APPEL A TEXTES : 1500 - Fait divers

Tout à l’heure j’ai été témoin d’une altercation dans ma rue, alors que je rentrais chez moi. Un type a commencé à envoyer une série de claques et de coups de poings dans la gueule d’une grosse femme. Une autre femme, plus menue, était également de la partie. Je m’approchai et plus je m’approchais plus la situation dégénérait. La grosse femme était tombée à terre, sur le dos, et le type lui flanquait des coups de pied dans le ventre. Elle cramponnait son sac à main que tirait l’autre femme. Le vide aux alentours, j'étais l'unique témoin de l'agression.

Je m’avançai vers la bagarre. Je criai « heee arrêtez ! » et puis « s’il vous plaît monsieur arrêtez ». « S’il vous plaît monsieur » c’est bien ce que j’ai dit à ce type qui dérouillait une femme allongée sur l'asphalte.

Il regarda dans ma direction. Il présentait toutes les caractéristiques du tox de rue : celui qui shoote un peu tout et n’importe quoi, qui vit dans les mélanges de médocs et d'alcool, un type aux yeux de lapin et aux deux mains enflées. « Toi te mêles pas d’ça où j’vais t’niquer ». Il tendait un doigt menaçant. Sa copine lâcha le sac et pivota, elle pointa aussi un doigt vers moi, sans rien dire, un doigt sismique de rage désincarnée. Je restai planté là, à une dizaine de pas. « J’vais t’niquer » il me répéta. La grosse bonne femme s'était relevée. Elle affichait le même profil que ses deux agresseurs. Je reculai vers ma porte d'entrée. L'altercation reprit de plus belle. Je pianotai le digicode et refermai la porte derrière moi.
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1521 signes
Contraintes : lapin / asphalte

La répétition de "femme" (6x fois dans le texte) m'a décollé du fond à partir de la doublette ici "dans la gueule d’une grosse femme. Une autre femme".
"Je m’approchai et plus je m’approchais plus la situation dégénérait.
*rire*

Citron, il faut distinguer les répétitions involontaires et maladorites des volontaires, écrites exprès pour effet de style... dans le cas d'Alphée, pour faire enfantin, innocent, un peu cucu ou gnangnan, bref pour distraire le lecteur du couperet de la chute...

Il n'y a donc pas de chaise dans ce quartier (pour la contrainte !) ? A la première lecture, je me suis dit que c'était un fragment : pas vraiment de chute et puis en relisant : si. Tout est dans l'intervention molle et finalement la non-intervention presqu'en fuite du narrateur qui rejoint vite l'abri de son monde sécurisé.
Bien aimé l'expression :

un doigt sismique de rage désincarnée

Le regard et l'attitude peu avouable du passant moyen pris dans un fait-divers de rue sont bien rendus.

Je suis d'accord : une ambiance de lâcheté ambiante bien rendue. Toutefois, je pense que le texte serait plus efficace au passé composé, surtout vu le type de récit ; on est devant un récit à la première personne, sur le ton du monologue intérieur, niveau de langue oral, le passé simple détonne à mon avis.

Remarque :
« Toi te mêle (et non « mêles ») pas d’ça ou j’vais t’niquer »

Tu ne décris la chose que trop bien:
nous ne sommes sans doute autant nous même que très peu avouables.
Que la nature est donc bien faite, que l'homme est donc bon!
Rousseau (Albert, le frère )

J'ai bien compris que c'est en voyant la tronche de la victime que tu t'es barré, dès fois qu'elle t'en retourne une.
Mais quand même, tu dois courir plus vite que le tox- lapin, c'est les yeux, lui, alors, pourquoi t'a pas chopé le sac pour te carapater, bordel ?
Sinon, un peu vite écrit, mais fastoche à remettre clean. Efficace sans chichis.

Sans chichis, sans manières et fissa encore, le doigt sur le digicode !
Et qu'auriez-vous fait d'autre, ma bonne dame ?

J'aime bien ce cynisme.Ça change agréablement.

Moins nerveux qu'habituellement, moins rythmé. Je dois dire que je te trouve moins à l'aise sous ce format, je ressens une certaine gêne, comme quelqu'un qui s'empêtre à savoir comment tourner la chose. C'est peut-être dû en effet au choix des temps. Ou au choix du "je". Mais le thème est très bon, oui. Une situation qui fait l'objet d'un exercice dans des bouquins que j'utilise pour dispenser mes lumières :-). Toujours intéressant d'entendre les réponses données.

Vraiment beaucoup apprécié cette scène de rue. C’est parfaitement construit, réaliste, sans jugement.
L’exercice s’oublie derrière les mots, preuve de la réussite de l’entreprise. Vraiment très juste dans le ton. Un style qui me convient parfaitement.

Fait divers encore chargé d'émotion ?
C'est comme ça que je le lis avec ses petites imperfections qui ne le rendent que plus réel.

comme dans tes autres textes, c'est un fait : tu sais conter, mettre en situation, évoquer... la lecture est donc dynamique.
Cependant, je n'ai pas trouvé cette fois ce qui d'habitude me séduit dans ton écriture.
j'aime pourtant l'écriture "sans psychologie", "behavioriste"...

Non, définitivement, il manque quelque chose pour que l'empathie décolle.

(les répétitions "femme", "type" sont gênantes)

un peu bâclé je trouve, écrit trop vite ?
et puis bon, moi je sais, si l'agressée avait blonde avec forte poitrine, le type serait intervenu, sûr ;-)

Du cliché dans cette description du "tox de rue", mais cela semble après tout logique venant d'un personnage qui n'a visiblement rien à voir avec ce monde là... Globalement, un texte criant de vérité. La plupart des gens, je pense, n'aurait même pas tenté de s'approcher.

un récit terrifiant, mais qui appellerait une suite,
une impression que ces quelques lignes ne sont qu'un début.
Je ne retrouve pas de chute dans ce texte alors que l'exercice j'imagine, impliquait un texte court , qui se suffise à lui même.

Beaucoup aimé: le fond et la manière.

Marrant, moi j'aurais tout écrit au présent. Moins efficace que d'habitude, question de format peut-être ?

Un fait divers on ne peut plus classique, déjà vécu –hélas- d'ailleurs et là, sous tes lignes, la banalisation qui est faite de ce genre d'événements prend tout son relief. C'est sobre, sans fioritures et ça n'en est que plus efficace.

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