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Paparazzi
1
- 07 avant VP
“Comment ce negro peut-il avoir la gueule du neveu parfait ? Tu m'expliques ça Gian' ? Hein, comment c'est possible ça : un negro avec une gueule de neveu parfait. “.
- Gendre idéal patron, un air de gendre idéal.
- Quoi le gendre idéal le neveu parfait, tout ça c'est pareil, ça raconte la même chose. Je vais te dire Gian', dans l'histoire de l'humanité il y a d'abord eu les singes, c'est le premier stade de l'évolution. Les singes Gianfranco ! Des enculés de putains de singes en Afrique ! Et tu sais où on a retrouvé le premier homme ? En Afrique, exactement en Afrique, parce que les noirs sont les descendants directs des singes, et ça c'est le deuxième stade de l'évolution : les négros. Tu vois, d'abord les singes et ensuite les négros. “
- Regardez patron !” Luca Rizzi, au volant de la Cadillac, indique un 4 par 5, planté sur un bord du croisement entre Main street et la 5eme rue ouest. Le portrait de Will Smith, photographié de face, occupe les trois quarts du panneau publicitaire. A droite, vers l'avenir, son slogan : united state of California et des petites étoiles. Il sourit franchement. Une gueule de gendre idéal.
Le patron fulmine depuis que nous avons posé les pieds sur le tarmac de l'aéroport. Los Angeles lui tape sur le système : les negros, les tortillas, les homeless allongés sur leurs feuilles en carton et toute cette saloperie de pollution. Le décalage horaire. Mais plus que ça et tous ses soucis réunis je sais qu'il monte en pression avant le spectacle à venir. Une sorte de mise en condition. Le patron, je le seconde depuis trente ans. Je le connais par coeur. Son truc c'est de ressembler le plus possible à Joe Pesci dans le cinéma de Scorcese. On ne se rend pas compte à quel point les films de gangster peuvent avoir une influence sur la famille. On croit toujours que c'est l'inverse.
“Visez ça, ce quartier a été construit par des Italiens et visez ce que c'est devenu, des enfoirés de Mexicains qui pullulent partout et qui se reproduisent comme des lapins”. Il agite les bras en l'air, invoquant tous les saints qui nous abandonnent depuis si longtemps. El Pueblo, au centre de Los Angeles. Pas loin de Chinatown. Enfoirés de Chinois.
Luca bifurque dans un grand parking marqué par une rangée d'arbres. Nous descendons. Il n'y a qu'à traverser pour atteindre notre destination. Main street n°508. La façade de l'édifice est completement bachée, le vent soulève des volutes de poussière sèche. Nous passons les grilles fermant le chantier et entrons dans le bâtiment. Imposant. Des gravats jonchent le sol, des éléments de charpente. Les bâches battent contre les ouvertures. Pas de porte, pas de fenêtre. On pourrait aménager le plus grand loft de la cité des anges à cet endroit. La hauteur de plafond me donne le tournis. En dehors des murs porteurs en briques rouges, toutes les cloisons ont été abattus. On pourrait finir de raser tout ça et installer un terrain de football. Mais personne ne joue au foot dans ce pays dégénéré.
Une grande table rectangulaire et des fauteuils de bureau ont été agencé au centre de l'espace. Ordre du patron, mise en scène du patron. Je ne compte pas, mais en principe le public est déjà arrivé : une vingtaine d'associés accoutrés comme s'ils allaient recevoir un Oscar.
- 07 avant VP
“Comment ce negro peut-il avoir la gueule du neveu parfait ? Tu m'expliques ça Gian' ? Hein, comment c'est possible ça : un negro avec une gueule de neveu parfait. “.
- Gendre idéal patron, un air de gendre idéal.
- Quoi le gendre idéal le neveu parfait, tout ça c'est pareil, ça raconte la même chose. Je vais te dire Gian', dans l'histoire de l'humanité il y a d'abord eu les singes, c'est le premier stade de l'évolution. Les singes Gianfranco ! Des enculés de putains de singes en Afrique ! Et tu sais où on a retrouvé le premier homme ? En Afrique, exactement en Afrique, parce que les noirs sont les descendants directs des singes, et ça c'est le deuxième stade de l'évolution : les négros. Tu vois, d'abord les singes et ensuite les négros. “
- Regardez patron !” Luca Rizzi, au volant de la Cadillac, indique un 4 par 5, planté sur un bord du croisement entre Main street et la 5eme rue ouest. Le portrait de Will Smith, photographié de face, occupe les trois quarts du panneau publicitaire. A droite, vers l'avenir, son slogan : united state of California et des petites étoiles. Il sourit franchement. Une gueule de gendre idéal.
Le patron fulmine depuis que nous avons posé les pieds sur le tarmac de l'aéroport. Los Angeles lui tape sur le système : les negros, les tortillas, les homeless allongés sur leurs feuilles en carton et toute cette saloperie de pollution. Le décalage horaire. Mais plus que ça et tous ses soucis réunis je sais qu'il monte en pression avant le spectacle à venir. Une sorte de mise en condition. Le patron, je le seconde depuis trente ans. Je le connais par coeur. Son truc c'est de ressembler le plus possible à Joe Pesci dans le cinéma de Scorcese. On ne se rend pas compte à quel point les films de gangster peuvent avoir une influence sur la famille. On croit toujours que c'est l'inverse.
“Visez ça, ce quartier a été construit par des Italiens et visez ce que c'est devenu, des enfoirés de Mexicains qui pullulent partout et qui se reproduisent comme des lapins”. Il agite les bras en l'air, invoquant tous les saints qui nous abandonnent depuis si longtemps. El Pueblo, au centre de Los Angeles. Pas loin de Chinatown. Enfoirés de Chinois.
Luca bifurque dans un grand parking marqué par une rangée d'arbres. Nous descendons. Il n'y a qu'à traverser pour atteindre notre destination. Main street n°508. La façade de l'édifice est completement bachée, le vent soulève des volutes de poussière sèche. Nous passons les grilles fermant le chantier et entrons dans le bâtiment. Imposant. Des gravats jonchent le sol, des éléments de charpente. Les bâches battent contre les ouvertures. Pas de porte, pas de fenêtre. On pourrait aménager le plus grand loft de la cité des anges à cet endroit. La hauteur de plafond me donne le tournis. En dehors des murs porteurs en briques rouges, toutes les cloisons ont été abattus. On pourrait finir de raser tout ça et installer un terrain de football. Mais personne ne joue au foot dans ce pays dégénéré.
Une grande table rectangulaire et des fauteuils de bureau ont été agencé au centre de l'espace. Ordre du patron, mise en scène du patron. Je ne compte pas, mais en principe le public est déjà arrivé : une vingtaine d'associés accoutrés comme s'ils allaient recevoir un Oscar.
Re: Paparazzi
Salut lemon a,
j'attends la suite pour donner un avis général, mais encore une fois, j'ai l'impression qu'il va se passer un tas de choses surprenantes et passionnantes dans cette histoire... Sinon, tu ne serais pas fan de Will Smith par hasard ? (ou alors tu t'es imposé comme contrainte de le placer au moins une fois par texte :-)
Je te signale quelques fautes, mais il y en a peut-être d'autres que relèveront les spécialistes de la langue française s'ils le veulent bien !
j'attends la suite pour donner un avis général, mais encore une fois, j'ai l'impression qu'il va se passer un tas de choses surprenantes et passionnantes dans cette histoire... Sinon, tu ne serais pas fan de Will Smith par hasard ? (ou alors tu t'es imposé comme contrainte de le placer au moins une fois par texte :-)
Je te signale quelques fautes, mais il y en a peut-être d'autres que relèveront les spécialistes de la langue française s'ils le veulent bien !
de gangstersfilm de gangster
complètement bâchéecompletement bachée
ont été abattuesont été abattus
ont été agencésont été agencé
Peter Pan- Nombre de messages : 3709
Age : 49
Localisation : Pays des rêves et de l'imaginaire
Date d'inscription : 16/04/2009
Re: Paparazzi
Ça roule déjà. Je me demande bien...
Outre les fautes indiquées par Peter Pan, j'ai relevé :
ce négro
Mais plus que ça et tous ses soucis réunis je sais qu'il monte en pression avant le spectacle à venir. (phrase bancale, manque quelque chose )
Mais personne ne joue au foot dans ce pays dégénérés.
Outre les fautes indiquées par Peter Pan, j'ai relevé :
ce négro
Mais plus que ça et tous ses soucis réunis je sais qu'il monte en pression avant le spectacle à venir. (phrase bancale, manque quelque chose )
Mais personne ne joue au foot dans ce pays dégénérés.
Invité- Invité
Re: Paparazzi
J'aime beaucoup, vraiment. C'est puissant, un langage très très bien manié, des dialogues forts... vraiment top.
Re: Paparazzi
J'ai beaucoup aimé. Pour une grande part (surtout dans les deux premiers tiers), ça pourrait ressembler aux dialogues et commentaires voix off d'un film. Ce qui prouve que c'est très vivant.
Juste une remarque là :
Juste une remarque là :
Je ne me suis pas tout se suite rendu compte que la narration reprenait après les guillemets. Cela aurait peut-être été plus visible avec un retour à la ligne ou un point de suspension ?- Regardez patron !” Luca Rizzi, au volant de la Cadillac, indique un 4 par 5
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Paparazzi
Tout est en place pour démarrer un bon récit. Ce début capte mon intérêt. Petit bémol: vos descriptions me semblent parfois statiques.
Squeezer- Nombre de messages : 46
Age : 39
Localisation : Montréal
Date d'inscription : 27/06/2009
Allumés, jobards et fatigués.
Intéressant début. On ne voit pas le rapport avec le titre, mais sans doute qu'on s'y retrouvera par la suite. En tous cas, c'est ficelé comme du roman noir, ça en a le goût, l'odeur, le toucher, la saveur... Reste à voir comment ça évoluera. Pour l'instant, un sympathique boulot.
C'est vrai que Joe Pesci, dans les films de Scorcese, joue magnifiquement les allumés, jobards et autres fatigués. Et l'ambiance globale de ce passage n'est pas sans évoquer, d'une certaine façon, Scorcese. Donc c'est prometteur.
A suivre...
Ubik.
C'est vrai que Joe Pesci, dans les films de Scorcese, joue magnifiquement les allumés, jobards et autres fatigués. Et l'ambiance globale de ce passage n'est pas sans évoquer, d'une certaine façon, Scorcese. Donc c'est prometteur.
A suivre...
Ubik.
Re: Paparazzi
J'attends la suite.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Paparazzi
Tu joues du cliché avec virtuosité
Et sous les clichés des perles
C’est juste ce que j’aime lire
Pastiche et création littéraire
La ponctuation est approximative au tout début du texte
Et sous les clichés des perles
C’est juste ce que j’aime lire
Pastiche et création littéraire
La ponctuation est approximative au tout début du texte
lemon a a écrit:1
- 07 avant VP
“Comment ce negro peut-il avoir la gueule du neveu parfait ? Tu m'expliques ça Gian' ? Hein, comment c'est possible ça : un negro avec une gueule de neveu parfait. “.
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Paparazzi
Un début fort de café. Je ne sais pas ce qui va être la suite mais l'ambiance me fait penser à certains bouquins de série noire américaine comme il en paraissait chez Gallimard. J'aime assez. L'écriture est au diapason.
Un petit truc qui m'a écorché :
On pourrait aménager le plus grand loft de la cité des anges à cet endroit. La hauteur de plafond me donne le tournis. En dehors des murs porteurs en briques rouges, toutes les cloisons ont été abattus. On pourrait finir
A moins que ce soit fait exprès, bien entendu, l'auteur étant maître chez lui, après tout.
Un petit truc qui m'a écorché :
On pourrait aménager le plus grand loft de la cité des anges à cet endroit. La hauteur de plafond me donne le tournis. En dehors des murs porteurs en briques rouges, toutes les cloisons ont été abattus. On pourrait finir
A moins que ce soit fait exprès, bien entendu, l'auteur étant maître chez lui, après tout.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 82
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Paparazzi
je voulais dire : un petit truc qui m'a un peu écorché les oreilles.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 82
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Paparazzi
Les hors d'œuvre sont appétissants, qu'y a-t-il ensuite ?
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Paparazzi
2
Notre hublot donne sur une aile flanquée d'un réacteur énorme. Mauvais temps. Ce réacteur est anormalement gros. Il va se décrocher d'un instant à l'autre et valdinguer dans les nuages. L'avion va se crasher dans une épaisse colonne de fumée noire. J'ai froid dans le dos. Je me rends compte que le fil de ma vie est suspendu à quelques rivets, à une équipe de techniciens ivrognes et fornicateurs. À des contrôleurs aériens qui matent le culs des stagiaires et pensent aux résultats sportifs. À une partie de poker entre le diable et la sainte mère.
Le Patron roupille à côté de moi, côté couloir. Un ronflement de rois fainéant. Les autres passagers se tordent le cou pour croire à leurs oreilles.
Mais pas Luca Rizzi, assis devant nous, qui s'empiffre de film d'actions. Un monde de fesses, de bagnoles et de gros calibres. La violence entre directement dans son cerveau par la rétine et les tympans. Les explosions font clignoter son écran et sa tête vide, sertie d'un casque stéréo, rend des grésillements métalliques. Je ne supporte pas ces trucs-là : les casques, les écrans, les iphones, un barda d'ondes et de robots qui nous balancent un tas de saloperies invisibles.
Nous rejoignons Manaus : trente heures de vol en passant par Sao Paulo. Trente heures d'angoisse pour les impératifs professionnels. Après L.A Manaus est l'étape numéro deux de la reprise en main. Pas la plus facile à gérer avec toute cette hostilité naturelle : les moustiques, la dengue, les cannibales, les piranhas, les crocodiles, la chaleur accablante et les sud-américains aussi faux jetons qu'une peau de banane sur un trottoir.
Reprise en main c'est une expression du patron. Quand le lait gonfle pour déborder de la marmite il faut obligatoirement une reprise en main. Et l'organisation continue de tourner dans le même sens, dans notre sens, le bon sens. Il faut marquer les esprits, il faut communiquer, se parler, se comprendre. La reprise en main sert à ça. Elle permet de garder le contact avec le terrain et tient la maison propre. De ce point de vue les reprises en main du patron sont bien concrètes et significatives. Elles se terminent toujours par un bain de sang.
Notre hublot donne sur une aile flanquée d'un réacteur énorme. Mauvais temps. Ce réacteur est anormalement gros. Il va se décrocher d'un instant à l'autre et valdinguer dans les nuages. L'avion va se crasher dans une épaisse colonne de fumée noire. J'ai froid dans le dos. Je me rends compte que le fil de ma vie est suspendu à quelques rivets, à une équipe de techniciens ivrognes et fornicateurs. À des contrôleurs aériens qui matent le culs des stagiaires et pensent aux résultats sportifs. À une partie de poker entre le diable et la sainte mère.
Le Patron roupille à côté de moi, côté couloir. Un ronflement de rois fainéant. Les autres passagers se tordent le cou pour croire à leurs oreilles.
Mais pas Luca Rizzi, assis devant nous, qui s'empiffre de film d'actions. Un monde de fesses, de bagnoles et de gros calibres. La violence entre directement dans son cerveau par la rétine et les tympans. Les explosions font clignoter son écran et sa tête vide, sertie d'un casque stéréo, rend des grésillements métalliques. Je ne supporte pas ces trucs-là : les casques, les écrans, les iphones, un barda d'ondes et de robots qui nous balancent un tas de saloperies invisibles.
Nous rejoignons Manaus : trente heures de vol en passant par Sao Paulo. Trente heures d'angoisse pour les impératifs professionnels. Après L.A Manaus est l'étape numéro deux de la reprise en main. Pas la plus facile à gérer avec toute cette hostilité naturelle : les moustiques, la dengue, les cannibales, les piranhas, les crocodiles, la chaleur accablante et les sud-américains aussi faux jetons qu'une peau de banane sur un trottoir.
Reprise en main c'est une expression du patron. Quand le lait gonfle pour déborder de la marmite il faut obligatoirement une reprise en main. Et l'organisation continue de tourner dans le même sens, dans notre sens, le bon sens. Il faut marquer les esprits, il faut communiquer, se parler, se comprendre. La reprise en main sert à ça. Elle permet de garder le contact avec le terrain et tient la maison propre. De ce point de vue les reprises en main du patron sont bien concrètes et significatives. Elles se terminent toujours par un bain de sang.
y'a du style, mais pour quelle histoire ?
J'adore les histoires de barjots qui décanillent tout ce qui bouge. J'apprécie les écrivants qui te flanquent dans le bain (de sang) dès la première ligne. J'aime moins les zappeurs ; et malgré ton écriture nerveuse qui demanderait à être posée sur une histoire solide (et sordide si possible), j'ai déjà le sentiment que tu vas zapper tout le long. Les séquences me semblent un peu courtes. Mon impression c'est que la première allait donner une suite avec quelque chose se passant dans le putain de hangar qui flanque le vertige. Ca c'est un début d'action. Mais dans la deuxième séquence (short cuts) on est déjà en route pour ailleurs. Pas un début d'action, pas un mort, rien. A voir à la troisième si il se passe réellement quelque chose… Fais-moi mentir mec !
Invité- Invité
Re: Paparazzi
J'ai l'impression que ce texte manque de virgules... Mais comme ça fait 3 fois en 3 jours que je fais ce même commentaire, il est possible au bout d'un moment que le problème vienne de moi.
A part ça, une atmosphère plutôt bien installée, mais peut-être un manque de verbes et adjectifs plus précis et évocateurs pour permettre au lecteur de mieux "palper" les scènes, les réflexions.
Quelques fautes toutes bêtes et faciles à éviter :
A part ça, une atmosphère plutôt bien installée, mais peut-être un manque de verbes et adjectifs plus précis et évocateurs pour permettre au lecteur de mieux "palper" les scènes, les réflexions.
Quelques fautes toutes bêtes et faciles à éviter :
Fainéants.Un ronflement de rois fainéant.
Films.qui s'empiffre de film d'actions
Re: Paparazzi
"le lait gonfle" ? !!!
Moi ça me plaît, nerveux, elliptique. On dirait un scénario de B.D.
Moi ça me plaît, nerveux, elliptique. On dirait un scénario de B.D.
Invité- Invité
Re: Paparazzi
3
Les origines mayas, les esprits de la foret, la culture rituelle, ça fait deux heures qu'on supporte ces conneries. Isidoro parle, son acolyte traduit et le patron, Lucas Rizzi et moi suons comme des fontaines. Il a probablement grandit dans un tronc d'arbre Isidoro. Sa peau : on dirait de l'écorce.
Le bateau file toujours vers la triple frontière, creusant un sillage d'écume sur l'Amazone. Luca Rizzi lance le diaporama sur son ordinateur portable. Première photo, le hangar vide de main street, la grande table, Pépito tassé sur son siège, minuscule dans la vastitude, le silencieux du patron posé verticalement sur le haut de son crâne. Le reste de l'assistance, autour de la table, ressemble à une disposition de statues transparentes.
“Je l'aimais comme mon fils ce petit bâtard, j'ai toujours pris soin de lui”
Le type traduit. Sa langue claque contre son palais, se mélange aux éclaboussures du fleuve contre la coque du bateau. Pepito 25 ans, protégé du patron, ancien cadre approvisionnement / distribution de la moitié ouest des Etats Unis. Chiffre d'affaire annuel : 500 millions de dollars. La cocaïne c'est la poudre des rois et ça rapporte plus que l'ensemble des putes de la côte pacifique réunies. Qu'est-ce qu'on viendrait foutre en Amérique du sud sinon ?
“Sa mère était une sainte femme, personne n'a jamais su comment elle s'est retrouvée enceinte, elle est décédée en le mettant au monde, paix à son âme”.
Des bruit courraient que le père de Pépito était un joueur de mandoline,le genre chemise à frange et moustache de tarlouze. Mais à l'époque, personne ne voulait en entendre parler et le patron assuma ses responsabilités de chef de famille. Photo numéro deux : portrait de Pepito dont la tête vole en éclat, dans une gerbe de cervelle et de sang.
“Ce petit con a dégueulassé les costards de toute l'assemblée”
La patrons prend un air consterné mais c'était voulu : avec un silencieux et une balle subsonique à pointe creuse on soigne les effets spéciaux. Même à bout portant, le suppositoire reste bien calé au fond du cul. Spectacle garanti, et photos colorées.
Isidoro gueule quelque chose dans sa langue d'inca et deux types, à l'arrière de l'embarcation commencent à s'activer. Ils portent des bermudas aux couleurs criardes, des t-shirt militaires et des tongues oranges ou vertes acidulées.“Regardez” nous lance le traducteur. Le cadavre qu'ils remontent à bord est boursouflé comme une baudruche, bleu, moisi, méconnaissable, bouffé par les poissons. Le complice de Pepito ? L'esprit de la foret nous valide le ticket.
Les origines mayas, les esprits de la foret, la culture rituelle, ça fait deux heures qu'on supporte ces conneries. Isidoro parle, son acolyte traduit et le patron, Lucas Rizzi et moi suons comme des fontaines. Il a probablement grandit dans un tronc d'arbre Isidoro. Sa peau : on dirait de l'écorce.
Le bateau file toujours vers la triple frontière, creusant un sillage d'écume sur l'Amazone. Luca Rizzi lance le diaporama sur son ordinateur portable. Première photo, le hangar vide de main street, la grande table, Pépito tassé sur son siège, minuscule dans la vastitude, le silencieux du patron posé verticalement sur le haut de son crâne. Le reste de l'assistance, autour de la table, ressemble à une disposition de statues transparentes.
“Je l'aimais comme mon fils ce petit bâtard, j'ai toujours pris soin de lui”
Le type traduit. Sa langue claque contre son palais, se mélange aux éclaboussures du fleuve contre la coque du bateau. Pepito 25 ans, protégé du patron, ancien cadre approvisionnement / distribution de la moitié ouest des Etats Unis. Chiffre d'affaire annuel : 500 millions de dollars. La cocaïne c'est la poudre des rois et ça rapporte plus que l'ensemble des putes de la côte pacifique réunies. Qu'est-ce qu'on viendrait foutre en Amérique du sud sinon ?
“Sa mère était une sainte femme, personne n'a jamais su comment elle s'est retrouvée enceinte, elle est décédée en le mettant au monde, paix à son âme”.
Des bruit courraient que le père de Pépito était un joueur de mandoline,le genre chemise à frange et moustache de tarlouze. Mais à l'époque, personne ne voulait en entendre parler et le patron assuma ses responsabilités de chef de famille. Photo numéro deux : portrait de Pepito dont la tête vole en éclat, dans une gerbe de cervelle et de sang.
“Ce petit con a dégueulassé les costards de toute l'assemblée”
La patrons prend un air consterné mais c'était voulu : avec un silencieux et une balle subsonique à pointe creuse on soigne les effets spéciaux. Même à bout portant, le suppositoire reste bien calé au fond du cul. Spectacle garanti, et photos colorées.
Isidoro gueule quelque chose dans sa langue d'inca et deux types, à l'arrière de l'embarcation commencent à s'activer. Ils portent des bermudas aux couleurs criardes, des t-shirt militaires et des tongues oranges ou vertes acidulées.“Regardez” nous lance le traducteur. Le cadavre qu'ils remontent à bord est boursouflé comme une baudruche, bleu, moisi, méconnaissable, bouffé par les poissons. Le complice de Pepito ? L'esprit de la foret nous valide le ticket.
Re: Paparazzi
J'aime énormément.
J'aime déjà beaucoup le style, l'indifférence transformée en un etat d'esprit.
Et ce petit côté cru, choquant de par son indifférence justement.
Il y a aussi cette petite touche de Breat ellis dans l'aisance avec laquelle ton personnage se meut dans cet univers qu'il semble connaitre parfaitement. Il s'exprime avec légitimité ce qui rend les petits effets branchés absolument naturels.
J'aime déjà beaucoup le style, l'indifférence transformée en un etat d'esprit.
Et ce petit côté cru, choquant de par son indifférence justement.
Il y a aussi cette petite touche de Breat ellis dans l'aisance avec laquelle ton personnage se meut dans cet univers qu'il semble connaitre parfaitement. Il s'exprime avec légitimité ce qui rend les petits effets branchés absolument naturels.
Oeildenuit- Nombre de messages : 168
Age : 36
Date d'inscription : 07/09/2008
Re: Paparazzi
Peu de mots pour beaucoup d'atmosphère. Un texte très visuel, et qui convainc par sa vraisemblance. C'est drôlement bien fichu, dommage que les livraisons soient si parcimonieuses.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Paparazzi
Toujours très cinématographique, genre :"film d'action", vivant et bien mené. Le vocabulaire et le style collent parfaitement au sujet. On a cependant parfois l'impression que tu ne t'es pas trop relu (à en juger par les loupés orthographiques que je ne relève pas ici...). Quand même : " La patrons prend un air consterné..." !!
j'ai compris "langue" au sens organique du terme et donc je vois mal le mélange avec les éclaboussures du fleuve ?
Sa langue claque contre son palais, se mélange aux éclaboussures du fleuve
j'ai compris "langue" au sens organique du terme et donc je vois mal le mélange avec les éclaboussures du fleuve ?
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Paparazzi
Dommage que les postages soient si espacés ; d'un autre côté, comme les extraits sont courts on a vite fait de relire ce qui précède et de se remettre dans le bain.
les esprits de la forêt,
Il a probablement grandi
distribution de la moitié ouest des Etats-Unis. (tiret)
Des bruits couraient que le père de Pépito était un joueur de mandoline,le genre (espace après virgule)
portrait de Pepito dont la tête vole en éclats,
Le patron prend un air consterné mais c'était voulu :
L'esprit de la forêt nous valide le ticket.
les esprits de la forêt,
Il a probablement grandi
distribution de la moitié ouest des Etats-Unis. (tiret)
Des bruits couraient que le père de Pépito était un joueur de mandoline,le genre (espace après virgule)
portrait de Pepito dont la tête vole en éclats,
Le patron prend un air consterné mais c'était voulu :
L'esprit de la forêt nous valide le ticket.
Invité- Invité
Re: Paparazzi
J'aime aussi. Nerveux et imagé. J'attends la suite
Yellow_Submarine- Nombre de messages : 278
Age : 53
Localisation : Fougères
Date d'inscription : 08/01/2010
Re: Paparazzi
Joli travail de broderie entre le 1 et le 3 ... On fait mine de s'éloigner du motif et puis on y revient. Tiens prends ça dans la tronche, zapping et ellipse en boomerang.
Je suis lectrice .
Je suis lectrice .
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Paparazzi
Ça colle, mais c'est trop court pour rentrer dedans. J'attends encore sept ou huit épisodes et je relis tout d'une traite. En attendant je lis les bribes quand même.
Invité- Invité
Re: Paparazzi
4/
La seule occasion où le patron considère quelqu'un avec humanité c'est quand il lui confie un contrat. J'ai remarqué ça. Là, il est capable de se montrer prévenant jusqu'à offrir le fond de sa meilleure bouteille. Il développe une sorte de compassion. Sinon il n'est jamais vraiment sincère. Il passe sa vie à détester la terre entière, à manipuler, à séduire, à menacer, à promettre.... Il méprise la famille aussi, les femmes, les enfants, les vieillards, lui-même ; aussi sûr qu'un trou du cul chie de la merde. Il feint de s'intéresser à ce qu'on lui raconte, il communique, il tend l'oreille, mais y a rien de loyal là dedans, aucune lumière dans son oeil noir. Il balance des nuages de poudre dorée, de l'esbroufe. Ce qui le préoccupe c'est l'effet produit et le gain que ça aménera derrière. Mais quand il vous envoie buter un type, on dirait qu'il vous aime. Réellement. Il devient comme un père avec son fils ou comme votre meilleur ami depuis toujours. Dans la vie, il existe des moments déconcertants dont il vaut mieux tenter de profiter.
Benjamin Constant : on pense au nom d'un type de la belle époque. Un français. Un explorateur dont je mettrais ma main à couper qu'il est mort, là, de la malaria ou d'une autre maladie tropicale, sucé jusqu'à la moelle par des sangsues gluantes, piqué à en crever par des insectes. Et ce pauvre type a donné son nom à un poste de douane, le poste de douane péruvien de la triple frontière, une cabane de bois, une unique pièce, avec une vieille armoire, un vieux bureau, des tampons et quelques formulaires. Je ne vois rien d'autre à part quatre chaises. Je ne vois même pas de téléphone. On poireaute. On transpire. L'air est chaud comme dans l'habitacle d'une bagnole garée en plein soleil. De l'autre côté du fleuve, en face, les villes soeurs de Létitia et de Tabatinga. Pérou, Colombie, Brésil font le tiercé gagnant au milieu de l'Amazonie. La zone de la triple frontière est classée première par Interpol pour le trafic de cocaïne. Isidoro nous fait l'article tandis que nous attendons le chef de la douane péruvienne, un type massif et velu, qui arrive enfin dans le bureau. Il se présente en maillot de bain, torse nu, ruisselant, cheveux et poils collés à l'épiderme. Il sort tout droit du fleuve. Il était allé piquer une tête pendant que nous faisions le pied de grue. Le rythme n'est pas le même ici, Dieu a voulu qu'ils agitent leur cul seulement pour danser et pour baiser. Le douanier a l'air décontracté, il donne immédiatement l'accolade à Isidoro et à son traducteur, il nous salue chaleureusement. Il parle fort. Il ouvre l'armoire, sort une bouteille et puis des verres.
Aucun doute on est uni comme les doigts de la main, on est entre nous, le monde extérieur n'existe pas, le narcotrafic ne nous regarde pas. C'est comme une bulle en dehors de l'eau. Comme si on faisait tous partie du même corps, un corps étranger avec ses codes, son état d'esprit et sa logique de fonctionnement Les verres s'entrechoquent, l'alcool me brûle la gorge avec un arrière-gout de plante et de médicament. Le douanier nous ressert. On se comprend sans avoir besoin de se parler. Des familles entières dépendent de notre capacité à nous entendre et à défendre nos intérêts. L'alcool nous sort de la torpeur équatoriale, le douanier explique qu'il y ajoute du guarana en remplissant une troisième fois les verres puis il ouvre un tiroir et sort la photo du contrat.
La seule occasion où le patron considère quelqu'un avec humanité c'est quand il lui confie un contrat. J'ai remarqué ça. Là, il est capable de se montrer prévenant jusqu'à offrir le fond de sa meilleure bouteille. Il développe une sorte de compassion. Sinon il n'est jamais vraiment sincère. Il passe sa vie à détester la terre entière, à manipuler, à séduire, à menacer, à promettre.... Il méprise la famille aussi, les femmes, les enfants, les vieillards, lui-même ; aussi sûr qu'un trou du cul chie de la merde. Il feint de s'intéresser à ce qu'on lui raconte, il communique, il tend l'oreille, mais y a rien de loyal là dedans, aucune lumière dans son oeil noir. Il balance des nuages de poudre dorée, de l'esbroufe. Ce qui le préoccupe c'est l'effet produit et le gain que ça aménera derrière. Mais quand il vous envoie buter un type, on dirait qu'il vous aime. Réellement. Il devient comme un père avec son fils ou comme votre meilleur ami depuis toujours. Dans la vie, il existe des moments déconcertants dont il vaut mieux tenter de profiter.
Benjamin Constant : on pense au nom d'un type de la belle époque. Un français. Un explorateur dont je mettrais ma main à couper qu'il est mort, là, de la malaria ou d'une autre maladie tropicale, sucé jusqu'à la moelle par des sangsues gluantes, piqué à en crever par des insectes. Et ce pauvre type a donné son nom à un poste de douane, le poste de douane péruvien de la triple frontière, une cabane de bois, une unique pièce, avec une vieille armoire, un vieux bureau, des tampons et quelques formulaires. Je ne vois rien d'autre à part quatre chaises. Je ne vois même pas de téléphone. On poireaute. On transpire. L'air est chaud comme dans l'habitacle d'une bagnole garée en plein soleil. De l'autre côté du fleuve, en face, les villes soeurs de Létitia et de Tabatinga. Pérou, Colombie, Brésil font le tiercé gagnant au milieu de l'Amazonie. La zone de la triple frontière est classée première par Interpol pour le trafic de cocaïne. Isidoro nous fait l'article tandis que nous attendons le chef de la douane péruvienne, un type massif et velu, qui arrive enfin dans le bureau. Il se présente en maillot de bain, torse nu, ruisselant, cheveux et poils collés à l'épiderme. Il sort tout droit du fleuve. Il était allé piquer une tête pendant que nous faisions le pied de grue. Le rythme n'est pas le même ici, Dieu a voulu qu'ils agitent leur cul seulement pour danser et pour baiser. Le douanier a l'air décontracté, il donne immédiatement l'accolade à Isidoro et à son traducteur, il nous salue chaleureusement. Il parle fort. Il ouvre l'armoire, sort une bouteille et puis des verres.
Aucun doute on est uni comme les doigts de la main, on est entre nous, le monde extérieur n'existe pas, le narcotrafic ne nous regarde pas. C'est comme une bulle en dehors de l'eau. Comme si on faisait tous partie du même corps, un corps étranger avec ses codes, son état d'esprit et sa logique de fonctionnement Les verres s'entrechoquent, l'alcool me brûle la gorge avec un arrière-gout de plante et de médicament. Le douanier nous ressert. On se comprend sans avoir besoin de se parler. Des familles entières dépendent de notre capacité à nous entendre et à défendre nos intérêts. L'alcool nous sort de la torpeur équatoriale, le douanier explique qu'il y ajoute du guarana en remplissant une troisième fois les verres puis il ouvre un tiroir et sort la photo du contrat.
Re: Paparazzi
J’ai relu le tout et j’aime toujours autant. Ça déménage bien. Faudra voir jusqu’où tu vas nous emmener comme cela.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: Paparazzi
ça tient toujours bien la route ! Rien à redire !
demi-lune- Nombre de messages : 795
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Re: Paparazzi
Je plussoie ...
Ambiance moite et délétère, ça englue bien comme il faut...
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Rebecca- Nombre de messages : 12502
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Re: Paparazzi
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Un homme d'Isidoro a repéré le site du haut d'un cocotier. Le bâtiment ressemble à une hacienda, une seule porte d'entrée massive qui donne sur une cour intérieure ourlée par des chambres et des pièces à vivre. Les chiottes sont au fond, accolées au mur d'enceinte, un simple cabanon. Il y a un puits au centre de la cour. Je tambourine contre les battants, quelqu'un gueule quelque-chose de l'autre côté ; évidemment je pige rien et je réponds en italien. Des secondes filent et les serrures finissent par se dévrrrouiller toutes seules. Luca Rizzi respire fort derrière moi. La cocaïne rend la situation parfaitement logique et cool. On va faire un carton.
L'homme à abattre s'appelle Samouraï. Pas d'oeil bridé, pas d'air fourbe, pas de tête de hareng, rien de japonais. Sur la photo du contrat il ressemble à Jeremy Irons en plus bronzé. On le surnomme Samouraï à cause de son style. Un mec droit dans ses bottes avec le sens de l'honneur. Personne ne sait pour qui il bosse réellement, mais tout le monde s'est rendu compte qu'il fou la merde depuis qu'il a pris les rênes de la douane brésilienne. On le dit brave, intelligent. On le dit intègre, incorruptible. On dit que c'est un agent de la CIA, un porte flingue de la mafia russe, un justicier, un tueur en série. Qu'importe son pedigrée, c'est juste un type plus déterminé, plus fort et plus malin que les autres. Un genre de catastrophe climatique dans la météo des affaires. Il pourrait tout aussi bien repeindre la forêt en jaune et alimenter les deux prochains siècles de légendes. On dit que ses hommes lui sont fidèles et qu'ils sont arrivés avec lui. Certains revêtent une cagoule en permanence pour dissimuler leur identité. Probablement des bourreaux, les escadrons de la mort, les bandes militaires de Rio de Janeiro qui nettoient les favelas au napalm et assassinent les gosses des rues dont ils revendent les organes au trafic international. Des libanais franchissent les frontières avec des mallettes réfrigérés tous les jours. Un foie, un rein, une ponction sans anesthésie. S'ils se coltinent vraiment des cagoules par cette chaleur, sûr qu'ils sont complètement cramés à l'intérieur, sans conscience, sans notions du bien et du sang. Ils vivent ensemble dans l'hacienda ; ils éclusent de la Skoll et se font tourner des indiennes.
Je m'écarte. Luca Rizzi se précipite et descend au moins deux hommes à l'entrée. Le gros de la troupe est parti en expédition sur le fleuve, mais Samouraï est demeuré dans l'hacienda, avec peu d'effectif pour le protéger. Information du cocotier. De grands cocotiers surplombent le bâtiment et font de l'ombre noire. Des coups de feu, des cris d'alerte. Des plaintes et des râles d'agonie. Je m'approche. Les tirs font toujours rage à l'intérieur. L'enceinte crépite comme une grosse machine à popcorn. C'est mon putain d'acouphène qui va remettre le couvert. Ca m'empêche de dormir, ça me rend fou ce souffle dans les oreilles, un bruit de télé sans antenne, le sentiment d'avoir des fils électriques débranchés dans la tête. Avalanche de feu. Combien Luca réussira-t-il à buter de types avant d'être cueilli à son tour. La coke a fait péter sa jauge de maitrise et d''espérance. La junkfood, le cinéma, les putes et l'argent facile l'ont enterré depuis longtemps. Il est déjà mort. Il avance sous le feu. Que son destin l'emporte et nous en débarrasse. Je reste planqué derrière le mur, attendant le moment propice pour plier la partie.
Un homme d'Isidoro a repéré le site du haut d'un cocotier. Le bâtiment ressemble à une hacienda, une seule porte d'entrée massive qui donne sur une cour intérieure ourlée par des chambres et des pièces à vivre. Les chiottes sont au fond, accolées au mur d'enceinte, un simple cabanon. Il y a un puits au centre de la cour. Je tambourine contre les battants, quelqu'un gueule quelque-chose de l'autre côté ; évidemment je pige rien et je réponds en italien. Des secondes filent et les serrures finissent par se dévrrrouiller toutes seules. Luca Rizzi respire fort derrière moi. La cocaïne rend la situation parfaitement logique et cool. On va faire un carton.
L'homme à abattre s'appelle Samouraï. Pas d'oeil bridé, pas d'air fourbe, pas de tête de hareng, rien de japonais. Sur la photo du contrat il ressemble à Jeremy Irons en plus bronzé. On le surnomme Samouraï à cause de son style. Un mec droit dans ses bottes avec le sens de l'honneur. Personne ne sait pour qui il bosse réellement, mais tout le monde s'est rendu compte qu'il fou la merde depuis qu'il a pris les rênes de la douane brésilienne. On le dit brave, intelligent. On le dit intègre, incorruptible. On dit que c'est un agent de la CIA, un porte flingue de la mafia russe, un justicier, un tueur en série. Qu'importe son pedigrée, c'est juste un type plus déterminé, plus fort et plus malin que les autres. Un genre de catastrophe climatique dans la météo des affaires. Il pourrait tout aussi bien repeindre la forêt en jaune et alimenter les deux prochains siècles de légendes. On dit que ses hommes lui sont fidèles et qu'ils sont arrivés avec lui. Certains revêtent une cagoule en permanence pour dissimuler leur identité. Probablement des bourreaux, les escadrons de la mort, les bandes militaires de Rio de Janeiro qui nettoient les favelas au napalm et assassinent les gosses des rues dont ils revendent les organes au trafic international. Des libanais franchissent les frontières avec des mallettes réfrigérés tous les jours. Un foie, un rein, une ponction sans anesthésie. S'ils se coltinent vraiment des cagoules par cette chaleur, sûr qu'ils sont complètement cramés à l'intérieur, sans conscience, sans notions du bien et du sang. Ils vivent ensemble dans l'hacienda ; ils éclusent de la Skoll et se font tourner des indiennes.
Je m'écarte. Luca Rizzi se précipite et descend au moins deux hommes à l'entrée. Le gros de la troupe est parti en expédition sur le fleuve, mais Samouraï est demeuré dans l'hacienda, avec peu d'effectif pour le protéger. Information du cocotier. De grands cocotiers surplombent le bâtiment et font de l'ombre noire. Des coups de feu, des cris d'alerte. Des plaintes et des râles d'agonie. Je m'approche. Les tirs font toujours rage à l'intérieur. L'enceinte crépite comme une grosse machine à popcorn. C'est mon putain d'acouphène qui va remettre le couvert. Ca m'empêche de dormir, ça me rend fou ce souffle dans les oreilles, un bruit de télé sans antenne, le sentiment d'avoir des fils électriques débranchés dans la tête. Avalanche de feu. Combien Luca réussira-t-il à buter de types avant d'être cueilli à son tour. La coke a fait péter sa jauge de maitrise et d''espérance. La junkfood, le cinéma, les putes et l'argent facile l'ont enterré depuis longtemps. Il est déjà mort. Il avance sous le feu. Que son destin l'emporte et nous en débarrasse. Je reste planqué derrière le mur, attendant le moment propice pour plier la partie.
Re: Paparazzi
L'avantage de lire en retard est qu'on peut tout lire d'une traite, ce qui me semble préférable dans le cas présent, car ça perturbe moins le rythme, ce qui est toujours un danger avec les fragments courts et espacés dans le temps.
Un beau travail ! Très rapidement, je me suis laissée prendre par l'ambiance et l'histoire. Tes personnages occupent beaucoup de place mais pas trop, c'est bien, on les suit avec aisance, tout comme le fil du récit.
Si bémol il devait y avoir, ce serait sur une régularité très maîtrisée dans le rythme qui le rend un peu trop linéaire, mais c'est léger en fait.
Un beau travail ! Très rapidement, je me suis laissée prendre par l'ambiance et l'histoire. Tes personnages occupent beaucoup de place mais pas trop, c'est bien, on les suit avec aisance, tout comme le fil du récit.
Si bémol il devait y avoir, ce serait sur une régularité très maîtrisée dans le rythme qui le rend un peu trop linéaire, mais c'est léger en fait.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Paparazzi
Voici tout le texte d'un coup. Remasterisé pour le début et avec la suite et les paragraphes finaux. il s'agit néanmoins d'un chapitre intégré dans dans un travail plus long (cf Hot, Small, le funky poseur).
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1/
- 07 avant VP
“Comment ce négro peut-il avoir la gueule du neveu parfait ? Tu m'expliques ça Gian' ? Hein, comment c'est possible ça : un negro avec une gueule de neveu parfait. “.
- Gendre idéal patron, un air de gendre idéal.
- Quoi le gendre idéal le neveu parfait, tout ça c'est pareil, ça raconte la même chose. Je vais te dire Gian', dans l'histoire de l'humanité il y a d'abord eu les singes, c'est le premier stade de l'évolution. Les singes Gianfranco ! Des enculés de putains de singes en Afrique ! Et tu sais où on a retrouvé le premier homme ? En Afrique, exactement en Afrique, parce que les noirs sont les descendants directs des singes, et ça c'est le deuxième stade de l'évolution : les négros. Tu vois, d'abord les singes et ensuite les négros. “
- Regardez patron !” Luca Rizzi, au volant de la Cadillac, indique un 4 par 5, planté sur un bord du croisement entre Main street et la 5eme rue ouest. Le portrait de Will Smith, photographié de face, occupe les trois quarts du panneau publicitaire. A droite, vers l'avenir, son slogan : united state of California et des petites étoiles. Il sourit franchement. Une gueule de gendre idéal.
Le patron fulmine depuis que nous avons posé les pieds sur le tarmac de l'aéroport. Los Angeles lui tape sur le système : les negros, les tortillas, les homeless allongés sur leurs feuilles en carton et toute cette saloperie de pollution. Le décalage horaire. Mais plus que ça et l'intégrale de ses soucis, je sais qu'il monte en pression avant le levé de rideau. Une sorte de mise en condition. Le patron, je le seconde depuis trente ans. Je le connais par coeur. Son truc c'est de ressembler le plus possible à Joe Pesci dans le cinéma de Scorcese. On ne se rend pas compte à quel point les films de gangsters peuvent avoir une influence sur la famille. On croit toujours que c'est l'inverse.
“Visez ça, ce quartier a été construit par des Italiens et visez ce que c'est devenu, des enfoirés de Mexicains qui pullulent partout et qui se reproduisent comme des lapins”. Il agite les bras en l'air, invoquant tous les saints qui nous abandonnent depuis si longtemps. El Pueblo, au centre de Los Angeles. Pas loin de Chinatown. Enfoirés de Chinois.
Luca bifurque dans un grand parking marqué par une rangée d'arbres. Nous descendons. Il n'y a qu'à traverser pour atteindre notre destination. Main street n°508. La façade de l'édifice est completement bâchée, le vent soulève des volutes de poussière. Nous passons les grilles fermant le chantier et entrons dans le bâtiment. Imposant. Des gravats jonchent le sol, des éléments de charpente. Les bâches battent contre les ouvertures. Pas de porte, pas de fenêtre. On pourrait aménager le plus grand loft de la cité des anges à cet endroit. La hauteur de plafond me donne le tournis. En dehors des murs porteurs en briques rouges, toutes les cloisons ont été abattues. On pourrait aussi finir de raser tout ça et installer un terrain de football. Mais personne ne joue au foot dans ce pays dégénéré.
Une grande table rectangulaire et des fauteuils de bureau ont été agencés au centre de l'espace. Ordre du patron, mise en scène du patron. Je ne compte pas, mais en principe le public est déjà arrivé : une vingtaine d'associés accoutrés comme s'ils allaient recevoir un Oscar.
2 /
Notre hublot donne sur une aile flanquée d'un réacteur énorme, un réacteur anormalement gros. Je le vois se décrocher du fuselage et disparaitre dans une épaisse colonne de fumée noire, et puis je vois des bouts de cadavres éparpillés sur quarante kilomètres. L'angoisse compresse mon systeme digestif.
Le Patron roupille à côté de moi, côté couloir. Ses ronflements vrombissent comme le moteur d'une formule 1 et les autres passagers se dévissent le cou pour y croire. Luca Rizzi, devant nous, s'empiffre de chips à l'oignon en visionnant des films d'actions. Des fesses, des bagnoles, de l'air devant les yeux et une bande son hachée dans les oreilles. Les explosions à répétition transforment l'écran de son ordinateur en stroboscope.
Bientôt Manaus. Une hotesse récupère les miasmes de mon estomac et me refile un sachet neuf. Après L.A, Manaus est l'étape numéro deux de la reprise en main : les moustiques, la dengue, les cannibales, les piranhas, les crocodiles, la chaleur accablante et les sud-américains aussi faux jetons qu'une peau de banane sur un trottoir.
Reprise en main c'est une expression du patron. Quand l'heure tourne à l'envers on reprend les choses en main et les aiguilles repartent dans le bon sens. Il faut marquer les esprits, il faut se faire clairement comprendre. La reprise en main sert à ça : garder le contact avec le terrain et tenir la maison propre. De ce point de vue les reprises en main du patron sont bien concrètes et significatives. Elles se terminent toujours dans un bain de sang.
3 /
Les origines mayas, les esprits de la forêt, la culture rituelle, ça fait deux heures qu'on supporte ces conneries. Isidoro parle, son acolyte traduit et le patron, Lucas Rizzi et moi suons comme des fontaines. Il a probablement grandi dans un tronc d'arbre Isidoro. Sa peau : on dirait de l'écorce.
Le bateau file vers la triple frontière, creusant un sillage d'écume sur l'Amazone. Des animaux braillent quelque-part, dans la forêt noire. Des oiseaux ou peut être des singes. Luca Rizzi lance le diaporama sur son ordinateur portable en tendant un tissu pour qu'on puisse voir l'écran. Première photo, le hangar vide de Main Street, la grande table, Pépito tassé sur son siège, minuscule, le silencieux du patron posé verticalement sur son crâne. Le reste de l'assistance parait figé comme une pisseuse.
“Je l'aimais comme mon fils ce petit bâtard, j'ai toujours pris soin de lui”
Le type traduit en produisant des claquements avec sa langue qui se mélangent aux éclaboussures du fleuve contre la coque du navire. Pepito vingt cinq ans, protégé du patron, ancien cadre approvisionnement / distribution de la moitié ouest des Etats-Unis. Chiffre d'affaire annuel : 500 millions de dollars. La cocaïne c'est la poudre des rois et ça rapporte plus que l'ensemble des putes de la côte pacifique réunies. Qu'est-ce qu'on viendrait foutre en Amérique du sud sinon ?
“Comme mon fils” il repète en posant la main droite sur son coeur et en levant les yeux vers le ciel vide : “comme mon fils”.
Le patron n'aime personne et pas même son vrai fils, un enfant secret, dont il ne s'est jamais occupé et dont on a aucune nouvelle. Il regarde la photo de Pepito sur l'écran d'ordinateur et ajoute :
“Sa mère était une sainte femme, personne n'a jamais su comment elle s'est retrouvée enceinte, elle est décédée en le mettant au monde, paix à son âme”.
Des bruits couraient que le père de Pépito était un joueur de mandoline, un avaleur de burritos, un suceur de bite comme tous les mexicains de Los Angeles. Personne ne voulait en entendre parler et le patron assuma ses responsabilités de chef de famille. Photo numéro deux : portrait de Pepito dont la tête explose comme une figue mure, dans une gerbe de cervelle et de sang.
“Ce petit con a dégueulassé tous les costards de l'assemblée”
Avec un silencieux et une balle subsonique à pointe creuse le projectile reste fiché dans la barbaque. Même à bout portant. Par contre il bousille tout sur son passage. Spectacle garanti. Et photos colorées.
Isidoro gueule quelque chose dans sa langue d'inca et deux mongoloïdes à l'arrière de l'embarcation commencent à tirer sur une grosse corde. Ils portent des bermudas aux couleurs criardes, des t-shirt militaires et des tongues oranges et vertes acidulées. “Regardez” nous lance le traducteur. Le cadavre qu'ils remontent à bord est boursouflé comme une baudruche, bleu, moisi, méconnaissable, bouffé par les poissons. La pute de Pepito ? L'esprit de la forêt nous valide le ticket.
4 /
La seule occasion où le patron considère quelqu'un avec humanité c'est quand il lui confie un contrat. J'ai remarqué ça. Là, il est capable de se montrer prévenant jusqu'à offrir le fond de sa meilleure bouteille. Il développe une sorte de compassion. Sinon il n'est jamais vraiment sincère. Il passe sa vie à détester la terre entière, à manipuler, à séduire, à menacer, à promettre.... Il méprise la famille aussi, les femmes, les enfants, les vieillards, lui-même ; aussi sûr qu'un trou du cul chie de la merde. Il feint de s'intéresser à ce qu'on lui raconte, il communique, il tend l'oreille, mais y a rien de loyal là dedans, aucune lueur dans son regard éteint. Ce qui le préoccupe c'est l'effet produit et le gain que ça aménera derrière. Mais quand il vous envoie buter un type, là, à ce moment là, on dirait qu'il vous aime. Réellement. Il devient comme un père avec son fils ou comme votre meilleur ami depuis toujours.
Benjamin Constant est un explorateur français dont je mettrais ma main à couper qu'il est mort de la malaria ou d'une autre maladie tropicale. Et ce pauvre type a donné son nom à un poste de douane, le poste de douane péruvien de la triple frontière, une cabane de bois, une unique pièce, avec une vieille armoire, un vieux bureau, des tampons et quelques formulaires. Je ne vois rien d'autre à part quatre chaises. Je ne vois même pas de téléphone. On poireaute. On transpire. L'air est chaud comme dans une bagnole garée sous un soleil caniculaire. De l'autre côté du fleuve, en face, les villes soeurs de Léticia et de Tabatinga, l'une situé en Colombie et l'autre au Brésil. Pérou, Colombie, Brésil. Isidoro nous fait l'article en citant les chiffres d'Interpol.
Un type massif et velu arrive enfin dans le bureau. Le douanier se présente en maillot de bain, torse nu, ruisselant, cheveux et poils collés à l'épiderme. Il émerge tout droit du fleuve où il était allé piquer une tête pendant que nous faisions le pied de grue. Le rythme ici est de lever son cul pour baiser des chattes et ça ne descend pas plus loin que l'utérus. Le douanier a l'air décontracté, il donne l'accolade à Isidoro et à son traducteur, il nous salue chaleureusement. Il parle fort. Il ouvre l'armoire, attrape une bouteille et puis des verres.
Aucun doute on est uni, on est entre nous, les doigts de la main, on flotte comme une bulle de savon dans un arc en ciel. Les verres s'entrechoquent, l'alcool me brûle la gorge avec un arrière-gout de plante et de médicament. Le douanier nous ressert. Des familles entières tirent leur épingle du jeu parce que nous nous bourrons la gueule ensemble. L'alcool nous extrait de la torpeur équatoriale, le douanier explique qu'il y ajoute du guarana en remplissant une troisième fois les verres, puis il ouvre un tiroir et présente la photo du contrat.
5 /
Un homme d'Isidoro a repéré le site planqué en haut d'un cocotier. Le bâtiment s'apparente à une hacienda, une seule porte d'entrée massive donnant sur une cour intérieure ourlée par des chambres et des pièces à vivre. Les chiottes sont au fond, accolées au mur d'enceinte, un simple cabanon. Il y a aussi un puits au milieu de la cour. Je tambourine contre les battants, quelqu'un gueule quelque-chose de l'autre côté ; évidemment je pige rien et je réponds en italien. Des secondes filent et les serrures finissent par se dévérrouiller toutes seules. Luca Rizzi respire fort derrière moi. La cocaïne rend la situation parfaitement logique et cool. On va faire un carton.
L'homme à abattre s'appelle Samouraï mais ne possède rien de japonais. Aucun signe extérieur, ni l'oeil bridé, ni l'air du hareng saur. Sur la photo du contrat il ressemble à Jeremy Irons en plus bronzé. On le surnomme Samouraï à cause de son style. Un mec droit dans ses bottes avec le sens de l'honneur. On le dit brave, intelligent. On le dit intègre, incorruptible. Il commande la douane brésilienne dans la région mais personne ne sait pour qui il bosse réellement. On dit que c'est un agent de la CIA, un porte flingue de la mafia russe, un soldats de Dieux, un tueur en série. Il pourrait tout aussi bien repeindre la forêt en jaune et alimenter les deux prochains siècles de rumeurs. On dit que ses hommes lui sont fidèles et qu'ils sont arrivés avec lui. Certains d'entre eux revêtent une cagoule en permanence alors on dit qu'ils viennent des groupes militaires purgeant Rio de Janeiro au napalm et que ces enculés assassinent des gosses dont ils revendent les organes à des libanais qui franchissent les frontières avec des mallettes réfrigérés tous les jours.
Mais qu'importe le pedigrée de Samouraï : c'est juste un type plus déterminé, plus fort et plus malin que les autres à la tête d'une bande armée bien entrainée. Un problème climatique dans la météo des affaires, un serpent vénimeux.
Je m'écarte. Luca Rizzi se précipite et descend au moins deux hommes en s'engouffrant dans l'hacienda. Le gros de la troupe est parti en expédition sur le fleuve. Information du cocotier. De grands cocotiers surplombent le bâtiment et font de l'ombre noire. Samouraï est demeuré sur place lui, avec quatre ou cinq autres douaniers. Des coups de feu, des cris d'alerte. Des plaintes et des râles d'agonie. Je m'approche. Les tirs font rage à l'intérieur. Combien Luca réussira-t-il à buter de types avant d'être cueilli à son tour ? La coke a fait péter sa jauge de maitrise et d''espérance. Il est déjà mort. La junkfood, le cinéma, les putes et l'argent facile l'ont enterré depuis longtemps.
Luca Rizzi prends des balles et s'écroule lourdement dans la poussière. Pourtant, les douaniers continuent à tirer. Ils arrosent la dépouille qui tourne sur elle-même. Puis ils cessent le feu, se relèvent prudemment de leur planque et viennent inspecter le résultat. Avec ce qu'il a pris dans le buffet, Lucas Rizzi est plus que repassé, suffisament troué pour couler dans la mer.
Aucun type sur terre ne reste réellement sur ses gardes à la sortie d'une fusillade. Après la montée d'adrénaline le corps se relache et la vigilance baisse. C'est probablement inconscient mais à tous les coups ça se passe comme ça.
D'un rapide coup d'oeil je fais le point sur la situation : trois types debouts dont Samouraï et trois cadavres dont Lucas Rizzi. Je me découvre. Les types debouts lèvent les yeux vers moi, ils sont armés, je fais cracher mes Glock. Percutés par les balles, ils reculent et mordent la poussière. Je sécurise l'opération avec une seconde salve mais je sais bien que tout est déjà terminé. Mes mains sont pleines de talc pour prévenir la transpiration. Je balance les Glock avec mes empreintes -aucune importance- et part à la recherche d'un mouchoir.
6 /
“Ces cons de ricains y a que leur costards qui comptent. Les néons, leurs veaux pourries, leur cinéma débile. Fellini, ça c'était un mec qui savait faire des films. Putain de demeurés, qui s'empiffrent de beurre de cacahouète et de pancakes toutes la journée, ils sont obèses et leurs femmes sont des grosses truies. Leurs enfants, regardes leurs enfants, ils me dégoutent. Gian'. J'en ai ras la casquette de ce bordel. Le napolitain se fou de ma gueule. On a plus d'embrouilles à Los Angeles qu'en Afganisthan”
Le patron s'éponge le front avec la gaine de son téléphone satellite. Son visage suinte et refléchi la lumière.
“Ils vont nous sucer jusqu'à la moelle. Ils nous pissent à la raie. Tu sais ce qu'il dit le napolitain ? Il dit que mon café est americano. Il me fait la leçon cet enculé.”
Pas assez serré le café du patron. Americano. A L.A la campagne electorale bat son plein : descentes, expropriations, gardes à vues, contraventions à répétition, la somme complète des emmerdes officielles plombe la famille.
“C'est cet enfoiré de negro qui fait chauffer la merde
_ Will Smith, patron, il s”appelle Will Smith” je dis.
_ Je veux l'effacer, je ne veux plus voir sa gueule, je ne veux plus voir la gueule de ce connard nulle part”
7/
La vaisselle éclate, des plumes volent partout dans la pièce, un pan de rideau s'est enflammé et le commando continue de tirer. Plusieurs types cagoulés débarqués de nulle part. Je suis désarmé, il n'y a rien d'autre à faire que de rester plaqué au sol. La pute qui me suçait agonise à coté de moi. Son oeil fixe la lampe comme si c'étais l'ange Gabriel. Je malaxe une dernière fois ses nichons et répend son sang sur mon visage.
Un instant plus tôt l'orgie battait son plein. Du whisky, de la coke et des femmes. A la santé de Samouraï. Des serveurs en costumes français déambulaient parmi les poules et les invités débraillés. On avait marqué des points. Isidoro et le patron dansaient comme des baleines,. complètement défoncés; la bite à l'air et la chemise auréolée. Les affaires reprenaient.
Le temps file sans juger de rien. L'alcool me chloroforme les muscles et les artères, les détonations bousillent mes tympans. Inerte, je garde les yeux fermés. Pshhhhh des fils electrique sont débranchés dans la tête.
Le feu ondule sur la paroie interne de mes paupières, des couleurs surgissent, se déstructurent et disparaissent. Au vacarme des balles succèdent les gémissements et les voix. Je ne comprend pas cette langue, je ne comprend pas ce pays, je ne sais pas ce qui se passe et je suis bien vivant. Complètement indemne
Les types se sont volatilisés. Le patron, étendu dans une flaque de sang, respire difficilement. Je passe un coussin troué derrière sa tête. On se rend tous aux chiottes et au cimetierre. Il me reconnait, il ouvre la bouche comme un mourrant :
“Retrouve mon fils Gian' retrouve mon héritier..”
Aucun doute, la bande de Samouraï est paranormale. Nous cueillir dans la propriété d'Isidoro le lendemain même de notre expédition, mauvais rythme, quelquechose fait ding-dong, une bagnole qui carbure à contre-sens, tout feu éteint sur la grande route. Le patron me chope par la nuque :
“Nique tous ces salopard, nique ces fils de pute Gian', fais les rotir”
Puis il rend l'âme dans ce sursaut de haine, crispé au pan de ma chemise. Son ultime scène de cinéma.
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1/
- 07 avant VP
“Comment ce négro peut-il avoir la gueule du neveu parfait ? Tu m'expliques ça Gian' ? Hein, comment c'est possible ça : un negro avec une gueule de neveu parfait. “.
- Gendre idéal patron, un air de gendre idéal.
- Quoi le gendre idéal le neveu parfait, tout ça c'est pareil, ça raconte la même chose. Je vais te dire Gian', dans l'histoire de l'humanité il y a d'abord eu les singes, c'est le premier stade de l'évolution. Les singes Gianfranco ! Des enculés de putains de singes en Afrique ! Et tu sais où on a retrouvé le premier homme ? En Afrique, exactement en Afrique, parce que les noirs sont les descendants directs des singes, et ça c'est le deuxième stade de l'évolution : les négros. Tu vois, d'abord les singes et ensuite les négros. “
- Regardez patron !” Luca Rizzi, au volant de la Cadillac, indique un 4 par 5, planté sur un bord du croisement entre Main street et la 5eme rue ouest. Le portrait de Will Smith, photographié de face, occupe les trois quarts du panneau publicitaire. A droite, vers l'avenir, son slogan : united state of California et des petites étoiles. Il sourit franchement. Une gueule de gendre idéal.
Le patron fulmine depuis que nous avons posé les pieds sur le tarmac de l'aéroport. Los Angeles lui tape sur le système : les negros, les tortillas, les homeless allongés sur leurs feuilles en carton et toute cette saloperie de pollution. Le décalage horaire. Mais plus que ça et l'intégrale de ses soucis, je sais qu'il monte en pression avant le levé de rideau. Une sorte de mise en condition. Le patron, je le seconde depuis trente ans. Je le connais par coeur. Son truc c'est de ressembler le plus possible à Joe Pesci dans le cinéma de Scorcese. On ne se rend pas compte à quel point les films de gangsters peuvent avoir une influence sur la famille. On croit toujours que c'est l'inverse.
“Visez ça, ce quartier a été construit par des Italiens et visez ce que c'est devenu, des enfoirés de Mexicains qui pullulent partout et qui se reproduisent comme des lapins”. Il agite les bras en l'air, invoquant tous les saints qui nous abandonnent depuis si longtemps. El Pueblo, au centre de Los Angeles. Pas loin de Chinatown. Enfoirés de Chinois.
Luca bifurque dans un grand parking marqué par une rangée d'arbres. Nous descendons. Il n'y a qu'à traverser pour atteindre notre destination. Main street n°508. La façade de l'édifice est completement bâchée, le vent soulève des volutes de poussière. Nous passons les grilles fermant le chantier et entrons dans le bâtiment. Imposant. Des gravats jonchent le sol, des éléments de charpente. Les bâches battent contre les ouvertures. Pas de porte, pas de fenêtre. On pourrait aménager le plus grand loft de la cité des anges à cet endroit. La hauteur de plafond me donne le tournis. En dehors des murs porteurs en briques rouges, toutes les cloisons ont été abattues. On pourrait aussi finir de raser tout ça et installer un terrain de football. Mais personne ne joue au foot dans ce pays dégénéré.
Une grande table rectangulaire et des fauteuils de bureau ont été agencés au centre de l'espace. Ordre du patron, mise en scène du patron. Je ne compte pas, mais en principe le public est déjà arrivé : une vingtaine d'associés accoutrés comme s'ils allaient recevoir un Oscar.
2 /
Notre hublot donne sur une aile flanquée d'un réacteur énorme, un réacteur anormalement gros. Je le vois se décrocher du fuselage et disparaitre dans une épaisse colonne de fumée noire, et puis je vois des bouts de cadavres éparpillés sur quarante kilomètres. L'angoisse compresse mon systeme digestif.
Le Patron roupille à côté de moi, côté couloir. Ses ronflements vrombissent comme le moteur d'une formule 1 et les autres passagers se dévissent le cou pour y croire. Luca Rizzi, devant nous, s'empiffre de chips à l'oignon en visionnant des films d'actions. Des fesses, des bagnoles, de l'air devant les yeux et une bande son hachée dans les oreilles. Les explosions à répétition transforment l'écran de son ordinateur en stroboscope.
Bientôt Manaus. Une hotesse récupère les miasmes de mon estomac et me refile un sachet neuf. Après L.A, Manaus est l'étape numéro deux de la reprise en main : les moustiques, la dengue, les cannibales, les piranhas, les crocodiles, la chaleur accablante et les sud-américains aussi faux jetons qu'une peau de banane sur un trottoir.
Reprise en main c'est une expression du patron. Quand l'heure tourne à l'envers on reprend les choses en main et les aiguilles repartent dans le bon sens. Il faut marquer les esprits, il faut se faire clairement comprendre. La reprise en main sert à ça : garder le contact avec le terrain et tenir la maison propre. De ce point de vue les reprises en main du patron sont bien concrètes et significatives. Elles se terminent toujours dans un bain de sang.
3 /
Les origines mayas, les esprits de la forêt, la culture rituelle, ça fait deux heures qu'on supporte ces conneries. Isidoro parle, son acolyte traduit et le patron, Lucas Rizzi et moi suons comme des fontaines. Il a probablement grandi dans un tronc d'arbre Isidoro. Sa peau : on dirait de l'écorce.
Le bateau file vers la triple frontière, creusant un sillage d'écume sur l'Amazone. Des animaux braillent quelque-part, dans la forêt noire. Des oiseaux ou peut être des singes. Luca Rizzi lance le diaporama sur son ordinateur portable en tendant un tissu pour qu'on puisse voir l'écran. Première photo, le hangar vide de Main Street, la grande table, Pépito tassé sur son siège, minuscule, le silencieux du patron posé verticalement sur son crâne. Le reste de l'assistance parait figé comme une pisseuse.
“Je l'aimais comme mon fils ce petit bâtard, j'ai toujours pris soin de lui”
Le type traduit en produisant des claquements avec sa langue qui se mélangent aux éclaboussures du fleuve contre la coque du navire. Pepito vingt cinq ans, protégé du patron, ancien cadre approvisionnement / distribution de la moitié ouest des Etats-Unis. Chiffre d'affaire annuel : 500 millions de dollars. La cocaïne c'est la poudre des rois et ça rapporte plus que l'ensemble des putes de la côte pacifique réunies. Qu'est-ce qu'on viendrait foutre en Amérique du sud sinon ?
“Comme mon fils” il repète en posant la main droite sur son coeur et en levant les yeux vers le ciel vide : “comme mon fils”.
Le patron n'aime personne et pas même son vrai fils, un enfant secret, dont il ne s'est jamais occupé et dont on a aucune nouvelle. Il regarde la photo de Pepito sur l'écran d'ordinateur et ajoute :
“Sa mère était une sainte femme, personne n'a jamais su comment elle s'est retrouvée enceinte, elle est décédée en le mettant au monde, paix à son âme”.
Des bruits couraient que le père de Pépito était un joueur de mandoline, un avaleur de burritos, un suceur de bite comme tous les mexicains de Los Angeles. Personne ne voulait en entendre parler et le patron assuma ses responsabilités de chef de famille. Photo numéro deux : portrait de Pepito dont la tête explose comme une figue mure, dans une gerbe de cervelle et de sang.
“Ce petit con a dégueulassé tous les costards de l'assemblée”
Avec un silencieux et une balle subsonique à pointe creuse le projectile reste fiché dans la barbaque. Même à bout portant. Par contre il bousille tout sur son passage. Spectacle garanti. Et photos colorées.
Isidoro gueule quelque chose dans sa langue d'inca et deux mongoloïdes à l'arrière de l'embarcation commencent à tirer sur une grosse corde. Ils portent des bermudas aux couleurs criardes, des t-shirt militaires et des tongues oranges et vertes acidulées. “Regardez” nous lance le traducteur. Le cadavre qu'ils remontent à bord est boursouflé comme une baudruche, bleu, moisi, méconnaissable, bouffé par les poissons. La pute de Pepito ? L'esprit de la forêt nous valide le ticket.
4 /
La seule occasion où le patron considère quelqu'un avec humanité c'est quand il lui confie un contrat. J'ai remarqué ça. Là, il est capable de se montrer prévenant jusqu'à offrir le fond de sa meilleure bouteille. Il développe une sorte de compassion. Sinon il n'est jamais vraiment sincère. Il passe sa vie à détester la terre entière, à manipuler, à séduire, à menacer, à promettre.... Il méprise la famille aussi, les femmes, les enfants, les vieillards, lui-même ; aussi sûr qu'un trou du cul chie de la merde. Il feint de s'intéresser à ce qu'on lui raconte, il communique, il tend l'oreille, mais y a rien de loyal là dedans, aucune lueur dans son regard éteint. Ce qui le préoccupe c'est l'effet produit et le gain que ça aménera derrière. Mais quand il vous envoie buter un type, là, à ce moment là, on dirait qu'il vous aime. Réellement. Il devient comme un père avec son fils ou comme votre meilleur ami depuis toujours.
Benjamin Constant est un explorateur français dont je mettrais ma main à couper qu'il est mort de la malaria ou d'une autre maladie tropicale. Et ce pauvre type a donné son nom à un poste de douane, le poste de douane péruvien de la triple frontière, une cabane de bois, une unique pièce, avec une vieille armoire, un vieux bureau, des tampons et quelques formulaires. Je ne vois rien d'autre à part quatre chaises. Je ne vois même pas de téléphone. On poireaute. On transpire. L'air est chaud comme dans une bagnole garée sous un soleil caniculaire. De l'autre côté du fleuve, en face, les villes soeurs de Léticia et de Tabatinga, l'une situé en Colombie et l'autre au Brésil. Pérou, Colombie, Brésil. Isidoro nous fait l'article en citant les chiffres d'Interpol.
Un type massif et velu arrive enfin dans le bureau. Le douanier se présente en maillot de bain, torse nu, ruisselant, cheveux et poils collés à l'épiderme. Il émerge tout droit du fleuve où il était allé piquer une tête pendant que nous faisions le pied de grue. Le rythme ici est de lever son cul pour baiser des chattes et ça ne descend pas plus loin que l'utérus. Le douanier a l'air décontracté, il donne l'accolade à Isidoro et à son traducteur, il nous salue chaleureusement. Il parle fort. Il ouvre l'armoire, attrape une bouteille et puis des verres.
Aucun doute on est uni, on est entre nous, les doigts de la main, on flotte comme une bulle de savon dans un arc en ciel. Les verres s'entrechoquent, l'alcool me brûle la gorge avec un arrière-gout de plante et de médicament. Le douanier nous ressert. Des familles entières tirent leur épingle du jeu parce que nous nous bourrons la gueule ensemble. L'alcool nous extrait de la torpeur équatoriale, le douanier explique qu'il y ajoute du guarana en remplissant une troisième fois les verres, puis il ouvre un tiroir et présente la photo du contrat.
5 /
Un homme d'Isidoro a repéré le site planqué en haut d'un cocotier. Le bâtiment s'apparente à une hacienda, une seule porte d'entrée massive donnant sur une cour intérieure ourlée par des chambres et des pièces à vivre. Les chiottes sont au fond, accolées au mur d'enceinte, un simple cabanon. Il y a aussi un puits au milieu de la cour. Je tambourine contre les battants, quelqu'un gueule quelque-chose de l'autre côté ; évidemment je pige rien et je réponds en italien. Des secondes filent et les serrures finissent par se dévérrouiller toutes seules. Luca Rizzi respire fort derrière moi. La cocaïne rend la situation parfaitement logique et cool. On va faire un carton.
L'homme à abattre s'appelle Samouraï mais ne possède rien de japonais. Aucun signe extérieur, ni l'oeil bridé, ni l'air du hareng saur. Sur la photo du contrat il ressemble à Jeremy Irons en plus bronzé. On le surnomme Samouraï à cause de son style. Un mec droit dans ses bottes avec le sens de l'honneur. On le dit brave, intelligent. On le dit intègre, incorruptible. Il commande la douane brésilienne dans la région mais personne ne sait pour qui il bosse réellement. On dit que c'est un agent de la CIA, un porte flingue de la mafia russe, un soldats de Dieux, un tueur en série. Il pourrait tout aussi bien repeindre la forêt en jaune et alimenter les deux prochains siècles de rumeurs. On dit que ses hommes lui sont fidèles et qu'ils sont arrivés avec lui. Certains d'entre eux revêtent une cagoule en permanence alors on dit qu'ils viennent des groupes militaires purgeant Rio de Janeiro au napalm et que ces enculés assassinent des gosses dont ils revendent les organes à des libanais qui franchissent les frontières avec des mallettes réfrigérés tous les jours.
Mais qu'importe le pedigrée de Samouraï : c'est juste un type plus déterminé, plus fort et plus malin que les autres à la tête d'une bande armée bien entrainée. Un problème climatique dans la météo des affaires, un serpent vénimeux.
Je m'écarte. Luca Rizzi se précipite et descend au moins deux hommes en s'engouffrant dans l'hacienda. Le gros de la troupe est parti en expédition sur le fleuve. Information du cocotier. De grands cocotiers surplombent le bâtiment et font de l'ombre noire. Samouraï est demeuré sur place lui, avec quatre ou cinq autres douaniers. Des coups de feu, des cris d'alerte. Des plaintes et des râles d'agonie. Je m'approche. Les tirs font rage à l'intérieur. Combien Luca réussira-t-il à buter de types avant d'être cueilli à son tour ? La coke a fait péter sa jauge de maitrise et d''espérance. Il est déjà mort. La junkfood, le cinéma, les putes et l'argent facile l'ont enterré depuis longtemps.
Luca Rizzi prends des balles et s'écroule lourdement dans la poussière. Pourtant, les douaniers continuent à tirer. Ils arrosent la dépouille qui tourne sur elle-même. Puis ils cessent le feu, se relèvent prudemment de leur planque et viennent inspecter le résultat. Avec ce qu'il a pris dans le buffet, Lucas Rizzi est plus que repassé, suffisament troué pour couler dans la mer.
Aucun type sur terre ne reste réellement sur ses gardes à la sortie d'une fusillade. Après la montée d'adrénaline le corps se relache et la vigilance baisse. C'est probablement inconscient mais à tous les coups ça se passe comme ça.
D'un rapide coup d'oeil je fais le point sur la situation : trois types debouts dont Samouraï et trois cadavres dont Lucas Rizzi. Je me découvre. Les types debouts lèvent les yeux vers moi, ils sont armés, je fais cracher mes Glock. Percutés par les balles, ils reculent et mordent la poussière. Je sécurise l'opération avec une seconde salve mais je sais bien que tout est déjà terminé. Mes mains sont pleines de talc pour prévenir la transpiration. Je balance les Glock avec mes empreintes -aucune importance- et part à la recherche d'un mouchoir.
6 /
“Ces cons de ricains y a que leur costards qui comptent. Les néons, leurs veaux pourries, leur cinéma débile. Fellini, ça c'était un mec qui savait faire des films. Putain de demeurés, qui s'empiffrent de beurre de cacahouète et de pancakes toutes la journée, ils sont obèses et leurs femmes sont des grosses truies. Leurs enfants, regardes leurs enfants, ils me dégoutent. Gian'. J'en ai ras la casquette de ce bordel. Le napolitain se fou de ma gueule. On a plus d'embrouilles à Los Angeles qu'en Afganisthan”
Le patron s'éponge le front avec la gaine de son téléphone satellite. Son visage suinte et refléchi la lumière.
“Ils vont nous sucer jusqu'à la moelle. Ils nous pissent à la raie. Tu sais ce qu'il dit le napolitain ? Il dit que mon café est americano. Il me fait la leçon cet enculé.”
Pas assez serré le café du patron. Americano. A L.A la campagne electorale bat son plein : descentes, expropriations, gardes à vues, contraventions à répétition, la somme complète des emmerdes officielles plombe la famille.
“C'est cet enfoiré de negro qui fait chauffer la merde
_ Will Smith, patron, il s”appelle Will Smith” je dis.
_ Je veux l'effacer, je ne veux plus voir sa gueule, je ne veux plus voir la gueule de ce connard nulle part”
7/
La vaisselle éclate, des plumes volent partout dans la pièce, un pan de rideau s'est enflammé et le commando continue de tirer. Plusieurs types cagoulés débarqués de nulle part. Je suis désarmé, il n'y a rien d'autre à faire que de rester plaqué au sol. La pute qui me suçait agonise à coté de moi. Son oeil fixe la lampe comme si c'étais l'ange Gabriel. Je malaxe une dernière fois ses nichons et répend son sang sur mon visage.
Un instant plus tôt l'orgie battait son plein. Du whisky, de la coke et des femmes. A la santé de Samouraï. Des serveurs en costumes français déambulaient parmi les poules et les invités débraillés. On avait marqué des points. Isidoro et le patron dansaient comme des baleines,. complètement défoncés; la bite à l'air et la chemise auréolée. Les affaires reprenaient.
Le temps file sans juger de rien. L'alcool me chloroforme les muscles et les artères, les détonations bousillent mes tympans. Inerte, je garde les yeux fermés. Pshhhhh des fils electrique sont débranchés dans la tête.
Le feu ondule sur la paroie interne de mes paupières, des couleurs surgissent, se déstructurent et disparaissent. Au vacarme des balles succèdent les gémissements et les voix. Je ne comprend pas cette langue, je ne comprend pas ce pays, je ne sais pas ce qui se passe et je suis bien vivant. Complètement indemne
Les types se sont volatilisés. Le patron, étendu dans une flaque de sang, respire difficilement. Je passe un coussin troué derrière sa tête. On se rend tous aux chiottes et au cimetierre. Il me reconnait, il ouvre la bouche comme un mourrant :
“Retrouve mon fils Gian' retrouve mon héritier..”
Aucun doute, la bande de Samouraï est paranormale. Nous cueillir dans la propriété d'Isidoro le lendemain même de notre expédition, mauvais rythme, quelquechose fait ding-dong, une bagnole qui carbure à contre-sens, tout feu éteint sur la grande route. Le patron me chope par la nuque :
“Nique tous ces salopard, nique ces fils de pute Gian', fais les rotir”
Puis il rend l'âme dans ce sursaut de haine, crispé au pan de ma chemise. Son ultime scène de cinéma.
Re: Paparazzi
Je ne me rappelle plus trop le début (sauf que j'avais bien aimé, je crois), mais là, la fin me paraît bâclée. Allez hop, tout le monde crève, finito !
Plusieurs remarques de langue, vous n'avez pas fait trop gaffe j'ai l'impression :
"Ces cons de Ricains y a que leurs costards qui comptent"
"leurs veaux pourries" : s'il s'agit de veaux, bébés vaches, ils sont pourris ; sinon, je ne sais pas
"Putains de demeurés"
"regarde (et non "regardes") leurs enfants"
"Le Napolitain se fout"
"Los Angeles qu'en Afghanistan"
"Son visage suinte et refléchit"
"Tu sais ce qu'il dit le Napolitain"
"la campagne électorale bat son plein"
C'est cet enfoiré de negro qui fait chauffer la merde (manque le signe de ponctuation de fin de phrase)
_ Will Smith, patron, il s'appelle
_ Je veux l'effacer, je ne veux plus voir sa gueule, je ne veux plus voir la gueule de ce connard nulle part (manque le signe de ponctuation de fin de phrase)
(typographie : le souligné ne convient pas pour introduire une réplique de dialogue, il faut prévoir le tiret demi cadratin "–" ou le format au-dessus, "—")
"agonise à côté de moi. Son œil fixe la lampe comme si c'était l'ange Gabriel. Je malaxe une dernière fois ses nichons et répands"
"dansaient comme des baleines,. complètement défoncés; (typographie : une espace avent le point-virgule)"
"des fils électriques sont débranchés"
"sur la paroi (et non "paroie") interne de mes paupières"
"Je ne comprends pas cette langue, je ne comprends pas ce pays"
"Complètement indemne" : manque le signe de ponctuation de fin de phrase
"tous aux chiottes et au cimetière. Il me reconnait, il ouvre la bouche comme un mourant (et non "mourrant")"
retrouve mon héritier..” : un point, ou trois, pas deux à la file
"une bagnole qui carbure à contre-sens, tous feux éteints (parce qu'elle en a plusieurs, de feux, la bagnole, et ils sont tous éteints)"
Nique tous ces salopards, nique ces fils de pute Gian', fais-les (trait d'union) r[b]ô|/b]tir
Plusieurs remarques de langue, vous n'avez pas fait trop gaffe j'ai l'impression :
"Ces cons de Ricains y a que leurs costards qui comptent"
"leurs veaux pourries" : s'il s'agit de veaux, bébés vaches, ils sont pourris ; sinon, je ne sais pas
"Putains de demeurés"
"regarde (et non "regardes") leurs enfants"
"Le Napolitain se fout"
"Los Angeles qu'en Afghanistan"
"Son visage suinte et refléchit"
"Tu sais ce qu'il dit le Napolitain"
"la campagne électorale bat son plein"
C'est cet enfoiré de negro qui fait chauffer la merde (manque le signe de ponctuation de fin de phrase)
_ Will Smith, patron, il s'appelle
_ Je veux l'effacer, je ne veux plus voir sa gueule, je ne veux plus voir la gueule de ce connard nulle part (manque le signe de ponctuation de fin de phrase)
(typographie : le souligné ne convient pas pour introduire une réplique de dialogue, il faut prévoir le tiret demi cadratin "–" ou le format au-dessus, "—")
"agonise à côté de moi. Son œil fixe la lampe comme si c'était l'ange Gabriel. Je malaxe une dernière fois ses nichons et répands"
"dansaient comme des baleines,. complètement défoncés; (typographie : une espace avent le point-virgule)"
"des fils électriques sont débranchés"
"sur la paroi (et non "paroie") interne de mes paupières"
"Je ne comprends pas cette langue, je ne comprends pas ce pays"
"Complètement indemne" : manque le signe de ponctuation de fin de phrase
"tous aux chiottes et au cimetière. Il me reconnait, il ouvre la bouche comme un mourant (et non "mourrant")"
retrouve mon héritier..” : un point, ou trois, pas deux à la file
"une bagnole qui carbure à contre-sens, tous feux éteints (parce qu'elle en a plusieurs, de feux, la bagnole, et ils sont tous éteints)"
Nique tous ces salopards, nique ces fils de pute Gian', fais-les (trait d'union) r[b]ô|/b]tir
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Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Paparazzi
on dirait du Tarantino ! Très chouette écriture, manque peut-être de deux ou trois traits d'humour, pour moi, mais je ne boude pas mon plaisir et j'attends la suite.
Invité- Invité
Re: Paparazzi
vincent M. a écrit:on dirait du Tarantino ! Très chouette écriture, manque peut-être de deux ou trois traits d'humour, pour moi, mais je ne boude pas mon plaisir et j'attends la suite.
Zut, je n'ai lu que le premier post, pas vu qu'il y avait une suite.
Invité- Invité
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