faire avec
Les gens nous abrutissent dès
Que l'on fout un pied
Dehors mais il faut bien
Faire avec
La rue se dévide sous
Les gaz d'échappements
Je vis encore un peu
Comme dans un saignement
Ça gronde ça ronronne ça
Crisse le métal le béton
Les moteurs DCI 1,5L injection
6,5L aux cent garantie 12 mois
Mais la clim est en option par
Contre ça
Chaque matin je vomis
Mon âme chaque matin
Un peu plus
Il ne reste plus
Grand chose du corps
Mais c'est bien on
N'en a plus besoin
Il suffit juste de conserver
Quelques pièces pour réparations
Et entretient
Juste quelques pièces histoire
Que ça fonctionne encore
Un peu
Chaque matin je mène
Ma vie de con
Soigneusement je la
Elle me mène
Le long des trottoirs pisseux au
Fond des cafés elle
Et puis elle
Et puis elle
Et la gorge se tend et
Les muscles se crispent et
Les poumons se vident
Dans le vide qui nous entoure
Nous enserre
Ça n'a pas de fin
Chaque matin je crève
Parce que demain il n'y
A pas de fin
Chaque matin je vis
Parce que demain je sais
Qu'il n'y a pas de fin
Je cherche ta présence dans
Les remugles de la rue dans
Les cacophonies des panneaux
Publicitaires je
Te cherche dans les flaques
Qui maculent le coeur de
Chaque habitant je
Perds mon corps
Je deviens geste je
Te parataxe de chairs
La nuit n'attend que
L paupière pour tomber
Du plus profond des
Chaque matin je
m'écrase un peu plus
Chaque matin
Le jour se lève sans quoi et
Chaque matin le même
Le lit le lavabo la
Cafetière la radio
Ça siffle dans la cervelle
Ça bouillonne dans la pièce
Chaque matin je meurs
parce que demain je n'en sais rien
Ça vrombit un peu lorsqu'
On ouvre la porte ça
Aveugle aussi mais rien qu'
Un peu on
Fait avec parce qu'il
Faut bien faire avec
Les gens nous abrutissent dès
Que l'on fout un pied
Dehors mais il faut bien
Faire avec
La rue se dévide sous
Les gaz d'échappements
Je vis encore un peu
Comme dans un saignement
Ça gronde ça ronronne ça
Crisse le métal le béton
Les moteurs DCI 1,5L injection
6,5L aux cent garantie 12 mois
Mais la clim est en option par
Contre ça
Chaque matin je vomis
Mon âme chaque matin
Un peu plus
Il ne reste plus
Grand chose du corps
Mais c'est bien on
N'en a plus besoin
Il suffit juste de conserver
Quelques pièces pour réparations
Et entretient
Juste quelques pièces histoire
Que ça fonctionne encore
Un peu
Chaque matin je mène
Ma vie de con
Soigneusement je la
Elle me mène
Le long des trottoirs pisseux au
Fond des cafés elle
Et puis elle
Et puis elle
Et la gorge se tend et
Les muscles se crispent et
Les poumons se vident
Dans le vide qui nous entoure
Nous enserre
Ça n'a pas de fin
Chaque matin je crève
Parce que demain il n'y
A pas de fin
Chaque matin je vis
Parce que demain je sais
Qu'il n'y a pas de fin
Je cherche ta présence dans
Les remugles de la rue dans
Les cacophonies des panneaux
Publicitaires je
Te cherche dans les flaques
Qui maculent le coeur de
Chaque habitant je
Perds mon corps
Je deviens geste je
Te parataxe de chairs
La nuit n'attend que
L paupière pour tomber
Re: Archipel de nerfs
C'est ça. Très ça. Complètement.
Ton texte me séduit, Tristan.
Tout.
Le ton, le fond, le rythme.
Ton texte me séduit, Tristan.
Tout.
Le ton, le fond, le rythme.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Archipel de nerfs
Beaucoup d'ironie je crois dans ce texte, peut-être plus clairement affirmée que dans d'autres. Je trouve cela très visuel et sonore, avec un intérêt plus approfondi, me semble t-il, pour la ville, les voitures, les petits détails matériels et du quotidien, avec une insistance sur la répétition de l'existence, tout en gardant la part d'intériorité qui caractérise ton écriture.
J'ai l'impression que le poème démarre comme un moteur diesel, ça rechigne un peu au démarrage (les premiers vers) et puis ça se lance, avec de la vivacité (le bruit des voitures, les observations rapides, les accumulations...): la révolte se dit clairement, ça fait plaisir à lire. Sur les derniers vers, il y a comme un ralentissement ; le souffle qui nous avait emporté s'épuise, à l'image du "Je" dont la lassitude est perceptible, et réapparaissent les questions récurrentes de l'absence, de la recherche de l'autre, etc... Le tout me fait penser à une ballade, en plusieurs parties.
Au final, ce qui m'a le plus marqué, c'est le mouvement : entre accélération progressive et retour à l'immobilisme. C'est très réussi.
J'ai l'impression que le poème démarre comme un moteur diesel, ça rechigne un peu au démarrage (les premiers vers) et puis ça se lance, avec de la vivacité (le bruit des voitures, les observations rapides, les accumulations...): la révolte se dit clairement, ça fait plaisir à lire. Sur les derniers vers, il y a comme un ralentissement ; le souffle qui nous avait emporté s'épuise, à l'image du "Je" dont la lassitude est perceptible, et réapparaissent les questions récurrentes de l'absence, de la recherche de l'autre, etc... Le tout me fait penser à une ballade, en plusieurs parties.
Au final, ce qui m'a le plus marqué, c'est le mouvement : entre accélération progressive et retour à l'immobilisme. C'est très réussi.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 35
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Archipel de nerfs
"parataxe". je ne connais pas ce mot mais je l'aime déjà.
bon écoute, on va faire simple, devant un texte comme ça moi je suis incapable de commenter, alors je vais juste paraphraser panda pour te dire que ton poème est chouette, mec.
bon écoute, on va faire simple, devant un texte comme ça moi je suis incapable de commenter, alors je vais juste paraphraser panda pour te dire que ton poème est chouette, mec.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Archipel de nerfs
J'aime beaucoup ces tronceaux de texte hâchés, ces enjambements inattendus, ces fragments de phrases suspendus au néant.
J'ai pourtant l'impression de t'avoir déjà lu dans le même registre, ce qui n'est même pas dommage en fait.
... et comme la mode est aux exercices, pourquoi pas faire l'inverse ? Ecrire un poème en hyperhypotaxes ? Je suis sûr que ça peut donner des résultats absoluments délirants.
J'ai pourtant l'impression de t'avoir déjà lu dans le même registre, ce qui n'est même pas dommage en fait.
... et comme la mode est aux exercices, pourquoi pas faire l'inverse ? Ecrire un poème en hyperhypotaxes ? Je suis sûr que ça peut donner des résultats absoluments délirants.
Invité- Invité
Re: Archipel de nerfs
C'est beau comme un fruit trop mûr , prêt à tomber dans le
Dans le silence inachevé
Où rien ne nous retient
Où tout se désassemble.
Bravo pour ce texte que je trouve magnifique comme une course contre la mort.
Dans le silence inachevé
Où rien ne nous retient
Où tout se désassemble.
Bravo pour ce texte que je trouve magnifique comme une course contre la mort.
valérie catty- Nombre de messages : 145
Age : 55
Date d'inscription : 20/02/2010
Re: Archipel de nerfs
J'adore ce texte du début à la fin.
Il est très expressif car le rythme est d'une grande sincérité, les phrases ont du mal à respirer comme la plume qui leur donne vie, comme les doigts sur la plume qui la manipulent !;)
Il est très expressif car le rythme est d'une grande sincérité, les phrases ont du mal à respirer comme la plume qui leur donne vie, comme les doigts sur la plume qui la manipulent !;)
Cythéria- Nombre de messages : 120
Age : 46
Date d'inscription : 22/02/2010
Re: Archipel de nerfs
Difficile de commenter lorsqu'on aime autant et que l'on adhère, pleinement, au(x) propos. Si : bravo !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Archipel de nerfs
J'aime à la folie ce désenchantement
qui se répand en dégoulinade
qui se répand en dégoulinade
Mélusine- Nombre de messages : 185
Age : 63
Localisation : sous l'ondée
Date d'inscription : 13/03/2009
Re: Archipel de nerfs
""J'ai marché beaucoup de je
n'ai jamais dit que c'était
mon chemin mes noms
brouillent
mes traces je ne cherche
pas loin
l'enfant de la
photographie lève
le bras de mes 10 ans sont
un livre
blanc"
Henry Meschonnic
Tu t'inspires, je pense. C'est beau.
n'ai jamais dit que c'était
mon chemin mes noms
brouillent
mes traces je ne cherche
pas loin
l'enfant de la
photographie lève
le bras de mes 10 ans sont
un livre
blanc"
Henry Meschonnic
Tu t'inspires, je pense. C'est beau.
Re: Archipel de nerfs
Voilà qui s'appelle poétiser le quotidien, le sublimer. C'est bien ainsi que j'entends la poésie, la littérature. Rien de tel pour m'émouvoir de (bon) matin.
Un texte désabusé Tristan, encore une étape dans ton écriture. Un texte que je trouve curieusement musical ; je veux dire prêt à être mis en musique.
Et puis ce titre, qui arrache, d'entrée.
Un texte désabusé Tristan, encore une étape dans ton écriture. Un texte que je trouve curieusement musical ; je veux dire prêt à être mis en musique.
Et puis ce titre, qui arrache, d'entrée.
Invité- Invité
Re: Archipel de nerfs
Chaque matin ça vient
Je n'aime guère la formulation de ce premier vers, pas uniquement en raison des doubles sens induits mais parce que je trouve que ça manque de finesse. Le début me paraît d'ailleurs un peu laborieux (au regard de l'ensemble) même si j'aime son aspect épuré. Une sobriété que tu abandonnes au fur et à mesure pour construire une poésie du mouvement mais aussi de la déstructuration de soi. Dès lors, ces détails donnés ci et là prennent tout leur sens, participent à ce démantèlement de notre quotidien.
S'efface dès lors la première impression, celle du premier vers, pour laisser placer à un souffle court, celui que l'on ressent devant autant d'émotion proche et si justement contée.
Je n'aime guère la formulation de ce premier vers, pas uniquement en raison des doubles sens induits mais parce que je trouve que ça manque de finesse. Le début me paraît d'ailleurs un peu laborieux (au regard de l'ensemble) même si j'aime son aspect épuré. Une sobriété que tu abandonnes au fur et à mesure pour construire une poésie du mouvement mais aussi de la déstructuration de soi. Dès lors, ces détails donnés ci et là prennent tout leur sens, participent à ce démantèlement de notre quotidien.
S'efface dès lors la première impression, celle du premier vers, pour laisser placer à un souffle court, celui que l'on ressent devant autant d'émotion proche et si justement contée.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Archipel de nerfs
un nouveau genre pour toi je me trompe ?
J'adore cette légéreté et le parlé vrai avec poésie.
c'est très bien fait malgré 2 ou 3 maladresses.
J'adhère et j'adore.
J'adore cette légéreté et le parlé vrai avec poésie.
c'est très bien fait malgré 2 ou 3 maladresses.
J'adhère et j'adore.
Manu(manisa06)- Nombre de messages : 1928
Age : 54
Localisation : Côte d'usure
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: Archipel de nerfs
Passée la première strophe dont je veux bien que le double sens soit ironique (?) je suis moins déconcertée par ce poème que par tes textes habituels, Tristan.
Je suis sensible à ta manière de rendre l'usure, le dégoût du train-train des habitudes quotidiennes à peine adoucies par cette recherche d'amour, de vie dans le reflet des flaques.
Le découpage de tes phrases, tes sauts de lignes que je trouve très artificiels, me surprennent toujours même s'ils aident à saccader ces instantanés hachés. J'aimerais t'entendre lire un tel texte pour voir où tu poses ta voix.
Je n'aime pas trop le mot "habitants", je ne saurais te dire pourquoi.
Je relirai.
Je suis sensible à ta manière de rendre l'usure, le dégoût du train-train des habitudes quotidiennes à peine adoucies par cette recherche d'amour, de vie dans le reflet des flaques.
Le découpage de tes phrases, tes sauts de lignes que je trouve très artificiels, me surprennent toujours même s'ils aident à saccader ces instantanés hachés. J'aimerais t'entendre lire un tel texte pour voir où tu poses ta voix.
Je n'aime pas trop le mot "habitants", je ne saurais te dire pourquoi.
Je relirai.
Re: Archipel de nerfs
il y a dans ce texte un début puis une suite, la montée du désespoir mis dans un décor de tous les jours... une poésie rugueuse moderne et universelle pourtant..
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