APPEL A TEXTES : 1500 - Rencontre

Elle s’est installée à la même table devant un thé qu’elle fait un peu durer. Près de la tasse, elle a posé un roman, couverture blanche et titre bleu, ticket de cinéma marque-page. Son espace s’élargit jusqu’au portable qu’elle consulte fréquemment, puis replace près du livre. « Eloge du paraître » : elle s’interroge un instant sur le premier mot : un ? une ? Elle cherchera.
Le café est plein à cette heure. Pour un peu, elle se sentirait associée à la joyeuse exubérance qui gagne la clientèle. Elle sourit, en voisine sympathique, aux éclats de rire qui s’échouent à sa table.
Près de l’entrée, il y a ce garçon, en blouson, aux yeux vifs, au sourire clair, saluant un groupe attablé. Il a levé les yeux vers elle et croisé son regard : elle plonge en panique sur sa tasse, terrifiée comme un lapin débusqué. Elle perçoit confusément son visage attentif, toujours tourné vers elle. Il s’approche, elle détourne le regard, revient vers lui, cœur en chamade. Il est en face d’elle, les deux mains posées sur le dossier de la chaise qui lui fait face, un peu penché, blouson de cuir, T-shirt noir, regard vert : son cœur s’affole. Elle l’entend demander « je peux ? » et bredouille un « bien sûr » qu’accompagnent un sourire timide et quelques hochements de tête. Ses mains jaillissent au dessus de la table et débarrassent en hâte une portion de la petite table, en face d’elle. Il s’est retourné et la chaise bleue devant lui fend la foule comme une étrave. Comme la tasse est froide aux lèvres…

Un flash bien vu, selon moi, mais j'ai tiqué sur ce "installée à la même table" : la même table que qui, que quand ?

Joli ! C'est vraiment fouillé pour si peu de caractères !
J'ai beaucoup aimé cette petite description des émois adolescents : je me reconnais assez dans l'attitude de la jeune fille.

Quel goujat ce type ! Piquer LA chaise, non mais !

Du vécu ! Bravo demi-lune pour l'effet de surprise.

Faut lui dire demi-lune, à elle, que de toute façon c'était pas un chic type : il aurait pu dire s'il vous plait, quand même!
En tous les cas ton texte lui, est sympathique.

Jolie scène, décrite tout en subtilité. Peut-être un petit battement légèrement confus sur la fin. Je ne vois pas non plus l'intérêt de répéter qu'il a un blouson.
Mais l'ensemble est agréable à lire, un petit peu nostalgique.

Bravo Demi-lune, pour moi ton texte est juste impeccable!
Et en plus, ça me rappelle le lycée!!!

parfaitement le lycée, les terrasses d'après cours et la fortune, bonne? mauvaise? En tout cas fort ressenti.
Très bien vu et dans l'écriture, parfait.

Bon boulot, une tranche de vie croquée en trois coups de crayon, et qui laisse, c'est selon, dans une légère amertume d'empathie, ou une franche hilarité de beauf.

on les as tous connus ces grands moments de solitude.
j'en ai le rouge aux joues.
bien ficelé ce texte, efficace, même si des détails (relevés par socque (la même table) et abstract (le blouson)) pourraient être modifiés pour lui donner encore plus d'impact.

si tu le permets, j'aimerais bien tenter d'écrire une "variation sur le même thème"

silene82 a écrit:Bon boulot, une tranche de vie croquée en trois coups de crayon, et qui laisse, c'est selon, dans une légère amertume d'empathie, ou une franche hilarité de beauf.

Mdr, première solution pour moi, un texte étonnamment touchant en si peu de caractères. Une chute qu'on est triste de lire...

Très visuelle cette petite scène digne d'un excellent court-métrage, de ceux qui nous laissent rêveurs et nous touchent profond en quelques images.

Un récit bien mené à part quelques détails superflus déjà relevés.
Une midinette qui semble sympa... on compatit ! *rire*

Il y a un contraste frappant, dans ce texte, entre ce que déclare le titre du livre étalé sur la petite table « Eloge du paraître » et la scène racontée. Le personnage féminin, conformément à ce que dit le livre, est séduit par l’apparence du jeune garçon qui se présente. Il a les yeux vifs, le sourire clair, cette apparence charme la jeune femme, et la trouble. A première vue, il vient vers elle, il va s’asseoir à sa table, en face d’elle, leurs regards se sont croisés, elle a dû lui plaire, son apparence à elle a dû le séduire au premier coup d’œil, il y a eu réciprocité, magie du regard. Mais non ! Le jeune garçon vient demander la chaise près d’elle, mais pour aller rejoindre le groupe de jeunes gens d’à-côté. Apparence trompeuse. Le paraître n’était qu’illusion sous l’effet du désir de la jeune fille. Le paraître, trompeur, - pas de quoi en faire l’éloge, dément le livre. Le vécu contredit l’écrit. Confrontation de deux sources de savoirs, le livresque, l’expérience vécue. Ils s’éclairent mutuellement, mais tu sembles, Demi-lune, privilégier le deuxième, qui doit rectifier le premier.
Bravo Demi-Lune, pour ce texte court, mais non superficiel. Plus profond qu’il n’y paraît !

Elle s’est installée à la même table...

Que de solitude dévoilée dans ces quelques mots ! "à la même table" dénonce l'habituée, une "habituée solitaire", un espace de table vide, qu'il faut meubler par des gestes. Presque des "tics" à la longue.

...Elle sourit, en voisine sympathique, aux éclats de rire qui s’échouent à sa table.

Un sourire, pauvre moyen de se relier aux autres, un leurre, comme si de sourire aux éclats de rire voisins permettait d'en faire partie aussi.
Et ainsi, tout du long, d'espérance incrédule à déception ravalée.

Très bien vu, très bien amené, pour moi.

Oui la tasse est froide et le café amer....ce qu'on appelle un moment de grande solitude...bien décrit.

Hello,

Bien vu... De ta part, et des précédents. Tout ayant été dit et cadré, je ne peux qu'avouer mon impuissance et n'y rien rajouter.
Ayant lu, je persiste et signe,

Ubik.

Oui, tout ce qui est suggéré dépasse largement ce qui est dit, et c'est cette retenue qui rend ce texe si attachant.

Je n'ai pas compris la fin , comment la chaise "fend" ?, c'est au delà de mon imagination, pour un texte qui était dans un rythme plaisant et intimiste.
Je laisse donc fendre les chaises à leur gré. D'après ce que j'ai lu, l'homme n'en voulait qu'à la chaise, il ne voulait pas se taper la nana qui elle , voulait bien. C'est très difficile de décrire l'embarras, vrai, du coup, je trouve une excuse à cette fin qui m'échappe quelque peu.

j'aurais écrit "les éclats de rire qui échouent"
j'aime beaucoup ce petit bout de la vie de cette fille, son espoir soudain, sa déconvenue tout aussi rapide.
on s'y croirait dans ce troquet, c'est très réaliste

si j'ai bien compris, finallement le jeune homme ne voulait que la chaise,
etait ce un des garcons de café, ou un client qui cherchait une chaise pour
rejoindre son groupe d'ami ?

ce que j'ai compris et bien percu, c'est la déception de la demoiselle,
un instant de vie joliement capté par tes mots.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce texte; fort sentiment d'empathie et le mec n'est même pas beauf , vit juste sa vie.

Sympa comme texte ! Il ne tombe pas dans le cliché, on s'y retrouve. Agréable à la lecture. Au plaisir de te relire Demi-Lune !

C’est bien vu, bien rendu, réussi pour moi.

Petit morceau de vie bien croqué. Deux trois petites choses à revoir mais dans l'ensemble c'est très plaisant.

L'espoir, l'attente, les frémissements, la déception... tout est là, restitué de manière juste et cruelle. Peut-être de ci de là des passages à aérer, sinon ça se tient bien.

Ce texte fait remonter des souvenirs qu'on préférerait oublier, lecture le coeur serré à la chute, une réussite pour moi donc

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