APPEL A TEXTES : 1500 - Sang pour sang

Le coeur battant à tout rompre, Edouard arrête sa voiture sur le bas-côté. Il n'ose pas descendre de son véhicule par crainte de ce qu'il va trouver. Les yeux fermés, il inspire profondément pour calmer ses nerfs affolés mais s'agrippe au volant sous l'effet d'une brusque nausée. Un goût de bile, amer, lui envahit la bouche.

Nul doute que la découverte sera macabre. Il a parfaitement senti l'impact et une certaine mollesse sous ses roues. Il se morigène intérieurement. La mort ne devrait pas l'effrayer, il la côtoie quotidiennement. Aucun frémissement au moment de l'impact du projectile sur le front ni à la vue des éclats de cervelle projetés sur les murs. Pas un tressaillement face au craquement sinistre d'une nuque qui se tord. C'est à peine si le spectacle d'un corps affalé sur une chaise imbibée du sang qui coule à gros bouillons de la gorge tout juste égorgée lui tire une grimace de dégoût.

Personne au monde ne possède autant de sang-froid. Pourtant en cet instant précis, sa réputation jusqu'ici sans failles est le cadet de ses soucis. Assis au bord de la route sur un talus semé de pâquerettes, Edouard, tueur à gages de son état, sanglote à fendre l'âme. Dans ses mains, le cadavre du lapin qu'il a accidentellement écrasé.

Bien vu jusqu'au bout, grand suspens. On connait pas le degré: sensible ou emmerdé? Tout cela bien dit.
L'habitude!... Un croque-morts peut-être, non un tueur!

Edouard, tueur à gages de son état, sanglote à fendre l'âme. Dans ses mains, le cadavre du lapin qu'il a accidentellement écrasé.

A gages, le tueur qui pleure un acre gratuit ... les gens qui aiment les bêtes vraiment, n'aiment parfois que très peu leurs semblables. On peut comprendre !
Nickel bien !

Salut,

Qu'il est difficile de faire court avec l'économie de moyens ! Là, je trouve le tout "efficace" mais au prix de quelle artillerie... Il faudrait au moins Nicolas Cage dans "Lord of War" pour te fournir.

Cela dit, l'exercice est délicat. Habitué à avoir mes aises, je ne m'y risquerais pas. Claustrophobe, aimant prendre mon temps et mon espace, je n'ai pas le profil.

Reste que l'affaire est rondement menée et l'idée de départ intéressante.
Deux ou trois petites répétitions, toutefois, auraient pu être évitées sans trop de peine. Je te les signale comme ça, au cas où. Ce n'est sans doute pas un texte que tu vas retravailler, vu la contrainte de départ ? Enfin, comme tu le sens.

Yellow_Submarine a écrit:Il a parfaitement senti l'impact et une certaine mollesse sous ses roues.

Aucun frémissement au moment de l'impact du projectile sur le front ni à la vue des éclats de cervelle projetés sur les murs. Pas un tressaillement face au craquemement sinistre d'une nuque qui se tord.

C'est à peine si le spectacle d'un corps affalé sur une chaise imbibée du sang qui coule à gros bouillons de la gorge tout juste écorchée lui tire une grimace de dégoût.

Personne au monde ne possède autant de sang-froid.

Edouard, tueur à gages de son état, sanglote à fendre l'âme. Dans ses mains, le cadavre du lapin qu'il a accidentellement écrasé.

Bon, je le répète, ça n'est pas simple de planter un décor en si peu de mots. Mais le temps étant à la rigueur, à l'économie, l'intention est louable.

A suivre,

Ubik.

Pas emballée.

Comme si cela avait été "pondu" trop vite. Et je ne sais pourquoi j'ai rapidement pressenti la chute.

"de la gorge tout juste égorgée"... pourquoi pas tout bonnement "tranchée" ??

"...ses nerfs affolés mais s'agrippe..." un "et" ne serait-il pas mieux indiqué ?

Ah oui, c'est bien foutu !

Une remarque :
« Le cœur battant à tout rompre »

Je me joins avec plaisir au chœur de louanges....bravo !

Comme toujours, une belle fin inattendue.

Un peu forcé peut-être sur le côté gros dur au cœur tendre, mais c'est vraiment excellent. Un de mes préférés.

Salut Yellow,

j'ai adoré ! Je trouve l'écriture pourtant simple (enfin... pas aussi simple que ce que j'aurais pu faire, moi ça aurait carrément été simplet :-)) et pourtant cette histoire m'a charmé, il y a quelque chose de Léon dedans...

Je te signale au passage que dans toutes mes inepties de l'appel à texte 1500 je t'ai quand même donné mon adresse mail, j'attends toujours ton texte à corriger (enfin c'est plutôt antidote qui l'attend, mais c'est comme tu veux hein !)

Excellente construction !
Du bon boulot!

Efficace, je le concède, même si pas très friande de ce genre de scène.

Très différent de ce que j'ai lu de toi jusqu'à présent : beaucoup moins noir et terrible. Du coup, on est presque surpris voire déçu...non j'exagère : ça reste très bien écrit et bien ficelé même si le dernier "accidentellement" m'a semblé peut-être (j'insiste sur le "peut-être") de trop car un peu lourd.
Pas vu la 3ème contrainte ?

pas convaincu
l'écriture est solide mais l'émotion forcée.
peut-être qu'en adoucissant les symptomes du malaise dans l'incipit, ce tueur émotif m'aurait semblé plus crédible ?

la gorge égorgée ça l'fait pas :-))
sinon pour un texte à chute c'est pas mal
sans plus

on se laisse porter sans que les descriptions cru choque,
puis on est surpris, attendri, par ce gros dur au coeur finallement tendre.
un beau texte !

Mince alors, je l'avais raté ce lapinou-là ! Lui, le chasseur de têtes, n'est pas passé à côté de sa cible ...
Entre attendrissement et rigolade, on se laisse embarquer mais pas franchement transporter.

C’est bien trouvé, bien raconté.

Ha le coup du lapin écrasé et les larmes versées... ça me rappelle quelque chose.

L'idée est intéressante même si déjà vue. Un tel format ne permet pas vraiment d'entrer dans la peau du personnage mais c'est prometteur, on sent qu'il y a quelque chose à exploiter.

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