APPEL A TEXTES : 1500 - Comédie musicale

Là bas, assise sur une chaise, au bout de la digue, les yeux dans le vague, la vieille dame indigne dépose sa fatigue. Elle sourit.

Tous ces chagrins et ces joies qu’elle aligne, elle en fera des coquillages, ça fera joli dans le paysage ...

Elle-même deviendra coquillage. Elle rêvait d’une échappée belle. L’imaginait salée, le sucré elle en avait soupé ! Jeter les chansons sirupeuses qui taisent les sentiments écorchés, le technicolor qui aveugle ! Et la magie qui toujours agit !

Personnage de coton et décor de carton, combien de fois avait-elle tenté de s’échapper, et espéré en secret que son ramoneur (en tout bien tout honneur…), la délivre de la fiction ! Au lieu de cela, une ballade dans un paysage de craie, une danse avec des pingouins!

Elle est sereine. Maintenant, la vie ne lui pose plus de lapin. Elle a fini de courir après le bonheur, le sien, en retard, toujours en retard.

La vieille dame aux yeux couleur d’océan attend que la nuit tombe. Nul ne prête attention à elle.

Elle ouvre son grand sac en cuir, elle en sort un cœur gros comme ça, un service à thé, une jeunesse solitaire, un tuyau de cheminée, un cheval de bois, un amour achevé, un rêve tout de guingois, une phrase délicieuse, deux enfants charmants, devenus grands, et un lampadaire. Elle contemple cet étalage hétéroclite, se lève et jette le tout à la mer.

Puis elle ouvre son parapluie, prend son sac à malice vide et, droite comme un I, elle fend les vagues. Du haut de la digue, on entend le chant des baleines.

Inventaire, inventaire! Voila un bilan foutrement bien ficellé en et de peu!
Le surprenant luminaire: Que peut-il bien y avoir derrière?

Et le parapluie, cette délicatesse de ne pas se mouiller, propre et digne jusqu'au bout! ( à ce sujet, indigne, je ne comprends pas! En quoi?)

Sacré coucher de soleil toujours est-il que tu nous offre là!

Maintenant, la vie ne lui pose plus de lapin. Elle a fini de courir après le bonheur, le sien, en retard, toujours en retard.

Astre bien triste, cependant.

Rebecca a écrit:La vieille dame aux yeux couleur d’océan attend que la nuit tombe. Nul ne prête attention à elle.

Elle ouvre son grand sac en cuir, elle en sort un cœur gros comme ça, un service à thé, une jeunesse solitaire, un tuyau de cheminée, un cheval de bois, un amour achevé, un rêve tout de guingois, une phrase délicieuse, deux enfants charmants, devenus grands, et un lampadaire. Elle contemple cet étalage hétéroclite, se lève et jette le tout à la mer.

Puis elle ouvre son parapluie, prend son sac à malice vide et, droite comme un I, elle fend les vagues. Du haut de la digue, on entend le chant des baleines.

superbe liste... j'adore les listes.
si tu avais participé à un exo 610, plutôt que 1500, j'aurais dit waaooo !
cette fin est parfaite et se suffit à elle même.
pour moi, ce qui précède est soit trop explicite (le bilan, l'état d'esprit), soit trop allusif (le ramonneur, l'échappée espérée)

Obsédée par la vieillesse, les filles... et vous la voyez pas gaie, en plus.

Supercalifragilisticexpialidocious, Rebecca ! Qui eût cru que Mary vieillisse un jour ? Il fallait que quelqu'un ose.
J'aime l'ensemble, doux, nostalgique,triste... avec un bémol pour l'allusion au ramoneur, trop évidente ; et pour ""le chant des baleines" comme il est placé, cela sonne trop facile dans ce bien beau texte subtil. Bravo !!!

moi j'aime beaucoup aussi même si on s'attend à ce genre de fin.
Juste c'est balade et non ballade qui est un poème

Ah Mary, Mary, quelle grâce pour ce dernier envol !

Nostalgie... quand "ils" étaient petits...
Beaucoup aimé ton texte !

Ouais, quand même : le ramoneur! Toi qui dis pas aimer l'érotique dans les livres (grande rigolade débile)
Chassez le naturel...
Enfin, pour le lampadaire, rien à dire! Ca serait tout de suite compliqué! Avec tous ces esprits qui trainent!... si vite mal tournés!

Bien joli, Reb'. Tu m'as dépaysé. C'était bien bon.

Je suis assez mitigée sur ce texte-ci Rebecca. Il y a un peu trop d’images faciles et un peu bateau à mon goût. Échappée belle, technicolor, sac à malice, yeux couleurs d’océans…ça fait quand même beaucoup pour un 1500 signes. Le texte décolle un peu sur la fin, j’aime mieux, mais tu es quand même capable de beaucoup mieux.

Complètement charmée.
Mais c'est pas un peu tristounet? Un petit coup de vent et hop...

Conquis dans l'ensemble ! Quelle très belle écriture, je me suis laissé prendre au jeu, le ton du texte est parvenu à me toucher.
Outre l'image du ramoneur qui effectivement fait beaucoup trop "éléphant dans un magasin de porcelaine" face au reste.
La fin de ce 1500 vaut vraiment son pesant d'or.

... la vieille dame indigne dépose sa fatigue.

Pourquoi "indigne" ? Mais c'est bien, car me suis retrouvée à lui inventer tout un passé croustillant.

... Elle a fini de courir après le bonheur, le sien, en retard, toujours en retard.

Je ne vais pas tout citer. Mais c'est un texte qui me touche, et bien construit.
J'ai beaucoup aimé.

c'est beau, Reb, très beau

un texte poetique, onirique et enchanteur, laisser derriere soi ses souvenirs et ce qu'on est, pour avancer. Ou s'enfuir.

Tout comme grieg, j’ai beaucoup apprécié cette dernière partie du texte.

Mitigé suis-je. Je penche dans le sens de Abstract trop d'images dans la première partie ce qui diminue sensiblement l'effet de la seconde. Alors que l'inventaire me semble sonner drôlement juste.

J'aime beaucoup la douce amertume qui se dégage de ces lignes, ce portrait d'une femme à la dérive sans pour autant être totalement perdue. Il y a pas mal de sensibilité dans ces lignes que je trouve sobres et bien écrites.

Bonsoir Rebecca,

Il y a des trouvailles même dans la première partie :
- L'imaginait salée, le sucré elle en avait soupé ... et on peut accommoder çà à bien des sauces !
- ... les chansons sirupeuses qui taisent les sentiments écorchés ... superbe ... rien que de lire ça vous avez le sirop dans la bouche et les sentiments dans le coeur ... ou l'inverse !
...
ça fait rire les enfants,
ça dure jamais longtemps
ça fait plus rire personne
quand les enfants sont grands.
... les deux enfants charmants, devenus grands, m'ont emmené sur la banquise avec Robert Charlebois.
Magnifique

Caresses et Bise à l'Oeil
Midnightrambler

Marrante cette citation du ramoneur...
Je viens de revoir une énième fois (cause Marsu) le "Roi et l'oiseau".
Je n'avais pas fait le rapport mais un des personnages principaux, l'amoureux de la bergère, est un ramoneur...je me demande si Grimaut l'a fait exprès ;o)
Pour en revenir à ce texte Rebecca, je l'ai aimé tel quel avec sa sensibilité et sa douce mais profonde amertume...

hop !