APPEL A TEXTES : 1500 - Athanor

Tout est là, à dégueuler les ténèbres, à vomir la nuit, à rendre l’âme des débris entassés, ruines des rêves de pierres, de fer et d’acier. Tout est là en nausée de mondes craquelés, démembrés, disloqués. Tout est là, décombres d’un temps effondré. Partout des rouleaux de fil de fer à clôturer tout l’univers. Partout des monstres mécaniques, des harpies aux cheveux électriques. Il est passé entre les filins d’acier. Il est passé entre les masses d’obscurité crachées par les bidons alignés, rouillés, les tonneaux percés, les barils éventrés. Il est venu là, dans cette clairière entre les barres enchevêtrées d’une forêt métallisée. Il a dressé là son estrade, un petit banc de bois, près d’une antique poussette déglinguée et une vieille chaise rouillée. Là, dans un amphithéâtre aux gradins de barriques fumant volutes opaques, ombres épaisses, miasmes noirâtres, il est monté sur scène. Un réverbère projette une lumière jaune pâle qui cercle ses mains gantées de blanc, entre leurs doigts une sorte de chapeau tuyau de poêle. Le spectacle commence. Nul lapin ne sort de son instrument. Mais face à lui, il déclame des mots étranges, ésotériques :
Mizadir
Mozhacumia
Vêtu d’un long manteau noir, juché sur les planches au centre du cirque aux foudres fumantes, il distille les mots nouveaux, il les lance dans l’athanor du verbe, mots recueillis dans les territoires aux fumerolles de sa mémoire grimoire :
Smeratha
Martheeka
Almagra
Les sons puissants d’un orgue retentissent.
Et des mondes s’allument, gais et fleuris.

Une puissante évocation. En peu de mots.
Je vois trés bien ce décor de métal effrayant et cette scène dérisoire, la lumière du projecteur, la grâce d'un spectacle, le pouvoir des mots.
C'est comme un tableau, saisissant.

Alors là ! J'ai adoré. Une très belle efficacité, à la fois dans la description du monde atroce au début et dans le superbe épanouissement de la fin.

Une réserve sur "il les lance dans l’athanor du verbe, mots recueillis dans les territoires aux fumerolles de sa mémoire grimoire", pour son côté inutilement flamboyant (pour moi) qui fait de l'ombre à la magnifique conclusion.

Remarque :
« près d’une antique poussette déglinguée et (d’ ?)une vieille chaise rouillée »

Faire sortir des fleurs de la rouille... Joli rêve, qui me parle, Louis !

Il y a cette phrase que je ne comprends pas : Mais face à lui, il déclame des mots étranges, ésotériques : : face à qui ?

Alchimie de ton verbe, Louis, et des mondes s’allument, gais et fleuris. intemporels, au coeur même de l'apocalypse.
Rencontre d'Albert le Grand avec l'univers pictural d'Ubik ... Du grand Oeuvre !

Les sons puissants d’un orgue retentissent.
Et des mondes s’allument, gais et fleuris.

Abracada, quand même ! En étoiles et merveilles, tout le foutoir !

si ce n'est pas transmutation parfaitement réussie ?

De l'ombre la plus noire à la lumière, de la laideur à la beauté, de l'extérieur vers le centre, la progression se fait bien. Le style est également évocateur et plaisant. La magie opère !

La magie du plagiat opère, ouais.

Tout aurait pu être tellement simple. Aussi sombre et inquiétant, la simplicité en plus. Je passe à côté.

C'est drôle,

Une fois de plus, tu joues sur le flou. Moi, j'ai besoin de spatialiser, de repérer, de topographie. Il me faut, pour une scène, savoir exactement qui fait quoi, qui est placé de quel côté de qui, comment les choses s'agencent avec précision, qui bouge, qui est statique, ce qui fait du bruit, ce qui reste silencieux, etc. Les odeurs, les effets de voile, de fumée, de transparence ou d'opacité. J'ai besoin de "voir", comme un cinéaste qui fait un découpage technique, un storyboard. Et quelque chose à raconter, une action, un rêve, un vécu intérieur.

Toi, tu sors des lapins de ton virtuel chapeau. Tu plantes un décor avec presque rien. Par la magie de ton Verbe, tu nous embarques, hop, séance tenante, d'accord ou pas, allez zou, tu nous prends par la main et on se tape la grande glissade. Et, compris ou pas, à la fin on en sort bluffé.

Bravo.

Ubik.

bizarre ce texte auquel je n'ai pas compris grand chose quant à son message, car il y en a sûrement un, mais je manque de repères, de références

j'aime beaucoup cette liste de mots qui transforment le monde.
j'aime beaucoup le texte aussi.
Le magicien me plait bien également.
Enfin voilà, quoi.

Au début, j’aimais assez bien cette ambiance qui me rappelait « La route » de Cormac McCarthy et puis j’ai ressenti comme un trop-plein de mots qui m’a un peu écoeurée.
Je trouve aussi le

Nul lapin ne sort de son instrument

assez maladroit. Il semble plaqué là pour la contrainte.

Ah ! s’il suffisait d’un magicien pour réparer le monde ! J'ai bien aimé ton texte, Louis.

C'est puissant et ça ferraille dur. Me manque quelques contraires de temps en temps pour que je marche vraiment.

Il me manque quelque chose, ô si peu, pour réellement pénétrer le texte et suivre les pas de cet homme qui expérimente. Peut-être cette distance est-elle due aux phrases du début, chargées, parfois redondantes.

Bel exercice de style, indéniablement. Un peu réservé sur les points relevés, qui achoppent un peu, à mon goût, quant aux incantations, elles me semblent sans grand sens, et un peu redondantes.
Pourquoi est-il fait mention d'un éventuel plagiat ?

J'aime les mots magiques, les poussettes déglinguées, les magiciens solitaires et sans illusions. Je me suis glissée avec bonheur dans ce texte.

hop !