Exo : il veut du texte

Obsédé textuel

Les textes sont des papillons
Qui n'ont cure de sa souffrance;
Lui se plait à les épingler
Dans l'antichambre de ses transes...

Si jour et nuit il tourne en rond,
Fiévreux, jaloux de sa puissance,
C'est qu'il lui faut collectionner
Les ombres de la transcendance.

J'aime beaucoup la dualité de sens de ces vers, où tout est dit sans être textuellement mentionné ; dans ce sens, j'ai un gros faible la première strophe, ceci en particulier :
Dans l'antichambre de ses transes...

C'est un texte très agréable à lire, qui semble naturel, cohérent. Mais surtout, j'aime la métaphore, le concept même du poème : "obsédé textuel". Oui, il me parle, ce personnage ; il me semble que celui qui est voué, par sa nature, par sa vocation, sa personnalité, son tempérament et sa profession, à côtoyer les mots et les idées, ne saurait être qu'une sorte de collectionneur de concepts, de beautés intellectu-elles (sans rapport, donc, avec la chair). C'est une question de survie ; alors bon, "isolé dans sa tour d'ivoire" ?

Pas vraiment, si les idées gouvernent le monde ; pas du tout, si en platonicien bien assumé, il considère que les symboles, les signes ont une influence au moins inconsciente sur tous ses semblables ; de fait, le plus solitaire des poètes, le plus retiré des intellos, communique plus avec ses semblables que celui qui passerait son temps dans les avions ou sur les routes... cf. un excellent film avec George Clooney "In The Air" (2009), où le personnage central se rend compte qu'il a une vie de "fake", que sa maîtresse notamment a une famille, un mari, une toute autre vie que lui, et lui, il n'a rien - même pas des philosophes à relire sous sa couette, bien à l'abri chez soi, il n'a même pas de "chez soi".

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=138895.html

Dès le titre, j'ai senti que j'adorerais.
Et ce fut le cas.
Tout est esquissé avec subtilité, dans les non-dits, et demeure libre d'interprétations. Belle réussite.

Ne serait-ce que pour le titre, je dirai : "Chapeau !"

Comme le reste n'est pas piqué des hannetons, je dis : "Bravo !"

J'aime beaucoup, Polixène. Cela me rappelle des chants médiévaux et des musiques anciennes Perses qu'on avait utilisé pour notre mise en scène de Caligula. Bons, très bons souvenirs. Merci pour les avoir ramenés au bord de ma mémoire défaillante.

Trés évocateur et trés réussi .

Ah oui !
A une lettre près, Don Juan et toute son élégance, j'aime !

La première strophe me plaît davantage que la seconde, en particulier à cause de ses derniers vers que je trouve réussis et élégants. Dans la seconde, je pense que les mots tels jaloux, puissance, jour, nuit... si souvent vus, affaiblissent quelque peu la force du message.
Mais l'ensemble est élégant et de bonne qualité.

J'me fais un petit plaisir bien mérité et viens lire et commenter ce texte court, poétique à souhait et bien mené.
Quelle belle idée de finir par la "transcendance".

Joli texte, qui souligne aussi que l'obsession textuelle mène à tourner en rond
autour et dans le souvenir de moments, supposés plus intéressants.

elle veut du texte
sans contexte
c'est sa raison de vivre
pas un prétexte
elle s'en enivre